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...Pendant ce temps-là, Nelson Mandela, le prisonnier 46664, croupit au pénitencier de Robben Island, au large du Cap. Cet héritier d'une famille royale de l'ethnie xhosa, dans l'est de la province du Cap, devenu avocat et… boxeur à ses heures, s'engage très tôt dans la lutte contre l'apartheid. Il incarne une nouvelle génération politique de l'après-guerre, qui radicalise le vieux Congrès national africain (ANC) -fondée en 1912, c'est l'une des plus anciennes organisations politiques du continent. Mais les années 1950 et 1960 sont celles de la confrontation et Mandela plonge dans la clandestinité et lance la lutte armée, mais est arrêté, jugé et condamné à la prison à vie en 1964.

Le Point.fr - Publié le 17/12/2010 à 06:53 - Modifié le 17/12/2010 à 13:50

CÔTE D'IVOIRE - Le bilan des manifestations de jeudi à Abidjan est de 20 morts

Source Reuters

Les violentes manifestations de jeudi en Côte d'Ivoire ont fait 20 morts, a déclaré à la télévision publique une porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo. "Parmi eux, 10 étaient des manifestants et 10 des membres des forces de sécurité", a déclaré Jacqueline Oblé après les heurts qui ont opposé des partisans d'Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de l'élection présidentielle par la communauté internationale, aux forces de sécurité fidèles au président sortant, Laurent Gbagbo, déclaré réélu par le Conseil constitutionnel.

Dans un communiqué, le gouvernement de Ouattara a fait état de 14 manifestants tués par les forces de sécurité, sans avancer de bilan pour d'autres victimes.

Deux dirigeants d'Afrique australe aux destins contradictoires sont au cœur de l'actualité de ce vendredi : Robert Mugabe, qui se fait réélire à la tête du Zimababwe après avoir écarté son rival par la violence et la terreur. Et Nelson Mandela, l'ancien président sud-africain qui fête ses 90 ans par un mégaconcert à Hyde Park, à Londres, dont les bénéfices iront à la lutte contre le sida.

Difficile de trouver deux images plus différentes -et pourtant, les deux hommes appartiennent à la même génération, ont traversé des expériences communes et se sont longtemps vécus comme « camarades ».

Pourquoi, aujourd'hui, le premier incarne le type classique du despote vieillissant qui s'accroche au pouvoir par tous les moyens, alors que le second est vénéré par la planète entière comme une icône positive ? Une même génération politique

A 84 ans, Robert Mugabe est de la même génération que Nelson Mandela qui s'apprête à devenir nonagénaire.

Tous deux ont grandi dans des pays placés sous une domination blanche implacable et sont devenus des dirigeants de la résistance noire dans un contexte qui semblait sans espoir.

Ils ont connu la clandestinité, la prison (pendant dix ans pour Mugabe, vingt-six ans pour Mandela), la lutte armée, avant de devenir chef de leur Etat, tous deux légitimés dans des élections tout à fait démocratiques (en 1980 pour Mugabe, 1994 pour Mandela).

Pourtant, l'un a « mal tourné », ruinant l'économie de son pays, laissant derrière lui un cortège de massacres (le premier peu de temps après son élection, pour mater les partisans de son vieux rival et parfois allié, Joshua Nkomo, au Matabeleland) et d'assassinats qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui. L'autre a su négocier une transition délicate dans un pays au bord du bain de sang et a choisi de quitter le pouvoir une fois cette mission accomplie, laissant à plus jeune que lui le soin de gouverner -ce que beaucoup lui reprochent aujourd'hui, déçus par le bilan de ses successeurs.



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Comment comprendre ces itinéraires divergents ? Mugabe avait tout pour lui. Cet ancien élève des jésuites (j'ai rencontré en 1980 l'un de ses anciens professeurs à l'école missionnaire de Kutama, qui se félicitait d'avoir « fait du bon boulot »…) a fréquenté l'université sud-africaine de Fort Hare, réservé aux Noirs dans le cadre de l'apartheid, et qui fut le creuset de nombreux dirigeants nationalistes noirs du sous-continent. Il parcourt l'Afrique nouvellement indépendante, puis revient dans son pays en 1960, autoproclamé « maoïste », et s'engage dans la lutte d'abord politique puis armée.

Le « camarade Bob » prône la réconciliation

Lorsque l'heure d'une solution négociée apparait dans l'ancienne Rhodésie, Robert Mugabe, le « camarade Bob », est le chef de la guérilla la plus radicale, ce qui lui vaut de remporter les élections de 1980 et de devenir le premier président du Zimbabwe indépendant. Mais il prononce alors les paroles de réconciliation en direction de ses anciens ennemis blancs, et le pays, doté d'immenses ressources naturelles, parait sur la bonne voie.

Pendant ce temps-là, Nelson Mandela, le prisonnier 46664, croupit au pénitencier de Robben Island, au large du Cap.

Cet héritier d'une famille royale de l'ethnie xhosa, dans l'est de la province du Cap, devenu avocat et… boxeur à ses heures, s'engage très tôt dans la lutte contre l'apartheid. Il incarne une nouvelle génération politique de l'après-guerre, qui radicalise le vieux Congrès national africain (ANC) -fondée en 1912, c'est l'une des plus anciennes organisations politiques du continent. Mais les années 1950 et 1960 sont celles de la confrontation et Mandela plonge dans la clandestinité et lance la lutte armée, mais est arrêté, jugé et condamné à la prison à vie en 1964.

Il ne sera complètement libre qu'en 1990 : l'image de ce géant diparu depuis un quart de siècle qui retrouve la liberté en tenant la main de sa femme Winnie est l'un des temps forts de cette époque de l'après-Guerre froide, où tout semble possible et tous optimistes. Cet homme, érigé au rang de mythe vivant alors qu'il est derrière les barreaux, se montre à la hauteur de ce mythe, en empêchant la fin de l'apartheid de tourner à la guerre civile et au bain de sang qui semble inévitable. Il reçoit, avec Frederick de Klerk, son partenaire afrikaner pendant ce moment décisif, le prix Nobel de la paix en 1993.

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Elu en 1994, Nelson Mandela choisit de ne faire qu'un mandat, passant ensuite le relais à Thabo Mbeki, son vice-président, l'un des leaders exilés de l'ANC, qui, malgré sa légitimité et son intelligence, ne parvient pas à relever les défis de l'Afrique du Sud post-apartheid. En particulier ceux de l'attente de justice sociale de la majorité noire trop longtemps oubliée. Les récentes émeutes anti-étrangers en sont l'amer reflet.

Mandela, lui, se tait, s'occupe de la lutte contre le sida et jouit de son grand âge avec sa troisième femme, Graca, la veuve de l'ancien président mozambicain Samora Machel.

Il s'apprête à recevoir, vendredi soir à Wembley, l'hommage du monde pour une vie exemplaire, à la hauteur du mythe qu'il a suscité.

L'exercice du pouvoir à des époques différentes

Mugabe et Mandela auraient dû suivre des trajectoires similaires, or celles-ci ont divergé au moment de l'exercice du pouvoir. Sans doute Mugabe est-il arrivé à la tête de l'Etat à une époque encore très idéologique, alors que ses amis au pouvoir au Mozambique et en Angola se réclamaient encore du marxisme-léninisme dans une alliance étroite avec le bloc soviétique (quand les Cubains étaient le rempart du régime angolais). Il en a gardé une forme d'autoritarisme et de dirigisme qui n'a fait que s'accentuer avec le temps et avec la montée des périls internes. Pour le plus grand malheur de son peuple.

Mandela, lui, tout en ayant forgé dans les années 1950 une alliance de l'ANC avec le parti comuniste sud-africain (SACP) qui dure encore aujourd'hui, s'est révélé pragmatique et s'est débarrassé des horipeaux idéologiques de ses anciens camarades. Sans doute a-t-il su tirer les leçons de leurs échecs et du changement de climat international.

Sans doute, aussi, s'est-il construit en prison des valeurs et des convictions humanistes qu'il a su conserver une fois au pouvoir.

Ces deux hommes incarnent un moment fondamental de l'histoire politique du sud du continent. L'un négativement et, quoi qu'il arrive dans les urnes vendredi, il finira mal ; l'autre admirablement, même si son héritage est loin d'être parfait en Afrique du Sud. Mais Nelson Mandela est d'ores et déjà assuré de conserver une place de choix dans l'histoire du XXe siècle, qui ne compte, hélas, pas tant de héros positifs que cela.

http://www.rue89.com/2008/06/27/mandela-mugabe-deux-destins-opposes-en-afrique-australe

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