_____Être ou ne pas être... c'est là la question » Dieu n'en voudrait pas à celui qui a la faiblesse de mettre fin à sa vie? Si Dieu n'existe pas, tout est permis, Dostoïevski.. Dieu est mort, Nietzsche
Par http://www.777-mafia.com/us/home, mardi 7 décembre 2010 à 14:59 :: __Le Trône de fer, L' Ombre maléfique.. LEURS "NOM" Légion des Guerriers de l'Ombre :: #3644 :: rss
L'existence précède l'essence, Sartre
01 juin 2009
Cette formule célèbre est une expression élaborée par Jean-Paul Sartre pour expliquer sa philosophie : l'existentialisme. Elle est une réfutation de la tradition philosophique qui avait jusqu'alors tenté d'identifier une nature humaine. En une brève devise facile à retenir, Sartre tente de défaire ce que d'autres firent avant lui.
La nature humaine serait une espèce de qualité qui viendrait différencier l'homme de l'animal. Beaucoup de philosophes ont cru qu'elle existait, et ont essayé de la trouver avec plus ou moins de succès. La question était de savoir en quoi l'homme était une créature plus noble que les autres animaux. Quel était le don que Dieu avait fait aux hommes et dont il avait privé les animaux ? Les réponses varièrent beaucoup : l'homme était l'être qui avait la capacité de s'étonner, un être de raison, doué de langage, le seul individu à posséder une histoire, celui qui pouvait procéder à l'introspection,...
Sartre vient bousculer tous ces philosophes, avec sa formule, « l'existence précède l'essence »1. Il veut démasquer leur volonté d'universalisation. Ces philosophes prétendaient, en affirmant la réalité d'une nature humaine, que l'essence précédait l'existence. Ils disaient qu'il y avait une nature, une essence, une définition commune pour toute l'humanité ; que tous les hommes étaient forgés dans un même moule.
Rien de plus faux pour Sartre. Il refuse de réduire l'homme à cela. Un individu n'a pas de particularités qui le relierait, a priori, à l'humanité avant la naissance. Au contraire, son existence précède son essence. L'homme est absolument libre ; il choisit lui-même ce qu'il sera en toutes circonstances. Il n'est pas soumis à une définition qui existerait de toute éternité dans le monde, selon la volonté de Dieu.
Il y a d'abord une existence (un homme) avant qu'il n'y ait une essence (une définition). Autrement dit encore, c'est à l'homme de se former lui-même. Il est maître de sa destinée, de son avenir. Il se crée tout seul, il fait de lui ce qu'il veut. Il n'existe pas de paramètre divin dont le but serait de nous rendre humain. C'est à l'homme seul de se donner des buts à atteindre, de construire sa propre signification, de donner un sens à sa vie.
Notes 1 SARTRE J.-P., L’existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, 1996, p.26.
Toute conscience est conscience de quelque chose, Husserl
Husserl est le philosophe marquant de la philosophie contemporaine. Il rénova complètement la philosophie à son époque et introduisit des idées qui furent très fécondes et qui influencèrent les philosophes postérieurs comme Sartre, Heidegger ou Lévinas pour ne citer qu'eux. La première de toutes ces découvertes, celle qui nous intéresse ici, s'appelle l'intentionnalité. Elle est un point central dans la doctrine de Husserl, et est souvent exprimée de manière très laconique par l'expression : « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Cette formule lapidaire, exprimant l'intentionnalité chez Husserl, fera date car elle brise avec la tradition philosophique dominante jusqu'alors, sur le sujet de la perception.
La perception des objets matériels, la façon pour nous de les voir, était habituellement expliquée, par la philosophie, de la sorte : l'oeil de l'observateur percevait un objet extérieur, dans le monde et, lors de cette vision, une image de l'objet-vu s'imprimait dans la mémoire de l'observateur. La compréhension de la perception était donc très basique, et n'allait pas chercher très loin. Il y avait un homme, un objet dans le monde et une image de ce dernier qui était « captée » par l'homme.
Comment Husserl a-t-il pu expliquer la perception d'une autre manière ? Pourquoi cette explication « évidente » jusqu'à lui ne la satisfaisait-il pas ? Le problème avec cette compréhension, pour Husserl, est qu'elle ne rend pas compte de la réalité. Cette compréhension de la perception ne rendait pas adéquatement l'intimité de la relation entre l'objet et le sujet, entre la chose-vue et l'observateur. Pour elle, il y avait deux objets, l'objet-vu réel et l'objet représenté dans l'esprit, l'image de l'objet réel. La conscience était donc vue comme un réceptacle que des images venaient simplement remplir. La conscience n'était pas assez vivante, elle était passive, elle se contentait de recevoir ce qui se présentait à elle.
Husserl va faire remarquer qu'en fait, il n'y a pas deux objets dans la perception, mais bien un seul ! Il n'y a pas d'une part l'objet dans la réalité, et d'autre part l'objet dans notre esprit. Il n'y a qu'un seul objet, ce qu'il appelle l'objet intentionnel. L'objet perçu n'est rien d'autre que l'objet vu par une conscience. L'observateur n'aperçoit pas un objet pur, nu, pour le stocker ensuite dans sa mémoire sous forme d'image. La perception est toujours empreinte d'intentionnalité. L'objet dans l'esprit n'est en aucun cas, comme la tradition voulait le croire, l'image dégradée d'un objet existant réellement, d'un objet objectif. Au contraire, l'objet est toujours et déjà appréhendé par la conscience. La conscience pour percevoir s'élance vers un objet, elle se projette vers lui, elle le vise. La conscience est active, la perception n'est pas une réception d'image ; elle est toujours emprunte d'une intention. Si elle voit l'objet perçu, c'est parce qu'elle s'élance vers lui avec une intention préalable.
Husserl dit qu'il y a une intention de signification au départ de toute visée, de toute perception. En ce sens, il affirme que toute conscience est conscience de quelque chose d'autre. Autrement dit, la conscience n'est pas un réceptacle, elle ne reçoit rien. Elle n'est que la projection d'une intention sur un objet visé. Et c'est cette projection seule, cette intention, qui confère une première signification à l'objet visé. Il n'y a pas de conscience seule, il n'y a pas d'objet seul, pur. La conscience est d'emblée portée sur un objet, et l'objet n'est jamais appréhendé sans intention de la part de la conscience.
Etre ou ne pas être, Shakespeare
« Etre ou ne pas être, c'est là la question »1, est une formule culte que Shakespeare met dans la bouche d'un de ses personnages, nommé Hamlet, dans un drame du même nom. A priori, rien ne pourrait faire de Shakespeare un philosophe. C'est un simple écrivain anglais, célèbre pour ses pièces de théâtre. Pourtant, cette phrase est profondément philosophique. Elle interroge l'existence et sa valeur. Elle demande pourquoi vivre, à quoi bon vivre ? Mieux vaut-il être ou ne pas être ?
La question ne peut émerger que lorsque la lascivité est à son comble, et que la vanité du monde se fait sentir dans toute sa pesanteur. Il faut avoir mis le doigt sur les souffrances insupportables de la vie (« les flagellations et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur, l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d'hommes indignes ») avant que cette question ne se pose.
Hamlet est accablé par son destin, et se demande s'il ne ferait pas mieux de mettre fin à sa vie. Mais il se résigne vite à continuer de vivre, parce qu'il sait, au fond, pourquoi il vaut mieux être que ne pas être : ce qui doit inciter les hommes à vivre est la crainte de l'au-delà. En effet, qui sait si les souffrances de l'autre côté ne sont pas beaucoup plus fortes ? Qui sait si un hypothétique Dieu n'en voudrait pas à celui qui a la faiblesse de mettre fin à sa vie ? Personne n'est jamais revenu de l'au-delà pour en témoigner.
La réponse de Hamlet au problème de l'existence est tout à fait ancrée dans son temps. Elle suppose la présence d'un Dieu-juge qui rendrait la vie infernale pour les suicidés n'ayant pas assumé leur existence terrestre. En ayant mis fin trop tôt à leurs souffrances, ils n'auraient pas réussi les épreuves qui leur étaient envoyées par Dieu. Derrière « être ou ne pas être ? » se profile donc une autre question, plus primordiale : « Dieu existe-t-il ? » La réponse de Hamlet est une réponse chrétienne, et elle est finalement peu satisfaisante. D'ailleurs, Hamlet n'hésite pas à la qualifier de « lâche » : en effet, seule la peur ou l'ignorance nous empêche de mettre fin à nos jours ; il n'y a aucun argument raisonnable, aucune conviction non plus.
- http://adamantin.eurower.net/philosophie/etre-shakespeare.php
- http://adamantin.eurower.net/philosophie/existence-essence-sartre.php
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