Le "toc toc" à la porte de son bureau n'est pas habituel, il est accompagné d’un rythme particulier, qui invite à danser. C’est ainsi que Jorge Medina, le premier afrobolivien élu député dans l'histoire du pays, annonce son arrivée.

Pour la première fois dans l'histoire de la Bolivie, les peuples indigènes et les paysans du pays seront représentés à la nouvelle Assemblée Législative Plurinationale par sept députés élus le 6 décembre au suffrage universel.

Dans le cas du département de La Paz, Medina sous les couleurs du Mouvement vers le Socialisme (Movimiento Al Socialismo - MAS) a porté sa candidature de député pour la circonscription spéciale des nations et des peuples minoritaires représentant les afroboliviens, les mosetén, les leco, les kallawaya, les tacana et les araona. Le futur législateur a remporté 91,97% du soutien des citoyens.

Ce ne fut pas facile d’organiser une entrevue avec le législateur élu. Médina a passé ses derniers jours de réunions en réunions. On a pu avoir cette conversation mercredi dernier dans les locaux du Centre Afrobolivien pour le Développement Intégral et Communautaire (CADIC) sur la rue Loayza au centre ville de La Paz.

Il a le sourire plein la face et est fier d'être de sa joie et prêt à servir tout le monde. Il affirme que ses revenus à l'Assemblée législative ne le changeront pas. Vêtu d’un pull et d’un pantalon jean et d’une casquette, il affirme “Je ne vais pas mettre la cravate”.

Il prévient qu’il fumera des cigarettes pendant l’entretien tout en s’en excusant et n’hésite pas à interrompre le dialogue plus d’une fois pour plaisanter ou boire un verre de soda tout en parlant.

Medina est né le 22 Avril, 1968 à chicchipa, Coroico. Il se définit comme un “battant, quelqu’un de persévérant, de tranquille et coléreux ” et “très têtu quand les choses ne tournent mal, peu importe ce que je dois réaliser." Il est marié et père de deux enfants, un de deux ans et demi et une fille de six mois.

L’un de ses objectifs est que soit adoptée la loi contre la discrimination. "Le fait qu'il y ait un afrobolivien (à l’Assemblée) ne signifie pas que la discrimination est terminée, il était temps de faire partie de l'état, mais je suis sûr que je vais entendre des phrases comme‘cet Indien, ce Noir ’. Nous devons travailler contre cela ", souligne-t-il.

   Il a passé son enfance dans sa communauté d'origine, à aider ses parents dans l'agriculture avec sa sœur. À sept ans, pour améliorer les conditions de vie, toute la famille a émigré à Caranavi, au nord de La Paz. Chaque matin, il étudiait à l'école Martin Cardenas et l’après-midi, il aidait ses parents dans les plantations d'agrumes, le manioc, le café et le riz.

“ Mes parents restent des agriculteurs et quand je suis en vacances, je vais les aider .

Il rappelle qu’à 19 années, il a migré à La Paz pour poursuivre ses études. Il étudiera alors la mécanique, la gestion d’entreprise l’ingénierie des systèmes, mais par manque de ressources, il ne réussira pas à les terminer.

Il a obtenu ses deux premiers emplois à La Paz dans les ministères de la Santé et du Travail et dans une minera un mineur.

“Je travaillais le matin et j’étudiais la nuit. Au ministère du Travail par exemple, je recevais des documents, car j'ai commencé à me débrouiller avec l’ordinateur à l'université. "

Cela fait quatre ans qu’il fait partie du Centre Afrobolivien pour le Développement Intégral et Communautaire, et qui encourage le développement de son peuple et d'autres peuples. Son rôle dans le centre lui a permis d'être choisi candidat.

“Je n’ai jamais pensé que j’en arriverais là, je ne peux pas dire qui je vais rencontrer, je suis dans un monde entouré de gens avec lesquels je suis sûr que je travaillerai pour les secteurs sociaux et très certainement avec des intérêts personnels ”.

L'article 35 de la Loi Transitoire Électorale 4021 indique que la Circonscription Spéciale Indigène Originaire Paysanne (Circunscripción Especial Indígena Originario Campesina origine Indígena Campesina) ne dépassera pas les limites du département et ne pourra couvrir que les zones rurales.

L'organisme électoral délimitera les circonscriptions indigène originaire paysannes sur la sur la base du dernier Recensement National effectué par l'Institut National de la Statistique (INE) et des données officielles de l'Institut National de Réforme Agraire (INRA) sur les terres des communautés originaires.

Traduit de l’espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/