___MONNAIE BINAIRE ET SYSTEMES LOCAUX D’ECHANGES (SEL) : QUELQUES CONSIDERATIONS THEORIQUES
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MONNAIE BINAIRE ET SYSTEMES LOCAUX D’ECHANGES (SEL) : QUELQUES CONSIDERATIONS THEORIQUES Publié le 06/03/2008 à 12:00 par analysis
par ESSOMBA Dieudonné, Ingénieur Principal de la Statistique, Chargé d'Etudes au Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire du Cameroun
Dans l’actuelle ambiance de mondialisation et d’ultralibéralisme triomphant, les SEL apparaissent comme une utopie marginale tout juste digne d’une sympathie amusée. Pourtant, ces expériences dévoilent une anomalie fondamentale du système économique actuelle, anomalie dont les effets s’amplifieront au cours du temps. Et il n’y a aucun doute que sous une forme plus élaborée, les SEL apparaîtront comme l’organisation la plus naturelle d’un monde désarticulé par deux logiques fondamentalement antagoniques : une économie mondialisée, avec une totale mobilité des biens et des capitaux, opposée à une organisation sociopolitique segmentaire, où les migrations sociales et géographiques sont entravées par de multiples obstructions d’ordre technique, humain et environnemental. Les problèmes qu’ils tentent de résoudre ont la même origine que le sous-développement et interpellent la théorie économique dans ses fondements. La vision smithienne du commerce international part en effet d’un truisme : si, dans l’échange, chaque pays se consacre davantage dans le produit où il dispose d’une supériorité en terme de prix, l’échange est mutuellement bénéfique. Mais cette évidence cache un piège. Soient deux pays, le Tchad et le Congo, ayant une même population et disposant d’un régime alimentaire identique, à base de plantain et de bœuf. Les deux denrées sont consommées dans les mêmes quantités. Le Tchad est une zone sahélienne où l’abondante savane permet d’élever facilement le bœuf. Le kg y requiert 1heure de travail, mais la rareté des pluies rend la culture du plantain très onéreuse et le kg vaut 2 heures de travail. Les prix sont inversés au Congo, zone pluvieuse où le plantain pousse à foison, mais où l’élevage est rendu difficile par la mouche tsé-tsé.
I. Autarcie Supposons que chaque pays consacre 3Millions d’heures au travail. Les deux biens devant être consommés en quantité identique, le Tchad affectera 1Million d’heures pour produire 1 Million de kg de viande et 2 Millions d’heures pour produire 1 Million de kg de plantain. Sa production sera donc 1M kg de viande et 1M kg de plantain. Il en sera de même pour le Congo.
2. Le Noble Théorème du Commerce International
Quand les deux pays entrent en contact, il y a manifestement avantage à ce que chacun se spécialise dans la production du bien pour lequel il est privilégié. Le Tchad produira alors 3M de viande, le Congo 3M de plantains et chacun échangera la moitié de sa récolte, permettant de part et d’autre une consommation de 1,5 M de viande et 1,5 M de plantain, soit un bénéfice mutuel de 0,5M pour chaque bien. La logique smithienne permet ainsi des économies considérables et la balance de paiement est équilibrée. C’est cette situation qui est le Noble Théorème du Commerce International.
3. Le Grand Corollaire du Commerce International
Supposons maintenant que la population du Congo double, celle du Tchad restant stationnaire. Les besoins du Congo sont doublés et pour y répondre, chaque pays devrait doubler ses exportations. Mais si le Congo peut facilement le faire, la population tchadienne, restée stationnaire, n’a pas besoin d’autant de plantain et ne pourrait-elle consentir à en consommer davantage qu’au prix d’une modification des termes initiaux de l’échange : le prix relatif du plantain baissera et les exportations du Congo ne trouveront pas une demande susceptible de leur donner la viande dans les mêmes termes qu’auparavant. Le Congo peut s’en sortir s’il dispose d’un avantage sur autre produit, mais il ne s’agit que d’une éventualité et, dans le cas général, il sera plutôt contraint de produire sa propre viande. Une telle tentative sera cependant vouée à l’échec, car ses coûts de production étant plus élevés, son action entraînera une augmentation du prix de la viande, déclenchant aussitôt la mise en activité des exploitations tchadiennes encore oisives. Plus compétitives, celles-ci détruiront rapidement leurs analogues congolaises, neutralisant l’opération engagée. Le Congo se retrouve piégé : il ne peut satisfaire sa demande par les importations au risque de s’endetter et il ne peut produire lui-même face à la grande compétitivité extérieure. La théorie smithienne l’a conduit dans une impasse qui le réduit soit à un endettement dont il ne peut jamais sortir, soit dans une inertie source de misère. C’est justement cette paralysie qui est le Grand Corollaire du Commerce International.
Pour bien évaluer les effets de ce Théorème, divisons le Congo en deux régions d’égale importance : -Congo-Nord qui continue d’entretenir un commerce ouvert avec le Tchad ; -Congo-Sud complètement isolé.
Nous avons ainsi deux réseaux commerciaux différents : 1. Le commerce entre Congo-Nord et le Tchad qui nous ramène à la situation initiale où les deux pays avaient une population identique. Nous avons vu qu’alors, chaque pays avait avantage à se spécialiser, que les importations de part et d’autre valaient 1,5 M et que la balance commerciale était équilibrée. Cette situation dans laquelle la loi smithienne s’applique de manière bénéfique a été appelée le Noble Théorème.
2. De son côté, Congo-Sud n’entretient aucun rapport avec le Tchad. La situation rappelle l’autarcie initiale, où la production en viande, limitée à 1M, est néanmoins rendue viable par l’absence d’échange avec le Tchad trop compétitif.
Avec une telle partition, la valeur consolidée de toute la consommation en viande du Congo s’élève à 2,5M. Le pays devient capable d’équilibrer sa balance commerciale sans obstruer le commerce international et de produire sa viande pour la fraction qu’il ne peut obtenir autrement.
Mais comme il est impossible de partitionner un pays de cette manière, le Congo se retrouvera, en cas de libre-échange, dans une situation où sa production est bloquée inutilement par le commerce international, alors même que cette production aurait pu croître sans l’entraver sous quelque forme que ce soit. C’est cette possibilité de la théorie smithienne de bloquer une économie sans bénéfice pour les partenaires et sans reniement des avantages absolus qui constitue spécifiquement le Grand Corollaire. Sous sa forme plus élaborée, ce théorème démontre l’impossibilité d’une croissance harmonieuse dans un ensemble de pays dont les échanges sont basés simultanément sur la migration contrôlée des populations, la libre circulation des biens, la convertibilité de la monnaie et l’équilibre de la balance de paiement. Ces quatre exigences entraînent d’une part, un blocage structural des économies les plus faibles, impossible à déverrouiller : l’état occlus, forme la plus dramatique du sous-développement. D’autre part, un affaiblissement asymptotique des capacités productives des pays les plus évolués. De ce fait, le commerce international peut aussi bien doper le revenu global ou le déprimer.
4. Le Problème des SEL
Le Grand Corollaire agit à l’intérieur d’un même pays, mais la mobilité des facteurs évite aux populations de basculer dans un état occlus. Les possibilités ainsi offertes restent néanmoins contraintes par d’importantes rigidités. Imaginons une île de pêcheurs, d’agriculteurs et d’artisans vivant initialement en autarcie à côté d’un pays industrialisé. Les revenus y sont en moyenne plus faibles et la technologie reste archaïque, mais les populations vivent dans la sérénité. L’ouverture de l’île aux échanges extérieurs va y drainer des produits moins chers qui vont détruire le réseau local. L’opération ne peut être bénéfique que si la population ainsi libérée trouve moyen de s’intégrer dans la grande économie, par exemple en se spécialisant dans un secteur pour lequel l’île dispose d’un avantage considérable ou en émigrant. Dans le cas contraire, la population se retrouve paralysée et sombre dans un chômage massif. L’île devient une enclave de pauvreté et le revenu global de l’ensemble baissera, car la destruction du réseau insulaire qui nourrissait la population n’a aucune contrepartie. Exclue du nouveau réseau d’échanges imposé par l’ouverture et interdit d’entretenir une activité autochtone, elle n’a pas d’argent et ne peut rien acheter à l’extérieur ; corrélativement, les firmes du pays voisins qui convoitaient son marché n’augmenteront pas leur production puisqu’elles n’y vendront rien.
D’un point de vue logique, les chômeurs d’une région sont strictement équivalents à une population insulaire qui n’a pas réussi à s’intégrer. Schématiquement, le processus est le suivant : l’extrême évolutivité de la technologie entraîne l’obsolescence rapide des expertises et le recyclage des techniciens n’est pas toujours possible, compte tenu de l’âge ou de la nature de la formation. Une grande partie de travailleurs qui ne peuvent plus s’acclimater à de nouveaux processus de production se retrouve alors définitivement marginalisée. Sur le plan géographique, les besoins en main-d’œuvre exprimés dans des lieux divers et très éparpillés requièrent de permanentes migrations dont les coûts financiers et surtout, humains sont très importants : il n’est pas agréable de parcourir le monde avec sa famille à la poursuite d’un emploi. Pierre qui roule n’amasse pas mousse et il est difficile de bâtir sa vie sur cette base… Aussi bien sur le plan spatial que sectoriel, la conjonction de ces deux facteurs entraîne un décalage permanent, entre d’une part, la demande en expertise des entreprises dont les besoins sont alignés sur l’économie mondiale, d’autre part l’offre en expertise des travailleurs plus attachés à leur région et à une certaine stabilité. La conséquence immédiate est une distorsion permanente du marché de l’emploi dont l’expression est la juxtaposition d’un chômage endémique avec l’importation des cerveaux. Le rôle économique des SEL apparaît comme un remède à cette situation : plutôt que de considérer ces chômeurs comme des incapables, ils assimilent leur situation à l’inutile paralysie de la population de l’île, paralysie qui ne profite finalement à personne et réduit les capacités globales de l’économie. D’où un autre théorème issu du Grand Corollaire : « aucun système libéral basé sur une monnaie unique ne peut être optimal ».
5. Le Fonctionnement de la Monnaie Binaire
Pour neutraliser le Grand Corollaire, on ne dispose que de trois possibilités. La première est une mobilité de tous les facteurs de production dans les mêmes termes : biens, capitaux et hommes. De cette manière, des Congolais iraient au Tchad où ils profiteraient des conditions favorables pour produire la viande qui manquent à leurs pays. Bien entendu, les choses ne se passeront pas de manière aussi explicite, mais une telle Diaspora est mathématiquement équivalente à une extraterritorialité économique. Une telle solution se heurte à de graves difficultés anthropologiques et elle a la faiblesse de concentrer les compétences et les richesses dans certains pays au détriment d’autres. En outre, elle ne résout pas les problèmes de chômage dans un pays industrialisé.
La seconde solution est l’isolement géographique. Le pays n’est pas bloqué, mais il ne bénéficie plus des avantages du commerce international et dérive vers ce que les Biologistes appellent « nanisme insulaire » : le système productif se disperse dans une multitude de petites entreprises à faible productivité. Cette solution est devenue anachronique.
La troisième est le remède spécifique à la pathologie, contrairement aux deux premières qui l’évacuent simplement : elle consiste à superposer deux réseaux d’échange, l’un en monnaie locale qui protège l’île, l’autre en monnaie internationale qui l’articule avec le monde. Sous ses formes SEL, la monnaie locale se limite à un groupe restreint et à quelques opérations proches du troc primitif. Ses virtualités sont dès lors très faibles et elle prend facilement une allure ludique ou folklorique. Sous sa forme élaborée, elle représente une véritable monnaie utilisée en parallèle avec une monnaie internationale et reste le seul moyen efficace contre le sous-développement et le chômage endémique. La gestion de la monnaie binaire est particulièrement facile avec les systèmes électroniques. Les pays sous-développés qui en ont le plus urgemment besoin sont ainsi appelés à concevoir des formules alternatives adaptées à leur environnement.
Yves de landry le 01/02/2011
Preuve qu'il existe dans notre gouvernement des technocrates éclairés et patriotes qui réfléchissent à la situation économique du Cameroun et de l'Afrique en général. Pour mettre en place cette solution il faut un décision politique du chef de l'état, surtout que cela ne mais pas en cause leurs accords de coopération donc ils ont peur. Merci monsieur d'éclairer les jeunes, comment obtenir votre livre? Avez vous un blog pour qu'on puisse s'abreuver de vos analyses?
http://analysis.centerblog.net/4219430-MONNAIE-BINAIRE-ET-SYSTEMES-LOCAUX-D-ECHANGES-SEL-QUELQUES-CONSIDERATIONS-THEORIQUES
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