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mercredi 6 janvier 9999

_____Les Africains doivent identifier de grands ensembles identitaires au sein de leur république et imaginer un modèle constitutionnel qui prévoit une rotation à la tête de l'Etat.. Seul issues recherchée au vu de l'échec des modèles importés ?

Et si les pays africains définissaient des modèles constitutionnels originaux ? 06/01/2011



Une voie originale doit t-elle être recherchée au vu de l'échec des modèles importés ?



Par Bertrand Ulrich Mboungou




Excepté le totalitarisme, il n'est point de modèle constitutionnel qui soit indiscutablement parfait. Un modèle constitutionnel ne tient qu'à l'idéal "non avoué" de ceux qui la conçoivent. Or l'Africain "aliéné" par l'occident est réputé être incroyablement habile dans sa capacité à tirer le meilleur des insuffisances "programmées ou pas" d'un système, plutôt que d'y apporter les corrections.

Dans un régime présidentiel, on observe la nécessaire volonté des pouvoirs africains de verrouiller des parlements souvent – pourtant - sans réel pourvoir; imaginons un seul instant des législatives dans un régime parlementaire en Afrique, ce serait "une élection présidentielle" dans chaque circonscription avec autant de gbagbo vs Ouattara dans autant des circonscriptions...le vrai bordel avec chacun sa guerre dans son village, son quartier, sa ville.

De plus, qui peut imaginer un Africain se contenter d'une présidence honorifique comme en Israël ou en Allemagne? Un chef Africain sans le pouvoir "suprême", c’est impossible! Qui peut imaginer un premier ministre aller au bout de son mandat sans "secousses" au sein de sa majorité dans un régime parlementaire? Les Africains doivent cesser d'importer des modèles constitutionnels qui ne correspondent pas à leurs réalités. Nous vivons dans des républiques artificiellement "fabriquées" par notre communauté internationale bien aimée, nous n'avons pas de nations.

Imaginons un seul instant des législatives dans un régime parlementaire en Afrique, ce serait "une élection présidentielle" dans chaque circonscription avec autant de gbagbo vs Ouattara dans autant des circonscriptions...





Nous nous identifions d'abord à l'ethnie, puis à la région et enfin à la "nation"; le sens de la pyramide est inversé en occident, d'où sont originaires les modèles que nous calquons souvent à la lettre. Les Africains doivent donc avoir un rapport décomplexé avec leur attachement au clan et l’assumer. Ils doivent par conséquent identifier de grands ensembles identitaires au sein de leur république et imaginer un modèle constitutionnel qui prévoit une rotation à la tête de l'Etat.

Ce régime, nous le souhaitons présidentiel, pour les raisons citées plus haut, et inexorablement tournant. Il faut rendre l'alternance obligatoire par un mécanisme qui permet d’annihiler la tentation de la méthode "limitation, puis délimitation des mandats présidentiels". Prenons par exemple le cas brulant de la Cote d'Ivoire. On pourrait avoir une constitution qui reconnait l’existence de deux grands ensembles identitaires: le grand nord et le grand sud.

Le principe : Un originaire de chaque grand ensemble est élu à la magistrature suprême pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois face à des adversaires également originaires du même grand ensemble. Le mécanisme : Le futur président de la République sera issu du grand sud. Seuls les candidats originaires de cet ensemble peuvent être candidats, mais le président est élu au suffrage universel pour avoir une réelle légitimité nationale et ne pas être "otage" de son ensemble d’origine ; car en cas d’une éventuelle sollicitation d’un second et dernier mandat, le président sortant à l’instar de ses adversaires "toujours originaires du même ensemble" devrait convaincre l’ensemble de la population.

Les Africains doivent identifier de grands ensembles identitaires au sein de leur république et imaginer un modèle constitutionnel qui prévoit une rotation à la tête de l'Etat



Le mandat est renouvelable une fois pour un ensemble, donc seul le président élu au début de l'alternance "des grands ensembles" peut prétendre à une réélection.

L'alternance "des grand ensembles" a lieu tous les dix ans. La constitution fixe les conditions d’appartenance à un grand ensemble pour les cas spécifiques tels que : personne née de parents originaires de différents grands ensembles ; personne née d’un parent étranger, éventuellement personne née des parents étrangers.

Ce système qui favorise un équilibre des rapports de forces au sein de nos "nations" où les peuples se vouent une méfiance source des maux les plus graves, peut être un levier extraordinaire pour consolider une démocratie africaine. Après avoir adopté des modèles importés avec un certain échec, il est temps de passer à un modèle révolutionnairement africain. Une institution telle que la FIFA a montré l’exemple en adoptant le système le moins injuste pour la désignation des pays organisateurs de la coupe du monde, sans quoi La coupe du monde ne serait jamais venue dans notre continent et nos frustrations n’auraient cessé d’être une bombe à retardement.

Crise ivoirienne : et si le régime parlementaire était la solution ? 09/12/2010



Extrait d'une conférence de Mamadou Koulibaly, prononcée en juin 2009, soulignant les avantages du régime parlementaire



Par Mamadou Koulibaly



Alors que la Côte d’Ivoire se retrouve dans une situation inédite avec deux présidents de la république, au delà de l’analyse à court terme des fléaux du combat de titans qui l’attend, on ne peut qu’orienter la réflexion sur les voies qui permettraient la limitation du pouvoir absolu qui grise les dirigeants au point de leur faire oublier qu’ils ne sont que les serviteurs de leurs populations.

Mamadou Koulibaly, Président d’Audace Institut Afrique a toujours été un fervent défenseur du régime parlementaire en Afrique. Voici un extrait de l’une de ses conférences prononcée lors du cinquantième anniversaire de l’Ordre des Avocats de Côte d’Ivoire à Yamoussoukro, le 24 juin 2009. Son analyse est tout à fait d’actualité.

On comprend pleinement que les théories ne se limitent pas au cercle restreint des intellectuels mais qu’elles ont des débouchés pratiques dans la vie d’un pays.






Texte de Mamadou Koulibaly (prononcé le 24 juin 2009)



Mamadou Koulibaly




Le régime parlementaire, découvert par les anglais il y a plus de trois siècles, s’est plus facilement exporté et a eu plus de succès dans les pays pauvres et en développement institutionnel. C’est le modèle de gouvernement de Westminster découvert en Grande Bretagne qui a remarquablement passé l’épreuve du temps et des latitudes. Les pays, à populations hétérogènes, pauvres, sortant de la colonisation, éloignés de la culture occidentale et sous tensions politiques, ont eu très souvent à adopter ce modèle pour assurer une relative stabilité et un progrès effectif. Cela a été le cas de l’Inde depuis 1947 et du Japon depuis 1945.

Les pays, à populations hétérogènes, pauvres, sortant de la colonisation, éloignés de la culture occidentale et sous tensions politiques, ont eu très souvent à adopter ce modèle pour assurer une relative stabilité et un progrès effectif. Cela a été le cas de l’Inde depuis 1947 et du Japon depuis 1945(...) le modèle parlementaire est clair, simple et il établit une entente totale entre le gouvernement et la majorité parlementaire



Mamadou Koulibaly

Ce modèle est clair, simple et il établit une entente totale entre le gouvernement et la majorité parlementaire. Le pouvoir d’Etat est simplement exercé par le leader ou le dirigeant du parti qui dégage la majorité au parlement. Tant que la politique menée par le gouvernement est conforme au programme sur lequel la majorité a été élue, tout se passe bien. Le Président, ou le Premier Ministre, selon l’appellation qu’on lui donne, est d’abord lui-même un élu et la plupart des membres du gouvernement sont, eux aussi, des députés.

A titre d'illustration regardons les expériences d'Haïti et de la Jamaïque. Dans le premier pays, à l’indépendance, l’on a fait le choix de régimes présidentiels puis il s’en est suivi une succession de coups d’Etat et de dictatures pour laisser aujourd’hui une situation d’incertitude avec des Institutions fragiles. Le modèle a tourné à l’illusion.



Le président haïtien René Préval et l'ex premier ministre de Jamaïque Portia Simpson Miller © dailylife.com




A côté, la Jamaïque a adopté un régime parlementaire sur le modèle de Westminster et depuis, la démocratie fonctionne sans heurts, les partis transcendent les clivages sociaux ainsi que l’alternance au pouvoir. Les tensions ethniques et les difficultés économiques sont mieux amorties et canalisées.

Toutefois, le seul choix du régime ne suffit pas pour définir le cadre du jeu des partis politiques. Un complément absolument déterminant est le mode de scrutin qui peut soit dénaturer le régime parlementaire, soit faire évoluer le régime présidentiel. Le mode de scrutin devrait être le scrutin majoritaire à un tour pour permettre à une majorité d’avoir le pouvoir de décision. Les consensus politiques ont largement montré leurs limites sur le continent. La mission de l’opposition étant dans le contrepoids et non dans la décision

Il est du devoir des élites africaines de se donner de bonnes institutions constitutionnelles. Les politiciens doivent être conscients de leur responsabilité. La nature du pouvoir est plus importante que la personne qui l’exerce



Mamadou Koulibaly

En Afrique, on doit se méfier des régimes qui veulent un pouvoir exécutif fort avec un suffrage universel direct. Le régime parlementaire combiné avec le scrutin majoritaire à un tour, est plus efficace et moins dangereux pour la démocratie et l’Etat de droit. Il est du devoir des élites africaines de se donner de bonnes institutions constitutionnelles. Les politiciens doivent être conscients de leur responsabilité. La nature du pouvoir est plus importante que la personne qui l’exerce.



© lefaso.net




En Afrique, la classe politique devrait prendre conscience du fait que l’opposition fondamentale ne demeure pas dans la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire mais entre gouvernement à pouvoir limité et gouvernement à pouvoir absolu. Comme le dit le professeur Jean-Philippe Feldman, avocat à la Cour de Paris, "lorsque le pouvoir est absolu, le gouvernement est oppressif ; lorsque le pouvoir est limité le gouvernement est libéral". Quand on sait que tout pouvoir absolu corrompt, il y a lieu de s'en méfier pour ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures.

Le fait de se voir confier un mandat public ou la gestion d'une administration d'Etat n’autorise pas à violer les droits et les libertés des citoyens. En tant que serviteurs, les dirigeants doivent au contraire les protéger.Hayek résume cette philosophie en des termes on ne peut plus clairs "le problème essentiel n’est pas de savoir qui gouverne, mais ce que le gouvernement a le droit de faire".

L’analyse des différents modèles constitutionnels montre que cette conception parlementaire est la plus adaptée à la voie de progrès souhaitée pour l’Afrique. Le modèle de Westminster reste le modèle de référence. Plus les régimes s’en rapprochent, mieux la démocratie et l’état de droit fonctionnent. Plus ils s’en éloignent, plus la démocratie fonctionne mal.

Le Professeur Mamadou Koulibaly est directeur de l’Audace Institut Afrique.

Publié en collaboration avec

www.UnMondeLibre.org

Note de Grioo.com :

Mamadou Koulibaly est également président de l'assemblée nationale de Côte d'Ivoire, et membre du FPI, le parti de Laurent Gbagbo. Il n'était pas présent lors de la cérémonie d'investiture de ce dernier, le samedi 4 décembre, sans que l'on en sache, pour l'instant, les raisons

http://www.grioo.com/ar,et_si_les_pays_africains_definissaient_des_modeles_constitutionnels_originaux_,20360.html

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samedi 29 décembre 2012

__Au nom des « vrais Africains » « Evolués » ou « détribalisés » ? Le problème des « indigènes éduqués ». Crimes et exactions en Afrique, Aide juridique, infractions, justice - Utilisation excessive de la force au cours des arrestations

Utilisation excessive de la force au cours des arrestations

Les forces africaines emploient régulièrement des méthodes militaires pour effectuer des arrestations en afrique, et ce parfois en négligeant de respecter le droit international humanitaire et la Charte des droits de l’homme. Ainsi, les règles d’engagement africain, conçues pour les situations de combat, sont souvent appliquées à la place des procédures d’arrestation civiles. De plus, les déficiences des services de renseignement ont entraîné la prise à partie de civils qui n’étaient pas impliqués dans les hostilités, des pertes civiles au cours des opérations d’arrestation et la destruction injustifiée de maisons.

Au nom des « vrais Africains » Les élites scolarisées de l'Afrique coloniale face à l'anthropologie (1930-1950)

Nombre d'anthropologues considèrent qu'ils ont un devoir vis-à-vis de ceux qu'ils ont étudiés : dans la mesure où ils s'efforcent de restituer leurs cultures dans leur complexité, contre les préjugés dont elles sont souvent victimes, ils se voient comme les porte-parole de « leurs » indigènes, voire comme leurs défenseurs. Une des justifications que donnent couramment les anthropologues de l'existence de leur discipline est celle d'être l'interprète des peuples oubliés et des cultures menacées par la mondialisation. Ce rôle d'interprète du « point de vue indigène » était déjà revendiqué dans l'entre-deux-guerres par ceux qui, tel Malinowski, s'efforçaient d'affirmer l'identité professionnelle des anthropologues1. Dans cette perspective, on pourrait logiquement imaginer qu'une anthropologie mettant en valeur les cultures indigènes, et prônant le respect des spécificités locales contre une colonisation supprimant les cadres traditionnels, ait été bien accueillie par les élites colonisées, à qui elle pouvait fournir une arme dans leurs revendications d'égalité avec les colonisateurs.

On peut donc voir un paradoxe dans l'affirmation d'une hostilité marquée à l'anthropologie chez certains représentants des élites africaines dès les années 30. En mai 1933 par exemple, Margery Perham, universitaire spécialiste des affaires coloniales, déclare, devant les participants au séminaire de Malinowski à la London School of Economics, avoir rencontré quelques semaines auparavant à Londres quarante étudiants africains, qui avaient tous exprimé « la plus grande méfiance à l'égard de l'attitude anthropologique »2. L'année suivante, parlant de la politique coloniale, elle indique que « ceux qui déplorent la nouvelle théorie de l'administration ont tendance à considérer l'anthropologie comme son mauvais génie. Ils affirment que les anthropologues, et ceux qu'ils contaminent avec leur point de vue, sont si profondément absorbés par la reconstruction du passé qu'ils exagèrent sa valeur et dénoncent tous les changements qui gâchent une reconstruction scientifique complète » (Perham 1934b). Cette critique est explicite dans un texte paru quelque temps plus tôt dans l'English Review : « l'Africain – la majorité des Africains éduqués, selon des sources autorisées – est loin d'être heureux .... Car il voit au seuil de sa hutte deux jumeaux menaçants : l'Indirect Rule et l'anthropologie .... Il commence à soupçonner que le souhait le plus cher de l'anthropologue est de le voir enfermé et épinglé dans une boîte de conservation, préservant au froid pour une perpétuelle étude le paradoxe d'un développement interrompu ; et il est suffisamment sensé pour se rendre compte que les amateurs du système d'administration de protectorat connue sous le nom d'Administration indirecte ne seraient pas du tout hostiles à son maintien dans un tel état, au moins jusqu'à ce qu'ils aient obtenu de l'anthropologue des données suffisantes pour leur but fallacieux » (Cotterell 1934).

De nombreux témoignages confirment cette opposition à l'anthropologie d'une part importante des élites africaines. Je voudrais ici tenter d'élucider cet apparent paradoxe en cherchant à comprendre ce qui est en jeu dans cette contestation par certains Africains du miroir que leur tendent les anthropologues. L'hypothèse que j'explorerai ici est que l'opposition entre anthropologues et intellectuels indigènes tourne autour du monopole de l'interprétation de ce que sont les « vrais Africains »3. Le conflit autour de la vérité de la représentation des Africains produite dans le savoir anthropologique est particulièrement aigu parce qu'il est en fait lié à la question de leur représentation au sens politique. De ce point de vue, c'est précisément dans la mesure où les anthropologues se posent en « porte-parole » des indigènes qu'ils entrent en concurrence avec les revendications des élites scolarisées qui elles-mêmes affirment parler au nom de leurs compatriotes. Le « mauvais génie » de l'administration ?

On ne peut comprendre l'importance du débat autour de l'anthropologie si on ne saisit pas qu'il est pris dans un débat plus vaste sur l'orientation et les méthodes de la politique coloniale, débat qui a des conséquences directes en termes d'accès de certains groupes aux positions favorisées dans le système colonial. Ce qui est en jeu, c'est en effet d'abord le rôle privilégié que joue l'anthropologie dans la nouvelle orientation de la politique coloniale.

L'après-guerre voit effectivement une remise en cause de la légitimité de la domination coloniale, à la fois avec le développement de mouvements « nationalistes » dans certaines colonies, notamment en Asie, et avec les critiques venant des puissances nouvelles que sont les Etats-Unis et l'URSS. Dans ce contexte, ce qui devient dans l'entre-deux-guerres la principale forme de légitimation de la « tutelle » européenne et de l'action de l'administration coloniale, c'est qu'elle se fait dans l'intérêt des indigènes. La question de la définition de ce que sont les « intérêts indigènes » devient donc un enjeu central. La doctrine connue sous le nom d'Indirect Rule, présentée notamment dans le Dual Mandate de lord Lugard (1922), propose une redéfinition des objectifs et des méthodes de la politique coloniale, qui consiste à développer les sociétés africaines à partir des institutions indigènes4. C'est dans ce contexte que l'anthropologie acquiert une importance nouvelle.

En effet, dans la perspective victorienne de la colonisation, l'anthropologie, dans ses différentes variantes évolutionnistes, avait une grande importance en tant que cadre d'interprétation de la marche de l'humanité vers le progrès, mais un rôle relativement mineur dans la conduite des affaires coloniales : dans la mesure où il s'agissait avant tout de civiliser des indigènes définis par leur sauvagerie, c'est-à-dire leur absence de civilisation, une étude approfondie de leurs coutumes apparaissait certes comme intéressante en tant que contribution à la connaissance scientifique de l'homme primitif, ou pour porter témoignage de l'état déplorable dont la colonisation avait tiré les indigènes, mais comme ayant finalement peu de conséquences pratiques, sinon pour connaître les « préjugés » auxquels devaient faire face missionnaires, administrateurs ou colons.

Au contraire, ce statut change avec la nouvelle philosophie, anti-universaliste, de l'Indirect Rule, qui récuse l'idée d'un progrès univoque de l'humanité, mais repose au contraire sur la conviction qu'il existe des voies propres à chaque « culture ». En particulier, l'« anthropologie fonctionnelle » promue par Malinowski et Radcliffe-Brown, montrant que même des coutumes apparemment répréhensibles parce que barbares, « répugnantes à la civilisation », comme la sorcellerie ou la coutume du « prix de la fiancée » (lobolo), étaient en fait fonctionnelles, c'est-à-dire essentielles au maintien de la cohésion sociale des groupes soumis à l'impact de la colonisation5, et mettant en garde contre le danger d'interdire ces coutumes, entrait en résonance avec la nouvelle doctrine coloniale. Cette nouvelle anthropologie lui apportait à la fois une caution scientifique et des instruments d'analyse du fonctionnement des groupes sociaux primitifs.

La position privilégiée qu'occupe l'anthropologie (ou plus précisément l'anthropologie sociale telle qu'elle est alors redéfinie par Malinowski) dans la justification de la politique d'Indirect Rule apparaît de façon éclatante dans un article que publie Lugard dans le Daily Telegraph, à l'occasion du premier Congrès international des sciences anthropologiques et ethnologiques, qui s'ouvre à Londres en juillet 1934. Lugard évoque l'intérêt que présentent les nouveaux courants de l'anthropologie pour l'administration coloniale : « L'anthropologie fonctionnelle se rend compte que le temps est depuis longtemps passé où nous pouvions considérer que les systèmes particuliers qui sont les nôtres étaient ce qu'il y a de mieux pour le monde entier : un mode de gouvernement par débats et vote à la majorité ; une justice dépendante de règles de preuve rigides, et administrée par des juristes professionnels ; une éducation adaptée seulement à la vie civilisée dans les zones tempérées ; une religion qui condamne les païens à la perdition éternelle. ... L'administrateur, qui a découvert tout seul une grande partie de cela, se tourne vers la recherche anthropologique scientifique afin de pouvoir ... pénétrer la pensée des indigènes et adapter l'Africain aux normes civilisées (ou adapter ces normes à sa compréhension et à ses besoins) au lieu de s'efforcer de lui imposer des institutions étrangères à sa mentalité et inadaptées à ses conditions de vie » (Lugard 1934).

De même, le travail de Perham, qui s'affirme dans les années 30 comme la nouvelle théoricienne de la colonisation, apparaît comme une reformulation de l'Indirect Rule dans le langage de l'anthropologie malinowskienne ; elle résume ainsi les principaux objectifs de la nouvelle politique : « Elle s'efforce de rendre possible un développement dans lequel les Africains conservent la stabilité et la fierté de leur vie communautaire, et s'appuient sur les formes sociales existantes pour répondre à des besoins nouveaux .... Mon enquête sur différents systèmes d'administration m'a convaincue que les progrès désirés étaient en fait plus rapides là où les Africains avancent depuis un point de départ familier en tant que groupes sociaux, que là où, comme il arrive souvent avec les méthodes plus directes, ils partent à la dérive dans une contrée étrangère comme une foule d'individus. » On voit comment une telle problématique peut aisément rencontrer celle d'une anthropologie sociale qui fait de la compréhension des facteurs de la cohésion sociale un objectif essentiel.

De fait, cette nouvelle politique coloniale doit selon Perham s'appuyer sur le savoir, et en premier lieu sur les apports de l'anthropologie moderne : « La tendance à l'incompréhension et la tentation de maltraiter les institutions indigènes ont une même source : une dissimilarité si grande entre les deux sociétés en contact qu'elle rend extrêmement difficiles la compréhension et la coopération mutuelles. A une certaine époque, les anthropologues, en supposant un mystérieux "instinct de groupe" automatique, avouaient leur incapacité à comprendre la façon dont les sociétés primitives régulent leurs affaires. Le professeur Malinowski nous a appris à aller au-delà, et à reconnaître les forces de cohésion sociale dans les relations de parenté, la magie, la religion, les réciprocités économiques et d'autres aspects de la vie primitive » (Perham 1934a).

De plus en plus, l'anthropologie constitue un des principaux points d'appui du débat colonial ; en particulier, un certain nombre de ceux qui s'efforcent d'infléchir la politique coloniale sous ses différents aspects (politiques, juridiques, missionnaires, éducatifs, etc.) dans le sens d'une plus grande prise en compte des « traditions africaines » s'appuient sur l'anthropologie. Un certain nombre d'entre eux se sont regroupés depuis 1926 autour de l'Institut international de langues et cultures africaines (IIALC), dont Lugard est le président6. Les thèmes et le vocabulaire de l'anthropologie pénètrent progressivement les commissions d'enquête, les discours missionnaires et les rapports administratifs7.

Cette position centrale de l'anthropologie dans le nouveau dispositif colonial explique les attaques systématiques dont elle fait l'objet de la part des adversaires de l'Indirect Rule. Ainsi, l'anthropologue Siegfried Nadel raconte qu'en 1935, à l'issue d'une conférence sur le thème « Anthropologie et Administration coloniale », faite à son retour du Nigeria, alors qu'il était partisan convaincu de l'Indirect Rule, il fut violemment attaqué par plusieurs étudiants ouest-africains qui l'accusèrent, lui et toute l'anthropologie, de « jouer le jeu des administrateurs réactionnaires » (Nadel 1953). La position de Meek, administrateur du Nigeria qui a été détaché comme government anthropologist et enseignera plus tard l'anthropologie à Cambridge, est intéressante ; il écrit qu'« un grand nombre de stupidités sont dites et écrites à propos de l'Indirect Rule et de l'anthropologie, comme s'il s'agissait d'une subtile invention pour maintenir les Africains et d'autres dans un état de sujétion. Indirect Rule n'est qu'un nom pour "auto-administration locale selon une direction évolutionniste", et n'implique ni ne devrait entraîner une situation statique. L'anthropologie n'est ni une science ésotérique s'intéressant seulement au passé, ni une panacée pour tous les maux présents. Elle s'efforce seulement de vous en dire autant qu'il est possible sur les gens que vous essayez d'administrer » (in Perham 1934a).

La contestation de l'anthropologie prend suffisamment d'ampleur pour inspirer un éditorial de la grande revue scientifique Nature (1939), qui s'en inquiète en 1939 : commentant l'organisation par l'International Institute of African Languages and Cultures d'un « symposium sur les organisations politiques africaines », sous la responsabilité de Meyer Fortes et Edward Evans-Pritchard8, l'éditeur affirme : « Il est évident que la discussion sur les organisations politiques soulève nombre de questions qui ont pour l'avenir des Africains des conséquences importantes. Depuis un certain temps, on a ici et là des indications d'une certaine méfiance des populations indigènes – limitée certainement pour l'essentiel aux plus avancées et aux plus sophistiquées – à l'égard à la fois de la recherche scientifique et des relations entre l'Indirect Rule et ces recherches. On a avancé, avec une grande assurance, que le but de l'homme blanc était de "maintenir l'indigène à sa place" – de stéréotyper ses institutions et fixer son statut une fois pour toutes. S'il était possible, comme résultat des discussions de la recherche, d'indiquer les grandes lignes d'une politique progressive de développement institutionnel, adaptable aux conditions changeantes d'aujourd'hui, tout en évitant la désintégration, cela calmerait les mécontentements en éliminant les ambiguïtés de la position présente. » Ce que Nature évoque ici, en termes diplomatiques, c'est bien l'association entre l'anthropologie et une option conservatrice dans la politique coloniale. De façon générale, la parenté de ces critiques avec les accusations plus récentes de « complicité » des anthropologues avec le « colonialisme » est frappante. « Une forme de recherche particulièrement humiliante »

L'anthropologie se voit également accusée de mettre à mal la dignité des Africains scolarisés. Perham (1934b) cherche ainsi à expliquer « la prévention exprimée contre l'anthropologie par un grand nombre d'Africains éduqués ». « Il est naturel, poursuit-elle, que l'Africain, depuis peu mal à l'aise, soit prompt à soupçonner des attitudes de supériorité ; malheureusement, il se croit le seul à être l'objet d'une forme de recherche particulièrement humiliante. Il est regrettable que cette branche de la sociologie qui s'applique à la société primitive ait un nom différent, car cela permet aux Africains d'ignorer la grande quantité de recherches – qui ne sont pas autre chose que de l'anthropologie – que les Européens s'appliquent les uns aux autres, et qui est de plus en plus appréciée pour l'assistance qu'elle apporte au gouvernement. »

La dénonciation de l'anthropologie comme « une forme de recherche particulièrement humiliante » est significative : elle correspond d'abord au refus par les Africains scolarisés d'être considérés comme des « primitifs » ou des « sauvages », termes qui correspondent à la façon dont est alors défini l'objet de l'anthropologie et apparaissent couramment dans les titres des ouvrages d'anthropologie (par exemple Malinowski 1926).

Mais on peut l'interpréter aussi comme un refus des pratiques les plus « humiliantes » associées à l'anthropologie physique. Certains indices laissent en effet penser que les mesures anthropométriques, qui faisaient auparavant partie des pratiques scientifiques standards, deviennent plus difficiles à faire accepter aux indigènes, au moins dans les zones les plus désenclavées. Décrivant les premières semaines d'enquête à leur arrivée à Kalenga, au Tanganyika, Elizabeth Brown, épouse de Gordon Brown, élève de Malinowski, évoque le fait qu'il semblait « impossible de suggérer à froid de prendre des mesures anthropométriques ». Pour contourner la difficulté, le couple donna une fête à laquelle furent invités tous les notables et leurs amis. La bière aidant, cela devint « la plus gaie des séances de mesure », chacun s'amusant à se comparer aux autres9.

Ce qui est rejeté avec ces pratiques, c'est le modèle d'une anthropologie traditionnellement définie comme « cette branche de l'histoire naturelle qui traite de l'espèce humaine »10. On peut se demander si le changement de paradigme théorique qui mène à l'abandon progressif de l'anthropologie physique n'a pas été renforcé par le fait que certaines pratiques, qui auparavant « allaient de soi », perdaient leur légitimité.

Perham, défendant l'anthropologie moderne, insiste précisément sur la rupture avec la conception de l'anthropologie comme histoire naturelle ou comme science des origines : « Les nouveaux anthropologues, de la jeune génération, ne regardent plus les Africains comme des spécimens et ne cherchent pas à préserver le passé dans l'intérêt de leurs recherches. Ils vivent avec les Africains, deviennent leurs amis, et leur interprétation des conditions actuelles sera pour l'Afrique de la plus grande valeur » (1934a). On voit ainsi comment les critiques contre l'anthropologie peuvent être utilisées comme des arguments dans la lutte entre différentes versions de l'anthropologie.

C'est le sens des notes largement positives prises par Malinowski sur l'article de Perham (1934b). Il se félicite qu'elle démontre que les préventions de l'Africain contre les anthropologues sont infondées : « L'anthropologie elle-même a rejeté les entraves de l'antiquairisme. Quant à l'Africain, l'anthropologie lui fournit une fondation solide pour son nouveau nationalisme, et lui permet de reconnaître la valeur et la beauté de son passé11 ».

Malinowski et Perham tendent donc à présenter les contestations comme reposant sur un malentendu : les nouveaux anthropologues sont les « amis des Africains ». La vraie question est cependant esquivée : de quels Africains s'agit-il ?

(« Evolués » ou « détribalisés » ? Le problème des « indigènes éduqués »]

C'est précisément parce qu'elle joue un rôle croissant que l'anthropologie entre en conflit avec les revendications des Africains scolarisés. Ce conflit se joue à un double niveau : il concerne à la fois le statut des « indigènes éduqués » dans le nouveau modèle scientifique et politique de l'Indirect Rule et un conflit d'interprétation qui met en cause la légitimité de la revendication de ces derniers à « représenter » les Africains.

C'est peut-être dans le domaine de l'éducation que la rupture est la plus nette entre les idéaux de la mission civilisatrice et ceux de l'Indirect Rule, et que l'anthropologie a eu le plus d'impact12. Selon l'idéologie victorienne, reposant sur le postulat d'un évolutionnisme unilinéaire, les indigènes éduqués étaient des interlocuteurs privilégiés, dans la mesure où ils apparaissaient comme les plus avancés des Africains sur la voie de l'évolution (c'est bien le sens qu'a l'expression qui les désignait alors en français : les « évolués »). Passés le plus souvent par les écoles des missionnaires, ils se présentaient comme les alliés « naturels » de la « civilisation » et de la christianisation contre les forces des ténèbres et du paganisme, les « coutumes barbares ». Plus vite ils étaient dépouillés des oripeaux de la sauvagerie, plus vite ils pouvaient prétendre prendre leur place (certes subordonnée) aux côtés des colonisateurs. L'éducation apparaissait donc comme la voie naturelle d'accès aux positions les plus enviables du système colonial.

Au contraire, l'idéal nouveau de l'Indirect Rule veut que les sociétés indigènes se développent « en suivant leur voie propre », dans la continuité avec les traditions qui les constituent en tant que groupe ; les indigènes éduqués à l'européenne ne sont plus alors des individus en avance sur leurs compatriotes sur la voie du progrès, mais des indigènes « détribalisés », c'est-à-dire coupés de leur milieu tribal « naturel », des sortes de monstres sociologiques, doublement inadaptés, à leur culture d'origine dont ils ont été artificiellement séparés, mais aussi à la culture européenne où ils ne peuvent trouver leur place. Ils sont donc, comme le note Malinowski, des facteurs de désintégration des sociétés indigènes : « Une scolarisation exogène inadéquatement impartie doit conduire à la désintégration d'une société primitive, parce qu'elle rend un certain nombre d'individus étrangers aux traditions qui contrôlent toujours le reste de la tribu » (Malinowski 1936, s'appuyant sur Hoernlé 1932).

La nouvelle philosophie qui domine la scène coloniale a donc des conséquences directes sur le statut des Africains éduqués, qui perdent leur rôle d'interlocuteurs privilégiés des autorités européennes au profit d'une part des autorités tribales « traditionnelles » (qui ne sont plus seulement employées comme des « courroies de transmission » auxquelles le pouvoir colonial a recours faute de mieux, mais se voient raffermies et légitimées), d'autre part des anthropologues.

De façon générale, la méfiance envers les Africains scolarisés semble caractériser l'attitude des anthropologues, qui leur préfèrent les indigènes « authentiques ». Audrey Richards (1935) compare ainsi défavorablement les « indigènes à moitié éduqués », qui considèrent les problèmes tribaux « uniquement d'après leurs effets sur leur bien-être personnel », avec les « traditions de service public et l'esprit de corps » de l'aristocratie héréditaire des Bakabilo.

En produisant un modèle de la culture africaine (ou des cultures africaines) authentique, l'anthropologue apporte la caution de la science à une certaine façon d'être vraiment africain, qui aboutit à légitimer les prétentions de certains groupes et en écarter d'autres. En particulier, l'anthropologie, insistant sur la tradition comme facteur de cohésion sociale, peut apparaître comme donnant sa caution aux autorités traditionnelles.

Ce caractère stratégique de l'anthropologie se révèle nettement dans la préface de Hilda Kuper à son ouvrage sur les Swazi (1947). Celle-ci décrit les circonstances de sa rencontre avec l'Ingwenyama (Lion) des Swazi, Sobhuza II, venu assister en 1934 à une importante conférence sur « L'éducation indigène » à Johannesburg, à laquelle participaient plusieurs anthropologues, dont Malinowski (1936), et les Sud-Africains Schapera, Hunter, Hoernlé.

Elle reprend le constat habituel, en y apportant une précision importante : « La plupart des Africains éduqués, plus particulièrement ceux qui sont détribalisés ou qui ont un statut peu important dans la vie tribale, sont méfiants à l'égard de l'anthropologie ; ils la voient comme une arme destinée à maintenir les indigènes dans leur milieu traditionnel ... et les empêcher pour des motifs pseudo-scientifiques – conserver "l'âme du peuple", leur "mentalité primitive" – d'assimiler la culture européenne » (Kuper 1947, souligné par moi).

Elle oppose cette attitude courante à celle du souverain swazi : « Sobhuza, au contraire, s'intéresse à l'anthropologie ; il a lu nombre de livres sur la question, est abonné à des revues anthropologiques, apprécie les descriptions des coutumes des autres peuples, et est fier des siennes. Il expliqua un jour que "l'anthropologie rend possible la comparaison et la sélection des directions de développement futur. La culture européenne n'est pas entièrement bonne ; la nôtre est souvent meilleure. Nous devons être capables de choisir la façon dont nous vivons, et pour cela nous devons voir comment vivent les autres. Je ne veux pas que mon peuple soit une imitation des Européens, mais qu'il soit respecté pour ses propres lois et coutumes". »

Sobhuza apparaît ici parfaitement en accord avec les objectifs de la politique éducative britannique, tels que les résume Lugard (1933), qui étaient « non pas d'éliminer les différences raciales, mais de les accepter comme la vraie base de l'éducation africaine, d'encourager l'Africain à être fier de sa race, à sentir qu'il a sa propre contribution à faire au progrès du monde, et que le contact avec la civilisation occidentale ne doit pas signifier une imitation servile, mais une chance de sélectionner tout ce qui peut aider à la croissance de ce qu'il y a de mieux dans ses propres institutions et sa culture ».

En fait, Sobhuza attend de l'anthropologie une légitimation de son pouvoir, en particulier face aux remises en cause de Swazi passés par les écoles missionnaires. Au moment où Kuper le rencontre en 1934, il a en effet rédigé un mémorandum pour l'administration britannique, où il critiquait le recours à une « éducation purement européenne », qui faisait que « l'intellectuel swazi méprise les institutions swazi et sa culture indigène »13. Il y demandait que l'enseignement scolaire au Swaziland « appuie son influence » au lieu de travailler contre elle, c'est-à-dire aille dans le sens de la tradition (Malinowski 1936).

Il est significatif que l'ouvrage de Kuper s'ouvre sur un poème de louange à Sobhuza. Elle précise d'ailleurs que, dans une société hiérarchique comme celle des Swazi, l'enquête d'un anthropologue serait très difficile sans l'appui de l'autorité tribale. De fait, il semble, à en croire les remerciements des ouvrages publiés, qu'un certain nombre d'autorités tribales traditionnelles aient accueilli plutôt favorablement les anthropologues14.

L'opposition à l'anthropologie, vue comme représentant la défense des sociétés traditionnelles et légitimant le statu quo, est donc à comprendre sur l'arrière-fond d'une lutte politique pour l'accès aux positions dominantes au sein du système colonial entre élites traditionnelles et nouvelles élites scolarisées. C'est un conflit entre diverses légitimités : c'est au nom de leur « avance » sur la voie du progrès que les éléments scolarisés revendiquent un accès au pouvoir qui leur était garanti selon l'idéal de la politique précédente, et que leur interdit désormais le changement de philosophie incarné par l'Indirect Rule et l'anthropologie. Une « prime à l'ignorance » ?

Les nouvelles élites appuient leur revendication pour un plus grand rôle politique sur leur scolarisation, qui leur donne accès à la culture européenne, mais aussi (de plus en plus) sur le fait qu'elles parlent au nom de leurs compatriotes dépourvus de possibilité d'expression. Or, c'est précisément cette éducation européenne, autrefois valorisée, qui les rend désormais suspectes aux yeux de ceux qui prônent le respect des « coutumes et institutions traditionnelles ». Elles ne peuvent donc pas prétendre représenter les masses africaines, car, étant « détribalisées », elles ne sont pas « représentatives » de la majorité des Africains qui vivent, eux, dans un cadre tribal « traditionnel »15.

Ces enjeux apparaissent nettement dans la discussion, en mars 1934, qui suit une conférence de Perham sur « Les problèmes de l'Administration indirecte en Afrique »16. La transcription des débats constitue un document exceptionnel qui permet de saisir sur le vif la confrontation entre les différents points de vue en conflit, notamment ceux de plusieurs Africains vivant en Grande-Bretagne présents dans la salle. Leur contestation s'organise autour de deux thèmes qui apparaissent étroitement liés : celui de la représentation et celui de l'accès au savoir.

Ainsi, une certaine Miss S.J. Thomas affirme que « les chefs ne représentent plus les Africains, et les Africains ne veulent pas que leurs chefs les vendent aux Britanniques .... Les vrais Africains ... voulaient être représentés et recevoir une formation afin de pouvoir s'exprimer ». Elle se dit « défavorable aux anthropologues », car « les Africains n'étaient pas curieux d'être étudiés afin qu'on découvre d'où ils venaient ». Enfin, elle lie clairement accès au savoir et revendication du pouvoir : « Ils ne voulaient pas de chefs illettrés, car alors, en raison de leur ignorance, ils tombaient facilement entre les mains des administrateurs britanniques. »

A son tour, Mr Joseph T. Sackeyfio, probablement originaire de Gold Coast, dénonce le « fléau de l'Indirect Rule », qui a abouti dans cette colonie au « divorce entre le peuple et les chefs et anciens ». Ceux-ci sont devenus les « marionnettes » des Britanniques.

Mr M. Dowuona, étudiant à St Peter's Hall (Oxford), affirme pour sa part que le recours aux compétences des « Africains éduqués » est indispensable, car ils sont seuls capables d'interpréter les méthodes administratives anglaises. Il demande donc pour eux des responsabilités plus grandes, à la fois dans l'administration coloniale elle-même (African Civil Service) et par l'accès aux responsabilités politiques municipales dans les zones urbaines.

Regrettant que l'anthropologie ne s'intéresse qu'aux « peuples soi-disant primitifs », il suggère de retourner contre ses promoteurs l'arme du savoir : il propose d'étendre la définition de l'anthropologie « pour inclure l'étude des races blanches, dont les manières, coutumes et institutions n'étaient pas toujours faciles à comprendre pour les Africains ». Il exprime le souhait de voir de « jeunes Africains », formés à l'anthropologie fonctionnelle, qui « étudieraient les peuples blancs, en particulier les Anglais, leurs coutumes et institutions, et les interpréteraient pour le reste du monde. Ce serait intéressant de voir comment ils seraient reçus par le public anglais éduqué ».

Les interventions des Africains articulent donc trois thèmes : une violente opposition à l'Indirect Rule, une critique non moins violente de l'anthropologie, et une revendication à la fois d'un plus large accès au savoir et d'un rôle politique plus grand pour les « Africains éduqués », qui affirment représenter les « vrais Africains » mieux que des chefs traditionnels ignorants.

Les enjeux politiques des descriptions anthropologiques sont bien perçus par l'étudiant Dowuona, qui conteste l'utilisation par Perham du terme « détribalisé » pour parler des Africains éduqués comme donnant une « prime à l'ignorance » et amenant à « exclure les Africains éduqués de toute participation à l'élaboration d'une politique de progrès pour leur peuple ». Il s'agit bien d'un conflit autour de l'accès au savoir. C'est précisément parce que cette transformation des règles du jeu les frustre de leurs espérances jusque-là légitimes que s'explique la violence des réactions contre le « fléau de l'Indirect Rule » et l'anthropologie qui la justifie.

Les Africains scolarisés reçoivent l'appui de ceux des colonisateurs qui continuent d'adhérer aux idéaux victoriens de la « mission civilisatrice »17. C'est le cas de l'historien sud-africain Macmillan, qui dénonce la « tendance, en cherchant à découvrir les institutions africaines, à s'écarter des classes éduquées comme n'étant pas de vrais Africains. Il était au contraire essentiel de tenir compte des Africains qui pensaient, qui étaient les Africains de l'avenir » (in Perham 1934a). C'est au nom d'un retour à l'idéal victorien universaliste que Macmillan critique l'Indirect Rule, qui lui apparaît comme défendant un idéal de conservatisme et de maintien de coutumes barbares. Il dénonce dans la plus pure tradition victorienne l'« ignorance et l'incapacité de l'Afrique indigène, la cruauté et parfois l'injustice fondamentale des institutions tribales, une lutte difficile et au total sans succès avec la nature. Dans l'Afrique primitive, la famine et la maladie sont des terreurs communes, la sorcellerie peut prendre possession de ses plus proches parents et la tradition offre pour seule aide des superstitions qui aggravent la misère et la peur » (Macmillan 1938). Le plus grand service qu'on puisse rendre aux Africains, c'est donc de leur donner accès le plus rapidement possible aux bienfaits de la civilisation européenne. Il regrette l'importance excessive accordée à l'anthropologie : « Il faut à tout prix comprendre l'Africain, mais on a tendance aujourd'hui non seulement à étudier, mais aussi à révérer les institutions africaines. » Et il avance l'idée que « l'opinion dominante des experts » (c'est-à-dire des anthropologues) fait le jeu des « réactionnaires », en particulier en Afrique du Sud (Perham 1934a). Chasse gardée anthropologique et braconnage interprétatif

Les anthropologues revendiquent la capacité de pénétrer la mentalité indigène, de comprendre le fonctionnement des sociétés africaines mieux que ne peuvent le faire les missionnaires ou les administrateurs. Cette revendication d'un monopole de l'interprétation de ce que sont les « vrais Africains » les met d'abord aux prises avec les « hommes de terrain », dont c'était jusque-là le domaine. Cependant, ce monopole est de plus en plus admis par l'administration coloniale18, peut-être parce que, comme le dénoncent les opposants, il fournit un contrepoids aux exigences des Africains les plus progressistes ; symétriquement, cette revendication ne peut qu'entrer en conflit avec celle des Africains éduqués, qui se posent en porte-parole de leurs compatriotes.

Perham confirme l'objet du conflit, en évoquant la « tendance des Africains éduqués à opposer aux anthropologues leur propre interprétation de la société indigène ». C'est aussi au nom de leur incompétence scientifique que sont contestées les revendications des nouvelles élites : « Rien ne serait plus précieux qu'une anthropologie faisant autorité, venant d'un Africain avec une formation et une impartialité adéquate. » Malheureusement, poursuit-elle, celles-ci font défaut ; par conséquent, « il est peu probable que des Africains non qualifiés apportent beaucoup au savoir sur lequel doit être fondée la politique hors des zones urbaines qui sont habituellement les leurs » (Perham 1934a, souligné par moi). C'est précisément parce que la nouvelle politique coloniale que promeut Perham est appuyée sur la science qu'elle disqualifie (au sens propre : ils ne sont pas qualifiés) les revendications des Africains éduqués.

Les enquêtes anthropologiques permettent ainsi de remettre en cause certaines affirmations des indigènes scolarisés, par exemple sur les conclusions à tirer en matière politique des transformations amenées par la colonisation. Ainsi, s'appuyant sur les travaux d'un groupe de « jeunes anthropologues formés par le docteur Malinowski à la méthode fonctionnelle et qui considèrent les changements produits par le contact culturel comme un objet digne d'étude », Perham suggère qu'on a trop insisté sur « la vitesse et l'étendue des changements » en Afrique. Les premiers résultats des enquêtes d'Audrey Richards, Lucy Mair, Monica Hunter et Isaac Schapera font au contraire ressortir le « pouvoir conservateur de la société africaine ».

Ainsi, l'hostilité à l'anthropologie n'est pas seulement le produit d'un « malentendu », d'une méprise sur les objectifs des anthropologues (même si cela a pu jouer localement), mais plus fondamentalement correspond bien à une situation structurelle de concurrence objective. Ce qui rend si crucial le conflit autour de la vérité, c'est qu'il est en même temps un conflit autour du pouvoir. Les indigènes scolarisés perçoivent clairement que leur revendication de parler comme les représentants de l'ensemble des indigènes est remise en cause par une anthropologie qui entend produire une représentation scientifique des institutions et des mentalités indigènes traditionnelles, dont ils se sont eux-mêmes éloignés. Il s'agit bien d'une lutte autour de la capacité de « représenter » les indigènes authentiques. L'anthropologie vient délégitimer la revendication des indigènes éduqués d'être des porte-parole crédibles des populations indigènes qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer directement.

Si la plupart des indigènes éduqués rejettent violemment l'anthropologie, la condamnant pour son association avec le « colonialisme », quelques-uns cependant relèveront le défi de Perham, et chercheront à légitimer dans les formes savantes de l'anthropologie leur prétention à dire la vérité de leur peuple. Le cas le plus fameux est celui de Jomo Kenyatta, futur leader de la révolte Mau-Mau, puis président du Kenya indépendant, qui produira une monographie anthropologique sur les Gikuyu, préfacée par Malinowski (Kenyatta 1938).

La façon dont Kenyatta justifie son œuvre semble confirmer les hypothèses faites plus haut. En effet, c'est précisément en termes d'une infraction au monopole d'interprétation de ce qu'est l'Africain que Kenyatta évoque son incursion sur le terrain de la « vérité scientifique » : il dit vouloir dans son ouvrage « laisser parler la vérité », ce qui, dit-il, ne manquera pas « d'offenser ces amis professionnels de l'Africain qui sont prêts à lui conserver pour l'éternité leur amitié comme un devoir sacré, pourvu seulement que l'Africain continue à jouer le rôle du sauvage ignorant de telle sorte qu'ils puissent monopoliser la fonction d'interpréter son esprit et de parler pour lui. Pour de telles gens, un Africain qui écrit une étude de ce type fait intrusion dans leur chasse gardée. C'est un lapin qui devient braconnier. »

Il est significatif que Kenyatta revendique une double légitimité, traditionnelle et « moderne », démocratique : du point de vue traditionnel (il a subi les rites initiatiques et connaît les coutumes ancestrales de son peuple) et du point de vue politique en tant que leader de la Gikuyu Central Association, « choisi pour être porte-parole » devant des Commissions royales d'enquêtes sur les questions foncières au Kenya. C'est ce qui lui permet de revendiquer le droit de « parler en tant que representative c'est-à-dire à la fois comme représentatif et comme représentant de mon peuple, avec une expérience personnelle de nombreux aspects différents de sa vie » (Kenyatta 1938 : pp. XVIII-XIX). Un « évolué » est-il encore un Noir ?

Il semble qu'en Afrique française ne se manifeste pas une semblable hostilité à l'ethnologie ; une des raisons en est peut-être que l'idéal de fonder une « politique indigène » sur une connaissance scientifique des populations ne connaît pas un succès comparable à celui de l'Indirect Rule (voir L'Estoile 1997a). Cependant, l'hypothèse d'une concurrence pour l'interprétation de l'Afrique authentique entre ethnologues et intellectuels africains trouve une confirmation dans l'étonnante confrontation qui se produit en 1951 à Genève entre Marcel Griaule et un intellectuel africain, Taoré19 (Griaule 1953). La conférence de Griaule, se présentant comme purement « ethnologique », porte sur la « Connaissance de l'homme noir » ; à travers un exposé de la cosmologie dogon, Griaule s'efforce de démontrer que la « civilisation africaine », aussi noble que la civilisation grecque, a sa place dans les grandes civilisations de l'humanité. La discussion qui suit fait cependant ressortir clairement les ambiguïtés de la position de Griaule. Ce qui est en jeu dans ce long débat, c'est le conflit entre deux façons antithétiques de « représenter » les « vrais Africains », l'une s'appuyant sur une légitimité d'origine intellectuelle et politique, l'autre fondée sur celle de la tradition et de la science.

Griaule, dénonçant le « génocide » (culturel) qu'a été la colonisation, s'oppose au procédé « qui consiste à raser complètement une mentalité indigène pour en mettre une autre à la place » et se fait l'apôtre d'une politique progressive qui ressemble fort à l'idéal de l'Indirect Rule20. C'est au nom de l'« utilité » et de la « réalité » que Taoré conteste l'approche de Griaule : « Parler des Noirs sans les rattacher à la réalité de leur histoire, de leur existence quotidienne aboutit à les faire connaître en tant que connaissance de leur passé, à les faire aimer en tant qu'amour de leur passé. » Cette critique d'une image fictive, parce que passée, resurgit dans la discussion :

« Taoré. – Ce que l'on vous reproche à vous en particulier ethnologues, c'est de dire : "Il y a une civilisation noire." Non, il n'y a pas une civilisation noire... M. Griaule. – Si, il y a une civilisation noire. Taoré. – Non, il y en a eu une » (Griaule 1953 : 163). Taoré remet en fait en cause le projet même d'un savoir comme l'africanisme, et définit d'autres priorités pour les intellectuels africains : « Il est plus urgent pour nous de réclamer du pain et la liberté pour les Africains que de renseigner les Européens sur le problème de la civilisation africaine. » Griaule dénonce en réponse les « Noirs évolués, qui parlent beaucoup pour ne rien dire et qui ne nous apprennent rien sur eux-mêmes, sinon pour nous montrer leurs désirs ».

La polémique confirme à quel point sont liées la question de l'authenticité et celle de la légitimité de la représentation politique. Taoré conteste la légitimité politique de Griaule à parler au nom des Noirs, lui reprochant d'inventer une « civilisation noire » qui n'existe plus, tandis que Griaule lui conteste le droit de s'exprimer en leur nom parce qu'il n'est pas vraiment noir. On retrouve ici aussi le rôle central de l'éducation dans l'opposition entre ethnologues africanistes et « évolués » : « Voyez M. Taoré, dit Griaule, ce n'est pas un Noir, c'est un Blanc. Il parle le français, il a grandi sur les bancs de nos écoles. Il n'est pas allé au Bois Sacré. Il n'est plus un Noir. » En contestant l'authenticité de son contradicteur, c'est bien sa légitimité à se poser en représentant des Africains qui est remise en cause ; « le Noir évolué n'est plus le Noir que moi j'étudie à l'intérieur de ses pays. Le Noir que j'étudie ne connaît pas le français, il n'est pas pour une civilisation inconnue de lui, il est pour la sienne propre et il ne veut pas entendre parler d'une autre éducation que la sienne. Sur les seize millions de Noirs qui vivent en Afrique occidentale française, il y a très peu de gens comme vous qui puissent suivre les cours d'une école, d'un lycée, et ensuite des établissements d'enseignement supérieur. »

Quand Taoré critique l'interdiction faite à certains Africains d'utiliser à Dakar une imprimerie, Griaule insiste sur la différence qui sépare ce qu'écrivent « un paysan et un lettré ». Griaule cherche à conclure d'un argument qu'il veut décisif : « Ce n'est pas vous qui m'avez appris la métaphysique noire, vous seriez incapable d'expliquer le dernier rite que vous avez vu faire dans votre pays. » Taoré cherche à parer le coup : « N'importe quel Européen non plus n'est pas capable de m'expliquer ce que je désire entendre expliquer sur l'Europe, cela ne diminue personne. » Alors Griaule : « N'importe quel Européen ne prend pas la parole ici pour parler de choses qu'il ne connaît pas. » C'est-à-dire que Griaule refuse littéralement à son contradicteur, au nom de son ignorance de la tradition africaine authentique, le droit à la parole, le droit de parler légitimement au nom des vrais Africains, d'être leur porte-parole, que lui-même a acquis par son accès privilégié à la tradition dogon.

Ce débat met en scène de façon exemplaire le conflit entre deux légitimités : la légitimité esthético-scientifique de l'ethnologue qui revendique un accès privilégié à la « civilisation noire » authentique et s'en fait l'interprète auprès des Européens se voit contestée au nom de la légitimité politique revendiquée par l'intellectuel africain porte-parole de son peuple. Et ce conflit de légitimités a des conséquences politiques directes. Conclusion

Ce contexte, à la fois d'appui officiel et de contestation de la part des nouvelles élites scolarisées, n'est pas sans effet sur le savoir anthropologique. On peut notamment voir dans ces contestations un des aiguillons qui poussent les anthropologues à se débarrasser de ce que Malinowski appelait leur « penchant » antiquaire, et à affirmer au contraire un intérêt pour l'étude du « changement social », de « l'indigène en transformation ». La violente réaction de la part de certains indigènes contribue aussi à la rupture avec le paradigme naturaliste et à l'abandon progressif (ou à la relativisation) de notions comme celles de « primitif » ou de « sauvage ». Ce contexte de polémique autour de leur savoir permet aussi de comprendre l'insistance des anthropologues abordant des thèmes particulièrement brûlants, sur le caractère scientifique, non partisan, de leur travail ; cette revendication de neutralité est particulièrement nette au début de African Political Systems, qui se veut une contribution scientifique à la compréhension des systèmes indigènes, centrale dans la perspective de l'Indirect Rule.

Ce qu'on s'est efforcé d'atteindre ici, c'est donc non pas l'impossible restitution d'un authentique « regard africain » sur les colonisateurs, mais plutôt une mise en perspective du regard de certains groupes colonisés sur la représentation que produisaient sur eux certains groupes colonisateurs. Ce qui apparaît dans ce jeu de miroirs, c'est précisément le caractère problématique de la construction des « Africains » en tant qu'objets de « représentation » et que sujets représentants. Ce qui est en jeu dans le conflit entre anthropologues et Africains scolarisés, c'est le monopole de la représentation légitime de la « nature » et des « besoins » authentiques des populations indigènes, c'est-à-dire à la fois de la compétence à « dire la vérité » et du droit de parler en tant que porte-parole – c'est-à-dire une lutte politique.

Contre le schéma réducteur d'une opposition entre le « colonialisme » conçu comme un bloc et des colonisés vus comme fondamentalement unifiés par la domination coloniale, qui a longtemps servi de cadre interprétatif aux débats sur l'anthropologie dans la période coloniale, les luttes autour de la production d'un discours de vérité sur les cultures et les sociétés indigènes renvoient donc à une série d'oppositions autour de la légitimité et du pouvoir, qui n'ont pu ici qu'être esquissées : conflit entre Indirect Rulers et néo-victoriens, autour de la définition de l'idéal de la politique coloniale, qui traverse à la fois le monde missionnaire, l'administration et plus largement divise les milieux concernés par l'Afrique en Grande-Bretagne ; conflit au sein du monde savant entre anthropologues et autres spécialistes coloniaux (notamment historiens et géographes), et au sein de l'anthropologie entre anthropologues sociaux, emmenés par Malinowski, et tenants d'une définition de l'anthropologie comme « science naturelle de l'homme » ou science des origines ; conflit pour le monopole de l'interprétation entre Africains scolarisés et anthropologues ; conflit au sein des groupes indigènes, entre nouvelles élites scolarisées et élites traditionnelles ou néo-traditionnelles, en concurrence pour l'accès au statut de représentants légitimes des populations indigènes auprès du pouvoir colonial. Ces divers conflits sont entrecroisés, ce qui rend possibles des alliances entre protagonistes, par exemple entre Indirect Rulers, anthropologues sociaux et élites traditionnelles ou symétriquement néo-victoriens, nouvelles élites et historiens21.

La concurrence entre porte-parole « indigènes » et interprètes venus d'ailleurs n'est pas seulement le fait d'une époque coloniale révolue. On pourrait prolonger les analyses esquissées ici pour rendre compte de la diversité des positions des dirigeants des Etats issus de la décolonisation, allant de l'opposition, parfois violente, à l'anthropologie22, à une récupération néo-traditionnelle de la « coutume » qu'étudiaient les anthropologues. Au-delà d'un moment historique singulier, ce conflit autour des modalités de la « représentation » légitime, de la « vérité des indigènes », pose le problème toujours actuel de la revendication de l'anthropologue à se faire l'interprète de ceux qu'il prend pour objets, qui le met en concurrence avec d'autres candidats à la représentation des « indigènes » – que ceux-ci soient proches ou lointains. L'irritation de nombreux anthropologues face aux « élites occidentalisées » ou « américanisées » de certains pays du tiers-monde, incapables de comprendre la culture authentique de leur peuple, à laquelle fait écho la contestation au nom d'un nationalisme culturel de la légitimité de spécialistes étrangers, suspectés d'impérialisme, à parler de la réalité locale peuvent ainsi apparaître comme un équivalent contemporain des débats sur l'anthropologie coloniale.

http://terrain.revues.org/3173

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mercredi 7 novembre 2012

____"When I say Weak Ass, You Say Bitch!" Bushmen disparition programmée, botswana. Les Dieux sont tombés sur la tête en préparation...Une vie de chasse et de cueillette : les Bushmen une disparition annoncée

2012 hahahahahahahh!!!!!!!! man... we are horrible at predicting the future. 

  • Le Salon noir, France Culture, le mercredi de 14h30 à 15h
  • Par Vincent Charpentier
  • Émission du 9 mai 2007

Depuis des millénaires, sociétés et cultures disparaissent au profit d’autres, l’acculturation est d’ailleurs un thème de recherche privilégié pour l’archéologue. Marylène Patou-Mathis, spécialiste des sociétés néandertaliennes d’Europe, se penche aujourd’hui sur une des dernières sociétés de chasseurs-cueilleurs de la planète, les San, ou Bushmen. Actuellement relégués dans le désert du Kalahari (Botswana), peuvent-ils maintenir leurs traditions et monde de vie ?

  • Les livres

Marylène Patou-Mathis, Une mort annoncée : à la rencontre des Bushmen, derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari, Perrin - 2007. Récit d'un séjour chez les San, la tribu bushmen dont le mode de vie est en voie d'extinction, portant témoignage des traditions de ces chasseurs-cueilleurs. L'auteur nous montre ainsi leur histoire, leur mode de vie et leurs coutumes et nous ouvre à un autre monde où l'homme est en symbiose totale avec la nature. Peuple à tradition orale, leurs connaissances et leur langue tendent à disparaître.

Personnes, seules ou en organisation, qui défendent les sans défense, qui se battent pour les bonnes causes..alors, oui, je pense qu'il faut continuer d'y croire, sinon à quoi cela servirait de continuer s'il n'y a plus d'espoir. Le mal contre le bien, et le bien gagnera..ou du moins il permet d'espérer encore et toujours.

http://www.blogg.org/blog-78547-billet-1269903.html

jeudi 28 juin 2012

DESTINS DE CHASSEURS/ CUEILLEURS.(3) LES BUSHMEN.MYTHE ET HISTOIRE.

3_bushmen

C'est cette une image romantique , forgée par l'anthropologie, jusqu'à un tournant récent qui s'est popularisée, on l'a vu, par le cinéma mais aussi par la littérature.des ouvrages eurent dans ce domaine un rôle essentiel, ceux de l'auteur britannique d'origine sud africaine Laurens Van Der Post, The Lost World of thé Kalahari (1958) et The Heart of thé Hunter (1961).le premier relate une expédition à la recherche du monde perdu, et des bushmen « purs » aventure réelle mais aussi mystique, la quête du bushman symbolisant une part de nous même. Le second livre gravite autour d'un personnage moins « fantasmatique « mais qui présente justement les traits du bushmen « domestiqué « donc corrompu ».

Le mythe bushman si l'on le compare à l'histoire réelle que l'on va aborder par la suite peut être résumé en quelques aspects :

Le premier à propos des Bushmen consiste à dire qu'ils vivraient, du moins « traditionnellement », et depuis longtemps dans l'isolement par rapport aux autres populations. En réalité, des liens commerciaux ont existé à travers le Kalahari depuis plus d'un millénaire. Bien que leur organisation sociale puisse être qualifiée de « mésolithique », les Bushmen ont eu accès au fer depuis des siècles .La fonte du minerai n'était cependant pas réalisée par eux-mêmes, mais par des populations voisines .L'histoire et l'archéologie ne peuvent trancher sur l'existence d'une migration forcée vers le Kalahari par des Européens ou des Africains, tout au plus ont-ils imposé et renforcé l'isolement de groupes préexistants

G139« Si des personnes déplacées se trouvent cependant parmi les ancêtres des Bushmen actuels, elles n'ont laissé aucune trace que l'on puisse suivre, aucun reste que l'on puisse retrouver (excepté peut-être quelques éléments de vocabulaire, non encore attestés). Les /Xam, ou Bushmen du Cap, si vivants dans l'imaginaire collectif, ont disparu depuis longtemps. Ceux du Kalahari sont des cousins très éloignés et assez différents d'eux sous maints aspects. Il est utile à cet égard de rappeler que les Bushmen ne sont pas des nomades au sens où ils se déplaceraient de façon aléatoire, car leurs mouvements les conduisent et les ont presque toujours conduits à l'intérieur de territoires définis, chacun d'eux occupé par un groupe bushman distinct. En un certain sens, les éleveurs khoekhoe (depuis environ 2000 ans), les fermiers noirs bantouphones (depuis le dernier millénaire) et les Européens d'Afrique australe (au cours des 350 dernières années) ont été les véritables nomades, ou plus exactement les véritables migrants, alors que les Bushmen ont toujours été là. »LES BUSHMEN DANS L'HISTOIRE OP.CITE

Le terme de nomadisme est chargé d'ambiguité : la plupart des groupes sont aujourd'hui sédentaires, établis autour des points d'eau permanents ou dans les exploitations agricoles où ils sont salariés. BUSHMEN968_modifié-2Les déplacements, fortement réglementés durant la période d'apartheid en Afrique du Sud et en Namibie, sont certes croissants, mais accusent un caractère fortement individuel et sont largement motivés par des questions de relations familiales et sociales. Quelle qu'ait été la logique environnementale et économique des migrations d'autrefois, on se déplace aujourd'hui surtout pour des raisons personnelles où il s'agit de rendre visite à ses proches. Quant aux groupements saisonniers des communautés autour des trous d'eau permanents, ils ont laissé place à des rencontres plus aléatoires en ville, où l'on va se faire soigner, acheter de la nourriture, ou encore boire de l'alcool. « Du reste, n'y a-t-il jamais eu une forme unique de nomadisme ? Le climat, la disponibilité des ressources, les modes d'économie, mais aussi la taille des communautés, leur densité et leur occupation des espaces seraient-ils des facteurs négligeables pour l'histoire de l'Afrique australe ? La réponse est bien évidemment non ! De fait, c'était plutôt le semi-nomadisme qui était jadis de rigueur, avec une variation importante, selon les groupes, qui tient à la relation complexe et non déterminée a priori entre idéologies, pratiques et contraintes micro-environnementales ».

BUSHMEN949_modifié-2

BUSHMEN964_modifié-1Une autre composante du mythe, très actuelle, est véhiculée de l'extérieur par les récits de voyage comme ceux de Laurens Van der Post : les Bushmen « purs » seraient en voie de disparition totale. En réalité, 90 000 Bushmen au moins vivent aujourd'hui dans le Kalahari et les régions environnantes. La grande majorité, cependant, sont ce que Van der Post appelle des Bushmen « domestiqués ».(dont on sait qu'on leur dénie selon le mythe toute identité authentique) C'est que leur histoire récente est en grande partie une histoire du malheur. Les sources coloniales permettent de documenter plus spécifiquement, pour les derniers siècles, des phénomènes d'extermination et d'asservissement, qui ont fait disparaître les Khoesan en tant que collectivités dotées d'identités propres, pour ne faire subsister qu'un sous-prolétariat rural ; c'est tout particulièrement le cas en Afrique du Sud, où les Khoesan ont été absorbés dans la catégorie sociale des « Coloureds », qui regroupe les descendants d'esclaves aussi bien que les fruits des métissages coloniaux anciens. Plus proches de nous, les populations de chasseurs-cueilleurs des pays plus tardivement colonisés ont subi, au cours des dernières décennies, un processus d'acculturation du fait de leur entrée dans des relations de dépendance à l'égard de leurs voisins – fermiers blancs en Namibie, fermiers tswana ou blancs au Botswana – et dans des relations d'échange inégales à la périphérie du système de l'économie de marché. (ce qui n'était pas le cas avant la colonisation.)

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BUSHMEN979Très peu nombreux désormais sont ceux qui ne vivent que de chasse et de collecte, mais la plupart selon des sources récentes ont pourtant conservé des éléments d'identité, quoiqu'en mouvement « La religion bushman demeure vivace, et dans de nombreuses régions la politique traditionnelle du consensus, le système d'obligations familiales et parentales, les règles d'échange de dons et de partage de la viande, et même la migration saisonnière, la dispersion et le regroupement des bandes sont toujours pratiqués. Certaines formes spécifiques d'organisation des bandes sont en train de changer, en raison de la dépendance vis-à-vis des biens de consommation provenant des boutiques et de l'accès à l'eau facilité par les puits mis en place par le gouvernement central, les municipalités ou les fermiers locaux ... En outre, les Bushmen ont conservé leurs propres langues, très diverses, souvent d'une expression subtile, riches en concepts abstraits (au moins dans le cas des langues du groupe « Bushman Central », comme le glwi et le nharo), grammaticalement et phonologiquement complexes. Et quoique la diversité au sein des langues bushmen soit plus grande qu'au sein de la famille indo-européenne, certains Bushmen en parlent couramment plusieurs. »op.cite

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BUSHMEN969_modifié-1Les Bushmen ne sont donc pas figés,comme on le voudrait dans la reproduction perpétuelle d'un mode de vie bien réglé entre parties de chasse, partage collectif de la viande, danses rituelles et confection de colliers en perles de coquille d'œuf d'autruche. Ils ont été et sont acteurs (et pas seulement spectateurs distraits) de mouvements, de mutations techniques et idéologiques dont les archives, il est vrai, sont trop manquantes. Ils ont fait face - à des changements écologiques profonds, à des crises graves. Ils ont inventé des institutions, des mythes, des objets, des chants, des solutions techniques qui ont fait date. Ils ont bien, en somme, une histoire. Nous n'en avons pas les annales, mais au moins peut-on exploiter toutes sources et faire appel, outre les archives écrites produites en quantité croissante par les Européens depuis quatre ou cinq siècles, aux archives matérielles (notamment archéologiques), picturales (les très nombreuses peintures et gravures rupestres d'Afrique australe, qui leur sont généralement attribuées, ils n'ont jamais ignoré ni la réalité des autres groupes (en Afrique, de nombreux récits de fondation sont d'abord des récits de guerre et de fuite), et donc aussi des autres dieux, ni la nécessité de commercer ou d'aller prendre femme ailleurs. Rien ne permet de penser hier plus qu'aujourd'hui à l'image d'un monde clos et autosuffisant. Comment considérer sinon par des histoires multiples, cet ensemble de populations trop morcelées, aux territoires bordés de frontières poreuses, qui n'ont pas de langue commune et qui n'ont jamais eu de conscience collective ? Ne risque-t-on pas de donner corps à un «peuple » qui n'existe pas ?(ou pas encore ?)




First-film« C'est à ce point que l'illusion de l'ethnologue rejoint le demi-fantasme des indigènes. Elle n'est, elle aussi, qu'une demi-illusion. Car, si l'ethnologue est bien évidemment tenté d'identifier ceux qu'il étudie au paysage où il les découvre et à l'espace qu'ils ont mis en forme, il n'ignore pas plus qu'eux les vicissitudes de leur histoire, leur mobilité, la multiplicité des espaces auxquels ils se réfèrent et la fluctuation de leurs frontières. Encore peut-il, comme eux, être tenté de prendre sur les bouleversements actuels la mesure illusoire de leur stabilité passée. Quand les bulldozers effacent le terroir, quand les jeunes gens partent en ville ou quand s'installent des « allochtones », c'est au sens le plus concret, le plus spatial, que s'effacent, avec les repères du territoire, ceux de l'identité.

Mais là n'est pas l'essentiel de sa tentation, qui est intellectuelle et dont témoigne de longue date la tradition ethnologique…. »

« Substantifier chaque culture singulière, c'est ignorer à la fois son caractère intrinsèquement problématique, dont témoignent pourtant à l'occasion ses réactions aux autres cultures ou aux à-coups de l'histoire, et la complexité d'une trame sociale et de positions individuelles qui ne se laissent jamais déduire du « texte » culturel. Ch%2016%20bushmanMais il ne faudrait pas ignorer la part de réalité qui sous-tend le fantasme indigène et l'illusion ethnologique : l'organisation de J'espace et la constitution de lieux sont, à l'intérieur d'un même groupe social, l'un des enjeux et l'une des modalités des pratiques collectives et individuelles. Les collectivités (ou ceux qui les dirigent), comme les individus qui s'y rattachent, ont besoin simultanément de penser l'identité et la relation, et, pour ce faire, de symboliser les constituants de l'identité partagée (par l'ensemble d'un groupe), de l'identité particulière (de tel groupe ou de tel individu par rapport aux autres) et de l'identité singulière (de l'individu ou du groupe d'individus en tant qu'ils ne sont semblables à aucun autre). » MARC AUGE.POUR UNE ANTHROPOLOGIE DES MONDES CONTEMPORAINS.

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Ces sources, disparates et dispersées sur plusieurs pays (Angola, Namibie, Zambie, Botswana, Zimbabwe, Afrique du Sud, Lesotho), ont toutes les chances de ne pas révéler une histoire unique. BUSHMEN946_modifié-2Selon les zones géographiques (de la plaine atlantique à la frange côtière le long de l'océan Indien, du Kalahari aux montagnes du Lesotho en passant par le Karoo, les environnements sont multiples), selon les groupes en question et selon les événements (écologiques, politiques...) survenus régionalement, c'est à de nombreuses histoires que l'on assiste, plus ou moins bien documentées, et laissant d'abord l'impression, à l'échelle des siècles et du sous-continent, d'un écheveau de destinées sociales sans tracé commun (sauf peut-être depuis cent ou deux cents ans. On est loin d'épuiser le sujet quand on a parlé à propos des bushsmen des chasseurs /collecteurs,où de ceux qui parlant une langue à clics ou ont aussi en commun un certain nombre de croyances et de pratiques). nombreux sont les Bushmen qui vivent aujourd'hui (et certains depuis assez longtemps) à la ferme, à la mine ou à la ville, qui sont journaliers, salariés ou clochards, bref des prolétaires dans la plupart des cas,(certaines études les abordent en termes de classes sociales.) et qui n'ont jamais eu l'occasion d'approcher une antilope .Ils ne sont pas moins authentiquement Bushmen. « Les profondes mutations sociales survenues récemment (aux XIXe et XXe siècles) et qui ont désintégré ou transformé de façon traumatique les sociétés bushmen sont encore de l'histoire bushman. Elles ne sont pas un point final. D'autres mutations de même ampleur, d'autres révolutions ont eu lieu par le passé, lentes parfois, décalées selon les espaces, peut-être invisibles pour leurs acteurs, mais que dans le temps long et dans les temporalités multiples des différents groupes il est possible de concevoir comme autant d'événements d'une même trame historique. »

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Hottentotdrawing213Le débat concerne par exemple l'existence historique de deux groupes historiques bien séparés comme le suggère l'origine des noms : doit on admettre dire qu'il y aurait eu deux groupes ethniques voisins mais bien distincts, d'un côté les Hottentots, ou plutôt les Khoekhoe (nom qu'eux-mêmes se donnaient), éleveurs de bétail et donc producteurs de nourriture, de l'autre les Bushmen, petits groupes moins visibles de « prédateurs » à l'organisation sociale plus lâche, de culture et de langue différentes des premiers ? cette distinction ethnique reposerait sur une opposition culturelle entre un vieux fond de peuplement de chasseurs-collecteurs autochtones et une installation plus récente d'éleveurs entrés en concurrence avec les premiers. Les études récentes penchent pour une vision plus dynamique des interactions entre éleveurs et chasseurs, au gré des phases d'un cycle écologique et économique de longue durée. En phase « ascendante », sociétés d'éleveurs et de chasseurs pouvaient manifester un certain degré de fusion culturelle, et les chasseurs se trouver progressivement absorbés par leurs voisins. Au contraire, en phase « descendante », des individus ou des groupes entiers pouvaient se retrouver exclus des communautés khoekhoe et contraints de rallier des groupes de chasseurs et de marginaux plus ou moins acculturés. BUSHMEN947_modifié-3 Depuis 1980 et ce que l'on a appelé le « débat du Kalahari », nombre d'anthropologues et d'historiens remirent en question la vision des bushmen comme « isolat culturel » dans le Kalahari au profit d'analyses économiques, où ils mettent l'accent sur la prolétarisation née de l'histoire coloniale plus ou moins récentes et donc sur un cercle vicieux où pauvreté entrainait marginalisation et marginalisation, la pauvreté. ». ils voient, d'abord les Bushmen comme une classe sociale dépourvue de la notion de propriété et dominée par des étrangers. Historiquement, c'est probablement le sens initial du terme San (vagabond) utilisé par les Khoekhoe. Les San étaient des gens pauvres, de groupes ethniques déterminés, qui ne possédaient pas de bétail, par conséquent contraints de se livrer la prédation pour vivre.




Pendant des dizaines de milliers d'années,comme le montre l'archéologie, des femmes et des hommes ont bien vécu en Afrique australe de la chasse aux animaux sauvages ,du fouissage des tubercules, de la cueillette de fruits ou d'herbes, de la collecte de miel, d'œufs, d'insectes et de larves, ainsi que de la pêche et du ramassage des coquillages dans les zones aquatiques (fleuves, estuaires, bords de mer). Mais a-t-on vraiment le droit de s'appuyer sur l'indiscutable « air de famille » des cultures matérielles anciennes pour attribuer le nom de Bushmen à des chasseurs-collecteurs d'un passé lointain ?

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« Mais en fait, derrière la continuité apparente des modes de vie, combien d'histoires interrompues, de dérives migratoires au gré des changements environnementaux, de mutations technologiques et culturelles qui interdisent d'identifier chaque groupe actuel, dans sa spécificité culturelle et biologique, aux traces archéologiques laissées dans la même zone géographique par les chasseurs préhistoriques ? BUSHMEN962_modifié-2

Si les apports archéologiques ne sont pas dues à un déficit de prospections de la part des archéologues, ils signifient que les groupes bushmen actuels ou sub-actuels du Sandveld ou du Drakensberg n'y sont pas « depuis toujours » et que leurs ancêtres ont donc participé à l'histoire d'autres sous-régions de l'Afrique australe. Et si, ailleurs, les traces archéologiques militent en faveur d'une présence continue de plusieurs millénaires sur un même territoire, elles ne doivent pas faire oublier que ces millénaires ont été ponctués d'événements (si l'on accepte d'appeler événements des processus qui ont pu prendre place sur une duréeconsidérable) qui ont modifié en profondeur les sociétés de chasseurs-collecteurs, et qui ont précisément contribué à en faire des Bushmen.

Il y eut ainsi plusieurs révolutions technologiques à partir de 20000 ans avant notre ère (Later Stone Age) qui illustrent ou révèlent des changements profonds dans la culture matérielle et dans l'univers mental des chasseurs-collecteurs : la réduction de la taille des outils lithiques, l'utilisation d'outils en os polis, la diversification des outils (lests de bâtons à fouir, équipement de pêche...), la diffusion de l'arc et de la flèche, l'utilisation de récipients (œufs d'autruche, carapaces de tortues), le développement de l'art (pariétal et mobilier), l'usage de parures, l'enterrement des morts. A partir de 4000, les archéologues situent une densification de la population, à laquelle dut correspondre une intensification des échanges et la mise en place progressive d'un système de circulation des objets, des matériaux, des innovations, des animaux, des groupes humains.

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GRAV1« Qu'on en juge à la rapidité avec laquelle s'imposent le mouton et les techniques liées à l'élevage, ainsi que celles liées à la céramique, dans l'univers quotidien des chasseurs-collecteurs, puis, presque sans rupture, la vache, le métal, les techniques et les produits liés à l'agriculture. En à peine plus d'une dizaine de siècles, combien de révolutions se sont-elles produites ? Dans le paysage d'abord, avec l'extension des pâturages, des zones déboisées et des cultures sur brûlis aux dépens des territoires de chasse. Ensuite dans les relations entre les sociétés, concurrentielles et violentes ici, symbiotiques là, mais aussi, de façon soudaine, hiérarchiques, parce que éleveurs et laboureurs véhiculent des échelles de valeurs qui confinent les autres, les chasseurs, aux frontières de la société. Les Bushmen sont-ils nés de .cette mise à distance, ne sont-ils en somme que les victimes d'un processus inéluctable de marginalisation sociale ? On va voir que ces mutations eurent d'abord pour effet de brouiller les limites entre les groupes, avec pour conséquence indirecte de nous rendre malaisée l'interprétation des traces et d'interdire la projection dans le passé de catégories d'un usage récent.

Bush dans kalahari

Entre ces groupes d'agriculteurs s'installant dans le sous-continent et les groupes de chasseurs-cueilleurs déjà présents sur place, prirent place différentes formes de contacts et d'échanges). Mais on peut dire que, à quelques exceptions près, les populations de chasseurs-cueilleurs faisant usage d'outils de pierre avaient, à l'aube du second millénaire, été remplacées ou absorbées par les communautés villageoises d'agriculteurs métallurgistes dans la presque totalité des régions où l'élevage de la vache et la culture du sorgho et du petit mil étaient praticables, c'est-à-dire en gros dans la moitié est du sous-continent. Bush2Ainsi, seule une moitié ouest, largement dominée par un environnement aride, fut jusqu'à l'arrivée des colons européens le domaine exclusif de communautés diverses de chasseurs-cueilleurs-collecteurs-pêcheurs-éleveurs qui continuaient de produire et d'utiliser des outils de pierre

Cette césure entre l'ouest et l'est, entre des cultures Later Stone Age et des cultures Iron Age, est l'une des coupures mentales les plus profondes dans la perception de la préhistoire de l'Afrique australe. Sur cette césure pèse aussi la périodisation (âge de la pierre versus âge des métaux) forgée dans d'autres parties du monde depuis les origines de l'archéologie pré- et protohistorique. Elle est peut-être, pourtant, largement exagérée par le fait que l'on projette trop aisément sur le passé nos connaissances des populations actuelles ou subactuelles, que nous savons être très différentes sur le plan linguistique par exemple (langues khoesan versus langues bantu de la famille Niger-Congo).

50a_namibia_places_monuments_san_villages_femaleAinsi, certains présupposés ont longtemps conditionné notre façon de percevoir l'économie, les structures sociales et la culture matérielle des populations préhistoriques. Dans le domaine de l'économie, le rôle du pastoralisme a de la sorte longtemps été minoré, à cause de l'intérêt trop exclusif porté à l'étude de populations de chasseurs-cueilleurs « purs », tant prisées par les préhistoriens et les ethnologues. Or, de par sa position pivot entre chasseurs-cueilleurs nomades et agro-pasteurs sédentaires, cette économie pastorale occupe une place importante dans le paysage de l'Afrique australe des deux derniers milliers d'années ; peut-être est-ce même elle qui éclaire, en partie, le statut de la chasse tout au long de ces deux millénaires, entendue comme une économie complémentaire pratiquée par ces mêmes groupes pastoraux ou par des groupes peu ou prou affiliés à eux. Il convient, en outre, de s'interroger sur l'impact de la colonisation à son égard : dans quelle mesure cette dernière n'a-t-elle pas favorisé le maintien voire, ponctuellement, la formation de groupes de chasseurs-cueilleurs trouvant refuge dans les milieux les plus arides, tandis que disparaissaient les pasteurs, davantage soumis à une concurrence sur leurs terres de pâture et plus vite « enrôlés » par les colons comme ouvriers de ferme? L'économie de prédation n'a-t-elle pas été en partie suscitée, tout du moins modifiée dans son statut, par la colonisation? En d'autres termes, l'archipel bushman n'est-il pas, peut-être autant que le fruit d'une longue préhistoire, la résultante d'un événement historique récent (la colonisation) ayant eu pour effets à la fois de « bushmaniser » économiquement des populations locales et d'éliminer des groupes de culture plus « avancée », mais aussi plus fragiles dans un tel contexte (les éleveurs), accroissant ainsi l'isolement social et conceptuel des Bushmen »ALAIN BARNARD. UN PEUPLE SOUS LE REGARD OCCIDENTAL.LES BUSHSMEN DANS L'HISTOIRE.

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Tous les écrits ethnographiques ont eu d'abord un point commun : ils décrivaient la société bushman comme immuable jusqu'à une période récente. Au moins implicitement, ils affirmaient que jusqu'à cette époque, elle a connu des formes d'organisation sociale à la fois anciennes et adaptatives, où les forces extérieures n'eurent qu'une influence minime, où l'égalitarisme était l'idéologie prédominante, et le partage, une pratique suivie.Si histoire ,il y avait désormais ,elle était imposée de l'extérieur par les bantous et surtout la colonisation

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Pourquoi alors le Kalahari ? Pourquoi est-ce précisément en ces régions reculées de savanes et de désert parfois arides, que vivent, comme s'ils s'étaient délébérment préservés du temps et des regards, les derniers Bushmen ? BUSHMEN966_modifié-1Illusion de permanence, paradoxalement produit de l'histoire ! Au cours des millénaires, des chasseurs-collecteurs ont pourtant été de toutes les révolutions. En adoptant d'autres modes de subsistance, en apprenant le maniement d'autres objets ou techniques, en changeant de langue ou de statut social, certains individus ou certains groupes ont pu être « absorbés » dans les sociétés khoekhoe et bantoues, ont pu même sauter le pas et « devenir » des Khoekhoe ou des Bantous. Au cours du dernier millénaire, le phénomène saillant à l'échelle du sous-continent est celui de l'intégration croissante des sociétés dans un système d'échanges et d'interactions se développant à partir du nord et de l'est. Quoique les effets de ce système se laissent appréhender, notamment au plan archéologique, jusqu'au cœur du Kalahari, il est indéniable que cette dernière région a connu de par son écologie une emprise économique et politique de moindre intensité que ses périphéries, faisant du centre de l'Afrique australe, plus que toute autre région, un abri ou un refuge pour des populations. Perçue dans la longue durée, il est clair que la colonisation européenne, procédant d'un mouvement enveloppant depuis le sud et l'ouest, est encore venue renforcer ce phénomène, tout en augmentant considérablement ses effets négatifs.

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7082i1Débutée au milieu du xvne siècle depuis la péninsule du Cap, l'histoire de la colonisation européenne peut être vue comme celle d'une « frontière », au sens de l'ouest américain en mouvement permanent englobant progressivement les territoires correspondant à la colonie du Cap, à l'Afrique du Sud et à l'Afrique australe dans son ensemble. À l'intérieur de cette frontière, on assiste à la mise en place d'un système d'exploitation des populations et à l'extension d'un réseau de drainage des ressources, à commencer par le bétail. Il ne fait pas de doute que maintes communautés de chasseurs-collecteurs se sont trouvées « absorbés» dans ce processus qui devait signifier au final l'affaiblissement de leur pouvoir de transaction et engendrer un cycle de dépossession-déprédation-rétorsion qui culmina avec les massacres, les enlèvements et la généralisation du servage dans l'Afrique du Sud du XIXe siècle. Afriquedusud_Gwangka1846 Brutalement éliminés ou en fuite, les Bushmen disparaissent alors du paysage l ; la pression historique, économique et sociale désintégra les groupes, rendit les individus moins visibles socialement. De gré ou de force, les Bushmen survivants n'existèrent que dans les interstices des sociétés environnantes, profitent des possibilités de survie au prix de changements de statut ou de renoncement identitaire : certains se fondent dans le sous-prolétariat rural de la colonie, d'autres sont absorbés dans une nation sotho en voie de formation .Pour eux c'est une autre histoire qui commence, une histoire du malheur.




BUSHMEN974_modifié-2C'est le même processus qui se reproduit, plus loin, sur les franges ouest et sud-ouest du Kalahari. Dans ces régions, les populations bushmen ont été en contact, dès la fin du XVe siècle, avec des marchands et des aventuriers européens, et se sont trouvés intégrés dans le grand commerce international des peaux, de l'ivoire et des plumes d'autruche, qui bat son plein au xixe siècle. Ici, c'est la quasi-disparition du gibier, dans les années 1880, causée par sa surexploitation, qui sonne le glas de cette intégration économique et contraint les Bushmen à rechercher d'autres opportunités. Elles leurs sont fournies par la pénétration des trekboers, qui met en branle le processus de domination coloniale dans le Northern Cape au XVIII- XIXe siècle, dans la région de Ghanzi (ouest du Botswana) et dans l'est namibien au XXe siècle.la région subit d'abord l'enclosure des terres par les colons blancs et la confiscation des points d'eau, puis les conséquences de la ségrégation (dès la fin des années 1910) et de l'apartheid (à partir des années 1970), enfin des lois réprimant le vagabondage. BUSHMEN983 De ce fait, les Bushmen se sont retrouvés progressivement « piégés » sur leurs anciens territoires de chasse, contraints à l'immobilité sur les fermes commerciales composant désormais l'espace colonial. Avec la dissolution des liens sociaux traditionnels, les Bushmen, incapables de maintenir un mode de vie basé sur l'exploitation de vastes territoires, n'eurent souvent d'autre choix pour survivre que de s'embaucher auprès du baas (le maître) comme travailleurs agricoles, ce qui leur conférait un statut de dépendants économiques, rarement payés et généralement victimes de l'alcoolisme et des mauvais traitements. Moins que jamais des chasseurs-collecteurs, les Bushmen restent cependant bel et bien des « Bushmen », dont la dégradation sociale et morale ne fait qu'accroître la réputation d'incivilités hors du temps.




« Au terme de cette longue histoire, marquée par une série d'événements et de transformations par lesquels les Bushmen semblent disparaître de la scène, leur prolétarisation contemporaine les rend une fois de plus invisibles, parce qu'indignes d'être comparés au Bushman authentique du mythe . À ce compte, les « vrais » Bushmen n'existent plus, sauf en quelques réserves protégées du Kalahari. Anéantis par l'histoire, les voilà en outre niés par le mythe.

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« II n'existe pas une image unique des Bushmen. Bots-bush-ld-1010_screenEn tout cas, il n'est pas d'image unique qui soit en même temps une image correcte. Les Bushmen ont été utilisés par des générations de personnes, tant en Europe qu'en Afrique, comme principaux représentants du « primitif », avec à la fois de bonnes et de mauvaises connotations, et il ne fait pas de doute qu'ils continueront à être utilisés de la sorte. Pour paraphraser Lévi-Strauss, les Bushmen sont « bons à penser ».

Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est qu'il y a en Occident une conscience grandissante que les Bushmen réfléchissent également à leur place dans le monde, et qu'ils ne le font pas toujours de la même façon que les Occidentaux. Les représentants bushmen expriment à présent les différences entre les cultures aussi bien que de nombreux anthropologues, et leurs perspectives mettent en relief leurs propres valeurs, qui sont souvent loin d'être « primitives », dans quelque sens que ce soit : partager au sein de la communauté, rechercher un ordre social égalitaire, vivre en harmonie avec la nature, etc. Mais par-dessus tout, ils mettent en valeur leur relation à la terre, qui entre en contradiction avec au moins l'un des aspects de la représentation occidentale, porteur d'une durable méprise : l'idée selon laquelle le caractère nomade de la vie des Bushmen serait une indication de tendances migratoires. Tout au contraire, les groupes de Bushmen ayant survécu jusqu'à ce jour ont occupé leurs territoires actuels depuis des siècles, voire des millénaires.

Un espoir pour l'avenir serait que le regard occidental se rapproche davantage de celui des Bushmen, non seulement sur le plan de la sensibilité spirituelle, artistique ou musicale, mais aussi par une compréhension de l'idée que l'avenir dans la reconnaissance d'une autodétermination et d'une identité fondée sur des droits à la terre ancestrale. »ALAIN BARNARD O.CITE

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mercredi 7 mars 2012

___Les séropositifs arnaqués dans les hôpitaux camerounais.L’accès aux soins semble toujours très difficile pour les personnes séropositives au Cameroun. maladie santé sida townships VIH..

L’accès aux soins semble toujours très difficile pour les personnes séropositives au Cameroun.

C'est le constat dressé par l’ensemble des associations locales de lutte contre la maladie. Toutes ont dénoncé, lors d’une conférence-débat organisée le 12 mai 2011 à Douala, les abus qui auraient cours dans la plupart des hôpitaux publics du pays. En effet, ceux-ci ne respecteraient pas les prix homologués par le ministère de la Santé publique concernant les examens biologiques (bilans de suivi et autres analyses), les consultations et les médicaments antirétroviraux.

Sont ainsi pointés du doigt les directeurs de formations hospitalières et les coordonnateurs des hôpitaux de jour où sont généralement pris en charge les séropositifs. Le cas le plus flagrant dénoncé par le Programme pour le marketing social, très impliqué dans la sensibilisation à la lutte contre le sida et dans la prise en charge des personnes infectées par le VIH, est celui d'un hôpital de district de Douala, la capitale économique:



«Ça fait pratiquement un an que la directrice de l’hôpital de district de Nylon a augmenté les prix du bilan de suivi en l’absence de toute note ministérielle. Elle exige aux patients la somme de 13.000 francs CFA 20 euros au lieu de 3.000 francs CFA 5 euros, tel que stipule les textes», confirme Lucie Zambou, la présidente de l’association Sunaids, qui indique également que cet hôpital de proximité situé dans un quartier populaire de Douala «reçoit pourtant en moyenne 4.000 patients».

Des plaintes ont été déposées pour dénoncer ces pratiques. Mais les accusations sont battues en brèche par les formations sanitaires qui parlent, elles, d’une «campagne de désinformation orchestrée par ces leaders associatifs». Pourtant, le quotidien camerounais Mutations fait savoir que l’hôpital de district de Nylon aurait reçu une sommation du ministre de la Santé publique:



«Nous avons effectivement reçu plusieurs plaintes des leaders associatifs dénonçant ces pratiques à l’hôpital de Nylon. Une note du ministre de la Santé publique sommant le médecin chef de cet hôpital de revenir aux prix homologués vient d’ailleurs de nous parvenir», indique un représentant des pouvoirs publics dans la région du Littoral, dont dépend la ville de Douala.

Une autre association de lutte contre le sida, Positive-Generation, révèle pour sa part, des chiffres alarmants: 69% des hôpitaux ne respecteraient pas les coûts des examens biologiques et des consultations au Cameroun.



«A chaque visite dans les hôpitaux, on fait payer les consultations aux patients. Alors que c’est anormal», regrette Fogue Foguito, le responsable de cette association.

Il ajoute qu'à l’hôpital Laquintinie, le plus grand centre hospitalier de Douala, «une plaquette de dix comprimés d’antirétroviraux coûte 300 francs CFA 0,45 euro au lieu de 100 francs CFA comme prescrit dans les textes».

Autre chiffre inquiétant révélé à l'occasion de cette conférence-débat: plus de 34.000 personnes infectées par le VIH/sida ont perdu la vie en 2010 au Cameroun. Et le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) indique qu'en 2010, ce sont 560.000 personnes qui vivent avec le virus dans ce pays.


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  • L'Afrique du Sud a toujours peur du sida

Le secret de Chanda, film sud-africain sélectionné au festival de Cannes 2010, est en salle en Afrique du Sud depuis le 11 mars. Acclamé dans le monde entier, il a pourtant du mal à passer dans son propre pays.

Le secret de Chanda © Dreamer Joint Venture GmbH Alsbrik 2010, Courtesy of Sony Pictures Classics

l'auteur

Sophie Bouillon

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Si j’étais allée voir seule Le Secret de Chanda (ici, en V.O., Life, Above All) au cinéma de Johannesburg, j’aurais sans doute partagé l’enthousiasme général. Ce film sud-africain, acclamé en Europe, récompensé par de nombreux prix, sélection Un Certain Regard au festival de Cannes 2010, décrit avec un réalisme stupéfiant les ravages de l’épidémie du sida dans les townships sud-africains. Le tabou qui l’entoure, le manque d’éducation et de traitement, les familles divisées, la prostitution, les problème d’alcool, de chômage et les rumeurs qui se propagent dans la communauté aussi vite que la maladie se développe dans l’organisme. Chanda, 12 ans, «plus éduquée et plus forte» que sa mère, va tenter de surmonter la honte et la maladie au milieu de l’ignorance et des croyances populaires. Le film est enfin sorti dans son pays natal le 11 mars 2011, après avoir fait le tour du monde.

J’avais proposé à deux jeunes d’un quartier pauvre de Johannesburg, un township comme on les appelle ici, de m’accompagner.



«Attention, c’est un film triste, les avais-je prévenus. Mais je pense que c’est important pour vous de le voir.»

Briser les tabous

Naïvement, je pensais que ce film faisait partie d’un processus d’éducation et de prévention contre le sida, persuadée (par mon éducation européenne) que l’on a besoin de faire face à sa réalité pour mieux la comprendre. Naïvement aussi, je m’étais demandé pourquoi on ne le montrait que dans les salles de cinéma d’art et d’essai des quartiers chics. Après tout, pourquoi ne pas organiser des diffusions dans les townships? C’est là-bas que le message devrait être diffusé.

Bien que l’Afrique du Sud est le pays où l’on compte le plus grand nombre de personnes séropositives au monde (5,6 millions sur 49 millions d'habitants), il n’y a quasiment aucune campagne de prévention, aucun panneau dans les rues ou très peu. En 2009, seulement un tiers des hommes avaient fait un test dans leur vie. Une publicité passe à la télé, certes, mais il y est davantage question de football que de maladie —et encore moins de préservatif. Personne ne parle vraiment du sida, cette chose abstraite et tellement omniprésente que l’on préfère vivre avec pour l’oublier. Dans les townships ou les campagnes, là où l’épidémie fait des ravages, cela reste un sujet tabou. Et pourtant, le pays dénombre deux millions d’orphelins.

Les deux adolescents avaient hésité et finalement accepté mon invitation, davantage pour sortir de chez eux que pour aller voir le film d’ailleurs. J’avais réservé les places en avance, pensant que Life, Above All, film local, attirerait les foules. Mais la salle était quasiment vide quelques jours après sa sortie. Une poignée de blancs, un homme noir venu seul, et nous.

Pour résumer le film, il y est question de la mort du début à la fin. Il commence avec l’enterrement de la petite soeur de Chanda. Les chants puissants traditionnels prennent aux tripes et à la gorge dès les premières minutes, lorsque le petit cercueil d’un nourrisson est recouvert de terre. Pendant deux heures, les images choc se succèdent: la mère de Chanda est «atteinte d’une maladie», sa meilleure amie se prostitue et le secret se fait de plus en plus lourd à porter à mesure que le sida s’installe dans les maisons.

Le générique de fin retentit. Lourd. Pesant. La salle s’éclaire peu à peu et dévoile les yeux gonflés des spectateurs. Le malaise est palpable. Certains se mouchent, d’autres cachent leur visage. L’homme noir est resté figé dans son siège, et fixe l’écran. Je me rends alors compte que l’un des deux adolescents a quitté la salle avant la fin. A 18 ans, on est un homme, on n’a pas le droit d’être triste. Il est parti se recueillir dans le couloir. La jeune fille est restée, visiblement choquée par ce qu’elle venait de voir: la mort lente de sa communauté.

A ce moment-là, j’ai compris le sens de la sélection du Secret de Chanda au Festival de Cannes. Car il faut sans doute avoir «un certain regard», un autre regard, pour apprécier ce film. Celui, distant, d'un Européen qui n’est pas confronté au sida dans sa vie quotidienne. Alors, on apprendra beaucoup sur l’Afrique du Sud et sur l’épidémie. Car le film est très réaliste. Trop réaliste, peut-être. Sans espoir.

Je ne m’étais alors jamais posé la question de savoir comment un juif qui avait subi le drame des camps de concentration avait pu «regarder» La vie est belle. Ou comment un Africain «regardait» Amistad, terrible film de Spielberg sur l’esclavage. Ont-ils «un autre regard» que celui d’un jury de cinéma sur la Croisette? «Un certain regard» blanc sur les noirs?

Il y a quelques semaines, le festival du film français de Johannesburg a diffusé La Vénus Noire d’Abdelatif Kechiche. La moitié des spectateurs ont quitté la salle, souvent des Sud-africains, en majorité noirs, car ils ne supportaient pas la cruauté et le racisme avec lesquels était traitée Sarah Baartman, «cobaye africain» transportée à la fin du XIXe siècle en Europe. On chuchotait entre les sièges que «les Sud-Africains ne peuvent rien attendre d’un film sur leur histoire, produit et réalisé par un Français».

Est-ce que le Secret de Chanda aurait été traité avec plus de subtilité si son réalisateur avait été noir et issu d'un township? Oliver Schmitz est sud-africain, certes, mais il a grandi et vit au Cap, bien loin du quotidien des townships et des campagnes. Gillian Schutte, professeure de cinéma à l’université de Johannesburg et réalisatrice, a écrit une chronique dans le Mail & Guardian intitulée «Pourquoi je n’emmènerai pas mon fils voir Life, Above All». Selon elle, le cinéma sud-africain est encore aux mains d’une élite blanche incapable de parler de la vie des noirs sans verser dans le stéréotype: les Africains ne comprennent rien au problème du sida; la figure de l’homme est salie par l’alcoolisme, la lâcheté et la tromperie; les guérisseurs traditionnels font fortune en proposant des traitements absurdes aux gens désespérés.

Il est facile en Afrique du Sud de jouer la carte de la «race» dès que les blancs parlent des noirs et vice versa. Malheureusement dans la vie des townships tous ces stéréotypes sont bien souvent la réalité —mes deux adolescents le concèdent volontiers. Mais ce film leur «a rappelé trop de choses vécues à la maison, sans y apporter de solutions ni d’espoir de voir les choses changer». Ils n’ont pas souhaité en parler davantage, arguant que de toute façon, «je ne pouvais pas comprendre».

Ce film est réalisé par un blanc, pour un public blanc ou de classe aisée avec toutes les meilleures intentions du monde. Les autres, ceux qui sont confrontés au sida n’y apprendront pas grand chose, sauf à se prendre leur vie minable et l’incompétence de leurs parents en pleine figure, pendant que leur voisin blanc pleurniche sur son siège, terriblement triste et impuissant.

Ce n’est pas tant le prétendu racisme que les deux adolescents n’ont pas pu supporter, mais la honte et l’humiliation de voir des inconnus découvrir leur vie et pleurer sur leur sort des pauvres Africains victimes de la plus grande épidémie que le monde a jamais connue. La pitié permanente que l’on ressent en tant qu’Européens vis-à-vis de l’Afrique n’est-elle pas aussi une forme de racisme?

Une série télévisée, Intersexions, est diffusée tous les mardis sur la chaîne nationale SABC1. Sponsorisée par Usaid, le fonds de développement américain, elle a le mérite d’expliquer comment le virus se propage entre un mari trompeur des townships, une jeune fille sexuellement active des banlieues riches et des enfants nés avec une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Toutes les races et catégories de population sont représentées, dans la plus grande vraisemblance que peut apporter la fiction.

Ce genre de programme que l’on peut regarder dans l’anonymat de son salon joue un rôle beaucoup plus important dans les consciences que l’empathie d’un jury au festival de Cannes face à la misère de l’Afrique du Sud. La série explique aussi que le sida n’est pas seulement une maladie de pauvres noirs; c’est une épidémie qui nous concerne tous et c’est seulement en l’abordant ainsi que l’on pourra lutter efficacement contre le virus et faire tomber les tabous. Et avec, la honte.

Sophie Bouillon

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___Sida: trente ans après, la capote reste capitale.Depuis l'apparition du sida il y a trente ans, la recherche a mis au point des médicaments antirétroviraux efficaces.

Sida: trente ans après, la capote reste capitale Depuis l'apparition du sida il y a trente ans, la recherche a mis au point des médicaments antirétroviraux efficaces. Mais le préservatif demeure la clef de voûte de la prévention.

AIDS awareness - condom use (in Chimoio town, Mozambique) by tonrulkens via Flickr CC

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http://www.slateafrique.com/2377/sida-trente-ans-apres-preservatif-reste-vital

Jean-Yves Nau

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dépistage HIV médecine médicaments OMS Onusida préservatif prévention recherche santé sida

Nous le savons depuis plus d’un quart de siècle: il n’existe que deux méthodes pour prévenir la transmission (sexuelle) du virus du sida. La première —largement idéaliste et prônée par le Vatican— préconise la chasteté absolue avant le mariage suivie d’une réciproque et totale fidélité. La seconde —de caractère nettement plus pragmatique— se résume à l’utilisation systématique du préservatif masculin; du moins lorsque les partenaires estiment être l’un et l’autre dans ce qu’il est convenu d’appeler une situation potentiellement «à risque».

Deux méthodes seulement? C’est ici oublier que, depuis plusieurs années, de nouvelles voies de prévention sont explorées grâce notamment aux spectaculaires progrès obtenus dans les traitements à base de médicaments antirétroviraux. En janvier 2008, des médecins de la Commission fédérale suisse pour les problèmes liés au sida avaient ainsi fait sensation en affirmant qu’une personne séropositive n’ayant plus de virus détectable dans le sang depuis au moins six mois –ce grâce à un traitement antirétroviral suivi scrupuleusement– et n’ayant par ailleurs aucune autre infection sexuellement transmissible «ne transmettait pas le virus par le biais de contacts sexuels».

  • Le traitement précoce réduit les risques de transmission

On en sait aujourd’hui un peu plus sur le sujet grâce aux résultats d’un essai clinique international mené chez des couples dont l’un des membres est infecté par le VIH et l’autre non; des couples dits «(séro)discordants». Baptisée «HPTN 052», cette étude a été menée auprès de 1.763 couples volontaires (pour la plupart hétérosexuels) vivant dans neuf pays: Afrique du Sud, Botswana, Brésil, Etats-Unis, Inde, Kenya, Malawi, Thaïlande et Zimbabwe.

Les chercheurs ont constitué deux groupes. D’une part des couples chez lesquels la personne infectée était traitée au plus vite. De l’autre des couples chez lesquels le traitement était mis en œuvre beaucoup plus tardivement. Et dans tous les cas (c’est une obligation éthique compliquant immanquablement le travail statistique) la nécessité de prodiguer régulièrement à tous ces couples les conseils élémentaires de prévention pour réduire les risques de transmission.

Principale conclusion: le fait de traiter précocement des hommes et des femmes infectés par le VIH réduit —en moyenne— de 96% le risque d'infecter un partenaire sexuel non infecté.



«Cet essai clinique montre de façon convaincante que traiter des séropositifs avec des antirétroviraux au plus tôt peut avoir un impact majeur pour réduire la transmission du VIH, se félicite Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (organisme qui a financé l’étude). Les précédentes données sur le potentiel des antirétroviraux pour réduire la contagion d’un séropositif provenaient seulement d’études observationnelles ou épidémiologiques.»

Tel n’est plus le cas, puisque l’on dispose désormais de solides données chiffrées et concrètes.

Le Dr Fauci n’est pas le seul à applaudir. Les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida) se sont également réjouis de ces résultats. Ils voient là «une percée scientifique qui change considérablement la donne et assurera l’avancement de la révolution de la prévention».



«Cette percée place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires, estime Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida. Nous devons maintenant nous assurer que les couples ont la possibilité de choisir le traitement de prévention et qu’ils y ont accès.»

«Cette avancée est cruciale car nous savons que la transmission par voie sexuelle représente environ 80% des nouvelles infections», a renchéri Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. Quant au Pr Wafaa el-Sadr (Université Columbia de New York), membre du groupe ayant mené cette étude, il estime, sans immodestie, que cette dernière «sera toujours considérée comme une étude phare qui pourrait bouleverser mondialement le traitement et la prévention du VIH».

On peut comprendre un tel enthousiasme. L’étude «HPTN 052» avait été lancée en 2008 et ne devait s’achever qu’en 2015. Elle a, pour des raisons éthiques, été arrêtée après la découverte des premiers résultats importants observés au terme d’une évaluation intermédiaire; résultats obtenus par un groupe d’experts indépendants. Dans les couples au sein desquels la personne séropositive était traitée avec une association de trois médicaments antirétroviraux, un seul cas de transmission a été constaté; et ce contre 27 cas dans le groupe «témoin». Il était dès lors contraire à l’éthique de poursuivre un tel travail. Campagnes de dépistage

Spectaculaires, ces résultats ne sauraient pour autant faire l’objet de trop d’extrapolations et laisser penser qu’un traitement précoce peut désormais se substituer à toute prévention complémentaire. Les auteurs de l’étude soulignent eux-mêmes que «l’on ne peut pas les généraliser à la population dans son ensemble» et notamment chez des patients séropositifs qui ont de nombreux partenaires et qui n’auraient peut-être pas «la même constance dans leur traitement» que les personnes vivant au sein de couples «discordants» mais stables.

A Paris, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la découverte du VIH, qualifie ce travail d’«hyper important». Elle souligne toutefois que la transformation d’une démarche thérapeutique en une approche préventive n’est «jamais du 100%». «Mon message c’est "continuez à vous prévenir par les moyens classiques, et essayez surtout de ne pas être infecté"», souligne-t-elle. Le Conseil national du sida, qui réfléchit depuis plusieurs années à ces questions, fait une analyse similaire. Il rappelle notamment que l’effet préventif du traitement ne peut être pleinement obtenu qu’à la double condition de parvenir à un dépistage beaucoup plus large et précoce de l’infection, et d’inscrire le nouvel outil dans une approche de prévention dite «combinée».

De la même manière, Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherches sur le sida, estime que si cette étape est «vraiment importante», il ne faut en aucun cas «opposer les traitements antirétroviraux aux autres méthodes de prévention». En d’autres termes, le préservatif doit continuer à être utilisé dans les situations «à risque». C’est d’autant plus nécessaire que sur les 33 millions de personnes infectées dans le monde, on estime qu’environ les deux tiers n’ont jamais été dépistées et ne savent donc pas qu’elles sont séropositives et donc susceptibles de transmettre l’infection par voie sexuelle. Et il faut ajouter que l’administration très précoce d’associations de médicaments antirétroviraux ne peut financièrement être envisagée dans la plupart des pays, africains notamment, les plus touchés par l’épidémie de sida. Pour autant, de nouvelles recherches sur ce thème vont être prochainement menées.



«Il nous faut maintenant valider le concept d’antirétroviraux à l’échelle de la population générale, précise le Pr Delfraissy. C’est l’objet d’un essai qui doit être conduit à partir de 2011 en Afrique du Sud. Il nous faut également approfondir les effets sur le long terme des traitements pris précocement sur l’infection à VIH elle-même, et sur les co-infections comme la tuberculose.»

On est ainsi aujourd’hui dans une situation quelque peu paradoxale, les progrès –réels– obtenus en termes de prévention via les médicaments ne permettant nullement de faire l’économie du préservatif, seule méthode qui en pratique fait la preuve de son efficacité; même si cette dernière n’atteint pas toujours immanquablement les 100%.

La situation actuelle n’est pas sans rappeler les limites de la pratique de la circoncision à des fins préventives. En 2007, après une série d’études plus ou moins controversées menées en Afrique, l’OMS avait décidé d’inclure la pratique de la circoncision parmi les possibles stratégies de prévention du sida. Deux ans plus tard, d’autres études établissaient que la circoncision d’hommes séropositifs ne conduisait nullement à une réduction du risque de transmission du VIH à leurs partenaires sexuelles féminines.

L’OMS et l’Onusida rappelaient alors que la pratique de la circoncision ne protégeait pas complètement et qu’elle ne saurait remplacer à elle seule les autres méthodes de prévention. Là encore, le recours au préservatif continue à être la règle; et ce d’autant plus que la promotion officielle de la circoncision pouvait avoir un effet paradoxal en laissant croire à une protection absolue et conduire, de ce fait, à une augmentation des infections. Prévention «combinée» ou pas, le latex demeure indispensable.

Jean-Yves Nau


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  • Sida: le Fonds mondial plombé par des détournements de fonds en Afrique

Le Mali a été pris la main dans le sac. La Côte d’Ivoire, la Mauritanie, la Zambie et Djibouti sont désormais sous surveillance renforcée.

Fingers Crossed / Dedos Cruzados, by JoséMa Orsini via Flickr CC

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Jean-Yves Nau

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Amadou Toumani Touré antirétroviraux corruption Côte d'Ivoire Djibouti Mali Mauritanie Michel Kazatchkine paludisme santé sida tuberculose VIH Zambie

Etat d’alerte au siège genevois du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette prestigieuse institution sanitaire est désormais officiellement victime de malversations et de multiples détournements de fonds.

Pour l’heure, le Mali est visé. D’autres pays africains pourraient suivre. Cette affaire sans précédent est doublement importante. Dans sa dimension financière bien évidemment, mais, plus encore sans doute, dans sa dimension symbolique puisque ce Fonds n’existe que grâce à la solidarité internationale.

A Genève, on sait être confronté à une double urgence. D’abord, mesurer l’ampleur exacte des malversations dont est victime cette institution, et ensuite, évaluer les conséquences pratiques de ces affaires dans les pays africains les plus affectés par ces trois fléaux infectieux.

L’existence prouvée de détournements de fonds risque fort en effet de nuire aux activités futures de cette institution internationale créée il y a moins de dix ans pour, précisément, pallier les errements précédents de la «solidarité nord-sud» dans le champ du financement de la lutte contre ces trois maladies sévissant à l’échelle planétaire.

Le 2 mars, le Français Michel Kazatchkine (qui venait alors d’être reconduit dans ses fonctions de directeur général) annonçait qu’il suspendait le jour même une subvention de près de 14 millions de dollars (10 millions d’euros) précédemment allouée à la lutte contre le sida au Mali.

«La mesure prend effet immédiatement et restera en vigueur jusqu’à ce que de nouvelles dispositions aient été prises pour gérer cette subvention, précisait-on à Genève. Le récipiendaire principal actuel, le “Groupe Pivot Santé Population” sera remplacé.» Le Mali en flagrant délit

Cette décision faisait suite à la mise au jour d’éléments probants faisant état d’une utilisation abusive de crédits versés. Le Fonds mondial rappelait alors qu’en décembre 2010 il avait déjà, au Mali, suspendu deux subventions destinées à la lutte contre le paludisme et en avait résilié une troisième ciblant la tuberculose, après avoir établi que des fonds avaient été détournés et que certaines dépenses n’étaient pas justifiées.

C’est une enquête menée par l’Inspecteur général du Fonds mondial qui a permis de mettre au jour le détournement d’environ 4 millions de dollars (2,86 millions d'euros) et d’établir que de hauts responsables chargés de la mise en œuvre des subventions avaient émis fausses factures, faux documents d’appel d’offres, et qu’ils étaient à l’origine de surfacturations de biens et services, notamment en ce qui concerne les activités de formation.

Concrètement, les trois mesures touchant le Mali prises en décembre concernaient:

- une subvention contre le paludisme de 14,8 millions de dollars (10,59 millions d'euros) pour l’achat et la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide;

- une subvention de 3,3 millions de dollars (2,36 millions d'euros) pour l’achat de médicaments contre le paludisme;

- une subvention de 4,5 millions de dollars (3,22 millions d'euros) destinée à la lutte contre la tuberculose ciblant entre autres les détenus, les communautés minières et les patients atteints de tuberculose.

Au total, le Fonds mondial avait alors conclu des accords de subvention avec le Mali pour un montant de 123 millions de dollars (88 millions d'euros), dont 79 millions (56,5 millions d'euros) avaient déjà été versés.

La quatrième décision de suspension qui vient d’être prise ne devrait pas concerner, dans ce pays, les 22.500 personnes infectées par le VIH et actuellement traitées par des médicaments antirétroviraux: leurs soins sont financés par une autre subvention, gérée par le Haut Conseil national de lutte contre le sida du Mali.

On précise à Genève que les mesures nécessaires ont été prises pour qu’il n’y ait aucune interruption des traitements des personnes souffrant de formes dites «multirésistantes»: les subventions suspendues ont été transférées à de nouvelles entités «qui ont fait leurs preuves en matière de gestion et de capacité opérationnelle».

On ajoute encore que le gouvernement malien a «condamné» les malversations et qu’il «collabore» avec le Fonds mondial pour assurer une reprise aussi rapide que possible des activités sanitaires subventionnées. Dans ce pays, seize personnes soupçonnées d’être à l’origine des malversations sont en détention. Lutter contre la corruption

Le Fonds mondial annonce d’autre part que quatre pays subventionnés vont faire l’objet d’un renforcement des contrôles avec des «restrictions imposées à leur mouvement de trésorerie»: trois pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Djibouti, Mauritanie) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Enfin de nouvelles mesures de surveillance vont être prises, «destinées à empêcher et à détecter une éventuelle utilisation abusive de crédits alloués à des programmes de formation dans les 144 pays qui bénéficient de financements du Fonds mondial».

Comment, en somme, éteindre (au mieux et au plus vite) les feux de brousse de la corruption? Pour l’heure, le Fonds a choisi: faire toute la lumière sur les malversations identifiées et en faire une large publicité. En décembre 2010, Michel Kazatchkine avait affiché sa fermeté:

«Le Fonds mondial ne tolère aucune fraude et il nous incombe d’agir immédiatement pour y mettre fin, récupérer les fonds détournés et établir les moyens les plus fiables pour acheminer les ressources vers les personnes qui en ont le plus besoin.

La suspension de subventions est, pour le Fonds mondial, le moyen de faire comprendre aux parties concernées que les détournements de fonds ne sont pas acceptables. Il s’agit ensuite de travailler de façon constructive avec les pays pour résoudre les problèmes et concentrer nos efforts pour sauver des vies.

Je salue le président du Mali, Amadou Toumani Touré, pour la fermeté dont il fait preuve dans la lutte contre la corruption.» Une situation médiatique délicate

Pour autant, maîtriser la médiatisation n’est pas chose facile; a fortiori quand il s’agit de corruption. C’est ainsi que le directeur général du Fonds a jugé nécessaire, fin janvier, de faire une «mise au point», estimant que «certains médias» n’avaient pas pris l’exacte mesure de la situation; des médias montant la mayonnaise et, pour se faire, se refusant à rappeler qu’aucun soupçon de corruption ne venait «entacher l’immense majorité des crédits que verse le Fonds mondial et qui donnent des résultats hors du commun dans la lutte contre les trois maladies».

Etrange situation, d’autant plus délicate (incestueuse?) qu’en octobre 2010 —au lendemain des promesses faites par des donateurs publics et privés de verser 11,7 milliards de dollars (8,3 milliards d'euros) sur trois ans—, le Fonds s’était félicité du fait que cinq journaux européens (The Financial Times, El País, Le Figaro, Bild Zeitung, et The Independent) lui aient «offert» des espaces publicitaire pour «remercier ses donateurs».

Et Michel Kazatchkine d’ajouter:

Toute notre reconnaissance va à ces journaux qui nous ont offert un espace publicitaire. Leur démarche relève de la pure générosité et nous permet de remercier la population des pays qui ont apporté une contribution majeure au Fonds mondial.»

Aujourd’hui, le Fonds mondial fait savoir qu’il «exige» le remboursement de 34 millions de dollars (24,3 millions d'euros) qui ont disparu dans différents pays sur un total de 13 milliards de dollars (9,3 milliards d'euros) de crédits versés. 34 millions de fuites sur 13 milliards de réservoir?

S’indigner? S’émouvoir? Le même Fonds se plaît à rappeler le nombre —des millions— de morts prématurées qui ont pu être évitées grâce à son action et à celles de ses donateurs.

Quand fera-t-il connaître le nombre des morts résultant des malversations financières dont les plus pauvres et les plus exposés au sida, au paludisme et à la tuberculose ont été victimes? Malversations que ce Fonds a certes su détecter, malversations dont il fait état, mais qu’il n’a pas su prévenir?

Jean-Yves Nau

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___Sida: l’engagement des grand-mères africaines. Les orphelins du sida sont légion en Afrique subsaharienne, malgré quelques progrès observés dans la lutte contre la maladie.

Sida: l’engagement des grand-mères africaines

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http://blog.slateafrique.com/femmes-afrique/2011/06/03/sida-le-courage-des-grand-meres-africaines/

Anne Collet Topics

association humanitaire, éducation, sida

Les orphelins du sida sont légion en Afrique subsaharienne, malgré quelques progrès observés dans la lutte contre la maladie. Pour s’occuper d’eux, les grand-mères reprennent du service.

Au Swaziland, il y a un an, le 6 mai 2010, un sommet rassemblant 450 grand-mères d’Afrique sub-saharienne originaires de 12 pays parmi les plus touchés par l’épidémie de sida (Afrique du Sud, Botswana, Kenya, Malawi, Mozambique, Namibie, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe) marquait grâce à une association fondée en 2003 par le Canadien Stephen Lewis, le début d’un grand mouvement de reconnaissance de ces vieilles dames africaines en charge des orphelins du sida. Lewis un diplomate et ancien envoyé spécial des Nations unies pour le sida en Afrique, avait constaté alors qu’il était en poste au Malawi, que les grand-mères sans moyens ni aide des Etats, faisaient des merveilles en endossant les unes après les autres le rôle de chefs de famille. Dans les pays concernés, nombreux sont les enfants orphelins du sida qui n’ont qu’une grand-mère pour refuge. Poussées par les circonstances, celles-ci accueillent ces enfants très souvent perturbés pour prendre en charge leur éducation.

Victimes indirectes du sida, les grand-mères tentent donc de créer une dynamique dans toute l’Afrique et même au-delà, avec l’espoir de recevoir de l’aide internationale: outre les frais de scolarité, les besoins en logement, nourriture et soins pour elles-mêmes comme pour les enfants qu’elles élèvent et qui ne sont pas toujours leurs propres descendants, sont incommensurables. Mais grâce à la fondation Stephen Lewis, des ONG locales ont compris le message et commencent à leur venir en aide. C’est le cas de Swapol qui a permis au Swaziland d’accueillir le sommet. En Ouganda, l’idée proposée par l’association St Francis d’offrir 100 dollars aux grands-mères afin de leur permettre de démarrer leur propre micro-entreprise, fait tâche d’huile.

Pour les organisateurs du sommet de 2010, ces grand-mères africaines, certaines sont âgées de 90 ans, sont des êtres indomptables et infatigables. Elles accueillent sous leur toit dix, douze et parfois quinze enfants et réussissent à maintenir un lien social. «Ces femmes extraordinairement courageuses, enterrent leurs propres enfants et s’occupent de leurs petits enfants orphelins en faisant appel à une incroyable réserve d’amour et de résilience», résume Stephen Lewis, qui a invité 42 grand-mères canadiennes à les rencontrer.

Depuis cette date, le mouvement a pris une ampleur internationale. Le Canada tout entier est mobilisé dans une campagne intitulée «de Grand-mère à Grand-mère» et vient en aide à celles qu’il considère comme les «héroïnes méconnues de l’Afrique». 12 millions de dollars canadiens (8,700 millions d’euros) ont été à ce jour collectés et acheminés aux Africaines par l’intermédiaire d’associations locales de lutte contre le sida.

Les grand-mères africaines ont malheureusement encore du pain sur la planche. L’Afrique subsaharienne est en effet de loin la région la plus touchée au monde par l’épidémie de sida qui continue à faire de nombreux orphelins. Selon les statistiques publiées par Onusida en 2010, on y dénombrait 22,4 millions de séropositifs et 1,8 millions de nouveaux cas par an. En outre, 1,3 millions de personnes sont mortes du sida au cours de la seule année 2009.

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___Lutte-t-on vraiment contre le sida en Afrique? Santé, éducation, infrastructures: quelle priorité?

En juin 2011, les pays membres de l'ONU ont réaffirmé leur engagement dans la lutte contre le sida. Un vœu pieux de plus, sans contraintes. Pour le ministre sénégalais de la Santé, il faut «mettre la communauté internationale devant ses responsabilités».

Teaching scouts about HIV/AIDS 04, by hdptcar via Flickr CC

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http://www.slateafrique.com/2853/lutte-sida-vih-pays-nord-aide-financement-afrique

Camille Biet

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maladie Modou Diagne Fada Objectifs millénaires du développement ONU Onusida santé Sénégal sida VIH

«On ne peut pas dire que tout le monde nous a laissés tomber, mais on remarque que beaucoup de pays hésitent à nous soutenir». Le ministre sénégalais de la Santé Modou Diagne Fada s’exprimait le 10 juin 2011, dans un entretien avec SlateAfrique, sur l’importance de donner une suite concrète aux engagements pris pour la lutte contre le sida.

L’équation est simple. Un objectif: 15 millions de personnes sous traitement d’ici 2015. Un coût: 4,2 milliards d’euros par an. Une inconnue: la source de financement pour atteindre cet engagement (PDF).

Au mois de juin 2011, les pays membres des Nations unies ont de nouveau formulé une promesse mais sans prendre en compte l’aspect pratique, sans s’imposer aucune obligation; juste un «vœu pieux» de plus. Cet engagement doit sauver la vie de millions d’Africains. Il s’agit donc, comme le dit Fada, de «mettre la communauté internationale devant ses responsabilités».

Ils sont encore 9 millions de malades à ne pas avoir accès aux soins nécessaires. Près de 360.000 enfants naissent chaque année avec le VIH, et ces chiffres concernent plus particulièrement l’Afrique. Une Afrique lâchée par les pays du Nord dans sa lutte contre l'épidémie.



«Tout le monde ne nous a pas abandonnés: la France a maintenu son niveau de financement au Fonds mondial contre le sida et les Etats-Unis le financent à près de 50%», indique le ministre.

Pourtant, Fada précise que d’autres restent réticents:



«Nous appelons l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et les autres qui ont suspendu leur participation au Fonds mondial à revoir leur décision», ajoute-t-il.

Quant aux pays émergeants comme la Chine, explique le ministre de la Santé, ils continuent de recevoir l’aide du Fonds:



«Si la Chine ne participe pas au Fonds, elle pourrait tout de même s’abstenir d’en bénéficier», souligne-t-il.

Pour une prise en charge africaine

22,5 millions de personnes vivent avec le VIH en Afrique. 60% sont des femmes. Le taux de prévalence dans certains pays est particulièrement élevé, avec jusqu'à une personne sur quatre porteuse du virus. La très grande majorité des enfants vivant avec le VIH dans le monde se trouvent sur le continent noir.

Les inquiétudes restent donc sérieuses et la baisse des financements n’est pas faite pour rassurer. Les présidents malien, camerounais, rwandais, gabonais et nigérian se sont déplacés à New York en juin pour faire le point sur dix ans de lutte contre le sida. Les autres pays africains se sont fait représenter par leur ministre des Affaires étrangères ou leur ministre de la Santé.

Les pays «donateurs» n’ont envoyé personne. Ils n‘ont pris aucun engagement concret et n’ont pas abordé dans la déclaration finale les thèmes chers aux Africains, comme le prix des médicaments. C’est donc à l’Afrique maintenant de prendre les choses en main.

Mais si les Africains sont d’accord pour dire qu’il faut mettre fin à cette pandémie qui ronge le continent, les désaccords persistent, comme d’habitude, lorsqu’il s’agit de se réunir pour des politiques de santé communes:



«On doit harmoniser les interventions concernant cette pandémie au niveau de l’Afrique. Il est important, au niveau africain, qu’on dispose d’un institut qui prenne en charge les politiques régionales de santé publique, les stratégies régionales de lutte contre le sida», note Fada.



Il ajoute que «tous les pays Africains doivent s’engager dans la voie de respecter les recommandations d’Abudja qui veulent que 15% du budget soit destiné à la santé. Ce n’est pas encore le cas dans tous les pays africains. Et je crois que tous sont obligés aujourd’hui de renforcer leurs ressources financières destinées à la santé. Il ne sert à rien de dire que nous allons attendre tout de l’extérieur jusqu'à aliéner notre autonomie. Nous sollicitons le soutien extérieur, mais nous devons, nous, pays africains, accepter de mettre la main à la poche.»



«Nous avons beaucoup de priorités dans nos pays. Est-ce que c’est l’éducation? Est-ce que c’est l’agriculture? Est-ce que ce sont les infrastructures? C’est sûr que si la santé rentre en compétition avec ces secteurs-là, elle risque d’être maltraitée», avoue le ministre.

C’est parce que les priorités sont multiples que les pays donateurs ne peuvent pas oublier leur responsabilité. Le Fonds mondial, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida doivent maintenir leurs budgets et même réussir à les augmenter.

Prendre des engagements sans les coupler avec des décisions opérationnelles, c’est donner un coup d’épée dans l’eau. Pour leur défense, les pays du Nord sont affectés par une crise économique aiguë. Ceci étant dit, il devrait être facile de mettre en place quelques éléments qui permettraient l’obtention de résultats rapides et efficaces.

- Faire évoluer les sources de financement avec les «financements innovants», notamment une taxe sur les opérations financières. L’idée semble bonne, mais certains pays se refuseraient à taxer les actionnaires.

- Faire baisser le prix des médicaments en développant les génériques. Là, on s’attaque à la propriété intellectuelle des grandes firmes pharmaceutiques. Un sacrilège pour certains.

- Simplement mieux gérer l’argent et éviter les malversations et la corruption. Il semble que le fond mondial tente déjà d’améliorer sa gestion depuis le scandale malien, où près de 3 millions d'euros ont disparu avant d’atteindre les bénéficiaires. Ne pas abandonner maintenant

La lutte contre le sida est une lutte de santé publique qui devrait mettre tout le monde d’accord. Une lutte qui, pour une fois, ne devrait pas être politique, ni affectée par des considérations nationales. Moins encore du fait que jusque-là, les résultats sont probants. Mais c’est une lutte qui requiert de l’argent et qui implique une industrie à laquelle on ne touche pas, une industrie pharmaceutique qui prospère et dont les éléments les plus humanistes sont souvent mis au placard au profit de ceux qui, justement, créent le profit.

Quand tous les pays du monde applaudissent et se font féliciter dans cette grande salle historique de l’Assemblée générale des Nations unies pour un engagement sans valeur, c'est un goût amer qui reste dans la bouche, un goût d’impuissance. Le goût du désespoir. Il ne faut pas non plus oublier qu'aucun des «objectifs du Millénaire pour le développement» n’est en passe d’être réalisé… En 2015, il faudra rendre des comptes sur ces engagements, ainsi que sur celui qui vient d'être pris vis-à-vis du sida.

Les résultats des participations financières dans la lutte contre le VIH sont visibles, concrets: des malades sous traitement, des vies sauvées, des enfants qui naissent sans êtres porteurs de la maladie… L’objectif du triple zéro («zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro mort due au sida») formulé par le chef de l’Onusida Michel Sidibé est atteignable —si les pays riches mettent la main à la poche. Il n’est pas concevable que les pays du Nord laissent tomber l’Afrique maintenant.

Camille Biet

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____Ethiopie - Swaziland: Les séropositifs n'ont plus la foi en l'eau bénite. Sida: mieux vaut circoncire que guérir? circoncision maladies prévention santé science sida VIH

L’Éthiopie est l’un des pays au monde le plus touché par la pandémie de sida. Sur une population de 90 millions d’habitants, 1,2 millions de personnes sont séropositives.

Dans cet État de la Corne de l’Afrique, les superstitions sont encore bien présentes. Comme l’explique The Wall Street Journal, les communautés chrétiennes orthodoxes éthiopiennes (la religion dominante dans le pays) tentent souvent de combattre le virus par des pratiques religieuses.

Les fidèles de cette Eglise croient notamment dans le pouvoir de l’eau bénite. Selon eux, une source de la montagne d’Entoto, située au-dessus de la capitale Addis-Abeba, permet de guérir la maladie.

Une journaliste du quotidien américain est allée à la rencontre de certains de ces pratiquants.

Elle a recueilli le témoignage de Melaku, un séropositif, âgé de 30 ans. Il y a cinq ans, il est venu lui aussi à Entoto à la recherche d’un miracle.



«A l’aube chaque jour, il descendait un ravin escarpé et s’étendait nu dans une piscine naturelle. Les prêtres tenant des croix, versaient à six reprises de l’eau sur les gens», peut-on lire dans l’article.

Malgré le décès de nombreux malades, Melaku est resté sur place: «J’essayais d’avoir la foi dans l’eau bénite.»

Il a ensuite fait la rencontre d’une autre séropositive, Tigist. Elle aussi a rejoint le groupe de croyants, mais le remède n’a pas été efficace: «Elle est devenue plus malade, elle vomissait l’eau bénite.»

Melaku a alors décidé de transporter sa compagne à l’hôpital. Tout en continuant à prendre de l’eau bénite, Tigist a finalement accepté la thérapie antirétrovirale, un traitement qui permet de réduire la mortalité chez les personnes infectées par le VIH.

Comme le constate The Wall Street Journal, de plus en plus d’Ethiopiens ont accès aux médicaments. Même s’ils continuent à croire en Dieu, ils ne sont plus réfractaires à la médecine.

«J’encourage les gens à se faire baptiser et à prendre leurs médicaments chaque jour», explique ainsi un prêtre d'Entoto.

Selon les dernières données disponibles, en février 2010, 250.000 Ethiopiens avaient débuté une thérapie antirétrovirale, alors qu’ils n’étaient que 72.000 en 2007.

Le nombre de morts liés au sida a ainsi baissé de 71.900 en 2007, à 28.100 trois ans plus tard.

Melaku et sa compagne ne sont plus retournés à la source miraculeuse depuis deux ans. Tout en tenant dans sa main deux flacons de rétroviraux, Tigist conclut le reportage :



«Je crois toujours dans le pouvoir de l’eau, mais comme les médicaments m’aident, je pense qu’ils sont plus puissants.»

Le Swaziland a anticipé les résultats d’études qui concluent à l’efficacité préventive de l’ablation du prépuce.

Harare, capitale du Zimbabwe, le 9 février 2011. REUTERS/Philimon Bulawayo

l'auteur

Jean-Yves Nau


**circoncision maladies prévention santé science sida VIH

http://www.slateafrique.com/15911/vertus-et-limites-de-la-circoncision-antisida

Mise à jour du 2 février 2012: La campagne financée par la France dans le township d’Orange Farm en Afrique du Sud a permis de circoncire plus de 25.000 hommes entre 2008 et 2011. Dans le bidonville, le pourcentage de séropositifs a déjà diminué de 25%, selon un reportage de Ouest-France.

                                                          ***

Le 15 juillet 2011, il annonçait, à grand renfort de publicité, qu’il s’engageait personnellement pour soutenir une campagne de circoncision de masse, visant à lutter contre la propagation du sida dans son pays. Un pays qui détient un bien triste record: celui d’être le plus touché au monde par cette pandémie sexuellement transmissible.



«Flanqué d'une imposante suite royale, dont sa mère, quatre de ses treize épouses et nombre de ses enfants, des guerriers en tenue, des danseuses aux seins nus et une fanfare militaire, le dernier monarque absolu d'Afrique a demandé à ses sujets mâles de se faire circoncire», mandait il y a peu l’Agence France Presse (AFP), depuis Johannesburg.

Or, une semaine plus tard, mercredi 19 juillet, trois groupes de chercheurs annonçaient à Rome, où se tenait une conférence internationale sur le sida, disposer de nouvelles preuves statistiques de l’efficacité préventive de la circoncision.

Mswati III, devant plusieurs milliers de personnes réunies dans la ville de Mankayane, déclarait:



«Il est bon que nos jeunes hommes bénéficient d'une initiative pour les aider à combattre la maladie Je compare ce virus à un terroriste. Il est là pour éradiquer notre peuple». Et le monarque d’insister, demandant à ses sujets de «rester éloigné des activités qui peuvent donner la maladie».

On peut comprendre l’initiative de Mswati III: plus d’un quart de son peuple (1,2 millions de personnes) est infecté par le VIH. La campagne de prévention dont le roi vient de faire la publicité est soutenue par le gouvernement américain qui y participe à hauteur de 30 millions de dollars (21 millions d’euros). Lancée en février dernier, elle vise à circoncire, sur un an, 160.000 hommes âgées de 15 à 49 ans Mais pour l’heure, seuls 3.000 individus se sont portés volontaires. Les promoteurs de la campagne espèrent que l'intervention du roi ne restera pas sans effet:



«Mswati III n'a pas précisé s'il comptait lui-même se faire circoncire, précise aujourd’hui l’AFP. La circoncision, longtemps pratiquée au Swaziland, avait été peu à peu abandonnée au 19e siècle.»

Devin, Mswati III? A Rome, une semaine après l’exposé du monarque, plusieurs scientifiques apportaient la preuve qu’en terre africaine la pratique de la circoncision pouvait aider à lutter contre la diffusion par voie sexuelle du virus du sida.

Mais la plupart des spécialistes de cette question ont aussi rappelé, à cette occasion, que ce moyen de prévention ne pouvait être efficacement utilisé qu’en association avec d’autres méthodes, à commencer par le recours systématique au préservatif en cas de rapport sexuel potentiellement contaminant. Un message qui n’est pas simple à transmettre auprès de personnes qui le plus souvent ignorent si elles sont ou non infectées par le VIH. Un moyen de prévention, pas de protection

La question du possible rôle préventif de la circoncision n’est pas nouvelle. Elle repose pour l’essentiel sur le postulat que certaines cellules présentes sur la face interne du prépuce seraient des portes d’entrée privilégiées du virus au sein de l’organisme, lors d’une relation sexuelle.

Sur cette base, et compte-tenu des diverses résistances rencontrées dans le recours au préservatif masculin, des études furent lancées au début des années 2000 pour évaluer le plus scientifiquement possible l’efficacité de cette pratique dans plusieurs pays africains.

En décembre 2006, l’Institut national américain de l’allergie et des maladies infectieuses annonçait qu’il mettait fin prématurément à deux essais cliniques menés en Ouganda et au Kenya après avoir constaté que la circoncision conférait une protection partielle, de l’ordre de 50%, contre l’infection par le VIH. Cette observation confirmait alors les données d’un essai franco-sud-africain (financé par l’Agence nationale française de recherche sur le sida), conduit en 2005, et qui montrait une diminution statistiquement significative des taux d’infection chez des jeunes adultes circoncis.

En mars 2007, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida annonçaient qu’ils recommandaient officiellement la pratique de la circoncision comme moyen de prévention. Les deux organismes insistaient toutefois sur le fait que cette pratique ne protégeait pas complètement et qu’elle ne devait pas remplacer les autres méthodes de prévention. La circoncision pouvait être «proposée» (là où elle n’était pas pratiquée pour des raisons religieuses) quand il existait un taux de séropositivité élevée et où la transmission hétérosexuelle prédomine —soit l’Afrique australe et une partie de l’Afrique de l’Est.

Et l’OMS comme l’Onusida de souligner que tout devrait être mis en œuvre pour mettre en garde les hommes circoncis et leurs partenaires contre «un sentiment erroné de sécurité». Il fallait aussi veiller à ce que ce geste soit proposé et non imposé.

Mais tout le monde ne partageait pas ce point de vue préventif; notamment ceux pour qui la prévention ne peut être fondée sur une mutilation. En juin 2007, le Conseil national français du sida jugeait que la circoncision constituait «une modalité discutable de réduction des risques de transmission du VIH». Il critiquait notamment les modèles mathématiques extrapolant l’impact possible sur l’épidémie d’une politique d’incitation et prédisant une possible diminution d’environ deux millions des nouvelles infections et de 300.000 décès au cours des dix prochaines années.

Il estimait alors que ce type de modèle mathématique ne tenait pas compte «de données sociologiques, anthropologiques ou de la possibilité de reproduire dans la vie réelle des résultats obtenus dans des expériences encadrées».

Un succès confirmé «dans le monde réel»

Pour autant, en mai 2009, le gouvernement du Botswana annonçait le lancement d’un programme visant à circoncire en cinq ans 80% de la population masculine (soit 460.000 hommes), afin de limiter la propagation du sida dans ce pays d’Afrique australe fortement touché par l’épidémie. Cette initiative reposait pour une large part sur les conclusions d’une étude qui venait d’être publiée dans le journal de la Société internationale du sida estimant que dans ce pays, la circoncision d’environ un demi-million d’hommes d’ici 2012 devrait prévenir quelque 70.000 cas d’infection du sida d’ici 2025. Puis, en juillet 2009, de nouvelles études menées dans le district de Rakai en Ouganda et publiées dans The Lancet remettaient tout en en question.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la décision prise par le roi du Swaziland et la publication des résultats présentés à Genève, et notamment ceux de la nouvelle étude conduite sous l'égide de Agence française de recherches sur le sida (ANRS) par l’équipe de l’épidémiologiste Bertran Auvert.

Ce dernier explique avoir voulu confirmer «dans le monde réel» ses observations faites antérieurement dans plusieurs pays d'Afrique noire, et qui avaient conclu à une baisse du risque d'infection de 60% chez les hommes hétérosexuels. L’étude a été menée à Orange Farm, un bidonville de la banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud, où l’infection par le VIH touche 40% des hommes non circoncis (et 45% des femmes) âgés de 35 à 39 ans. La moitié des hommes de ce bidonville (soit plus de 20.000 personnes) ont répondu à une campagne massive d’incitation à la circoncision (interventions radiophoniques ou par haut-parleur, porte-à-porte, affichettes dans les stations de taxis ou les centres de santé...).

Les chercheurs expliquent ne pas avoir observé de différences de comportement sexuel entre les hommes circoncis et ceux qui ne le sont pas: même utilisation de préservatifs (34%), même fréquence de relations sexuelles, même nombre de partenaires... Ces observations sont confirmées par une autre étude réalisée auprès de 2.200 hommes de 18 à 35 ans dans la province kényane de Nyanza.

Les chercheurs français ont d’autre part constaté que dans le groupe des hommes circoncis, le taux d’infection était de 76% inférieur à celui de ceux qui ne l’avaient pas été. Selon Bertran Auvert, les femmes, qui ne sont pas protégées directement par la circoncision de leur partenaire, devraient bénéficier indirectement de la réduction du risque.



«C'est la première fois qu'une étude au niveau mondial montre qu'un programme de prévention entre adultes hétérosexuels marche dans le monde réel», s'est-il réjoui auprès de l'AFP, ajoutant que la circoncision n'intervenait qu'une fois dans la vie, était peu coûteuse (40 euros), et qu’elle était «de plus en plus acceptée socialement». Selon une autre étude conduite par des chercheurs ougandais, la circoncision serait de nature à procurer aux hommes davantage de satisfaction sexuelle.

Pour autant, les termes de l’équation sanitaire n’ont pas varié. Ainsi, plusieurs spécialistes participant à la conférence de Rome ont insisté sur le fait que la circoncision ne pouvait être que «complémentaire d'un autre moyen de prévention». Pas, ici, de loi du tout ou rien.



«Arrêtons de penser qu'un outil de prévention va suffire, a notamment déclaré à l’AFP Françoise Barré-Sinoussi, co-prix Nobel de médecine 2008 pour ses recherches sur la découverte du VIH.



Si on veut diminuer l'incidence de l'infection dans le monde, ça ne va pas être la circoncision toute seule, les préservatifs tout seuls, le traitement comme prévention tout seul: c'est un ensemble, dont font partie aussi l'éducation et la lutte contre la stigmatisation. Il ne faut pas se leurrer, même quand on aura une possibilité de "cure" (rémission), ce que j'espère, même quand on aura un vaccin, ce ne seront que des outils supplémentaires à rajouter dans le circuit».

Devin, Mswati III? En l’an 2000, au sujet des séropositifs, le roi avait cru pouvoir affirmer qu'ils devraient être «marqués et stérilisés». Avait-il prévu, lors de sa harangue du 15 juillet dernier, qu’une semaine plus tard des militants d'associations de lutte contre le sida manifesteraient dans la capitale Mbabane pour demander le maintien de la distribution des traitements antirétroviraux, malgré la très grave crise économique qui frappe ce petit royaume au bord de la banqueroute?

Jean-Yves Nau

http://www.slateafrique.com/83727/ethiopie-eau-benite-medicaments-antiretroviraux-sida

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samedi 3 mars 2012

___AFRICAN ART LEGENDARY La tradition orale en Afrique.. En Afrique, chaque vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle." Parce que pendant longtemps (et encore aujourd’hui) la littérature a été orale,Dogon, peuple mythique du Mali

La tradition orale en Afrique


******* Afrique septentrionale********

"En Afrique, chaque vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle." Parce que pendant longtemps (et encore aujourd’hui) la littérature a été orale, que ce soit pour les contes, les mythes, les généalogies, les chroniques et faits divers...

Le souffle humain

JPEG - 7.4 ko Nuit d’ oralité au Gabon

Pour l’Africain, le verbe est créateur par la parole de Dieu qui est le force suprême, et le souffle humain continue cette création. C’est pourquoi l’écriture a longtemps été repoussée et limitée, bien qu’ayant été introduite il y a longtemps par l’Islam avec l’alphabet arabe, puis par les missionnaires chrétiens avec l’alphabet latin ; et ensuite élaborée avec les propres systèmes d’écriture de l’Afrique noire. De plus, elle était considérée comme moins efficace, n’ayant pas l’appui du "rythme" ni le pouvoir de la parole "retenue", ce silence si bien manié par les narrateurs. C’est ainsi que la tradition orale (même sans l’aide de l’écriture) est aussi riche en contenu et en variété que celle de n’importe quelle autre culture.

On a estimé qu’il existait plus de 250 000 mythes, légendes et contes.

Si cette tradition est moins connue du monde occidental que les autres arts de sa culture, (tel "l’art africain") c’est qu’elle fut peu étudiée et n’a pas connu les mêmes formes de diffusion. Et comme l’oralité découle d’une volonté de communion de l’homme avec les forces de la nature et les forces cosmiques, il a été important en Afrique noire que la tradition orale se soit transmise d’une génération à l’autre, et continue de le faire. Elle est au service de la communauté.

L’art et les clés de la tradition orale D’abord, à la bonne connaissance du langage, le griot (narrateur) doit ajouter l’art : - de l’intonation - de l’improvisation aisée - du maniement des symboles - du sens de la réplique - de la suggestion - et du silence...

On parle de "silence" parce que l’oralité n’est pas que la parole, elle est aussi retenir la parole, c’est à dire ménager des silences subtils et importants qui sont autant d’ombres qui entourent la parole de mystère et qui la valorisent. Ensuite, le griot doit observer 3 éléments-clés de l’expression orale : - le geste : on ne conçoit pas de narration (contes, légendes ou mythes) sans lui. Il prolonge l’intonation. Par ex. le griot peut danser ou mimer une action le moment venu - le chant et la musique : ils soutiennent et structurent la narration - le rythme : il est l’expression de la vie et de la force, source et à la fois effet de l’émotion, ce qui explique pourquoi la vibration rythmée joue un si grand rôle. La puissance incantatoire de la parole scandée, de la danse, du chant et du langage tambouriné rétablit une harmonie qui a pu être rompue par la violation d’un interdit. Le rythme est ordonné dans son déroulement ; le message qu’il communique est celui de l’ordre suggéré par le rythme de la nature, et par les messages des ascendants mythiques à travers les contes, les légendes, les rites verbaux, etc. C’est pourquoi il est souvent répétitif. Ainsi, la parole rétablit-elle l’ordre compromis, par les messages qu’elle transmet et par leur rythme.

"Redire les mots mêmes qui, dans le mythe, ont engendré le monde,c’est renouveler la création elle-même, lui redonner la vie et lui assurer la pérennité. Les mots sont empreints de puissance créatrice, de sacré. Les renouveler, c’est se mettre au cour même du sacré." (G. Granai).

Création de l’émotion L’émotion doit favoriser la participation de l’auditoire, en s’aidant des éléments clés cités ci-dessus.

"L’émotion est aux antipodes du sentimentalisme, c’est comme une force qui vous étreint et à laquelle vous participez. On revient toujours à la participation qui est le sens de la vie. Participer aux mots, c’est participer au jeu des forces vitales qui est l’expression du monde, de Dieu." (L. S. Senghor)

Elle naît au détour d’un mot, dans la vibration du rythme, à travers le symbole qu’utilise le griot. L’auditoire accède ainsi au jeu des forces qui anime l’univers par son être total, corps et esprit liés, sensualité et rationalité, en communion étroite avec les membres du groupe. Elle est un jeu avec les contes, une initiation avec les récits mythiques (dans la saisie des vérités primordiales).

Les narrateurs Dans l’Afrique noire où l’expression orale est reine, quiconque possède l’art (et c’en est vraiment un) de "bien dire", joue un rôle important dans la société. Ainsi les dons des griots (conteurs, musiciens, chanteurs, généalogistes.) sont considérés comme divins alors même que les griots appartiennent traditionnellement à une caste modeste. Leurs connaissances en la matière peuvent être considérables, certains pouvant énumérer par cour des chronologies de royaumes ou de chefferies remontant à 4 ou 5 siècles. Leur art est conditionné par leurs modèles socio-culturels (techniques traditionnelles et influences étrangères), par l’objet de leur narration (jeu, prière.) et bien sûr par le genre (contes, mythes, poésie, etc.)

Communiqué de presse Benasque, mercredi le 7 décembre 2011

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pour la 1ère fois à Bénasque (Aragon-Espagne), la galerie "Out of Africa" présente du 23 décembre 2011 au 26 février 2012 l'art dogon et les "femmes aériennes" de Christophe Sawadogo (Ouagadougou - Burkina Faso).

Parmi les cultures africaines, la culture et l'art dogon (Mali) font partie des plus intéressantes et des plus étudiées. Du 23 décembre 2011 au 26 février 2012, la galerie "Out of Africa" à Benasque (Aragon - Espagne) présente la force de la culture et de l'art sculptural dogon lors d'une conférence et d'une exposition de photos et d'œuvres d'art : "Dogon, peuple mythique du Mali". Une partie des bénéfices de la vente des photos et des œuvres d'art est destinée à l'ONG: "ASED - Association Solidaire Ecoles Dogons". Parallèlement, le peintre Christophe Sawadogo (Ouagadougou - Burkina Faso) expose dans la galerie ses "Femmes aériennes", nous invitant à la méditation. Trônant majestueusement sur la plaine du centre du Mali, la falaise de Bandiagara s'élève à plus de 500 m d'altitude sur une largeur de 150 km. Pendant plusieurs siècles, cette falaise et les régions avoisinantes ont été le territoire du peuple dogon, dont la culture et l'art fascinant sont au centre d'une conférence et d'une exposition de photos dans le Centre des Sciences Pedro Pascual de Benasque et d'une exposition d'œuvres d'art dans la galerie "Out of Africa".

Trente ans de voyages au Mali et au Pays dogon.

Sorella Acosta et son associé Salvador Campillo, deux passionnés d'art, de culture et de voyages en Afrique, ont profité de la fermeture temporaire de la galerie en novembre dernier pour voyager une fois de plus au Mali, à la rencontre du peuple dogon de la falaise de Bandiagara. Installé depuis plus de trente ans à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, Salvador Campillo s'intéresse tout spécialement aux us et coutumes de ce peuple mythique.

Situé au centre du pays, le territoire dogon s'étend entre le fleuve Niger et la falaise de Bandiagara. La population dogon s'élève à plus ou moins 700.000 personnes, bien qu'une partie de la population se retrouve également au nord du Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. Les Dogons vivent majoritairement d'agriculture, surtout de la culture de mil, et sont reconnus pour leur cosmogonie et leur art statuaire bien reconnaissable. Parmi ceux qui s'intéressent à la culture subsaharienne et surtout à la culture d'Afrique de l'Ouest, l'art dogon du Mali est relativement bien connu. En Espagne par contre, la connaissance africaine se limite au Maghreb, en particulier au Maroc et à l'Egypte. Destiné à tous les amoureux d'art en provenance d'autres cultures et à tous les passionnés de voyage, l'exposition et la conférence qu'organise la galerie "Out of Africa" sera sans aucun doute une découverte et une porte d'entrée vers l'Afrique subsaharienne si méconnue mais passionnante.

Un voyage au pays dogon en trois étapes

Dans sa galerie "Out of Africa", Sorella Acosta, expose du 23 décembre 2011 au 26 février 2012 une 100aine d'œuvres d'art en provenance du pays dogon : statues en bois, en bronze et en pierre, en fer noir, figures aux bras levés, maternités, masques utilisés lors des fêtes rituelles, portes de grenier sculptées, échelles, serrures, repose-têtes, tabourets, piliers de Togu-nà….

Statue rituelle Dogon - Bandiagara - Mali - bois

En plus de l'intérêt artistique indiscutable d'une des cultures les plus riches et intéressantes d'Afrique de l'Ouest, Sorella Acosta et sa collaboratrice Tais Vidal, Historienne de l'Art et Gestionnaire de Patrimoine Culturel, replaceront lors d'une conférence le jeudi 29 décembre à 19H dans le Centre des Sciences Pedro Pascual de Benasque (Aragon - Espagne) l'art dogon dans son contexte en donnant de l'information quant aux aspects historiques, culturels et économiques de la région, de sa population et de sa manière de vivre. Une sélection des photographies prises par Salvador Campillo lors de ses fréquents voyages au pays dogon sera exposée dans le hall d'entrée du Centre des Sciences. L'objectif de l'exposition de photos et de replacer cet art dans le contexte de sa culture et de ses coutumes, intégrant la conception d'une culture universelle à facettes multiples. Les photos s'exposent au Centre des Sciences Pedro Pascual de Benasque du 23 décembre 2011 au 3 janvier 2012.

Pueblo Koundou (Dogón - Malí)

Une partie des bénéfices de la vente des œuvres d'art et des photos est destinée à la ONG "ASED - Association Solidaire Ecoles Dogons". L'Association Solidaire Ecoles Dogons (ASED) est une ONG, créée en janvier 2007, ayant comme objectif de procurer les outils nécessaires pour que la population dogon construise elle-même ses propres écoles. L'ASED se charge de faire parvenir de l'aide matérielle mais aussi de la main d'œuvre pour la construction d'écoles dans des villages sans infrastructure mais avec la présence d'enseignants. Depuis 4 ans, l'ASED a aidé à construire 3 écoles dans la région d'Hombori, des références quant à leur architecture et l'utilisation de matériaux régionaux. Ces écoles accueillent actuellement plus de 300 élèves. Des projets de jumelage avec des écoles de Barcelone ont été initiés, proposant des échanges culturels entre les enfants africains et catalans. Les donations provenant de particuliers et d'entreprises aident l'ASED à procurer du matériel scolaire et sportif, des vêtements, des vélos…

Sorella Acosta et son associé Salvador Campillo, très concernés par la problématique des minorités au Mali, ont décidé de dédier une partie des bénéfices de la vente des œuvres d'art dogon et des photographies de la culture dogon aux projets 2012 de l'ASED. Le peintre Christophe Sawadogo (Ouagadougou - Burkina Faso) présente ses tableaux dans la galerie, lors de l'exposition "Dogon, peuple mythique du Mali".

Christophe SAWADOGO - Femmes porteuses d'eau et d'espoir - 2011 Christophe Sawadogo est né en 1972 à Tikaré au Burkina Faso. Il a été formé aux "Arts et Communication" de l'Université de Ouagadougou. Passionné de poésie et de calligraphie, ses premières œuvres furent consacrées aux dessins sur papier, à l'encre de Chine ou avec des crayons de couleur pour créer un univers où flottent des personnages, essentiellement féminins, contés ou rêvés. Parallèlement, il développe sa peinture en lui faisant acquérir une texture "bâtie sur terre", laissant entrevoir des croûtes. En suspendant le regard entre rêve et réalité, son œuvre est une ouverture, une fenêtre sur de nouveaux horizons.

Christophe Sawadogo a participé a des expositions individuelles et collectives au Burkina Faso, au Sénégal et au Mali mais aussi en Europe: en France, en Allemagne, aux Pays Bas, au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Belgique. Par contre, c'est sa première exposition en Espagne.

Aujourd'hui, Christophe SAWADOGO plonge ses pinceaux au cœur des préoccupations sociales immédiates. Dans la série des "Inondations", Christophe Sawadogo relève : "Dans certaines parties du monde, les femmes et les enfants parcourent des kilomètres à la recherche d'eau, tandis que sous d'autres cieux, il suffit d'ouvrir le robinet pour que jaillisse le précieux liquide. L'eau au cœur des inondations, des famines et des grandes sécheresses est une préoccupation mondiale. Source de vie, elle peut dans bien des cas menacer la survie de l'espèce humaine".

Dans ses dernières œuvres "Les immigrés", exposées dans la galerie "Out Of Africa" à Benasque (Huesca-Espagne), Christophe montre des voyageurs clandestins à qui dit-il : "On a mis des bâtons dans les roues." Et il s'explique : "On a tous des rêves orientés vers l'autre, vers un ailleurs nouveau, meilleur. Pourtant, il est plus facile pour l'Homme du Nord de venir visiter le désert et les dunes de sable que pour l'Homme du Sud d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté de l'Océan. Continent que nous connaissons seulement par les livres, les films ou la télévision. Pourquoi cette quête de l'autre se résume-t-elle en enfer pour beaucoup d'entre nous? Et il conclut : "Toutes les routes devraient mener à l'Homme". Les tableaux de Christophe Sawadogo s'exposent du 23 décembre 2011 au 26 février 2012 dans la galerie "Out of Afrique" à Benasque.

Contact presse: Sorella Acosta www.galeria-out-of-africa.com

  • Histoire

La « Libye », d'après la reconstruction du monde décrite par Hérodote

Les vestiges de la présence humaine en Afrique du Nord remontent à 400 000 ans âge attribué aux restes de (l’Atlanthrope) découverts dans les Sédiments du lac préhistorique Ternifine (Tighennif près de Mascara) Algérie. L’Atlanthrope, contemporain du Sinanthrope et du pithécanthrope de Java, dont les ossements ont été retrouvés au milieu des outils de pierre taillée qu’il fabriquait, y a séjourné. Le Temps de l'Afrique du Nord berbère

Les Berbères subsistent dans un immense territoire qui commence à l’ouest de l’Égypte. Actuellement des populations parlant le berbère habitent dans une douzaine de pays africains, de la Méditerranée au sud du Niger, de l’Atlantique au voisinage du Nil. Les autochtones de l'Afrique du nord sont les peuples Berbères et le peuple Copte (Égyptien). Les peuples Berbères sont des peuples parlant tous des langues similaires et ayant peuplé l'Afrique du nord depuis l'ouest de la vallée du Nil aux Iles Canaries bien avant la conquête Romaine.

Le Temps de l’Afrique du Nord blanche

L’« Afrique blanche » désignait autrefois les territoires méditerranéens: Maroc, Égypte, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Sahara Occidental, Libye.réf. nécessaire

Le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas.

Il est certain que les bédouins de la péninsule arabique

- qu'on appelait probablement indifféremment. Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés à l'origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites"1.» Présents dans la péninsule arabique jusqu'au VII e siècle, ils ont alors connu une expansion vers le reste du Moyen-Orient, vers l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique portés par un élan mystique et de conquête guerrièreréf. nécessaire

La Grande Mosquée de Kairouan, fondée en 670 par le général omeyyade Oqba Ibn Nafi, est la plus ancienne mosquée en Afrique du Nord8 ; elle est située à Kairouan en Tunisie.

Arrivée des Phéniciens.

670, l'arrivée des Arabes Omeyyades de Damas pour conquérir le Maghreb ; c'est à cette date qu'est fondée, dans l'actuelle Tunisie, la Grande Mosquée de Kairouan qui représente le plus ancien édifice religieux musulman en Afrique du Nord9,8.

L'arrivée de Idrîs Ier arrière-petit-fils d’Hassan fils de Ali ibn Abi Talib et Fatima la fille de Mahomet. Il se fait reconnaître comme imam par la tribu berbère des Awarba qui l'avaient accueilli et par les quelques Arabes qui l'avaient accompagné dans son exil.

  • Afrique du Nord

L'islam a balayé l'Afrique du Nord très tôt dans son histoire, la propagation à l'ouest de l'Egypte à partir de la 8ème siècle après JC 1 Au début, il a été répandu dans les villes par la conquête, mais une fois que les Berbères nomades ont commencé à se convertir à l'Islam, il s'est propagé à travers leurs contacts dans tout l'Afrique du Nord. 2 Alors que les peuples arabes du Moyen-installés dans les villes, la plupart des zones rurales est resté dominé par les Berbères, dont les traditions et les croyances ont été absorbés dans la pratique de l'islam dans ce domaine.

À partir vers le début du 10ème siècle, religieux régimes islamiques ont commencé à apparaître en Afrique du Nord. Parmi les plus puissants et influents, c'est que des Almoravides. Il s'agissait d'un régime de berbère, en grande partie responsable de la propagation de l'école malékite de la jurisprudence islamique au Maroc. 4 Les Almoravides ont été suivis par une autre dynastie des Berbères, les Almohades. Ce régime répandre l'Islam en Espagne et en grande partie du reste de l'Afrique du Nord. 5 Il a été beaucoup moins de succès, cependant, dans sa tentative de purger l'islam marocain berbère et d'autres influences non islamiques. 6

Au début du 17ème siècle, plus de 90% de la population de l'Afrique du Nord était musulman, surtout à la suite l'islam sunnite. 7 La plupart continuent à suivre l'école malékite, si les Etats peuvent professer le respect officielle à une autre école de la jurisprudence, en tant que résultat d'années de domination ottomane d'une grande partie du monde musulman. 8 Pendant ce temps, les Berbères, les Touaregs et en particulier, un sous-groupe de Berbères, de continuer à pratiquer une version quelque peu syncrétique de l'islam, le mélange de leurs traditions pré-islamiques dans la pratique de l'islam. 9

La lutte pour mettre fin à la colonisation française a eu des effets distincts et importants sur la pratique de l'islam dans la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. En Tunisie et en Algérie, les mouvements indépendantistes nationalistes étaient fondamentalement laïque, même si ils ont travaillé aux côtés de clercs réformistes. 10 En conséquence, les gens qui sont venus au pouvoir après l'indépendance puisent leur légitimité à partir de sources laïques et leurs politiques reflètent cet objectif.

Toutefois, le Maroc a eu un mouvement plus politisé islamiste. L'unité musulmane avait été une cause importante politique au Maroc depuis les années 1930 lorsque la France avait tenté de diviser la population en gouvernant Berbères en vertu du droit différente de celle de la population arabe. 11 Ainsi, l'Islam avait déjà devenu quelque chose d'un outil d'organisation politique, et il a continué dans ce rôle à travers la lutte pour l'indépendance.

Descente



Généralement, la plupart origine nord-Africains trace patrilinéaire, comme cela est généralement prévu dans les pays musulmans. Parmi presque tous les groupes ethniques sédentaires en Algérie et au Maroc, par exemple, la descente est universellement suivre si le père. 12

Parmi les cultures pastorales et semi-pastorale, cependant, il ya plus de variation. Bien que presque tous les Berbères retrouver leur famille patrilinéaire, un sous-groupe de Berbères, les Touaregs, ne dispose pas d'un modèle de descente constante. Certains tracent leurs familles patrilinéaire, mais quelque 80.000 Touaregs retrouver leur famille et d'hériter de la position sociale par le biais de la mère. 13

  • Arrangements conjugaux


Pendant la plus grande d'Afrique du Nord, la polygynie est autorisée et, essentiellement, accepté, mais rarement pratiquée. Cependant, la pratique varie entre et au sein des différents pays.

En Algérie, la polygamie est pratiquée, mais rarement. Une étude réalisée dans les années 1950 a montré que seulement 2% des hommes musulmans avaient plus d'une femme. 14 En dépit de sa rareté, il reste un problème important. Une étude réalisée plus de vingt ans plus tard, à Alger a révélé que près 2/3of des femmes étudiées voulaient des changements dans les lois relatives au statut personnel, y compris l'abolition de la polygamie. 15

Informations sur la polygynie en Egypte suggère qu'il existe des différences énormes dans les pratiques des différents groupes socio-économiques. Dans l'ensemble, la polygynie ne semble pas être largement pratiquée. En début des années 1950, 8% des hommes musulmans égyptiens étaient polygames. 16 Il ya des secteurs de la société où la polygynie a continué d'être courante, cependant, tels que les traditionnels, les zones de la classe ouvrière du Caire. 17 Il est également une indication que la polygynie est devenue plus commune dans les années 1970, probablement en raison de la migration économique motivés, qui à la fois apporté en argent, ce qui rend une seconde femme plus abordable, et empêché les gens à se déplacer. 18

En 1979, le gouvernement a adopté un paquet de réformes à caractère personnel loi sur le statut, y compris une limite sur la polygamie qui a accordé à une femme le droit à un divorce si son mari a pris une seconde épouse sans son consentement. 19 Cependant, cette loi n'a pas été appliquées de manière cohérente et les réformes de 1979 ont été déclarées inconstitutionnelles en 1985. La loi finalement adoptée au sujet des limites sur la polygynie ne pouvait voir qu'une femme de divorcer de son mari pour prendre une seconde épouse si elle pouvait prouver qu'elle a subi "un préjudice moral ou matériel» à la suite. 20

Au Maroc, la polygamie est pratiquée, mais rarement. 21 Une pratique plus courante est la monogamie en série, pratiquée par les hommes et les femmes. 22

La polygamie en Libye a été pensé pour être en train de disparaître dans les années 1970, mais continue d'être pratiquée à l'occasion. 23 La polygamie n'est officiellement autorisé si les consentements première femme, et le mari est à la fois saine et suffisamment riche pour être en mesure de soutenir les deux femmes. 24 Il n'est pas clair ce que ces limitations légales sur la polygynie signifie dans la pratique.

En Tunisie la polygamie est illégale depuis les années 1950 et il n'y a aucune indication particulière qu'il est pratiqué en dépit de la loi.

Mariages privilégiés et des interdictions



Dans une grande partie d'Afrique du Nord, il ya une préférence générale pour le mariage entre les enfants de deux frères, avec les cousins ​​en jouant un rôle mineur dans le choix d'un partenaire dans le mariage. Comme avec d'autres aspects de la pratique matrimoniale c'est à la fois pas une préférence universellement, il n'est pas toujours la réalité.

La société algérienne favorise le mariage à un cousin parallèle paternelle (enfant frère du père de). 25 Cependant, une étude réalisée dans les années 1970 a révélé que c'était l'un des aspects de droit de la famille et de la tradition que presque 2/3 des femmes d'Alger interrogées voulaient changer. 26

En Egypte, dans le passé et probablement encore dans les zones rurales, le père d'une fille a choisi son mari pour elle, souvent un cousin, et elle avait peu à dire en la matière. 27 Cela semble être changer avec des niveaux plus élevés de l'éducation pour les filles et les femmes. Une étude a montré que chez les femmes ayant de 6 ans ou plus de l'éducation, les femmes jouent un rôle dans le choix de leurs maris. 28

Tout au long de Maroc, le mariage d'un cousin paternel parallèle est commun. 29 Il semble que ce modèle de mariage a particulièrement fort soutien parmi les classes supérieures et dans les villes conservatrices, plus âgés et les villes. 30

En Libye, le mariage de cousins ​​germains est acceptable, mais il est difficile de savoir si elle est particulièrement préférée à d'autres mariages. 31 Que ce soit pour un cousin ou non, une fille peut être mariée par son tuteur sans avoir aucune entrée dans la décision. 32 Si son premier mariage ne ​​fonctionne pas, une femme aura plus de possibilité de choisir maris ultérieures. 33

Bien que de nombreux Berbères permettre les mariages entre cousins ​​germains, les Touaregs refusent toute forme de celui-ci. 34

Âge du mariage



Tout au long de la région, la loi limite l'âge minimum du mariage à environ 16 pour les filles. Cependant, souvent, les filles sont mariées plus tôt que les limites légales, juste attendre l'âge légal d'enregistrer le mariage. C'est souvent le cas en Algérie par exemple. 35

L'un des principaux facteurs de l'âge du premier mariage d'une fille est de savoir si elle vit dans une zone urbaine ou une rurale, âge, le mariage à venir plus tôt pour les filles dans les zones rurales. Par exemple, les filles rurales au Maroc souvent se marient entre les âges de 10 et 14. 36

Une autre différence d'âge au mariage est la situation économique d'une famille. En Egypte, par exemple, une jeune fille des classes moyen-inférieur est susceptible de se marier très jeune, et son mari sera probablement de nombreuses années plus âgé qu'elle, que ses parents veulent être assurés qu'il serait un bon fournisseur. 37 Parmi les Égyptiens de classe moyenne supérieure, d'autre part, il ya une préférence croissante pour les mariages plus tard, avec les futurs époux se connaître et de choisir de se marier basée sur l'amour plutôt que des alliances de famille ou la capacité à fournir. 38

Les informations disponibles sur dot en Afrique du Nord est quelque peu limitée, il semble que ce n'est pas universellement donné, pas plus qu'il ne appartiennent toujours à la même personne une fois qu'elle a été donnée.

Traditionnellement en Algérie, une épouse toujours reçu un prix de la fiancée. Tout ce que le couple possédait autre que le prix de la fiancée appartenait au mari. Le prix de la fiancée, cependant, appartenait à la femme, et elle l'a gardé même dans le cas de divorce. 39 Ceci est en contraste direct avec la pratique en Egypte, où les femmes divorcées doivent retourner la dot.

Au Maroc, si oui ou non une femme reçoit une dot lors de son mariage dépend en grande partie sur sa classe sociale. Les femmes issues de familles riches reçoivent habituellement une dot, bien que certains ne le font pas. 40 les femmes des classes inférieures et les femmes dans les zones rurales souvent ne reçoivent rien. 41 Cependant, dans un village berbère au Maroc, les gens disent que dot est nécessaire et il n'ya pas de mariages où la femme ne l'ont pas reçu. 42

Appels tradition libyens pour un prix de la fiancée qui est donné à la fois à l'accord de se marier, plutôt que d'une partie étant donnée à l'accord, une partie au mariage lui-même, comme cela est courant ailleurs. 43



Le divorce est commune en Afrique du Nord.

En général les hommes ont plus de droits dans le lancement d'un divorce, mais les femmes ont des façons informelles de sortir d'un mariage malheureux. La question de savoir qui conserve la garde des enfants après un divorce varie à travers la région, avec des hommes ayant souvent le droit, mais pas nécessairement l'envie de garder leurs enfants avec eux après un divorce.

En Algérie, le divorce est tout à fait commun. 44 Les femmes ont certaines protections, au moins d'être répudiée par son mari sur l'éperon du moment. Le divorce, pour être légal, doit être effectuée devant un tribunal. 45 Après un divorce, le père a droit à la garde des enfants, si l'on ignore à quel âge les enfants peuvent être enlevés à leur mère. 46

En Egypte aussi, le divorce est un événement régulier et il y avait une augmentation du taux de divorce à partir des années 1970. 47 Les hommes ont plus de droits en cas de divorce que les femmes. Cependant, comme en Algérie, le divorce doit être effectué dans un tribunal. 48 L'une des différences en matière de droits en cas de divorce, c'est que les hommes peuvent demander le divorce pour essentiellement une raison quelconque, si il doit y avoir une raison quelconque, car il doit être déclaré à l'audience. Que l'exigence d'avoir une procédure de divorce menées au tribunal est considéré comme une protection importante des droits des femmes est clairement démontré par le fait que l'un des 1979 des réformes du droit personnel était qu'une femme a dû être informé lorsque son mari a divorcé. 49

Les femmes d'autre part, peuvent demander le divorce que dans certaines circonstances limitées. 50 Néanmoins, au moins un écrivain sur l'Egypte a décrit les femmes comme étant en mesure d'obtenir un divorce avec "une relative facilité." 51 Cependant, peu de femmes cherchent à engager un divorce, peut-être en partie parce que les femmes divorcées qui vivent seules sont socialement stigmatisés. 52

Après un divorce, les enfants égyptiens, traditionnellement restés avec leur mère jusqu'à l'âge de 9 ans pour les garçons, 12 pour les filles, époque à laquelle ils vont vivre avec leur père. Maintenant, ils restent généralement avec leur mère jusqu'à ce qu'ils atteignent la puberté ou même plus tard, et puis aller à leurs pères. 53

Au Maroc, en particulier dans les petites villes, le divorce est chose courante. Dans une ville, la moitié de tous les mariages se terminent par un divorce. 54 Un homme a le droit unilatéral de divorcer de sa femme, alors que la femme ne peut pas faire la même chose à son mari. 55 Officiellement, un divorce doit être enregistré auprès d'un tribunal, si il n'est pas nécessaire que le mari d'expliquer pourquoi il est divorcé de sa femme. 56 En outre, l'exigence que le divorce soit déposée à la cour peut être un peu trompeuse, car de nombreux mariages ne sont pas toujours enregistrés auprès de l'Etat, ce qui signifie que le divorce dans de telles situations ne peuvent être enregistrés soit. 57

Après un divorce, une femme retourne généralement à la maison de son père. 58 Parfois, les femmes ne le font pas, choisissant plutôt de vivre en tant que «femmes libres», peut-être, y compris d'avoir des relations sexuelles avec des hommes en dehors du contexte du mariage. 59 Bien qu'il n'y ait qu'une ligne fine entre les femmes qui choisissent de vivre de cette façon entre les mariages et les femmes qui sont essentiellement non nubile, il semble que ces femmes restent dans le courant dominant de la société et peuvent se remarier. 60

Quant aux enfants, après un divorce, l'ex-mari a le droit de garde des enfants. Cependant, souvent, ils ne prétendent pas les enfants après un divorce. 61

En Libye, le divorce est répandu et qui peut être fait simplement par la répudiation. 62 Bien que les femmes ont peu de droits de demander le divorce, ils peuvent, et ne semblent, presser leurs maris à l'octroi d'un divorce. 63 Il ya peu, le cas échéant, la stigmatisation sociale attachée au divorce, que ce soit pour l'homme ou la femme. 64 Alors que les femmes divorcées de se remarier assez facilement et beaucoup de désirs de faire, il semble que certaines femmes ne cherchent pas à se remarier, préférant rester seule. 65 Ceci suggère que la société accepte la présence d'un certain nombre de divorcées, les femmes célibataires.

Après un divorce en Libye, les enfants appartiennent à leur père et de rester avec lui, sauf si elles sont très jeunes. 66

Loi sur le divorce tunisien accorde des droits égaux aux hommes et aux femmes en termes de lancement d'un divorce. 67 Divorces doit être effectué dans un tribunal, et le juge doit interroger les deux parties sur leurs raisons pour mettre fin au mariage. 68

Purdah et l'isolement



Peu de généralisations peuvent être faites sur les femmes d'Afrique du Nord. Certaines femmes sont entièrement couvertes, d'autres ne respectent pas les codes vestimentaires islamiques du tout. Certains sont strictement isolée, d'autres se mélanger librement avec les hommes. Une tendance était claire, cependant, dans la suite de l'indépendance des décennies. Dans une grande partie d'Afrique du Nord, les femmes qui n'avaient pas choisi de porter un voile a commencé à le faire. Ce fut apparemment un signe extérieur de s'accrocher à la culture locale ou nationale, en particulier l'adhésion à l'Islam, et un rejet d'au moins les aspects de la culture occidentale. 69

Les femmes algériennes ont toujours été très à l'écart des hommes, en séjournant dans la maison, sauf pour les courses nécessaires. 70 Ces dernières années, la solitude peut-être moins, mais les sexes sont encore largement séparés, avec des femmes souvent rester à l'intérieur et autour de la maison et les hommes étant en public. 71

Jeunes filles algériennes commencent à être conscients de la nécessité de la modestie tout à fait jeune, couvrant les bras et les cheveux, même en face de leurs pères. 72 Ils continuent de se couvrir pendant leur jeunesse, et jusqu'à ce qu'ils ont eux-mêmes fils qui se sont mariés. 73 À ce stade, ils ont plus de liberté d'être en moins les préoccupations du public, non accompagnés et sur ​​la modestie. Bien qu'il ne semble pas que l'Algérie a eu une période dans le 20e siècle, lorsque les femmes arrêté de porter de couvre-chefs, et donc le port du foulard n'a pas eu la renaissance même il l'a fait dans plusieurs autres pays, il ne deviennent fortement politisée au cours de la lutte pour l'indépendance. 74

En Egypte, de nombreuses femmes avaient cessé de porter le foulard, en commençant dans les années 1900. 75 Cependant, les femmes ont à nouveau commencé à se couvrant depuis les années 1970, en particulier parmi les classes instruites et professionnel. 76 Comme ailleurs en Afrique du Nord, à la suite des règlements vestimentaires islamiques est considérée comme soutien à la culture autochtone et, selon un chercheur, affirmant que les choix peuvent être faits quant aux parties de la culture européenne devrait être adopté. 77

Toutefois, cela ne devrait pas être lu à-dire qu'il n'ya pas de variations en Egypte. Les femmes dont les familles ont vécu dans les quartiers populaires du Caire pour les générations, par exemple, se couvrir, mais avec des robes noires extérieures laissé un peu ouvert pour montrer les robes colorées en dessous. Les robes extérieures sont serrés à la taille de flatter la figure de la femme, et permettent souvent bras d'une femme d'être vu. 78 Ces femmes interagir régulièrement avec les hommes en public. 79 D'autre part, les femmes qui sont relativement nouveaux au Caire sont beaucoup plus attentifs à se couvrir. 80 Les nouveaux arrivants au Caire accepter moins d'interaction entre les hommes et les femmes. 81 Les classes moyennes supérieures permettent une interaction beaucoup plus forte chez les hommes et les femmes, au point même que certains jeunes ont commencé à se fréquenter. 82

Dans les petites villes et les zones rurales de la Libye, peu de femmes se couvrent. Dans ces endroits, il est inhabituel pour une femme de se heurter à un homme inconnu, et quand elle le fait, elle couvre tout simplement son visage avec ses mains ou détourne la tête, tout en parlant avec l'homme. 83 Il n'est pas clair si la plupart des femmes libyennes dans les zones urbaines sont préoccupés par les prescriptions islamiques de modestie.

Au Maroc, pour les classes instruites et professionnel portant un couvre-chef ou non est un choix d'une femme, apparemment avec moins des implications politiques vus en Egypte, la Tunisie et l'Algérie. 84 Parmi les plus traditionnels, les secteurs riches de la société urbaine, les femmes sont maintenues isolée et bien couverts quand ils ne sortent. 85 Dans la campagne et dans les petites villes, les femmes sont généralement un peu plus libres de sortir en public, mais cela dépend en grande partie sur la situation économique de la famille. 86 Les jeunes femmes mariées dans des domaines tels sont souvent libres de sortir avec d'autres jeunes femmes mariées, sans être accompagné par un mâle. 87

Parmi les différents groupes berbères, il ya des variations distinctes. Dans un village berbère, la ségrégation des sexes est assez stricte. Il existe différents dortoirs pour les hommes et les femmes et les filles sont largement rester à la maison à partir du moment où ils atteignent la puberté. 88 En termes de tenue vestimentaire, les femmes ne Jbala se couvrir la tête avec de grands chapeaux de paille. 89 Les Touaregs ne semble pas suivre la prescription commune islamique pour robe du tout: les hommes gardent leurs têtes couvertes de foulards grandes, alors que couvre-chefs sont moins importants pour les femmes.

Droits de succession et les terres




Bien que l'information est un peu rares, il semble que certaines femmes en Afrique du Nord héritent selon les actions énoncées dans le Coran. Néanmoins, de nombreuses femmes héritent moins, si quelque chose, laissant les femmes dans un état ​​quelque peu précaire.

En Egypte, il est reconnu que, selon le Coran, les femmes sont censées hériter de la moitié autant que les parents masculins du même degré de relation avec la personne décédée. Cependant, souvent les femmes n'héritent de rien de leurs parents, une pratique justifiée par la femme étant en mesure d'utiliser la terre de son mari. 90

Lorsque les femmes égyptiennes faire propre terre, soit par héritage ou par achat, ils trouvent des moyens pour protéger leur droit de propriété. Une femme peut limiter l'accès de son mari dans son pays, soit par légalement posséder en son nom seulement ou en le transférant à un de ses frères. 91 De telles pratiques montrent que les femmes sont préoccupés par le maintien de contrôle sur leurs terres après un divorce ou le décès du mari.

Les femmes marocaines qui viennent de familles de la classe supérieure dans les villes en général hériter selon les prescriptions coraniques. Dans la campagne, cependant, les femmes reçoivent souvent moins que leur part. 92

Conclusion



Parmi les populations urbaines d'Afrique du Nord, deux tendances générales sont reconnaissables. À partir bien avant l'indépendance, il y avait une tendance à abandonner certains aspects du droit islamique de la famille. Dans plusieurs pays, la polygamie semble être la sortie en fondu, et il a même été interdit au Maroc. Le divorce par répudiation a été limitée dans la plupart d'Afrique du Nord, en exigeant que quelques inscrire leur divorce dans un tribunal. Les femmes dans la plupart des villes d'Afrique du Nord semblait être le choix de ne pas se couvrir. Certaines femmes ont commencé à exiger un rôle dans le choix de leurs maris, plutôt que d'épouser un cousin dans un mariage arrangé.

Toutefois, certains de ces changements ont ralenti, voire inversé. La polygamie a augmenté dans les années 1970 en Egypte, probablement en raison des changements économiques. Les femmes ont pris le voile à nouveau en nombre sans cesse croissant, de l'accepter comme un symbole de la valeur qu'ils accordent à leur propre culture.

Dans le même temps, les cultures rurales et nomades en Afrique du Nord montrent peu de signes de changement, tout en conservant les aspects du droit islamique de la famille qu'ils ont toujours suivis, en rejetant ceux qu'ils ont toujours rejeté.

'' http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en%7Cfr&u=http://www.law.emory.edu/ifl/region/northafrica.html''

5 juillet 2007 Mallendi un nganga (tradipraticien) gabonais

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Mr Nzamba Hermann (alias Mallendi) Je suis né le 18 juin1980 à Libreville au Gabon.

Dans ma famille, beaucoup sont initiés au Bwiti et mon grand-père fut un grand maître initiateur. Depuis mon enfance, je » baigne » dans le Bwiti. J’ai reçu ma première initiation à l’âge de 7 ans par mon grand-père qui m’a alors permis d’avoir un premier contact avec cette civilisation pygmée.

Depuis mon enfance, je vis entre tradition et modernité : J’allais à l’école et pendant les vacances, je vivais avec mon grand père dans la forêt avec les pygmées qui sont les des savoirs. J’ai rencontré Nathalie Moulin, une danseuse afro contemporaine. elle m’a sollicité pour jouer dans plusieurs de ses spectacles. Je jouais les tam-tams et l’arc en bouche.

En juin 2001, je suis venu vivre à Paris. Là, je me baladais partout avec mon arc à musique et certaines personnes pensaient que c’était un arc à flèche. Ils me disaient " c’est pour quoi ? pour tuer les oiseaux ? " et je répondais « non c’est pour imiter les oiseaux ». Un jour, je passais devant une boutique d’objets d’art africain dans le vingtième arrondissement de Paris ; je suis rentré dans cette boutique pour demander simplement s’ils organisaient des soirées de musique africaine. Ils m’ont répondu : oui ! on l’ fait mais nous connaissons déjà toutes les musiques d’Afrique ». J’ai répondu : « non ! je ne crois pas que vous connaissez déjà tout » et je leur ai demandé « quelles sont les musiques africaines que vous connaissez ? ». « Le djembé, les balafons, etc.. « Je leur ai demandé « connaissez-vous le moungongo ? », ils m’ont répondu : " c’est quoi le moungongo ? », « l’arc en bouche » ai-je dit, « mais c’est quoi l’arc en bouche ? » . Je leur ai dit que c’était un instrument de la tradition pygmée du Gabon. « ha bon ! à quoi ça ressemble ? ». je leur ai montré l’arc et leur ai fait une démonstration, ils ont tout de suite eu envie d’organiser un spectacle avec moi.

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Ensuite, je me suis produit à Libourne dans un spectacle de musique et des contes traditionnels. Puis, je me suis produit au festival des nuits atypiques à bordeaux Langon dans le petit village, à St Denis (93), au Vert le Petit, et encore dans les soirées littéraires à Paris et dans des vernissages pour des expositions de peinture. Les instruments de musique traditionnelle du Gabon Tout d’abord, je vais vous donner l’historique de l’instrument appelé moungongo (arc en bouche). C’est un instrument très ancien qui existe depuis des millénaires dans les civilisations pygmées du Gabon. C’est un instrument sacré utilisé essentiellement dans les cérémonies des rites traditionnels du Bwiti. Le Bwiti est une tradition ancestrale issue des pygmées qui s’est transmise de génération en génération. Les cérémonies Bwiti sont consacrées en général à la guérison avec les plantes. Les guérisseurs, appelés les ngangas travaillent toujours accompagnés de cet instrument.

Il est fait de matière végétale et est composé d’un bois plié en forme de demi-lune, tendu par une liane qui fait la diagonale. Pour faire raisonner l’instrument, on utilise une tige de paille à la main droite et une cale en bois dans la main gauche pour construire les notes. Ensuite, la bouche fait caisse de résonance. Les vibrations dégagées par cet instrument de musique sont thérapeutiques. Les sons de cette musique ont des vertus hypnotiques qui permettent à la personne qui l’écoute d’être dans une vibration stable, et qui développent un bien-être au niveau physique et psychologique. Avec cet instrument, on peut chanter en même temps qu’on le joue, et cette musique se danse. Les pas de danse sont issus de la nature ; selon les pygmées, chaque pas de danse représente un animal bien précis. Au Gabon, lors des rituels d’initiation, le moungongo accompagne l’initié dans son voyage mystique tout au long de la cérémonie en continue, jusqu’au lever du petit matin où le ngombi prend alors le relais.

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Qui est le Ngombi ? Ngombi, c’est la harpe.

C’est un instrument à huit cordes issu de la tradition pygmée du Gabon, sculpté en bois au corps de femme appelée " Ma Ngombi ". A chaque cérémonie, ces deux instruments ne manquent pas : le moungongo joue la nuit et Ma Ngombi joue la journée. Elle est en contact direct avec le soleil. Lorsque le novice initié est dans son voyage pendant la journée, il est indispensable que la harpe joue pour son bien-être. Les vibrations de l’instrument vont apaiser et accompagner l’initié dans son voyage de jour.

La harpe représente la déesse mère de la forêt qui vient pour bercer les enfants du village.

C’est un instrument sacré à huit cordes. Elle s’appelle la harpe pour sa ressemblance à la harpe française. Culturellement dans les villages, les anciens jouent la harpe autour du feu en racontant des histoires et des contes aux jeunes.

L’histoire de la harpe dit que si elle est la déesse mère de la forêt, c’est parce que c’est une mère qui a perdu son enfant et qui est partie à sa recherche dans la forêt. Pendant des jours et des nuits, des années et des lunes, elle ne cesse sa recherche. Une nuit, la lune vient à sa rencontre lui apporter un message. La femme s’appelait Maroundou et elle entendit une voix provenant de la chute l’appeler par son nom. Elle suivit cet appel jusqu’au bord de chute puis traversa les eaux de la chute jusqu’à une grotte. Une sirène vivait dans cette chute. Elle fit boire à Maroundou une potion magique qui lui permit de remonter dans le temps et de voir la disparition de son fils.

Pendant ce temps, la sirène s’était transformée en déesse à huit cordes pour accompagner le voyage de Maroundou de son chant. Revenue de son voyage, la sirène était partie, mais sur le rocher, il y avait une harpe sculptée au corps de femme. Elle sortit de la grotte avec la harpe, et fut accueillie par une tribu pygmée qui l’attendait avec son fils.

{Interview de Savoir d'Afrique)

http://www.culturegabon.com/archives/traditionsritescroyances/index.html

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dimanche 7 mars 2010

____Un "Noir" qui asservit ses frères des tribus voisines pour les vendre aux marchands d'esclaves, ou Si le grand M@ître "blanc" manie le fouet aussi bien que le verbe et l'humour, l'homme doit s'estimé heureux

Celui qui réduit l'un ou l'autre a une généralité...

Entre l'homme "Noir" et l'homme "Blanc", un "Noir" qui asservit ses frères des tribus voisines pour les vendre aux marchands d'esclaves, ou un blanc qui milite contre l'esclavage ?

Depuis la nuit des temps, il n'y eu qu'une seule race d'homme, la race Humaine, cela dit, il y a eu plusieurs peuples. L'homme blanc n'a pas toujours dominé l'homme noir!! Cela s'est fait dès lors, qu'il y a eu des invasions, pour ainsi dire sauvage et brutale!!! L'homme noir est de nature pacifiste et généreux, ce qui n'était pas le cas de l'homme blanc, à en croire l'histoire!!! La Cruauté est sûrement Contagieuse! Mais c'est le passé!!! Il est temps d'en tirer des leçons et d'essayer de faire en sorte que le monde devienne juste pour tout un chacun!!!

Il y a des horreurs qui ont été commise : Guerre mondial, bombe atomique, génocide, camps de concentration torture, esclavage, guerre de religion ou ethnique ect. En bref, l'homme est mauvais tout simplement

En matière de cruauté, il n'y a pas de race qui l'emporte sur une autre. Quelle que soient sa couleur et son courant de pensée, l'être humain est partout le même lorsqu'il s'agit de faire souffrir ses semblables, de les rabaisser, de les dominer, etc... La cruauté a bien des couleurs, mais c'est toujours la même chose, dans le fond.

Si l ' homme blanc a fait le fouet , le fouet n ' a-t-il pas fait l ' homme noir? En effet le fouet manié avec dextérité et promptitude par le divin homme blanc n ' a-t-il pas fait sortir l ' homme noir de son animalité pour lui donner son statut d ' homme ? Il y a 2 mois Détails supplémentaires @ **** l ' extrême droite : sans l ' apport du fouet qui a civilisé tes ancètres , tu ne serais pas a l ' instant devant ton ordinateur bien au chaud mais dans la brousse avec un lion aux trousses !

@ JIL : pourquoi ?

@ Augustin Dadiani : mon fouet n ' a rien a voir avec le fouet d ' une mascarade sado-masochiste car mon fouet est celui du civilisateur qui extirpe d ' un grand coup sec les populations primitives de leur arriération séculaire pour les amener vers les plus hautes sphères de la civilisation !

@ L ' Africain : Balivernes ! Sans l ' homme blanc vous seriez toujours a la préhistoire !

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lundi 11 janvier 2010

______Lorsque la maison du voisin brûle, il faut accourir pour éteindre le feu. Mais lorsqu’on balaye sa maison, on doit éviter aussi de jeter la saleté dans la cour du voisin.

...Lorsque la maison du voisin brûle, il faut accourir pour éteindre le feu. Mais lorsqu’on balaye sa maison, on doit éviter aussi de jeter la saleté dans la cour du voisin.C’est la meilleure façon d’être certain qu’on peut compter sur la bonne volonté de ce dernier qui ne manquera pas de remarquer ces signes de courtoisie emprunt de respect.

Si le long règne du Maréchal Mobutu n’a pas été favorable en terme de croissance économique, et de partage, on doit toutefois s’accorder sur quelques beaux souvenirs et reconnaître que c’était un ère de la paix, sur toute l’étendue du pays, territoire de l’hospitalité sauf dans ces deux régions problématiques de l’heure où la cohabitation des ethnies a été caractérisée d’affrontements sanglants. Autant dire que les raisons de ces conflits sont connues de longues dates et malheureusement peu ou pas beaucoup de nos compatriotes ont compris à l'heure ce de quoi il a été question. Les visées et mobiles de ces conflits ont en tout temps été contraires aux lois de notre pays. Tant et aussi longtemps que nos frères tutsis qui se reconnaissent d’abord et avant tout comme rwandais ne reconnaîtront pas que l’ensemble du peuple congolais les a toujours compté dans l’ensemble, elle doit aujourd’hui aussi se réveiller devant ce constat et assumer devant l’histoire que c’est elle qui manoeuvre le frein à la paix et le développement de ce peuple avec lequel il a intérêt à fraterniser et à être fier. Ce n'est que par ce geste et ce regard lucide qu'elle comprendra la nécessité d'enterrer une fois pour toute la hache de guerre.

J’étais enfant et je me souviens comme si c’était hier que mon premier ami était tutsi et son nom est Buzizi Sesonga…s'il a porté un petit nom chrétien, je dois l'avoir oublié dans le courant qui a zaïrianisé tout le monde. Azarias Ruberwa, Laurent Nkunda, et tous les autres qui méprisent les congolais, portez-vous un vestige de la Zaïrianisation? Cette courte anecdote brille de simplicité et nous revèle beaucoup en même temps. Je suis parti d'une spontanéité de souvenir d’un nom d'ami d'enfance après plus de trente ans, et j’espère que personne dans cette conférence ne doutera de mon témoignage et que ce mot demande qu’on lui accorde une attention particulière. Salutations fraternelles à ce bonhomme où qu’il soit à travers le monde actuellement. S'il n'est plus en vie, que son âme repose en paix. Je ne dirai pas que sa famille était friande de cette proximité et qu’est-ce que je m’en foutais... Il n’a jamais mis le pied chez moi. J’ajouterai que mon premier amour était une grande belle fille qui se penchait pour m’embrasser, très grande en fait, vous comprenez. J'essaie d'éviter les nommenclatures tribalistes et j'epère que ce sera les dernières fois que je nommerai par tutsi, toutes ces belles personnes que j'ai aimé. C'est cela, je viens de le dire, je l’aimais et c’est tout ce qui comptait. Salut Gertrude où que tu sois ma belle amie et que la paix t'accompagne. Et pour conclure ce chapitre, la mère de ma fille n’est plus, elle est décédée à Kigali après avoir été sauvée par les mains tendues des voisins à Goma au cours de la folie des hommes et la haine de l’autre en 1994. D’autres précisions ? Je ne suis pas une exception de la société congolaise pour affirmer que cette haine importée est maintenue artificiellement par les éléments connus au solde d’autres intérêts aussi connus et pour des plans qui sont déconnectés du besoin du peuple congolais de recouvrer la paix. Ils doivent et tout ce qu'ils méritent, c'est d'être identifiés. C’est en pensant à tous ces enfants nés à l’extérieur du continent et qui cherchent leurs repères que je m'enferme dans la tristesse chaque fois que je lis la descente aux enfers programmée par les mêmes que j'ai aimé véritablement comme des frères et des soeurs. La belle jeune fille née de cette rencontre avec la femme tutsi a vingt ans maintenant et elle a hâte de voir la terre de ses ancêtres. Je ne veux pas qu’elle soit tutsi ou quoi que ce soit de réducteur qui grefferai sur elle des histoires de haine, des histoires de peur et d’exclusion. Elle est dans ces propres termes d’abord fier d'être africaine et je salue cette vision inclusive qu’elle porte dans ses principes. C’est un peu grâce à elle que je me suis attardé à cette Afrique multiple que nous avons tendance à confondre et peut être en ce sens, notre frère tutsi a passé beaucoup de temps à se vouloir si différent, qu'il a ignoré, ensuite renié son hôte d'hier, le frère et soeur congolais. Il l'a exprimé trop souvent jusqu'à lasser, avec moults détours que nous étions très différents, ce que nous avons peut-être refusé. Grand de taille, certes, mais jamais supérieur comme s'est leuré le colon. Ce qui est pitoyable, c'est que, c'est justement sous ces lunettes déformants du colonisateur que des petits insultes sont devenues des coups de canon. Le congolais ne sais pas feindre. L’a-t-il montré à son frère tutsi ? Certainement, car chaque fois que le premier a dit oui, le second a dit non. Une contradiction systématique entre frères qui se sont amusés à se narguer ? Ce n’est malheureusement plus que cela… c’est désormais des grands coups de griffes, ponctués des ôte-toi de là que je m’y mette pratiqués depuis l’hécatombe de 1994. Comme inspiration, il fallait chercher ailleurs. Tous ceux qu'ont fui le Rwanda depuis 1959 ont pris la route vers le Congo, le réfuge. Qu'on ait au moins la noblesse de reconnaître ce fait. Contrairement à cet acceuil, c’est la philosophie de la terre brûlée que pratique certaines personnalités dont l’influence est supposée contribuer à apaiser les esprits. Qu’ils soit vexés d’être nommés, je parle d’ Azarias Ruberwa, et d'autres, le porte étendard de cette négation du frère congolais. Aujourd'hui, beaucoup se découvrant fragilisés dans leur âme, ont crié à l'ingratitude et nos frères tutsi ont retorqué en criant à exclusion.

Le sophiste avocat pasteur soufflant chaud et froid et qu’il plaise de vous dévoiler au peuple et au monde, à ceux qui ignorent les visées de vos accusations lapidaires, vous qui êtes un homme intelligent, trahissez chaque jour ces frères et soeurs qui profiteraient à se rapprocher au lieu de se haïr. Vous avez ommis de lire une indice Monsieur...les peuples opprimés figurent parmi les plus pauvres de la société. Cette logique contredit toutes vos histoires colportés en occident pour crier au feu après que vous l'ayiez allumé. La communauté tutsi compte parmi les mieux nantis au prorata de la population congolaise, jusqu'à l'étranger par le simple fait du refus de ce groupe à se fondre dans l'ensemble congolaise. Les relations d'intérêts étant privilégiés aux rapports véritablement familiaux gardent ainsi soudés les liens des possédants tout en s'assurant de garder les non membre de l'etnie à l'écart du groupe. Le petit nombre fait le reste et il devient ainsi aisé de partager les influences, jusqu'à tout récemment et par le passé, l'expression non voilée des visions hégémoniques visant d'abord les terres et ensuite, la richesse cachée en dessous.

Nous cherchons la paix et si vous êtes celui par qui nous la perdons, sacrifiez-vous, et en homme de Dieu tel que vous osez vous présentez, vous ne perdrez rien à avouer vos mensonges et peser les conséquences de vos manoeuvres d'intoxications qui ont su plus que n'importe quelle intimidation faire peur à nos frères et soeurs tutsis. Mêmes procédés, mêmes résultats.

Les congolais sont avisés, ils doivent faire extrêment attention car personne n'est à l'abri de la folie de la colère. Personne. Le shéma ourdi pour sémer le chaos au Rwanda en 1990 est là pour nous instruire sur les dangers des extrêmismes.

Chaque fois que vous prenez langue à l’étranger, pour épouvanter la planète entière, vous salissez en même temps la mémoire du peuple congolais et quand vous niez toute légitimité à un gouvernement qui est supposé protéger tous les congolais, vous enfoncez cette peur dans les coeurs de tous ceux qui espèrent tout en encourageant ceux des vos complices de continuer les massacres. Vous êtes un instigateur de haine et c’est sous ce vocable que la conférence pour la paix en cours, devra éxiger votre mea culpa en regard à tous vos égarements et provocations. Comment peut-on pardonner si les plus grands des fautifs ne peuvent confesser leurs péchés?Comment peut-on vous faire confiance Monsieur Ruberwa quand le lendemain vous dites le contraire de ce que vous prêchiez la veille ? Répondez Monsieur le pasteur et si vous n’y arrivez pas, ce qui serait étonnant d'un sophiste, prière vous faire aider… il y a toute la salle remplie de samaritains et le Congo aimerait savoir quand est-ce que vous avez changé d'avis face à vos discours. Ils oublient vite et vous le savez, ils vous pardonneront vos aveux. Le pays peut faillir à ses devoirs et si le gouvernement congolais que vous accusez faisait recours au massacre d’une frange de sa population, je suis prêt à parier que je ne verrai pas un fier congolais qui se reconnaîtrait dans aussi sale entreprise. Cela a été possible au Rwanda me dira-t-on mais jamais nous ne saurons, hélas, qui véritablement a été à l’origine de ces diaboliques programmes d’intoxication. Nous savons qui chez nous atise cette peur, ce mépris de l'autre, seul mécanisme pour injecter la terreur dans le coeur du peuple congolais. Toutes les sociétés du monde ont un jour et banni leurs traitres, envoyés d'autres à la potence et dans le cas d'espèce, il faut peut être rappeler que nous avons encore aujourd'hui des images fraiches qui nous parviennent où des jambes mutilés, des femmes éventrées, des jeunes filles mutilées... et parce que procès il y aura, ce que nous esperons tous, vous allez déjà trop vite en bésogne en absolvant d'office l'ignominie Monsieur l'avocat... Vous vous identifiez dès le premier de votre rebellion comme avocat des hors-la loi. Arrêterez-vous?

C'est étonnant comment votre pardon arrive abruptement quand le délit vous touche plus ou moins directement. Nous avons compris la nature de vos doléances et le détours autant que le but visé par vos insinuations... Allez-vous demander d'excuser les autres monstres qui courent dans nos campagnes depuis 1994, tuant, violant, saccageant des vies pour mieux s'implanter? Vous savez la réponse que le peuple congolais ne pliera plus pour vous faire plaisir et moins encore pour subir les moqueries, l'humiliation de l'impunité.

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____Il y a eu la guerre, il y a eu la mort, il y a eu le sang et les larmes mais faut-il une Guerre sale qui embrasse tout le continent pour reveillé les moeurs en afrique…veillée mortuaire

PAIX SOIT VÉRITABLE POUR LE PEUPLE CONGOLAIS DANS LES LIMITES DE SES FRONTIÈRES.

Amen. C’est la seule manière qu’ils peuvent accompagner les aspirations de ce peuple fatigué de souffrir What....amen man? Some times we have to pray and I know, over there, all THAT my people have is pray. Tout ce qui leur reste, c’est la prière car ils ont l’impression que le monde entier les a abandonné. Ce constat est vrai mais il n’empêche pas l’espoir.

Ces deux provinces qualifiées à juste titre de l’un des coins les plus beaux de la planète, grâce à ses grands lacs, ses collines verdoyantes tout au long de l’année, ses montagnes et sa faune éblouissante, ses volcans éteints et actifs, son sol favorable à toutes les cultures et son sous-sol qui regorge des richesses minérales de toute sorte, sont le théâtre des violences larvées à caractère (supposément )ethnique depuis plusieurs décennies, principalement dans les territoires de Masisi et de Rutshuru. Pour comprendre ces conflits, il faut certes un minimum d’honnêteté intellectuelle et de sens historique en commençant par suivre le chemin des armes et des minerais les plus demandés aujourd’hui, notamment le colombo tantalite, dit coltan et autres bizarreries extrêmement sophistiqués destinés à la nanotechnologie. Bref, cette partie du monde est le réserve des minerais nécessaires à la conception d’œuvre de pointe et la réalisation de l’infiniment petit... allant des cœurs électroniques par exemple, à la compression de l'information sur des supports de plus en plus petits.

On peut déjà prédire que cette technologie n’est pas destinée pour le pauvre africain… peut-être le sera t-elle dans cent ans. Il est patient l’Africain, il attendra. Comme il attend que son tour arrive pour vivre de ses richesses et de la fougue de sa jeunesse. J’interpelle pour cette occasion cette jeunesse pour lui rappeler que pendant la guerre les portes se ferment derrière nous et devant nous, il reste un compagnon, la peur de tuer ou d’être tué. C'est ce que j'imagine en regardant l'état dans lequel ces années de conflits ont laissé mon pays. Des ruines dans nos villes et dans nos coeurs. Et c’est rare que ces portes fermées s’ouvrent quand on s’entête l’arme au point pour imposer la peur à l’autre. C'est aussi pourquoi les guerriers ne vivent pas longtemps quand ils vivent pour faire aveuglement la guerre.

Est-il nécessaire de rappeler qu’on lui a imposé la guerre au Congolais, il n’a pas invité ceux qui lui font la guerre. On viole ses enfants et on massacre l’avenir de sa jeunesse et il attend en priant que l’humanité, croise un jour le cœur de ces envahisseurs. A-t-il au moins le droit d'être en colère? L'opinion internationale, si elle ignore ce qu'elle attend, nous allons le lui rappeler c'st que le reste de la société congolaise soit complètement furieux, en perte de repères comme ce fut au Rwanda. J'ai passé des années à analyser le temps qui a suffi pour rendre les rwandais cinglés jusqu'à se décapiter comme du bétail. L'intox l'a démontré... et seul le facteur temps compose avec le niveau de haine directe ou indirecte. J'estime dès lors qu'il est malhonnête ou inconscient de continuer à cacher le réel visage de l'architecture ce ces horreurs qui nous ont rejoint chez nous...et de plus, nous avons été témoins du ravage de ce feu de brousse savamment orchestré... par le chaos. Les congolais ne cederont pas au chaos quel que le moment que les archtectes choisiront pour commencer leur véritable chantier.

Ceci explique en même temps que les raisons de s'attaquer à l'intégrité de notre pays se videront de leurs substances dès que nous aurons soldé les prétextes des milices irrégulières.

C'est depuis Mobutu que nous avons compris cette équation et notre peuple doit apprendre à ne plus attendre... que ce soit la paix ou le bénéfice de ses richesses. Il doit prendre avec fierté ce qui lui revient et ne jamais oublier que …pour faire une omelette il faut casser des œufs. De guerre juste, peut-être qu'il est temps que nous recommencions à en envisager en les préparant. C'est ce que disaient les bâtisseurs de la République. Qui veut la paix, prépare la guerre. Cela a souvent empêché d'en faire et d'en subir. L'actualité, c'est que cette guerre a pris différentes facettes et même, nous perdons déjà la plus importante, celle économique dont nous détenons les sources. Voilà qu’il est question dans tous les mécanismes inventauriés, de nous mettre hors d’atteinte de nos moyens légitimes.

Dans nos moeurs il est dit que ....

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mercredi 6 janvier 2010

_____L'afrique, un cadavre vivant mais riche, les spermatozoïdes et la virilité politiques se font attendre. "En attendant l’embryon d’un nouveau pays, il faut multiplier les requiem."

C’est un cadavre riche. Exquis, donc. L’objet des convoitises. Untel croit être le médecin qu’il lui faut ; un autre défend bec et ongles un programme minimal pour le tirer définitivement de son coma. Tous espèrent une Pâques politique, économique et sociale. Et, à défaut d’un miracle imminent, une véritable "rentrée en religion" les allèche. Non pas au sens où la propose Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique ; non pas au sens l’évoque JJ Rousseau dans son contradictoire chapitre7 du Contrat social. Non, rien de tout cela. Il y a suffisamment d’assemblées religieuses ou de sectes au Congo, pour ajouter à cette misère plurielle. En fait, la classe politique congolaise a épousé la méthode Coué. L’autosuggestion. "Le Congo va mieux", ressassent-ils. Une partie s’est abandonnée dans une litote de mauvais goût : le Congo ne se porte pas mal. En tout état de cause, les uns comme les autres s’embourbent sinon dans une oraison funèbre, du moins dans une cécité assez cétacée. Aucune perspective d’avenir, tout au plus de résurrection, ne se dessine au Congo. Un pessimisme optimiste ? Peut-être. Mais comment justifier le zèle du pouvoir à faire inscrire le Congo sur la liste des pays pauvres très endettés ? Entre ce que dit la majorité présidentielle et la réalité, il y a une contradiction que même un enfant décèlerait.

Le fonctionnaire qui gagnait 80000Fcfa en 1985, perçoit le même salaire en 2009. Pas de tissu économique solide. Seules les maisons à étages, au toit en tuiles, pullulent. A Brazzaville, l’ancienne zone industrielle de Mpila a été remplacée par de belles maisons en pente. Tout le monde ne jure plus que par la municipalisation accélérée, une aberration. Un gâchis. Certes l’intention est noble ! Mais les résultats escomptés sont moyens. Un seul homme décide des travaux à réaliser et des fonds à injecter. Le ministre des travaux publics et les maires ne servent à rien...

"Le chemin d’avenir", un chemin du chaos définitif à venir ?

Il y eût fallu un autre slogan. Et pour cause : la préposition "d’" suivie du substantif "avenir" ne porte pas chance. En France, "Désirs d’avenir", un laboratoire d’idées (ou plutôt d’idées inutiles), aux dires de Ségolène Royal, a contribué à l’agonie du Parti socialiste. Au Congo, "Le Chemin d’avenir" n’est pas tracé et ne le sera jamais. Le sol est jonché d’arsenic : la dette. Oui, la dette congolaise est une mort-aux-rats. Amplifiée par les "prêts gagés", elle a atteint un tel trou noir qu’une remontée, même par ascenseur, est impossible. Et les créanciers commettraient une faute monumentale en l’annulant. Un acte injuste et immoral. Injuste envers les pays tels le Mali, le Botswana ou le Cap-vert qui, eux, remboursent leur dette ; immoral car ces mêmes pays pourraient se dire : pourquoi rembourser la dette puisqu’on va l’annuler ? Alors que l’Afrique est le seul continent qui a des excédents commerciaux avec la Chine, en ce temps de crise, les bénéfices congolais sont invisibles. Le Burkina-Faso et le Bénin ont chacun constitué un trésor de plus de 400 millions de dollars de paiement. Chose impossible au Congo. Les vautours engraissés, lesquels trimbalent leur gros ventre dans Brazzaville, Pointe-Noire, Oyo, Impfondo, etc, guettent la moindre rentrée financière pour se repaître davantage. Le Congo compte les meilleurs professeurs en détournements de fonds. Des agrégés de corruption. Plus grave encore, l’arrogance dont ils font preuve. Et, parfois, la facilité avec laquelle ils se livrent aux fanges de l’inhumanité. Qui ignore l’assassinat gratuit et sans suite d’un jardinier par son patron, sous prétexte qu’il lui aurait volé des millions ?

Aussi, dans l’attente d’une Pâques congolaise, il faut saluer le discours d’investiture du président réelu, si tant qu’il ait été sincère. Un discours percutant, qui restera dans les annales. Denis Sassou Nguesso s’est fait du mal, et c’est tout à son honneur. Ce jour-là, plusieurs visages sont soudain devenus inexpressifs, même ceux de ses amis qui ne sont pas exempts de reproches. Cependant, le cadavre a entamé sa décomposition, nonobstant l’embaumement. Difficile de stopper le processus. Le nouveau gouvernement en est la preuve probante. Il y a surabondance de ministres inutiles. Comme toujours ! Les femmes sont les dernières de la classe avec cinq strapotins. Tous les ministres éternels ou presque ont été réconduits. Est-ce à dire qu’ils sont tous "intègres" ? L’histoire rendra son jugement. D’ores et déjà, Denis Sassou Nguesso bénéficie d’une circonstance atténuante : il a appliqué à la lettre un principe universel : quand on veut régner en maître, on choisit ceux dont on est sûr de manipuler.

La médiocrité, une spécificité congolaise

Ce ne sont pas ceux qui font une révolution, qui la gèrent ensuite. Cette citation est vraie. Partout ailleurs. Les hommes qui avaient lutté pour l’indépendance partis, ceux qui ont géré la période d’après l’indépendance se sont révélés médiocres. A la limite. Pascal Lissouba, surtout, a brillé par ses cours sur la médiocrité. Les débats politiques sont bas, sinon inexistants. La hauteur de vue et les fortes personnalités font défaut. Et, dans la perpétuelle course aux portefeuilles, tous ou presque vénèrent platement le président actuel. On se croirait en France, où un seul homme écrabouille la Droite : "Le président a dit... ; le président a arbitré... ; le président a tranché..." La presse congolaise, foisonnante pourtant, semble se complaire dans son paléolithique. Si le Congo ne dispose pas du Haut-Débit - un crime ; le site officiel du Congo serait basé à l’étranger, peut-être à Reims -, sur Internet la presse pillulent d’articles pompeux, ennuyeux. Une presse à ragots, dont on vient de voir l’illustration, à propos du voyage du président réélu en Espagne...

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