"J’ai étudié parce que je ne voulais pas revivre les souffrances padecimientos que j’ai souffert lorsque j’étais enfant", indique Pírez âgé de 30 ans. Après avoir vécu son enfance et son adolescence à l’Iname, il a atteint un haut piédestal : il sera la voix de l’Uruguay auprès de l’OMC.

Comme l’indique le portrait fait par le journal El País, de Montevideo datant de février, après avoir obtenu son diplôme d’avocat à l’Université Catholique (qui lui a offert une bourse durant une bonne partie de son cursus) et travaillé pendant trois ans pour l’étude (bureau d’avocat) Ferrere, Pírez évaluait l’option d’aller travailler aux États-Unis. Il avait obtenu en 2009 sa maitrise en Commerce Extérieur à l’Université de Tucson, Arizona et il y avait également étudié l’anglais.

Cependant, un coup de fil du sous-secrétaire à l’Industrie Edgardo Ortuño, qui le connaissait depuis 1998, puis un autre du Ministère des Affaires Étrangères, ont changé ses plans. Le 12 avril dernier, la résolution le nommant chef de la délégation de l’Uruguay auprès de l’OMC, et dans la même semaine, il a été désigné ambassadeur du service diplomatique.

Ainsi, Pírez sera le premier noir à représenter l’Uruguay dans cet organisme international ayant son siège à Genève en Suisse où Pírez devait se rendre ce mois de mai pour assumer ses nouvelles fonctions, en remplacement du représentant du moment du gouvernement uruguayen auprès de l’OMC, Guillermo Valles Galmés.

Pírez a eu l’intuition lorsqu’il était tout petit, que les études seraient son sauveur et il a réaffirmé cette hypothèse dans sa jeunesse. Il devait faire face à deux obstacles: provenir d’un foyer de l’Iname et être afrodescendant. Le directeur du foyer Salterain cultiva en lui cette certitude. Ce dernier Elbio Martínez encourageait ses internes à étudier, en les conseillant et par le biais de pénitences (d’études), indique El País. Cependant, peu d’entre eux allaient réussir à finir le lycée.

Pírez débuta son périple à l’Iname (actuel Inau) alors qu’il était enfant. Sa mère avait quitté la maison familiale dans le quartier Cordón en les abandonnant lui ainsi que ses trois sœurs de 12, 9 et 6 ans. Pendant six ans, Pírez vécut avec son père qui travaillait en tant que maçon et durant l’été, il vendait des glaces. Un problème entre son père et sa sœur ainée entraina la séparation de la famille suite à une dénonciation des voisins. "Nous étions dans une situation presque d’abandon", se souvient Pírez.

Alors que les sœurs étaient envoyées dans un couvent catholique, il entra au Foyer Suárez de l’Iname. Peu de temps après, il fut transféré au Foyer Garibaldi où il vécut 8 années.

En 1988, l’Iname inaugura le foyer Salterain, situé sur la rue homonyme. Pírez était sur la liste de 12 enfants qui y furent transférés. "J’étais un enfant calme. Il fallait que je m’intègre aux autres internes", raconte-t-il. De temps en temps, il voyait ses sœurs, ce qui lui a permis de maintenir le lien avec elles. Il avait vu son père pour la dernière fois alors qu’il avait 13 ans. "Je lui ai dit qu’il devait suivre sa vie, et moi la mienne. Il a compris, et ne m’a plus jamais cherché", dit-il selon une citation d’El País.

Il termina le lycée à Zorrilla avec une moyenne de 8o%. En même temps, il étudiait l’anglais et il réalisa avec sérieux les activités que le directeur Martínez organisait dans le foyer, comme les échecs, le théâtre, la menuiserie la sculpture sur bois.

"L’ambiance du foyer était préparée pour que tu te sentes chez toi. J’avais des vêtements propres, de la nourriture, de l’eau chaude pour me baigner. Avant le foyer, je ne disposais pas de tout cela", rappelle-t-il.

Au cours de la dernière année du Cycle de Base, Pírez put se rendre compte que les études "réduisaient" l’écart entre les riches et les pauvres. Et ce fut là ce qui le motiva à terminer le lycée et à faire des études de droit.

Traduit de l’espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog