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samedi 27 mars 2010

_____Le bonheur n'est aparament pas fait pour moi : Un tee-shirt, 4 paires de chaussettes, 3 slips...«Un détenu sur dix manifeste les syndromes du choc carcéral: peur, tremblement, inquiétude, crises d'angoisse»,

C’est vrai que j’ai vécu beaucoup de violences dans ma vie, mais la violence qui existe en prison est quelque chose d’inimaginable et d’impensable. Dès ta première sortie en promenade, tu comprends très vite que ce n’est pas la rue, mais c’est la jungle. Si tu n’as pas de « vice », les autres détenus vont s’en apercevoir très vite et là, tu vas connaître la véritable souffrance : le racket, les agressions, le viol, l’humiliation… L’univers carcéral est un monde de grande violence. Tu es mélangé avec les criminels, les violeurs, les lourdes peines. Ces gens-là n’ont plus rien à perdre, alors ils essaient de créer une nouvelle vie en prison. Une vie basée sur la loi du plus fort.

Ceux qui ont besoin de se défouler, trouvent des victimes, des souffre-douleur ; on se prend des coups de lames de rasoirs, des coups de fourchettes pour des embrouilles à la « con ». Et tu es obligé de fermer ta « gueule » sinon tu es considéré comme une « balance ». Motif qui t’en fera baver encore plus. Le viol est une pratique courante en prison. Si le type a de grosses pulsions sexuelles, tu deviendras « sa chose » et il ne se gênera pas pour « te faire les fesses » à chaque fois qu’il en a envie. Alors, si tu n’es pas assez fort et que tu en as marre de ce calvaire, de cet enfer, il te viendra à l’idée de te couper les veines ; j’en ai vu un, ce n’est plus des bras qu’il avait mais des cratères tellement il s’était coupé les veines : au moins une vingtaine de fois.

Souvent, j’entends des jeunes parler du placard comme si c’était des vacances tranquilles : tu regardes la télé, tu manges, tu dors, tu vis bien quoi. Si tu crois à ces conneries et que tu te retrouves un jour au placard, dans ce trou à rats, tu risques d’être déçu. Enfermé entre quatre murs, tu vas comprendre ce que c’est que la souffrance. C’est horrible tout ce qui se passe en prison. Non seulement tu es privé de ta liberté mais il peut t’arriver les pires cauchemars que tu n’aurais jamais pu imaginer. Si tu as du courage et de l’espoir, tu ne penses qu’à une chose : sortir de ce trou pour ne plus y revenir. Si tu crois que la prison c’est le « Club’Med, eh bien tu n’as rien compris. La prison c’est vraiment la misère, c’est l’enfer, tu ne vis plus, tu es obligé de te soumettre à plus fort que toi, et ton seul « droit », c’est de fermer ta gueule. Personne ne lèvera le petit doigt pour toi, personne ne se souciera pour ta souffrance. Et, pour la justice, tu es là pour souffrir. Les plus malins, eux, font les fous pour esquiver les situations entre détenus et avec les matons.

Ta vie dépend de ton juge. À ces moments-là, tu pries pour revenir en arrière et que tout cela se termine. Mais la dure réalité de la prison est là pour te faire perdre ce petit espoir. Les sentiments d’injustice et de haine se mélangent dans ta tête, alors tu craques et tu penses faire des folies et risquer de voir ta peine se prolonger ou tu essayes de mettre fin à ta vie, cette vie à laquelle tu tiens tant. Répondre à la violence par la violence, ou se couper les veines. Pour les matons tu n’es qu’un matricule parmi d’autres. Ils n’ont aucun respect pour ta gueule et ils te traitent comme un chien.

  • Le bonheur n'est aparament pas fait pour moi : ...eeuuh il croit qu'il vent pouvoir humaniser la prison!

Un tee-shirt, 4 paires de chaussettes, 3 slips...



Dans la salle du dépôt, les détenus viennent chercher leur kit de douche. Pour certains, ce sera le premier geste d'hygiène corporel depuis la garde à vue, il y a 48 heures. Un tee-shirt, 4 paires de chaussettes, 3 slips, une serviette, du gel douche, une paire de tongues… «C'est une nette amélioration. Exemple: la serviette que l'on a réussi à agrandir un peu. Mais ce n'est pas suffisant, alors j'en demande deux», commente-t-il. Grande gueule, souvent excessif, l'ex-taulard toujours mis en cause dans une affaire d'escroquerie, veut désormais s'attaquer au problème de la religion en prison. La maison d'arrêt de 900 détenus (pour 500 places) est composée de nombreux musulmans selon une source pénitentiaire. Depuis la mi-janvier, un seul imam, embauché à temps plein, a répondu à 160 entretiens. Payé 805 € par mois, il ne pourra pas exercer longtemps à ce prix-là. «Pourtant, il est prouvé que nous faisons baisser le taux de récidive et donc de la population carcérale», conclut Warrach Yaniss, l'imam de la prison.

900 détenus pour 500 places



«Un détenu sur dix manifeste les syndromes du choc carcéral: peur, tremblement, inquiétude, crises d'angoisse», raconte le gardien de la fouille. Incarcéré pendant vingt mois dans les années 1990 pour abus de biens sociaux, Pierre Botton n'hésite pas à rentrer dans le lard de l'administration pénitentiaire pour se faire entendre. «Regardez, maintenant on peut s'allonger sur les bancs des cellules d'attente. Avant, il n'y avait que deux lattes. Remarquez, la culture ici, c'était de mettre les détenus par terre», balance-t-il. Le sous-directeur de l'état-major de sécurité, Stéphane Scotto, garde son sang-froid. «Vous véhiculez une vision passionnée qui est datée. L'important pour tout le monde, c'est que les bancs sont là», rétorque-t-il. Face aux cellules, deux écrans plats projetteront un film de six minutes, détaillant les droits des détenus. L'inspection se poursuit plus loin, où la fouille intégrale a lieu. Un porte-manteaux en caoutchouc a été posée contre le mur.

http://www.20minutes.fr/article/394362/Paris-Il-est-de-Botton-d-humaniser-la-prison.php

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen est écrite à la peinture sur les murs. Et dans les cellules d'attente, des fresques représentent des footballeurs brésiliens. L'homme d'affaires Pierre Botton aura laissé sa griffe au greffe de la maison d'arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine).



Une expérimentation



Depuis mi-janvier, il mène une expérimentation dans cette partie de la prison, où les nouveaux entrants font connaissance avec l'univers carcéral: fouille intégrale, numéro d'écrou, confiscation des biens… Son association, les Prisons du cœur, sous contrôle de la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, est chargée d'améliorer les conditions de détention.

  • PRISON - La maison d'arrêt de Nanterre réalise des travaux pour améliorer l'accueil des détenus...

-Pierre Botton, ancien détenu, mène une expérimentation à la maison d'arrêt de Nanterre (92) pour prévenir le choc carcéral./ S. POUZET / 20 MINUTES

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vendredi 26 mars 2010

_____Cause toujours tu m'interesse, faire une tempète dans un verre de bière, ça fait de la mousse dans un écran de fumée... Andre Mba Obame, ne persiste pas et ne signe surtout pas, les dès sont pipé d'avance.

L'ancien ministre de l'intérieur dressait un tableau sombre de la situation du pays, et y allait d'une petite phrase dans laquelle il affirmait que si la situation restait en l'état, le Gabon risquait de connaître, avant la fin de l'année 2010, un coup d'Etat comme celui qu'a subi Mamadou Tandja au Niger! Venant d'un ancien ministre de l'intérieur, ancien grand ami d'Ali Bongo devenu opposant, ces propos n'ont pas manqué de faire réagir et ont soulevé un tollé au Gabon.

http://www.grioo.com/avis,coup_d_etat_au_gabon_andre_mba_obame_persiste_et_signe,18814.html

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jeudi 25 mars 2010

________Ces dictateurs qui ont piégé la franc-maçonnerie: « Si Dieu tue un riche, il tue un ami ; s’il tue un pauvre, il tue une canaille » proclame le romancier ivoirien Ahmadou Kourouma, dans sa critique des dictatures africaines(1).

Histoire complexe et souvent douloureuse que celle de la franc-maçonnerie en terre noir-africaine. Infiltrée par les réseaux affairistes, inféodée aux dictatures en place, l’institution qui prône l’idéal de fraternité a bien du mal à faire entendre sa voix. Derrière ce constat affligeant, des maçonnes et maçons africains œuvrent pour que justice et égalité deviennent une réalité. Eclairage sur une franc-maçonnerie source d’incompréhensions.

« Si Dieu tue un riche, il tue un ami ; s’il tue un pauvre, il tue une canaille » proclame le romancier ivoirien Ahmadou Kourouma, dans sa critique des dictatures africaines(1). Goût du pouvoir sans limites, ignorance des populations civiles, culte de l’apparence, sont les attributs de la grande majorité pour ne pas dire de l’intégralité des dirigeants africains passés et présents. Denis Sassou N’Guesso et Pascal Lissouba, au Congo Brazzaville, Omar Bongo et son fils Ali au Gabon, François Bozizé en République Centrafricaine, Idriss Déby au Tchad, tous se sont illustrés dans des guerres fratricides, perpétrant massacres et désolations. Et tous sont francs-maçons, ont vécu le rituel si symbolique du passage sous le bandeau lors de l’initiation, qui doit permettre à l’homme de renaître et devenir meilleur. Le constat est amer et les interrogations multiples. Alors que la maçonnerie occidentale a insufflé démocratie, émancipation des hommes et accroissement des libertés, la maçonnerie africaine, n’aurait-elle engendré que des potentats sanguinaires, trahissant les valeurs de l’institution même qui les a accueillis ? Faut-il parler d’échec et ignorer les maçonnes et maçons africains qui cherchent à instaurer plus d’humanité et de valeurs citoyennes dans leur pays ? Comprendre la maçonnerie africaine, ses particularités, et son imbrication dans le politique, c’est d’abord remonter aux origines de son implantation.

La colonisation et l’émergence d’une maçonnerie « paternaliste »

Dès le XIXème siècle, les grandes puissances européennes, surtout la France et la Grande-Bretagne convoitent le continent africain. La colonisation, au-delà des arguments économiques évidents, avec la mainmise et l’exploitation des richesses locales est perçue comme un acte civilisateur des populations. Cette vision sera partagée par de grands humanistes, défenseurs des droits de l’homme, Jules Ferry et Léon Gambetta pour ne citer qu’eux. Mais elle pose d’emblée les bases d’un paternalisme, où situation dominante de ceux qui savent, les blancs, sur les ignorants, les indigènes. La franc-maçonnerie qui apparait alors sur le continent africain suivra assez naturellement cette tendance. Le 9 mai 1781, une première loge voit le jour, la Respectable Loge Saint-Jacques des vrais amis rassemblés, à l’orient de Saint-Louis du Sénégal. Ce sera ensuite la création de loges au Maroc, en Tunisie, à Madagascar, en Guinée, au Congo(2).



L'intégralité de cet article est disponible dans le n°3 de franc-maçonnerie magazine, en vente

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______Qui est Maître Mao Zedong, ou Mao Tsé-toung, ou Mao Tsé-Tung, ou Mao Tsö-Tong : « le prophète dans l'initiation de l'opium », Nature du décès Crise cardiaque "Le Petit Livre rouge" Un des plus grand cofondateurs du Parti communiste chinois

Un des cofondateurs du Parti communiste chinois (Shanghai, 1921), Mao Zedong parvint progressivement à s'en faire reconnaître comme le dirigeant suprême, notamment lors de l'épisode de la Longue Marche (1934-1935). Après de longues années de guérilla contre les nationalistes du Kuomintang dirigés par Tchang Kaï-Chek, ainsi que contre l'envahisseur japonais pendant la guerre sino-japonaise (1937-1945), Mao sortit vainqueur de l'ultime phase de la guerre civile chinoise, avec la victoire de l'Armée populaire de libération (1949). Il proclame la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949 à Pékin ; il en sera le président de 1954 à 1959. Ses principaux postes, qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1976 et qui faisaient de lui le numéro un du régime, étaient ceux de Président du parti communiste et de Président de la Commission militaire centrale, le premier lui garantissant la maîtrise du Parti, et le second celle des forces armées.

Mao Zedong imposa à la population le collectivisme communiste et la dictature du parti unique, en suivant d'abord de très près le modèle soviétique. Au nom de la définition d'une « voie chinoise vers le socialisme », il se démarqua ensuite progressivement de l'URSS et fut l'inspirateur direct du Grand Bond en avant (1958-1960), politique économique qui s'est soldée dans les campagnes par la plus vaste et la plus meurtrière famine qu'ait connu le XXe siècle.

Mis dès lors sur la touche par ses collaborateurs, il souleva les étudiants chinois contre la direction du Parti pour reprendre le pouvoir, livrant la Chine à la violence effrénée des gardes rouges au cours de la confuse Révolution culturelle (1966-1969). Ayant éliminé ses rivaux, disgracié les gardes rouges et rétabli l'ordre à son profit, il fit l'objet d'un culte de la personnalité porté à son paroxysme et rapprocha alors le plus la Chine populaire d'un État de type totalitaire (1969-1976). Il entama cependant une détente internationale et un rapprochement avec l'Occident, qui permit la réintégration de la Chine dans le concert mondial (entrée à l'ONU, 1971), et laissa son fidèle Premier ministre Zhou Enlai décréter le programme des « Quatre Modernisations » (1975). Celui que l'on surnomme « le Grand Timonier » mourut sans avoir désigné de successeur et la Chine réhabilita peu après un certain nombre de ses victimes, tout en s'ouvrant à une certaine forme d'économie de marché.

Les œuvres théoriques de Mao et sa pratique politique ont donné naissance au courant marxiste-léniniste connu sous le nom de maoïsme.

  • Enfance et formation révolutionnaire

Mao Zedong est le fils aîné d'une famille relativement prospère de Shaoshan dans le département de Xiangtan, province de Hunan. Ses ancêtres étaient venus de la province du Jiangxi sous la dynastie Ming et s’étaient installés comme paysans. Sa langue natale était non pas le mandarin mais le xiang, dialecte en grande partie intelligible des autres chinois mais qui restera caractéristique de ses discours, mais aussi de ses faibles capacités en langues : il ne maîtrisera jamais le putonghua, la langue standard chinoise que son propre régime a mise en place.

En 1908, son père le maria à une de ses nièces, Luo, de quatre ans son aînée. En 1936, Mao prétendit à Edgar Snow n'avoir jamais vécu avec elle. Elle mourut en 1910. De par ce mariage, Mao devint un adversaire acharné des mariages arrangés.

Durant la révolution chinoise de 1911, Mao s’engagea dans un régiment local du Hunan. Cependant son aversion pour le service militaire le conduisit à retourner à l’école à Changsha. En 1917 il fonda avec Cai Hesen (1895-1931) l' « Association d'études pour le renouveau du peuple »1. En 1918, il fut diplômé de la première école normale provinciale du Hunan. Il se mit à voyager avec son professeur Yang Changji, son futur beau-père, jusqu’à Pékin où il passa les événements du mouvement du 4 mai en 1919.

Yang était professeur à l’université de Pékin. Grâce à la recommandation de Yang, Mao travailla comme aide bibliothécaire à l’université sous les ordres de Li Dazhao. Mao s’enregistra comme étudiant à temps partiel à l’université et suivit des cours et séminaires dispensés par des intellectuels célèbres comme Chen Duxiu, Hu Shi, Qian Xuantong, etc. Durant son séjour à Pékin, il lut énormément ce qui lui permit de se familiariser avec les théories communistes. Il se maria avec sa condisciple Yang Kaihui, la fille du professeur Yang.

Employé à la bibliothèque de Pékin, Mao Zedong révéla par la suite sa rancune envers les lettrés chinois, qui méprisaient son origine paysanne. Il garda toutefois un goût pour la poésie et la calligraphie, devenu célèbre par la suite.

À l'inverse de certains de ses éminents contemporains révolutionnaires, tels que Zhou Enlai, Mao rejeta l'idée d'aller étudier en France. Hors l'aspect financier du périple, l'idée a été avancée que les faibles capacités linguistiques de Mao l'avaient découragé : la langue chinoise étant déjà un obstacle (le dialecte du Hunan étant sa référence principale). Par exemple, on remarque qu'il ne s'est rendu qu'une seule fois en Union soviétique, en novembre 1957. Plus tard, il déclara que c’était parce qu’il croyait fermement que les problèmes de la Chine pouvaient être étudiés et résolus en Chine. Il est souvent avancé que Mao s'est très tôt penché sur les problèmes de la paysannerie. Il apparaît au contraire que c'est assez tard que le problème paysan est devenu un point important pour lui : c'est quand le Kuomintang lui a commandé des articles pour des revues consacrés au monde paysan qu'un semblant d'intérêt, n'étant même pas à son initiative, a laissé des traces dans sa biographie.

Le 23 juillet 1921, à l’âge de 27 ans, Mao participa à la première session du congrès du parti communiste chinois à Shanghai : il semble qu'il n'ait pris aucune part active aux débats, face aux autres participants impliqués depuis plus longtemps que lui dans la cause révolutionnaire. Deux ans plus tard, il fut élu un des cinq commissaires du comité central du parti au cours de la session du troisième congrès.

Mao resta un certain temps à Shanghai, une ville importante où le PCC essayait de promouvoir la révolution. Mais après que le parti eut rencontré des difficultés majeures en essayant d'organiser les mouvements syndicalistes et que ses relations avec son allié nationaliste, le Kuomintang se furent détériorées, Mao perdit ses illusions de faire la révolution à Shanghai et retourna à Shaoshan. Durant son retour à la maison, Mao réanima son intérêt dans la révolution après avoir été mis au courant des soulèvements de 1925 à Shanghai et Canton. Il s'en fut alors dans le Guangdong, la base du Kuomintang, et prit part à la préparation du deuxième congrès national du parti nationaliste.

Il y travailla activement pour le Kuomintang, obéissant à cet égard aux directives du Kremlin, qui souhaitait développer un réseau étendu de taupes communistes déclarées ou officielles ; cependant son engagement au sein du Kuomintang, opportuniste, lui a valu d'être taxé de traître par les autres communistes. C'est une période de sa vie qui est largement oblitérée de l'histoire officielle chinoise.

Au début 1927, Mao retourna dans la province du Hunan où, dans une réunion du parti communiste, il fit un rapport sur les conclusions qu'il tirait des soulèvements paysans à la suite de l'expédition du Nord. Ceci est considéré comme le point de départ initial mais décisif vers l'application des théories révolutionnaires de Mao.

De la guérilla à la révolution Dans la première partie de sa vie politique, Mao Zedong a été influencé par le Mouvement du 4 mai 1919, le rejet de la culture classique, de l'impérialisme et l'apport d'idées socialistes. En 1927, Mao conduisit le soulèvement de la récolte d’automne à Changsha, dans la province du Hunan, en tant que commandant en chef. Mao était à la tête d’une armée, appelée l’« armée révolutionnaire des travailleurs et des paysans », mais fut vaincu et isolé après des batailles violentes. Ensuite, les troupes épuisées furent forcées de quitter la province du Hunan pour le village de Sanwan, situé dans les montagnes du Jinggang Shan dans la province du Jiangxi, où Mao réorganisa ses forces. Mao demanda aussi que chaque compagnie ait une cellule du parti avec un commissaire qui puisse donner des instructions politiques sur la base d’instructions supérieures. Ce réarrangement militaire initia le contrôle absolu du PCC sur ses forces militaires et a été considéré comme ayant eu l'impact le plus fondamental sur la révolution chinoise. Ultérieurement, Mao déplaça plusieurs fois son quartier général dans les Jinggang Shan.

Dans les Jinggang Shan, Mao persuada deux chefs rebelles locaux de se soumettre. Mao fut rejoint par l’armée de Zhu De, créant ainsi l’"armée rouge des travailleurs et des paysans de Chine", mieux connue sous le nom d’Armée rouge chinoise.

De 1931 à 1934, Mao établit la République soviétique chinoise du Jiangxi et fut élu président de cette petite république dans les régions montagneuses du Jiangxi. C’est là qu'il se maria avec He Zizhen - sa précédente épouse Yang Kaihui avait été arrêtée et exécutée en 1930.

Au Jiangxi, la domination autoritaire de Mao, en particulier dans le domaine militaire, fut défiée par la branche du PCC du Jiangxi et par des officiers. Les opposants de Mao, parmi lesquels le plus important était Li Wenlin, le fondateur de la branche du PCC et de l’armée rouge au Jiangxi, s’opposaient aux politiques agraires de Mao et à ses propositions de réforme de la branche locale du parti et des dirigeants de l’armée. Mao réagit d’abord en accusant ses opposants d’opportunisme et de koulakisme et les supprima d’une manière systématique. Le nombre de victimes est estimé à plusieurs milliers et pourrait atteindre 186 000 (ref : Chine: L'archipel oublié by Jean-Luc Domenach, pg 47.) Grâce à ce terrorisme, l’autorité de Mao et sa domination du Jiangxi fut renforcée.

Jung Chang et Jon Halliday estiment qu'à son apogée, la république soviétique chinoise couvrait quelques 150 000 km2 pour une population de dix millions d'habitants. Ils indiquent également que, rien que sur la zone centrale du Jiangxi et du Fujian, le régime communiste fit, en trois ans, 700 000 victimes (assassinats, suicides, travaux forcés,...), soit 20 % de la population.

Mao, avec l’aide de Zhu De, construisit une armée modeste mais efficace, et entreprit des expériences de réforme rurale et de gouvernement, et offrit un refuge aux communistes qui fuyaient les purges droitistes dans les villes. Les méthodes de Mao sont normalement considérées comme celles d’une guérilla ; mais Mao faisait une distinction entre guérilla (youji zhan) et guerre mobile (yundong zhan). La guérilla de Mao ou sa guerre mobile se reposait sur une armée rouge qui avait un armement et une formation dérisoire mais comprenait des paysans pauvres encouragés par des passions révolutionnaires et ayant foi dans l'utopie communiste.

Dans les années 1930, Il n’y avait pas moins de dix régions considérées comme “régions soviétiques” sous le contrôle du PCC et le nombre de soldats de l’armée rouge avoisinait les cent mille. La multiplication des “région soviétiques” étonnait et ennuyait Tchang Kaï-chek, président du Kuomintang, qui lança cinq campagnes contre les territoires communistes. Plus d’un million de soldats du Kuomintang furent impliqués dans ces campagnes, quatre d’entre elles ayant été repoussées par l’armée rouge conduite par Mao.

La Longue Marche, un mythe moderne Article détaillé : Longue Marche. Après la fondation de la République soviétique chinoise du Jiangxi sur le modèle russe, Mao Zedong peine à s'imposer dans la hiérarchie du Parti. Considéré comme un modéré, voire un droitiste, il découvre une méthode soviétique qu'il n'oubliera plus par la suite : les purges. Il parvient à asseoir une certaine autorité en procédant ainsi à un régime de la terreur, s'appuyant sur le prétexte de contrecarrer des "AB" (anti-bolchéviques), ou sous d'autres étiquettes. Du fait de ses choix stratégiques toujours pris en fonction de son intérêt personnel, au risque de milliers de morts inutiles, il est déconsidéré par ses pairs, et ce n'est qu'à grand-peine qu'il serait parvenu à rejoindre le contingent des troupes de l'Armée populaire, dans ce qui sera pompeusement appelé plus tard la Longue Marche.

Manœuvrant sans cesse pour grimper dans la hiérarchie militaire et politique, en menaçant ses proches collaborateurs de leur faire porter la responsabilité de ses propres erreurs, il parvient à faire tourner en rond le contingent des troupes devant opérer la jonction avec le contingent du Nord, sous la direction d'un chef plus puissant et donc menaçant pour son autorité. Les troupes conduites par Mao Zedong pratiquaient couramment le pillageréf. nécessaire pour assurer leur approvisionnement, aussi il semble tout à fait faux de considérer la Longue Marche comme un mouvement fédérateur du monde paysan : ceux-ci étaient terrorisés, et préféraient la domination du parti nationaliste de Tchang Kaï-chek, moins violent.

Il semble aussi falloir considérer le fait que Tchang Kaï-chek ait toléré dans une large mesure le mouvement des troupes de l'Armée populaire, d'une part à cause du soutien théorique de l'Union soviétique, mais aussi parce que le Kremlin retenait en otage le fils du leader nationaliste. Tchang aurait ainsi sciemment permis aux troupes communistes de réaliser la jonction avec les troupes du nord.



Mao Zedong durant les négociations de 1945 avec Tchang Kaï-chek, en compagnie du diplomate américain Patrick J. Hurley.Durant la guerre sino-japonaise, les communistes s'allient aux nationalistes contre les Japonais, dans le cadre du deuxième front uni. Mao ne perd cependant pas de vue la perspective de la reprise du combat contre le Kuomintang : plutôt que des attaques frontales des troupes communistes contre l'armée japonaise, il préconise des actions de guérilla, afin d'épargner les effectifs et de permettre au PCC de consolider ses forces. Peu après la fin du conflit contre les Japonais, et malgré les efforts de médiations des États-Unis, la guerre civile entre communistes et nationalistes reprend.

Avènement de la République populaire de Chine Le 1er octobre 1949, à Pékin, du balcon de la Cité interdite des anciens empereurs, Mao Zedong proclame l'avènement de la République populaire de Chine. Cette prise de pouvoir met fin à une longue période de guerre civile marquée par l'invasion japonaise et la Longue Marche, le Kuomintang s'étant exilé à Taïwan.

Après son accession au pouvoir, Mao répéta les erreurs de gestion économique, le plus souvent catastrophiques pour son pays ; son intelligence des rouages du pouvoir était en revanche hors du commun, ce qui lui permit de rester en place jusqu'à sa mort.

Les Cent fleurs Article détaillé : Campagne des Cent Fleurs. En 1957, avec la campagne des Cent Fleurs (symbolisant « cent écoles, cent opinions qui s'expriment »), Mao encourage la liberté d'expression de la population, exhortant en particulier les intellectuels à critiquer le Parti. Mais le mouvement prend rapidement une ampleur qu'il n'avait pas envisagée : les critiques explosent littéralement, échappant bien vite à son contrôle et le menant à une violente campagne de répression. Certains analystes politiques, chinois notamment, pensent que cette campagne ne fut qu'un piège : laisser s'exprimer les intellectuels dissidents pour mieux les réprimer2,3.

Le « Grand Bond en avant » Article détaillé : Grand Bond en avant.



Mao et Staline en 1949Jusqu'au milieu des années 1950, la République populaire de Chine a copié avec zèle le modèle soviétique, puisqu’elle a consacré la plus grande part des investissements au développement industriel. Toutefois, dès 1955, Mao Zedong est partisan d’une voie spécifiquement chinoise du socialisme, qui s’appuierait sur la paysannerie (plutôt que sur la classe ouvrière) et passerait par une collectivisation accélérée.

Ainsi, entre 1958 et 1960, Mao met en œuvre le « Grand Bond en avant », un mouvement de réformes industrielles censé permettre de "rattraper le niveau de production d'acier de l'Angleterre" en seulement 15 ans. Des communes de production sont organisées au niveau local et toute la population, et par dessus tout le monde paysan, est sommée d'y apporter sa contribution. Mao place dans la force du peuple, du "prolétariat" des espoirs démesurés : les paysans seront surexploités, on leur demandera de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique.

Malgré les efforts surhumains déployés, c'est une catastrophe. La main d'œuvre inexpérimentée produit des biens d'une qualité exécrable tandis que les récoltes, faute de temps, pourrissent sur pied. Le « Grand Bond en avant » se solde donc par un échec cuisant et engendre une famine d'une ampleur désastreuse. Elle fera, selon les estimations, entre 20 et 43 millions de victimes4. Mao Zedong, après avoir longtemps ignoré le désastre ou rejeté la cause de la non-efficacité de son programme sur des éléments extérieurs, comme l'action de contre-révolutionnaires ou encore les catastrophe naturelles, se retrouve en minorité au Comité de direction du Parti communiste. De plus, la confiance du peuple en l'idéologie de Mao est fortement ébranlée. Il doit quitter son poste de Président de la République, mais demeure Président du parti.

La révolution culturelle Article détaillé : Révolution culturelle. La révolution culturelle (1966-1976), durant la période de troubles et de contestations qui suit le catastrophique Grand Bond en avant, lui permet de reprendre le pouvoir et les rênes du pays. Entamée afin de réhabiliter Mao dans son pouvoir, elle commence à la suite d'une polémique que lance son épouse Jiang Qing. La « révolution culturelle » incite les jeunes à prendre le pouvoir, à se révolter contre les fonctionnaires corrompus, désormais « ennemis du peuple » — les gardes rouges (qui ne sont autres que les étudiants « révolutionnaires ») sont créés à cette occasion.

Comme lors du mouvement des « Cent Fleurs », la polémique échappe au contrôle de Mao et le tout se soldera une fois de plus par une violente répression armée, un massacre sanglant. Suite à cela, beaucoup d'intellectuels seront envoyés en rééducation, soit forcés à quitter les villes pour partir vivre à la campagne où ils subiront un dur apprentissage du métier de paysan et une partie considérable du patrimoine culturel chinois est détruit à cette occasion. Au sortir de cette nouvelle crise, le peuple chinois sera définitivement traumatisé, tant par les atrocités physiques que par les incroyables violences morales (telles que les fameuses « autocritiques », humiliations publiques d'une cruauté morale traumatisante). Le goulag chinois, le Laogai est bien plus peuplé que son équivalent russe ; ses conditions de détention n'y sont pas meilleures.



29 février 1972 : rencontre historique de Nixon et Mao à PékinÀ la fin de son règne, Mao Zedong changea sa stratégie d'autarcie en invitant le président américain Richard Nixon en Chine, préfigurant la politique d'ouverture de Deng Xiaoping. Par cette rencontre, les deux leaders entendaient contrebalancer la puissance de l'Union soviétique.

Par la suite, la politique idéologique extrême menée par Mao Zedong a fait l'objet de critiques ouvertes au sein du Parti communiste chinois, qui met fin au culte de la personnalité et à l'idolâtrie qu'il avait lui-même organisée et intensifiée à la fin de sa vie. Le limogeage de la Bande des Quatre, dont son épouse, Jiang Qing, qui a eu lieu rapidement après sa mort prouve bien à quel point sa politique était tombée en disgrâce, tant dans les hautes sphères du parti que dans l'esprit populaire.

Dans l'historiographie officielle chinoise, il reste néanmoins considéré comme le grand libérateur de la Chine et le constructeur de la Chine moderne. Mao étant le fondateur du régime chinois actuel, son image continue d'être honorée, bien que la politique économique suivie aujourd'hui par ses successeurs n'ait plus guère de points communs avec le maoïsme.

La propagande de Mao Zedong Le culte de la personnalité



Bas reliefs symbolisant la Longue Marche sous l'étendard de Mao Zedong devant son mausolée à Pékin, place Tian'anmen. Autel avec les portraits de Mao Zedong et du 10e Panchen Lama, dans une taverne tibétaine en 2007, au YunnanLe culte de la personnalité de Mao Zedong prend ses racines dans la Longue Marche, lors de laquelle il s'est imposé comme leader charismatique. Comme ce fut le cas sous l'URSS stalinienne, le style de propagande réaliste-socialiste originel de l'art officiel a évolué ensuite vers une déification marquée de Mao, à l'opposé des premières représentations où il est situé aux côtés des paysans et ouvriers, dans une relation d'égal à égal. À partir de la révolution culturelle, date de son retour au pouvoir, l'effigie de Mao, idéalisée, est située dans le ciel, détachée du commun des mortels.

Le village natal de Mao Zedong, Shaoshan dans le Hunan, est toujours le lieu de pèlerinage pour de nombreux Chinois, donnant lieu à ce que l'on appelle parfois un « tourisme rouge ».

Le Petit Livre rouge



Badge à l'effigie de Mao Zedong.Des citations choisies ont été rassemblées et publiées dans les années 1960 sous le nom de Petit Livre rouge, très en vogue pendant la Révolution culturelle. Les premières éditions étaient préfacées par une calligraphie de Lin Biao et furent mises au pilon lorsque ce compagnon de Mao tomba en disgrâce. Les éditions qui circulaient en France au moment de Mai 68 étaient munies de cette préface.

Un bilan controversé Mao Zedong reste un des personnages les plus connus et les plus passionnément controversés du XXe siècle et de l'histoire de Chine.

C'est lui qui en définitive restaura l'unité et l'indépendance nationale de la Chine, au terme de décennies de divisions intestines et de « semi-colonisation » par l'Occident. Des partis et groupuscules maoïstes à travers le monde continuent à révérer Mao comme un grand révolutionnaire dont la pensée serait la quintessence du marxisme. Dans le monde, des hommes souvent à mille lieues du marxisme et du maoïsme ont salué en lui un stratège militaire de génie, un patriote ayant su rendre sa dignité à son pays, un leader du Tiers-Monde et un personnage d'une envergure historique peu commune, dont l'épopée fascine encore aujourd'hui.

Mais de plus en plus d'historiens démontent la légende et insistent sur les travers de l'homme et sur le dictateur aux choix ayant causé la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes en Chine (65 millions selon Le Livre noir du communisme, 70 millions selon Mao. L'histoire inconnue). Les carences des programmes les plus significatifs de Mao – le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle surtout - ont été vivement mises en avant, leur coût se chiffrant aujourd'hui en dizaines de millions de morts5, sans oublier le gaspillage énorme de ressources et d'énergies, d'incontestables régressions économiques, écologiques et techniques, ainsi que l'étouffement à terme de la créativité culturelle chinoise. Les historiens occidentaux ont vu dans son exercice du pouvoir un autoritarisme typique des dirigeants totalitaires : mise en place d'un parti unique (et donc régime autoritaire et anti-démocratique), propagande, primauté du militaire, État policier (arrestations arbitraires, tortures, ...), endoctrinement politique dès l'enfance, autocritiques obligatoires, camps de concentration (le laogai), répression des minorités (Ouïghours), expansion territoriale (occupation du Tibet, lancée en octobre 1950), eugénisme ... Ce trait ultra-répressif, commun à la plupart des pays ayant adopté un régime stalinien (URSS, Cambodge, Corée du Nord...), est à replacer dans le contexte du déclin de l'impérialisme colonial, puis de la guerre froide.

En outre, il reste délicat d'évaluer dans l'action et les idées de Mao la part de l'idéologie socialiste, souvent largement utilisée comme propagande de façade, et la part des jeux de pouvoir en sa faveur, qui semblent avoir dominé ses choix politiques pour la Chine. Il est également difficile de juger de la place de Mao dans la continuité de la très longue histoire chinoise : rupture radicale avec le passé, ou règne d'un nouvel empereur de Chine d'une nature inédite ? Presque jamais sorti de Chine, ne parlant aucune langue étrangère, nourri de la culture classique de l'ancien Empire du Milieu, lui-même poète, calligraphe et écrivain à ses heures, Mao semble à beaucoup avoir souvent autant puisé dans l'héritage de Confucius que dans celui de Karl Marx.

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___Adolf Hitler né en 1889 à Braunau am Inn en Autriche : le « prophéte Baal»: la mise à mort industrielle, chambres à gaz; la persécution antisémite; Théories racistes, Le maître de l'Europe occupée : exploitation et terreur.. Guerre mondiale

  • LE DIABLE INCARNEE SUR TERRE... (le mal absolu)

satanique est mon blaze..

  • L'immonde bête écarlate (satan personnifié) code : Hfsds 999666wwwdshfs

Adolf Hitler, né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn en Autriche (alors en Autriche-Hongrie) et mort par suicide le 30 avril 1945 à Berlin, est un homme politique allemand, fondateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de la dictature totalitaire désignée sous le nom de Troisième Reich.

Porté à la tête de l’Allemagne par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) qu’il reprit en 1921, il devient chancelier du Reich le 30 janvier 1933, puis se fait plébisciter en 1934 comme président, titre qu’il délaissa pour celui de Führer (« guide »). Sa politique expansionniste fut à l'origine du volet européen de la Seconde Guerre mondiale, pendant lequel il fit perpétrer de très nombreux crimes contre l’humanité, dont la Shoah reste le plus marquant. À la postérité, l’ampleur sans précédent des destructions, des pillages et des crimes de masse dont il fut le responsable, tout comme le racisme radical singularisant sa doctrine et l'inhumanité exceptionnelle des traitements infligés à ses victimes, lui ont valu d'être considéré de manière particulièrement négative par l'historiographie, par la mémoire collective et par la culture populaire en général. Son nom et sa personne font généralement figure de symboles répulsifs2.

L'orateur charismatique du parti nazi (1919-1922)



Quelques poses d'Adolf Hitler en train de discourir, photos de Heinrich Hoffmann en 1930.Début septembre 1919, Hitler est chargé de surveiller un groupuscule politique ultra-nationaliste, le Parti ouvrier allemand, fondé un an plus tôt par Anton Drexler. Sur la fin d'une réunion dans une brasserie de Munich, il prend à l'improviste la parole pour condamner vivement une proposition d'un orateur. Remarqué par Drexler, il se laisse convaincre peu après d'adhérer, et transforme vite le parti en Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

Son magnétisme et ses capacités d'orateur en font un personnage vite prisé des réunions publiques des extrémistes de brasserie. Ses thèmes favoris — antisémitisme, antibolchevisme, nationalisme — trouvent un auditoire déjà réceptif. Mobilisant de plus en plus de partisans, il se rend vite assez indispensable au mouvement pour en exiger la présidence, que le groupe dirigeant initial lui abandonne dès avril 1921 après un ultimatum de sa part. Du fait de ses talents d’agitateur politique, le parti gagne rapidement en popularité, tout en restant très minoritaire.

Hitler dote son mouvement d'un journal, le Völkischer Beobachter, lui choisit le drapeau à croix gammée pour emblème, fait adopter un programme en 25 points (en 1920) et le dote d'une milice agressive, les Sturmabteilung (SA). Il change également de style vestimentaire, s'habillant constamment de noir ou en tenue militaire, c'est à cette époque également qu'il se coupe la moustache devenant un de ses traits physiques célèbres.

Au départ, Hitler se présente comme un simple « tambour » chargé d'ouvrir la voie à un futur sauveur de l'Allemagne encore inconnu. Mais le culte spontanément apparu autour de sa personnalité charismatique dans les rangs des SA et des militants le fait vite se convaincre qu'il est lui-même ce sauveur providentiel. À partir de 1921-1922, la conviction intime qu'il est désigné par le destin pour régénérer et purifier l'Allemagne vaincue ne le quitte plus10,11.

Son narcissisme et sa mégalomanie ne font en conséquence que s'accentuer, comme sa prédominance absolue au sein du mouvement nazi. C’est ce qui le différencie d'un Mussolini, au départ simple primus inter pares d'une direction collective fasciste, ou d'un Staline, qui ne croit pas lui-même à son propre culte, fabriqué tardivement pour mieux asseoir sa victoire sur Trotski et sur la vieille garde bolchevique.

Inspiré par la lecture du psychologue Gustave Le Bon, Hitler met au point une propagande hargneuse mais efficace.

« L'idée centrale de Hitler est simple : lorsqu'on s'adresse aux masses, point n'est besoin d'argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assénés à satiété constituent l'essentiel de son arsenal propagandiste, comme le recours aux effets théâtraux, aux affiches criantes, à un expressionnisme outrancier, aux gestes symboliques dont le premier est l'emploi de la force. Ainsi, quand les SA brutalisent leurs adversaires politiques, ce n'est pas sous l'effet de passions déchaînées, mais en application des directives permanentes qui leur sont données. » — Henri Burgelin, « Les succès de la propagande nazie », in L'Allemagne de Hitler, p. 124.

De sa vie, Hitler n'accepta jamais un débat rationnel ni contradictoire et ne parla que devant des auditoires acquis12.

En janvier 1922, Hitler est condamné à trois mois de prison (dont deux avec sursis) pour « troubles à l’ordre public ». Il purge cette peine à la prison de Stadelheim de Munich entre juin et juillet 1922. Il est même menacé d’être expulsé de Bavière.

  • Le putsch manqué de Munich (9 novembre 1923)


Les personnalités inculpées lors du procès d'Adolf Hitler en 1924, photo d'Heinrich HoffmannArticle détaillé : Putsch de la Brasserie. Admirateur fervent de Mussolini (dont un buste ornera durablement son bureau), Hitler rêve d'avoir à son tour sa « marche sur Rome » qui le fasse accéder au pouvoir par la force13.

En novembre 1923, alors que l'économie s'est effondrée avec l'occupation de la Ruhr, que le Papiermark rongé par l'hyperinflation ne vaut plus rien et que des entreprises séparatistes ou communistes secouent certaines parties de l'Allemagne, Hitler croit le moment venu pour prendre le contrôle de la Bavière avant de marcher sur Berlin et d'en chasser le gouvernement élu. Les 8 et 9 novembre 1923, il conduit avec le maréchal Erich Ludendorff le coup d'État avorté de Munich connu comme le Putsch de la Brasserie. Le complot bâclé est facilement mis en déroute, et lors d'un heurt de ses troupes avec la police devant la Feldherrnhalle, Hitler est lui-même blessé tandis que sont tués 16 de ses partisans, promus ultérieurement « martyrs » iconiques du nazisme.

Le NSDAP est aussitôt interdit. En fuite, Hitler est arrêté le 11 novembre, inculpé de conspiration contre l’État, et incarcéré à la prison de Landsberg am Lech. À partir de cet instant, il se résoudra à se tourner tactiquement vers la seule voie légale pour arriver à ses fins.

Mais dans l'immédiat, il sait exploiter son procès en se servant de la barre comme d'une tribune : la médiatisation de son procès lui permet de se mettre en vedette et de se faire connaître à travers le reste de l'Allemagne. Les magistrats, reflétant l'attitude des élites traditionnelles peu attachées à la République de Weimar, se montrent assez indulgents à son égard. Le 1er avril 1924, il est condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour « haute trahison », dont il purgera moins d'une année, à la prison de Landsberg am Lech.

Constitution définitive d'une idéologie (1923-1924) Pendant sa détention, il dicte à son secrétaire Rudolf Hess son ouvrage Mein Kampf, récit autobiographique, et surtout manifeste politique, appelé à devenir le manifeste du mouvement nazi. Hitler y dévoile sans fard l’idéologie redoutable qu’il a achevé de se constituer depuis 1919 (Weltanschauung), dont il ne variera plus et qu’il cherchera à mettre en pratique14.

Outre sa haine de la démocratie, de la France « ennemie mortelle du peuple allemand », du socialisme et du « judéo-bolchevisme », sa doctrine repose sur sa conviction intime à base pseudo-scientifique d’une lutte darwinienne entre différentes « races » foncièrement inégales. Au sommet d’une stricte pyramide, se trouverait la race allemande ou « race des Seigneurs », qualifiée tantôt de « race nordique » et tantôt de « race aryenne » et dont les plus éminents représentants seraient les grands blonds aux yeux bleus. Cette race supérieure doit être « purifiée » de tous les éléments étrangers, « non-allemands », juifs, homosexuels, ou malades, et doit dominer le monde par la force brute. Au traditionnel pangermanisme visant à regrouper tous les Allemands ethniques dans un même État, Hitler ajoute la conquête d’un Lebensraum indéfini, à arracher notamment à l’Est aux « sous-hommes » polonais et slaves. Enfin, Hitler parle constamment d’« éradiquer » ou d’« anéantir » les Juifs, comparés à des vermines ou des poux, qui ne sont pas seulement pour lui une race radicalement inférieure, mais aussi radicalement dangereuse.

Hitler a principalement emprunté sa vision ultra-raciste à Gobineau et à H. S. Chamberlain, son culte du surhomme à Nietzsche, son obsession de la décadence à Oswald Spengler et, enfin, les concepts de race nordique et d'espace vital à Alfred Rosenberg, idéologue du parti. Il puise aussi dans la « révolution conservatrice » animée par Arthur Moeller van den Bruck, dont il a lu l'ouvrage Le Troisième Reich.

Dans la fiche signalétique établie par les renseignements français dès 1924, Adolphe Hitler est inscrit comme journaliste et est qualifié de Mussolini allemand ; succèdent ces notes : Ne serait que l'instrument de puissances supérieures : n'est pas un imbécile mais très adroit démagogue. Aurait Ludendorf derrière lui. Organise des Sturmtruppen genre fasciste. Condamné à 5 ans de forteresse avec possibilité de sursis après 6 mois de détention.15. A la demande de Pascal Hénaff, le second prénom d'Adolphe Hitler est confirmé comme étant Jacob par Sciences et Avenir en avril 200916.

Après seulement treize mois de détention et malgré l’opposition déterminée du procureur Stenglein, il bénéfice d’une libération anticipée le 20 décembre 1924.

Réorganisation du parti (1925-1928) Craignant d’être expulsé vers l’Autriche, Hitler renonce à la nationalité autrichienne le 30 avril 1925. Devenu apatride et bien qu’il soit interdit de parole en public jusqu’au 5 mars 1927, il reconstruit son parti et retrouve une certaine popularité.

Si ses succès électoraux restent modestes avant 1928, le NSDAP rend ses structures plus performantes et s’étend géographiquement. Il diversifie ses organisations de masse en créant des associations qui ciblent chacune une catégorie sociale : étudiants, paysans, ouvriers, femmes, intellectuels, jeunes (Hitlerjugend fondée en 1926), etc. Le Parti nazi constitue ses forces en contre-société et en contre-gouvernement susceptibles, le jour venu, de se substituer de plain-pied au pouvoir en place17.

Allié à Julius Streicher, un propagandiste antisémite pornographe et très violent, dont la clientèle est centrée sur la ville de Nuremberg, Hitler fait de celle-ci la ville des congrès du parti. Le parti est implanté en Allemagne du Nord par les frères Otto et Gregor Strasser, qui mettent plus qu’Hitler l’accent sur le côté socialiste du nazisme et souhaitent l’alliance avec l’URSS contre les « ploutocraties » occidentales. Face à ces derniers, ses seuls concurrents sérieux pour la direction du parti, Hitler renforce son autorité personnelle.

C’est à partir de cette date qu’il impose comme obligatoire dans le parti le salut nazi prononcé bras tendu — Heil Hitler ! ou, si l’on est face à lui, Heil mein Führer ! —, un rappel permanent de sa suprématie. C’est de cette époque aussi que date l’entrée en scène de Joseph Goebbels, Gauleiter de Berlin, l’un de ses plus fidèles soutiens — lequel, proche des frères Strasser au départ, avait d’abord traité Hitler de « petit-bourgeois » et demandé son exclusion du parti, avant de succomber à son charisme en 1926 et de devenir un des hommes clef du système nazi.

Les SA, la brutale milice du parti qui s’illustre dans les agressions et les combats de rues, posent plus de problèmes à Hitler par leur recrutement plébéien assez large et par leur discipline souvent incertaine. La base des SA est partisane d'une « seconde révolution » et exaspérée par les compromis que doit faire le Parti nazi dans sa conquête du pouvoir. Leurs sections berlinoises, commandées par Walter Stennes, iront même jusqu'à saccager à plusieurs reprises les locaux du parti nazi entre 1930 et 193118. Dès 1930, confronté à cette grave mutinerie de leur part, Hitler rappelle de Bolivie son ancien complice du putsch de 1923, Ernst Röhm, qu’il avait mis lui-même sur la touche en 1925 : ce dernier reprend leur tête et rétablit en partie l’ordre dans leurs rangs.

Mais pour permettre à Hitler d’équilibrer la puissance des SA, c’est dès 1925 qu’Heinrich Himmler crée pour lui la SS : chargée de sa garde personnelle, cet « ordre noir », futur instrument de la terreur policière et génocidaire, est une élite beaucoup plus dévouée à la personne même du Führer que les SA. Hitler a toute confiance dans « le fidèle Heinrich », comme il qualifie cet exécutant à l’obéissance aveugle, qui lui voue une admiration notoirement fanatique.

Hitler, dont le train de vie personnel ne cesse de s'embourgeoiser, s'attache aussi à se rendre respectable et rassurant aux yeux des élites traditionnelles. Pour rallier celles-ci, mieux se distinguer des frères Strasser et faire oublier son image d'agitateur plébéien et révolutionnaire, il se prononce par exemple pour l'indemnisation des princes allemands expropriés en 1918 au référendum de 1927. Le magnat de la Ruhr, Fritz Thyssen, lui apporte ainsi son soutien public.

En 1928, le NSDAP marque le pas et peine à remonter la pente : seuls 2,6 % des votants lui accordent leur confiance aux élections législatives du 28 mai, et il compte moins de 180 000 membres. Mais il n’a plus de concurrent sérieux à l’extrême-droite, car de multiples groupuscules et petits partis de la mouvance völkisch (« nationale-raciste ») ont périclité après 1924-1925, tandis que le vieux maréchal Ludendorff, ancien participant du putsch de la Brasserie qu’Hitler avait habilement poussé à se présenter à la présidentielle de 1925, s’est disqualifié par son score médiocre.

En 1929, pour mieux mener campagne contre le plan Young sur les réparations de guerre dues à la France, le magnat de la presse et chef nationaliste Alfred Hugenberg s'est allié à Hitler, dont il a besoin des talents oratoires, et a financé la campagne de propagande qui a permis au Führer des nazis de se faire connaître dans toute l'Allemagne.

Les fruits de la réorganisation portent à partir de cette date, quand le contexte général devient favorable avec le début d'une grave crise politique et économique.

  • La « résistible ascension » d'Adolf Hitler (1929-1932)


Adolf Hitler en 1932 Évolution en pourcentage du chômage en Allemagne de 1926 à 1940Comme le suggérera à raison Bertolt Brecht par le titre célèbre de sa pièce La Résistible Ascension d'Arturo Ui, âpre satire antinazie, la marche au pouvoir d'Adolf Hitler ne fut ni linéaire ni irrésistible. Toutefois, elle fut favorisée après 1929 par un contexte de crise exceptionnel, et par les faiblesses, les erreurs ou le discrédit de ses adversaires et concurrents politiques.

L'Allemagne n'avait derrière elle en 1918 qu'une faible tradition démocratique. Née d'une défaite et d'une révolution, la République de Weimar s'était mal enracinée, d'autant que serviteurs et nostalgiques du Kaiser restaient très nombreux dans l'armée, l'administration, l'économie et la population. Le Zentrum catholique, parti membre de la coalition fondatrice de la République, s'engage dans une dérive autoritaire à partir de la fin des années 1920, tandis que communistes, nationalistes du DNVP et nazis continuent de refuser le régime et de le combattre. Enfin, le culte traditionnel des grands chefs et l'attente diffuse d'un sauveur providentiel prédisposaient une bonne part de sa population à s'en remettre à Hitler.

État-nation très récent et fragile, traversé de multiples clivages géographiques, religieux, politiques et sociaux, l'Allemagne entre en plus dans une nouvelle phase d'instabilité politique à partir de 1929. Après le décès de Gustav Stresemann, artisan avec Aristide Briand du rapprochement franco-allemand, la chute du chancelier Hermann Müller en 1930 est celle du dernier gouvernement parlementaire. Il est remplacé par le gouvernement conservateur et autoritaire de Heinrich Brüning, du Zentrum.

Monarchiste convaincu, le très populaire maréchal Paul von Hindenburg, porté à la présidence de la République en 1925, cesse de jouer le jeu de la démocratie à partir de 1930. Il se met à gouverner par décrets, nommant des cabinets à ses ordres de plus en plus dépourvus de la moindre majorité au Parlement, usant et abusant de son droit de dissolution du Reichstag — utilisé pas moins de quatre fois de 1930 à 1933. Les institutions de Weimar sont donc vidées de leur substance bien avant que Hitler ne leur porte le coup de grâce19.

Les conséquences catastrophiques de la crise de 1929 sur l’économie allemande, très dépendante des capitaux rapatriés aux États-Unis immédiatement après le krach de Wall Street, apportent bientôt au NSDAP un succès foudroyant et imprévu. Aux élections du 14 septembre 1930, avec 6,5 millions d'électeurs, 18,3 % des voix et 107 sièges, le parti nazi devient le deuxième parti au Reichstag.

La déflation sévère et anachronique menée par Brüning ne fait qu'aggraver la crise économique et précipite de nombreux Allemands inquiets dans les bras de Hitler. En constituant avec ce dernier le « Front de Harzburg » en octobre 1931, dirigé contre le gouvernement et la République, Hugenberg et les autres forces des droites nationalistes font involontairement le jeu de Hitler, dont la puissance électorale et parlementaire fait désormais un personnage de premier plan sur la scène politique20.

Le septennat du président Hindenburg se terminant le 5 mai 1932, la droite et le Zentrum, afin d’éviter de nouvelles élections, proposent de renouveler tacitement le mandat présidentiel. L’accord des nazis étant nécessaire, Hitler exige la démission du chancelier Brüning et de nouvelles élections parlementaires. Hindenburg refuse, et le 22 février 1932, Joseph Goebbels21 annonce la candidature d’Adolf Hitler à la présidence de la République. Le 26 février, Hitler est opportunément nommé Regierungsrat, fonctionnaire d’État, ce qui lui confère automatiquement la nationalité allemande.



La montée du NSDAP au Reichstag.Sa campagne électorale est sans précédent sur le plan de la propagande. En particulier, l’usage alors inédit et spectaculaire de l’avion dans ses déplacements électoraux permet à Goebbels de placarder des affiches : « Le Führer vole au-dessus de l’Allemagne ».

Hitler obtient 30,1 % des voix au premier tour le 13 mars 1932 et 36,8 % au second tour en avril, soit 13,4 millions de suffrages qui se portent sur sa personne, doublant le score des législatives de 1930. Soutenu en désespoir de cause par les socialistes, Hindenburg est réélu à 82 ans. Mais lors des scrutins régionaux qui suivent l’élection présidentielle le NSDAP renforce ses positions et arrive partout en tête, sauf dans sa Bavière d'origine. Aux législatives du 31 juillet 1932, il confirme sa position de premier parti d'Allemagne, avec 37,3 % des voix et devient le premier groupe parlementaire. Hermann Göring, bras droit de Hitler depuis 1923, devient président du Reichstag. Né d'un groupuscule, le culte de Hitler est devenu en moins de deux ans un phénomène de masse capable de toucher plus du tiers des Allemands.

Hitler réussit à faire l'unité d'un électorat très diversifié. Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les chômeurs qui ont mis leur espoir en lui (c'est parmi eux que Hitler fait ses moins bons scores), mais les classes moyennes, qui redoutent d'être les prochaines victimes de la crise22.

Si l'électorat féminin votait fort peu à l'extrême-droite dans les années 1920, la popularité bien connue du Führer auprès des femmes s'est jointe au rapprochement structurel entre vote féminin et vote masculin pour lui assurer des renforts de voix supplémentaires après 1930. Les protestants ont davantage voté pour lui que les catholiques, mais une bonne part du vote de ces derniers était fixé par le Zentrum. Les campagnes, éprouvées par la crise et soumises en Prusse à la rude exploitation quasi-féodale des Junkers, se sont servies du vote envers Hitler à des fins protestataires. Les ouvriers ont moins voté nazi que la moyenne, même si une part non négligeable a été tentée. Quant aux fonctionnaires, aux étudiants ou aux médecins, leur haut niveau d'instruction ne les a pas empêchés d'être sur-représentés dans le soutien au doctrinaire de Mein Kampf22.

Allié à la droite nationaliste, bénéficiant du discrédit du Zentrum et de l'obligation pour le SPD de soutenir l'impopulaire Von Papen « pour éviter le pire », Hitler multiplie aussi les déclarations hypocrites où il se pose en démocrate et en modéré, tout en flattant les élites traditionnelles et jusqu'aux Églises par un discours plus traditionaliste qu'avant. Les communistes du KPD, qui réduisent Hitler à un simple pantin du grand capital, lui rendent service en combattant avant tout les socialistes, au nom de la ligne « classe contre classe » du Komintern, et en refusant toute action commune avec eux contre le NSDAP. Le KPD va jusqu'à coopérer avec les nazis lors de la grève des transports à Berlin en 193223.

Fin 1932, la situation se dégrade encore sur les plans économique et social (plus de 6 millions de chômeurs à la fin de l’année). L’agitation et l’insécurité politique sont à leur comble, les rixes avec implication de SA hitlériens sont permanentes. Le gouvernement très réactionnaire de Franz von Papen est incapable de réunir plus de 10 % des députés et des électeurs.

Engagé dans un bras de fer personnel avec Hitler, le président Hindenburg refuse toujours de le nommer chancelier : le vieux maréchal prussien, ancien chef de l’armée allemande pendant la Grande Guerre, affiche son mépris personnel pour celui qu’il qualifie de « petit caporal bohémien » et dont il affirme qu’il a « tout juste l’envergure pour faire un ministre des Postes ». Toutes les tentatives de conciliation échouent.

Fin 1932, le mouvement nazi traverse une phase difficile. Sa crise financière devient aiguë. Les militants et les électeurs se lassent de l’absence de perspectives, des discours à géométrie variable de Hitler et des contradictions internes du programme nazi24. Bien des SA parlent de déclencher tout de suite un soulèvement suicidaire dont Hitler ne veut à aucun prix, et Gregor Strasser menace de faire scission avec l’appui du chancelier Kurt von Schleicher. Enfin, les élections législatives de novembre 1932 ont consacré une baisse de popularité du NSDAP qui perd 2 millions de voix et 40 sièges.

C’est le moment où Léon Blum, de France, écrit dans Le Populaire que la route du pouvoir est définitivement fermée pour Hitler et que toute espérance d’y accéder est pour lui révolue. Pourtant, ces revers n’entament en rien sa détermination.

L’accession au pouvoir absolu Article détaillé : Chronologie du Troisième Reich. Le 30 janvier 1933 vers midi, Adolf Hitler atteint son but, il est nommé Chancelier de la République de Weimar, suite à un mois d’intrigues au sommet organisées par l’ancien chancelier Franz von Papen, et grâce au soutien de la droite et à l’implication du DNVP. Le soir même, des milliers de SA effectuent un défilé nocturne triomphal sur l'Unter den Linden, sous le regard du nouveau chancelier, marquant ainsi la prise de contrôle de Berlin et le lancement de la chasse aux opposants.

  • La destruction de la démocratie (1933-1934)


Adolf Hitler en 1933 Incendie du palais du Reichstag le 28 février 1933Contrairement à une idée reçue fréquente, Hitler n'a jamais été « élu » chancelier par les Allemands, du moins pas directement. Il a néanmoins été nommé chancelier par le président, conformément aux règles de la démocratie, en qualité de leader du parti remportant les élections législatives. Les tractations avec le président qui se sont en fait révélées indispensables à sa nomination amènent certains à considérer qu'il a été « hissé au pouvoir » par une poignée d'industriels et d'hommes de droite25,26. Et en dépit de son énorme poids électoral, jamais une majorité absolue des électeurs ne s'est portée sur lui, puisque même en mars 1933, après deux mois de terreur et de propagande, son parti n'obtient « que » 44 % des suffrages. Toutefois, il a atteint son objectif poursuivi depuis 1923 : arriver au pouvoir légalement. Et il est hors de doute que le ralliement de la masse des Allemands au nouveau chancelier s'est faite très vite, et moins par la force que par adhésion à sa personne.

Lors de la formation du premier gouvernement d'Hitler, le DNVP de Hugenberg espère être, avec le Zentrum de von Papen, en mesure de contrôler le nouveau chancelier — bien que le DNVP ne représente que 8 % des voix alors que les nazis en ont 33,1 %. De fait, le premier gouvernement d'Hitler ne compte, outre le chancelier lui-même, que deux nazis : Göring, en charge en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick au ministère de l’Intérieur.

Mais Hitler déborde rapidement ses partenaires et met immédiatement en route la mise au pas de l’Allemagne. Dès le 1er février, il obtient d’Hindenburg la dissolution du Reichstag. Le 3 février, il s’assure le soutien de l’armée. Pendant la campagne électorale, Von Papen, Thyssen et Schacht obtiennent des milieux industriels et financiers, jusque-là plutôt réservés envers Hitler, qu’ils renflouent les caisses du NSDAP et financent sa campagne27. La SA et la SS, milices du parti nazi, se voient conférer des pouvoirs d’auxiliaire de police. De nombreux morts marquent les rencontres des partis d’opposition, notamment du SPD et du KPD. Des opposants sont déjà brutalisés, arrêtés, torturés voire assassinés.

L’énigmatique incendie du Reichstag, le 27 février, permet à Hitler de suspendre toutes les libertés civiles garanties par la Constitution de Weimar et de radicaliser l’élimination de ses opposants politiques, notamment des députés communistes du KPD, illégalement arrêtés.

Le NSDAP remporte les élections du 5 mars 1933 avec 17 millions de voix, soit 43,9 % des suffrages. Dans les jours qui suivent, dans tous les Länder d’Allemagne, les nazis s’emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 20 mars, au cours d’une grandiose cérémonie de propagande sur le tombeau de Frédéric II de Prusse à Potsdam, où il s’affiche en grand costume aux côtés de Hindenburg, Hitler proclame l’avènement du Troisième Reich, auquel il promettra ultérieurement un règne de « mille ans ». Le 23 mars, grâce aux voix du Zentrum auquel le chancelier a promis en échange la signature d'un concordat avec le Vatican, et malgré l'opposition vaine du seul SPD, le Reichstag vote la Loi des pleins pouvoirs qui accorde à Hitler les pouvoirs spéciaux pour quatre ans. Il peut désormais rédiger seul les lois, et celles-ci peuvent s'écarter de la constitution de Weimar que Hitler ne se donna même pas la peine de jamais abolir formellement.



Des étudiants nazis brûlent les livres proscrits en public le 10 mai 1933.C’est une étape décisive du durcissement du régime. Sans même attendre le vote de la loi, les nazis ont ouvert le premier camp de concentration permanent le 20 mars à Dachau, sous la houlette de Himmler. Ce dernier jette en Allemagne du Sud, tout comme Göring en Prusse, les bases de la redoutable police politique nazie, la Gestapo. Le 2 mai, vingt-quatre heures après avoir accepté de défiler devant le chancelier, les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Le 10 mai, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside à Berlin une nuit d’autodafé où des étudiants nazis brûlent pèle-mêle en public des milliers de « mauvais livres » d’auteurs juifs, pacifistes, marxistes ou psychanalystes comme Marx, Freud ou Kant. Des milliers d’opposants, de savants et d’intellectuels fuient l’Allemagne comme Albert Einstein. Le 14 juillet, le NSDAP devient le parti unique. Hitler met fin aussi rapidement aux libertés locales. L’autonomie des Länder est définitivement supprimée le 30 janvier 1934 : un an après son accession à la chancellerie, Hitler devient le chef du premier État centralisé qu’ait connu l’Allemagne.

En tout, entre 1933 et 1939, de 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d’autres doivent fuir l’Allemagne28.

Les nazis condamnent l’« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques. Le programme pour « purifier » la race allemande est également très tôt mis en œuvre. Une loi du 7 avril 1933 permet à Hitler de destituer aussitôt des centaines de fonctionnaires et d'universitaires juifs, tandis que les SA déclenchent au même moment une campagne brutale de boycott des magasins juifs. Hitler impose aussi personnellement à l'été 1933 une loi prévoyant la stérilisation forcée des malades et des handicapés : elle est appliquée à plus de 350 000 personnes29. Détestant particulièrement le mélange des populations (qualifié de « honte raciale »), le chef allemand ordonne de stériliser en particulier, en 1937, les 400 enfants nés dans les années 1920 d’Allemandes et de soldats noirs des troupes françaises d’occupation. Les persécutions envers les homosexuels commencent aussi, les bars et les lieux de rassemblement des homosexuels sont fermés. Les homosexuels subissent brutalités, tortures et envois à Dachau. Certains sont déjà l'objetévasif de castrations forcées.



Le plébiscite de novembre 1933 entérine la fin de la démocratie en AllemagneEn novembre 1933, le nouveau dictateur fait plébisciter sa politique quand 95 % des votants approuvent le retrait de la Société des Nations et que la liste unique du NSDAP au Reichstag fait 92 % des voix.

Les SA de Röhm exigent que la « révolution » nationale-socialiste prenne un tour plus anticapitaliste, et rêvent notamment de prendre le contrôle de l’armée, ce qui compromettrait dangereusement l’alliance nouée entre le chancelier et les élites conservatrices traditionnelles (présidence, militaires, milieux d'affaires). Des faux documents forgés par Heydrich achèvent aussi de persuader Hitler que Röhm complote contre lui. Le 30 juin 1934, durant la Nuit des Longs Couteaux, fort du soutien bienveillant de l’armée et du président Hindenburg, Hitler fait assassiner plusieurs centaines de ses partisans et de ses anciens ennemis politiques. Parmi eux, Gregor Strasser et Ernst Röhm, chef de la SA, mais aussi le docteur Erich Klausener, chef de l’Action catholique, ou encore son prédécesseur à la chancellerie, Von Schleicher, ainsi que Von Kahr, qui lui avait barré la route lors du putsch de 1923. Ne pouvant croire à son élimination, Röhm refuse de se suicider et crie Heil Hitler ! avant d'être abattu dans sa cellule par Theodor Eicke et Michel Lippert30.

Le 2 juillet, le vieil Hindenburg félicite Hitler, qu'il apprécie de plus en plus, pour sa fermeté en cette affaireréf. nécessaire. Sa mort le 2 août tranche le dernier lien vivant avec la République de Weimar. En vertu de la constitution, le chancelier exerce temporairement les pouvoirs du président défunt. Le même jour, le Reichstag vote une loi de fusion des deux fonctions en une seule : Hitler devient Führer und Reichskanzler. Un plébiscite du 19 août (90 % de oui) achève de donner au Führer le pouvoir absolu.

Le culte du Führer, pierre angulaire du système totalitaire Entouré d’un culte de la personnalité intense, qui le célèbre comme le sauveur messianique de l’Allemagne, Hitler exige un serment de fidélité à sa propre personne - il est prêté notamment par les militaires, ce qui rendra très difficile les futures conspirations contre lui au sein de l’armée, beaucoup d’officiers rechignant profondément en conscience à le violer.

L’ambition totalitaire du régime et la primauté du Führer sont symbolisées par la nouvelle devise du régime : Ein Volk, ein Reich, ein Führer - « un peuple, un empire, un chef », dans laquelle le titre de Hitler prend de façon idolâtre la place de Dieu dans l’ancienne devise du Deuxième Reich : Ein Volk, ein Reich, ein Gott (« Un peuple, un empire, un dieu »).

Le Führerprinzip devient le nouveau principe de l’autorité non seulement au sommet de l’État, mais aussi, par délégation, à chaque échelon. La loi proclame par exemple officiellement le patron comme Führer de son entreprise, comme le mari est Führer de sa famille, ou le gauleiter Führer du parti dans sa région.



En 1935, appel de soldats allemands faisant partie de la SA, de la SS ou de la NSKK. Photo prise à Nuremberg le 9 novembre 1935.Hitler entretient son propre culte par ses interventions à la radio : à chaque fois, le pays tout entier doit suspendre son activité et les habitants écouter religieusement dans les rues ou au travail son discours retransmis par les ondes et par les haut-parleurs. À chaque congrès tenu à Nuremberg lors des « grand’messes » du NSDAP, il bénéficie d’une savante mise en scène orchestrée par son confident, l’architecte et technocrate Albert Speer : son talent oratoire électrise l’assistance, avant que les masses rassemblées n’éclatent en applaudissements et en cris frénétiques pour acclamer le génie de leur chef.

Inversement, la moindre critique, le moindre doute sur le Führer mettent leur auteur en péril. Sur les milliers de condamnations à mort prononcées par le Tribunal du Peuple du juge Roland Freisler, un bon nombre des personnes envoyées à la guillotine après des parodies de justice l’ont été pour des paroles méprisantes ou sceptiques à l’encontre du dictateur.

Le salut nazi devient obligatoire pour tous les Allemands. Quiconque essaie, par résistance passive, de ne pas faire le Heil Hitler ! de rigueur est immédiatement singularisé et repéré.

Au printemps 1938, le Führer accentue encore sa prédominance et celle de ses proches dans le régime. Il élimine les généraux Von Fritsch et Von Blomberg, et soumet la Wehrmacht en plaçant à sa tête les serviles Alfred Jodl et Wilhelm Keitel, connus pour lui être aveuglément dévoués. Aux Affaires étrangères, il remplace le conservateur Konstantin von Neurath par le nazi Joachim von Ribbentrop, tandis que Göring, qui s’affirme plus que jamais comme le no 2 officieux du régime, prend en charge l’économie autarcique en évinçant le Dr Hjalmar Schacht.

La population allemande est encadrée de la naissance à la mort, soumise à l’intense propagande orchestrée par son fidèle Joseph Goebbels, pour lequel il crée le premier ministère de la Propagande de l'histoire. Les loisirs des travailleurs sont organisés - et surveillés - par la Kraft durch Freude du Dr Robert Ley, également chef du syndicat unique, le DAF. La jeunesse subit obligatoirement un endoctrinement intense au sein de la Hitlerjugend qui porte le nom du Führer, et qui devient le 1er décembre 1936 la seule organisation de jeunesse autorisée.

Le Führer dans le système nazi : interprétations et débats L’école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté de Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et de culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologue Max Weber : Hitler se considère depuis 1920 comme investi d’une mission providentielle, et surtout, il est considéré sincèrement comme l’homme providentiel par ses partisans, puis par la masse des Allemands sous le Troisième Reich.

Alors que le culte de Staline a été imposé tardivement et artificiellement au parti bolchevik par un apparatchik victorieux, mais dépourvu de talent de tribun comme de rôle de premier plan dans la révolution d'Octobre, le culte de Hitler a existé dès les origines du nazisme, et y occupe une importance primordiale. L’appartenance au Parti nazi signifie avant tout une allégeance absolue à son Führer, et nul n’occupe de place dans le Parti et l’État que dans la mesure où il est plus proche de la personne même de Hitler. Hitler veille d’ailleurs personnellement à renforcer son image de chef inaccessible, solitaire et supérieur, en s’abstenant de toute amitié personnelle, et en interdisant à quiconque de le tutoyer ou de l’appeler par son prénom – même sa maîtresse Eva Braun doit s’adresser à lui en lui disant Mein Führer.

D’autre part, pour les intentionnalistes, sans le caractère redoutablement cohérent de l’idéologie (la Weltanschauung) qui anime Hitler, le régime nazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et des exterminations de masse, ni dans le reniement de toutes les règles juridiques et administratives élémentaires qui régissent les États modernes et civilisés.

Par exemple, sans son pouvoir charismatique d’un genre inédit, Hitler n’aurait pas pu autoriser l’euthanasie massive de plus de 150 000 handicapés mentaux allemands par quelques simples mots griffonnés sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939). De même, Hitler aurait pu encore moins déclencher la Shoah sans jamais rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : un simple ordre du Führer (Führersbefehl) était suffisant pour faire taire toute question, et entraînait l’obéissance quasi-religieuse et aveugle des bourreaux.

L’école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat) a cependant nuancé l’idée de la toute-puissance du Führer. Comme elle l’a démontré, le Troisième Reich n’a jamais tranché entre le primat du parti unique et celui de l’État, d’où des rivalités de pouvoir et de compétence interminables entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l’État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C’est le principe de la « polycratie » (Martin Broszat).

Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement, et décide peu. Fort peu bureaucratique, ayant hérité de sa jeunesse bohème à Vienne un manque total de goût pour le labeur suivi, travaillant de façon très irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), le Führer apparaît comme un « dictateur faible » ou encore un « dictateur paresseux » selon Martin Broszat. Il laisse en fait chacun des rivaux libre de se réclamer de lui, et il attend seulement que tous marchent dans le sens de sa volonté.

Dès lors, a démontré le biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écoles intentionnalistes et fonctionnnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère, et essaye d’être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C’est ainsi que la persécution antisémite va s’emballer et passer graduellement de la simple persécution au massacre puis au génocide industriel. Ce qui explique que le Troisième Reich obéit structurellement à la loi de la « radicalisation cumulative », et que le système hitlérien ne peut en aucun cas se stabiliser.

Ce « pouvoir charismatique » de Hitler explique aussi que beaucoup d’Allemands soient spontanément allés au-devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d’étudiants organisent d’elles-mêmes les autodafés de livres, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d’eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L’Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s’empare d’elle.

Selon Kershaw, le Führer est donc l’homme qui rend possibles les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu’il ait nullement besoin de donner d’ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisémites d’Allemagne à déclencher boycotts et pogroms, ou les médecins d’extrême-droite, tel Josef Mengele, à pratiquer les atroces expériences pseudo-médicales et les opérations d’euthanasie massive dont l’idée préexistait à 1933.

Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du régime hitlérien à l’« autodestruction ». Le Troisième Reich, retour à l’« anarchie féodale », se décompose en effet en une multitude chaotique de fiefs rivaux. Hitler ne peut ni ne veut y mettre aucun ordre, car stabiliser le régime selon des règles formelles et fixes rendrait la référence perpétuelle au Führer moins importante. C’est ainsi qu’en 1943, alors que l’existence du Reich est en danger après la bataille de Stalingrad, tous les appareils dirigeants du Troisième Reich se disputent pendant des mois pour savoir s’il faut interdire les courses de chevaux - sans trancher.

Le régime substitue donc aux institutions rationnelles modernes le lien féodal d’allégeance personnelle, d’homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d’Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l’absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable », propos d’Hitler à ses généraux rapporté par Hannah Arendt), la dictature de Hitler n’a aucun avenir et ne peut lui survivre (selon Kershaw). La mort du Troisième Reich et celle de son dictateur se sont d’ailleurs pratiquement confondues.

  • Les Allemands et Hitler

L’adhésion des Allemands à sa politique (et plus encore à sa personne) fut importante, surtout au début.



Timbre à l'effigie du Führer publié en 1944.L'« autre Allemagne », « une Allemagne contre Hitler »31, a certes existé, mais ces expressions mêmes soulignent après coup son caractère désespérément minoritaire et isolé. Toute opposition a été vite réduite par l'exil, la prison ou l'internement en camp. Démocrates, socialistes et communistes ont payé par milliers le plus lourd tribut, ainsi que les Témoins de Jéhovah qui refusaient la guerre, le salut nazi et tout signe d'allégeance à l'idolâtrie entourant le Führer. La délation de masse a sévi et plongé le pays dans une atmosphère de crainte, où nul ne peut plus s'ouvrir sans risques à son voisin, des enfants endoctrinés allant jusqu'à dénoncer leurs parents.

Rares sont ceux qui au nom de leurs principes humanistes, marxistes, libéraux, chrétiens ou patriotiques, ou tout simplement par humanité et au nom de leur conscience, oseront douter du Führer, le braver en s'abstenant du salut nazi, en transgressant les multiples interdits de la société nazie, ou en venant en aide à des persécutés - a fortiori en entrant en résistance active. Par mépris, le très nationaliste écrivain Ernst Jünger appelait Hitler Kniebolo dans son journal de guerre. Le communiste Bertold Brecht le mettra en scène sous les traits du gangster Arturo Ui. Le démocrate Thomas Mann le dénoncera à la radio américaine, tout en reconnaissant que « cet homme est une calamité, d'accord, mais ce n'est pas une raison pour ne pas trouver son cas intéressant. » Pour les étudiants chrétiens de la Rose Blanche, revenus de leurs illusions initiales, il représentait l'Antéchrist32. Mgr Lichtenberg, mort déporté pour avoir prié à Berlin pour les Juifs, dira à la Gestapo: « Je n'ai qu'un seul Führer : Jésus-Christ ».

Malgré son interdiction et la violente répression qui s'abat sur ses membres, le KPD parvient à conserver une organisation clandestine organisé autour de l' « Orchestre rouge », qui diffuse tracts et brochures et infiltre les sommets de l'appareil d'État allemand33,34.

Toutefois, la terreur ne suffit pas à expliquer le caractère indéniablement tardif et limitéréf. nécessaire de la résistance allemande au nazisme.

Son antisémitisme et son racisme faisaient écho à des préjugés très répandus, mais sauf pour une faible minorité, ils ne motivèrent pas le vote Hitler ni le soutien à sa dictature - ils n'eurent guère non plus d'effet dissuasif.

La large popularité du Führer avant-guerre provient surtout du rétablissement brutal de l'ordre public, de son anticommunisme, de son opposition au « Diktat » de Versailles, des succès diplomatiques et économiques obtenus (notamment l'importante réduction du chômage) et de sa politique de réarmement.

Encore qu’il ne faille pas oublier ni les conditions sociales et politiques dans lesquelles les améliorations économiques ont été obtenues, ni les pénibles situations de pénurie alimentaire, l'imposition d'ersatz de pauvre qualité en remplacement des importations condamnées par l'autarcie, et le manque de devises dès 1935. En particulier, le pouvoir d’achat des ouvriers a baissé entre 1933 et 1939. Les femmes ont été renvoyées de force au foyer (et 200 000 de celles ne présentant pas les garanties de pureté raciale exigées par la loi stérilisées)réf. nécessaire. L’exode rural s’est accéléré. Et les lois nazies encourageant la concentration des entreprises et du commerce ont conduit à 400 000 fermetures de petites entreprises dès avant-guerre35. Les catégories sociales qui avaient mis leurs espoirs en Hitler sont donc loin d’avoir toujours été satisfaites.



Hitler en parade à Nuremberg, novembre 1935. Aux congrès annuels du Parti culmine la ferveur populaire à la fois obligatoire et authentique autour de lui.Par ailleurs, beaucoup d’Allemands reprennent au profit de Hitler la distinction ancestrale entre le bon monarque et ses mauvais serviteurs. Alors que les « bonzes », les privilégiés du Parti-État, sont généralement méprisés et haïs pour leurs abus et leur corruption fréquente, on considère spontanément Hitler comme exempt de ces tares, et comme un recours contre eux. Beaucoup d’Allemands ont spontanément cru que le Führer était laissé dans l’ignorance des « excès » de ses hommes ou de son régime36.

En quelques années, Hitler s'est de fait identifié à la nation, canalisant au profit de sa personne le sentiment patriotique même de citoyens réservés envers le nazisme. L'aspect de « religion civile » revêtu par le nazisme a séduit aussi nombre d'Allemands, et le culte messianique organisé autour de Hitler a soudé la population autour de lui. Bien des esprits se sont laissés aussi fasciner par l'irrationalisme nazi, avec son culte néo-romantique de la nuit, du sang, de la nature, son goût des uniformes et des parades, ses rituels et ses cérémonies spectaculaires ressuscitant un univers médiéval ou païen. De même que par l'appel efficace aux héros mythiques du passé national (Arminius, Barberousse, Frédéric II du Saint-Empire, Frédéric II de Prusse, Andreas Hofer, Otto von Bismarck…) mobilisés rétrospectivement comme précurseurs du Führer providentiel37.

Les Églises en tant qu'institutions ont peu cherché à s'opposer à un chancelier pourtant néo-païen et antichrétien. Malgré maintes tracasseries infligées, Hitler s'est toujours bien gardé de mettre en application les projets d'éradication du christianisme nourris par son bras droit Martin Bormann ou l'idéologue du parti Alfred Rosenberg. Il a joué sur l'anticommunisme, l'antiféminisme et les aspects réactionnaires de son programme pour séduire les électorats religieux. La signature du concordat avec le Vatican, en juin 1933, a été un triomphe personnel, qui a lié les mains à l'épiscopat et renforcé sa stature internationale. Se défendant de « faire de la politique », évêques, curés et pasteurs ne s'opposaient que sur des points matériels ou confessionnels et terminaient leurs sermons en priant « pour la patrie et pour le Führer ». L'encyclique antinazie du pape Pie XI, Mit Brennender Sorge (1937), interdite de diffusion par la Gestapo, ne mentionne pas le nom de Hitler, et ne condamne que partiellement son régime, ni lui ni aucun de ses partisans n'étant jamais menacés d'excommunication.

Contrairement à une légende, Hitler n'était avant 1933 ni le candidat ni l'instrument des milieux d'affaires. Mais le grand patronat s'est vite rallié à lui, et a amplement bénéficié de la restauration de l'économie puis du pillage de l'Europe, allant jusqu'à se compromettre souvent dans l'exploitation de la main-d'œuvre concentrationnaire (IG Farben à Auschwitz, Siemens à Ravensbrück)38. Alors que tous les éléments conservateurs (militaires, aristocrates, hommes d'Église), ont fourni leur tribut à la (faible) résistance allemande, le patronat y est resté remarquablement peu présent. Une des rares exceptions est paradoxalement celle de son très ancien partisan Fritz Thyssen, qui rompt avec Hitler et fuit le Reich en 1939, avant de lui être livré l'an suivant par l'État français et interné.

L'historien Götz Aly, dans Comment Hitler a acheté les Allemands, insiste quant à lui que les bénéfices matériels de l'aryanisation et du pillage de l'Europe, plus que l'idéologie, ont rendu maints Allemands redevables et complices de leur Führer. Les centaines de trains de biens volés aux Juifs assassinés n'ont pas été perdus pour tout le monde, ni les milliers de logements vacants qu'ils étaient contraints d'abandonner39.

Politique économique et sociale Articles détaillés : Réarmement sous le Troisième Reich et Complexe militaro-industriel allemand. Hitler rejette dans un même mépris capitalisme et marxisme. Son nationalisme raciste transcende les clivages traditionnels. Un objectif fondamental pour lui est la reconstitution d’une « communauté nationale » (Volksgemeinschaft), unie par une race et une culture communes, débarrassée des divisions démocratiques et de la lutte des classes, tout comme des Juifs et des éléments racialement impurs, et où l'individu enfin n'a aucune valeur et n'existe qu'en fonction de son appartenance à la communauté. Après les divisions civiles des années 1920, beaucoup d'Allemands ne demandent qu'à partager ce rêve.

Ayant déjà pris ses distances avec la partie socialiste du programme nazi à la fin des années 1920, Hitler achève de refuser l'idée d'une révolution sociale après la purge de Röhm et la liquidation des SA. Peu doué lui-même en économie, le Führer fait contre la crise le choix très vite d'un pragmatisme brutal, écartant du gouvernement le vieux théoricien économique nazi Gottfried Feder au profit du sympathisant et brillant spécialiste plus classique Hjalmar Schacht, ancien directeur de la Reichsbank. En quelques années, l’économie est remise sur pied entre autres grâce à des emplois publics créés par l’État (autoroutes déjà planifiées sous la République de Weimar, ligne Siegfried, grands travaux spectaculaires de l'ingénieur nazi Fritz Todt, logements également dans la continuité de l'œuvre de Weimar, etc.). Le réarmement n’intervient que plus tard (Plan de quatre ans, 1936), après relance de l’économie, aidée par une conjoncture de reprise mondiale.

Dès mai 1933, les syndicats dissous laissent la place au Front allemand du travail (DAF), organisation corporatiste nazie, dirigée par Robert Ley. Le DAF interdit la grève et permet aux patrons d’exiger davantage des salariés, tout en garantissant à ceux-ci une sécurité de l’emploi et une sécurité sociale. Officiellement volontaire, l’adhésion au DAF est de fait obligatoire pour tout Allemand désirant travailler dans l’industrie et le commerce. Plusieurs sous-organisations dépendaient du DAF, dont la Kraft durch Freude chargée d'encadrer les loisirs des travailleurs ou d'embellir leurs cantines et leurs lieux de travail.

Entre 1934 et 1937, Schacht a pour mission de soutenir l’intense effort de réarmement du Troisième Reich. Pour atteindre cet objectif, il met en place des montages financiers tantôt ingénieux (comme les bons MEFO), tantôt hasardeux, creusant le déficit de l'État. Par ailleurs, la politique de grands travaux développe une politique keynésienne d’investissements de l’État. D’après William L. Shirer, Hitler diminue également tous les salaires de 5 %, permettant de dégager des ressources pour relancer l’économie, ce qui semble confirmer selon lui la nature interventionniste de ses directives.

Le chômage baisse nettement, passant de 6 millions de chômeurs en 1932 à 200 000 en 1938. La production industrielle a rattrapé en 1939 son niveau de 1929 en ne la dépassant que légèrement. Cependant, Schacht considère que les investissements dans l’industrie militaire menacent à terme l’économie allemande et souhaite infléchir cette politique. Devant le refus de Hitler qui considère le réarmement comme une priorité absolue, Schacht quitte son poste début 1939 au profit de Göring. Seuls la fuite en avant dans l'expansion, la guerre et le pillage ont sans doute permis à Hitler d'éviter une grave crise financière et économique finale40.

  • Les rêves d’architecte : Hitler et l’art officiel nazi


Albert Speer et Adolf Hitler en 1938L’architecture était probablement la plus grande passion de Hitler. S’il se voulait un artiste, il n'avait pas de sensibilité aux courants artistiques qui lui étaient contemporains. À Vienne comme à Munich, foyers actifs de l’art moderne, il ne s'intéressait pas aux avant-gardes, réservant son admiration aux monuments néo-classiques du XIXe siècle. Dès son arrivée au pouvoir, il disperse les avant-gardes artistiques et culturelles, fait brûler de nombreuses œuvres des avant-gardes et contraint des milliers d’artistes à s’enfuir d’Allemagne. Ceux qui demeurent se voient souvent interdire de peindre ou d’écrire, et sont placés sous surveillance policière. En 1937, Hitler fait circuler à travers toute l’Allemagne une exposition d’« art dégénéré » visant à tourner en dérision ce qu’il qualifie de « gribouillages juifs et cosmopolites ».



Buste d’Hitler réalisé par Arno Breker en 1938.Arrivé au pouvoir, il fait surtout valoriser dans les cérémonies nazies la musique de Richard Wagner et celle de Anton Bruckner, ses favorites. Il encourage un « art nazi » conforme aux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir au travers des œuvres de son sculpteur préféré Arno Breker, de Leni Riefenstahl au cinéma, ou de Albert Speer, son seul confident personnel, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le stade destiné aux Jeux olympiques de Berlin (1936), ces œuvres au style très néo-classique développent aussi souvent l’exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».

L’une des obsessions d’Hitler était la transformation complète de Berlin. Dès son accession au pouvoir, il travaille sur des plans d’urbanisme avec son architecte Albert Speer. Il était ainsi prévu une série de grands travaux monumentaux à l’ambition démesurée, d’inspiration néo-classique, en vue de réaliser le « nouveau Berlin » ou Welthauptstadt Germania. La guerre contrariera ces projets, et seule la nouvelle chancellerie, inaugurée en 1939, fut achevée. La coupole du nouveau Palais du Reichstag aurait été 13 fois plus grande que celle de la basilique Saint-Pierre de Rome, l’avenue triomphale deux fois plus large que les Champs-Élysées et l’arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l’arc de triomphe parisien (40 m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, discerne à travers ces projets mégalomanes une « architecture de mort » (Albert Speer, Perrin, 2001).

En pleine guerre, Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitent pour l’après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg, Munich ou Linz. Dans son bunker, il lui arrivera de rêver de longues heures immobiles devant une maquette de Linz telle qu’il la voulait reconstruite.

La diplomatie hitlérienne La diplomatie du Troisième Reich est essentiellement conçue et dirigée par Hitler en personne. Ses ministres des Affaires étrangères successifs (Konstantin von Neurath puis Joachim von Ribbentrop) relayent ses directives sans faire preuve d’initiatives personnelles. La diplomatie hitlérienne, par son jeu d’alliances, d’audaces, de menaces et de duperies, est un rouage essentiel des buts stratégiques que poursuit le Führer. Ses discours tonitruants au Reichstag ou aux congrès nazis de Nuremberg scandent les crises diplomatiques qu’il provoque successivement ; ils alternent avec ses interviews hypocritement rassurantes aux journaux étrangers, ou avec ses entretiens accordés aux représentants étrangers.

Assimilant complètement son destin personnel au destin de l’Allemagne, et identifiant le cours biologique de sa vie avec la destinée du Reich, Hitler est obsédé par la possibilité de son vieillissement prématuré, et il veut donc pouvoir déclencher sa guerre avant de fêter ses 50 ans. Le regard porté par le dictateur sur lui-même a donc un rôle direct dans l’accélération des événements par lesquels il conduit l’Europe à la Seconde Guerre mondiale.

L’opposition au traité de Versailles Le 14 octobre 1933, Hitler retire l’Allemagne de la Société des Nations et de la Conférence de Genève sur le désarmement, tout en prononçant des discours pacifistes. Le 13 janvier 1935, la Sarre plébiscite massivement (90,8 % de Oui) son rattachement à l’Allemagne.

Le 16 mars 1935, Hitler annonce le rétablissement du service militaire obligatoire et décide de porter les effectifs de la Wehrmacht de 100 000 à 500 000 hommes, par la création de 36 divisions supplémentaires. Il s’agit de la première violation flagrante du traité de Versailles.

En juin de la même année, Londres et Berlin signent un accord naval, qui autorise le Reich à devenir une puissance maritime. Hitler lance alors un programme de réarmement massif, créant notamment des forces navales (Kriegsmarine) et aériennes (Luftwaffe).

« Voyons ! Réfléchissez ! Rendez-vous compte de ce qui est logique ! » Les Jeux olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen ont constitué une formidable vitrine pour la propagande, surtout pour faire oublier sa politique du fait accompli et mettre au pied du mur le Royaume-Uni et la France dans ce qu’Hitler projette de faire. En janvier 1936, Bertrand de Jouvenel, jeune journaliste se trouvant aux jeux d’hiver, prend l’initiative de contacter Otto Abetz, représentant itinérant du Reich, pour lui demander une interview d’Hitler. Abetz y voit une bonne opportunité de communication pour contrecarrer la ratification du pacte franco-soviétique par un vote de la Chambre des députés devant avoir lieu le 27 février. La veille de la publication, le propriétaire de Paris-Soir, Jean Prouvost, interdit la diffusion de l’article, qui est demandée par le président du conseil Albert Sarraut. Finalement, l’article est publié, le lendemain du vote dans le journal Paris-Midi du vendredi 28 février41.

Quel était le but des Allemands ? Faire retarder la publication pour ensuite dire que les bonnes intentions d’Hitler avaient été cachées aux Français et ainsi adopter des contres-mesures. Pour cette fois-ci, il s’agira de la violation du traité de Versailles et des accords de Locarno par la remilitarisation de la Rhénanie le 7 mars 193642.

Ce que dira Hitler dans son interview dans Paris-Midi est calibré pour le public français et représentatif de ses talents de manipulateur. Il dit ainsi sa « sympathie » pour la France et expose ses volontés pacifiques : « La chance vous est donnée à vous. Si vous ne la saisissez point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants ! Vous avez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmes font pleine confiance à leur chef, et ce chef vous dit : “Soyons amis !” »43.

Les réactions à cette interview sont toutes convergentes à travers l’Europe, de Londres à Rome en passant par Berlin. Tous les commentateurs saluent les paroles de paix d’Hitler et chacun y voit le début d’un rapprochement à quatre44.

Dès le 7 mars 1936, Hitler revient sur ses paroles de paix en remilitarisant la Rhénanie, violant une nouvelle fois le traité de Versailles ainsi que les accords de Locarno. C’est un coup de bluff typique de sa méthode personnelle. Hitler a donné comme consignes à ses troupes de se retirer en cas de riposte de l’armée française. Cependant, bien que l’armée allemande, à ce moment-là soit bien plus faible que ses adversaires, ni les Français, ni les Britanniques ne jugent utile de s’opposer à la remilitarisation. Le succès est éclatant pour Hitler.

Complaisances à l’étranger La fascination exercée par Hitler dépasse largement à l’époque les frontières de l’Allemagne. On compte même à l’étranger plusieurs cas de femmes ayant voulu se suicider par amour désespéré pour sa personne.réf. nécessaire

Pour de nombreux sympathisants du fascisme, il incarne l’« ordre nouveau » qui remplacera les sociétés bourgeoises et démocratiques « décadentes ». Certains intellectuels font ainsi le pèlerinage du congrès de Nuremberg, comme le futur collaborationniste Robert Brasillach. Le journaliste Fernand de Brinon, premier Français à interviewer le nouveau chancelier en 1933, sera un militant proche du nazisme, et le représentant du régime de Vichy en zone nord dans Paris occupé. Le 13 juin 1933, le premier ministre fascisant de Hongrie, Gyula Gömbös, est le premier chef de gouvernement étranger à rendre une visite officielle au nouveau chancelier allemand.



Le premier ministre britannique David Lloyd George s'affiche avec Hitler le 7 juin 1936. Joachim von Ribbentrop apparaît à l'arrière entre les deux.Chez les conservateurs de toute l’Europe, beaucoup s’obstinent des années à ne voir en Hitler que le rempart contre le bolchevisme ou le restaurateur de l’ordre et de l’économie en Allemagne. La spécificité et la nouveauté radicales de sa pensée et de son régime ne sont pas perçues ; on ne voit en lui qu’un nationaliste allemand classique, guère plus qu’un nouveau Bismarck. On veut souvent croire aussi que l’auteur de Mein Kampf s’est assagi avec l’exercice des responsabilités. Au printemps 1936, Hitler reçoit spectaculairement à sa résidence secondaire de Berchtesgaden le vieil homme d’État britannique David Lloyd George, un des vainqueurs de 1918, qui ne tarit pas d’éloges sur le Führer et les succès de son régime. En 1937, il reçoit de même la visite du duc de Windsor (l’ex-roi d’Angleterre Édouard VIII).

À l’été 1936, Hitler inaugure les Jeux olympiques de Berlin. C’est l’occasion d’un étalage à peine voilé de propagande nazie, ainsi que de réceptions grandioses destinées à séduire les représentants des establishments étrangers présents sur place, notamment britannique. Le Grec Spyrídon Loúis, vainqueur du marathon aux premiers jeux de 1896, lui remet un rameau d’olivier venu du bois d’Olympie. La France a renoncé à boycotter les jeux, et ses sportifs font polémiqueréf. nécessaire en défilant devant Hitler le bras tendu (le salut olympique ressemblant au salut nazi). Par contre, la délégation américaine s’est refusée à tout geste ambigu lors de son passage devant le dictateur. Plus tard, pendant les épreuves, Hitler quitte la tribune officielle pour éviter d’avoir à serrer la main du championréf. nécessaire noir américain Jesse Owens dont les succès aux épreuves d’athlétisme ridiculisent sous ses yeux ses doctrines sur la « supériorité » raciale des Aryens.

Le 2 janvier 1939, Hitler est élu Homme de l’année 1938 par le Time Magazine.

  • Les alliances


Timbre à l'effigie d'Hitler et de Mussolini, célébrant l'alliance des deux fascismes. Hitler et Mussolini durant une visite officielle en Yougoslavie occupéeEn juillet 1936, Hitler apporte son soutien aux insurgés nationalistes du général Franco lors de la guerre d’Espagne. Il fait parvenir des avions de transports pour permettre aux troupes coloniales du Maroc espagnol de franchir le détroit de Gibraltar lors des premiers jours cruciaux de l’insurrection. Tout comme Mussolini, il envoie ensuite du matériel militaire ainsi qu’un corps expéditionnaire, la Légion Condor, qui permettra de tester les nouvelles techniques guerrières, notamment les bombardements aériens terroristes sur les populations civiles, lors de la destruction de Guernica en 1937.

L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, qui ont combattu dans deux camps différents sous la Grande Guerre, étaient initialement hostiles par désaccord sur l’Anschluss. En juin 1934 à Venise, lors de leur première rencontre, Mussolini a toisé de haut Hitler, vêtu en civil et mal à l'aise face à celui qui lui a longtemps servi d'inspirateur. Le dictateur italien empêche en juillet l'annexion de l'Autriche en envoyant des troupes au col du Brenner après l'assassinat du chancelier autoritaire Engelbert Dollfuss par les nazis autrichiens. Mais après le départ de l’Italie de la Société des Nations, suite à son agression contre l’Éthiopie, et avec leur intervention commune en Espagne, les deux fascismes se rapprochent et concluent une alliance, une relation décrite par Benito Mussolini comme l’Axe Rome-Berlin, fondé en octobre 1936.

En novembre 1936, l’Allemagne et le Japon signent le pacte anti-Komintern, traité d’assistance mutuelle contre l’URSS, auquel se joint l’Italie en 1937. Cette même année Hitler rencontre à Nuremberg le prince Yasuhito Chichibu, frère cadet de l’empereur Hirohito, afin de raffermir les liens entre les deux états. En septembre 1940, la signature du Pacte tripartite entre le Troisième Reich, l’Italie et l’Empire du Japon, formalise la coopération entre les puissances de l’Axe pour établir un « nouvel ordre ». Ce pacte obligera Hitler à déclarer la guerre aux États-Unis après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, sans bénéfice aucun pour l’Allemagne, puisque sous-estimant un pays qu’il ne connaît pas, il fait entrer en lice contre le Reich l’immense potentiel économique de l’Amérique, hors d’atteinte.

En mai 1939, l’Allemagne et l’Italie signent un traité d’alliance militaire inconditionnel, le Pacte d'Acier : l’Italie s’engage à aider l’Allemagne même si celle-ci n’est pas l’agressée.

  • L’Anschluss

Article détaillé : Anschluss. Afin de réaliser l’Anschluss, rattachement de l’Autriche au Troisième Reich interdit par le traité de Versailles, Hitler s’appuie sur l’organisation nazie locale. Celle-ci tente de déstabiliser le pouvoir autrichien, notamment par des actes terroristes. Un coup d’État échoue en juin 1934, malgré l’assassinat du chancelier Engelbert Dollfuss. L’Italie a avancé ses troupes dans les Alpes pour contrer les velléités expansionnistes allemandes, et les nazis autrichiens sont sévèrement réprimés par un régime autrichien de type fasciste.

Début 1938, l’Allemagne est davantage en position de force et est alliée avec l’Italie. Hitler exerce alors des pressions sur le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, le sommant, lors d’une entrevue à Berchtesgaden en février, de faire entrer des nazis dans son gouvernement, dont Arthur Seyss-Inquart au ministère de l’Intérieur. Devant la menace croissante des nazis, Schuschnigg annonce en mars l’organisation d’un référendum pour confirmer l’indépendance de l’Autriche.

Hitler lance alors un ultimatum exigeant la remise complète du pouvoir aux nazis autrichiens. Le 12 mars, Seyss-Inquart est nommé chancelier, et la Wehrmacht entre en Autriche. Hitler franchit lui-même la frontière par sa ville natale de Braunau am Inn, puis arrive à Vienne où il est triomphalement acclamé par une foule en délire. Le lendemain, il proclame le rattachement officiel de l’Autriche au Reich, ce qui est approuvé par référendum (99 % de oui) en avril 1938. Le Grossdeutschland (« Grande Allemagne ») était ainsi créé, avec la réunion des deux États à population germanophone. Rares sont alors les Autrichiens à s’opposer à la fin de l’indépendance, à l’image de l’archiduc Otto de Habsbourg, exilé.

En Autriche annexée, la terreur s’abat aussitôt sur les Juifs et sur les ennemis du régime. Un camp de concentration est ouvert à Mauthausen près de Linz, qui acquiert vite la réputation méritée d’être l’un des plus terribles du système nazi. Le pays natal de Hitler, qui se targua après la guerre d’avoir été la « première victime du nazisme » et refusa longtemps toute indemnisation des victimes du régime, s’est en fait surtout distingué par sa forte contribution aux crimes du Troisième Reich. L’historien britannique Paul Johnson45 souligne que les Autrichiens sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime (outre Hitler lui-même, on peut citer Adolf Eichmann, Ernst Kaltenbrunner, Arthur Seyss-Inquart ou Hans Rautter, chef de la Gestapo aux Pays-Bas occupés) et qu’ils ont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des Einsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, on compte 2 499 Autrichiens.

  • Crise des Sudètes et accords de Munich

Article détaillé : Crise des Sudètes.

Poursuivant ses objectifs pangermanistes, Hitler menace ensuite la Tchécoslovaquie. Les régions de la Bohême et de la Moravie situées le long des frontières du Grossdeutschland, appelé Sudètes, sont majoritairement peuplées par la minorité allemande. Comme pour l’Autriche, Hitler affirme ses revendications en s’appuyant sur les agitations de l’organisation nazie locale, menée par Konrad Henlein. Le Führer évoque le « droit des peuples » pour exiger de Prague l’annexion au Reich des Sudètes.

Bien qu’alliée à la France (et à l’Union soviétique), la Tchécoslovaquie ne peut compter sur son soutien. Paris veut absolument éviter le conflit militaire, incitée en cela par le refus britannique de participer à une éventuelle intervention. Le souvenir de la Grande Guerre influence également cette attitude : si les Allemands ont développé le désir de revanche, les Français entretiennent quant à eux une ambiance générale résolument pacifiste.

Le 29 septembre 1938, conformément à une proposition de Mussolini faite la veille, Adolf Hitler, le président du Conseil français Édouard Daladier, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain et le Duce italien Benito Mussolini, réunis dans la capitale bavaroise, signent les accords de Munich. La France et le Royaume-Uni acceptent que l’Allemagne annexe les Sudètes, pour éviter la guerre. En échange, Hitler, manipulateur, assure que les revendications territoriales du Troisième Reich s'arrêteront là. Le lendemain, la Tchécoslovaquie, qui avait commencé à mobiliser, est obligée de s’incliner. Parallèlement, le Troisième Reich autorise la Pologne et la Hongrie à s’emparer respectivement de la ville de Teschen et du sud de la Tchécoslovaquie.

Maître-d’œuvre de la politique d’« apaisement » avec le Reich, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain a alors ce mot fameux : « Hitler est un gentleman ». Mais alors que les opinions publiques française et britannique sont enthousiastes, Winston Churchill commente : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur. Et vous allez avoir la guerre. » De fait, Hitler rompt sa promesse à peine quelques mois plus tard.

En mars 1939, la République slovaque, encouragée par Berlin, proclame son indépendance ; son leader, Jozef Tiso place son pays sous l’orbite allemande. Hitler, lors d’une entrevue dramatique à Berlin avec le président tchécoslovaque Emil Hácha (remplaçant le président démissionnaire Edvard Beneš), menace de bombarder Prague si la Bohême et la Moravie ne sont pas incorporées au Reich. Le 15 mars, Hácha cède, et l’armée allemande entre à Prague sans combat le lendemain. La Bohême et la Moravie deviennent le Protectorat de Bohême-Moravie, dirigé par Konstantin von Neurath à partir de novembre 1939, puis de 1941 à son exécution par la résistance tchèque en mai 1942, par le haut chef SS Reinhard Heydrich, surnommé « le boucher de Prague ».

En mettant la main sur la Bohême-Moravie, le Reich s’empare par la même occasion d’une importante industrie sidérurgique et notamment des usines Škoda, qui permettent de construire des chars d’assaut. En annexant des populations slaves et non plus allemandes, Hitler a jeté le masque : ce qu'il poursuit n'est plus le pangermanisme classique mais, ainsi qu'il l'avoue sans fard à ses généraux le 23 mai 1939, la conquête d'un espace vital illimité.

Le Pacte germano-soviétique et l’agression de la Pologne Après l’Autriche et la Tchécoslovaquie, vient le tour de la Pologne. Coincée entre deux nations hostiles, la Pologne de Józef Piłsudski a signé avec le Reich un traité de non-agression en janvier 1934, pensant ainsi se prémunir contre l’Union soviétique. L’influence de la France, alliée traditionnelle de la Pologne, en Europe centrale a ainsi considérablement diminué, tendance qui s’est confirmée ensuite avec le démembrement de la Tchécoslovaquie et la désagrégation de la Petite Entente (Prague, Bucarest, Belgrade), alliance placée sous le patronage de Paris.



La Luftwaffe bombarde Varsovie, septembre 1939.Au printemps 1939, Hitler revendique l’annexion de la Ville libre de Dantzig. En mars, l’Allemagne a déjà annexé la ville de Memel, possession de la Lituanie. Ensuite, Hitler revendique directement le corridor de Dantzig, territoire polonais perdu par l’Allemagne avec le traité de Versailles en 1919. Cette région donne à la Pologne un accès à la mer Baltique et sépare la Prusse-Orientale du reste du Reich.

Le 23 août 1939, Ribbentrop et Molotov, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne et l’Union soviétique signent un pacte de non-agression. Ce pacte est un nouveau revers pour la diplomatie française. En mai 1935, le gouvernement de Pierre Laval avait signé avec l’URSS un traité d’assistance mutuelle, ce qui eut pour conséquence de refroidir les relations de la France avec la Pologne, mais aussi avec les Tories au pouvoir à Londres. Avec le pacte de non-agression germano-soviétique, la France ne peut plus compter sur l’URSS pour menacer une Allemagne expansionniste. En outre, la Pologne est prise en tenaille. L’Allemagne et l’URSS ont convenu d’un partage des pays situés entre elles : Pologne occidentale pour la première, Pologne orientale (Polésie, Volhynie, Galicie orientale) et Pays baltes pour la seconde.

Le 30 août 1939, Hitler lance un ultimatum pour la restitution du corridor de Dantzig. La Pologne refuse. Cette fois-ci, la France et le Royaume-Uni sont décidés à soutenir le pays agressé. C’est le début de la Seconde Guerre mondiale.

La diplomatie hitlérienne pendant la guerre Une fois la France vaincue en 1940, Hitler satellise les pays d’Europe centrale : Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie. Hitler obtient l’adhésion de la Hongrie et de la Bulgarie, anciens vaincus de la Première Guerre mondiale, en leur offrant respectivement la moitié de la Transylvanie et la Dobroudja, cédées par la Roumanie, où le général pro-hitlérien Ion Antonescu prend le pouvoir en septembre 1940. À partir de juin 1941, Hitler entraîne la Slovaquie, la Hongrie, et la Roumanie dans la guerre contre l’URSS, ainsi que la Finlande, qui y voit une occasion de réparer les torts de la guerre russo-finlandaise.



Hitler et Carl Gustaf Emil Mannerheim en Finlande le 4 juin 1942Cependant, Hitler échoue à faire entrer en guerre l’Espagne franquiste. Comptant sur la reconnaissance du Caudillo qui a gagné la guerre civile espagnole, il le rencontre à Hendaye le 23 octobre 1940. Hitler espère l’autorisation de Franco pour conquérir Gibraltar et couper les voies de communications anglaises en Méditerranée. Prudent, le dictateur espagnol sait que l'Angleterre ne peut plus déjà être envahie ni vaincue avant 1941, et que le jeu reste ouvert. Les contreparties exigées par Franco (notamment des compensations territoriales en Afrique du Nord française), dont le pays est par ailleurs ruiné et dépendant des livraisons américaines, sont irréalisables pour Hitler, qui souhaite ménager quelque peu le régime de Vichy pour l’amener sur la voie de la collaboration. Sorti furieux de l'entrevue au point de qualifier Franco de « porc jésuite »25, Hitler a cependant bénéficié plus tard de l'envoi en URSS des "volontaires" espagnols de la division Azul, qui participe jusqu'en 1943 à tous les combats (et à toutes les exactions) de la Wehrmacht, et le Caudillo l'a toujours ravitaillé en minerais stratégiques de première importance.

Au lendemain de l'entrevue de Hendaye, le 24 octobre, Hitler s'arrête à Montoire où la collaboration d'État française est officialisée au cours d'une entrevue avec Pétain. La poignée de main symbolique entre le vieux maréchal et le chancelier du Reich frappe de stupeur l'opinion française.

En novembre 1941, le Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, rencontre Adolf Hitler et Heinrich Himmler, souhaitant les amener à soutenir la cause nationaliste arabe. Il obtient d’Hitler la promesse « qu’une fois que la guerre contre la Russie et l’Angleterre sera gagnée, l’Allemagne pourra se concentrer sur l’objectif de détruire l’élément juif demeurant dans la sphère arabe sous la protection britannique»46. Amin al-Husseini relaie la propagande nazie en Palestine et dans le monde arabe et participe au recrutement de combattants musulmans, concrétisé par la création des divisions de Waffen-SS Handschar, Kama et Skanderberg, majoritairement formées de musulmans des Balkans.

Ce soutien des nazis au Grand Mufti de Jérusalem est contradictoire avec la politique antisémite dans les années 1930, qui a pour conséquence l’émigration d’une grande partie des juifs allemands vers la Palestine. Quant au Grand Mufti, sa stratégie est guidée par le principe selon lequel l’ennemi de ses ennemis (en l’occurrence les Anglais et les Juifs) doit être son allié47. Du point de vue hitlérien, il s’agit essentiellement d’ébranler les positions de l’empire britannique au Moyen-Orient devant l’avancée de l’Afrikakorps et de permettre le recrutement d’auxiliaires, notamment pour lutter contre les partisans, alors que l’hémorragie de l’armée allemande devient problématique.

  • Adolf Hitler en visite à Paris

Le 18 juin 1940, Hitler visite Paris pour la première fois, rapidement. Il passe en revue les troupes des détachements de la Wehrmacht qui défilent devant le maréchal Walther von Brauchitsch et le général Fedor von Bock, commandant en chef du groupe d’armées B. Le soir, il rentre à Munich pour rencontrer Benito Mussolini et examiner la demande de cessation d’hostilités adressée par Philippe Pétain.

Le dimanche 23 juin, il visite une deuxième fois la capitale française, toujours de façon brève et discrète (trois véhicules) en compagnie d’Arno Breker et Albert Speer, essentiellement pour s’inspirer de son urbanisme (il avait donné l’ordre d’épargner la ville lors des opérations militaires). Dès six heures du matin, en provenance de l’aérodrome du Bourget, il descend la rue La Fayette, entre à l’Opéra, qu’il visite minutieusement. Il prend le boulevard de la Madeleine et la rue Royale, arrive à la Concorde, puis à l’arc de triomphe. Le cortège descend l’avenue Foch, puis rejoint le Trocadéro. Hitler pose pour les photographes sur l’esplanade du Trocadéro, dos tourné à la tour Eiffel. Ils se dirigent ensuite vers l’École militaire , puis vers les Invalides et il médite longuement devant le tombeau de Napoléon Ier (c'est également aux Invalides qu'il fera transférer les cendres du fils de Napoléon Ier, l’Aiglon). Ensuite, il remonte vers le jardin du Luxembourg qu’il visite, mais ne souhaite pas visiter le Panthéon. Pour finir, il descend le boulevard Saint-Michel à pied, ses deux gardes du corps à distance. Place Saint-Michel, il remonte en voiture. Ils arrivent alors sur l’île de la Cité, où il admire la Sainte-Chapelle et Notre-Dame, puis la rive droite (le Châtelet, l’hôtel de ville, la place des Vosges, les Halles, le Louvre, la place Vendôme). Ils remontent ensuite vers l’Opéra, Pigalle, le Sacré-Cœur, avant de repartir à 8h15. Un survol de la ville complète sa visite. Il ne reviendra plus jamais à Paris48,49.

  • La Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Seconde Guerre mondiale.



En juin 1942 avec son État-MajorHitler a eu de « brillantes » intuitions, lors de la première phase de la Seconde Guerre mondiale. La Wehrmacht applique la Blitzkrieg (guerre éclair, impliquant un emploi massif et concentré des bombardiers et des blindés), qui lui permet d’occuper successivement la Pologne (septembre 1939), le Danemark (avril 1940), la Norvège (avril-mai 1940), les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique (mai 1940), la France (mai-juin 1940), la Yougoslavie (avril 1941) et la Grèce (avril-mai 1941).

En particulier, la défaite rapide de la France en juin 1940 est un véritable triomphe pour Hitler, qui est acclamé par une foule massive à son retour à Berlin en juillet. Cependant, cet éternel joueur de dés remet tout en jeu en agressant l'URSS le 22 juin 1941, décision à terme fatale.

La guerre radicalise son régime et lui fait prendre ses traits les plus meurtriers. De même que l'attaque de la Pologne donne le signal du massacre des handicapés mentaux ou de la répression de masse contre les peuples slaves, c'est dans la guerre d'extermination (Vernichtungskrieg) planifiée contre les populations soviétiques que s'élabore notamment la Solution Finale. Toute l'Europe occupée est livrée à la terreur et au pillage, avec des degrés divers selon le sort qu'Hitler réserve à chaque "race" et à chaque pays.

Les succès et la conquête de l’Europe (1939-1940) Son mépris total du droit international a facilité la tâche à Hitler, tout comme son absence complète de scrupules, ainsi que la passivité frileuse ou la naïveté de nombre de ses victimes. Ainsi, six de ces pays (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Yougoslavie) sont des États neutres, attaqués par surprise, sans même la formalité d’une déclaration de guerre. Hitler a souvent exprimé à ses proches son sentiment selon lequel les traités diplomatiques ou de non-agression qu’il signait au nom de l’Allemagne n’étaient, pour lui, que des papiers sans réelle valeur, uniquement destinés à endormir la méfiance adverse. Au procès de Nuremberg, le Troisième Reich se verra reprocher la violation de 34 traités internationaux.

De même, Hitler n’hésite pas à recourir à des méthodes de terreur pour faire plier l’ennemi. Il ordonne ainsi la destruction par les airs du centre de Rotterdam le 14 mai 1940, ou le terrible bombardement de Belgrade (6-9 avril 1941), en représailles à un putsch anti-hitlérien d’officiers serbes hostiles à l’adhésion à l’Axe. La Wehrmacht s’illustre aussi dans son avancée par un certain nombre de crimes de guerre, ainsi le massacre de 1500 à 3000 soldats noirs des troupes coloniales en France50, premières victimes dans ce pays du racisme hitlérien.

Autodidacte en matière militaire, Hitler juge que les généraux de la vieille école dominant la Wehrmacht, souvent issus de l’aristocratie prussienne (généralement méprisée par les nazis qui se considèrent révolutionnaires), sont trop prudents et dépassés par les conceptions de la guerre moderne (la Blitzkrieg et la guerre psychologique). Les succès sont avant tout ceux de jeunes généraux talentueux tels que Heinz Guderian ou Erwin Rommel, qui savent faire preuve d’audace, d’initiatives, et ont une conception de la guerre plus novatrice que leurs adversaires.



Dans la clairière de Rethondes, juste avant la signature de l'armistice avec la France, Hitler et ses généraux contemplent la statue du maréchal Foch (22 juin 1940).Toutefois, Hitler lui-même démontre une certaine habileté et audace stratégique. Il est ainsi persuadé que la France ne bougera pas pendant que la Pologne sera envahie, évitant à l’Allemagne de combattre sur deux fronts, ce qui est effectivement le scénario de la drôle de guerre. Il est également en grande partie à l’origine du plan dit « von Manstein », qui permet, en envahissant la Belgique et la Hollande, de piéger les forces franco-britanniques projetées trop en avant et de les prendre à revers par une percée dans les Ardennes dégarnies, pour isoler le meilleur des troupes adverses acculées à Dunkerque en mai-juin 1940. Cependant, le 24 mai, Hitler, redoutant qu'une avance trop rapide ne fournisse à l'ennemi l'occasion d'une improbable deuxième victoire de la Marne, commet l'erreur d'ordonner à ses troupes de marquer un arrêt devant le port, d’où rembarquent alors 300 000 soldats britanniques, ordre qualifié plus tard de « miracle de Dunkerque ». Le 22 juin, dans la clairière de Rethondes, lors de l'Armistice franco-allemand qu'il a symboliquement exigé de voir signer dans la même clairière et le même wagon qu'en 1918, Hitler exulte devant les caméras des actualités allemandes.

Avant l’invasion de la Russie un an plus tard, l’Allemagne hitlérienne domine donc l’Europe, ajoutant au printemps 1941 la Yougoslavie et la Grèce à son empire, envahis pour venir en aide à Mussolini, jaloux des succès de Hitler mais lui-même vite empêtré dans les Balkans. Avec ses succès militaires et la disparition de l’influence française en Europe centrale, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie (dont les champs de pétrole sont une obsession continuelle pour Hitler durant la guerre) et la Bulgarie, en adhérant au Pacte tripartite, tombent dans l’orbite de l’Allemagne, mettant à sa disposition des bases pour de futures actions.

Entre juin 1940 et juin 1941, le seul adversaire de l’Allemagne nazie reste le Royaume-Uni, appuyé par le Commonwealth. Hitler est plutôt enclin à des relations cordiales avec les Anglais, considérés racialement comme proches des Germaniques. Il espère que le gouvernement britannique finira par négocier la paix et qu’il acceptera de se contenter de son empire colonial et maritime sans plus intervenir sur le continent. Hitler compte sur l’action de la Luftwaffe, puis les attaques des sous-marins contre les convois de marchandises (bataille de l’Atlantique), pour faire plier le Royaume-Uni.



« Hitler ne préviendra pas : aie toujours ton masque à gaz ». Affiche britannique pendant le Blitz.Mais sur ce point, la détermination de Winston Churchill, arrivé au pouvoir le 10 mai 1940, contraste avec les atermoiements de ses prédécesseurs. Refusant toute paix de compromis, galvanisant la population britannique, il contrarie les plans du Führer. Dès le 15 septembre 1940, la bataille d'Angleterre est virtuellement perdue pour l'Allemagne, l’héroïsme des pilotes de la Royal Air Force ayant fait échec aux rodomontades de Göring, maître de la Luftwaffe, dont la semi-disgrâce auprès du Führer commence.

Furieux, Hitler ajourne dès le 12 septembre l’opération Seelöwe - son plan de débarquement en Angleterre, au demeurant improvisé trop tardivement à l’été 1940, et irréalisable tant que le Royaume-Uni a encore sa flotte navale et aérienne. Il déchaîne alors les bombardements terroristes sur les populations civiles britanniques : le Blitz s’abat chaque jour sur les cités anglaises, en particulier sur Coventry, rasée par l’aviation allemande le 26 novembre 1940, ou sur la vieille City de Londres, incendiée notamment dans les nuits de décembre 1940 et du 10-11 mai 1941. Mais la détermination populaire britannique reste intacte.

En 1942, en représailles aux premiers grands raids britanniques sur les cités allemandes, Hitler ordonnera encore de détruire une à une les villes d’art britanniques par les airs (les « raids Bädecker », du nom d’un guide touristique célèbre), de même qu’il déchaînera en 1944 les V1 et les V2 sur l’Angleterre. Sans plus de succès.

Par ailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche le Royaume-Uni des États-Unis, soucieux de la liberté de commerce et de navigation. Hitler commence à considérer que la guerre avec l’Amérique, foyer du capitalisme juif à ses yeux, devient inéluctable.

  • Erreurs et premiers échecs (1941)


« Alors, je vois que toi aussi tu as des ennuis ? » Caricature soviétique dressant le parallèle entre les campagnes de Russie de Napoléon et d'Hitler.Hitler s’avère aussi et surtout être un commandant en chef brouillon et imprévisible, dédaigneux de l’opinion de son état-major. Il peut compter sur la très grande servilité de celui-ci, et en premier lieu du chef de l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW, haut commandement des forces armées), Wilhelm Keitel. Chez Hitler, un manque fréquent de réalisme se double souvent d’impairs stratégiques. En outre, le Führer est inconscient de bien des problèmes du front. Comme Adolf Hitler accueille très mal les mauvaises nouvelles et tout ce qui ne correspond pas à ses plans, ses subordonnés hésitent à lui transmettre certaines informations.

Sa première grave erreur a été d’ouvrir un deuxième front, en envahissant l’immense Union soviétique sans avoir terminé la guerre contre le Royaume-Uni. Toujours persuadé d’avoir une tâche monumentale qu’il aura du mal à réaliser en une seule vie, il souhaite attaquer l’URSS, principal réservoir d'« espace vital » et ennemi principal doctrinal, dans des délais rapides. À partir de décembre 1940, il planifie une guerre d'extermination terroriste à l'Est : il ne s'agit pas seulement de détruire le bolchevisme, mais au-delà, comme déjà en Pologne asservie, de détruire l'État, de réduire les populations civiles à l'état d'esclaves et de sous-hommes, de vider par les massacres et les déportations les territoires conquis de leurs Juifs et de leurs Tziganes, afin de laisser la place à des colons allemands.

Au lancement de l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique en juin 1941, Hitler, considérant que l’Armée rouge s’écroulera rapidement, envisage d’atteindre avant la fin de l’année une ligne Arkhangelsk-Astrakhan. Il interdit à ses troupes d'emporter du matériel d'hiver.

Il divise son armée en trois groupes : le Groupe d’armée Nord (GAN) ayant pour objectif Leningrad, le Groupe d’armée Centre (GAC) ayant pour objectif Moscou, et le Groupe d’armée Sud (GAS) ayant pour objectif l’Ukraine. À ce dispositif s’ajoutent les alliés finlandais au Nord, hongrois, roumains et italiens au Sud, ces derniers étant considérés comme peu fiables par Hitler et son état-major.

En août 1941, Hitler donne la priorité à la conquête de l’Ukraine, objectif économique primordial avec ses terres céréalières et ses mines, par le GAS, mais aussi objectif stratégique, car une très grosse part de l'Armée Rouge est concentrée autour de Kiev : marcher directement sur Moscou avant d'avoir détruit ces réserves, comme le voudraient de nombreux généraux allemands, exposerait dangereusement le flanc de la Wehrmacht aux yeux de Hitler. Ce faisant, le Führer oblige le GAC à stopper, alors qu’il était parvenu à 300 kilomètres de Moscou. L’offensive sur ce secteur reprend en octobre, mais ce contretemps fait intervenir un adversaire redoutable : l’hiver russe.



Fosse commune de quelques-uns des 3,5 millions de prisonniers soviétiques exterminés par les nazis.Hitler a négligé ce facteur autant qu’il a sous-estimé, par haine des Slaves et du communisme, la qualité et la combativité des « sous-hommes » soviétiques. Son racisme lui fait aussi interdire formellement à l'armée d'invasion de se chercher des alliés parmi les nationalistes locaux et les ennemis du régime stalinien.

Au contraire, les déchaînements de cruautés contre les civils et la mise en œuvre des crimes de masse prémédités aliènent très vite à Hitler les populations soviétiques, rejetées dans les bras d'un Staline qui sait proclamer l'union sacrée. L’arrivée de troupes fraîches de Sibérie permet de dégager Moscou et de faire reculer des Allemands mal préparés aux dures conditions climatiques. La Wehrmacht a alors perdu 700 000 hommes (tués, blessés, prisonniers), soit un quart de son effectif sur ce front.

Le 19 décembre 1941, alors que la retraite menace de se transformer en débacle incontrôlable comme celle qui avait fait disparaître la Grande Armée napoléonienne en 1812, Hitler prend directement le commandement de la Wehrmacht sur le front russe, évinçant le général von Brauchitsch ainsi que Guderian, von Bock et von Rundstedt. Il interdit catégoriquement toute retraite, tout repli même stratégique, allant jusqu'à faire condamner à mort des officiers et des généraux qui en effectuent en lui désobéissant. Les ordres draconiens du Führer parviennent de fait à stabiliser le front à quelque 150 km de Moscou, au prix de terribles souffrances des soldats.

Désormais, la guerre-éclair a fait son temps et Hitler a perdu tout espoir d'une guerre courte. De surcroît, c'est au même moment qu'il déclare la guerre aux États-Unis, le 11 décembre 1941, peu après l'attaque de Pearl Harbour le 7, dont ses alliés japonais ne l'avaient même pas prévenus, et sans bénéfice aucun pour le Reich, puisque l'empire japonais ne déclare nullement la guerre à l'URSS. Le Führer a fait donc inconsidérément entrer en lice le plus grand potentiel économique du monde, hors d'atteinte de ses Panzer et des bombardiers.

Hitler est désormais le maître absolu de l'armée et des opérations (même Staline laisse après 1942 la bride sur le cou à ses généraux, tandis que Churchill, Roosevelt et de Gaulle ne prennent guère que des décisions politiques). Si l'échec frustrant devant Moscou radicalise encore ses projets meurtriers (sa décision d'exterminer tous les Juifs d'Europe est prise au moment du ralentissement de l'avancée en Russieréf. nécessaire), Hitler dispose encore de forces armées redoutables et reste pour l'heure le maître tout-puissant de l'Europe conquise, des portes de Moscou à l'Atlantique.

  • Le maître de l'Europe occupée : exploitation et terreur

Article détaillé : Europe sous domination nazie. L'« Ordre Nouveau » promis par la propagande nazie n'a jamais signifié pour Hitler que la domination absolue et l'exploitation systématique de son « espace vital » par la « race des Seigneurs ».

Partout les économies locales sont donc placées sous tutelle, au profit exclusif du Troisième Reich et de son effort de guerre. Des tributs financiers exorbitants sont exigés des vaincus, les matières premières drainées en Allemagne ainsi que les produits agricoles et industriels (sans oublier les œuvres d'arts, dont des trains entiers sont raflées par Göring et Rosenberg). Le pillage de l'Europe occupée est d'autant plus radical que Hitler tient absolument à maintenir un haut niveau de vie à la population allemande même en pleine guerre, pour éviter que ne se reproduise la révolte de novembre 1918.

Le 21 mars 1942, pour pallier la pénurie de main-d'œuvre causée par la mobilisation massive des Allemands sur le front de l'Est, Hitler nomme le gauleiter Fritz Sauckel plénipotentiaire au recrutement des travailleurs . Placé sous l'autorité directe du seul Führer, Sauckel parvient, à force de chasses à l'homme et de rafles massives à l'Est, et en usant à l'Ouest davantage d'intimidations et de mesures coercitives (conscription du travail et STO), à amener en deux ans plus de 8 millions de travailleurs forcés sur le territoire du Grand Reich. Parmi eux, les travailleurs polonais et soviétiques (Ostarbeiter) ont été soumis à un traitement brutal et extrêmement discriminatoire, leur laissant à peine le minimum vital pour subsister51.

Parallèlement, le 8 février 1942, Hitler a chargé son confident et architecte préféré, le jeune technocrate Albert Speer, de réorganiser l'économie de guerre du Reich. Très efficace, Speer obtient des résultats significatifsévasif qui prolongent la guerre. Mais il ne met longtemps à vaincre les réticences de Hitler à proclamer la guerre totale voulue par Goebbels, le Führer ne voulant pas imposer aux Allemands des sacrifices susceptibles de nuire à son image et de les pousser à la révolte.

Himmler de son côté exploite jusqu'à la mort la main-d'œuvre forcée des camps de concentration, dont le taux de mortalité explose littéralement à partir de début 1942. Le 9 décembre 1941, Hitler a pris personnellement le décret Nacht und Nebel, cosigné par Keitel, qui prévoit de faire littéralement disparaître les résistants déportés « dans la nuit et le brouillard » (expression empruntée par le Führer à un opéra de Wagner). Au sein du système concentrationnaire nazi, ce sont donc les détenus de toute l'Europe classés « NN » qui connaîtront les pires traitements et le taux de mortalité le plus importantréf. nécessaire.

La domination nazie réintroduit largement en Europe des pratiques disparues depuis le XVIIIe siècle : torture, prise d'otages, réduction des populations en esclavage, destruction de villages entiers deviennent des pratiques banales qui signent la brève hégémonie de Hitler.

On peut y ajouter l'enrôlement forcé dans les troupes allemandes des Malgré-Nous alsacien-mosellans ou polonais, dont les territoires annexés sont soumis à une intense germanisation forcée, ou l'enlèvement aux mêmes fins de germanisation de centaines de milliers d'enfants européens aux traits « aryens », confiés aux Lebensborn que supervise Martin Bormann, secrétaire du Führer.

Hitler a ainsi personnellement fixé le taux de 50 otages à fusiller par soldat allemand blessé, et de 100 par soldat allemand tuéréf. nécessaire. Strictement appliqué à l'Est, faisant des victimes par dizaines de milliers, ces représailles massives sur les civils sont plus « modérées » à l'Ouest, où le racisme hitlérien ne méprise pas autant les populations, et où il faut tenir compte du plus haut niveau de développement et d'organisation des sociétés. Elles n'en sont pas moins appliquées.



Pendaison de civils polonais, 26 juin 1942Aussi, après une série d'attentats inauguré par le coup de feu du colonel Fabien contre un officier allemand en plein Paris, Hitler ordonne personnellement l'exécution d'un certain nombre d'otages, qui seront fusillés notamment au camp de Châteaubriant. En mars 1944, lorsque la Résistance italienne tue 35 soldats allemands dans Rome occupée, Hitler exige que cent otages soient fusillés pour chaque tué : le maréchal Kesselring « réduit » le taux au demeurant irréaliste à dix pour un, et ce sont tout de même 355 Italiens qui périssent aux Fosses Ardéatines.

Le 10 juin 1942, suite à l'exécution de son fidèle Heydrich par la résistance tchèque, Hitler ordonne la destruction totale du village de Lidice.

Le 17 juin 1944, quand le maréchal Rommel lui demande de faire passer en jugement les responsables du massacre d'Oradour-sur-Glane, préjudiciable aux relations avec Vichy, Hitler se contente de le rabrouer en lui ordonnant de ne pas se mêler de politique.réf. nécessaire

Des revers à la débacle (1942-1944) Pendant l’offensive d’été en Russie du Sud en 1942, Hitler répète l’erreur de l’année précédente en divisant un groupe d’armée en deux, le rendant ainsi plus vulnérable. Le groupe A se dirige vers le Caucase et ses champs de pétrole, le groupe B se dirige vers Stalingrad.



« Nous détruirons l'ennemi sans pitié ». Affiche soviétique, 1943.Cette ville industrielle qui porte le nom de son adversaire devient pendant des mois un enjeu symbolique, théâtre d'un duel direct entre Adolf Hitler et Joseph Staline. Après une bataille acharnée rue par rue, maison par maison voire pièce par pièce, la VIe Armée de Friedrich Paulus se retrouve encerclée dans la ville. Hitler interdit toute tentative de sortie qui abandonnerait la ville, et toute capitulation. En janvier 1943, il nomme Paulus maréchal : aucun maréchal allemand n'ayant jamais capitulé, il escompte que Paulus se suicidera plutôt que de se rendre. Peine perdue, la capitulation du nouveau promu à Stalingrad, le 30 janvier 1943, a un retentissement mondial immense et marque le tournant de la guerre à l'Est.

Si Hitler a froidement sacrifié une armée de 300 000 hommes à Stalingrad, son obsession à maintenir les troupes épuisées dans la ville en ruines n'est cependant pas due qu'à un orgueil insensé de sa part ou qu'à son fanatisme, ainsi qu'il est généralement avancé. Les 100 000 Allemands survivants encerclés fixaient aussi plus de 500 000 Soviétiques, soulageant d'autant le gros de la Wehrmacht, qui pendant ce temps se replie en bon ordre en Ukraine, d'où elle peut vite relancer des contre-offensives. Au demeurant, vu les conditions de vie et la mortalité dans une URSS tout entière affamée par l'invasion hitlérienne, les rescapés de Stalingrad n'auraient pas davantage survécu à leur captivité si elle avait commencé plus tôt52.

Au même moment, Rommel est chassé d'Afrique du Nord par les Alliés, et le refus obstiné de Hitler d'évacuer la Tunisie coûtera encore 250 000 prisonniers à l'Axe en mai 1943.

Très réservé sur l'offensive de Koursk - sa dernière sur le front de l'Est, et la plus grosse bataille de blindés de l'Histoire - Hitler ne fait aucune difficulté pour l'arrêter, le 13 juillet 1943, quant à son échec flagrant vient s'ajouter le débarquement allié en Italie, qui l'oblige à dégarnir le front russe et qui précipite le renversement de son collègue Mussolini. Ce dernier, l'un des rares hommes pour qui Hitler conserve un sentiment de camaraderie, est libéré par un commando SS sur ses ordres, mais il n'est plus désormais qu'un collaborateur des nazis, à la tête d'une République de Salo fantoche.



Affiche américaine ridiculisant Hitler.Jusqu’à la défaite de 1945, Hitler continue d'ordonner perpétuellement à ses troupes, sur quelque front que ce soit, de ne pas reculer, en dépit des rapports de force largement en faveur des Soviétiques ou des Alliés, ou des conditions du terrain, qu’il ne constate jamais sur place.

Dans la nuit du 6 juin 1944, Jodl refuse de réveiller le Führer alors que les parachutistes sautent sur la Normandie et que 4 126 navires alliés prennent d'assaut la « forteresse Europe » et percent le Mur de l'Atlantique construit sur ses ordres. Cependant, la légende répandue qui veut que l'Allemagne ait perdu la guerre à cause des sommifères pris la veille par Hitler est infondée : qu'il ait dormi ou non, il n'aurait pas été question de réagir sans au moins quelques heures de recul pour apprécier la situation53.

Intoxiqué par les services alliés (opération Fortitude), Hitler retarde l’envoi de Panzerdivisionen pour rejeter les forces débarquées, pensant que l’opération Overlord est une diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieu dans le Pas-de-Calais. Il ne changera pas d'avis avant la fin de la bataille de Normandie. En août 1944, il ordonne au général von Kluge d’effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée des troupes américaines à Avranches. Cependant, les troupes allemandes engagées dans cette opération ne peuvent avancer jusqu’à leurs objectifs en raison des bombardements massifs, et elles sont prises dans une nasse refermée par George Patton et Montgomery, dans la poche de Falaise où 50 000 Allemands sont fait prisonniers.



Varsovie insurgée anéantie par les Allemands, été 1944.Le 25 août 1944, Paris est libérée, intacte, bien que le Führer eut ordonné sa destruction. Le général Dietrich von Choltitz, commandant les troupes allemandes dans la capitale française, a refusé d’obéir à cet ordre au demeurant peu réalisable. La capitale de la Pologne n’a pas la même chance, car après l’insurrection de Varsovie, en août-septembre 1944, la ville, déjà détruite à 50 % par les combats, est rasée ensuite à 90 % sur ordre personnel d’Hitler ; les civils sont déportés et on relève près de 200 000 morts.

Fin 1944, malgré la perte de la France et de la Belgique à l'Ouest, de la Grèce et du sud de la Yougoslavie à l'Est, Hitler a réussi à stabiliser les fronts sur le Rhin, la Vistule et le Danube, et se montre encore capable de lancer une offensive dans les Ardennes. En s'emparant de la Hongrie, il a empêché le régent Miklós Horthy de virer de bord comme l'ont fait la Roumanie et la Bulgarie, sans négliger au passage de faire déporter en 56 jours plus de 500 000 Juifs hongrois à Auschwitz par Eichmann. Grâce aux millions de travailleurs forcés, l'économie de guerre allemande confiée à Speer continue à produire à plein régime, malgré les bombardements alliés sur les villes du Reich. Hitler parvient donc à retarder sensiblement l'échéance finale et à remporter des succès jusqu'à la fin.

S'il est devenu évident pour tous, jusqu'au sein même de ses serviteurs, que la défaite est inéluctable et qu'Hitler mène l'Allemagne à la catastrophe, aucune cessation des combats n'est possible tant qu'il reste en vie. Or en Allemagne même, Hitler exerce une lourde répression après avoir survécu à l'attentat du 20 juillet 1944.

Attentats contre sa personne et complot du 20 juillet 1944 Le pouvoir absolu de Hitler ne cesse de se renforcer au cours de la guerre. Ainsi en avril 1942, lors d’une cérémonie au Reichstag, il se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur chaque citoyen allemand.

Tandis que l'étoile de Göring pâlit et que son successeur désigné, Rudolf Hess, s'est mystérieusement enfui en Écosse en mai 1941, son secrétaire particulier Martin Bormann s'affirme de plus en plus comme une éminence grise, filtrant les accès à Hitler, gérant ses biens et jouant un rôle actif dans la mise en œuvre des projets nazis en Europe.

Ses victoires de 1939-1941 ont renforcé la croyance de la population dans son infaillibilité, et rendu impossible la tâche de ceux qui voudraient le renverser. Même de futurs résistants comme le pasteur Martin Niemöller, les étudiants martyrs de la Rose blanche à Munich ou le comte de Stauffenberg, héros de l’attentat du 20 juillet 1944, ont été initialement séduits par la personne charismatique du Führer et par ses succès54.

Cependant, si le soutien au moins passif des masses reste pratiquement acquis jusqu’à la fin, depuis la crise des Sudètes en 1938, des individus ou des groupes isolés ont compris que seule la mort de Hitler peut encore permettre d’éviter un désastre total à l’Allemagne.

Article détaillé : Attentats contre Adolf Hitler. La « chance du diable »55 assez peu ordinaire dont bénéficie Adolf Hitler lui a permis d'échapper de peu à plusieurs tentatives d’assassinat. Mais il faut aussi compter avec la difficulté d'accéder à lui puisqu'il se terre dans son QG prussien après 1941, son incapacité à se tenir à des horaires réguliers et prévisibles, la foule ou la garde SS qui l'entourent, et ses précautions prises - ses déplacements de guerre sont secrets, le fond de sa casquette est blindé, il porte un gilet pare-balles et ses aliments sont goûtés préalablement par son médecin56. En novembre 1938 à Munich, le catholique suisse Maurice Bavaud a tenté de tirer sur lui, il sera guillotiné. Le 8 novembre 1939, lors de la commémoration annuelle de son putsch manqué à la brasserie Bürgerbräukeller, Hitler échappe à un attentat orchestré par Johann Georg Elser. La bombe explose 20 minutes après le départ d’Hitler qui avait dû écourter son discours à cause des mauvaises conditions climatiques l’obligeant à prendre le train plutôt que l’avion.

Au fur et à mesure que l’issue de la guerre se précisait dans le sens d’une défaite, plusieurs gradés ont comploté avec des civils pour éliminer Hitler. Bien que les Alliés aient exprimé le choix d’une reddition sans conditions lors de la conférence d'Anfa, en janvier 1943, les conjurés espèrent renverser le régime afin de négocier un règlement politique du conflit. Parmi eux, l’amiral Wilhelm Canaris, chef de l’Abwehr (services secrets), Carl Friedrich Goerdeler, l’ancien maire de Leipzig, ou encore le général Ludwig Beck. Ce dernier, après la défaite de Stalingrad, met en marche le complot sous le nom d’opération Flash, mais la bombe placée le 13 mars 1943 dans l’avion de Hitler, en visite sur le front de l’Est, n’explose pas.

Article détaillé : Complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler. Le 20 juillet 1944 à 12h42, à la Wolfsschanze, Hitler est blessé dans un attentat lors d’une tentative de coup d'État d’officiers organisée par Claus von Stauffenberg, qui est durement réprimée. Compromis, les maréchaux Erwin Rommel et Günther von Kluge sont contraints au suicide, tandis que l’amiral Canaris est envoyé dans un camp de concentration où il sera assassiné par pendaison à l’approche des Alliés, aux côtés du pasteur Dietrich Bonhoeffer.

En tout, plus de 5000 personnes sont arrêtées et assassinées au cours de la répression. En vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective, et se référant aux antiques coutumes de vengeance des peuplades germaniques (Sippenhaft), Hitler fait envoyer les familles des conjurés dans des camps de concentration. Les conjurés, maltraités et ridiculisés, sont traînés devant le Tribunal du Peuple de Roland Freisler, qui les abreuve d’injures et d’humiliations au cours de parodies de justice n’essayant même pas de respecter les apparences élémentaires du droit, avant de les envoyer à la mort. Beaucoup périssent pendus à des crocs de boucher à la prison berlinoise de Plotzensee. Hitler fit filmer les exécutions pour pouvoir les visionner avec ses fidèles dans sa salle privée, bien qu’il semble que les films ne furent finalement jamais projetés.

  • La défaite finale et la mort

Aux abois Les ordres de Hitler à ses troupes deviennent de plus en plus irréalistes compte tenu de l’écrasante supériorité de l’Armée rouge et des Alliés. Les réunions entre Hitler et son chef d’état-major (depuis juillet 1944) Heinz Guderian sont de plus en plus houleuses et ce dernier finit par être renvoyé le 28 mars 1945.



« Hitler doit mourir pour que l'Allemagne vive » : graffiti sur une baraque du camp de la mort de Buchenwald, libéré par l'armée américaine, avec Hitler pendu en effigie (avril 1945).Devant ses proches, Hitler déclare que les « armes miracles » vont renverser la situation (dont les V1 et V2, les premiers missiles, assemblés notamment dans le tunnel mortifère du camp de concentration de Dora-Mittelbau, ou encore les premiers chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262), ou encore que de même que son héros Frédéric II de Prusse avait jadis été sauvé par un retournement d’alliance in extremis, de même les Alliés arrêteront de combattre le Troisième Reich pour s’attaquer à l’Union soviétique.

En fait, depuis la conférence de Casablanca en janvier 1943, les Alliés sont sans ambiguïté sur l’exigence d’une capitulation sans condition et sur la dénazification de l’Allemagne et le châtiment des criminels de guerre. Quant aux « armes nouvelles », elles auraient été tout à fait insuffisantes, et Hitler a lui-même gâché ses dernières chances en affichant longtemps son mépris pour les « sciences juives » dont la physique nucléaire (une des causes du retard pris aux recherches sur la bombe atomique), ou encore en exigeant, contre l’avis de tous les experts, de construire les avions à réaction non pas comme chasseurs, ce qui aurait pu faire basculer la guerre aérienne, mais comme bombardiers - pour pouvoir reprendre la destruction des villes anglaises.

Dans les derniers mois du conflit, Hitler, dont la santé décline rapidement, n’apparaît plus en public, ne parle plus guère à la radio, et reste la plupart du temps à Berlin. C’est Joseph Goebbels, le chef de la propagande, par ailleurs commissaire à la défense de Berlin et responsable de la Volkssturm, qui se charge d’exhorter les troupes et les foules. Le lien entre les Allemands et le Führer se distend. Hitler n’a jamais visité une ville bombardée ni un hôpital civil, il n’a jamais vu aucun des réfugiés qui fuient l’avancée de l’Armée rouge par millions à partir de janvier 1945, il ne se rend plus de longue date au chevet de soldats blessés, et a cessé depuis fin 1941 de prendre ses repas avec ses officiers ou ses soldats. Sa glissée hors du réel s’accentue.



Officier nazi de la Volkssturm suicidé auprès d'un portrait lacéré du Führer, printemps 1945.Convaincu que le peuple allemand ne mérite pas de lui survivre puisqu’il ne s’est pas montré le plus fort, Hitler ordonne le 19 mars 1945 une terre brûlée d’une ampleur inégalée, incluant la destruction des industries, des installations militaires, des magasins et des moyens de transport et de communications, mais aussi des stations thermiques et électriques, des stations d’épuration, et de tout ce qui est indispensable à la survie élémentaire de ses concitoyens. Cet ordre ne sera pas respecté. Albert Speer, ministre de l’armement et architecte du Reich, a prétendu devant le tribunal de Nuremberg qu’il avait pris les mesures nécessaires pour que les directives de Hitler ne soient pas accomplies par les gauleiters.

En avril 1945, le Reich est aux abois : le Rhin franchi par les Occidentaux le 23 mars, les villes matraquées par des bombardements quotidiens, les réfugiés fuyant en masse de l’Est, les Soviétiques approchant de Vienne et de Berlin. Dans les rues assaillies de ces deux villes, les SS pendront encore en public ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir. Sur des cadavres de civils pendus à des lampadaires, des pancartes précisent par exemple : « Je pends ici parce que j’ai douté de mon Führer », ou « Je pends ici parce que je suis un traître ». Les dernières images d’Hitler filmées, en pleine bataille de Berlin, le montrent décorant ses derniers défenseurs : des enfants et des pré-adolescents.

Les dix derniers jours

  • Article détaillé : Mort d'Adolf Hitler.


Journal américain annonçant la mort d’Hitler Le 20 avril, les hauts dirigeants nazis viennent une dernière fois saluer hâtivement leur maître pour son anniversaire, avant de tous s'enfuir précipitamment loin de Berlin, attaquée par l'Armée Rouge.

Terré au fond de son Führerbunker, Hitler refuse de partir pour la Bavière et choisit de rester à Berlin pour mieux mettre en scène sa mort. Au cours de séances quotidiennes de plus en plus orageuses, tandis qu'au-dehors la plus grande bataille de la guerre fait rage, il continue à ordonner d'impossibles manœuvres pour délivrer la capitale vite encerclée. Le 22 avril, comprenant la vanité de ces tentatives, il entre dans l'une de ses plus terribles colères, avant de s'effondrer en reconnaissant enfin pour la première fois que « la guerre est perdue » (« Das Krieg ist verloren »). La décision du suicide est prise dans les jours suivants.

Le 23, Albert Speer revient en avion dans Berlin assaillie pour refaire ses adieux à Hitler. Il lui avoue avoir saboté la terre brûlée, sans réaction du dictateur, et s'en va en n'ayant obtenu qu'une molle poignée de main de son idole.

Les dernières crises internes du régime ont lieu quand au soir du 25, Hermann Göring, toujours nominalement héritier de Hitler, lui envoie de Bavière un télégramme lui demandant s'il peut prendre la direction du Reich conformément aux dispositions de 1941. Persuadé par Bormann d'y voir à tort un ultimatum et un coup de force du Reichsmarshall, Hitler, furieux, destitue Göring et le fait assigner à résidence par les SS.

Sa fureur redouble le 27 quand la radio alliée lui apprend que son fidèle Himmler a tenté à son insu de négocier avec les Occidentaux. Cependant, certaines recherches récentes forment l'hypothèse que Himmler aurait négocié avec les Alliés sur ordre de Hitler lui-même57. Il fait fusiller dans les jardins de la chancellerie le beau-frère d'Eva Braun, le dirigeant SS Hermann Fegelein, agent de liaison de Himmler.

Dans la nuit du 29 avril, après avoir épousé Eva Braun, Hitler dicte à sa secrétaire Traudl Junge un testament privé puis politique, exercice d'autojustification où il nie sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre. Curieusement, le texte ne dit mot du bolchévisme, au moment même où les Soviétiques s'emparent de Berlin. Par contre, l'obsession antisémite de Hitler y apparaît toujours intacte. Il exclut Himmler et Göring du NSDAP, écarte Speer, Ribbentrop et Keitel, promeut Goebbels à la chancellerie et confie la tête de ce qui reste du Reich au grand amiral Karl Dönitz.

Le 30 avril, vers quinze heures trente, alors que l’Armée rouge n’est plus qu’à quelques centaines de mètres du bunker, Adolf Hitler se suicide en compagnie d’Eva Braun. On suppose généralement que le poison utilisé par Eva Braun était du cyanure de potassium, mais Ian Kershaw soutient que le poison fourni à tous les occupants du bunker était de l’acide prussique. Hitler se donne la mort d'une balle dans la bouche. On retrouvera son arme de service à ses pieds.

Une affirmation fréquente précise qu'il aurait mordu la capsule juste avant ou presque en même temps qu’il se tira une balle dans la tempe58, mais Kershaw affirme qu’il est impossible de tirer juste après avoir mordu un tel poison, et que le corps de Hitler n'ayant pas dégagé l'odeur d'amande amère caractéristique de l'acide prussique et constatée sur celui d'Eva Braun, il faut conclure à la mort par balle seule ; de nombreuses autres thèses circulent, impliquant parfois qu’un autre ait tiré la balle, mais elles sont classées comme fantaisistes.

Pour ne pas voir son cadavre emporté en trophée par l'ennemi (Mussolini a été fusillé le 28 par les partisans italiens et son corps pendu par les pieds devant la foule à Milan), Hitler avait donné l'ordre de l'incinérer. C'est aussitôt chose faite par son chauffeur Erich Kempka et son aide de camp Otto Günsche, dans un cratère de bombe près du bunker. La pluie d'obus soviétiques labourant Berlin a presque certainement détruit l'essentiel des deux corps.



Découverte du camp de Dachau, 29 avril 1945.Refusant de survivre à son maître malgré ses ordres, et considérant qu'il n'y a plus de vie imaginable dans un monde sans national-socialisme, Goebbels se suicide le lendemain avec sa femme Magda, après avoir empoisonné leurs six enfants.

Ce même 1er mai, la radio apprend aux Allemands la mort de leur dictateur, en laissant croire qu'il a été tué le jour même et les armes à la main. Le 2 mai, après avoir signé la capitulation de Berlin, le général Weidling rétablit la vérité au micro et accuse Adolf Hitler d'avoir abandonné « en plan » (im Stich) soldats et civils. Dans les villes ruinées ou sur les routes, la masse des Allemands d'abord soucieuse de survie restera plutôt indifférente à la fin de Hitler59.

Le 4 mai, la 2e DB du général Leclerc s'empare symboliquement du Berghof, la résidence du Führer à Berchtesgaden. Le 8 mai 1945, le Troisième Reich capitule sans condition. Au même moment, l'ouverture des camps de concentration révèle définitivement l'ampleur de l'œuvre de mort hitlérienne. « La guerre de Hitler était finie. Le traumatisme moral, qui était l'œuvre de Hitler, ne faisait que commencer » (Ian Kershaw).

Découverte du corps et rumeurs de fuite Nombre de rumeurs ont circulé sur la possibilité que Hitler ait survécu à la fin de la guerre. Le FBI a mené des enquêtes en ce sens jusqu’en 1956 sur des pistes plus ou moins sérieuses. Mais dès la chute de Berlin, l’unité des services secrets soviétiques chargée de trouver Hitler, le SMERSH, estimait avoir récupéré une grande partie du corps.

Le 2 mai 1945, averti du suicide de Hitler, le SMERSH boucle le jardin de la chancellerie et le Führerbunker. Le personnel encore présent est arrêté puis interrogé, Staline étant tenu au courant par un général du NKVD au moyen d'une ligne codée directe60.

Le 5 mai, Ivan Churakov du 79e corps d'infanterie, auquel le SMERSH est rattaché, découvre le corps de Hitler près de celui d'Eva Braun, dans un cratère d'obus situé dans le jardin de la chancellerie. Conformément aux volontés du Führer, leurs dépouilles ont été brûlées et sont méconnaissables60.

Le 11 mai, les témoignages concordants de l’assistante du dentiste d’Hitler, Hugo Blaschke, et de son technicien, confirment l’identité du corps. La dentition supérieure de Hitler comporte en effet un bridge récent. Dans un premier temps, Staline impose le silence sur la découverte, allant même jusqu'à réprimander Joukov pour avoir échoué à retrouver Hitler, tandis que la Pravda qualifie les rumeurs de découverte de « provocation fasciste ». Les Soviétiques lancent d'autres rumeurs, affirmant notamment que Hitler se cacherait en Bavière, zone sous contrôle de l'armée américaine, accusant implicitement cette dernière de complicité avec les Nazis60.

En juin 1946, les derniers témoins du Führerbunker, détenus par le NKVD, sont amenés sur les lieux du suicide. Dans le jardin de la chancellerie, ils indiquent l’endroit où ils ont brûlé puis enterré les corps des époux Hitler. L’emplacement correspond à l’exhumation réalisée par le SMERSH un an plus tôt. De nouvelles fouilles sont entreprises et quatre fragments de crâne sont mis au jour. Le plus grand est transpercé d'une balle. L’autopsie réalisée fin 1945 sur le corps masculin découvert au même endroit se trouve en partie confirmée : les médecins y notaient en effet l’absence d’une pièce du crâne, celle qui devait permettre de conclure que Hitler s’est suicidé par arme à feu.

Les restes d'Adolf Hitler sont alors enterrés dans le plus grand secret, avec ceux d'Eva Braun, de Joseph et Magda Goebbels et de leurs six enfants, du Général Hans Krebs et des deux chiens d'Hitler, dans une tombe près de Rathenow à Brandenburg61.

En 1970, le KGB doit restituer au gouvernement d'Allemagne de l'Est les lieux qu'il occupe à Brandenburg. Craignant que l'existence de la tombe de Hitler ne soit révélée et que le site ne devienne alors un lieu de pèlerinage néo-nazi, Youri Andropov, chef du KGB, donne son autorisation pour que soient détruits les restes du dictateur et les neuf autres dépouilles6263.

Le 4 avril 1970, une équipe du KGB se charge de la crémation des dix corps, et disperse secrètement les cendres dans l'Elbe, à proximité immédiate de Rathenow64. Mais le crâne et les dents de Hitler, conservés dans les archives moscovites, échappent à la crémation. On n’en apprend l’existence qu’après la dissolution de l’URSS (1991). Le 26 avril 2000, la partie supérieure du crâne attribué au dictateur devient l’une des curiosités de l'exposition organisée par le Service fédéral des archives russes, marquant le cinquante-cinquième anniversaire de la fin de la guerre.

Mais, en 2009, à la demande de la chaîne de télévision History qui réalise un documentaire intitulé Hitler's Escape, qui traite de l'hypothèse de la fuite du dictateur, l'Américain Nick Bellantoni découvre que le crâne que l'on attribuait à Hitler est en réalité celui d'une jeune femme. Des tests ADN réalisés aux États-Unis sur les échantillons ramenés par l'archéologue confirment ses dires65. Selon Nick Bellantoni, le crâne ne serait pas non plus celui d'Eva Braun. Les témoignages affirment qu'elle se serait suicidée au cyanure, et non par arme à feu. Ce coup de théâtre relance les théories affirmant que Hitler a pu survivre à la chute du Reich.

L'historien Antony Beevor regrette ces polémiques, qu'il juge sensationnalistes, rappelant que la dentition, avec son bridge caractéristique, a été formellement reconnue en mai 1945 par Käthe Heusermann, assistante du dentiste de Hitler60, et son technicien Fritz Echtmann, arrêtés par les Russes. Mais les archives dentaires de Hitler ayant été détruites sur ordre de Martin Bormann en 1944, donc antérieurement aux investigations russes, le témoignage d'Heusermann n’est basé que sur sa mémoire, comme le souligne le journaliste britannique Gerrard Williams, qui rappelle qu'il n’existe à ce jour aucune expertise médico-légale attestant qu'il s'agisse bien des dents de Hitler66.

Ces théories de la fuite du führer restent peu crédibles et se heurtent aux témoignages des dernières heures, qui concluent à la mort du dictateur nazi. En 2009, le dernier survivant du bunker, Rochus Misch, réaffirme ainsi avoir vu les corps sans vie de Hitler et d'Eva Braun67.

Legs historique



Discours d'Adolf Hitler au Reichstag en avril 1941Personnage impitoyable et déshumanisé, dictateur totalitaire, raciste et eugénique, Adolf Hitler a été surtout le principal responsable du conflit de loin le plus vaste, le plus destructeur et le plus traumatisant que l'humanité ait jamais connu, à l'origine de près de 40 millions de morts en Europe, dont 26 millions de Soviétiques. Environ 11 millions de personnes ont directement été assassinées sur ses ordres, en raison des pratiques criminelles systématiques de son régime et de ses forces armées, ou en application de ses projets exterminateurs prémédités. Parmi elles, les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée. « Jamais dans l'Histoire, pareille ruine matérielle et morale n'avait été associée au nom d'un seul homme » (Ian Kershaw)68.

L'image de Hitler a été définitivement fixée, en particulier, lors de la découverte des camps de la mort lente en avril-mai 1945, avec leurs monceaux de cadavres décharnés, leurs survivants squelettiques et hagards, leurs expériences pseudo-médicales et leurs chambres à gaz doublées des tristement célèbres fours crématoires. Cette révélation macabre a achevé de trancher les débats antérieurs entre adversaires et partisans du personnage et de son régime69. La redécouverte de la Shoah, depuis les années 1970, a recentré l'attention sur la spécificité du judéocide qu'il a inspiré, tout en confirmant la nature intrinsèquement criminelle de son action et de son système.

Bilan



Enfant dans les ruines de Varsovie.Le bilan humain est sans précédent. En trois années d'occupation, la terreur nazie a fait périr près du quart des habitants de la Biélorussie. La Pologne sous Hitler a perdu près de 20 % de sa population totale (dont 97 % de sa communauté juive, jusqu'alors la première du monde). L'URSS, la Grèce et la Yougoslavie ont perdu entre 10 et 15 % de leurs citoyens70.

À l'Ouest, la terreur et l'exploitation hitlériennes ont été moindres, mais restent éprouvantes. Entre 1940 et 1944, la France gouvernée par le Régime de Vichy a été le pays proportionnellement le plus pillé d'Europe, 30 000 habitants ont été fusillés sur place, des dizaines de milliers déportés en camps de concentration, un quart de la population juive exterminée, sans oublier les 400 000 soldats tombés au combat, ni les deux millions de soldats maintenus indéfiniment en captivité dans le Reich ou plus de 600 000 Français du STO obligés d'aller travailler dans les usines allemandes.



Soldat allemand tué en Italie, fin 1943Les Allemands ne sont pas les derniers à avoir payé chèrement les ambitions démesurées de leur Führer, auquel ils ont toutefois globalement continué d'obéir jusqu'à la fin. Trois millions de soldats sont morts au front, laissant encore davantage de veuves et d'orphelins, et condamnant une génération à subir le déséquilibre durable du sex ratio et de la vie de familles monoparentales. Ainsi, deux tiers des mâles allemands nés en 1918 n'ont-ils pas vu l'issue de la guerre71. Toutes les grandes et moyennes villes allemandes ou presque sont en ruines, et 500 000 civils ont été tués par les bombes. Des centaines de milliers de femmes allemandes de tous âges ont été exposées aux viols de l'Armée Rouge en 1945.

L'Allemagne même, dont Hitler avait prétendu faire la raison de son combat politique et de son existence, disparaît en tant qu'État au terme de l'aventure nazie. Elle ne retrouve son indépendance qu'en 1949 (sans la pleine souveraineté au début) et son unité qu'en 1990. Berlin, l'une des villes qui avait le moins voté pour Hitler et que le Führer n'avait jamais aimée, n'en subira pas moins une division de 40 ans, matérialisée après 1961 par le célèbre Mur de Berlin. En représailles aux exactions massives du Troisième Reich, plus de 8 millions d'Allemands présents depuis des siècles ont été chassés en 1945 des Sudètes, des Balkans et de toute l'Europe centrale et orientale. Sans oublier la déportation en Sibérie, en 1941, des Allemands de la Volga vus par Staline comme une cinquième colonne potentielle de Hitler. Le territoire actuel de la RFA est inférieur d'un quart à celui du Reich de 1914.

Le traumatisme hitlérien a aussi valu à l'Allemagne son élimination définitive comme puissance militaire, ses effectifs armés restant strictement limités, et interdits d'opérations hors de ses frontières au moins jusque dans les années 1990. Sur le plan diplomatique, la division d'après-guerre a fermé jusqu'en 1973 les portes de l'ONU à la RDA et à la RFA (« géant économique et nain politique »). En revanche, sur le plan économique, son fidèle Albert Speer a su renouveler les machines et enterrer les usines : le potentiel industriel de l'Allemagne est largement intact après-guerre, ce qui a permis de se demander si Hitler n'était pas le père inavouable du miracle économique allemand d'après-guerre72.



Soldat et graffiti de l'Armée Rouge dans le Reichstag en ruines, peu après la mort d’HitlerLes pillages, les bombardements, les représailles et la terre brûlée ordonnées par Hitler ont dans l'immédiat largement aggravé le bilan matériel inégalé de la guerre. Des milliers de villes, de bourgs et de villages ont été détruits par la Wehrmacht et les SS dans toute l'Europe. Minsk a été ainsi détruite par Hitler à 80 %, Varsovie à 90 %. L'URSS compte au moins 25 millions de sans-abris et l'Allemagne 20 millions73. 30 millions de réfugiés et « personnes déplacées » errent sur les routes d'Europe en mai 1945, en majorité en Allemagne.

Le combat contre le « bolchevisme », dont Hitler avait fait un fondement de sa mission et un de ses thèmes de propagande les plus porteurs, s'achève sur un fiasco total. C'est en repoussant l'agression hitlérienne que l'Armée Rouge pousse jusqu'à Berlin et que l'URSS peut imposer le communisme et sa domination à la moitié de l'Europe pour plus de 40 ans. Devenu le principal vainqueur de son ancien allié Hitler, Staline retire aussi de sa victoire sur ce dernier un immense prestige dans sa population et dans le monde entier.



Hitler reçoit Ante Pavelić, dirigeant de l'État indépendant de Croatie, 1943Dans les pays occupés, en engageant la collaboration avec Hitler, généralement sans obtenir aucune contrepartie du Führer74, bien des responsables européens ont causé à leur pays de graves divisions civiles et des compromissions qui reviendront hanter durablement les mémoires nationales. De durs combats traumatisants ont opposé ennemis et alliés de Hitler en France occupée, dans l'Italie en guerre ou, à une échelle bien pire, dans l'État indépendant de Croatie, dirigé par les Oustachis. En Pologne, en Grèce et en Yougoslavie, les résistants au maître du Troisième Reich n'ont même pas pu s'entendre entre eux et se sont violemment combattus : la guerre civile grecque de 1944-1949, par exemple, est aussi un héritage de Hitler.

Spoliés et exterminés, les Juifs d'Europe ont vu disparaître à jamais les foyers les plus brillants et prospères de leur culture, avec l'éradication sans retour des fortes communautés de Berlin, Vienne, Amsterdam, Vilnius ou Varsovie. Les trois quarts des locuteurs du yiddish ont péri. En Europe de l’Est, les rares survivants des camps sont souvent insultés voire assassinés à leur retour, en particulier par ceux qui ont pris leurs biens en leur absence. Il n'est pas rare alors d'entendre des Polonais ou des Tchécoslovaques se plaindre à haute voix que « Hitler n'ait pas fini le travail »75.

Mémoire et traumatisme moral

Principal absent du procès de Nuremberg, et malgré le mot d'ordre de Göring « Pas un mot contre Hitler », le Führer a vu la plupart de ses subordonnés rejeter sur lui, à titre posthume, la responsabilité de leurs actes criminels. La plupart prétendirent n'avoir fait qu'obéir à ses ordres, et avoir ignoré l'essentiel de la réalité de son régime de terreur et de génocides76.



Procès des principaux complices de Hitler à Nuremberg, 1946.La dénazification d'après-guerre n'empêcha pas maints complices de Hitler de ne jamais être inquiétés, ou de faire des carrières politiques, économiques ou administratives prospères, en RFA comme en RDA. D'autres se sont réfugiés, via des filières d'exfiltration, en Amérique latine ou dans le monde arabe, continuant d'y entretenir le culte nostalgique du Führer, et continuant souvent d'y diffuser l'antisémitisme et le négationnisme, tout en réutilisant les méthodes policières du Troisième Reich au profit de dictatures locales. Pratiquement aucun ancien responsable nazi n'a jamais fait acte de repentance, ni manifesté le moindre regret d'avoir suivi et servi Hitler.

La seule exception partielle notable est celle de Albert Speer, ancien confident et ministre du dictateur, mais son complexe de culpabilité, exposé dans ses mémoires sur le Troisième Reich, se mêle à une fascination persistante pour Hitler, qui témoigne que le charisme du personnage faisait encore effet bien au-delà de sa mort et de la découverte de ses forfaits77.

Hitler a brisé la continuité de l'histoire allemande. Il a mis en question jusqu'à la permanence et au sens même de la civilisation. Un des peuples les plus cultivés et les plus développés du monde s'est révélé en effet capable d'engendrer un Hitler, et de le suivre jusqu'au bout sans grande résistance, y compris dans des entreprises d'une barbarie à cette heure unique dans l'Histoire78. Dès lors, la conscience allemande et européenne n'a cessé d'interroger les responsabilités du passé allemand dans l'avènement de Hitler, celle de la culpabilité des Allemands ayant vécu sous le Führer (Schuldfrage), mais aussi la responsabilité morale qui échoit en héritage aux générations ne l'ayant pas connu. Selon le mot de Tony Judt, « demander à chaque nouvelle génération d'Allemands de vivre à jamais dans l'ombre de Hitler, exiger qu'ils endossent la responsabilité de la mémoire de la culpabilité unique de l'Allemagne et en faire l'aune même de leur identité nationale était le moins qu'on pût exiger… mais c'était attendre beaucoup trop79. »



« Souviens-toi de cela ! Ne fraternise pas ! » (affiche de l'armée américaine, été 1945)En 1952, 25 % des Allemands sondés avouaient avoir une bonne opinion de Hitler et 37 % trouvaient bon de n'avoir plus aucun juif sur leur territoire. En 1955, 48 % considéraient encore que Hitler, sans la guerre, resterait l'un des plus grands hommes d'État que leur pays ait jamais connu. Ils étaient encore 32 % à soutenir cette opinion en 1967, surtout parmi les plus âgés80.

Encore à partir des années 1980, la résurgence de phénomènes néonazis ultraminoritaires mais très violents a pu aussi inquiéter. Ces groupes sont reconnaissables entre autres à leur pratique du salut nazi ou lorsqu'ils célèbrent bruyamment l'anniversaire de la naissance et de la mort du Führer.

Le renouvellement des générations, l'affaiblissement à partir des années 1960 des tabous publics et privés empêchant de parler d'une Hitlerzeit (ou Hitlerdiktatur) traumatisante et compromettante, la redécouverte de la singularité du génocide des Juifs à partir des années 1970, la lutte contre le négationnisme, ont permis par la suite d'éradiquer en bonne partie les sympathies ou nostalgies latentes pour Hitler et son régime en Allemagne et en Autriche.

Hitler est aussi revenu hanter périodiquement les mémoires collectives des autres pays. Surtout à partir des années 1960-1970, on redécouvre un peu partout qu'un des plus grands criminels de l'histoire a bénéficié jusque chez soi de soutiens indispensables, de relais, de délateurs - ou tout simplement d'indifférences, de passivités et de complaisances plus ou moins lourdes de conséquences humaines et morales. La France ne reconnaîtra qu'en 1995 la responsabilité de l'État pétainiste dans les déportations de Juifs. Même des États neutres tels que la Suisse ou le Vatican ont vu mettre âprement en question les ambiguités de leur attitude face à l'Allemagne nazie.

Même à l'Ouest, la guerre contre Hitler n'avait jamais été conçue comme une guerre pour sauver les Juifs. La spécificité raciste et exterminatrice de son action avait rarement été perçue des contemporains. Les pouvoirs publics et l'opinion s'étaient plus attachés, dans l'après-guerre, à célébrer les résistants et les soldats qui avaient combattu le dictateur (perçu d'abord comme l'agresseur étranger et l'oppresseur de la nation) que ses victimes, souvent réduites au silence. Ce n'est qu'après le procès Eichmann en 1961 et avec la redécouverte de l'unicité de la Shoah, dans les années 1970, que le monde occidental comprend le génocide des Juifs comme le principal crime du Führer81.

Paradoxalement, l'auteur de Mein Kampf a sans doute été le fossoyeur involontaire du vieil antisémitisme européen : largement répandu avant-guerre comme une opinion parmi d'autres, l'antisémitisme est, après lui, devenu définitivement un tabou dépourvu de tout droit de cité en Occident, ainsi qu'un délit passible des lois.

À travers tout l'Occident, un vaste effort de pédagogie à travers l'école, les medias, les productions littéraires et culturelles, les témoignages de survivants, a permis de familiariser le grand public avec l'ampleur des méfaits du Troisième Reich. Aussi le nom de Hitler évoque-t-il spontanément et durablement, dans les masses, l'idée même du criminel absolu.

En 1989, pour marquer le centenaire de sa naissance, un Monument contre la guerre et le fascisme a été érigé devant sa maison natale.

Doctrines raciales et crimes contre l’humanité Hitler avait présenté ses thèses raciales et antisémites dans son livre Mein Kampf (Mon combat), rédigé en 1924, lors de son incarcération dans la forteresse de Landsberg, après son putsch raté de Munich. Si son succès fut modeste dans un premier temps, il fut tiré à plus de dix millions d’exemplaires et traduit en seize langues jusqu’en 1945 ; il constitue la référence de l’orthodoxie nazie du Troisième Reich.

Rien dans sa biographie connue ne permet d'affirmer que l'individu Hitler ait jamais tué ou torturé quelqu'un de ses mains. Il n'a jamais visité un seul de ses camps de concentration, ni assisté à aucun des bombardements ou des fusillades de masse dont lui ou ses subordonnés donnaient l'ordre. Mais chaque exécutant, au premier chef desquels son fidèle Himmler, savait qu'en mettant en pratique les conséquences logiques de la doctrine nazie, il accomplissait loyalement les directives du Führer.

Théories racistes

Dans ce livre, Hitler expose ses théories racistes, impliquant une inégalité et une hiérarchie des races, et son aversion particulière pour les Slaves, les Tsiganes, et surtout les Juifs. Présentés comme des races inférieures, ils sont qualifiés d’Untermenschen (« sous-hommes »).

Selon Hitler, les Juifs sont une race de « parasites » ou de « vermine » dont il faut débarrasser l’Allemagne. Il les rend responsables des évènements du 9 novembre 191882 et donc de la défaite et de la révolution allemandes, ainsi que de ce qu’il considère la décadence culturelle, physique et sociale de la prétendue civilisation aryenne.

Mein Kampf recycle la théorie du complot juif déjà développée dans les Protocoles des Sages de Sion. Hitler nourrit son antisémitisme et ses théories raciales en se référant à des idéologies en vogue en son temps. À Vienne, durant sa jeunesse, les Juifs, bien intégrés dans l’élite, sont souvent accusés de la décomposition de l’empire d’Autriche-Hongrie. La haine des juifs est exacerbée par la défaite de la Première Guerre mondiale. Quant à ses idées sur les races humaines, Hitler les tient essentiellement de Die Grundlagen des neunzehnten Jahrhunderts (« Genèse du dix-neuvième siècle », 1899) du Britannique d’expression allemande Houston Stewart Chamberlain, dont les thèses reprenaient elles-mêmes celles de l’Essai sur l'inégalité des races humaines (1853) du racialiste français Gobineau. Hitler s’inspire également du darwinisme social de Herbert Spencer tel que le prônait la Deutsche Monistbund (« Ligue moniste allemande ») fondée par Ernst Haeckel.

Hitler reprend aussi dans Mein Kampf les vieilles doctrines pangermanistes visant à regrouper dans un seul État les populations allemandes dispersées, mais il y ajoute, notamment sous l'influence du théoricien nazi Alfred Rosenberg, la revendication d’un « espace vital » (Lebensraum) en Europe de l’Est. Les territoires allemands doivent être indéfiniment élargis surtout en Europe centrale et en Ukraine (déjà convoités par les couches dirigeantes allemandes au temps du Kaiser Guillaume II), car jugés trop étroits au regard des besoins matériels de leurs populations et dans une position stratégique inconfortable entre des puissances hostiles à l’ouest et à l’est.

Hitler cible enfin deux adversaires fondamentaux : les communistes et la France, considérée comme dégénérescente (car dirigée par les Juifs et créant un Empire colonial multiethnique), et contre qui l’Allemagne doit se venger de l’humiliant traité de Versailles.

Adolf Hitler est obsédé par l’idée de pureté d’une prétendue race aryenne, la « race supérieure » dont les Allemands sont censés être les dignes représentants, au même titre que les autres peuples nordiques (Norvégiens, Danois, Suédois). Dans le but d’asseoir scientifiquement cette notion de race aryenne, des recherches pseudo-anthropologiques sont entreprises et des cours d’université dispensés. (Himmler crée un institut scientifique, l’Ahnenerbe). En fait, les Aryens étaient un groupe de peuplades nomades vivant en Asie centrale au IIIe millénaire av. J.-C. et sans liens aucun avec les Allemands. Toujours est-il que la notion d’« aryen » devient avec Hitler un ensemble de valeurs fantasmagoriques que les scientifiques nazis ont tenté de justifier par de prétendues données objectives.

La « race aryenne » est assimilée aux canons esthétiques de l’homme germanique: grand, blond et athlétique, tel que le représente Arno Breker, le sculpteur favori d’Hitler. Parallèlement, Hitler développe un intérêt particulier pour le paganisme nordique pré-chrétien, plus conforme à ses théories raciales qu’un christianisme à racine hébraïque, trop humaniste et trop universaliste. La religion des dieux Wotan et Thor avait notamment été glorifiée par les opéras de Richard Wagner, dont Hitler était un fervent admirateur. Heinrich Himmler fut le fidèle hitlérien qui poussa le plus loin cette passion, et on retrouve ce symbolisme mythologique dans l’uniforme et les rituels des SS, « chevaliers noirs » du Troisième Reich.

  • Les victimes de l’euthanasie


Médecin de la mort : Karl Brandt, médecin SS de Hitler et principal maître-d'œuvre de l'aktion T4 Le château de Hartheim en Bavière, où furent gazés 18 269 malades incurables et 5 000 détenus politiques.Les doctrines raciales nazies impliquaient également d’« améliorer le sang allemand ». Des stérilisations massives, appliquées avec le concours des médecins, furent ainsi entreprises dès 1934, portant sur près de 400 000 « asociaux » et malades héréditaires. Par ailleurs, 5 000 enfants trisomiques, hydrocéphales ou handicapés moteurs disparaissent.

Avec la guerre, un vaste programme d’euthanasie des malades mentaux est lancé sous le nom de code « Action T4 », sous la responsabilité directe de la chancellerie du Reich et de Karl Brandt, médecin personnel d’Hitler. Par quelques lignes manuscrites, Hitler assure en septembre 1939 l’impunité totale aux médecins sélectionnant les personnes envoyées à la mort, libérant ainsi des places dans les hôpitaux pour les blessés de guerre. Comme pour les juifs, les victimes sont gazées dans de fausses salles de douche. Malgré le secret entourant ces opérations, l’euthanasie est condamnée publiquement par l’évêque de Münster en août 1941. Elle cesse officiellement, mais continue en fait dans les camps de concentration. Environ 200 000 schizophrènes, épileptiques, séniles, paralytiques ont ainsi été exécutés. Par ailleurs, les forces nazies ont systématiquement fusillé les handicapés mentaux trouvés dans les hôpitaux de Pologne et d'Union Soviétique envahies.

De nombreux spécialistes de l’euthanasie sont ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs : l’aktion T4 aura donc à la fois préparé et précédé chronologiquement la Shoah.

De la persécution antisémite à la « Solution Finale » Dans l’Allemagne nazie, les juifs étaient exclus de la communauté du peuple allemand (Volksgemeinschaft). Le 1er avril 1933, les docteurs, avocats et commerçants juifs sont l’objet d’une vaste campagne de boycott, mise en œuvre notamment par les SA. Ces milices créées par Hitler avaient déjà perpétré, dès le début des années 1920, des actes de violences contre les juifs. Le 7 avril, deux mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, la loi « pour le rétablissement d’une fonction publique professionnelle » exclut les juifs de tout emploi dans les gouvernements (sauf les anciens combattants et ceux qui étaient en service depuis plus de dix ans).



Boycott officiel des magasins juifs par les SA, Berlin, 1933.Le 15 septembre 1935, Hitler, officialisant et radicalisant l'antisémitisme d’État, proclame les lois de Nuremberg, comprenant les lois « pour la protection du sang et de l’honneur allemand » et « sur la citoyenneté du Reich ». Celles-ci interdisent aux Juifs l’accès aux emplois de la fonction publique et aux postes dans les universités, l’enrôlement dans l’armée ou la pratique de professions libérales. Ils ne peuvent plus avoir de permis de conduire. Les Juifs sont déchus de leur nationalité allemande. Les mariages mixtes ou les relations sexuelles entre juifs et Allemands sont également proscrits. L’objectif est la ségrégation complète entre le peuple allemand et les juifs, ce qui est valable également pour les écoles, le logement ou les transports en commun. En 1937, une « loi d’aryanisation » vise à déposséder les Juifs des entreprises qu’ils possèdent.

Lourdement frappés par ces mesures discriminatoires, les Juifs allemands émigrent massivement : environ 400 000 départs en 1933-1939 en comptant les Autrichiens (sur environ 660 000), vers les Amériques, la Palestine ou l’Europe de l’Ouest. En général, ces émigrants sont mal accueillis, et parfois internés en tant que ressortissants d'un pays ennemi, ou refoulés par divers pays d'Europe et d'Amérique.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, Joseph Goebbels organise avec l'approbation du chancelier un vaste pogrom : la nuit de Cristal. Prenant comme prétexte l’assassinat d’un diplomate du Reich à Paris par un Juif allemand. Goebbels semble utiliser cet évènement pour regagner la faveur d'Adolf Hitler, qu'il a partiellement perdue lorsque sa liaison avec une actrice a failli conduire son couple au divorce public.

Au cours de cette nuit, des centaines de magasins juifs sont saccagés et la plupart des synagogues d'Allemagne incendiées. Le bilan est de 91 morts et près de 30 000 juifs sont internés dans des camps de concentration (Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen). À la suite de ces évènements, la communauté juive, tenue pour responsable des violences, est sommée de payer une amende de 1 milliard de marks : les biens des juifs sont massivement spoliés.

La population allemande, embrigadée par la propagande de Hitler, Goebbels ou Streicher, était convaincue de l’existence d’une « question juive ». Ce conditionnement favorise la participation de nombre d’entre-eux à l’extermination des juifs.

  • Accomplir la « prophétie » : la mise à mort industrielle des Juifs d’Europe

Article détaillé : Shoah.**

L’allusion à l’extermination physique des Juifs dans Mein Kampf fait encore l’objet d’un débat d’historiens. Pour une partie d’entre-eux, ce projet n’a pas été explicitement décrit dans ce livre, tandis que l’autre partie estime que l’antisémitisme qui s’y exprime est non seulement alarmant, mais s’appuie sur une terminologie (Ausrotung) significative. Le projet d’extermination totale des Juifs a pu germer dans l’esprit d’Hitler et de ses séides assez tôt, mais il ne semble pas qu’il ait établi de plan précis ou de méthodologie pour passer à l’acte avant la guerre. Rien ne semble indiquer, qu’initialement, les dirigeants nazis aient prévu que les premières mesures antisémites devaient conduire à une conclusion homicide et a fortiori génocidaire.

Cependant, d’après les mots du procureur général américain Robert Jackson lors du procès de Nuremberg, « la détermination à détruire les juifs a été une force qui, à chaque moment, a cimenté les éléments de la conspiration (nazie) ». De fait, les déclarations d’Adolf Hitler sur les Juifs montrent que, dès le début, il nourrissait le projet de destruction physique des Juifs et que la guerre fut pour lui l’occasion d’annoncer cette destruction, puis d’en commenter la mise en œuvre83.

Surtout, le 30 janvier 1939, dans un discours retentissant au Reichstag, Hitler a « prophétisé » qu’en cas de guerre, le résultat serait « l’anéantissement de la race juive en Europe ». À cette « prophétie » décisive, lui-même ou Goebbels feront de nombreuses allusions en privé au cours de la guerre : son accomplissement une fois la guerre commencée sera l’une des préoccupations prioritaires.

Hitler n’a toutefois nul besoin de s’investir personnellement beaucoup dans la destruction des Juifs, déléguée à Himmler, qui se contente de lui faire des rapports réguliers. Si divers documents secrets nazis planifiant l’extermination font souvent allusion à « l’ordre du Führer », aucune note manuscrite de lui sur la Shoah n’a jamais été retrouvée ni n’a sans doute jamais existé. C'est signe que son pouvoir absolu lui a permis de déclencher l’un des plus grands crimes de l’Histoire sans même besoin d’un ordre écrit.

Les dirigeants nazis ont longtemps envisagé, parmi d’autres « solutions » comme la création de zones de relégation, d’expulser l’ensemble de la communauté juive allemande sans l’exterminer, mais aucune phase de réalisation concrète n’a été enclenchée. Des projets d’installation des juifs en Afrique (Plan Madagascar) ont notamment été envisagés. Le déclenchement de la guerre radicalise les persécutions antisémites au sein du Troisième Reich. La prolongation de la guerre contre le Royaume-Uni ne permet plus d’envisager ces déportations, de même qu'est abandonnée l’idée d’un déplacement des juifs d’Europe en Sibérie — qui aurait déjà suffi en lui-même à provoquer une hécatombe en leur sein.



Une femme juive et son enfant fusillés par les Einsatzgruppen à Ivangorod, Ukraine, 1942L’occupation de la Pologne en septembre 1939 a placé sous contrôle allemand plus de 3 000 000 de juifs. Ceux-ci sont rapidement parqués dans des ghettos, dans les principales villes polonaises, où ils sont spoliés et affamés, et réduits à une misère inimaginable. L’attaque contre l’Union soviétique, à partir du 22 juin 1941, place sur un même plan la conquête du Lebensraum et l’éradication du « judéo-bolchévisme ». Des unités de la SS, les Einsatzgruppen, souvent secondées par des unités de la Wehrmacht et de la police, aidées parfois d'habitants et de collaborateurs locaux, fusilleront sommairement de un et demi à près de deux millions de juifs, femmes, bébés, enfants et vieillards compris, sur le front de l’Est.

Le 18 septembre 1941, une circulaire secrète de Himmler annonce que le Führer a décidé de déporter tous les Juifs d'Europe occupée à l'Est, et que l'émigration forcée n'est plus à l'ordre du jour. C'est le premier pas vers un génocide à l'échelle cette fois du continent entier. Fin 1941, les premiers « camions à gaz » sont utilisés à l'est, tandis que les camps d'extermination de Chelmno et de Belzec sont déjà construits et commencent leur œuvre d'assassinat de masse.

La date précise de la décision prise par Hitler n’a jamais été cernée de façon précise puisqu’il n’a jamais formellement écrit un ordre, mais il l'a élaborée au cours de l'automne 1941. La radicalisation immédiate et préméditée de la violence nazie avec l'invasion de l'Union soviétique, le ralentissement puis l'échec des opérations en URSS, la perspective bientôt concrétisée de l'entrée en guerre contre les États-Unis, ont sans doute précipité la décision de Hitler de réaliser sa « prophétie » de 193984.

Le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, 15 responsables du Troisième Reich, sous la présidence du chef du RSHA Reinhard Heydrich, entérinent la « solution finale au problème juif » (Endlösung der Judenfrage). L’extermination totale des Juifs en Europe va revêtir un caractère bureaucratique, industriel et systématique qui la rendra sans équivalent à cette heure dans l'histoire humaine. Hitler n'est pas là en personne, mais les mesures prises respectent ses objectifs généraux.

Au sommet de l'État, immédiatement après Hitler, ce sont Himmler, Heydrich et Göring qui ont pris la part la plus importante dans la mise en place administrative de la Shoah au sommet de l’État. Sur le terrain, l’extermination des juifs a été souvent le fait d’initiatives locales, allant parfois au-devant des attentes et des décisions du Führer. Elles ont été notamment l'œuvre d’officiers de la SS et de gauleiters fanatiques pressés de plaire à tout prix au Führer en liquidant au plus tôt les éléments indésirables dans leurs fiefs. Les gauleiters Albert Forster à Dantzig, Arthur Greiser dans le Warthegau ou Erich Koch en Ukraine ont ainsi particulièrement rivalisé de crautés et de brutalités, les deux premiers concourant entre eux pour être chacun le premier à tenir leur promesse verbale faite à Hitler de germaniser intégralement leur territoire sous dix ans85. Deux proches collaborateurs d’Hitler, Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, et Alfred Rosenberg, ministre des Territoires de l’Est, ont également pris une part active au grand massacre.



La déportation-extermination planifiée de tous les Juifs d'Europe à Auschwitz-Birkenau. Musée du camp.Beaucoup d'« Allemands ordinaires » ont été à peine moins compromis que les SS dans les massacres sur le front de l'Est. Plus d'un policier de réserve, plus d'un jeune soldat ou d'un officier avaient intégré le discours nazi, sans parler des généraux de Hitler. Des milliers donnèrent libre cours à leur violence et à leur sadisme dès qu'ils furent autorisés et encouragés à humilier et à tuer au nom du Führer86. À travers toute l'Europe, d'innombrables « criminels de bureaux », à l'image du bureaucrate Adolf Eichmann, exécutèrent sans état d'âme particulier les desseins de leur Führer ou de gouvernements collaborateurs. Dans les camps d'extermination, ainsi que le rappellent les mémoires du commandant d'Auschwitz Rudolf Höss, responsable de la mort de près d'un million de Juifs, il était impensable à quiconque, du simple garde SS au chef du camp, de désobéir à l'ordre du Führer (Führersbefehl), ou de s'interroger un seul instant sur la justesse de ses ordres. A fortiori, il était hors de question d'éprouver le moindre scrupule moral87. Aucun des « bourreaux volontaires de Hitler » (Daniel Goldhagen) n'a jamais été contraint de participer à la Solution Finale : un soldat ou un SS dont les nerfs craquaient se laissait persuader de continuer, ou il obtenait facilement sa mutation.

Personne au sein de son système ne découragea donc Adolf Hitler de procéder à la Shoah. En 1943, l'épouse de son ancien ministre Konstantin von Neurath, choquée de ce qu'elle avait vu du camp juif de Westerbork en Hollande occupée, osa exceptionnellement s'en ouvrir au Führer : ce dernier la rabroua que l'Allemagne avait assez perdu de soldats pour qu'il soit obligé de se soucier de la vie des Juifs, et la bannit à l'avenir du cercle de ses invités.

Dans l'ensemble, les chefs et opinions alliés, le pape Pie XII ou une partie de la Résistance européenne ne prirent pas conscience de la gravité spécifique du sort des Juifs, et gardèrent plutôt le silence sur leur sort, ce qui aida sans doute indirectement Hitler. De même que la non-résistance d'une partie importante des Juifs affamés, désorientés et ignorants du destin qu'il leur réservait. En avril-mai 1943, en revanche, la révolte du ghetto de Varsovie plongea Hitler dans une colère prolongée, mais ses ordres furieux et répétés n'empêchèrent pas une poignée de combattants juifs de faire échec plusieurs semaines à la reconquête SS.

Après l’été 1941, Himmler retint le procédé d’exécution massive par les chambres à gaz testé à Auschwitz. Au total, près de 1 700 000 juifs, surtout d’Europe centrale et orientale, ont été gazés à Sobibor, Treblinka, Belzec, Chelmno et Maïdanek. Dans le seul camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, 1 000 000 de juifs ont péri.

Les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée — 5 à 6 millions d'êtres humains dont 1.5 million d'enfants, tous n'ayant commis que le crime d'être né juif et ne représentant aucune menace sinon imaginaire — ont donc péri dans une entreprise de nature sans précédent. Sur les 189 000 Juifs qui vivaient à Vienne avant Hitler, un millier survivent en 1945, tout comme seulement une poignée des Juifs restés en Allemagne en 1940. Les Pays-Bas ont perdu 80 % de leurs Juifs, la Pologne et les pays Baltes plus de 95 %. En deux ou trois ans à peine, l'extermination a fait disparaître des familles entières. Dans une large part de l'Europe, c'est en fait toute une culture, tout un univers qu'Adolf Hitler a fait assassiner sans retour.

  • L’extermination des Tsiganes
  • Article détaillé : Porajmos.

  • Tziganes internés par les nazis, 1940.Hitler n'a pas dit un mot des Tziganes dans Mein Kampf et en tout état de cause, il ne nourrit pas pour eux l'obsession qu'il éprouve pour les Juifs88.

Son régime persécute et interne les 34 000 Tziganes du Reich dès avant-guerre, et les prive de leur citoyenneté allemande, mais moins au nom de raisons raciales (les Tziganes sont originaires des mêmes régions que le berceau supposé de la race « aryenne ») qu'en tant qu'« asociaux ». Ce qui n'empêcha d'ailleurs pas de s'en prendre aussi à ceux d'entre eux qui sont parfaitement bien intégrés dans la société allemande, dans laquelle beaucoup disposaient de logements, de métiers ou de décorations acquises au front. L’« Office central pour la lutte contre le péril tsigane » fut l'instrument de cette répression. Paradoxalement, la tribu des Sinti, censée ne pas s'être abâtardie, fut épargnée, au contraire des sang-mêlés en partie nés de non-Tziganes « aryens ».

  • L'extermination d'environ un tiers des Tsiganes européens ou Porajmos pendant la guerre n'a pas revêtu le caractère systématique et général du génocide des Juifs.

Ainsi, aucun n'a été déporté de France, où ils étaient pourtant des milliers disponibles dans les camps d'internement du régime de Vichy. En Belgique et aux Pays-Bas, les nazis attendirent 1944 pour déporter plusieurs centaines de Gitans à Auschwitz - ce qui fut suffisant toutefois pour décimer sans retour leur communauté. La terreur et les déportations furent plus fortes à l'Est, où beaucoup furent fusillés sur place par les Einsatzgruppen, la Wehrmacht ou par leurs collaborateurs locaux (les Oustachis croates se chargèrent de liquider 99 % des 28 700 Tziganes du pays89). Mais s'il a donné le 16 décembre 1942 l'ordre général de déportation des Tziganes européens à Auschwitz, Himmler s'en est désintéressé presque aussitôt, et Hitler ne semble pas avoir accordé une attention particulière à la question.

Dans la section spéciale qui leur était réservée à Auschwitz-Birkenau, les familles tziganes n'étaient pas séparées, ni exposées aux sélections régulières pour la chambre à gaz ni soumises au travail forcé, quelques-unes purent même être libérées en échange de leur stérilisation forcée. Mais le médecin SS de leur camp, Josef Mengele, surnommé l'« Archange de la Mort », pratiqua des expériences pseudo-médicales sur un certain nombre d'enfants tziganes, notamment des jumeaux.

Après avoir longtemps hésité, puis fait mettre à part plusieurs milliers d'hommes valides pour le travail forcé concentrationnaire, Himmler donna finalement l'ordre au commandant du camp, Rudolf Höss, d'exterminer ce qui restait du « camp des familles ». Du 1er au 3 août 1944, des milliers de Tziganes, hommes, femmes, enfants et vieillards, furent ainsi conduits à la chambre à gaz dans des scènes dramatiques90.

L'estimation du nombre de Tsiganes victimes des nazis reste l'objet de controverses. Pour les Tsiganes allemands et autrichiens, le chiffre des personnes envoyées dans les camps de concentration, déportées à l'est et gazées, oscille entre 15 000 et 20 000 sur une population de 29 000 Tsiganes en 1942 ; quant au nombre des Tsiganes européens assassinés par les nazis, il a été successivement estimé à 219 000 victimes par rapport à une population totale de 1 000 000 (Kenrick et Puxon, 1972), à 196 000 morts sur 831 000 personnes (Kenrick, 1989), voire à un demi million de victimes (Rose et Weiss, 1991), cette dernière estimation n'étant pas étayée par une source ou une ventilation par pays91. La reconnaissance de leur tragédie fut tardive, et dans l'immédiat, elle ne modifia guère les préjugés et les pratiques publiques courantes à leur encontre.

Les « sous-hommes » slaves : massacres, famine, stérilisation L’extension du Lebensraum allemand devait fatalement se réaliser aux dépens des populations slaves repoussées vers l’Est. Pour Hitler, la Pologne, les Pays baltes, la Biélorussie et l’Ukraine devaient être traités comme des colonies. À ce sujet, Hitler aurait dit, selon Hermann Rauschning, en 1934 : « Ainsi s’impose à nous le devoir de dépeupler, comme nous avons celui de cultiver méthodiquement l’accroissement de la population allemande. Vous allez me demander ce que signifie « dépeuplement », et si j’ai l’intention de supprimer des nations entières ? Eh bien, oui, c’est à peu près cela. La nature est cruelle, nous avons donc le droit de l’être aussi ».

Les populations non germaniques sont expulsées des territoires annexés par le Troisième Reich après 1939, et dirigées vers le Gouvernement général de la Pologne, entité totalement vassalisée et placée par Hitler sous le joug de Hans Frank, le juriste du parti nazi. Dès octobre 1939, le RSHA programme la « liquidation physique de tous les éléments polonais qui ont occupé une quelconque responsabilité en Pologne (ou) qui pourront prendre la tête d’une résistance polonaise ». Sont visés les prêtres, les enseignants, les médecins, les officiers, les fonctionnaires et les commerçants importants, les grands propriétaires fonciers, les écrivains, les journalistes, et de manière générale, toute personne ayant effectué des études supérieures. Des commandos SS sont chargés de cette besogne. Ce traitement extrêmement dur aura causé la mort de près de 2 200 000 Polonais, dont 50 000 membres des élites. C'est ainsi que 30 % des professeurs de l'enseignement supérieur polonais ont péri, ou des milliers d'hommes d'Église, d'aristocrates et d'officiers. En comptant les 3 000 000 de juifs polonais, exterminés à plus de 90 %, c’est 15 à 20 % de la population civile polonaise qui a disparu.

Les nazis firent aussi fermer les théâtres, les journaux, les séminaires, l’enseignement secondaire, technique et supérieur. Du 1er août au 2 octobre 1944, avec l’accord de Hitler, Himmler orchestra la répression de l’insurrection de Varsovie, avec pour but la destruction totale de la capitale, foyer le plus actif de la résistance polonaise. Avec la complicité passive de l’Armée rouge qui, stoppée par les Allemands aux portes de la ville, ne parachuta aucune aide aux insurgés, les nazis détruisirent la ville à 90 %, et la vidèrent de ses derniers civils après avoir causé la mort d’environ 200 000 personnes.

Avec l’agression de l’URSS, Hitler a prémédité une guerre d’anéantissement contre les populations soviétiques, des experts réunis par Göring ayant notamment prévu que « nos projets devraient entraîner la mort d’environ 10 millions de personnes ». Le but est de piller toutes les ressources du pays, de démanteler toute l’économie, de raser les villes, et de réduire les populations à l’état d’esclavage et de famine. La répression contre les Slaves prend donc une tournure encore plus massive, bien que certaines populations, notamment les nationalistes baltes et ukrainiens aient été initialement disposées à collaborer contre le régime stalinien.

Le traitement des prisonniers soviétiques capturés par les Allemands a été particulièrement inhumain : 3 700 000 d’entre eux sur 5 500 000 meurent de faim, d’épuisement ou de maladie, parfois après avoir été torturés ou suppliciés ; des milliers d’autres sont conduits dans les camps de concentration du Reich pour y être abattus au cours de fusillades massives. Les commissaires politiques sont systématiquement abattus au nom du « décret des commissaires » (Kommissarbefehl) signé par Keitel dès avant l’invasion. Des millions de femmes et d’hommes, parfois des enfants et des adolescents, sont raflés au cours de chasses à l’homme dramatiques pour être transférés dans le Reich comme main-d’œuvre servile.

Les actions des partisans sont l’occasion de représailles impitoyables sur les populations civiles, aussi bien en URSS qu’en Pologne, en Grèce et en Yougoslavie. Environ 11 500 000 civils soviétiques meurent ainsi pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’obsession personnelle de Hitler à réduire ces peuples à l’état de sous-hommes a privé la Wehrmacht de nombreuses aides potentielles parmi les populations soumises au joug soviétique. Elle a également eu un rôle mortifère direct, comme lorsque Hitler interdit d’enlever d’assaut la ville de Leningrad, qu’il soumet délibérément à un blocus meurtrier responsable, en mille jours de siège, de plus de 700 000 morts de civils. À ses yeux, la ville qui avait vu naître la révolution de 1917 devait être affamée puis rasée au sol.

De même, Hitler a cautionné les expériences pseudo-médicales visant à mettre au point un programme de stérilisation massive des femmes slaves, perpétré sur des milliers de cobayes humains de Ravensbrück et d’Auschwitz. Et les premières victimes de gazages au Zyklon B à Auschwitz furent des prisonniers soviétiques92.

Persécution des homosexuels



Monument aux victimes homosexuelles de Hitler, AmsterdamLa déportation méconnue des homosexuels s’estimerait à 75 000 victimes93. Mais avec la destruction des dossiers, ce chiffre n’est qu’une estimation et peut être plus important. N'ont été déportés que les homosexuels des territoires allemands ou annexés.

Hitler, le végétarisme et les droits des animaux sous l'Allemagne nazie Il est souvent fait référence au fait que Hitler était végétarien. Cela serait dû à une prescription d’ordre médical (qu’il ne respectait pas à la lettre) et à des fins de propagande visant à le faire passer pour un ascète entièrement dédié à son peuple. S'il fit à plusieurs reprises l'apologie du régime végétarien, il ne le mit jamais en pratique pour lui-même. Albert Speer et Robert Payne, deux des plus importants biographes d’Hitler, démontrent dans leurs livres qu'il n’était pas végétarien. De plus, il fit bannir les organisations végétariennes d’Allemagne quand il arriva au pouvoir. Il arrêta leurs responsables et fit cesser la parution de la principale revue végétarienne publiée à Francfort. La persécution nazie força les végétariens allemands soit à quitter le pays, soit à vivre dans la clandestinité. Dione Lucas, qui a travaillé à l’hôtel Hamburg avant la guerre, se souvient comment elle devait préparer pour Hitler son plat favori : « Je ne voudrais pas vous couper l’appétit pour le pigeon rôti », écrit-elle dans son livre de cuisine, « mais vous serez intéressé de savoir que c’était le plat favori de monsieur Hitler, qui dînait à l’hôtel très souvent »94.

Les textes d'Hitler sur les animaux sont peu nombreux ; il y fait référence dans Mein Kampf pour justifier ses thèses racistes en prenant l'exemple de la sélection naturelle et, dans ses conversations privées, il ennuya son auditoire par de longues tirades sur les chiens-loups. Par contre, sans en être précurseur95, la propagande nazie reprend à son compte la protection animale et développe la législation la plus vaste et élaborée de l'époque à ce sujet. « Dans le nouveau Reich, il ne devra plus y avoir de place pour la cruauté envers les bêtes. » (Extrait d’un discours d’Adolf Hitler96, ces propos inspirant la loi du 24 novembre 1933 sur la protection des animaux : « Tierschutzgesetz »). Selon ses auteurs, Giese et Kahler, cette loi se veut en rupture avec les thèses anthropocentristes de la civilisation chrétienne : l’animal est maintenant protégé en tant qu’être naturel, pour ce qu’il est, et non par rapport aux hommes. Toute une tradition humaniste, voire humanitariste, défendait l’idée qu’il fallait, certes, interdire la cruauté envers les animaux, mais davantage parce qu’elle traduisait une mauvaise disposition de la nature humaine, voire parce qu’elle risquait d’inciter les êtres humains à la violence, que parce qu’elle portait préjudice aux bêtes en tant que telles97.

Cette loi de protection animale se trouve donc depuis quelques années au centre d’un débat historico-philosophique. Mais la paternité nazie de l’écologie profonde98 a du mal à faire l’unanimité chez les historiens99. Que le Troisième Reich ait promulgué les plus importantes législations qui soient à l’époque touchant la protection de la nature et des animaux100 est essentiellement due à la frénésie législative nazie101 (destinée à masquer l'illégalité installée). La volonté propagandiste de cette législation laisse peu de place au doute, le régime nazi souhaitant soigner son image chez les déjà puissantes associations écologistes allemandes (regroupées dans une structure nazifiée) et selon Élisabeth Hardoin-Fugier, qui a écrit l’essai La Protection législative de l’animal sous le nazisme, celle-ci n’était pas vraiment suivie dans la pratique et ne servait qu’à des fins de propagande102. La politique du régime nazi envers les animaux était sélective : les animaux de compagnie ayant appartenu à des Juifs étaient massacrés après l'arrestation de leurs maîtres103.

  • Vie privée et personnalité
  • Adolf Hitler au quotidien


Adolf Hitler à son domicile en 1936Comme son homologue totalitaire Joseph Staline, Hitler vivait, surtout pendant la guerre, en reclus et en décalage temporel, menant dans ses divers QG une vie morne, monotone et essentiellement nocturne, dont il imposait l'ennui à tout son entourage.

Avant de s'y terrer après 1941, notamment à la « Tanière du Loup » ou Wolfsschanze vers Rastenburg, il est toujours officiellement domicilié à Munich (il boudera Berlin toute sa vie) et plus encore, il aime à satisfaire son goût romantique pour les montagnes à sa résidence secondaire alpine de Berchtesgaden, le Berghof, doublée du panoramique Nid d'aigle. Sur l'Obersalzberg viennent aussi habiter quelques-uns de ses principaux courtisans et intimes.

Ne connaissant guère d'autres passions que celle du pouvoir, Hitler ne buvait ni ne fumait (le tabac était rigoureusement proscrit en sa présence), il mangeait généralement végétarien et sa vie sentimentale et sexuelle était réduite au strict minimum. Se présentant à son peuple comme mystiquement marié à l'Allemagne, pour justifier et instrumentaliser son célibat, il a caché aux Allemands l'existence d'Eva Braun pendant toute la durée du Troisième Reich, négligeant souvent celle-ci et lui interdisant de paraître en public voire de venir à Berlin, et la confinant le plus possible en Bavière. Sa jeune nièce Geli Raubal, avec laquelle il avait eu une liaison, s'était suicidée en 1931 dans sa chambre de Munich. Pour Ian Kershaw, en choisissant des femmes nettement moins âgées que lui (16 ans de moins dans le cas d'Eva Braun), et en conservant la distance (sa future épouse d'un jour ne devait l'appeler que mein Führer), Hitler s'assurait de pouvoir garder intacte sa domination narcissique et égoïste sur elles. De nombreuses rumeurs ont couru sur sa sexualité, du fait notamment de son absence de vie sentimentale officielle, faisant courir le bruit d'une asexualité ou d'une homosexualité. On lui a prêté des pratiques sexuelles déviantes, allant du masochisme à la coprophilie104. Otto Strasser, entre autres, explique, qu'il pratiquait l'ondinisme avec sa nièce Geli Raubal105,106. D'autres rumeurs le déclaraient impuissant107. Après la guerre, la révélation d'un rapport d'autopsie soviétique réalisé en 1945, dont le caractère scientifique a été contesté, a répandu l'histoire qu'il n'avait qu'un testicule108. Mais il s'agirait plutôt d'une légende urbaine, car le médecin de famille d'Hitler, le docteur Eduard Bloch, a affirmé sans équivoque qu'il avait examiné Hitler pendant son enfance et l'avait trouvé « génitalement normal »104.Cette légende n'a cependant aucun rapport avec la chanson anti-allemande « Hitler has only got one ball » (« Hitler n’a qu’une couille », sur l’air de la Marche du Colonel Bogey), populaire pendant la guerre109.



Hitler et les époux Goebbels prennent le thé dans les jardins de la chancellerie, 1934Solitaire et sans amis, Hitler a toujours été incapable dès sa jeunesse de laisser transparaître le moindre sentiment de compassion ou d'affection réelle pour personne, réservant ses quelques accès de tendresse à sa chienne Blondi, un berger allemand. Son égoïsme sans complexe, sa conviction d'être infaillible et sa soif de domination se traduisaient au quotidien par le refus de toute critique et par ses interminables monologues, ressassant éternellement les mêmes thèmes des heures durant, et épuisant son entourage jusque très tard dans la nuitréf. nécessaire.

Cela ne l'empêchait pas de régner sur son entourage et sur les masses par son charisme et son indéniable talent de séduction, et d'inspirer des dévouements aveugles allant jusqu'au fanatisme. Les célèbres colères effroyables qu'il pouvait piquer, contre ses généraux notamment, n'étaient en réalité pas très fréquentes, et survenaient surtout quand la situation échappait à son contrôle110.

Les images célèbres de l'orateur Hitler en train de vociférer ou d'éructer avec force gestes frénétiques ne doivent pas non plus donner une idée réductrice de ses talents propagandistes. En réalité, avant d'en arriver à ces points d'orgue fameux qui électrisaient l'assistance, Hitler savait varier les tons, construire sa progression et doser son débit, lequel ne s'accélérait que graduellement.

Autodidacte, son instruction hâtive a toujours laissé à désirer. Sa bibliothèque contenait 1 500 volumes dont peu d'ouvrages authentiquement scientifiques ou philosophiques111. Il n'a jamais lu Marxréf. nécessaire, a persécuté Freud (décimant aussi sa famille), et a déformé grossièrement la pensée de Nietzsche afin de mieux faire cadrer ses lectures avec son idéologie personnelle. Il ne connaissait aucune langue étrangère, son interprète attitré Paul Schmidt se chargeant de lui traduire la presse extérieure ou l'accompagnant dans toutes les rencontres internationales. Myope, mais refusant par vanité de porter des lunettes, il fallait lui présenter chaque matin la presse allemande dans une édition aux caractères spécialement grossis pour lui. Prompt à exalter et à embrigader le sport, il ne faisait jamais le moindre exercice de culture physique.

Incapable de se contraindre au travail régulier et suivi depuis sa jeunesse bohême de Vienne, le « dictateur paresseux » (Martin Broszat) n'avait pas d'horaires de travail fixes, négligeait souvent de réunir ou de présider le conseil des ministres, était parfois longuement introuvable même pour ses secrétaires, et ne faisait le plus souvent que survoler les dossiers et les rapports. Au contraire du très bureaucratique Staline, Hitler détestait la paperasserie, et n'a de sa vie rédigé qu'un seul memorandum, celui sur le Plan de Quatre Ans (1936), qu'il n'a d'ailleurs fait lire qu'à deux ou trois personnes dont Göring et le chef de l'armée Von Blomberg. Ses directives étaient souvent purement verbales ou rédigées en des termes assez généraux pour laisser à ses subordonnés une assez grande marge de manœuvre 112.

Détaché du catholicisme dès son enfance, et devenu un doctrinaire antichrétien, Hitler n'a jamais assisté à une cérémonie religieuse de toute sa vie politique, même s'il faisait souvent référence en public à une vague « Providence » dont il se sentait l'instrument. Malgré des tracasseries et des surveillances, il a toujours eu l'habileté de ménager globalement les Églises allemandes, évitant un conflit ouvert dangereux pour l'adhésion des populations à sa personne. Ni lui ni ses partisans n'ont jamais été excommuniés, et l'encyclique antinazie du pape Pie XI, Mit Brennender Sorge (1937), évite prudemment de mentionner le nom de Hitler. Cyniquement, Hitler n'a jamais rédigé de déclaration de sortie de l'Église catholique et se prêtait à la simagrée de continuer à payer ses impôts d'Église113.

Sa santé n'a cessé de se dégrader dans les dernières années de la guerre. Déprimé et insomniaque, vieillissant, voûté et tremblant (peut-être atteint sur la fin de la maladie de Parkinson), bourré de médicaments par son médecin le Dr. Morrell, Hitler était surtout absorbé par les opérations militaires et hanté en son sommeil, de son propre aveu, par la position de chacune des unités détruites sur le front de l'Est. C'est bien avant de passer à l'acte qu'il évoquait devant ses proches le suicide comme la solution de facilité qui permettrait d'en finir en un instant avec ses ennuis.

Aspects énigmatiques du personnage



Timbre en mémoire de Georg Elser : « Je voulais empêcher la guerre ».Il est établi que Hitler donna des ordres spécifiques pour que Johann Georg Elser, l’auteur de l’attentat de Munich qui aurait pu le tuer en novembre 1939, ne fût ni exécuté, ni même mis dans une situation où ses jours seraient en danger. Pourquoi ? Peut-être pour organiser un grand procès-spectacle à la fin de la guerre, où les Britanniques auraient été mis en cause. Elser fut interné au camp de Dachau et assassiné d'une balle dans la nuque le 5 avril 1945, peu avant la défaite allemande.

Il donna également des ordres pour qu’un certain nombre d’Allemands d’origine juive s’étant distingués pendant la Première Guerre mondiale ne soient pas inquiétés. Ce point était à l’origine une demande du maréchal Hindenburg, à rapprocher de la phrase de Göring, « Je suis celui qui décide qui est Juif et qui ne l’est pas ». Toutefois, la plupart des anciens combattants juifs déportés au ghetto surpeuplé de Terezín, dont les nazis avaient fait un camp modèle pour berner efficacement la Croix-Rouge, n'eurent le droit en fait qu'à un sursis, puisque les trains emmenaient ensuite périodiquement les prisonniers à Auschwitz-Birkenau où la plupart périrent liquidés dans les chambres à gaz.

Hitler a pris comme symbole pour son mouvement le svastika (croix gammée), déjà symbole de diverses organisations racistes (en allemand « völkisch ») comme la Société Thulé. Le svastika est à la base indien, et est un signe de vie. Le symbole nationaliste utilisé dès la fin du XIXe siècle l’a repris à l’identique ; le salut que Mussolini, repris par la suite par Hitler à partir de 1926, demandait de ses troupes était exactement celui des légionnaires de l’empire romain saluant l’Empereur, mais aussi des gladiateurs qui l’exécutaient avant de combattre (le fameux rite du « Ave Caesar, morituri te salutant »).

Point que certains jugent négligé par la plupart des historiens : les doctrines mystiques dans lesquelles Hitler et d’autres responsables du nazisme auraient puisé leur inspiration pour l’élaboration de la politique national-socialiste, et les rapports que le Führer aurait entretenus avec l’univers des sciences occultes (source : Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des Magiciens, introduction au réalisme fantastique, Folio, 1960).

Adolf Hitler a choisi le 22 juin 1941 pour débuter l’opération Barbarossa, le jour qui suit le solstice d’été, où le Soleil est à son apogée. Féru d’astrologie, ayant adopté le svastika pour représenter son idéologie, (qui symbolise dans la mythologie nordique le marteau de Thor tournoyant dans le ciel comme étant le Soleil) ; précision nécessaireréf. nécessairedifficile d’y trouver une simple coïncidence, quand on sait que même durant les derniers jours Adolf Hitler lisait des prévisions astrologiques à Eva Braun dans le Führerbunker114.

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Publicité pour Volkswagen, 1936Adolf Hitler serait aux origines de Volkswagen (« La voiture du peuple » en allemand, le mot Volk désignant à la fois le peuple et la race) et notamment de la Coccinelle. Adolf Hitler aurait rencontré Ferdinand Porsche à ce propos et lui aurait parlé d’une voiture populaire pouvant transporter 5 personnes, atteindre une vitesse de croisière de 100 km/h, consommer environ 7 litres pour 100 km et ne coûtant pas plus de 1 000 Reichsmarks dans le but que chacun puisse s’offrir une voiture. Le prototype fut appelé KdF-Wagen (Kraft durch Freude). Postérité d'Hitler sur les consciences Une victime onomastique directe de Hitler fut son propre prénom : rien qu'en France, son usage décline dès 1933 pour s'effondrer avec la guerre. Depuis 1945, sous toutes ses variantes, "Adolphe" a pratiquement disparu comme nom de baptême115.

Outre qu'il a rendu plus difficile et angoissant à la philosophie contemporaine de penser un monde qui a connu Hitler, le personnage, invoqué de façon rhétorique comme le paradigme de la monstruosité et du mal radical, a donné involontairement son nom à un procédé de logique : la reductio ad hitlerum. On parle également « point Godwin » de la conversation, à partir duquel tout sujet potentiel finit théoriquement par conduire à parler d'Adolf Hitler ou du nazisme.

Les carnets d'Hitler Cinquante faux Carnets d'Hitler sont publiés en Allemagne par le magazine Stern en 1983, alors qu’ils avaient été réalisés par un faussaire, Konrad Kujau. Paris Match acheta à prix d’or l’exclusivité pour la France.

Hitler contre Marx et le socialisme Mein Kampf est un ouvrage violemment anti-marxiste. Hitler y qualifie le marxisme de « doctrine juive » et de « peste mondiale ». Sous la dictature nazie, les socialistes furent persécutés, assassinés, enfermés en camps de concentration dès 1933. Les livres de Karl Marx furent interdits et brûlés.

L’économiste libéral autrichien Ludwig von Mises estimait en 1944 que le nazisme avait appliqué la plupart des mesures transitoires préconisées par le Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels : huit des dix mesures citées en 1848 par Marx et Engels auraient été exécutées par les nazis. Seuls deux points n’auraient pas été complètement adoptés par les nazis, à savoir l’expropriation de la propriété foncière et l’affectation de la rente foncière aux dépenses de l’État (point no 1 du Manifeste) et l’abolition de l’héritage (point no 3). Leurs méthodes de taxation, leur planisme agricole et leur politique concernant la limitation des fermages iraient selon Mises dans le sens du marxisme116. Ce point de vue est marginal. En réalité, seuls quatre points ont été appliqués117, deux par Hitler lui-même, les autres résultants de la conservation de choix réalisés sous la République de Weimar. Enfin, certaines de ces mesures ont été largement appliquées par tous types de régimes au XXe siècle : « Éducation publique et gratuite de tous les enfants » par exemple. La France appliquait à cette même époque cinq des mesures proposées par Karl Marx. Ce qui ne saurait faire oublier non plus le rejet radical de la notion de lutte des classes par les nazis, leur absence totale de nationalisation et de réforme agraire, leur entente complexe mais durable avec les milieux industriels et financiers118,119,120, leur néo-paganisme fort éloigné du matérialisme historique, enfin leur haine absolue du marxisme — et le fait que comme le remarque son biographe Ian Kershaw, sur les millions de mots de Hitler conservés pour la postérité, aucun ne permet de conclure qu’il ait jamais lu un seul texte de Marx.

Les différents courants socialistes et marxistes ont été très actifs dans la résistance allemande au nazisme121.

Regards de contemporains Brouillé avec Hitler, le maréchal Ludendorff adresse une lettre prophétique à son ancien collègue Hindenburg, peu après le 30 janvier 1933 : « En nommant Hitler chancelier du Reich, vous avez remis notre sainte patrie allemande entre les mains d’un des plus grands démagogues que nous ayons jamais connus. Je vous prédis solennellement que ce funeste personnage conduira notre Reich dans l’abîme et plongera notre nation dans une misère inconcevable. Les générations à venir vous maudiront dans la tombe pour ce que vous avez fait122. »

Benito Mussolini déclara à Ostie, en août 1934 au cours d’un entretien avec la presse et des amis autrichiens : « Hitler est un affreux dégénéré sexuel et un fou dangereux. Le national-socialisme en Allemagne représente la barbarie sauvage et ce serait la fin de notre civilisation européenne si ce pays d’assassins et de pédérastes devait submerger le continent. Toutefois, je ne puis être toujours le seul à marcher sur le Brenner123. »

Erwin Rommel en octobre 1938 après avoir accompagné et assuré la sécurité du Führer durant l’annexion des Sudètes: « Hitler possède un pouvoir magnétique sur les foules, qui découle de la foi en une mission qui lui aurait été confiée par Dieu. Il se met à parler sur le ton de la prophétie. Il agit sur l’impulsion et rarement sous l’empire de la raison. Il a l’étonnante faculté de rassembler les points essentiels d’une discussion et de lui donner une solution. Une forte intuition lui permet de deviner la pensée des autres. Il sait manier avec habileté la flatterie. Sa mémoire infaillible m’a beaucoup frappé. Il connaît par cœur des livres qu’il a lus. Des pages entières et des chapitres sont photographiés dans son esprit. Son goût des statistiques est étonnamment développé : il peut aligner des chiffres très précis sur les troupes de l’ennemi, les diverses réserves de munitions, avec une réelle maestria qui impressionne l’état-major de l’Armée. »

Léon Degrelle interviewé en 1981124, décrit Hitler qu’il rencontra à l’été 1933 : « Hitler n’était pas un homme comme les autres, il ne ressemblait en rien aux politiciens que j’avais eu l’occasion de rencontrer jusque-là. C’était un homme extrêmement simple, vêtu simplement, parlant simplement, très calme, contrairement à tout ce qu’on a pu raconter. Il était plein d’humour et très drôle dans sa conversation. Sur toutes les questions, politiques, économiques, sociales ou culturelles, il était porteur de vues absolument neuves, qu’il exprimait avec une clarté et une conviction qui entraînaient l’adhésion de ses auditeurs. Il savait conquérir les individus et les foules par le rayonnement étrange de sa personnalité. »

Baldur von Schirach, ancien chef de la Hitlerjugend et gauleiter de Vienne, écrira en 1967, peu après sa sortie de prison : « La catastrophe allemande ne provient pas seulement de ce que Hitler a fait de nous, mais de ce que nous avons fait de Hitler. Hitler n'est pas venu de l'extérieur, il n'était pas, comme beaucoup l'imaginent, une bête démoniaque qui a saisi le pouvoir tout seul. C'était l'homme que le peuple allemand demandait et l'homme que nous avons rendu maître de notre destin en le glorifiant sans limites. Car un Hitler n'apparaît que dans un peuple qui a le désir et la volonté d'avoir un Hitler125 ».

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________Toussaint Louverture Pierre-Dominique 20 mai 1743, mort le 7 avril 1803 à la La Cluse-et-Mijoux, est le plus grand dirigeant de la Révolution haïtienne, et par la suite est devenu gouverneur de Saint-Domingue (le nom d'Haïti à l'époque).

Pierre-Dominique Toussaint Louverture, né le 20 mai 1743, mort le 7 avril 1803 à la La Cluse-et-Mijoux, est le plus grand dirigeant de la Révolution haïtienne, et par la suite est devenu gouverneur de Saint-Domingue (le nom d'Haïti à l'époque).






Origine et jeunesse: Son grand-père, Gaou-Guinou, aurait été de naissance africaine, au Dahomey, d'une famille royale Arada. Déporté à Saint-Domingue, son père Hippolyte Gaou fut vendu comme esclave au gérant de l'habitation du Comte de Bréda, dans la plantation de qui Toussaint naquit, dans la province du Nord, près du Cap-Français. Son maître, M. Baillon de Libertat, était relativement humain. Il encouragea Toussaint à apprendre à lire et à écrire et en fit son cocher et le commandeur (c'est à dire le contremaître) de l'habitation. Toussaint, malgré une petite taille et une laideur qui lui valait le surnom de Fatras-Bâton, gagna une réputation d'excellent cavalier et de docteur feuille, maîtrisant la médecine par les plantes. Il épousa une femme libre du prénom de Suzanne dont il eut deux fils : Isaac et Placide.

Toussaint fut affranchi en 1776, à l'âge de 33 ans. Selon les archives coloniales, il loua une ferme de café d'une quinzaine d'hectares avec treize esclaves.

La Révolution française provoqua d'énormes répercussions dans l'île : Dans un premier temps, les grands Blancs envisagèrent l'indépendance, les petits blancs revendiquèrent l'égalité avec les premiers et les gens de couleur libres, l'égalité avec les précédents. En août 1791, les esclaves de la plaine du Nord se révoltèrent. Toussaint Bréda devint aide-de-camp de Georges Biassou, commandant des esclaves qui, réfugiés dans la partie espagnole de l'île, s'allièrent à ceux-ci en 1793 pour renverser les français esclavagistes. Toussaint fut initié à l'art de la guerre par les militaires espagnols. A la tête d'une troupe de plus de trois mille hommes, il remporta en quelques mois plusieurs victoires. On le surnomma dès lors Louverture. Il devint général des armées du roi d'Espagne. Le 29 août 1793, Toussaint lança sa proclamation où il se présentait comme le leader noir : "Frères et amis. Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. je veux que la liberté et l'égalité règnent à saint-Domingue. Je travaille à les faire exister. Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec moi l'arbre de l'esclavage. Votre très humble et très obéissant serviteur, Toussaint Louverture, Général des armées du roi, pour le bien public"

Mais il excita la jalousie de ses chefs, Jean-François et Biassou, qui fomentèrent un complot dont il échappa, mais où il perdit son jeune frère Jean-Pierre. Le peu d'attention que lui montrèrent les espagnols acheva de le convaincre que ceux-ci n'entendaient pas abolir l'esclavage.

Les commissaires de la République française, Léger-Félicité Sonthonax et Etienne Polverel, étaient en effet arrivés à Saint-Domingue en septembre 1792 pour garantir les droits des gens de couleur. Saint-Domingue était envahi par la marine britannique et les troupes espagnoles, auxquels s'étaient ralliés de nombreux blancs royalistes. Le 29 août 1793, le même jour que la proclamation de Toussaint, Sonthonax émancipa l'ensemble des esclaves pour que ceux-ci se joignent à la Révolution. Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Constituante ratifiait cette décision en abolissant l'esclavage dans tous les territoires de la République française.

Le général de la République:

Par l'intermédiaire du général en chef Etienne Laveaux, les commissaires tentèrent de convaincre Toussaint de rejoindre la République. Ce n'est que le 5 mai 1794, que Toussaint effectua une volte-face. L'armée sous son commandement — qui comptait des soldats noirs, mulâtres et même quelques blancs — défit en quinze jours ses anciens alliés espagnols et enleva une dizaine de villes. En un an, il refoula les Espagnols à la frontière orientale de l'île et vainquit les troupes de ses anciens chefs qui leur étaient restés fidèles. En juillet 1795, la Convention, l'éleva au grade de général de brigade. En mars 1796, il sauva Laveaux, malmené pour sa rigueur lors d'une révolte de mulâtres au Cap. En récompense, celui-ci le nomma son Lieutenant Général de la colonie de Saint-Domingue. Le Directoire l'éleva au grade de général de division en août 1796.

La marche vers le pouvoir absolu:

Son talent n'était pas que militaire. Partout où il passait, il confirmait l'émancipation des esclaves. Il organisait la remise en marche des plantations en invitant les colons à revenir, y compris ceux qui avaient combattu contre la République, et ce, malgré l'avis des représentants de l'autorité française. La lutte contre les Britanniques fut plus difficile. Toussaint ne put les déloger du Nord et de l'Ouest. Au Sud, le général mulâtre André Rigaud les contenait courageusement, mais sans les repousser. Le retour de Sonthonax comme commissaire civil en mai 1796 constitua une ombre à l'ambition de Toussaint de diriger seul. Il réussit en septembre 1796 à faire élire Lavaux et Sonthonax comme députés auprès du Directoire afin des les renvoyer en métropole : le premier dès octobre, le second en août 1797. Pour rassurer la France, il envoya ses deux fils étudier à Paris. Grâce aux armes arrivées avec la commission de 1796, Toussaint disposait d'une armée de 51 000 hommes (dont 3 000 blancs). Il reprit la lutte contre les Britanniques et connut quelques succès, mais pas décisifs. Fatigués d'une telle résistance, les Britanniques se décidèrent à négocier. Toussaint sut éloigner des négociations le dernier commissaire civil Julien Raimond, comme le dernier général en chef Hédouville, arrivé en mars 1798. Le 31 août 1798, les Britanniques abandonnèrent St Domingue. Pour se débarrasser d'Hédouville, Toussaint alerta les noirs du Nord. Le général ayant ordonné le désarmement des noirs, ceux-ci se révoltèrent le 16 octobre 1798, obligeant Hédouville à rembarquer précipitamment pour la métropole avec de nombreux blancs.

Délivré de tout contrôle, Toussaint se tourna contre son rival, le chef des mulâtres Rigaud. Profitant d'un incident, il le provoqua. Rigaud engagea les hostilités en juin 1799. Toussaint, secondé par Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe vainquit ses troupes en un an au prix d'un bain de sang. Décidé à remettre l'économie sur pieds, Toussaint publia le 12 octobre 1800 un réglement de culture introduisant le travail forcé des noirs sur les plantations. Il y eut de nombreux mécontentements. A la fin octobre, les noirs du Nord se révoltèrent, allant jusqu'à égorger les blancs. En quelques jours, Toussaint dispersa les révoltés et fit fusiller 13 meneurs, dont son propre neveu, le général Moïse. Pour rallier les blancs à sa cause, il rappela les émigrés et fit du catholicisme la religion officielle. Puis, voulant unifier l'île, il se tourna vers la partie espagnole de l'île qu'il conquit en un mois, en janvier 1801. Le 9 mai 1801 il proclama une constitution autonomiste qui lui donnait les pleins pouvoirs à vie.

La chute:

Napoléon Bonaparte, dont le pouvoir en France s'accroissait, était désireux de restaurer la domination des colons français afin de faire refleurir l'économie sucrière. Une armée de 25 000 hommes sous la direction de son beau-frère, le général Leclerc, fut envoyée à Saint-Domingue en décembre 1801 pour faire tenir la promesse de Toussaint de rétablir les colons et, officieusement, rétablir l'esclavage. Toussaint n'était pas dupe. Il mena une guerre de repli, brûlant les villes devant l'arrivée des troupes françaises fin janvier 1802. Leclerc vainquit les troupes de Dessalines, puis celles de Christophe. Ayant ramené avec lui les enfants de Toussaint, il les lui envoya, en signe d'apaisement. Le 2 mai 1802, Toussaint offrit sa reddition contre sa liberté et l'intégration de ses troupes dans l'armée française.

Leclerc ne s'en tint pas là. Capturé par ruse le 7 juin 1802, Toussaint fut envoyé en France avec sa famille. A son embarquement, il prédit : "En me renversant, on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la liberté des nègres. Celui-ci repoussera par les racines, parce qu'elles sont profondes et nombreuses." Il fut enfermé au Fort de Joux dans les montagnes du Jura, la plus froide région de France. Il y mourut le 7 avril 1803.

Les Français ne réussirent pas à rétablir l'esclavage à Saint-Domingue. Grâce à la puissance militaire construite sous Toussaint, les noirs triomphèrent sur eux à la bataille de Vertières en 1803. Le 1er janvier 1804, leur nouveau chef, Jean-Jacques Dessalines, proclama l'indépendance du pays qu'il baptisa de son nom indien : Haïti.

Source : Pierre PLUCHON : Toussaint Louverture - Paris, Fayard 1989

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_____Cheikh Anta Diop (1923-1986) |historien et anthropologue sénégalais. Il a défendu avec vigueur une vision du monde connue sous le nom d'afrocentrisme,

Cheikh Anta Diop (1923-1986) est un historien et anthropologue sénégalais. Il a défendu avec vigueur une vision du monde connue sous le nom d'afrocentrisme, qui met l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Il est considéré comme l'un des plus grands historiens de l'Afrique bien que son œuvre ne soit pas entièrement acceptée dans les milieux scientifiques.

L'homme et l'œuvre

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Diourbel (Sénégal). A l'âge de 23 ans, il part à Paris pour étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard. Il adopte très rapidement un point de vue spécifiquement africain face à la vision européenne dominante de l'époque pour laquelle les Africains sont des peuples sans passé.

En 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte ancienne était peuplée d'Africains noirs et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas à rassembler un jury pour examiner cette thèse. Elle rencontre pourtant un grand écho sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1955.

Diop, qui adopte un ton volontiers polémique, met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d'approche. Il s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote et Strabon pour démontrer que les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Des données d'ordre ethnologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l'amènent à affirmer que la culture égyptienne doit plus aux cultures d'Afrique noire qu'à celles du Proche-Orient. Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, présente de nombreuses similarités avec la langue égyptienne antique.

En parallèle, Diop milite en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au Laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France.

Diop devient l'un des historiens les plus controversés de son époque. Il obtient finalement son doctorat en 1960, mais seulement avec la mention honorable, ce qui en pratique l'empêche d'enseigner en France. Il revient au Sénégal où l'Université de Dakar, qui porte aujourd'hui son nom, ne lui attribuera pas de poste de professeur avant 1981. Il poursuit alors ses recherches dans le cadre de l'université. Il prend la tête d'un laboratoire de radiocarbone où il tente de déterminer la couleur de peau des anciens Égyptiens par des observations au microscope.

Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Il rédige le chapitre consacré aux origines des anciens Égyptiens. Dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte son point de vue à celui des principaux spécialistes mondiaux. Le rapport final du colloque reconnaît le grand intérêt des éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la langue égyptienne ancienne et les langues africaines. En revanche il reste un désaccord sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne : principalement composé de Noirs pour Diop, mixte selon d'autres experts. Si Diop a eu une vision trop monolithique de l'origine nègre de la civilisation égyptienne (d'après la majorité des égyptologues actuels), il est essentiel de rappeler le contexte dans lequel ont été faites ses recherches et notamment ses premiers travaux. Ce contexte peut expliquer la vigueur et le caractère «entier» des thèses de Diop. En effet, dans les années 1950, le degré de racisme et le biais européocentriste des historiens étaient très marqués, selon Diop et ses partisans.

Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986.

Postérité de l'œuvre de Cheikh Anta Diop

L'idée d'une Égypte ancienne noire avait déjà été avancée par d'autres auteurs, mais l'œuvre de Cheikh Anta Diop est fondatrice dans la mesure où elle a considérablement approfondi l'étude du rôle de l'Afrique noire dans les origines de la civilisation. Elle a donné naissance à une école d'égyptologie africaine en inspirant par exemple Théophile Obenga et Molefi Kete Asante. Diop a participé à l'élaboration d'une conscience africaine libérée de tout complexe face à la visioneuropéenne du monde. Ses travaux et son parcours sont aujourd'hui une référence constante des intellectuels africains, plus encore peut-être que Léopold Sédar Senghor auquel Diop a reproché d'avoir aliéné la négritude en la basant sur un type de raison différent de la raison européenne.

La communauté scientifique, tout en reconnaissant que Diop a eu le mérite de libérer la vision de l'Égypte ancienne de son biais européocentriste, reste partagée sur nombre de ses conclusions. Certains chercheurs africains contestent l'insistance de Diop sur l'unité culturelle de l'Afrique noire et sur ses origines égyptiennes. Beaucoup estiment que son approche pluridisciplinaire et polémique l'amène à des rapprochements sommaires dans certains domaines comme la linguistique, ou que ses thèses entrent en contradiction avec les enseignements de l'archéologie et de l'histoire de l'Afrique et en particulier de l'Égypte. De fait, ses travaux ne sont pas considérés comme une source fiable par la plus grande partie des historiens actuels, et suscitent l'intérêt sur le plan de l'historiographie de l'Afrique et non sur celui de la connaissance de son passé. Sur le plan linguistique, il a initié l'étude diachronique des langues africaines et a défriché l'histoire africaine pré-coloniale (hors période pré-égyptienne largement commentée).

Cependant, des découvertes archéologiques et scientifiques récentes ont confirmé certaines hypothèses formulées par Diop. Sur le site de Blombos ont été exhumées les plus anciennes œuvres d'art jamais trouvées. Elles datent de 70 000 avant J.C. De même, le site de Kerma livre chaque année de nouvelles surprises et les travaux du suisse Charles Bonnet ont prouvé l'originalité et l'antériorité de la civilisation de Kerma par rapport à la civilisation égyptienne. Il ne s'agit pas ici de démontrer l'origine exclusivement noire de la civilisation égyptienne (vision polémique et sans doute excessive de Diop). Non, il s'agit du message principal de Diop souvent oublié dans les débats : l'Afrique a une histoire riche et a largement contribué à l'origine des civilisations et des techniques puisque l'homme moderne (Homo Sapiens Sapiens) y est né. Il écrivait cela dans Nations Nègres et Culture il y a déjà 50 ans. Peu de travaux d'historiens peuvent se prévaloir d'avoir eu une telle valeur heuristique.

Œuvres

Nations nègres et culture : de l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui, (

L'antiquité africaine par l'image,

L'Afrique noire précoloniale. Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique noire de l'antiquité à la formation des États modernes,

Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire,

Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ?,

L'unité culturelle de l'Afrique noire,

Civilisation ou barbarie.

Souce: http://www.blogg.org/blog-48662-themes-portraits-96965-offset-20.html

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____Gamal Abdel Nasser (1918-1970) |second président de l'Égypte après Mohammed Naguib. Il est à l'origine de l'idéologie nassérienne, peut être considéré comme l'un des plus grands meneurs arabe de l'histoire.

Gamal Abdel Nasser (15 janvier 1918 à Alexandrie - 28 septembre 1970) fut le second président de l'Égypte après Mohammed Naguib. Il est à l'origine de l'idéologie nassérienne, et peut être considéré comme l'un des plus grands meneurs arabe de l'histoire.

Sa jeunesse

Ce fils de fonctionnaire des postes est né à Alexandrie en 1918. Il a passé une partie de son enfance avec un de ses oncles révolutionnaire vivant au Caire. A l'age de 16 ans, il a été incarcéré après des combats de rues entre un mouvement indépendantiste égyptien, El Fatat (Jeune Égypte) et la police. Il deviendra par la suite membre de ce groupe.

Il était actif dans des groupes égyptiens contre la domination étrangère après avoir obtenu son diplôme de l'Académie militaire. Il participe à la guerre de 1948 ; il sera blessé à l'épaule par un tireur isolé et pendant plusieurs mois, à la fin de la guerre il est bloqué avec ses hommes dans la poche de Faluja en Palestine. Lorsqu'un cessez-le-feu est obtenu il est autorisé à retourner en Égypte. Il est le grand architecte de la station de radio La voix des Arabes.

Nasser président de la nouvelle république

Le lieutenant colonel Nasser fonde et devient le leader du Mouvement des officiers libres. C'était un groupe de jeune militaire âgé en général de moins de 35 ans, qui avait pour but de renverser le roi Farouk. Le 23 juillet 1952, Nasser conduit un coup d'État militaire contre le roi Farouk Ier, et proclame la république un an plus tard.

Le pays est alors gouverné par un conseil révolutionnaire réunissant onze officiers sous les ordres de Nasser. Nasser qui était le ministre de l'intérieur était considéré comme le véritable instigateur du coup d'état. Au début de 1954 il arrête le dirigeant du pays, le général Mohammed Naguib, en l'accusant de soutenir la confrérie des frères musulmans. Le 25 février il devient le premier ministre égyptien. Deux ans plus tard il est le seul candidat des élections présidentielles et devient donc le second président de l'Égypte.

Nasser centralise l'état égyptien, il fait augmenter les pouvoirs du président de la république, il nationalise l'industrie, procède a une réforme agraire, et met en oeuvre de grands projet de travaux public, comme le barrage d'Assouan.

La tendance de Nasser à la manipulation dramatique de la politique fut mise en exergue par une mise en scene de la tentative du 26 octobre 1954 de son assassinat. Pendant qu'il faisait un discours Mahmoud Abd al-Latif, un supposé membre des Frères musulmans, tira huit balles vers lui. Bien qu'à courte distance tous les tirs échouèrent. Nasser continua à parler en disant : « Laissons les tuer Nasser. Il n'est qu'un parmi beaucoup. Mes chers concitoyens restez où vous êtes. Je ne suis pas mort. Je suis vivant, et même si je meurs vous êtes tous Gamal Abdel Nasser. » Ce sens de l'à propos et l'absence de réaction des gardes du corps font penser que cela était un faux attentat. Il utilisa l'angoisse nationale pour lancer une répression visant à l'éradication du groupe des Frères musulmans.

Crise du canal de Suez

En dépit de bonnes relations initiales avec les pouvoirs occidentaux Nasser commença graduellement à perdre leurs faveurs et se tourna de plus en plus vers le bloc soviétique. Le 16 janvier 1956 Nasser fit le vœu de reconquérir la Palestine et à l'été 1956 il annonça la nationalisation du canal de Suez, ce qui allait directement contre les intérêts du Royaume-Uni et de la France qui co-géraient le canal. Ces derniers, avec l'aide d'Israël déclenchèrent une opération pour en reprendre le contrôle.

Cependant sous la pression de l'Union Soviétique qui menaça d'utiliser sa bombe atomique et le manque de soutient des États-Unis, ils furent obligés de retirer leurs troupes d'Égypte. Israël obtint la fin des raids de fedayins contre son retrait de la péninsule du Sinaï. Globalement c'est une victoire pour Nasser qui devint un héros pour les Arabes.

Nasser, leader arabe

La stratégie de Nasser fut pendant toute sa vie un panarabisme neutre (et donc une consolidation parmi les nations en développement).

Il inspire les nationalistes dans tout le monde arabe, et des partis nasséristes voués à l'unité arabe sont rapidement créés. Nasser devient le chef de file du monde arabe, il représente alors une nouvelle ère au Moyen-Orient. Nasser suit une politique panarabe, qui a favorisé la confrontation entre les états arabes et les états occidentaux, demandant à ce que les ressources du monde arabe servent les intérêts du peuple arabe et non l'intérêt des occidentaux présenté par l'état en impérialiste.

En 1958 les militaires égyptiens et syriens demande au président Nasser la fusion entre ces deux pays. Nasser est surpris de cette demande soudaine et accepte la fusion. La Syrie et l'Égypte fusionnent pour former la République Arabe Unie et essayent d'y inclure le Yemen. L'union est dissoute en 1961, les bureaucrates et les officiers égyptiens avaient des pratiques autoritaires, et la police secrète a durement réprimé les frères musulmans, et le parti communiste syrien.

L'Égypte continue à utiliser le nom jusqu'en 1971. Pour tenter d'obtenir le Yémen des opérations militaires, y compris l'utilisation d'armes chimiques, furent entreprises contre le peuple du nord du Yémen.

De plus, Nasser est l'une des figures historiques de l'émergence du Tiers-Monde, une troisième force politique face aux deux blocs que sont le bloc occidental et le bloc soviétique. Nasser est l'un des principaux interlocuteurs à la conférence de Bandung en avril 1955, il se présente comme l'un des leaders des pays issus de la décolonisation. Il met notamment en garde les pays ayant acquis fraichement leur indépendance contre une nouvelle forme de colonisation économique que ce soit par l'occident ou par le bloc soviétique. L'un de ses grands travaux plus tard sera la nationalisation du canal de Suez afin d'entraver cette nouvelle forme de colonisation.

Guerre des six jours

Nasser provoque la guerre des six jours en 1967. Il remilitarise le Sinaï, et demande à la Force de secours des nations unis de quitter la péninsule. Nasser concentre des troupes et des chars d'assaut sur la frontière avec Israël.

Le 23 mai, l'Égypte bloque l'accès au détroit de Tiran aux navires israéliens (route du sud essentielle à l'approvisionnement des israéliens en pétrole et blocus du port d'Eilat), ce qui était sans précédent depuis les accords internationaux sur les droits de passage dans le détroit, signés en 1957 par 17 puissances maritimes. Israël considére cela comme un casus belli. La tension dans la région glissait d'un relatif statu quo vers une guerre régionale. Nasser arrive à convaincre la Jordanie et la Syrie de l'assister dans cette guerre, il déclare dans un discours "Notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre."

Israël attaque l'Égypte, et bombarde des bases militaires égyptiennes. Puis Israël occupe le Sinaï et gagne la guerre. Après une défaite dans la guerre des Six Jours en 1967 contre Israël, Nasser présente sa démission mais une mise en scene est organisée où le peuple est supposé lui demander de rester au pouvoir. Il mena donc son pays à travers la guerre d'usure en 1969-70.

Sa mort et ses funérailles

Il meurt d'une crise cardiaque quelques semaines après la fin de ce conflit, le 28 septembre 1970. Son successeur est Anouar el-Sadate. Il meurt quelques heures après une conférence arabe qui a conduit à un accord de paix entre la Jordanie et les combattants palestiniens. Nasser qui était diabétique, a déjà fait une attaque cardiaque lors d'une de ses visites au Koweït. Il meurt à 6h15 heure local, cinq médecins étaient à ses côtés, sa mort sera annoncée au peuple cinq heures après. Après l'annonce de sa mort, la télévision diffuse des versets du Coran. Le vice président Sadate lis un discours retransmis à la télévision et sur toutes les radios ou il déclare "Nasser était un leader dont la mémoire demeurera immortelle au coeur de la nation arabe et de toute l'humanité"

Sa mort est le résultat d'un travail excessif, il lui arrivait de travailler plus de 18 heures par jour, en consommant la même journée près de cinq paquets de cigarette. Un an avant sa mort il a été hospitalisé pendant près de six semaines pour une grippe. On apprendra après sa mort qu'il a été hospitalisé à la suite d'une crise cardiaque.

Ses funérailles ont eu lieu le 1er octobre, devant près de cinq millions de personnes. Un serment est prononcé sur son tombeau, « Serment par Gamal, le plus chéri des hommes, le libérateur des travailleurs, le chef de la lutte! Serment sacré, inébranlable. Par Dieu et par la patrie, nous jurons que la voie de ta lutte sera notre voie (...) Nous jurons de travailler à la puissance et à l'unité de la nation arabe.1»

Il était marié et a eu cinq enfants (trois fils et deux filles).

Son héritage

L'héritage laissé par Nasser est sujet à débat dans le monde arabe. Pour beaucoup de gens Nasser fut un chef qui réforma son pays et rétablit la fierté arabe autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. D'autres considèrent que sa politique de militarisme forcené mena l'Égypte à de graves défaites et pertes plutôt qu'à la paix et la prospérité. Il est clair que son influence sur le Proche-Orient de l'époque est très importante. Le rôle qu'il a tenu lors de la guerre des six jours, a causé d'énorme perte aux états arabes, et a terni son image et a réduit son prestige dans le monde arabe. Il a modernisé le système éducatif égyptien, les enfants les plus démunis ont ainsi pu suivre une éducation normale. Il a également tenu un rôle important dans le monde artistique, tels que les arts, les théâtres, les films, l'industrie musicale et la littérature. Ce qui a eu un impact positif en Égypte et dans tout le monde arabe.

Barrage d'Assouan

La réalisation la plus controversée de Nasser est l'érection du barrage d'Assouan et le lac qui porte son nom dans le sud de l'Égypte. Construit pour fournir de l'électricité et réduire les crues du Nil il submergea la plus grande partie des trésors archéologiques de la Nubie (sauf ceux mis à l'écart par l'UNESCO) certains disent que c'est une catastrophe écologique.

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_________Mongo Beti (1932-2001) |pseudonyme d'Alexandre BIYIDI-AWALA Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour

Mongo BETI, pseudonyme d'Alexandre BIYIDI-AWALA (son premier pseudonyme étant Eza BOTO), né le 30 juin 1932 à Akometam, Cameroun.

Après des études primaires à l'école missionnaire de Mbalmayo, il entre en 1945 au lycée Leclerc à Yaoundé. Bachelier en 1951, il vient en France poursuivre des études supérieures de Lettres à Aix-en-Provence puis à la Sorbonne à Paris.

Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour, publiée dans la revue Présence Africaine, dirigée par Alioune Diop, en 1953. Un premier roman Ville cruelle, sous le pseudonyme d'Eza Boto suit en 1954, publié aux éditions Présence Africaine.

Mais c'est en 1956 que la parution du roman Le pauvre Christ de Bomba fait scandale par la description satirique qui est faite du monde missionnaire et colonial. Paraissent ensuite Mission terminée, 1957 (Prix Sainte Beuve 1958) et Le Roi miraculé, 1958. Il travaille alors pour la revue Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il travaille également comme maître auxiliaire au lycée de Rambouillet.

En 1959, il est nommé professeur certifié au lycée Henri Avril à Lamballe. Il passe l'Agrégation de Lettres classiques en 1966 et enseigne au lycée Corneille de Rouen de cette date jusqu'en 1994.

En 1972 il revient avec éclat à l'écriture. Son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d'une décolonisation est interdit à sa parution par un arrêté du ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin, sur la demande, suscitée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l'ambassadeur Ferdinand Oyono. Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspéro obtiennent en 1976 l'annulation de l'arrêté d'interdiction de Main basse.

En 1978 il lance, avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs Peuples africains, qu'il fait paraître jusqu'en 1991. Cette revue décrit et dénonce inlassablement les maux apportés à l'Afrique par les régimes néo-coloniaux. Pendant cette période paraissent les romans La ruine presque cocasse d'un polichinelle (1979), Les deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama futur camionneur (1983), La revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama (1984), également une Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobé (1984) et le Dictionnaire de la négritude (1989, avec Odile Tobner).

En 1991 Mongo Beti retourne au Cameroun, après 32 années d'exil. Il publie en 1993 La France contre l'Afrique, retour au Cameroun. En 1994 il prend sa retraite de professeur. Il ouvre alors à Yaoundé la Librairie des Peuples noirs et organise dans son village d'Akometam des activités agricoles. Il crée des associations de défense des citoyens, donne à la presse privée de nombreux articles de protestation. Il subit en janvier 1996, dans la rue à Yaoundé, une agression policière. Il est interpellé lors d'une manifestation en octobre 1997. Parallèlement il publie plusieurs romans : L'histoire du fou en 1994 puis les deux premiers volumes, Trop de soleil tue l'amour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000), d'une trilogie restée inachevée. Il est hospitalisé à Yaoundé le 1er octobre 2001 pour une insuffisance hépatique et rénale aiguë qui reste sans soin faute de dialyse. Transporté à l'hôpital de Douala le 6 octobre, il y meurt le 7 octobre 2001.

Œuvres de MONGO BETI


Ville cruelle. Paris : Présence Africaine 16 (1954). Le Pauvre Christ de Bomba. Paris : Laffont, 1956. Mission terminée. Paris : Buchet/Chastel, 1957. Le Roi miraculé. Paris : Buchet/Chastel, 1958. Main basse sur le Cameroun. Rouen : Peuples Noirs, 1972. Perpétue et l'habitude du malheur. Paris : Buchet/Chastel, 1974. La ruine cocasse d'un polichinelle. Rouen: Peuples Noirs, 1979. Remember Ruben. Paris : L'Harmattan, 1982. Les deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama. Paris: Buchet/Chastel, 1983. La revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama. Paris: Buchet/Chastel, 1984. Lettre ouverte aux Camerounais. Rouen : Peuples Noirs, 1986. L'histoire du Fou. Paris : Julliard, 1994. Trop de soleil tue l'amour. Paris : Julliard, 1999. Branle-bas en noir et blanc. Paris : Julliard, 2001. Africains, si vous parliez. Paris : Homnispheres, 2005. Posthume

Source: http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/

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____Frantz Fanon (1925-1961) | "Peau noire, masques blancs" Fanon dira plus tard son bouleversement lorsque lui fut révélée l'histoire de l'esclavage et la déshumanisation dans laquelle la France avait tenu ses ancêtres.

  • "Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit,

chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte." Frantz Fanon

"Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit, chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte." Frantz Fanon - Peau noire, masques blancs

À Fort de France:

Frantz Fanon est né le 20 juillet 1925. Ceux qui l'ont connu jeune décrivent un garçon intrépide, un meneur. Il a dix ans lorsqu'il assiste, avec sa classe, à une cérémonie devant le monument dédié à Victor Schœlcher, le héros célébré pour avoir libéré les esclaves de leurs chaînes ; Fanon dira plus tard son bouleversement lorsque lui fut révélée l'histoire de l'esclavage et la déshumanisation dans laquelle la France avait tenu ses ancêtres.

"Je me suis trompé !"

En 1940, l'Europe est en guerre et la France sous le régime de Vichy. Les Antilles accueillent l'Amiral Robert qui a quitté Brest avec une partie de la flotte de guerre française. A la fierté des Martiniquais succède vite le désenchantement : l'Amiral Robert applique avec rigueur les directives de Pétain (suppression des élections, interdiction des syndicats et des mouvements politiques ...) En 1943, faisant sien le NON gaullien, Fanon rejoint les Forces Françaises Libres. Le fils d'esclave s'engage pour libérer les fils de ceux qui avaient fait enchaîner ses aïeux. À ses amis qui lui disent que cette guerre n'est pas la leur, que les Nègres n'ont rien à y faire, Frantz Fanon répond :

"Chaque fois que la dignité et la liberté de l'homme sont en question, nous sommes concernés, Blancs, Noirs ou Jaunes, et chaque fois qu'elles seront menacées en quelque lieu que ce soit, je m'engagerai sans retour."

Il le fit, mais fut vite déçu. Sur le théâtre de guerre métropolitain, il constate l'indifférence des Français à l'engagement des siens. Il est Nègre et considéré comme tel. Profondément blessé, il s'écrie : "Je me suis trompé !".

Peau noire, Masques blancs.

Fanon survit aux épreuves de la guerre. Démobilisé, il retourne aux Antilles, passe son bac, et revient à Lyon s'inscrire en Faculté de médecine. C'est une période de lectures et de rencontres.

Le sujet de sa thèse, "Essai pour la désaliénation du Noir", reflète ses propres interrogations : « quel peut être pour le Nègre un destin qui ne soit pas celui du Blanc ? Son travail se construit comme un essai anthropologique et psychologique, développant la perspective phénoménologique d'un "exister" du Nègre qui peut être autonome et distinct des valeurs posées comme universelles par les Blancs. La thèse est refusée, pour des raisons autant de fond que de forme. Frantz Fanon change alors de sujet et rédige une thèse insipide sur "un cas de dégénérescence spino-cérébelleuse ou maladie de Friedrich". »

« Il reprend ensuite le texte de sa thèse initiale, change son titre qui devient "Peau noire, masques blancs" et fait publier l'essai aux éditions du Seuil grâce au soutien de Francis Jeanson. C'est un texte dense, lapidaire, fait de courts énoncés dont chacun mériterait un long développement. » En voici la conclusion en forme de profession de foi :

"Moi, l'homme de couleur, je ne veux qu'une chose : Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-à-dire de moi par un autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve. ... Mon ultime prière : mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !"

La souffrance du colonisé en métropole

En 1951, en même temps qu'il termine ses études de médecine, Fanon fait publier dans la revue Esprit un court essai intitulé "le syndrome Nord-Africain". « Il a probablement eu à rédiger des expertises sur des situations qui mettaient au premier plan l'expression somatique du mal-être de l'immigré maghrébin et les problèmes posés par sa sexualité. De cette expérience, il livre le constat d'une relation de soin où le médecin métropolitain reçoit le consultant maghrébin avec un préjugé racial. Il indique que le comportement du Nord-Africain - par son inadaptation au monde dans lequel il vit - provoque souvent de la part du personnel médical une attitude de défiance quant à la réalité de sa maladie, que celui-ci est perçu avec un a priori de "race feignante", qu'il triche sur ses symptômes pour n'en chercher que des bénéfices et que l'attitude préalable des soignants est avant tout de le pousser hors de l'hôpital où il est soupçonné de vouloir trouver refuge pour ne pas travailler. »

En Algérie:

En juin 1953, Fanon est nommé médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Blida. A son arrivée l'hôpital est à l'image de la psychiatrie coloniale avec une séparation radicale des malades mentaux indigènes et des malades mentaux métropolitains. « La conception dominante qui prévalait alors en Algérie était que le malade mental métropolitain était accessible à la guérison, mais que l'indigène était incurable, voué à la maladie, sous le prétexte que ses structures diencéphaliques écrasaient toute possibilité d'une activité corticale développée. En dépit de l'hostilité qu'on imagine, Fanon se lance dans la rénovation institutionnelle de ses services. Sous son impulsion, le pavillon des femmes européennes se métamorphose rapidement. »

« Fanon se hâte ensuite d'apporter ces mêmes orientations dans le pavillon des hommes indigènes. C'est un échec. Analysant cet échec il comprend que les indigènes ne peuvent répondre à une approche socio-thérapique qui se fonderait sur un modèle occidental : si la chorale ne marche pas c'est parce que les chanteurs au Maghreb sont des professionnels itinérants qui n'appartiennent pas au groupe, si l'atelier de vannerie est déserté c'est parce que c'est une activité réservée aux femmes, si l'organisation d'une crèche à Noël n'attire personne, c'est parce que c'est une fête chrétienne et non musulmane. Il organise le pavillon autour du modèle culturel indigène et installe dans le service un café maure, les décorations font référence au patrimoine et à la culture locale et non plus aux paysages et aux monuments de France. »

« Parallèlement, Fanon donne une impulsion à la psychiatrie en milieu ouvert et met en place une unité qui prend en charge en un même lieu les patients d'origine métropolitaine et les patients maghrébins. Il organise la formation des personnels infirmiers ainsi que des rencontres universitaires. » 8 C'est à cette époque qu'il noue des contacts avec le FLN.

L'engagement dans le F.L.N.:

A Blida, Fanon a donc amorcé un vaste mouvement qui vise à repenser la psychopathologie en fonction des repères culturels des Algériens. Mais la vie de l'hôpital est profondément perturbée par le développement de la guerre de libération. Fanon reçoit un nombre important de patients dont la pathologie est directement liée aux hostilités.

"la colonisation, dans son essence, se présente déjà comme une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques ... Il y a donc dans la période de calme de colonisation réussie une régulière et importante pathologie mentale produite directement par l'oppression. Aujourd'hui la guerre de libération nationale que mène le peuple algérien depuis sept ans, ... est devenue un terrain favorable à l'éclosion des troubles mentaux".

Dans ce passage de l'ouvrage Les damnés de la terre, Frantz Fanon ajoute : "Nous signalons que toute une génération d'Algériens, baignés dans l'homicide gratuit et collectif avec les conséquences psychoaffectives que cela entraîne, sera l'héritage de la France en Algérie".

« Fanon va progressivement s'engager totalement avec le FLN. Bien qu'il conserve une importante activité clinique, les événements le poussent à un nouvel engagement pour défendre, comme en 1943, "la liberté et la dignité de l'homme" ».

La rupture:

Précipité par la menace d'une répression, son hôpital étant considéré comme un lieu de refuge des combattants du FLN, Fanon présente sa démission. Le courrier qu'il adresse en 1956 au Ministre Résident est un bilan :

"... Si la psychiatrie est la technique médicale qui se propose de permettre à l'homme de ne plus être étranger à son environnement, je me dois d'affirmer que l'Arabe, aliéné permanent dans son pays, vit dans un état de dépersonnalisation absolue."

"Le statut de l'Algérie ? Une déshumanisation systématisée. ..."

"Les évènements d'Algérie sont la conséquence logique d'une tentative avortée de décérébraliser un peuple."

"Il n'était point exigé d'être psychologue pour deviner sous la bonhomie apparente de l'Algérien, derrière son humilité dépouillée, une exigence fondamentale de dignité. Et rien ne sert à l'occasion de manifestations non simplifiables, de faire appel à un quelconque civisme."

"La fonction d'une structure sociale est de mettre en place des institutions traversées par le souci de l'homme. Une société qui accule ses membres à des solutions de désespoir est une société non viable, une société à remplacer."

L'engagement révolutionnaire:

Fanon quitte Blida pour rejoindre Paris. Peu après, un arrêté d'expulsion est émis à son encontre. Il part pour Tunis où il ménera une double activité, psychiatrique et politique. Il fonde un centre neuro-psychiatrique de jour à l'hôpital de La Manouba où il poursuit son travail de rénovation des pratiques de soin. Parallèlement il est intégré dans le service de presse du FLN et rédige régulièrement des articles pour le journal El Moudjahid. Il voit au-delà du conflit algérien et envisage la question de la décolonisation pour l'ensemble de l'Afrique. À partir de 1959, nommé ambassadeur itinérant du Gouvernement provisoire de la République algérienne, il multiplie les voyages et les conférences.

En décembre 1960, des examens de santé révèlent une leucémie. Il a encore beaucoup à dire mais il sait que le temps lui est désormais compté. Il dicte dans la hâte le livre qu'il avait en projet et qui s'intitulera Les damnés de la terre. Il y inclut un long chapitre sur les troubles mentaux liés aux guerres coloniales qui associent des observations de troubles mentaux chez les victimes de torture de la part des forces coloniales, comme des observations de troubles mentaux chez les personnels des forces de police qui commettent ces actes de barbarie.

Son état de santé s'aggrave ; il part se faire soigner aux Etats-Unis. Lors d'une courte escale à Rome, il rencontre Jean-Paul Sartre qui rédige une préface pour son livre. Il reçoit les premiers exemplaires trois jours avant sa mort. Peu avant il avait écrit dans une longue lettre à un ami : « ... Nous ne sommes rien sur terre si nous ne sommes d'abord les esclaves d'une cause, de la cause des peuples, la cause de la justice et de la liberté. »

Il est enterré en terre algérienne. Aujourd'hui, l'hôpital de Blida porte son nom.

Racisme et culture:

"Le racisme (...) n'est qu'un élément d'un plus vaste ensemble : celui de l'oppression systématisée d'un peuple. Comment se comporte un peuple qui opprime ? Ici des constantes sont retrouvées.

On assiste à la destruction des valeurs culturelles, des modalités d'existence. Le langage, l'habillement, les techniques sont dévalorisées. Comment rendre compte de cette constante ? Les psychologues qui ont tendance à tout expliquer par des mouvements de l'âme, prétendent retrouver ce comportement au niveau de contacts entre particuliers : critique d'un chapeau original, d'une façon de parler, de marcher ...

De pareilles tentatives ignorent volontairement le caractère incomparable de la situation coloniale. En réalité les nations qui entreprennent une guerre coloniale ne se préoccupent pas de confronter les cultures. La guerre est une gigantesque affaire commerciale et toute perspective doit être ramenée à cette donnée. L'asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité.

Pour cela il faut briser ses systèmes de référence. L'expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d'une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées.

Les lignes de forces, écroulées, n'ordonnent plus. En face un nouvel ensemble, imposé, non pas proposé mais affirmé, pesant de tout son poids de canons et de sabres.

La mise en place du régime colonial n'entraîne pas pour autant la mort de la culture autochtone. Il ressort au contraire de l'observation historique que le but recherché est davantage une agonie continuée qu'une disparition totale de la culture pré-existante. Cette culture, autrefois vivante et ouverte sur l'avenir, se ferme, figée dans le statut colonial, prise dans le carcan de l'oppression. A la fois présente et momifiée, elle atteste contre ses membres. Elle les définit en effet sans appel. La momification culturelle entraîne une momification de la pensée individuelle. L'apathie si universellement signalée des peuples coloniaux n'est que la conséquence logique de cette opération. Le reproche de l'inertie constamment adressé à "l'indigène" est le comble de la mauvaise foi. Comme s'il était possible à un homme d'évoluer autrement que dans le cadre d'une culture qui le reconnaît et qu'il décide d'assumer."

Les principaux ouvrages écrits par Frantz Fanon sont : • Peau noire, masques blancs, éd. Seuil, 1952. • Les damnés de la terre, 1961, rééd. La Découverte 2002. • Pour la révolution africaine, éd. Maspéro, 1964 rééd. 1979. • L'an V de la révolution algérienne, réédité en 1966 sous le titre "Sociologie d'une révolution".

Source: Ligue des droits de l'homme (Section de Toulon)

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_____Aimé Cesaire né le 26 juin 1913 "boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand" C'est dans ses couloirs qu'il rencontre Léopold Sédar Senghor...

Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 au sein d'une famille nombreuse de Basse Pointe, commune du Nord-Est de la Martinique, bordée par l'océan Atlantique dont la «lèche hystérique» viendra plus tard rythmer ses poèmes. Le père est un petit fonctionnaire, la mère est couturière. Aimé Césaire, élève brillant du Lycée Schœlcher de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand, à Paris. C'est dans les couloirs de ce grand lycée parisien que, dès son arrivée, le jeune Césaire rencontre Léopold Sédar Senghor, son aîné de quelques années, qui le prend sous son aile protectrice.

Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu'il connaît depuis le Lycée Schœlcher, découvrent progressivement une part refoulée de l'identité martiniquaise, la composante africaine dont ils prennent progressivement conscience au fur et à mesure qu'émerge une conscience forte de la situation coloniale. En septembre 1934, Césaire fonde, avec d'autres étudiants antillo-guyanais et africains (Léon Gontran Damas, les sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C'est dans les pages de cette revue qu'apparaîtra pour la première fois le terme de «Négritude». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l'oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d'une part le projet français d'assimilation culturelle et d'autre part la dévalorisation de l'Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l'honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s'agit, au delà d'une vision partisane et raciale du monde, d'un humanisme actif et concret, à destination des tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet: «Je suis de la race de ceux qu'on opprime».

Admis à l'École Normale Supérieure en 1935, Césaire commence en 1936 la rédaction de son chef d'oeuvre, le Cahier d'un Retour au Pays Natal. Marié en 1937 à une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, Agrégé de Lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au Lycée Schœlcher.

En réaction contre le statu quo culturel martiniquais, le couple Césaire, épaulé par René Ménil et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques, dont le projet est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. La seconde guerre mondiale se traduit pour la Martinique par un blocus qui coupe l'approvisionnement de l'île par la France. En plus d'un situation économique très difficile, l'envoyé du gouvernement de Vichy, l'Amiral Robert, instaure un régime répressif, dont la censure vise directement la revue Tropiques. Celle-ci paraîtra, avec difficulté, jusqu'en 1943.

La guerre marque aussi le passage en Martinique d'André Breton. Le maître du surréalisme découvre avec stupéfaction la poésie de Césaire et le rencontre en 1941. En 1944, Breton rédigera la préface du recueil Les Armes Miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.

Invité à Port-au-Prince par le docteur Mabille, attaché culturel de l'ambassade de France, Aimé Césaire passera six mois en Haïti, donnant une série de conférences dont le retentissement sur les milieux intellectuels haïtiens est formidable. Ce séjour haïtien aura une forte empreinte sur l'œuvre d'Aimé Césaire, qui écrira un essai historique sur Toussaint Louverture et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri Christophe, héros de l'indépendance.

Alors que son engagement littéraire et culturel constituent le centre de sa vie, Aimé Césaire est happé par la politique dès son retour en Martinique. Pressé par les élites communistes, à la recherche d'une figure incarnant le renouveau politique après les années sombres de l'Amiral Robert, Césaire est élu maire de Fort-de-France, la capitale de la Martinique, en 1945, à 32 ans. L'année suivant, il est élu député de la Martinique à l'Assemblée Nationale.

Le député Césaire sera, en 1946, le rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements Français. Ce changement de statut correspond à une demande forte du corps social, souhaitant accéder aux moyens d'une promotion sociale et économique. Conscient du rôle de la départementalisation comme réparation des dégâts de la colonisation, Aimé Césaire est tout aussi conscient du danger d'aliénation culturelle qui menace les martiniquais. La préservation et le développement de la culture martiniquaise seront dès lors ses priorités.

Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris, Césaire fonde, dans la capitale française, la revue Présence Africaine, aux côtés du sénégalais Alioune Diop, et des guadeloupéens Paul Niger et Guy Tirolien. Cette revue deviendra ensuite une maison d'édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l'égyptologue Cheikh Anta Diop, et les romans et nouvelles de Joseph Zobel.

En 1950, c'est dans la revue Présence Africaine que sera publié pour la première fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l'idéologie colonialiste européenne, que Césaire compare avec audace au nazisme auquel l'Europe vient d'échapper. Les grands penseurs et hommes politiques français sont convoqués dans ce texte par l'auteur qui met à nue les origines du racisme et du colonialisme européen.

Peu enclin au compromis, Aimé Césaire, révolté par la position du Parti Communiste Français face à l'invasion soviétique de la Hongrie en 1956, publie une «Lettre à Maurice Thorez» pour expliquer les raisons de son départ du Parti. En mars 1958, il crée le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qui a pour ambition d'instaurer «un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l'action». Le mot d'ordre d'autonomie de la Martinique est situé au cœur du discours du PPM.

Parallèlement à une activité politique continue (il conservera son mandat de député pendant 48 ans, et sera maire de Fort-de-France pendant 56 ans), Aimé Césaire continue son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme (Soleil Cou Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960). À partir de 1956, il s'oriente vers le théâtre. Avec Et les Chiens se taisaient, texte fort, réputé impossible à mettre en scène, il explore les drames de la lutte de décolonisation autour du personnage du Rebelle, esclave qui tue son maître puis tombe victime de la trahison. La Tragédie du Roi Christophe (1963), qui connaît un grand succès dans les capitales européennes, est l'occasion pour lui de revenir à l'expérience haïtienne, en mettant en scène les contradiction et les impasses auxquels sont confrontés les pays décolonisés et leurs dirigeants. Une saison au Congo (1966) met en scène la tragédie de Patrice Lumumba, père de l'indépendance du Congo Belge. Une tempête (1969), inspiré de Shakespeare, explore les catégories de l'identité raciale et les schémas de l'aliénation coloniale. Pensant à l'origine situer l'action de cette adaptation de Shakespeare aux États-Unis, il choisit finalement les Antilles, gardant tout de même le projet de refléter l'expérience noire aux Amériques.

Au total Césaire à publié plus de quatorze œuvres, recueils des poésies, pièces de théâtre et essais. De nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son œuvre littéraire qui est universellement connue. Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues: anglais, espagnole, allemand et cetera.

Oeuvres principales: Oeuvres complètes. (1. Poèmes; 2. Théâtre; 3. Oeuvre historique et poétique). Fort-de-France: Desormeaux, 1976. Essais: Discours sur le colonialisme. Paris: Présence Africaine, 1955. Toussaint Louverture; La Révolution française et le problème colonial. Paris: Présence Africaine, 1961/62. Poésie: Cahier d'un retour au pays natal. Paris: Présence Africaine, 1939, 1960. Soleil Cou Coupé. Paris: Éd. K, 1948. Corps perdu. (gravures de Pablo Picasso) Paris: Éditions Fragrance, 1950. Ferrements. Paris: Seuil, 1960, 1991. Cadastre. Paris: Seuil, 1961. Les Armes miraculeuses. Paris: Gallimard, 1970. Moi Laminaire. Paris: Seuil, 1982. La Poésie. Paris: Seuil, 1994. Théâtre: Et les Chiens se taisaient, tragédie: arrangement théâtral. Paris: Présence Africaine, 1958, 1997. La Tragédie du roi Christophe. Paris: Présence Africaine, 1963, 1993. Une Tempête, d'après La tempête de Shakespeare: adaptation pour un théâtre nègre. Paris: Seuil, 1969, 1997. Une Saison au Congo. Paris: Seuil, 1966, 2001. Entretiens: Nègre je suis, nègre je resterai, entretiens avec Françoise Vergès. Paris: Albin Michel, 2005. Enregistrement audio: Aimé Césaire. Paris: Hatier, Les Voix de l'écriture, 1994

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___Rosa Louise McCauley Parks (1913-2005) couturière noire qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.. mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain

Rosa Louise McCauley Parks, (4 février 1913, Tuskegee, Alabama États-Unis - 24 octobre 2005, Detroit, Michigan), était une couturière noire qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, ce qui lui valut le surnom de mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain.

Parks est devenu célèbre parce que le 1er décembre 1955, à Montgomery (Alabama), elle refusa de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Arrêtée par la police, elle se vit infliger une amende de 10 dollars (plus 4 dollars de frais de justice) le 5 décembre; elle fit appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir inconnu de 26 ans, Martin Luther King, avec le concours de Ralph Abernathy, lança alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui dura 381 jours. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême cassa les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles.

Jeunesse et premiers engagements politiques modifier Rosa Parks est née Rosa Louise McCauley à Tuskegee, Alabama, fille aînée d'une famille de deux enfants, de James et Leona McCauley, respectivement charpentier et institutrice. Dans son enfance, elle eut des problèmes de santé, dont une angine chronique. Après le divorce de ses parents, elle a grandi dans une ferme avec sa mère et ses grand-parents méthodistes, sa mère et son frère Sylvester. Très attachée à ce que sa fille reçut une bonne éducation malgré les entraves à la scolarité des Noirs, Sa mère Leona éduqua Rosa à la maison jusqu'à ses onze ans, puis elle fut envoyée à l'Industrial School for Girls, fondée par des familles blanches du Nord pour les enfants Noirs, à Montgomery où habitait sa tante. Ensuite, Rosa commença ses études secondaires à l'Alabama State Teachers College for Negroes mais elle ne put les suivre jusqu'à leur terme, car elle dut s'occuper de sa grand mère puis de sa mère, qui tombèrent malades. Elle se souvient que son grand père montait la garde la nuit devant la ferme contre les actions du Ku Klux Klan. Sa jeunesse lui fait vite subir les affronts du racisme. Le KKK a d'ailleurs brûlé à deux reprises l'école qu'elle fréquentait, la Montgomery Industrial School for Girls. Bien que Rosa Parks ait raconté dans son autobiographie n'avoir pas eu une mauvaise impression des Blancs, elle a raconté des détails du racisme au quotidien (si vif dans le Sud des États-Unis) qui l'ont marquée, telles ces fontaines publiques réservées aux Blancs ou aux Noirs ("Enfant, je pensais que l'eau des fontaines pour les Blancs avait meilleur goût que celle des Noirs").

Les transports en commun étaient un bon exemple de cette ségrégation au quotidien. Il n'y avait certes pas de bus ou de trains différents, mais des sections réservées aux Blancs et aux Noirs. Rosa Parks se souvenait cependant que les transports scolaires étaient interdits aux enfants noirs. Pour aller à l'école de Pine Level, les enfants blancs prenaient le bus alors que les autres y allaient à pied : “Je voyais passer le bus chaque jour. Mais pour moi, c'était comme ça. Nous n'avions d'autre choix que d'accepter ce qui était notre quotidien. Le bus fut un des premiers éléments par lesquels je réalisai qu'il y avait un monde pour les Noirs et un monde pour les Blancs.”

En 1932, elle se marie avec Raymond Parks, un barbier activiste de la cause des droits civiques, membre du NAACP. Il collectait aussi de l'argent pour soutenir un groupe de jeunes Noirs, les "Scottboro Boys", qui étaient faussement accusés de viols sur deux femmes blanches. Il l'encourage à finir ses études secondaires, qu'elle achève malgré les charges familiales en 1934, à une époque où seulement 7% des Noirs obtiennent ce niveau d'étude. En 1940, les époux Parks deviennent membres de la ligue des électeurs (Voters' League).

Rosa a travaillé en tant que couturière de 1930 à 1955, mais elle eut aussi divers autres métiers telles qu'aide soignante. En décembre 1943, Parks devient membre du mouvement pour les droits civiques (American Civil Rights Movement) et travaille en tant que secrétaire à Montgomery pour la section de l'Alabama de l'association pour l'avancement des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP), présidée par Edgar Nixon. Sur son rôle dans l'association, elle déclara: "J'étais la seule femme là-bas, et ils avaient besoin d'une secrétaire, et j'étais trop timide pour dire non". Elle tint cette fonction jusqu'en 1957 lorsqu'elle quitte la ville de Montgomery. Début 1945, elle tint brièvement un emploi à la base aérienne de Maxwell, une zone fédérale où la ségrégation n'était pas en vigueur: "On peut dire que la situation à Maxwell m'a ouvert les yeux". Elle fut aussi femme de ménage pour un couple libéral, Clifford et Virginia Durr, qui sympathisèrent avec elle et l'encouragèrent à suivre une formation sur les droits des travailleurs et l'égalité raciale à la Highlander Folk School, à Monteagle (Tennessee), six mois avant son arrestation.

Comme beaucoup d'autres Noirs, elle fut choquée par le meurtre sauvage de Emmett Till en août 1955. Le 27 novembre suivant (soit quatre jours avant qu'elle ne refuse son siège), elle assista à un grand meeting sur son cas à Montgomery, dont le principal orateur était T.R.M. Howard, un activiste des droits civiques du Mississippi, à la tête du Regional Council of Negro Leadership.

Boycott des bus de Montgomery Rosa Parks devint célèbre lorsque, le 1er décembre 1955 dans la ville de Montgomery, elle refusa d'obéir au conducteur de bus James Blake qui lui demande de laisser sa place à un blanc et d'aller s'asseoir au fond du bus.

Dans les bus de Montgomery, les quatre premiers rangs étaient réservés aux Blancs. Les Noirs, qui représentaient 75% des utilisateurs, étaient préposés à l'arrière du bus. Ils pouvaient néanmoins s'asseoir dans la zone centrale, jusqu'à ce que des Blancs en aient besoin; ils devaient alors soit céder leur place et aller vers le fond, soit quitter le bus. Comble de l'humiliation : si ces places étaient occupées, les Noirs devaient bien acheter leur billet à l'avant, mais devaient ressortir avant de rentrer de nouveau par la porte arrière du bus pour rejoindre l'emplacement qui leur étaient destinés. Mme Parks n'était pas la première personne à violer ce règlement et d'autres personnes l'avaient payé durement, parfois de leur vie.

Elle n'avait semble-t-il pas planifié son geste, mais une fois décidée, elle l'assuma totalement. Elle fut arrêtée, jugée et inculpée de désordre public ainsi que de violation des lois locales. Elle joignit l'avocat Edgar Nixon, membre du chapitre de Montgomery du NAACP. Bien que furieux du traitement réservé à Mme Parks, il vit toutefois de suite l'intérêt symbolique du combat à mener. Il appella un avocat blanc, Clifford Durr, qui accepta de contester la loi sur la ségrégation dont Rosa Parks était la victime.

La nuit suivante, cinquante dirigeants de la communauté afro-américaine, emmenés par un jeune pasteur peu connu à l'époque Dr. Martin Luther King, Jr, se réunirent à l'église baptiste de la "Dexter Avenue" pour discuter des actions à mener à la suite de l'arrestation de Rosa Parks. Ils y fondent le "Montgomery Improvement Association", dont ils élisent King comme président. Il y popularisera les théories de la non-violence et de la désobéissance civile. Le mouvement a trois revendications immédiates:

Que les Blancs et les Noirs puissent s'asseoir où ils veulent dans l'autobus. Que les chauffeurs soient plus courtois à l'égard de toutes les personnes. Que des chauffeurs noirs soient engagés. La veille du procès, 35 000 tracts sont distribués pour inviter les Noirs à ne plus emprunter les bus le lundi 5 décembre. Le mot d'ordre fut repris le lundi par The Montgomery Advertiser, le journal noir local. Le mot d'ordre fut reconduit après une réunion à l'Église. C'est le début du boycott des bus de Montgomery; il se prolongera 381 jours. Des douzaines de bus publics sont restés au dépôt pendant des mois jusqu'à ce que la loi sur la ségrégation dans les bus publics fut levée. La plupart marchèrent à pied; des taxis conduits par des Noirs firent des trajets au tarif du bus (10 cents). Quelques Blancs les rejoinrent, parfois par idéologie, parfois simplement parce qu'ils avaient besoin que leurs employés noirs viennent travailler. Peu à peu, grâce en partie à l'écho international qu'eut le mouvement, des fonds ont commencé à arriver, permettant de mettre en place un service d'autobus parallèle, ou plus modestement l'achat de paires de chaussures. Des actes violents furent perpétrés, y compris le dynamitage des domiciles de Martin Luther King et de l'avocat Edgar Nixon, et de nombreuses vexations furent recensées contre les Noirs. Fidèle à sa stratégie, King demande de ne pas répondre à ces actes. Ce mouvement provoqua beaucoup d'autres protestations contre la ségrégation menée aux États-Unis.

À travers son rôle initiateur du boycott, Rosa Parks aida à la prise de concience des américains dans la lutte pour les droits civiques. King écrit dans son livre paru en 1958, Stride Toward Freedom, "L'arrestation de Mme Parks fût l'élément déclencheur plutôt que la cause des protestations. ... ."

Finalement, le 13 novembre 1956, la Cour suprême des États-Unis statua par l'arrêt Browdler v. Gayle que la ségrégation dans les bus était inconstitutionnelle. La nouvelle ne parvint à Montgomery que le 20 novembre. Le boycott cessa le lendemain.

Toutefois, la violence continua avec des tirs contre les bus et le domicile de Luther King et des explosions visant les Églises fréquentées par les Noirs. Et si la ségrégation avait été abolie dans les bus de l'état, ce n'était pas encore le cas pour les liaisons inter-étatiques. Un groupe de jeunes fonda le "Freedom Ride", mais après quelques jours, un de ces bus est stoppé par le KKK; ses occupants sont battus et le car brûlé. Ce n'est qu'en 1964 que les lois ségrégationnistes Jim Crow sont abrogées par le "Civil Rights Act" qui interdit toute forme de ségrégation dans les lieux publics, puis en 1965 par le "Voting Rights Act" qui supprime les tests et les taxes pour devenir électeur.

D'autres incidents modifier Avant le geste de Rosa Parks, d'autres personnes avaient déjà été poursuivies pour des faits similaires, comme Claudette Colvin le 2 mars de la même année 1955. Cette jeune fille de 15 ans faillit avoir le même soutien, mais apprenant qu'elle était enceinte, ses soutiens ne donnèrent pas suite. Au contraire, Mme Parks était une des femmes les plus distinguées de la ville, dont l'éducation ne souffrait aucune remarque, et donc un meilleur étendard pour la cause noire.

De même, une autre femme, Mary Louise Smith, n'avait pas été défendue, la rumeur voulant que son père fut alcoolique.

Rosa Parks elle-même avait déjà été éconduite d'un bus en 1943. Ironie du sort, c'était déjà par le même chauffeur que le 1er décembre 1955, James Blake.

Le procès d'Irene Morgan en 1946 après avoir été arrêtée en 1944 fut couronné de succès, mais ne fit pas jurisprudence dans les faits.

Son travail pour les droits civiques modifier Par la suite, Rosa Parks devient une icône pour le mouvement des droits civiques. Ne trouvant pas de travail à Montgomery et sous la pression de ses proches inquiets pour sa sécurité, mais aussi en raison de quelques désaccords avec les leaders Noirs de la ville, elle se rendit en 1957 dans le Nord, à Hampton en Virginie puis à Detroit dans le Michigan.

Elle y travailla en tant que couturière, jusqu'à ce qu'elle se joigne à l'équipe du représentant démocrate du Michigan, l'Afro-américain John Conyers à la Chambre des Représentants des États-Unis pour lequel elle travailla de 1965, jusqu'à sa retraite le 30 septembre 1988.

Ce combat contre les discriminations déboucha en 1964 avec le Civil Rights Act, loi qui interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics et en 1965 avec le Voting Rights Act qui supprima les tests et autres taxes pour devenir électeur aux États-Unis.

Le Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development est fondé en février 1987 conjointement par Rosa Parks et Elaine Eason Steele en honneur du mari de Rosa, Raymond Parks (décédé en 1977). L'institut organise des visites en bus pour les jeunes générations en leur montrant les sites importants du mouvement pour les droits civiques. Lors d'une visite en 1997, le bus tombe dans une rivière et tue Adisa Foluke, celui que tout le monde considérait comme son petit fils adoptif et en blesse beaucoup d'autres.

En octobre 1995, elle avait participé à la "Million Man March", qui a rassemblé plus d'un million de Noirs à Washington.

Ses dernières années furent difficiles. Elle fut notamment hospitalisée après le hold-up le 30 août 1994 d'un jeune de 28 ans, Joseph Skipper, qui lui vola 53 dollars. Il fut condamné le 8 août 1995 à 15 ans de prison; Rosa Parks lui pardonna partiellement, puisqu'elle souhaita qu'il puisse se racheter et non aller en prison. Elle eut à la fin de ses jours des difficultés à payer son loyer et dû faire appel à l'aide de son Église, pour que son propriétaire arrête les poursuites judiciaires.

Décès et funérailles modifier Rosa Parks résida à Detroit jusqu'à sa mort le 24 octobre 2005. Depuis 2004, elle souffrait de démence dégénérative.

Après son décès, la classe politique dans son ensemble lui a rendu hommage. Le président George W. Bush a honoré sa mémoire dans une allocution télévisée et sa dépouille est restée exposée deux jours dans la rotonde du Capitole pour un hommage public. Privilège réservé d'habitude aux hommes politiques et aux soldats, Rosa Parks est la 31e personne après l'ancien président Ronald Reagan en juin 2004 et la première femme à recevoir cet honneur. Elle est également la deuxième personnalité noire (la première fût Jacob J. Chestnut) et la seconde personne ne faisant pas partie du gouvernement (la première était le français Pierre L'Enfant en 1909) à recevoir un tel hommage de la part du gouvernement fédéral.

Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles en l'église Greater Grace Temple à Détroit le 2 novembre. Une estimation fait état de 60 000 américains à lui avoir rendu hommage dans les premiers jours qui suivirent son inhumation dans son État natal de l'Alabama, et à Washington. De nombreuses personnalités y ont assisté, l'ancien président Bill Clinton, la sénatrice de New York Hillary Clinton, le pasteur noir Jesse Jackson, des élus noirs du Congrès, des dirigeants du mouvement des droits civiques et d'autres dignitaires. La chanteuse Aretha Franklin a également chanté pour l'occasion. Le président américain avait également décrété que tous les drapeaux soient mis en berne le jour de son enterrement. Le corbillard lui-même fut suivi d'un bus des années 50 recouvert d'un linceul noir.

De son décès à ses obsèques, le bus dans lequel s'est déroulé l'arrestation de Rosa Parks a été drapé d'un linceul rouge et noir jusqu'aux obsèques officielles. Enfin, les premières places des bus de Montgomery sont restées vacantes jusqu'au jour de son enterrement. Elles furent recouvertes d'une photo de Rosa Parks entourée d'un ruban noir portant l'inscription suivante : "La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s'est tenue debout en restant assise."

Source: www.wikipedia.org

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† _____Hailé Sélassié Ier sous le nom de Täfäri Mäkonnen signifie littéralement « celui qui est craint » (1892-1975) |dernier empereur d'Éthiopie de 1930 à 1936 et de 1941 à 1974. Renversé le 12 septembre 1974, conséquence d'un coup d'État militaire

  • L'empereur est renversé le 12 septembre 1974, conséquence d'un coup d'État militaire mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l'État après la chute de Selassie), Tafari Benti (son successeur, éliminé en 1977) et Mengistu Hailé Maryam (qui devient en 1977 l'homme fort de l'Éthiopie).

Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.

Sa dépouille fut dissimulée dans les soubassements du palais impérial, où elle fut découverte en 1992 après la chute du dictateur Mengistu qui fut défait en 1991. Pendant dix ans, le corps de l'empereur demeura déposé auprès de celui de son grand-oncle Ménélik dans l'église de Bhata. Il reçut finalement des funérailles populaires le 5 novembre 2000 en la Cathédrale de la Sainte-Trinité d'Addis Abeba.

  • Hailé Sélassié est né dans un petit village de la province du Harar, Ejersa Goro en Éthiopie, sous le nom de Täfäri Mäkonnen (ge'ez: . Täfäri signifie littéralement « celui qui est craint » et Mäkwännen, simplifié en Mäkonnen, est le prénom de son père qui signifie « grand, noble ». Il garda ce nom jusqu'au 3 avril 1930, date de son accession au trône d'Éthiopie comme Roi des Rois.

Source: www.wikipedia.org

De l'enfance au règne

Hailé Sélassié est né dans un petit village de la province du Harar, Ejersa Goro en Éthiopie, sous le nom de Täfäri Mäkonnen (ge'ez: . Täfäri signifie littéralement « celui qui est craint » et Mäkwännen, simplifié en Mäkonnen, est le prénom de son père qui signifie « grand, noble ». Il garda ce nom jusqu'au 3 avril 1930, date de son accession au trône d'Éthiopie comme Roi des Rois.

Son père est Ras Makonnen, gouverneur de Harar et sa mère est Woyzero (wäyzäro, madame) Yäshimabät Ali. Il n'a pas connu sa mère, morte du choléra le 14 mars 1894. Son père, grand artisan de la victoire d'Adwa contre les Italiens (1er mars 1896), mourut le 21 mars 1906, laissant Tafari aux bons soins de l'empereur Ménélik II (Dägmawi Ménilek ).

En juillet 1911, il épousa woyzäro Menen Asfaw, fille de Jantirar Asfaw d'Ambassel et petite-fille maternelle du roi Mikaél du Wollo (Wällo). L'empereur Hailé Sélassié et l'impératrice Menen eurent six enfants : la princesse Tenagnework, le prince couronné Asfaw Wossen, la princesse Tsehay, la princesse Zenebeworq, le prince Makonnen, duc de Harrar, et le prince Sahle Sélassié. Hailé Sélassié avait également une fille d'un premier mariage, la princesse Romaneworq.

L'accession au pouvoir

Le 27 septembre 1916, une assemblée de nobles avec l'accord de l'Église orthodoxe d’Éthiopie déposa l'empereur Lij Yassou (Yassou V), petit-fils et héritier de l'empereur Ménélik II, pour suspicion de conversion à l'islam. La fille de Ménélik, Zaoditou (Zäwditu) fut alors proclamée impératrice d'Éthiopie et son cousin le Ras (duc) Tafari, Prince héritier (alga-wärash) et Régent de la couronne (endärassié). En tant que Ras Tafari (celui qui est redouté en amharique), il exerça la réalité du pouvoir sous le règne de sa cousine l'impératrice Zaoditou puis comme roi (négus) de 1928 (7 octobre) jusqu'en 1930. À la mort de Zaoditou le 2 avril 1930, il prit le titre d'empereur. Il fut couronné le 2 novembre 1930 sous le nom de « Hailé Sélassié Ier (pouvoir de la Trinité), Roi des Rois d'Éthiopie, Seigneur des Seigneurs, Lion conquérant de la tribu de Juda, Lumière du Monde, élu de Dieu » : Gärmawi Qädamawi Haylä Sellassé, negusä nägäst zä'Ityopya, moa anbessa zä'emnägädä yehuda, berhanä aläm, seyumä Egziabhér (en amharique).

Hailé Sélassié développa la politique de modernisation progressive lancée par l'empereur Ménélik II, permettant ainsi l'admission de l'Éthiopie dans la Société des Nations en 1923 et décrétant la première constitution du pays en 1931. Il supprima également une pratique très ancienne, l'esclavage, dans l'Empire par des décrets pris en 1918 et 19231.

La Seconde guerre italo-éthiopienne et le retour d'exil modifier L'échec de la SDN pour stopper la seconde guerre entre l'Italie et l'Éthiopie avec l'invasion italienne de 1935 le força à cinq ans d'exil, pendant lesquels il vécut à Bath en Angleterre (5 mai 1936-5 mai 1941). Grâce à une reconquête rapide du pays avec l'aide des Britanniques et des Français (emmenés par le commandant Monnier), Hailé Sélassié recouvra une totale souveraineté sur l'Empire et reprit sa politique de modernisation et de développement.

Un meneur africain



Haïlé Sélassié Ier, le 1er octobre 1963 à Washington. Hailé Sélassié Ier à son bureau du palais d'Addis-Abeba.Entretenant une bonne entente avec le président américain Franklin Roosevelt et également avec les autres Alliés, l'Empereur obtient l'entrée de l'Éthiopie dans l'ONU dès sa fondation. Adoptant une position de non-aligné pendant la période de Guerre froide, par sa participation à la conférence de Bandung, Sélassié œuvra également à l'indépendance du continent africain et à son unification. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) fut fondée en 1963 à son instigation et établit son siège à Addis Abeba.

Modernisation et crise

À la suite d'une tentative de coup d'État en décembre 1960, à laquelle fut mêlée le prince héritier Asfaw Wossen, il poursuivit une politique plus conservatrice, alignant l'Éthiopie avec l'Occident contre les gouvernements africains plus radicaux, tout en initiant quelques réformes timides. Il remplace le Premier ministre ras Abebe Aregai, abattu lors du putsch, par Aklilu Habte-Wold, qui restera à cette fonction jusqu'en 1974, cumulant à partir de 1964 le portefeuille de l'Intérieur. Progressivement, Sélassié se consacrera à la scène internationale pour laisser son Premier ministre s'occuper des affaires intérieures.

Il envoya des troupes participer à l'Opération des Nations unies au Congo lors de la crise congolaise de 1960.

L'année suivante, le refus de Sélassié d'accorder l'autonomie à l'Érythrée, comme prévu par la résolution 390 de l'ONU de 1950, conduit à la guerre de sécession de l'Érythrée, qui aboutit à la proclamation d'un nouvel État, entre l'Éthiopie et le Soudan, en 1993.

Il présida en 1963 l'Organisation de l'unité africaine, dont le siège fut établi à Addis-Abeba. Avec le président malien Modibo Keïta, il parvient à convaincre le Maroc et l'Algérie de conclure les accords de Bamako (1964), mettant fin à la guerre des sables. Suite à des conflits avec la Somalie à propos de l'Ogaden, territoire éthiopien peuplé majoritairement de Somalis, le Négus signa un traité de défense mutuelle en 1964 avec le Premier ministre kényan Jomo Kenyatta.

La chute de l'empereur

Article détaillé : Révolution éthiopienne. L'aggravation de la situation économique et sociale du pays suite au choc pétrolier de 1973, des mécontentements croissants parmi les étudiants et une partie des élites entraînent la démission du Premier ministre en février 1974, remplacé par le ras Endalkachew Makonnen. Loin de rétablir l'ordre, cette première en Éthiopie encouragea les revendications protestataires: grèves ouvrières et manifestations étudiantes réclamaient des réformes sur la propriété des terres, des enquêtes sur la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement ainsi que des réformes politiques. En avril 1973, pressé par les manifestations étudiantes, l'empereur lève la censure sur l'état de famine au Wello, après s'être opposé à la publication d'un rapport critique de la FAO. C'est le début de la révolution éthiopienne, avec la première grève générale de l'histoire éthiopienne en mars 1974.

  • L'empereur est renversé le 12 septembre 1974, conséquence d'un coup d'État militaire mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l'État après la chute de Selassie), Tafari Benti (son successeur, éliminé en 1977) et Mengistu Hailé Maryam (qui devient en 1977 l'homme fort de l'Éthiopie).

Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.

Sa dépouille fut dissimulée dans les soubassements du palais impérial, où elle fut découverte en 1992 après la chute du dictateur Mengistu qui fut défait en 1991. Pendant dix ans, le corps de l'empereur demeura déposé auprès de celui de son grand-oncle Ménélik dans l'église de Bhata. Il reçut finalement des funérailles populaires le 5 novembre 2000 en la Cathédrale de la Sainte-Trinité d'Addis Abeba.

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_____Léopold Sédar Senghor (1906-2001) poète, écrivain et homme politique sénégalais naturalisé français. premier président du Sénégal (1960-1980) premier africain à siéger à l'Académie française et le premier africain titulaire de l'agrégation.

Léopold Sédar Senghor (Joal, Sénégal, 9 octobre 1906 - Verson, France, 20 décembre 2001) était un poète, écrivain et homme politique sénégalais naturalisé français. Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980). Senghor fut aussi le premier africain à siéger à l'Académie française et le premier africain titulaire de l'agrégation.

1906 - 1928 : l'enfance sénégalaise

Léopold Sédar Senghor naquit le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville côtière située au sud de Dakar, Sénégal. Son père, Basile Diogoye Senghor, était un commerçant appartenant à la bourgeoisie sérère, une ethnie minoritaire au Sénégal. Sa mère, Gnilane Ndiémé Bakhou (-1948), que Senghor appelle dans Élégies "Nyilane la douce", est une musulmane d'origine peule, appartenant à l'ethnie tabor et troisième épouse de Basile Senghor. Elle eut six enfants, dont deux garçons. Senghor a hérité des sérères le fait d'avoir, outre un prénom, deux noms : son nom de famille, Senghor et son nom sérère, Sedar signifiant "qu'on ne peut humilier". Senghor commença ses études au Sénégal chez les Pères du Saint-Esprit Ngasobil puis à Dakar au collège-séminaire et à l'école laïque. Il est déjà passionné de littérature française. Une fois son baccalauréat en poche, il obtint une bourse pour poursuivre ses études supérieures en France.

1928 - 1944 : l'errance

Senghor arrive en France en 1928. Cela marquera le début de « seize années d'errance », selon ses dires. Il sera tout d'abord étudiant à la Sorbonne mais très vite découragé, il poursuivra en hypokhâgne et khâgne à Louis-le-Grand où il prépare le concours d'entrée à l'école normale supérieure (ENS). Il y cotoie Paul Guth, Henri Queffelec, Robert Verdier et Georges Pompidou avec qui il se liera d'amitié. Après un échec au concours d'entrée, il décide de préparer l'agrégation de grammaire. Pour l'agrégation, il fait une demande de naturalisation. Il obtient l'agrégation de grammaire en 1935, après une première tentative non couronnée de succès.

Il débute sa carrière d'enseignant au lycée René-Descartes à Tours puis à Saint-Maur-les-Fossés, dans la région parisienne. Outre ses activités d'enseignant, il suit des cours de linguistique négro-africaine dispensés par Lilias Homburger à l'École pratique des hautes études et ceux de Marcel Cohen, Marcel Mauss et de Paul Rivet à l'Institut d'ethnologie de Paris.

En 1939, Senghor est enrôlé comme officier de l'armée française dans la 59e division d'infanterie coloniale. Un an plus tard, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à la Charité-sur-Loire. Il est interné dans divers camps puis au Front Stalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales. Les Allemands voulaient le fusiller le jour même de son incarcération ainsi que les autres soldats noirs présents. Ils échapperont à ce massacre en s'écriant « Vive la France, vive l'Afrique noire ». Les Allemands baissent leurs armes car un officier français leur fait comprendre qu'un massacre purement raciste nuirait à l'honneur de la race aryenne et de l'armée allemande. Au total, Senghor passera deux ans dans les camps de prisonniers, temps qu'il consacrera à la rédaction de poèmes. En 1942, il est libéré, pour cause de maladie. Il reprend ses activités d'enseignant et participe à la résistance dans le cadre du Front national universitaire.

1945 : l'homme politique

Dans la France coloniale

Au lendemain de la guerre, il reprend la chaire de linguistique à l'École nationale de la France d'outre-mer qu'il occupera jusqu'à l'indépendance du Sénégal en 1960. Au cours d'un de ses voyages de recherche sur la poésie Sérère au Sénégal, le chef de file local des socialistes, Lamine Gueye lui propose d'être candidat à la députation. Senghor accepte et est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l'Assemblée nationale française où les colonies viennent d'obtenir le droit d'être représentée. Il se démarqua de Lamine Guèye au sujet de la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger. Ce dernier vote contre car le mouvement social paralysait la colonie alors que Senghor soutient le mouvement, ce qui lui valut une grande popularité. En 1946, Senghor se marie avec la fille du gouverneur général de I'AEF avec qui il eut deux fils, Françis (1947-) et Guy (1948-1983).

Fort de son succès, il quitte l'année suivante la section africaine de la section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) qui avait soutenu financièrement en grande partie le mouvement social, et fonde avec Mamadou Dia le Bloc démocratique sénégalais (1948), qui remporta les élections législatives de 1951. Lamine Guèye perd son siège.

Réélu député en 1951 comme indépendant d'Outre-mer, il est secrétaire d'État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure du 1er mars 1955 au 1er février 1956, devient maire de Thiès au Sénégal en novembre 1956 puis ministre conseiller du gouvernement Michel Debré, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961. Il fut aussi membre de la commission chargée d'élaborer la constitution de la Cinquième République, conseiller général du Sénégal, membre du Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Entre temps, il divorça de sa première femme et se remaria en 1957 avec Colette Hubert, une française originaire de Normandie avec qui il eut un fils, Philippe Maguilen (-1981). Il fait paraître en 1964 le premier volume d'une série de cinq volumes intitulée Liberté. Ce sont des recueils de discours, allocutions, essais et préfaces.

Au Sénégal

Senghor est un fervent défenseur du fédéralisme pour les Etats africains nouvellement indépendant, une sorte de "Commonwealth à la française". Le fédéralisme n'obtenant pas la faveur des pays africains, il décide de former, avec Modibo Keïta, la fédération du Mali avec l'ancien Soudan français (l'actuel Mali). Senghor assure la présidence de l'assemblée fédérale jusqu'à ce que la fédéation éclate en août 1960. Par la suite, Senghor devient le premier président de la République du Sénégal, élu le 5 septembre 1960. Il est l'auteur de l'hymne national sénégalais, le Lion rouge. Le Premier ministre, Mamadou Dia est chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que Sengor est en charge des relations internationales. Les deux hommes entrent rapidement en conflit. En décembre 1962, Mamadou Dia est arrêté et suspecté d'avoir tenté un coup d'état. Il restera douze ans en prison. A la suite de cet événement, Senghor instaure un régime présidentiel. Le 22 mars 1967 Senghor échappe à une tentative d'attentat. Le coupable sera condamné à mort.

Il démissione de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf le remplacera à la tête du pouvoir. Sous sa présidence, le Sénégal a instauré le multipartisme (limité à trois composantes : socialiste, communiste et libérale), ainsi qu'un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate. Néanmoins, il réprima violemment plusieurs mouvements estudiantins.

Francophonie

Il soutint la création de la Francophonie et fut le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.

En 1982, il a été l'un des fondateurs de l'Association France et Pays en Voie de développement dont les objectifs étaient de susciter une conscientisation des problèmes de développement des pays du Sud, dans le cadre d'une refonte des données civilisatrices.

1983 : l'académicien

Il est élu à l'Académie française le 2 juin 1983, au 16e fauteuil, où il succède au duc de Lévis-Mirepoix. Il est le premier africain à siéger à l'Académie française.

2001 : ses obsèques

En 1993, paraît le dernier volume des Liberté: Liberté 5: le dialogue des cultures.

Il a passé les dernières années de son existence auprès de son épouse, à Verson, en Normandie où il est décédé le 20 décembre 2001. Ses obsèques ont eu lieu le 29 décembre 2001 à Dakar en présence de Raymond Forni président de l'Assemblée nationale et de Charles Josselin, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Jacques Chirac et Lionel Jospin, respectivement président de la République française et premier Ministre de l'époque ne s'y sont pas rendus. Ce manque de reconnaissance a suscité une vive polémique. Le parallèle a été fait avec les Tirailleurs sénégalais qui, après avoir contribué à la libération de la France, ont dû attendre plus de 40 ans pour avoir le droit de percevoir une pension équivalente (en terme de pouvoir d'achat) à celle de leurs homologues français. L'académicien Erik Orsenna écrivit dans Le Monde un point de vue intitulé: "J'ai honte". Dans les milieux littéraires et poétiques, l'absence des deux premiers responsables politiques français à ces obsèques a été encore plus sévèrement jugée. On a pu lire : s'évitant de voir leur vision étriquée du monde confrontée à l'ampleur de la puissance intellectuelle du poète africain, d'un point de vue purement ontologique, leur absence même est un hommage suprême rendu au chantre de la francophonie.

Le fauteuil numéro 16 de l'Académie française laissé vacant par la mort du poète sénégalais, ce sera un autre ancien président, Valérie Giscard d'Estaing qui le remplacera. Comme le veut la tradition, il rendra hommage à son prédécesseur lors d'un discours de réception donné le 16 décembre 2004. Confronté au puzzle senghorien, il décidera de présenter les différentes facettes de Senghor « De l'élève appliqué, puis de l'étudiant déraciné ; du poète de la contestation anti-coloniale et anti-esclavagiste, puis du chantre de la négritude ; et enfin du poète apaisé par la francisation d'une partie de sa culture, à la recherche lointaine, et sans doute ambiguë, d'un métissage culturel mondial ».

Senghor a reçu de nombreuses décorations au cours de sa vie. Il est notamment grand-croix de la légion d'honneur, grand-croix de l'ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres. Il a aussi reçu les palmes académiques et la grand-croix de l'ordre du Lion du Sénégal. Ses faits d'armes lui vaudront la médaille de la Reconnaissance franco-alliée 1939-1945 et la Croix de combattant 1939-1945. Il est docteur honoris causa de trente-sept universités.

L'Université internationale de langue française d'Alexandrie inaugurée en 1990 porte son nom.

Poésie

Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par delà leurs différences. Senghor a estimé que le langage symbolique de la poésie pouvait constituer les bases de ce projet. En 1978, Senghor reçut le prix mondial Cino Del Duca.

Le poème A l'appel de la race de Saba paru en 1936 est inspiré de l'entrée des troupes italiennes à AbbisAbeba.

Négritude

Alors qu'il était étudiant, il créa en compagnie du martiniquais Aimé Césaire et du guyanais Léon Gontran Damas la revue contestataire L'Etudiant noir en 1934. C'est dans ces pages qu'il exprimera pour la première fois sa conception de la négritude, notion introduite par Aimé Césaire, dans un texte intitulé « Négrerie ». Césaire la définit ainsi : " La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture. "

Politique

Bien que socialiste, Senghor se tint à l'écart des idéologies marxiste et anti-occidentale devenues populaires dans l'Afrique post-coloniale, favorisant le maintien de liens étroits avec la France et le monde occidental. Beaucoup y voient une contribution décisive dans la stabilité politique du pays - qui demeure une des rares nations africaines à n'avoir jamais eu de coup d'Etat et avoir eu des transferts toujours pacifiques du pouvoir.

Œuvres

Poèmes

Chants d'ombre, poèmes (Le Seuil) 1945

Hosties noires, poèmes (Le Seuil) 1948

Ethiopiques (Le Seuil) 1956

Nocturnes, poèmes (Le Seuil) 1961

Lettres d'hivernage, poèmes (Le Seuil) 1973

Élégies majeures, poèmes (Le Seuil) 1979

Essais

Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédée de Orphée noir par JP.Sartre 1948 (PUF)

Liberté 1 : Négritude et Humanisme, discours, conférences (Le Seuil) 1964

Liberté 2 : Nation et Voie africaine du Socialisme, discours, conférences (Le Seuil) 1971

Liberté 3 : Négritude et Civilisation de l'Universel, discours, conférences (Le Seuil) 1977

Liberté 4 : Socialisme et Planification, discours, conférences (Le Seuil) 1983

Liberté 5 : Le dialogue des cultures (Le Seuil) 1992

La Poésie de l'action, dialogue (Stock) 1980

Ce que je crois : Négritude, francité, et civilisation de l'universel (Grasset) 1988

Source: www.wikipedia.org

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† _____Nelson Rolihlahla Mandela, ancien président de l'Afrique du Sud et fut l'un des dirigeants de la lutte contre l'apartheid.

Nelson Rolihlahla Mandela, né le 18 juillet 1918 à Mvezo dans l'ancien Bantoustan du Transkei à l'est de la province du Cap (actuel Cap-Oriental), est un ancien président de l'Afrique du Sud et fut l'un des dirigeants de la lutte contre l'apartheid. En 1993, il reçoit avec le président sud-africain de l'époque, Frederik Willem de Klerk, le Prix Nobel de la Paix pour leurs actions en faveur de la fin du régime de l'apartheid et l'établissement de la démocratie dans le pays.Suite à ce combat et à celui qu'il mène actuellement contre le Sida, c'est une personnalité écoutée, particulièrement en Afrique

Biographie:

Famille et études:

Fils d'une famille royale Thembu Xhosa, Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 dans le village de Qunu, au bord de la rivière Mbashe au Transkei (Cap-Oriental). Son père était Hendry Mphakanyiswa Gadla, chef de tribu Xhosa de Tembu. À l'âge de sept ans, Rolihlahla Mandela devint le premier membre de la famille à suivre une scolarité. C'est un professeur méthodiste qui lui donne le prénom occidental de Nelson. Son père meurt alors qu'il n'a que 9 ans. Nelson Mandela est alors envoyé à la mission de Wesleyan. Selon la coutume Xhosa, il est initié à l'âge de 16 ans et poursuit ses études avec succès à la Clarkebury Boarding Institute. Il obtient son certificat scolaire en deux ans (au lieu de trois habituellement).

En 1934, Mandela s'inscrit au Collège Wesleyan de Fort Beaufort. Diplômé, il rejoint l'université de Fort Hare où il fait la connaissance d'Oliver Tambo, qui devient son ami et collègue. À la fin de sa première année, membre du conseil représentatif des étudiants, il est impliqué dans le boycott du règlement universitaire. Il est alors "viré" de l'université. Suite à un mariage arrangé non souhaité, il s'enfuit à Johannesburg où il passe sa licence par correspondance à l'Université d'Afrique du Sud (UNISA) puis débute des études de droit à l'université du Witwatersrand.

Activité politique:

C'est en 1942 que Nelson Mandela rejoignit le Congrès national africain (ANC), membre de l'Internationale Socialiste, afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche. En 1944, avec Walter Sisulu et Oliver Tambo, il fonde la plus dynamique ligue de jeunesse de l'ANC. Aux élections générales de 1948, la victoire du Parti national Afrikaner entraîne la mise en place de sa nouvelle politique qui fut appelée apartheid. En 1952, Mandela, par ailleurs avocat, monte la campagne de défiance contre le gouvernement de Daniel Malan. En 1955, alors que le Parti National semble appelé à durer au gouvernement, Mandela participe à la rédaction de la charte de la liberté dont le programme fondamental est la lutte contre la ségrégation raciale et l'apartheid. À cette époque, Mandela et Tambo se sont associés au sein de leur propre cabinet et prodiguent des conseils juridiques gratuits aux noirs les plus pauvres. Le 5 décembre 1956, Mandela et 150 autres personnes sont arrêtés et accusés de trahison. Ils sont au bout du compte tous acquittés, grâce aux plaidoiries des avocats et au légalisme pointilleux des tribunaux sud-africains.

Après le massacre de Sharpeville en 1960, les appels à la lutte armée sont plus pressants d'autant plus que l'ANC et le Congrès panafricain sont interdits, ses leaders emprisonnés ou assignés à résidence.

Le prisonnier politique (1962-1990):

Il fut emprisonné en 1962 puis en 1963, et condamné à la détention à perpétuité en 1965 en raison de ses activités politiques clandestines. Le plus célèbre et l'un des plus anciens prisonniers politiques, il fut finalement libéré le 11 février 1990 par de Klerk qui, pour des raisons politiques, mit fin à la clandestinité de l'ANC, et le sollicita pour maintenir la paix civile en Afrique du Sud. Les deux hommes ont travaillé ensemble pour instaurer la fin de l'apartheid et un régime de transition.

Combat pour la paix et la non-violence:

Il se vit décerner le Prix Nobel de la paix avec le président Frederik de Klerk en 1993. En 1979, il avait reçu le Prix Nehru pour la Paix et en 1989, le Prix Kadhafi des droits de l'Homme.

Président d'Afrique du Sud (mai 1994 - juin 1999):

À la suite des premières élections multiraciales du 27 avril 1994, remportées largement par l'ANC, Nelson Mandela est élu Président de la république d'Afrique du Sud et prête serment à Pretoria le 10 mai 1994 devant tout le gotha politique international, d'Al Gore à Fidel Castro.

Il préside au premier gouvernement multiracial du pays, en l'occurrence un gouvernement d'union nationale entre l'ANC, le Parti National et le parti zoulou Inkhata. Ses deux vices-présidents sont alors Thabo Mbeki et Frederik de Klerk.

Conformément aux négociations de la période de transition, une commission « liberté et réconciliation » est créée pour entendre des exactions et des crimes commis sous l'apartheid par le gouvernement, les forces de sécurité mais également par les mouvements de libération. Il s'agit de confronter le passé afin de tourner la page historique douloureuse et non de juger les crimes ou exactions constatées qui, le cas échéant, en l'absence de regrets des protagonistes, seront toujours du ressort des tribunaux pénaux. Président, Nelson Mandela est davantage un chef d'état qu'un chef de gouvernement: il confie ce rôle à Thabo Mbeki.

Prônant la réconciliation nationale, il se rend même à Orania pour rencontrer Madame Hendrik Verwoerd et organise une tea party à Pretoria réunissant les épouses des anciens premiers ministres et présidents du pays avec les épouses des anciens prisonniers de Robben Island. Internationalement, il redonne une légitimité à l'Afrique du Sud qu'il donne en exemple en matière de réconciliation nationale. En 1996, le Parti National quitte le gouvernement peu après l'adoption d'une nouvelle constitution. Il accepte d'être médiateur de plusieurs négociations de paix, notamment dans l'Afrique des grands lacs. En 1997, Mandela quitte la présidence de l'ANC qui échoit à Thabo Mbeki. À la fin de son mandat, certains radicaux critiquent l'absence d'efficacité de la politique de son gouvernement dans la lutte contre le SIDA, dans la lutte contre les inégalités raciales ou encore la lenteur des procédures d'indemnisations des noirs spoliés sous l'apartheid.

En 1999 Thabo Mbeki lui succède à la présidence de la république.

Le retraité du Transkei:

Après son divorce avec Winnie Mandela, Nelson Mandela s'est remarié avec Graça Machel, veuve de l'ancien président du Mozambique, Samora Machel. En février 2003, Mandela déclara que les États-Unis étaient « une menace contre la paix dans le monde » et que leur président George W. Bush souhaitait « plonger le monde dans l'holocauste », l'accusant d'ignorer les Nations unies. En septembre 2004, il fut plébiscité en tant que première personnalité sud-africaine.

Lutte contre le SIDA:

Nelson Mandela se consacre aujourd'hui à la lutte contre le SIDA. Le 6 janvier 2005, il annonce publiquement le décès de son fils, Makgatho Mandela âgé de 54 ans, des suites du SIDA. Par ce geste, il veut montrer qu'il est temps de briser le tabou qui entoure cette maladie dans de nombreux pays. Il déclare à ce sujet : "Nous ne devons pas dissimuler la cause de la mort des membres de nos familles, que nous respectons, car c'est le seul moyen de pouvoir faire comprendre à la population que le SIDA est une maladie ordinaire. C'est pourquoi nous vous avons aujourd'hui fait venir pour annoncer que mon fils était mort du SIDA".

Pour plus d'information: Lire sa biographie: Une longue marche vers la Liberté. Source www.wikipedia.fr

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† _____Kwame Nkrumah (1909-1972 |Au cœur de la pensée panafricaine se trouve Kwame Nkrumah. Sa vision dépassait les intérêts de son seul pays et il aura œuvré toute sa vie pour l'Unité africaine. Mort dans la déchéance

Au cœur de la pensée panafricaine se trouve Kwame Nkrumah. Il est celui qui a porté la Côte d'Or a son indépendance pour en faire le Ghana, premier pays africain à être libéré de l'emprise coloniale. Sa vision dépassait les intérêts de son seul pays et il aura œuvré toute sa vie pour l'Unité africaine. Mort dans la déchéance, longtemps resté impopulaire, sa pensée panafricaine lui a survécu. Portrait.

« le nationalisme africain ne se limite pas seulement à la Côte d'Or, aujourd'hui le Ghana. Dès maintenant il doit être un nationalisme panafricain et il faut que l'idéologie d'une conscience politique parmi les Africains, ainsi que leur émancipation, se répandent partout dans le continent ».

Les prémisses de l'idéologie panafricaine

Fils unique d'une mère commerçante et d'un père chercheur d'or, Kwame Nkrumah est né en 1909 à Nkroful, un village du sud ouest de la colonie britannique de la Côte d'Or. Les fondements de sa pensée panafricaine prennent leurs sources dans un parcours qui le mène de la Côte d'Or à l'Angleterre en passant par les Etats-Unis. En 1935, il quitte son pays pour aller étudier l'économie et la sociologie à l'université Lincoln en Pennsylvanie. Là il découvre les écrits des auteurs noirs Marcus Garvey et W.E.B Du Bois qui alimenteront sa future idéologie. Il se plonge dans l'histoire politique américaine et comprend que la puissance des Etats-Unis réside dans son unité. En 1943, il écrit son premier pamphlet anti-colonial Towards colonial freedom, dans lequel il dénonce l'asservissement de l'Afrique.

En 1945, il embarque pour Londres afin de poursuivre des études de droit mais très vite, l'émulation politique qui règne dans le pays au sein des communautés issues des colonies le gagne. Il rejoint le syndicat des Etudiants d'Afrique de l'Ouest et organise la 5ème conférence panafricaine de Manchester. Il travaille aux côtés de politiciens africains qui deviendront les principaux instigateurs de l'indépendance dans leur pays, parmi lesquels Jomo Kenyatta, futur président du Kenya. Ses textes enflammés, publiés dans le journal « Le Nouvel Africain » promettent l'unité africaine et font parler de lui : le nom de Nkrumah est désormais synonyme de radicalisme pour l'administration coloniale en Côte d'Or.

Retour triomphal

En 1947, son retour au pays est triomphal et lui promet une ascension fulgurante. Il prend immédiatement la tête du nouveau parti pour l'Indépendance United Gold Coast Convention, et mène des actions dans tout le pays tandis que la puissance colonisatrice réprime les velléités émancipatrices qui gagne le peuple. En 1948, Nkrumah est emprisonné pour agitation politique lors d'une manifestation contre le gouvernement : il devient alors un martyre politique, un rôle qu'il accepte et cultive. La pression est grande et l'administration coloniale est obligée de faire des concessions. En 1952, Nkrumah devient le premier ministre de la Côte d'Or et son nouveau parti, le CPP (Convention People's party) gagne toutes les élections organisées par les Britanniques pour tester les préférences politiques du peuple. Le 6 mars 1957, le combat de la première révolution arrive à son terme : la Côte d'Or devient indépendante et se rebaptise Ghana.

« Nkrumaïsme »

A la tête du premier Etat indépendant d'Afrique, dont il devient le président en 1960, Nkrumah, pris dans l'euphorie de la victoire, voit grand. Il œuvre activement pour la libération des pays encore soumis à la domination coloniale. C'est ainsi qu'il apporte 25 millions de dollars de soutien à la Guinée suite à la déclaration de son indépendance en 1958. La même année, la réunion des chefs d'Etat africains se tient à Accra sous l'égide du ghanéen qui affirme la nécessité pour l'Afrique « de développer sa propre communauté et sa personnalité », et son non-alignement aux deux blocs.

La politique extérieure de Nkrumah est toute entière dédiée à la construction de l'Unité africaine qu'il pense comme une fusion organique des Etats Indépendants et non comme leur simple coopération. Il entend promouvoir sa doctrine originale, le « consciencisme », qu'on appelle parfois aujourd'hui le « nkrumaïsme ». Empreinte d'un marxisme non orthodoxe associé au concept traditionnel africain de collectivisme, elle vise « la résurrection des valeurs humanitaires et égalitaires de l'Afrique traditionnelle dans un environnement moderne ». En 1963, Nkrumah sera ainsi l'un des pères-fondateurs de l'Organisation de l'Union Africaine qui, toutefois, délaissera vite les idées trop radicales du Ghanéen.

De l'euphorie au calvaireTrès vite, le rêve de Nkrumah d'une Afrique unie se heurte aux idées des nouveaux leaders de pays indépendants qui ne sont pas prêts à renoncer à leur toute nouvelle souveraineté. L'Unité africaine devient aux yeux du monde le rêve d'un égocentrique ambitieux qui cache en réalité des plans expansionnistes. En période de guerre froide, elle est vécue comme une manœuvre pour soumettre toute l'Afrique au communisme. Le président ghanéen est désavoué sur la scène africaine et internationale. Les ex-puissances coloniales le diabolisent et tentent de museler la voix dissonante de cette Afrique radicale, compromise dans le léninisme.

Au Ghana, la politique économique de la « seconde révolution » de Nkrumah est un échec. Les dépenses nationales ont ruiné le pays et quand la population descend dans la rue exprimer son mécontentement, elle est réprimée dans le sang. En 1962 et 1964, Nkrumah est victime de deux tentatives d'assassinat. Choqué, il tombe alors dans l'excès de la mégalomanie et prend des mesures drastiques pour se protéger. Il emprisonne sans procès des ministres de son gouvernement qu'il soupçonne de complicité et s'entoure d'une armée de gardes du corps. Il se déclare alors président à vie de la République du Ghana et instaure le parti unique. En février 1966, pendant un voyage du président en Chine, l'armée procède à un coup d'Etat et destitue Nkrumah. La colère accumulée par le peuple refait surface et les manifestations spontanées éclatent dans le pays pour célébrer sa chute. C'est la fin du rêve ghanéen et africain pour Kwame Nkrumah. Acculé, il ne retourne pas au Ghana et s'exile en Guinée. Il meurt d'un cancer en 1972, dans un hôpital à Bucarest, en Roumanie.

En cinq ans, Nkrumah est passé du mythe à la déchéance. Longtemps impopulaire, on retient aujourd'hui de lui la portée visionnaire de ses ambitions panafricaines. L'éveil d'une conscience africaine, la construction d'une unité humaine, politique et économique maîtresse d'un destin qui lui appartient. Autant de thèmes qui sont au cœur de la pensée panafricaine contemporaine.

Bibliographie:

Kwame Nkrumah, Ghana, autobiographie de Kwame Nkrumah, Présence africaine, 1960.Ralph Kent Rasmussen, Modern African political leaders, Facts on file, 1998.Cécile Laronce, Nkrumah, le panafricanisme et les Etats-Unis, Editions Karthala, 2000.

Source: Isabelle Sciamma pour www.afrik.com

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† _____Steve Biko dans l'oubli de l'histoire (1946-1977) | 21 août 2006 mourrait seul, saoûlé de coups et comateux, dans une cellule de Pretoria et devenait le plus grand martyr de la lutte contre l'apartheid en Afrique du sud

Il y a 25 ans, Stephen Biko mourrait seul, saoûlé de coups et comateux, dans une cellule de Pretoria et devenait le plus grand martyr de la lutte contre l'apartheid en Afrique du sud, par son rôle de catalyseur de la libération noire. Il n'avait que 30 ans à l'époque, mais son Mouvement de la Conscience Noire avait enflammé des dizaines de milliers de Sud-Africains, enthousiasmés par son appel à libérer avant tout leur esprit, avant de libérer le pays. Car, disait-il, l'arme la plus puissante dans les mains de l'oppresseur est l'esprit de l'opprimé. Né en 1946 à Ginsberg, une township noire près de King William's Town, Stephen Bantu Biko fût très tôt destiné à combattre l'apartheid: son père Mzimkhayi fut tué par un policier blanc lors d'un rassemblement militant le 12 septembre 1951.

Expulsé du secondaire pour son attitude anti-establishment, Steve fit ses premières armes politiques sur un campus de Durban dans les années 60. Fédérant des mouvements noirs, impliqué dans des projets de développement social, l'étudiant en médecine gagna en stature par son éloquence, son charisme et sa philosophie d'émancipation. Fondateur du Mouvement de la Conscience Noire, président la Convention du Peuple Noir, il s'investit à temps plein dans la lutte, après avoir été exclu de son école médicale. En 1973, ses activités lui valurent d'être assigné dans sa ville natale de King William's Town. Les autorités ne le lâcheront plus. Arrêté, détenu et interrogé à maintes reprises jusqu'à cette interpellation à un barrage fin août 1977.

Pendant plusieurs jours, Biko fut détenu, enchaîné, roué de coups, privé de soins, au QG de la police de Port Elizabeth. Un traitement inhumain sur lequel les auditions de la Commission Vérité et Réconciliation firent lumière en 1997-98, entendant des policiers qui menèrent l'interrogatoire. Mais aucun d'entre eux n'admettra avoir pu porter un coup fatal. Ils se virent refuser l'amnistie, mais n'ont à ce jour pas été poursuivis. Le 11 septembre, inconscient, Biko était transporté nu à la prison centrale de Pretoria (à 1.100 km de là), à l'arrière d'une Land Rover. Quelques heures après son arrivée, il décédait de lésions cérébrales sur le sol d'une cellule de Pretoria. Nu, toujours.

L'émotion et la colère, en Afrique du Sud et à l'étranger, furent immenses. Donald Woods, rédacteur en chef du respecté Daily Dispatch devenu l'ami de Biko, fit passer à l'étranger des photos du corps couvert de plaies et ecchymoses: le ministre de la Police, Jimmy Kruger, avait maintenu qu'il était mort d'une grève de la faim. L'exclusion et l'isolement du régime commencèrent pour de bon. Les gouvernements étrangers les fuyaient, les sanctions étaient imminentes. La chanson Biko de Peter Gabriel, fit le tour du monde, et Cry Freedom, film sur sa vie réalisé en 1987 par Richard Attenborough (avec Denzel Washington, Kevin Kline) sur la base d'un livre de Woods, exilé, généra larmes et sympathie anti-apartheid dans le monde.

Avec cette vague mondiale, autant que pour la conviction, alors renforcée en Afrique du Sud, que la violence répondrait à la violence, beaucoup considèrent avec le recul la mort de Biko comme un point de non-retour, la goutte d'eau qui fit déborder le vase, le début de la fin de l'apartheid. Donnant ainsi raison à Biko lui-même. Trois mois avant sa mort, il déclarait: "soit tu es vivant et fier, soit tu es mort, et quand tu es mort, tu ne peux plus t'en soucier. Et ta façon de mourir peut elle même être une chose politique (...) car si je n'arrive pas dans la vie à soulever la montagne de l'apartheid, sûrement l'horreur de la mort y parviendra.

Une pluie d'hommages en Afrique du Sud a salué le 25ème anniversaire de sa mort. Mais l'hommage à Biko, à l'influence aujourd'hui revendiquée par tous, s'accompagne de questions sur la fidélité à l'homme et ses idéaux, dans une société marquée par de criantes et durables inégalités, et des degrés très variables d'émancipation des Noirs. Notre libération n'aurait jamais eu lieu si nous n'avions pu nous débarrasser du sentiment de victime, d'objet, de haine de nous-mêmes (...) Steve Biko nous a aidés à exorciser ces démons intérieurs à travers la conscience noire, absolument essentielle à notre lutte pour la liberté.

L'ancien primat anglican et prix Nobel de la Paix, Desmond Tutu, résumait en ces mots le rôle crucial du charismatique orateur de King Williams Town dans les consciences des militants d'alors: la libération intérieure qui permit celle du pays. Les querelles des années 80 sur l'héritage de Biko sont dépassées. Il est aujourd'hui revendiqué par tous, bien au-delà de l'AZAPO (Organisation des Peuples d'Azanie), qui se perçoit l'authentique dépositaire. Notre pays n'est pas égalitaire. Nous sommes égaux dans la Constitution, dans l'urne, mais au jour le jour, pratiquement, nous avons à lutter pour bâtir cela, a lancé à cette occasion l'AZAPO, estimant que Biko vivra aussi longtemps que ses idéaux n'auront pas été réalisés.

Que serait devenu Biko ? Aurait-il été une conscience, un aiguillon, apportant un levain d'indépendance à la gouvernance (...) de la Nouvelle Afrique du Sud, spéculait avec regret Nadime Gordimer (Prix Nobel de littérature). Ou aurait-il, bien plus tôt, éclipsé Mandela lui-même comme le champion de la lutte, comme ses partisans en étaient convaincus ? J'ai pensé bien des fois que la conscience noire n'avait pas fini sa tâche, a écrit Tutu dans un cahier 25 ans de l'active Fondation Biko, car je m'inquiète que nous ayons épousé les critères de nos ex-oppresseurs blancs sur ce que signifie le succès, ce que signifie être arrivé, ajoute-t-il en visant la nouvelle élite noire. Qu'est devenu notre altruisme, notre ubuntu? (fraternité-unité africaine), a encore écrit Desmond Tutu.

Source: www.afrique-express.com

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_____Patrice Lumumba (1925-1961).. ,« le verbe »,comme le disait de lui l'éminence "Aimé Césaire"

Patrice Émery Lumumba ,« le verbe »,comme le disait de lui Aimé Césaire, fut le premier homme à occuper le poste de Premier ministre du Congo (Léopoldville) entre juin et septembre 1960. Né le 2 juillet 1925 à Onalua (territoire de Katako-Kombe au Sankuru) au Congo belge (actuelle République démocratique du Congo), il est assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga.

Une éducation privilégiée:

Patrice Lumumba est né à Onalaua. Il fréquente l'école catholique des missionnaires puis, élève brillant, une école protestante tenue par des Suédois. Jusqu´en 1955 la Belgique coloniale n´a que peu développé le systéme d´éducation, l'école ne donne qu'une éducation rudimentaire et vise plus à former des ouvriers ou des clercs, mais Lumumba autodidacte, se plongera dans des manuels d´histoire pour étudier plus en profondeur la Révolution française, l´histoire d´Haïti, des États-Unis et de la Russie. Il travailla comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu jusqu'en 1945, puis comme journaliste à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani), période pendant laquelle il écrivit dans divers journaux.

En septembre 1954, il reçoit sa carte d'«immatriculé», honneur chichement accordé par l'administration belge à quelques noirs (à peine 200 sur les 13 millions d'habitants de l'époque !). C´est en travaillant pour la société minière qu´il comprend que son pays est un grand fournisseur de matière première dont le rôle est capital dans l´économie mondiale. Il comprend que l´administration coloniale essaie d´abrutir les Congolais afin qu´ils ne prennent pas conscience du fabuleux potentiel qu'a leur pays dont les frontières ont été fixées au hasard. Lumumba ayant compris cela milite alors pour un Congo uni contrairement à tout les autres leaders indépendantistes. En 1955, il crée une association "APIC" (Association du personnel indigène de la colonie) et aura l'occasion de s'entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo, sur la situation des Congolais.

Le ministre du Congo de l'époque, Auguste Buisseret veut faire évoluer le Congo et notamment mettre en place un enseignement public. Lumumba adhère au parti libéral avec d'autres notables congolais. Avec plusieurs d'entre eux, il se rend en Belgique sur invitation du premier ministre.

Le combat pour l'indépendance

En 1957, il est emprisonné un an pour une affaire de détournement de courrier appartenant à un Européen (membre d'AMORC). Libéré par anticipation, il reprend ses activités politiques et devient directeur des ventes d'une brasserie. Le gouvernement belge prend quelques mesures de libéralisation : syndicats et partis politiques vont être autorisés en vue des éléctions municipales qui doivent avoir lieu en 1957.Les partis politiques congolais sont parrainés par ceux de Belgique et Lumumba est d´abord inclu dans l´amicale libérale.

En 1958, à l'occasion de l'exposition universelle, des Congolais sont invités en Belgique. Outrés par l'image dégradante du peuple congolais qui est véhiculée par l'exposition, Lumumba et quelques compagnons politiques nouent des contacts avec les cercles anti-colonialistes. Dès son retour au Congo, il crée le Mouvement national congolais (MNC), à Léopoldville le 5 octobre 1958 et, à ce titre, participe à la conférence panafricaine d'Accra. Il peut organiser une réunion pour rendre compte de cette conférence au cours de laquelle il revendique l'indépendance devant plus de 10 000 personnes. Premiers démêlés politiques en octobre 1959 : le MNC et d'autres partis indépendantistes organisent une réunion à Stanleyville. Malgré un fort soutien populaire, les autorités belges tentent de s'emparer de Lumumba - c'est l'émeute et une trentaine de morts. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, est jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier. En même temps les autorités belges organisaient des réunions avec les indépendantistes auxquelles participe finalement Lumumba, qui est donc libéré de facto le 26 janvier. À la surprise générale, la Belgique accorde au Congo l'indépendance qui est fixée au 30 juin 1960.

Une brève carrière politique:

Le MNC et ses alliés remportent les élections organisées en mai et, le 23 juin 1960, Patrice Émery Lumumba devient le premier premier ministre du Congo indépendant. Mais pour les autorités belges (et les compagnies minières, probablement) l'indépendance ne se voulait pas pleine et entière. Une bonne partie de l'administration et l'encadrement de l'armée restent belges et les soldats noirs se révoltent en tuant les officiers blancs et en violant les femmes belges. Pratiquement tous les cadres belges prennent la fuite. Lumumba décrète l'africanisation de l'armée et double la solde des soldats. La Belgique répond par l'envoi de troupes pour protéger ses ressortissants au Katanga (la région minière) et soutient la sécession de cette région menée par Moïse Kapenda Tshombé. Sur ce, l´Union soviétique menace d´intervenir, et les toupes belges doivent se retirer, dans le chaos généralisé la Belgique commence à perdre le contrôle. Néanmoins la Belgique sera le seul État à reconnaître le Katanga indépendant et y envoie des officiers pour former les "tigres" katangais et des conseillers politiques.

En septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu révoque Lumumba ainsi que les ministres nationalistes. Lumumba déclare alors qu'il restera en fonction. À sa demande, le parlement acquis à sa cause révoque le président Kasavubu. Suite à un coup d'État, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir, crée le Collège des Commissaires généraux et assigne à résidence les dirigeants congolais. En décembre 1960, Lumumba s'échappe de la capitale pour tenter de gagner Stanleyville, région où il a de nombreux partisans. Il est arrêté alors qu'il passait la Sankuru à Mweka et il est transféré au camp militaire de Thysville sur ordre de Mobutu. Le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito sont conduits par avion à Elisabethville, au Katanga,et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire ou ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais comme Moïse Tshombé, Munongo, Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d'un officier belge. La Belgique était en effet le seul pays à avoir reconnu le Katanga comme état indépendant et sa petite armée était dirigée par des officiers belges. Le lendemain, une opération sera menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele au cri de « A Lumumba » ou « Mulele Mai » : les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d´être écrasés par l'armée de Mobutu.

Lumumba fut très regretté après sa mort par toute la communauté des pays non-alignés, y compris par un des ses bourreaux, le général Mobutu qui le consacra héros national en 1966. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants fut considéré comme un événement national.

L'action des anciens colonisateurs en pleine guerre froide:

On s'est beaucoup interrogé sur le rôle des puissances occidentales, des États-Unis en particulier dans la mort de Lumumba, sous le prétexte qu'il faisait craindre une dérive du Congo belge vers l'URSS. En effet Lumumba fit appel aux Soviétiques lors de la guerre du Katanga car l'ONU ne répondit pas à ses demandes d'aide militaire pour mettre fin à la guerre civile.

Les États-Unis et la Belgique sont en grande partie responsables de la mort de Lumumba. Les États-Unis de Kennedy voulaient l´éliminer pour éviter un basculement du géant africain dans le communisme et la Belgique voyait en lui et ses thèses d'indépendance économique une menace pour ses intérêts économiques notamment dans le secteur miniers. Ces deux pays ont soutenu l'effort de guerre de Mobutu contre les Maï-Maï. Les mercenaires belges ont fait l'opération Omegang pour écraser la résitance Maï-Maï au Kivu. Le meurtre de Lumumba a été élucidé par la justice belge sous l'impulsion de François Lumumba qui a porté plainte contre X, et du sociologue belge Ludo de Witte.

Le gouvernement belge a reconnu en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba : À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité.

Sa Famille:

Patrice Lumumba était marié et eu cinq enfants : François était l´ainé suivi de Patrice junior, de Julienne, Roland et Guy. François avait 10 ans quand son père est mort. Avant son emprisonnement, Lumumba s´est arrangé pour que son épouse et ses enfants puissent quitter le pays. Ils sont allés en Egypte et François a passé le reste de son enfance là, avant d'aller en Hongrie pour poursuivre ses études. Il est revenu au Congo dans les années 90 lorsque la rébellion contre Mobutu commençait, et a créé un petit mouvement politique Lumumbiste. Bien que son mouvement demeure petit, il reste impliqué dans la politique congolaise et essaie de défendre les idées de son père. Sur le DVD du film Lumumba, dans la section d'usages spéciaux, il y a une entrevue avec Julienne. Elle y parle de la façon dont son père a allait mourir pour son pays. Lumumba n'imaginait pas que Mobutu allait prendre le pouvoir mais croyait simplement que celui-ci était un pion de la Belgique coloniale. Julienne Lumumba dit que Lumumba croyait fermement que son message vivrait après sa mort. Lumumba a écrit plusieurs livres qui ont été traduits.

Citations: Après la cérémonie de l´indépendance du 30 juin 1960, un journaliste demande à Lumumba ce qui l'a poussé à faire de la politique.

Réponse : Je suis né dans une famille de croyants, on m'a toujours dit tu dois être bon... mais ce que moi je ne comprenais pas c'est comment est-ce que ceux qui enseignent qu'il faut être bon ne sont pas bons eux-mêmes.

Avec sa mort, Lumumba a cessé d'être une personne. Il est devenu toute l'Afrique. (Jean-Paul Sartre)

On dit que le fils de Tolenga est mort, mais ceux qui disent cela ne peuvent pas montrer son cadavre. (Raoul Peck)

Source:www.wikipedia.org

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_____Thomas Sankara ..? Au 21ème anniversaire de la mort du leader burkinabé, le mystère reste entier sur les conditions de son assassinat..

  • Qui a tué Thomas Sankara ?

Au 21ème anniversaire de la mort du leader burkinabé, le mystère reste entier sur les conditions de son assassinat

Le Burkina Faso célèbrera, le 15 octobre, le 21ème anniversaire de l’assassinat de son leader le plus emblématique, Thomas Sankara. Chef d’Etat du Burkina Faso de 1983 à 1987, il incarna la révolution burkinabé, luttant contre l’impérialisme des puissances coloniales. Il fut assassiné le 15 octobre 1987 dans des circonstances encore non élucidées. Les soupçons portent lourdement sur l’actuel président du pays, Blaise Compaoré, ancien ami et successeur de Thomas Sankara à la tête de l’Etat.

Qui a tué Thomas Sankara ? Vingt-et-un ans après la disparition du leader révolutionnaire, la justice burkinabé n’a toujours pas rendu son verdict et aucune explication officielle n’a été proposée. Thomas Sankara a été assassiné à l’âge de 37 ans, avec une dizaine de ses camarades, lors du coup d’Etat qui a porté au pouvoir son ancien ministre de la justice et deuxième homme du régime, l’actuel président Compaoré.

Alors que la famille de l’ancien chef d’Etat accuse l’actuel président Blaise Compaoré d’être derrière ce complot, les autorités burkinabé ont toujours démenti ces accusations. Dès 1997, la CIJS, Campagne internationale justice pour Sankara, a entamé au nom de la veuve et des enfants de Sankara, une procédure judiciaire auprès du Burkina. Déboutée par les institutions juridiques burkinabé, la CIJS, regroupement d’avocats autour de la famille Sankara, s’est ensuite tournée, dès 2002, vers le Comité des droits de l’Homme de l’ONU. Trois ans plus tard, en 2005, le Comité a rendu un verdict historique et sans précédent déclarant que « le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès, qui faisait mention d’une « mort naturelle », constituaient un traitement inhumain à l’égard de Mme Sankara et ses fils. » Victoire pour la CIJS qui n’avait demandé que la reconnaissance du lieu de sépulture ainsi qu’une compensation financière. Le Comité est allé plus loin que prévu redonnant espoir à la famille et à l’association.

Pourtant l’ONU fait aujourd’hui marche arrière. Le Burkina Faso a versé des indemnités minimes à la famille, le lieu de sépulture n’est toujours pas prouvé et l’érection d’une statue à sa mémoire se fait attendre. Le mot « naturelle » a été ôté de l’acte de décès mais la procédure d’enquête sur la mort de Sankara n’a jamais été ré-ouverte. Le Comité des droits de l’homme des Nations-Unies a pourtant reconnu en avril 2008 que l’Etat du Burkina Faso avait rempli ses exigences avec satisfaction.

« Il s’agit clairement d’une régression. L’ONU a voulu réhabiliter Blaise Compaoré »

Dans un entretien accordé à Afrik.com, Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara, a déclaré : « George Bush a adoubé Blaise Compaoré ». Selon lui, le volte-face de l’ONU n’est pas sans lien avec le récent rapprochement des Etats-Unis et du Burkina Faso. Formation de soldats burkinabé en échange de dénonciation de membres d’Al Quaida sur le sol du Burkina ; renforcement de l’influence américaine au Burkina contre le véto des Etats-Unis au Conseil de sécurité sur l’affaire Sankara, telle est la thèse défendue par les détracteurs du président Compaoré. Bruno Jaffré va jusqu’à faire du Burkina Faso une arrière base américaine de surveillance des agissements des Touaregs au Mali et au Niger.

En faisant obstruction à une éventuelle procédure judiciaire, le régime de George Bush aurait trouvé un moyen de contrer l’influence de la France en Afrique francophone et de maintenir l’opacité sur les responsables de ce crime.

Alors que la culpabilité de Blaise Compaoré dans le crime de son ancien ami et successeur faisait l’unanimité depuis longtemps, la communauté internationale se rétracte aujourd’hui. Lobbying diplomatique autour de l’actuel président ? Aucune poursuite judiciaire n’est en tous cas engagée à ce jour pour son soutien au Libéria dans la guerre sierra léonaise. Il aurait en effet livré sans état d’âme Charles Taylor, ex-chef d’Etat du Liberia, à la Cour Pénale Internationale en 2004.

Alors que le vingtième anniversaire de la mort de Sankara avait rassemblé les foules à Ouagadougou, on attend beaucoup de monde cette année également. L’engouement récent pour Thomas Sankara serait dû, selon Bruno Jaffré, à son charisme et son intégrité. « On pouvait croire en cet homme pour construire son pays, il disait ce qu’il faisait ». Surnommé le « Che Guevara africain », il attire encore aujourd’hui la jeunesse autour du mythe qu’il a édifié.

Images d’archives

Burkina Faso : Un coup d’Etat fomenté par le capitaine Blaise CAMPAORE, n°2 du régime, a renversé le Président Thomas SANKARA, qui a été assassiné lors de ces événements. Commentaire sur images d’archives et interview au téléphone de Alain DESCHAMPS, Ambassadeur de France au Burkina Faso.

Interview de Blaise CAMPAORE, le nouvel homme fort du Burkina Faso. Une semaine après le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir et l’assassinat durant ces évènements de son prédécesseur le capitaine Thomas SANKARA, son ancien frère d’armes, le nouveau chef de l’Etat s’explique sur la nouvelle situation de son pays, sur les conditions de la mort de T. SANKARA et sur les causes de ce coup de force.

Qui a tué Thomas Sankara ? -

http://www.thomassankara.net/spip.php?article252

Charles Taylor était président du Libéria, pas de la Sierra Leone. Affirmation sans fondement que celle d'affirmer que Blaise a livré Charles Taylor à la CPI, Où sont les faits dans votre argumentation ? Que faites-vous de l'implication du colonel libyen Muammar Khadafi et de l'entourage de l'ex-président ivoirien Houphouet Boigny dans la guerre civile sierra-léonaise ? Peut-être vous abreuvez-vous à la même source que celle qui affirme que Taylor était président sierra-léonais ? Du sérieux svp !

  • Mobutu était il impliqué dans le meurtre de sankara?

Interview de Bruno jaffré, biographe de Thomas Sankara dans l’hebdomadaire ROUGE

  • Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara, capitaine révolutionnaire et président du Burkina Faso (Haute-Volta), est assassiné lors d’un coup d’État. Pour la jeunesse africaine, il reste incontestablement un symbole de dirigeant intègre et populaire. Pourquoi ?

Bruno Jaffré

  • -Il tranchait fortement par rapport aux autres dirigeants africains de l’époque - les Mobutu, Houphouët-Boigny, Eyadéma ou Bongo vivaient dans l’opulence.

Les jeunes chômeurs et les paysans se souviennent que Sankara était soucieux de leur sort et qu’il montrait l’exemple. Certains de ses ministres avaient remplacé leur Mercedes par des Renault 5 ; beaucoup de directeurs circulaient en mobylette. Il a redonné l’espoir, par-delà les frontières du Burkina Faso, à toute une génération. Sankara s’était opposé à la France sur la question kanak, ainsi qu’à la tutelle du FMI, tout en pratiquant l’auto-ajustement (revenir à des finances équilibrées) sur des objectifs discutés lors des conférences nationales des comités de défense de la révolution (CDR). Il s’agissait de compter sur les possibilités réelles du pays, en mobilisant la population sur des projets concrets et en luttant contre la corruption. C’est pour cela qu’il a marqué les esprits.

Le 4 août 1983, la Haute-Volta connaît à nouveau un coup d’État. Tu affirmes dans tes livres que celui-ci est différent des autres. Est-ce la résultante d’une crise révolutionnaire ?

B. Jaffré

  • -Au sein de l’armée, les anciens officiers coloniaux, puis ceux de droite, se disqualifient et s’excluent au fur et à mesure de leur passage au pouvoir.

Beaucoup d’étudiants, qui ont vécu en France après 1968 et milité à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), reviennent au pays et fondent des organisations politiques révolutionnaires. Ils s’engagent dans les syndicats et les radicalisent. En 1980, un putsch militaire reçoit le soutien d’un parti local lié à l’Internationale socialiste. Les officiers révolutionnaires s’organisent clandestinement autour de Sankara, qui devient de plus en plus populaire, et ils tissent des liens suivis avec le PAI et d’autres groupes révolutionnaires. Le groupe de Sankara obtient une première victoire avec sa nomination comme Premier ministre. Il sera finalement arrêté et mis en résidence surveillée, le 17 mai 1983, jour où le conseiller Afrique de Mitterrand, Guy Penne, est en visite officielle. Le 4 août est donc le résultat d’un long processus, mais aussi celui de la montée en puissance d’un mouvement populaire lié à des secteurs avancés de l’armée. La population affirme massivement son soutien les jours suivants, et elle s’organise en CDR.

Les droits des femmes ont été un des grands chantiers de la révolution...

B. Jaffré

  • - Au niveau des droits des femmes, il a eu des discours très radicaux contre l’excision, la prostitution et l’hypocrisie qui l’alimentait.

Sankara a essayé d’agir concrètement, en créant, par exemple, un marché local autour du coton, permettant aux femmes d’avoir des revenus du tissage artisanal, et obligeant les fonctionnaires à acheter les habits ainsi confectionnés. De façon symbolique, il a lancé des « journées des maris au marché », pour que les hommes connaissent le prix des denrées alimentaires. Des femmes sont entrées au gouvernement. Mais Sankara a été aussi mis en minorité sur certains projets, comme la question du salaire vital, qu’il défendait en argumentant que la libération des femmes burkinabés viendrait de leur libération économique vis-à-vis des hommes.

Sankara a été critiqué à propos des emprisonnements de syndicalistes et de l’interdiction du droit de grève. Pourquoi cet affrontement entre le régime sankariste et certains syndicats ?

B. Jaffré

  • -C’est en partie dû à la place du PAI dans la révolution. Ce parti avait cinq ministres et dirigeait le principal syndicat burkinabé.

Les premières oppositions sont apparues quand Sankara a voulu créer des comités de défense de la révolution dans les entreprises. Cela heurtait de fait la présence syndicale en tant que seule représentante des salariés. Les CDR, qui étaient élus, organisaient la vie des quartiers, la formation politique et mobilisaient les populations.

En sait-on aujourd’hui un peu plus sur les circonstances de l’assassinat de Sankara et la prise du pouvoir par Blaise Campaoré ?

B. Jaffré -Non. Il y a eu l’émission « Rendez-vous avec X », sur France Inter, intitulée « Vie et mort de Thomas Sankara » - que je conseille. Il y a un an, au cours d’une séance du tribunal de l’ONU sur la Sierra Léone, un général a évoqué la complicité de Charles Taylor dans l’assassinat de Sankara. Cela confirme l’implication de Compaoré dans le trafic de diamants, plusieurs fois évoquée par l’ONU. Aussi, Foccart et ses réseaux ne pouvaient supporter qu’un jeune trublion vienne déranger les intérêts français en Côte d’Ivoire voisine. Mais des enquêtes poussées restent à mener.

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lundi 22 mars 2010

_______Il faut « marabouter », toujours « marabouter »... encore « marabouter » ! Que faut-il penser d’un pays où la majorité de la population se regarde en riant, se donnant tapes amicales et franches accolades alors qu’ils vivent dans une jungle morale.

  • Que faut-il penser d’un pays où la majorité de la population se regarde en riant, se donnant tapes amicales et franches accolades alors qu’ils vivent dans une jungle morale ?

Le ministre-conseiller du président de la République, Issa Mbaye Samb, aurait été « marabouté ». Quelqu’un a même avoué être l’auteur des faits qui ont conduit à son rappel à Dieu. Dieu ? Les sénégalais doivent (re) lire Ahmadou Kourouma : « Allah n’est pas obligé ! »

  • Le modèle Sénégalais musulman est-il toujours opératoire ? Quelle est la part de mysticisme qui nous habite ? Et, surtout, comment font les gens pour défier les lois de la physique ? Notre cosmogonie Africaine ne règle pas les problèmes. Ainsi, il y a des gens qui ont la possibilité de « faire du mal à distance » en envoyant de mauvais sorts à des adversaires. Soi-disant adversaires. Pourtant, si cette science infuse devait avoir droit de cité au Sénégal, ses habitants devraient arrêter de revendiquer à tout bout de champ et du haut de leurs minarets leur islamité ; leur islamisme étant minoré par le caractère confrérique de leur religiosité.

Rationnel ? Un ministre-conseiller du président de la République, Issa Mbaye Samb, ancien ministre des Sports, vient de décéder et tout le pays est convaincu qu’il a été « marabouté ». En clair, un de ses ennemis s’est attaché les services d’un charlatan pour lui jeter un mauvais sort qui a eu raison de sa santé. Un homme a parlé à la presse pour dire qu’il était l’auteur des faits et a demandé pardon à la famille du défunt. Vivement que l’on maraboute nos pensées dans le bon sens ! L’info, c’est qu’un quidam, installé quelque part, peut vous trucider, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

Le débat tient aujourd’hui dans le fait qu’il ne faut plus parler du Sénégal comme « ce pays peuplé de 95% de musulmans ! » Un ancien homme politique rend l’âme ; toute la presse évoque sa mort comme surnaturelle et cela agrée toutes les pensées. On donne la « Une » à un mec qui reconnaît qu’il est l’auteur des « faits ». Intérieurement, par hypocrisie, beaucoup de Sénégalais refusent de reconnaître cette dimension de notre société. De peur qu’on les voit sur les chemins qui mènent aux masures des marabouts.

Notre société ne peut pas avancer si on s’en s’en tient à des considérations qui ne relèvent pas de l’ordre. Ils sont vraisemblablement capables de tuer un homme à distance mais ne peuvent créer le chais d’une aiguille, ou, mieux, honorer une facture par un travail qui aura une incidence sur notre contribution au développement de l’Humanité. Le mal, toujours le mal ! Si on est capable de jeter un sort, on doit, normalement, pouvoir guérir. Or, l’Afrique ploie sous toutes sortes de maladies. C’est le seul continent où rien ne s’invente !

L’autre terme du débat tient à des considérations plus que métaphysique mais que l’entretien d’un simple commerce des hommes peut ramener à un dualisme simple qui est le fondement même de la société : le bien contre le mal. Dans ce pays, c’est maintenant le deuxième concept qui est maintenant célébré. Nombreux sont aujourd’hui les huiles qui cherchent à entrer en contact avec ce fameux charlatan qui a eu raison des ambitions de Issa Mbaye Samb.

Il ne faut pas se tromper ; c’est un élément fondateur de notre société. Il ne fait, par contre, que renseigner sur le renversement moral qui nous habite. Le « maraboutage » est lâche par essence. On y va incognito car à court d’arguments cognitifs. On sourit aujourd’hui à la même personne à qui on a demandé la veille la perte. Dans les milieux professionnels où l’expertise est la plus demandée, des acteurs en arrivent à se demander s’ils ne rêvent pas ! Comment quelqu’un qui vient de travailler sur des systèmes de sécurité informatique, sur des mutations bactériennes, sur l’implication militaire du tir d’un missile de nouvelle génération par l’Iran, comment cet homme peut-il être réduit à penser qu’il est dans la fenêtre de tir d’un homme qui peut lui jeter un « mauvais sort », tout simplement parce qu’il écrase les convenances par sa compétences ? Comment ?

Regardez, on tous en mémoire cette image des seaux pleins d’une eau saumâtre que l’on verse sur nos pauvres footballeurs les heures qui suivent les matches. On est out pour les prochaines Can et Coupe du monde. Tout le Sénégal est convaincu que si on a battu la France en 2002, c’est à cause de pratiques occultes. Des entraîneurs « locaux » ont été nommés pour coacher l’équipe nationale A de football. Aussitôt, des prières sont montées des chaumières pour qu’on ne les « maraboute pas. » Roulez ballon ! On a des problèmes d’électricité, de bouffe, de scolarisation de nos enfants ; il y a plusieurs localités proches de notre capitale qui sont sous nos eaux. Les paysans bradent leur production arachidière, nos routes se dégradent à un rythme soutenu, nos politiques ne proposent que leurs personnes, pas de programmes ; où sont nos « charlatans-tueurs » ?

En écrivant son brulôt, « Et si l’Afrique refusait le développement ? », Axelle Kabou, a avoué qu’elle s’attendait à recevoir une volée de bois vert. Ce qui fut fait. Lors de son fameux discours tenu à l’Ucad II, à Dakar, le président Français, Nicolas Sarkozy, soutenait que « les Africains n’étaient pas assez rentrés dans l’Histoire ». Nouvelle volée de bois vert. Tout le pays est convaincu que l’ancien ministre a été victime d’un mauvais sort ; tout le monde s’en accommode. Si, comme tout le monde le dit, « c’est une réalité Africaine », c’est qu’on est mal barrés. Musulmans et Chrétiens, très pratiquants mais pas du tout croyants.

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_____Ce que vous proposez en matière d'AFRIQUE et de CULTURE : magie noire, sorcellerie, cérémonie occulte: (envoûtement - sorcier - divination - vaudou ... canibalisme ) la négritude: une arnaque qui dure

Pourquoi toujours ce mépris facile, qui semble n'attendre qu'une seule anecdote pour tirer des règles communes. UN sénégalais sort une parole déplacée, et c'est tout le Sénégal qui n'a rien à nous apprendre. UN antillais se fait arnaquer par un autre antillais et ca y est "plus jamais il ne fera d'affaires avec des antillais, tous fourbes, envieux et malhonnête. Un coolie réussit mieux qu'un nègre, et nous nous rappelons qu'ils furent des immigrés à bas prix...

J'espère juste que chaque blanc qui aura croisé un antillais stupide, ne se répand pas sur l'inutilité de TOUS les antillais.

Notre relation amour-haine avec l'Afrique nous bouffe une énergie dont nous avons besoin pour autre chose.

Et puis entre nous, ceux qui sont restés, ceux à qui des bandes de renégats ont "volé" un frère, une soeur, un père, une mère pour les "vendre", ceux là sont-ils tellement plus heureux que nous. Ne nous trompons pas de combat. Le crime de quelques nègres couillons et cupides ne doit pas salir notre regard sur tout un continent, qui saigne encore aujourd'hui de nous avoir perdus.

A la moindre anicroche, nous sommes plus féroces avec les africains qu'avec ceux qui jusqu'à maintenant reconnaissent à peine et du bout des lèvres l'enrichissement de la mère patrie, et nous parlent de "dette imaginaire" en nous considérant comme des français à part. Pourquoi tant d'intolérance entre nous, quand nous sommes si tolérants avec les autres, QUOI QU'IL NOUS FASSENT.

Pourquoi devrions nous, antillais ou africains, être meilleurs que les autres. Pourquoi ne pas admettre que parmi nous, il y a des gens très biens et des imbéciles. Encensons plutot ce que font les premiers et ignorons les seconds.

Et puis dayè pou yonn, nous sommes des descendants d'africians duits en esclavage, et alors. Nous sommes aussi des descendant de nègres mawon qui ont lutté pour leur liberté. Des descendants de coolies, venus en terre caraibe pour un avenir meilleur. Nous ne sommes pas des africains, nous ne sommes pas des zyndiens, nous ne sommes pas des blancs, nous l'avons été mais maintenant nous sommes des créoles. Les tribulatins malheureuses de notre histoire ne sont pas une honte, elles sont notre force.

Ka i yé on, alors nous allons continuer d'être aussi faibles, de donner à chaque couillon de la terre la satisfaction de nous écorcher l'âme juste en faisant référence à l'esclavage. L'esclavage est DANS notres histoire, il nous a rendus tel que nous sommes, avec nos faiblesses et nos grandeurs. Nous avons louvoyé, composé, créé nos codes et lutté pour survivre. Ca nous a rendus durs au mal et malgré tout ce que nous avons enduré, mi nou là.

Alors j'epère que cette personne à l'éroport a répondu sans haine "justement, mussieu la, descendante d'esclave SORTIE de l'esclavage ouais".

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ...

Florence Créole et fière de l'être

PS : le "mythe" de Gorée ... Coulirou donne des éléments très intéressants ... à suivre

Je suis très fier d'être descendant d'esclaves .Fier d'être descendants de révoltés et d'indiens de la caraibe.

Le Sénégal n'a pas connu l'esclavage comme nous!Ils n'ont rien à nous apprendre.

Il ya donc aussi des connards nègres, africains qui plus est. Comment, mais comment , chaque africain n'est il pas de part son origne, sa couleur de peau, le grennen de ses cheveux, un être au moins égal des dieux de n'importe quelle religion ?

Attention les filles. Vos commentaires vont déplaire aux lécheurs de graines africaines habituels de ce forum. grioo con..!

Oser ne pas défier les cons Africains, quelle horreur.! Quel crime inexpiable.!

NEGRES D'AFRIQUE CONTRE DESCENDANTS D'ESCLAVES

  • Il étaient venus en délégation en ce moi de juin 2007, pour souffler les bougies éclairant les 94 ans du poète Aimé Césaire. Un événement inoubliable. Un privilège. Un luxe identitaire. Mais le sacrilège a eu lieu, quand ils s'apprêtaient à remplir leur cahier d'un retour au pays natal. Eh oui des sénégalais avaient fait ce long voyage pour toucher du doigt un peu d'humanité.... Parmi eux, se trouvait ce qu'on peut sans risque appeler un "sénégaleux"...un être fait de chair et de sang...qui s'est permis suite à un simple problème de communication de traiter une employée d'un restaurant de l'aéroport...Aimé ...Césaire de "descendante d'esclave". Sans commentaire mais commenté ?

http://www.bondamanjak.com/content/view/2952/3/

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______Capacité en droit : Certificat de Capacité en Droit sorte de « baccalauréat juridique » Ce diplôme existe aussi dans certains pays francophones, notamment en Afrique Algérie, Bénin, Cameroun, Sénégal, .."noir" et la magistrature

Présentation

L'entrée en formation de Capacité en droit est accessible sans conditions de diplôme dès l'âge de 17 ans minimum. Parfois qualifié de diplôme de seconde chance, il est souvent reconnu comme un équivalent du baccalauréat, voire plus, par exemple dans le cadre de la validation des acquis. Néanmoins, elle ne permet que l'accès aux concours de niveau B et n'est pas un équivalent du D.A.E.U.

Il est la « vitrine sociale » des Facultés de droit, où il se prépare généralement, par cours du soir et le samedi, en deux ans, ce qui rend cette formation compatible avec une reprise d'études combinant une activé salariée ou d'autres études. Les enseignants sont généralement :

des professionnels du droit (juristes : avocats, notaires...) des enseignants professionnels (Professeurs d'Universités, maîtres de conférences, chercheurs...) des chargés de cours (doctorants en fin de thèse, attaché temporaire d'enseignement et de recherche...). Programme des deux années modifier La première année de formation est concentrée sur la découverte du droit public (généralement le droit constitutionnel, administratif et finances publiques) et du droit privé (généralement du droit civil et du droit commercial).

En deuxième année, il y a généralement encore des cours de droit administratif et de droit commercial (afin d'approfondir les connaissances). Cependant la seconde année permet une plus grande diversification des branches du droit, et dans certaines universités il y a des choix d'options. Du droit public (administratif spécial, droit fiscal), droit privé notarial, droit social, procédure civile, droit pénal, procédure pénale, droit de l'urbanisme, économie politique, etc. Chaque Université organise le diplôme à sa manière, mais le contenu des cours est souvent le même d'une Université à une autre, puisque le cadre légal de délivrance de ce diplôme est décidé au niveau national.

L'examen qui clôture chaque année comporte un écrit auquel il faut être reçu (épreuve d'admissibilité) avant de passer l'oral (épreuve d'admission). Il y a généralement deux sessions pour passer les examens. Une vers la fin de l'année universitaire (juin), une autre à la rentrée. Tout dépend des universités.

La Capacité en droit peut être préparée par correspondance, par l'intermédiaire du CAVEJ (Centre Audiovisuel d'Études Juridiques) commun aux universités de Paris et au CNED mais aussi à l'école Universelle, chez Educatel ou encore au sein du Réseau Pyramide organisé par l'Université Toulouse 1…

Concernant Toulouse, la Capacité en droit a été réformée, elle se déroule en 3 semestres donnant suite à un 4e semestre (2e semestre de license 1).

Utilité et débouchés Sorte de « baccalauréat juridique » aux vertus propédeutiques, ce diplôme confère automatiquement :

l'accès en première année de Licence en Droit (en seconde année de Licence en Droit sous condition d'avoir la moyenne de 15/20 pour l'ensemble des deux années) ou de DUT Carrières juridiques, ainsi que, sous conditions, à quelques autres formations profilées « droit ».

Il permet aussi de s'inscrire à beaucoup de concours administratifs de catégorie B, pour lesquels la Capacité peut constituer une bonne préparation, compte tenu de la similitude entre la méthodologie et le programme des cours, d'une part, et l'état d'esprit, ainsi que la nature de certaines des épreuves de ces concours, d'autre part.

Carrières dans le privé :

- Collaborateur juridique : même si la Capacité en Droit est fortement concurrencée par des diplômes plus élevés (BTS, Licence, voire Master), elle est encore appréciée, notamment pour des emplois de secrétariat juridique et administratif, dans les services généraux, de contentieux ou de gestion du personnel des entreprises, en particulier dans le domaine des assurances, de l'immobilier et des banques, ou comme collaborateurs des professions juridiques.

Une culture juridique à part entière.

Cette faculté offerte aux non-bacheliers d'intégrer ce qui était considéré comme les voies de l'élite a longtemps alimenté la polémique pendant les deux cents ans écoulées. On fera le parallèle avec la difficulté, de nos jours, à admettre facilement les tierces voies d'accès à quelques grandes écoles (École nationale d'administration, Institut d'études politiques de Paris, etc.). La critique s'étend aujourd'hui à la maquette du diplôme lui-même, qui dépend pour l'essentiel d'un décret du 30 mars 1956, et qui mériterait d'être toilettée, sans dénaturer toutefois ce qui fait l'essence même de ce diplôme : une accessibilité sans réserve et une formation citoyenne de par le choix des matières traitées.

Quelques personnalités connues détentrices de la capacité en droit modifier Gilles de Robien, ancien ministre de l'Éducation nationale, détiendrait une capacité en droit. Il n'aurait pas réussi à décrocher le baccalauréat et se serait alors orienté vers ce diplôme 1.

Jean-Louis Debré est titulaire d'une capacité en Droit. Il est aussi docteur en droit public, titulaire d'un diplôme d’études supérieures de droit public et d'un diplôme d’études supérieures de sciences politiques, licencié en droit, ancien élève de l’Institut d'études politiques de Paris et ancien élève de l’École nationale de la magistrature.

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samedi 20 mars 2010

_____« La cupidité est le moteur de la finance »... Le triomphe de la cupidité un moteur pour l'économie ... Ne pas comprendre la vraie nature sociale de la finance, c'est se condamner ..La monnaie est à l’économie ce que la langue est à la communication

BIBLE of the FINANCE

Joseph Stiglitz agace. Ceux qui, il y a quelques années, en ont fait une icône de leur mouvement, les altermondialistes, trouvent qu'il sert désormais avec trop de zèle les gouvernements (Stiglitz a travaillé pour l'équipe d'Obama et conduit aussi une mission de réflexion pour Nicolas Sarkozy). Même agacement chez beaucoup de ses confrères économistes pour qui, depuis qu'il est une star, Stiglitz « brade » sa parole en prenant position sur l'air du temps. Qu'importe... Avec son allure de gros chat gourmand installé dans un fauteuil confortable devant le feu de cheminée d'un hôtel du coeur de Paris, Stiglitz assume : « Ma célébrité me permet d'être pédagogue et de faire passer le message auquel je crois. » Farouchement opposé au capitalisme sauvage, il croit aux bienfaits que celui-ci peut engendrer à condition d'être encadré et régulé. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la sortie du « Triomphe de la cupidité ».

Les marchés monétaires et financiers sont nés de l’éthique. Il faut donc commencer par là ! L’éthique n’est pas une bénédiction de fin de journée pour se mettre en règle avec Dieu ou sa conscience : toute l’organisation financière procède d’un projet de société, d’un désir de communion qui s’étend aujourd’hui à toute la planète du fait de la dynamique de mondialisation. La monnaie n’a pas été inventée pour enrichir les banquiers. Elle a été créée pour faciliter les échanges en les multilatéralisant.

ont trop d’argent peuvent prêter à ceux qui n’en n’ont pas assez. Là aussi, on voit que la finance est au service d’une communion entre les hommes. La monnaie est donc le signe et l’instrument d’un pacte social qui n’a rien à voir avec un individualisme forcené et égoïste. Ne pas comprendre la vraie nature sociale de la finance, c’est se condamner tôt ou tard à la déroute, car elle ne peut pas fonctionner sans ce but collectif. La finance est au service de l’économie, et l’économie est au service de l’homme. L’éthique n’est donc pas un idéal qui viendrait contester le cynisme de la cupidité. L’éthique est le fondement absolument nécessaire de l’organisation financière si l’on veut que la technique ne devienne pas folle. La révolution communiste qui a voulu en finir avec l’économie sociale de marché n’a pas sauvé la Russie. Elle procédait d’un idéalisme inopérant et finalement destructeur. Mais la cupidité érigée en vertu n’a pas davantage sauvé l’Amérique. Ce cynisme anthropologique n’était pas plus réaliste. Car la cupidité est une pathologie aux conséquences dévastatrices elle aussi.

Oui, ce que le moine Evagre le Pontique (346-399) appelait les huit mauvais esprits qui sont devenus les sept péchés capitaux n’a rien de suranné. L’un de ces sept péchés a été traduit par le mot « avarice ». Mais il s’agit en fait de la cupidité, c'est-à-dire d’un rapport maladif à la richesse.

Dans la tradition biblique, la richesse n’est pas un mal. [Elle est une bénédiction de Dieu] à condition de ne pas en faire un dieu.

L’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître.

  • Il n’est pas rationnel d’organiser sa vie personnelle et la vie sociale autour du seul

objectif d’enrichissement, car la richesse suprême, dans la tradition biblique, est : l’amour fraternel, expression du divin, car « Dieu est amour » (1 Jn, 4,16). La motivation vraie, durable et constructive de l’homme n’est donc pas la cupidité mais l’amour fraternel. Elle se construit par l’éducation dès le plus jeune âge. Elle est le substrat éthique qui permet le fonctionnement efficient des marchés : « Que votre oui soit un oui et que votre non soit un non » (Mt 5,37). Toute crise financière possède donc une dimension technique mais aussi une dimension éthique, car le fonctionnement des marchés est lié à la culture, comme l’a noté très tôt Max Weber dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Une économie sociale de marché ne pourra fonctionner durablement que si les agents économiques usent avec sagesse des choses qui passent pour s’attacher à celle qui ne passe pas, c'est-à-dire l’amour fraternel. Mépriser cette réalité spirituelle, c’est s’exposer à des bulles spéculatives qui peuvent nuire au développement économique réel.



paradoxe a pour source le cœur de l’homme qui est « compliqué et malade » (Jr 17,9). Il revient à la famille, à l’école, aux associations et aux communautés religieuses d’éduquer à un juste rapport à l’argent, qui se traduit par les vertus de détachement, de travail et de partage.



Refuser cette dimension éthique à l’homme et ne pas la faire grandir dans le monde, c’est détruire les bases sociales d’une meilleure allocation des ressources. C’est donc contribuer au malheur immédiat des pauvres, au déséquilibre écologique de la planète et à la misère spirituelle des riches.

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lundi 15 mars 2010

____Les guerre des banlieues n'aura pas lieu en AFRIQUE ... « Nos partenaires du nord ne doivent pas être nos maîtres », pour fomenter des troubles dans plusieurs pays d’AFRIQUE.. Notamment la france

...La guerre des banlieues n'aura pas lieu en AFRIQUE ... « Nos partenaires du nord ne doivent pas être nos maîtres », et la France ne doit pas se réfugier derrière des traités militaires et des formules de partenariat avec des états pour fomenter des troubles dans plusieurs pays d’Afrique

a déclaré Paul KAGAME

Les autorités françaises n’arrivent plus a démentir les accusations renouvelées du président Rwandais mettant en cause le rôle prépondérant joué par des conseillers militaires français et corroboré par le général DALLAIRE que les officiels français n’auront pas réussi à mettre un bémol à KAGAME dans ses déclarations fracassantes. Paul BARRIL et ses acolytes de la DGSE songeraient-ils à l’assassiner ou avaient-ils songé dans un passé lointain à le museler en prenant cette initiative pour souscrire à ce contrat après avoir décidé de surseoir à ce projet ?.

Qui a assassiné François de GROSSOUVRE, l’éminence grise de Mitterrand, le 7 Avril 1994, 24h après la destruction du Falcon 50 ?. BARRIL ?. Hautement improbable, il a un alibi en béton, car ce jour-là, il se trouvait à KIGALI et pour quelles raisons ?.

Les neuf mandats d’arrêts internationaux délivrés délibérément et abusivement à l’encontre des proches du président KAGAME, y compris lui-même, couvert pourtant par l’immunité, par le juge antiterroriste de toutes les controverses, J.L.BRUGUIERE, pourvu d’une objectivité défaillante n’auront pas réussi à clore une page de l’histoire tragique pour le Rwanda que la France coupable a du mal à occulter sa responsabilité dans les crimes abominables de 1994, qui s’avèrent de plus en plus crédibles et authentiques.

La thèse de l’implication de la France avérée et confirmée dans le génocide du Rwanda se précise de plus en plus avec le temps. « Nos partenaires ne doivent pas être nos maîtres », a déclaré Paul KAGAME et la France ne doit pas se réfugier derrière des traités notamment militaires et des formules de partenariat avec des états pour fomenter des troubles dans plusieurs pays d’Afrique, et plus récemment en Centrafrique. Les neuf mandats d’arrêts internationaux délivrés délibérément et abusivement à l’encontre des proches du président KAGAME, y compris lui-même, couvert pourtant par l’immunité, par le juge antiterroriste de toutes les controverses, J.L.BRUGUIERE, pourvu d’une objectivité défaillante n’auront pas réussi à clore une page de l’histoire tragique pour le Rwanda que la France coupable a du mal à occulter sa responsabilité dans les crimes abominables de 1994, qui s’avèrent de plus en plus crédibles et authentiques.

Les autorités françaises n’arrivent plus a démentir les accusations renouvelées du président Rwandais mettant en cause le rôle prépondérant joué par des conseillers militaires français et corroboré par le général DALLAIRE que les officiels français n’auront pas réussi à mettre un bémol à KAGAME dans ses déclarations fracassantes. Paul BARRIL et ses acolytes de la DGSE songeraient-ils à l’assassiner ou avaient-ils songé dans un passé lointain à le museler en prenant cette initiative pour souscrire à ce contrat après avoir décidé de surseoir à ce projet ?. Qui a assassiné François de GROSSOUVRE, l’éminence grise de Mitterrand, le 7 Avril 1994, 24h après la destruction du Falcon 50 ?. BARRIL ?. Hautement improbable, il a un alibi en béton, car ce jour-là, il se trouvait à KIGALI et pour quelles raisons ?.

La rupture des relations diplomatiques entre PARIS et KIGALI est intervenu le 24 Novembre 2006 après que J.L.BRUGUIERE ait choisie délibérément l’option de brouiller les pistes en brocardant l’image d’un chef d’état très éprouvé par le génocide de 1994, et après une enquête houleuse mise à mal par des incohérences, freinée à plusieurs reprises par ce juge qui a préféré s’orienter vers des impasses en trouvant le sésame, véritable viatique des mandats d’arrêts internationaux pour faire taire à jamais le principal accusateur de la France. Comment ce juge a-t-il pu se permettre d’introduire en justice avec autant de liberté et en toute partialité un dossier aussi léger, stérile et incohérent, qui n’aurait jamais pu être accepté par aucune juridiction pénale internationale ?.

Alors que le président rwandais, Paul Kagamé qui semblerait détenir les preuves de l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 », celui-ci a dénoncé avec véhémence l’ordonnance du juge Bruguière le mettant en cause dans l’attentat qui, le 6 avril 1994, a déclenché le génocide des Tutsis, l’heure était à la contre-riposte. Quoi que certains aient pu dire, le terme de Génocide s’applique bel et bien à ces événements d’une extrême gravité après la fin de la seconde guerre mondiale en 1945. Le président rwandais, Paul Kagamé, on le sait, n’apprécie pas du tout l’attitude belliqueuse du juge français Jean-Louis Bruguière qu’il accuse de vouloir déformer l’histoire récente de son pays et de traduire son président devant le TPIR. Il l’a d’ailleurs redit lors d’une interview qu’il a accordée, le vendredi 29 décembre dernier, à un groupe de journalistes ivoirien. Le chef de l’Etat ivoirien et son homologue rwandais se liguent contre la France.

Le premier manipule le drame qu’a connu le pays du second pour accabler l’ex puissance colonisatrice de tous les maux que connaît la Côte d’Ivoire en raison de l’ingérence inadmissible de la France dans ce pays qui veut se maintenir contre vents et marées. Franchira-t-elle le Rubicon comme au Rwanda en perpétrant des massacres à grande échelle pour se nourrir de la pitance d’autrui avec l’aide de cette sacré rapine ?.

Le monde ne voulait rien savoir du Rwanda. Les Rwandais, considérés comme des fourmis ne comptent pas dans les enceintes où les grands de ce monde prennent les décisions et savent qui soutenir pour faire fructifier leurs intérêts. Chacun se souvient de la centaine de morts, victimes d’un bombardement, sur le marché de Sarajevo. Mais les 800 000 morts Tutsi sont presque oubliés aujourd’hui et leur mémoire a jamais effacés. Il y a ceux qui comptent, les Yougoslaves blancs, européens et ceux qui ne comptent pas, les Noirs en plein cœur de l’Afrique et ceux qui seront victimes d’un prochain génocide. » (Général Dallaire, commandant des casques bleus, lors d’une Conférence de Presse à Paris le 16 février.). En 2004, il est consternant et odieux que peu de chefs d’état aient pris la peine de se rendre à Kigali où se déroulaient les cérémonies du dixième anniversaire du génocide, les autres montrant plutôt un intérêt et un engouement manifeste pour les commémorations de l’« holocauste » juif en se recueillant un peu partout dans le monde devant le mémorial aux morts juifs.

N’est-ce pas la démonstration même de l’indifférence des puissances occidentales et de l’ONU qui savait à l’avance ce qui allait se tramer à l’égard de la tragédie qui a dévasté le Rwanda et causé la mort d’un million de personnes ?. Toute la campagne d’intox et de supercherie tous acabit visant à attribuer au président en exercice rwandais tous les griefs et chefs d’accusation portés à l’encontre de sa personne n’aura pas suffi à ébranler la volonté de ce président d’aller toujours de l’avant et d’envisager avec des éléments d’information nouveaux ou largement préjudiciable pour la partie adverse et détractrice de déposer plainte devant d’autres juridictions pénales compétentes.

Toutes les preuves fabriquées contre lui et les accusations jamais étayées n’auront pas réussi à étouffer des voix discordantes à la thèse sulfureuse et osée qu’a voulu véhiculer le juge antiterroriste J.L.BRUGUIERE dans sa fausse conclusion alors qu’il ne fait plus aucun doute de l’implication active des militaires français dans le génocide de 800.000 tutsis et qu’aucune preuve ne puisse accréditer la thèse que le président Paul KAGAME aurait peaufiné un plan minutieusement concocté pour abattre l’avion présidentiel type « Falcon 50 » le 6 Avril 1994, même avec des moyens sophistiquées (encore il n’est toujours pas prouvé comment il se serait procuré les missiles SAM et les ait fait introduire dans une enceinte très surveillé) dans une zone largement contrôlée par des agents de la garde présidentielle d’Habyarimana, des gendarmes français et belges. Ce même 6 Avril 1994, plusieurs événements inexpliqués se seraient succédés, comme le passage en coup de vent de l’agent de la DGSE, Paul BARRIL à KIGALI et l’assassinat de François de GROSSOUVRE, 24 h plus tard du conseiller aux affaires africaines, responsable des chasses présidentielles, ex-éminence grise du président de la République François MITTERRAND, dans son bureau de l’Elysée, qui sera passé immédiatement au peigne fin par les gendarmes de l’Elysée bien avant que la police judiciaire ne débarque, et confirme la thèse du suicide.

Et le 27 avril 1994, les organisateurs du Génocide au RWANDA étaient reçus à l’Elysée en grande pompe et à Matignon (Paris, France). Dans son livre, L’inavouable-La France au Rwanda, le journaliste du Figaro, Patrick de Saint-Exupéry, accuse des soldats français d’avoir « formé, sur ordre, les tueurs du troisième génocide du XXe siècle ».

  • - L’OPERATION « INSECTICIDE », UN PROGRAMME D’EXTERMINATION MASSIVE

’’Les officiers militaires français ont formé les meurtriers dans le génocide’’, affirme De Saint-Exupéry dans son livre ’L’Inavouable - La France au Ruanda’. ’’Ils avaient fait cela sur ordre, en enseignant à l’armée rwandaise des stratégies et tactiques de contre insurrection’’. Et pourquoi ne pas avoir jugé le principal responsable qui a joué un rôle majeur dans l’affaire « Insecticide » ou Paul Barril a signé un contrat de 1 200 000 dollars avec le gouvernement génocidaire et mené un programme de formation d’une unité d’élite portant sur le tir et les techniques d’infiltration afin de mener à bien tout un programme d’extermination de la population rwandaise y compris les témoins occulaires ?. Paul Barril qui n’a pas été entendu par la mission parlementaire aurait joué un rôle prépondérant au premier plan dans la tuerie de 800.000 tutsis, et la ou le bât blesse, c’est qu’il n’aura jamais à répondre de ses actes de crapulerie pour ne pas dire de terrorisme trans-frontalier et ne sera jamais inquiété en conséquence devant le juge antiterroriste J.L.BRUGUIERE qui reprendra la thèse officielle qui veut que ce soient les extrémistes Hutus eux-mêmes qui aient perpétré l’attentat pour justifier un génocide planifié. Alors que dans le climat de confusion extrême induit par la situation insurrectionnelle provoquée par la destruction de l’aéronef présidentiel, de nombreuses rumeurs avaient circulé sur l’origine de l’attentat.

Ainsi, dès le 7 avril au matin, une première rumeur d’origine rwandaise mettait en cause des militaires belges, membres de la Mission des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) comme étant à l’origine de l’attentat avec l’élimination de témoins gênants à proximité du drame et puis comment expliquer qu’on ait mis deux présidents dans le même avion en Tanzanie pour se rendre au Rwanda ?. Pourquoi le juge BRUGUIERE ne fait aucune mention de la mort des trois gendarmes français se trouvant sur le sol rwandais (on parle excessivement des trois membres de l’équipage du Falcon 50 qui ont péri ?) ?. Pourquoi est-il question des plaintes des familles des trois membres d’équipage déposé 3 ans après le crash qui aurait mobilisé le juge J.L.BRUGUIERE et jamais « les plaintes ? » des 3 gendarmes français morts ?. Pourquoi la curiosité du juge J.L.BRUGUIERE concernant la pièce à conviction majeure relative à la boite noire ne se soit jamais aiguisée ?. Pourquoi ce juge qui ne s’est jamais déplacé au Rwanda pour enquêter n’a jamais eu les yeux rivés sur cette boîte noire qui moisit à l’ONU, préférant se focaliser sur Paul KAGAME l’incriminant de tous les maux ?.

De plus les déclarations contradictoires du Colonel belge Luc Marchal au Tribunal Pénal International pour le Rwanda pour ensuite donner une toute autre version sont évidemment le résultat de pressions et de manipulations excessives

(http://www.africatime.com/rwanda/popup.asp ?no_nouvelle=296625).

- DES QUESTIONS EN SUSPENS.

Les défenseurs de Paul KAGAME qui réfute les accusations de J.L.BRUGUIERE et le récuse s’appuie sur ce fait qui ne semble pas anodin à priori mais qui aurait laissé le juge antiterroriste vde marbre :

« Le lieu du crime de Masaka est estimé à vol d’oiseau à 8 km du campement du FPR. Il est difficilement concevable que le FPR ait pu infiltrer une telle force transportant les missiles et lances missiles si lourds, de la tombé de la nuit à 18h30 et pouvoir exécuter l’assassinat à 20h20, et revenir au point de départ, dont au total 16 km à pieds sans se faire remarquer dans un rayon si court de moins de 10 km parsemés d’embûches avec explosifs, de patrouilles et de barrières militaires tant françaises que rwandaises ».

La date charnière, cruciale du 7 Avril doit être présent dans tous les esprits car Paul BARRIL s’est rendu de toute urgence à KIGALI pour mettre la main sur la boite noire du Falcon 50, effacé des indices compromettants et dans le but de la mettre en sécurité dans les bureaux de l’ONU. Une pièce à conviction qui se révélera inutile car J.L.BRUGUIERE, un juge partiale antiterroriste n’aura jamais la présence d’esprit de l’exploiter et de la faire parler, afin de ne pas révéler l’identité exacte des commanditaires de l’attentat. La responsabilité des massacres n’a pas été pleinement établie dans toute son étendue car tout a été fait pour que l’enquête ne puisse jamais aboutir de manière approfondie.. Bruguière accuse Kagamé d’avoir provoqué le génocide contre son propre peuple en tuant Habyarimana, mais le nouveau régime rwandais tutsi accuse des officiers de l’armée française commandant la force onusienne de maintien de la paix, l’ « Opération Turquoise » mandaté durant le règne de Mitterrand, un tueur invétéré, d’avoir formé, armé et protégé des milices hutues avant et pendant le génocide.

- QUI A ASSASSINE François de GROSSOUVRE ?.

Ce même jour, en l’occurrence le 7 Avril 1994, François de GROSSOUVRE, conseiller de François Mitterrand et un intime de la « Mitterrandie » était retrouvé mort dans son bureau de l’Élysée, tué d’une balle dans la tête, 24h après le crash du « Mystere » 50. Il est de notoriété publique de savoir que lorsqu’on a affaire à un prétendu suicide, la police mène une enquête pointue, méticuleuse : enquête de voisinage, recueillement de témoignages, expertise à l’institut médico-légal, etc. Il s’avère que le permis d’inhumer est délivré seulement lorsque toute la lumière est faite sur les mobiles du suicide, la cause de la mort et que l’enquête est terminée. Pour ce suicide, aucune enquête n’a été faite et le permis d’inhumer a été immédiatement donné et les fossoyeurs ont vite fait de se mettre au travail. Les mauvaises langues ne peuvent s’empêcher de penser que l’absence d’enquête a été décidée car elle aurait pu permettre de découvrir des informations dangereuses pour François Mitterrand, sa politique néocolonialiste en Afrique ou son entourage proche. Par exemple, le Dr Claude GUBLER pense que François de GROSSOUVRE aurait pu être assassiné et que l’assassinat aurait été maquillé en suicide. Des rumeurs ont couru, d’autant que des gendarmes de la présidence ont fouillé en douce son appartement de fonction de fond en comble et au peigne fin même pour mettre la main sur lev moindre indice insignifiant, et ce, bien évidemment que la police judiciaire perquisitionne. Patrick de Grossouvre, fils du défunt, s’étonne de n’avoir « jamais retrouvé un manuscrit de souvenirs que son père avait mis en chantier.

Et pourquoi ne pas avoir accusé encore le président KAGAME et ses proches d’avoir assassiné le proche conseiller aux affaires africaines, François de GROSOUVRE, ami de Paul Barril, qui, lui-même ne croit pas en la version du suicide. BARRIL a l’exclusivité d’avoir été traîné dans la boue mais de s’en être miraculeusement sorti, dans l’attentat de l’avion présidentiel le 6 Avril 1994, d’avoir peaufiné une stratégie d’élimination physique de près d’un million de tutsis. Comment croire que KAGAME serait un stratège militaire hors du commun ou du moins son commando n’était pas des humains car ils ont pu infiltrer avec une facilité déconcertante la zone contrôlée par une force la plus interventionniste en Afrique supplée par la garde présidentielle jusqu’à commettre un tel acte de bravoure et par dessus tout y sortir sans être inquiété, sans aucun échange de tirs visant à appréhender les assassins en fuite. La responsabilité des massacres n’a pas été pleinement établie. Bruguière accuse Kagamé d’avoir provoqué le génocide contre son propre peuple en tuant Habyarimana, mais le nouveau régime rwandais tutsi accuse des officiers de l’armée française commandant la force onusienne de maintien de la paix, baptisée « Opération Turquoise » d’avoir formé, armé et protégé des milices hutues avant et pendant le génocide. Il convient enfin de souligner que le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, créé le 08 novembre 1994 par la résolution 955 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour connaître des faits de génocide et de crimes contre l’Humanité commis au Rwanda entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994, n’a pas voulu enquêter sur l’ attentat du 6 avril 1994 mais a par contre donné son aval au juge J.L.BRUGUIERE pour examiner son rapport farfelu, biscornu et de donner probablement un bien fondé au mandats d’arrêts internationaux contre l’équipe gouvernementale du président rwandais. Comment le TPIR qui s’est totalement désintéressé de l’attentat du 6 Avril 1994 en refusant de diligenter une enquête exhaustive n’a pas émis une fin de non recevoir sur cette même affaire reprise par J.L.BRUGUIERE qui atteste en vociférant qu’il aurait provoqué des massacres en chaîne et qui du même temps a suscité toute l’attention des juges du TPI, qui dans un premier temps l’avait déclaré irrecevable ?. Sans commentaire car des pressions ont bel et bien eu lieu par les officiels français sur le TPIR, ce qui prouve évidemment entre autre que l’appareil judiciaire français tributaire des magistrats, tributaires eux-mêmes de la mainmise de l’état dans certaines affaires délicates, peut être aisément influencé et dicté par les plus hautes sphères de l’Elysée. Bien évidemment, un acte d’accusation, fût-il étayé par une enquête solide, n’est pas un procès. Mais on peut observer qu’après avoir empêché toute investigation nationale ou internationale (aidé par de puissants sponsors semble-t-il), le président rwandais s’est désisté des procès qu’il avait intenté ou envisagé d’intenter contre des journalistes français (dont Pierre Péan et Charles Onana). Raison de plus pour que le Tribunal Pénal International se saisisse enfin de l’affaire, cette fois, afin que la lumière soit faite sur cet épisode crucial d’une des plus grandes tragédies du siècle passé. Et pour que justice soit rendue. Malheureusement on ne peut pas dire que ce JUGE soit d’une objectivité sans faille. Ces conclusions sont dans la droite ligne des desiderata d’une partie de la classe politique française qui a souscrite à commettre de grossières et grotesques entorses à la vérité qu’elle confisqué à des faits pourtant avérés et qui a quelques turquoiseries à faire oublier ce que la France a orchestré au Rwanda, maintenant en Côte d’IVOIRE et en Centrafrique Françafricaine ou :

« Silence ! La France tue dans la région du nord-est », c’est le titre d’un journal d’opposition centrafricain, excédé par cette redite d’intervention militaire française en Afrique centrale. »

(http://www.afrikara.com/index.php ?page=contenu&art=1553).

Et Bruguière annonce qu’il sera candidat aux prochaines législatives sous l’égide de Sarkozy. Apolitique, impartial et sans parti pris, ce juge qui se focalise sur la lutte antiterroriste mais jamais sur ses coreligionnaires de l’Hexagone.. Prions pour que la justice, la vraie puisse rattraper un jour J.L.BRUGUIERE. Avec l’alliance GBABO-KAGAME, l’avertissement devra être entendu par les fonctionnaires du Quai d’Orsay qui devraient songer sérieusement à abandonner leur position en Côte d’Ivoire. Mais Gbagbo et ses partisans qui accusent à leur tour, depuis 2002, la France d’être à l’origine de la guerre en Côte d’Ivoire n’ont pas le courage de faire ce que le Rwanda a fait. Pourtant, rien n’empêche Gbagbo de faire comme Kagamé en rompant toute relation diplomatique avec la France, de cesser de courber l’échine et de faire des courbettes. Gbagbo admire Kagamé, mais n’a pas son courage et sa détermination sans failles pour réclamer le départ de la force « LICORNE » qui s’est trop conforté et incrusté dans le paysage médiatique ivoirien.

L’histoire de la France en Afrique personne ne la connaît. Nous la découvrons tous avec horreur. C’est hallucinant et effroyablement sanglant ! Et c’est pareil aujourd’hui. Pour l’intervention de la France en Côte d’Ivoire, l’Elysée n’a pas consulté le Parlement. Les avions ivoiriens que la France a détruits en novembre 2004, cela a été fait sur ordre de l’Elysée. On est encore dans le domaine réservé ! Il est aussi tragique de constater que toutes ces opérations sanglantes entreprises par la France en Afrique se sont toutes plus au moins soldées par des catastrophes politiques et humaines afin de donne priorité à leurs intérêts et leur cupidité excessive. Ce ne sont que des échecs sur échecs cumulés. Et ce sont véritablement des échecs criminels ! La France sera toujours le facteur complicateur et aggravant de plusieurs crises sévissant en Afrique.

Les officiels français qui ont coutume d’avoir eu recours à des expédients magiques style « accords de Marcoussis » pour pouvoir se maintenir sur le sol Africain et sauvegarder leur interets ne semble faire plus recette avec le Rwanda ou ce pays a décidé de couper les ponts avec la France.

« Nos partenaires ne doivent pas être nos maîtres » (Dixit Paul KAGAME)

« la France ne doit pas se réfugier derrière des traités, des formules de coopération, notamment militaires et des formules de partenariat avec des états pour fomenter des troubles dans plusieurs pays d’Afrique, et plus récemment en Centrafrique Françafricaine pour reconstituer son empire coloniale, conforter ses positions qui commencent à s’effriter en Côte d’Ivoire et plus précisément de façon spectaculaire au Rwanda afin de protéger sa pitance à l’aide de cette sacré rapine ». (Dixit minou99)

15 mars 1843 : De Montagnac : « Anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. » (Algérie) Officier durant la conquête de l’Algérie, le lieutenant-colonel de Montagnac écrit à Philippeville le 15 mars 1843 : « Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied. Qui veut la fin veut les moyens, quoiqu’en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. ... Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. » Cette doctrine aurait été reprise par Le général Lafourcade (Tortionnaire version 1994) qui a commandé l’Opération Turquoise sous une autre forme néocolonialiste.

Quelques réflexions sur le colonialisme et la colonisation : Quelques citations à propos de la colonisation Quelques citations à propos de la colonisation • Jules Ferry

"Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le droit de civiliser les races inférieures". "Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux. Au temps où nous sommes et dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d’une colonie, c’est la création d’un débouché... Messieurs, dans l’Europe telle qu’elle est faite, dans cette concurrence de tant de rivaux que nous voyons grandir autour de nous, la politique de recueillement ou d’abstention, c’est tout simplement le grand chemin de la décadence". Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885.

• Joseph Chamberlain

"Une nation est comme un individu : elle a ses devoirs à remplir et nous ne pouvons plus déserter nos devoirs envers tant de peuples remis à notre tutelle. C’est notre domination qui, seule, peut assurer la paix. la sécurité et la richesse à tant de malheureux qui jamais auparavant ne connurent ces bienfaits. C’est en achevant cette oeuvre civilisatrice que nous remplirons notre mission nationale, pour l’éternel profit des peuples à l’ombre de notre sceptre impérial (...) Cette unité (de l’Empire) nous est commandée par l’intérêt : le premier devoir de nos hommes d’État est d’établir à jamais cette union sur la base des intérêts matériels (...)Oui, je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connues, en cette race anglo-saxonne, fière, tenace, confiante en soi, résolue que nul climat, nul changement ne peuvent abâtardir et qui infailliblement sera la force prédominante de la future histoire et de la civilisation universelle (...) et je crois en l’avenir de cet Empire, large comme le monde, dont un Anglais ne peut parler sans un frisson d’enthousiasme (...) Joseph Chamberlain, Discours, Ministre anglais des colonies en 1895.

• Francis Garnier

"Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l’extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l’appât du gain ? Cette nation généreuse dont l’opinion régit l’Europe civilisée et dont les idées ont conquis les monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l’émancipation, de l’appel à la lumière et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l’ignorance et du despotisme. Eteindra-t-elle en ses mains le flambeau de la civilisation vis-à-vis des ténèbres profondes de l’Annam ?"

• Francis Garnier, La Cochinchine française en 1864 , E. Dentu éd., 1864, pp. 44-45.

• Merignhac

"Coloniser, c’est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l’intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privés les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures. La colonisation est donc un établissement fondé en pays neuf par une race avancée, pour réaliser le double but que nous venons d’indiquer." Merignhac, Précis de législation et d’économie coloniales, 1882.

• Albrecht Wirth

"Un peuple a besoin de terre pour son activité, de terre pour son alimentation. Aucun peuple n’en a autant besoin que le peuple allemand qui se multiplie si rapidement, et dont le vieil habitat est devenu dangereusement étroit. Si nous n’acquérons pas bientôt de nouveaux territoires, nous irons inévitablement à une effrayante catastrophe. Que se soit au Brésil, en Sibérie, en Anatolie ou dans le sud de l’Afrique, peu importe, pourvu que nous puissions à nouveau nous mouvoir en toute liberté et fraîche énergie, pourvu que nous puissions à nouveau offrir à nos enfants de la lumière et de l’air d’excellente qualité et quantité abondante." Albrecht Wirth,Volkstum und Weltmacht in der Geschichte 1904.

• Kopsch

"La question des indigènes doit être résolue uniquement dans le sens de l’évolution naturelle de l’histoire universelle, c’est-à-dire que la moralité supérieure doit avoir le pas sur la civilisation inférieure. L’État moderne, en tant que puissance coloniale, commet vis-à-vis de ses sujets le plus grand des crimes, lorsque se laissant hypnotiser et dominer par de confuses idées humanitaires, il épargne aux dépens de ses propres nationaux des races nègres vouées à disparaître." Kopsch Discours au Reichstag .Histoire 3eme, Bordas 1971, p 175.

• Ernest Renan

"La nature a fait une race d’ouvriers. C’est la race chinoise d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice en prélevant d’elle pour le bienfait d’un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre : soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l’ordre ; une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien." Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale, 1871.

• Georges Clemenceau

"Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! ... Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n’est autre chose que la proclamation de la puissance de la force sur le Droit.." Georges Clemenceau, Discours devant la Chambre des Députés, 30 juillet 1885.

• Aimé Césaire

"Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est que l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique". Aimé Césaire, p. 11-12 Discours sur le Colonialisme, 1950.

"Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies." "J’entends la tempête. On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes." "Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées." "On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer." "Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse." "Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme." "On m’en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d’hectares d’oliviers ou de vignes plantés." "Moi, je parle d’économies naturelles, d’économies harmonieuses et viables, d’économies à la mesure de l’homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières." Aimé Césaire, p. 21-22 Discours sur le Colonialisme, 1950.

Minou99 Militant des droits de l’homme pour LBS Le 16 Janvier 2007

http://labanlieuesexprime.org/article.php3?id_article=1597

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_____Comment se construisent les légendes noires. Les « Protocoles des Sages de l’Islam » A force de répétition mensongère se forme l’idée qu’il existerait un complot islamique mondial

Pour justifier l’apartheid en Palestine et la guerre israélienne contre le peuple palestinien, les médias atlantistes recourent à la technique classique des légendes noires. A force de répétition mensongère se forme l’idée qu’il existerait un complot islamique mondial disposant d’un plan global que l’on pourrait appeler « Les Protocoles des Sages de l’Islam », par référence au faux antisémite diffusé par la police tsariste. Le philosophe et historien italien, Domenico Losurno, analyse ici cet artifice de propagande au regard de quelques références historiques.

En feuilletant sur Internet les réactions à mon dernier livre Stalin, Storia e critica di una leggenda nera (Staline, Histoire et critique d’une légende noire), apparaissent à côté de commentaires largement positifs quelques signes d’incrédulité : est-il donc possible que les infamies attribuées à Staline et accréditées par un consensus général soient le plus souvent le résultat de distorsions et parfois de véritables falsifications historiques ?

C’est à ces lecteurs en particulier que je voudrais suggérer une réflexion à partir des événements de la chronique de ces jours ci. Nous avons tous sous les yeux la tragédie du peuple palestinien à Gaza, d’abord affamé par le blocus et maintenant envahi et massacré par la terrible machine de guerre israélienne. Voyons comment réagissent les grands organes d’ « information ». Sur le Corriere della Sera du 29 décembre, l’éditorial de Piero Ostellino sentence : « L’article 7 de la Charte de Hamas ne défend pas seulement la destruction d’Israël, mais l’extermination des juifs, comme l’affirme le président iranien Ahmadinejad ». On notera que, tout en faisant une affirmation extrêmement grave, le journaliste ne rapporte aucune citation textuelle : il exige d’être cru sur parole.

Quelques jours plus tard (3 janvier) sur le même quotidien, Ernesto Galli della Loggia remet ça. À la vérité, celui- ci ne parle plus de Ahmadinejad. Peut-être s’est-il aperçu de la bévue de son collègue. Après Israël, l’Iran est le pays du Proche-Orient qui abrite le plus de juifs, (20.000), et ceux-ci ne semblent pas subir de persécutions. En tout cas, les Palestiniens des territoires occupés ne pourraient qu’envier le sort des juifs qui vivent en Iran, lesquels non seulement n’ont pas été exterminés mais ne doivent même pas faire face à la menace de « transfert », que les sionistes les plus radicaux projettent sur les arabes israéliens.

Évidemment, Galli della Loggia survole ça de haut. Il se borne à se taire sur Ahmadinejad. En compensation, il augmente la dose sur un autre point essentiel : le Hamas ne se borne pas à exiger « l’extermination des juifs » israéliens, comme l’affirme Ostellino. Il ne faut pas s’arrêter à mi-chemin dans la dénonciation des méfaits des barbares : « Hamas souhaite l’élimination de tous les juifs de la face de la terre » (Corriere della Sera, du 3 janvier). Dans ce cas aussi, on n’apporte pas l’ombre d’une preuve : la rigueur scientifique est la dernière préoccupation de Galli della Loggia, à qui il faut par contre reconnaître le courage de défier le ridicule : selon ses analyses, les « terroristes » palestiniens se proposent de liquider la machine guerrière non seulement d’Israël mais même celle des USA, afin de terminer les infamies dont l’éditorialiste du Corriere della Sera dénonce l’ampleur planétaire.

Par ailleurs, ceux qui sont capables d’infliger une défaite décisive à la superpuissance mondiale, en plus d’Israël, peuvent bien aspirer à la domination mondiale. En somme : c’est comme si Galli mettait finalement à jour Les Protocoles des Sages de l’Islam !

Et tout comme, à leur époque, Les Protocoles des Sages de Sion, Les Protocoles de Sages de l’Islam ont désormais valeur de vérité acquise, et ne nécessitent aucune démonstration. Sur La Stampa du 5 janvier, Enzo Bettiza donne immédiatement la signification des bombardements massifs d’Israël, déchaînés depuis le ciel, la mer et la terre, avec recours d’ailleurs à des armes interdites par les conventions internationales, contre une population substantiellement sans défenses : « C’est une opération de gendarmerie drastique et très violente d’un pays menacé d’extermination par une secte qui a juré de l’extirper de la face de la terre ».

Cette thèse, répétée à l’obsession, vient s’inscrire dans le cadre d’une tradition bien précise. Entre le 18ème et le 19ème siècle le modéré abbé Grégoire se battait pour l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises : il allait être taxé de leader des « blancophages », ces noirs barbares et avides de se repaître de chair des hommes blancs. Quelques décennies plus tard, quelque chose de similaire se passa aux États-Unis d’Amérique : les abolitionnistes, souvent de foi chrétienne et d’orientation non-violente, exigeaient « la destruction complète de l’institution de l’esclavage » ; ils furent promptement accusés de vouloir exterminer la race blanche. À la moitié du 19ème siècle encore, en Afrique du Sud, les champions de l’apartheid refusaient les droits politiques aux noirs, avec comme argument qu’un éventuel gouvernement noir aurait signifié l’extermination systématique des colons blancs et des blancs dans leur totalité.

La légende noire en vogue de nos jours est particulièrement ridicule : le Hamas, à plusieurs reprises, a fait comprendre la possibilité d’un compromis, si Israël acceptait de revenir aux frontières de 67. Comme tout le monde sait ou devrait savoir, ce qui rend de plus en plus problématique et peut-être désormais impossible la solution à deux États, c’est l’expansion ininterrompue des colonies israéliennes dans les territoires occupés. Et pourtant, la substitution à l’actuel Israël en tant qu’ « État des Juifs » d’un État binational qui soit en même temps celui des juifs et des palestiniens, en garantissant l’égalité à tous, ne comporterait en aucune manière l’extermination des juifs, exactement comme la destruction de l’État racial blanc, dans le Sud des États-Unis d’abord puis en Afrique du Sud n’a certes pas signifié l’anéantissement des blancs. En réalité, ceux qui agitent d’une manière ou d’une autre Les Protocoles des Sages de l’Islam veulent transformer les victimes en bourreaux et les bourreaux en victimes.

Non moins grotesques et non moins instrumentalisées sont aujourd’hui les mythologies en vogue sur Staline et le mouvement communiste dans sa totalité. Qu’on prenne la thèse de l’ « holocauste de la faim » ou « famine terroriste » que l’Union Soviétique aurait imposé au peuple ukrainien dans les années 30. En soutien de cette thèse il n’existe et il n’est apporté aucune preuve.

Mais cela non plus n’est pas le point essentiel. La légende noire diffusée de façon planifiée surtout à l’époque de Reagan et au moment de la Guerre froide sert à mettre sous le boisseau le fait que la « famine terroriste » reprochée à Staline, a été depuis des siècles mise en acte par l’Occident libéral et, en particulier, contre les peuples colonisés ou qu’il aurait voulu réduire à des conditions coloniales ou semi-coloniales.

C’est ce que j’ai essayé de démontrer dans mon livre. Immédiatement après la grande Révolution noire qui à la fin du 18ème siècle à Saint Domingue/Haïti brisait en même temps les chaînes de la domination coloniale et celles de l’institution de l’esclavage, les États-Unis répondaient par les déclarations de Thomas Jefferson, disant vouloir réduire à l’inanition (starvation) le pays qui avait eu l’effronterie d’abolir l’esclavage. Le même comportement a été adopté au 19ème siècle. Déjà les lendemains d’Octobre 1917, Herbert Hoover, à l’époque haut représentant de l’administration Wilson, puis président des États-Unis, agitait de façon explicite la menace de la « faim absolue » et de la « mort par inanition » non seulement contre la Russie soviétique mais contre tous les peuples prêts à se laisser contaminer par la Révolution bolchevique. Au début des années 60, un collaborateur de l’administration Kennedy, Walt W. Rostow, se vantait du fait que les États-Unis étaient arrivés à retarder pour « des dizaines d’années » le développement économique de la République Populaire de Chine !

C’est une politique qui continue aujourd’hui encore : tout le monde sait que l’impérialisme essaie d’étrangler économiquement Cuba, et si possible de le réduire à la condition de Gaza, où les oppresseurs peuvent exercer leur pouvoir de vie et de mort, bien avant même leurs bombardements terroristes, avec, déjà, le contrôle des ressources vitales.

Nous sommes ainsi revenus à la Palestine. Avant de subir l’horreur qu’il subit aujourd’hui, le peuple de Gaza avait été frappé par une politique prolongée qui essayait de l’affamer, de l’assoiffer et de le priver de lumière électrique, de médicaments, et de le réduire à l’épuisement et au désespoir. En plus du fait que le gouvernement de Tel-Aviv se réservait le droit de procéder comme d’habitude, malgré la « trêve », aux exécutions extrajudiciaires de ses ennemis. À savoir qu’avant même d’être envahie par une armée ressemblant à un peloton d’exécution gigantesque et expérimenté, Gaza était déjà l’objet d’une politique d’agression et de guerre. En même temps, une puissance militaire de feu multimédiatique s’est déchaînée surtout en Occident pour anéantir toute résistance critique à la thèse fausse et menteuse selon laquelle Israël serait ces jours ci engagé dans une opération d’autodéfense : que personne n’ose mettre en doute l’authenticité des Protocoles des Sages de l’Islam !

Voilà comment on construit les légendes noires : celle d’aujourd’hui scelle la tragédie du peuple palestinien (le peuple martyr, par excellence, de notre époque), tout comme celles qui, en dépeignant Staline comme un monstre et en réduisant à une histoire criminelle le processus qui a commencé avec la Révolution d’Octobre, entendent priver les peuples opprimés de tout espoir et perspective d’émancipation.

Domenico Losurdo

Philosophe et historien communiste, professeur à l’université d’Urbin (Italie).

source: voltairenet.org Par Domenico Losurdo*

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_____Afrique Guinée : "Ceux qui se faufilent et tiennent des réunions secrètes dans les mangroves et au génie militaire", et ceux qui, "guidés par l'ethnocentrisme", notamment les caporaux, seront d'or et n'avant radiés des rangs de l'

  • Guinée: Sékouba Konaté met en garde les militaires

Les "fauteurs de trouble" seront selon lui radiés de l'armée




Le président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté, a mis en garde vendredi, les hommes en uniforme du camp Alpha Yaya Diallo, contre "toute action subversive", a appris t-on samedi de source militaire. Le général Konaté, qui a informé les militaires sur l'évolution du processus électoral, a estimé que la paix était revenue dans le pays qui a désormais la confiance des partenaires au développement.

"Les aspects civils sont réglés et les aspects militaires le seront avec l'aide de nos partenaires. Ceux qui viendront après nous vont continuer cette réforme de l'armée parce que c'est un processus à long terme", a notamment dit le général Konaté.

Il a remercié la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et les Etats-Unis, dont il a reçu récemment une forte délégation d'officiers, pour le soutien que ceux-ci sont déterminés à apporter à la Guinée pour la reconstruction de son armée.

Il a averti "les fauteurs de troubles", assurant que ceux qui se mêleront des faux problèmes, notamment les caporaux, seront radiés des rangs de l'armée. Le président par intérim a également mis en garde "ceux qui se faufilent et tiennent des réunions secrètes dans les mangroves et au génie militaire", et ceux qui, "guidés par l'ethnocentrisme", tenteront de saboter le processus démocratique.

http://www.grioo.com/ar,guinee_sekouba_konate_met_en_garde_les_militaires,18757.html

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mardi 9 mars 2010

____Dissertation qui analyse si l'amitié est vraiment une relation particulière, singulière, ou bien seulement une relation plus ou moins semblable aux autres formes de rapport à autrui. Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi ?

Tout homme se trouve confronté, tôt ou tard, dans sa vie, à autrui, cet être troublant qui est à la fois semblable à lui, et à la fois un autre que lui ; cet être dont l'existence et la présence le bouleversent, parfois même le contrarient. Cependant, il est nécessaire pour chaque homme de devoir faire face à cet autre, et les rapports que chacun d'entre nous entretient avec autrui sont multiples et variés : ce peut être un rapport de domination, ou au contraire un rapport éthique, sur le mode du devoir, qui vise à un respect mutuel, ou bien encore un rapport basé sur des sentiments que l'on ressent l'un envers l'autre. Parmi ces différents rapports à autrui, l'un d'eux se détache : c'est l'amitié, souvent perçue comme la relation « idéale » à autrui.

Toute véritable amitié est généralement qualifiée d'idéale, dans le sens de perfection, ou du moins de tentative d'atteindre la perfection. En effet, l'amitié est une relation qui vise le bien, le bon. Le philosophe Aristote qui, le premier, s'est intéressé à ce rapport à autrui dans l'Ethique à Nicomaque, attribue à l'amitié les qualités suivantes. Premièrement, l'amitié résulte d'un choix libre, partagé entre deux personnes. D'ailleurs, le plus souvent, ce choix se fait en fonction de nos goûts communs, de nos intérêts ou qualités communs : il n'est pas exclu que deux personnes très différentes soient amies, mais il est plus plausible que les deux personnes en question aient des points communs, pour entretenir une relation.

goût, intérêt, proximité, réciprocité, affrontement, affinité

"Être exigeant est une règle de base. Être tolérant est un principe. ... Tout lien particulier manque de profondeur, s'il n'est ouvert à l'amitié universelle. ... éprouvé les mêmes fondements, analysé lui-même les actes les plus simples ...

"Être exigeant est une règle de base. Être tolérant est un principe. ... Tout lien particulier manque de profondeur, s'il n'est ouvert à l'amitié universelle. ... éprouvé les mêmes fondements, analysé lui-même les actes les plus simples ...

Qui traite du rapport à autrui comme condition nécessaire pour vivre, pour être reconnu comme existant.

C'est par le rapport à autrui, qu'on accède à la reconnaissance de soi et donc à l'humanité. Mais, n'accède-t-on pas au statut d'homme que par le conflit avec autrui ? Et ne peut-on pas dire qu'autrui est un obstacle pour la reconnaissance de soi, même s'il est nécessaire ? D'une part, il est vrai que notre rapport à l'autre est spontanément de l'ordre de l'intérêt : nous nous servons de l'autre, si celui-ci ne m'empêche pas au contraire d'accéder à mon but. D'autre part, l'homme recherche le bonheur (de manière spontanée) ; or le bonheur peut se trouver dans le rapport à l'autre par l'harmonie. Enfin, le rapport avec autrui est nécessaire à la vie ; il n'est donc plus une fin, un moyen ou un obstacle, mais plutôt une condition nécessaire à l'être humain.

J'ai vraiment envie d'aller en Amérique, mais je n'en ai pas les moyens. Je vais ainsi tenter de convaincre ma mère en argumentant pour lui montrer que je suis autonome. Cependant, elle s'y oppose et en plus de me refuser l'argent, elle me refuse même le voyage. En conséquence, j'essaie d'entrer en contact avec un américain ; lorsque je réussis, je fais tout pour qu'il m'emmène avec lui : une fois que je suis là-bas, je fais de nouvelles rencontres pour mieux m'intégrer et trouver du travail. Dans ce cas, autrui n'apparaît que sous la forme d'un obstacle ou d'un moyen pour accéder à mon désir, ce n'est qu'une étape qui soit me freine, soit m'apporte de l'aide. C'est en ce sens qu'on peut se demander si autrui peut être pour moi autre chose qu'un obstacle ou un moyen. Autrement dit, le rapport qu'autrui a à moi se fait-il sous une autre forme que celle d'un obstacle ou d'un moyen ? En effet, l'homme vivant en société a de nombreux désirs, et pour les satisfaire, il n'est pas rare qu'il se retrouve face à autrui, soit en tant qu'obstacle, soit en tant que moyen (c'est à dire une aide voulue ou non, permettant d'atteindre le désir visé). Néanmoins, dans les deux cas, autrui est réduit à un objet : le rapport qu'autrui a à moi ne peut-il avoir d'autre forme que celle de l'objectivation ?

travail, objectivation, fugitif, respect, morale, psychanalyste

Dissertation de philosophie sur le rapport existant entre autrui et liberté.

L'homme a naturellement une vocation à vivre en société, parmi ses semblables. La condition humaine exclut la solitude : l'homme ne devient lui-même qu'au sein de la société, et privé du contact d'autrui, il se trouve dans l'impossibilité de se développer. Mais autrui représente toujours celui qui est étranger : la perception première d'autrui est celle d'un corps et non d'une conscience. La cohabitation est difficile car l'autre est aussi le plus implacable ennemi. Au vu des ces difficultés, autrui peut-il être autre chose qu'un obstacle ou un moyen ? Ne peut-on envisager le rapport à autrui dans une vision éthique et morale, basée sur un principe universel fondé sur le respect d'autrui et de l'humanité en général ? Cette étude pose les bases de la coexistence entre les hommes, avant d'analyser en quoi la théorie kantienne est réaliste et réalisable. Enfin, la question de la liberté étant centrale pour tout homme, on peut se demander, dans une dernière partie, si autrui est une limite ou une condition à la liberté.

Kant considère l'homme comme un être raisonnable, doté d'une conscience et d'une volonté. Le fait que l'existence de l'homme dépend de sa volonté, l'oppose à des êtres dont l'existence est elle, régie par la nature. Ces êtres dépourvus de raison, n'ont alors qu'une valeur relative ce qui fait d'eux des moyens. Kant les nomme des choses. En étant des moyens, les choses nous servent uniquement d'instruments pour accomplir une action, pour réaliser une fin. Par opposition les êtres raisonnables deviennent des personnes. Définir autrui comme personne permet de le distinguer de la chose. Autrui est alter-égo, un autre que moi mais même que moi. Je le perçois donc comme moi mais aussi comme un sujet doté d'une conscience, d'une volonté, et de ce fait une personne digne de respect. C'est pourquoi il est indispensable de toujours considérer autrui comme son semblable. L'autre quel qu'il soit est une personne qui a des droits et cela sans aucune exception.

conscience, volonté, conflit, réciprocité, sentiment, praxis historique

Dissertation de philosophie qui s'interroge sur les différences et rapprochements possibles entre moi et autrui, ce qui pourrait faire qu'il me soit complètement étranger ou finalement assez semblable.

Je peux me définir comme unique, je suis moi, et personne ne peut l'être au sens strict ; cependant, ces caractéristiques générales sont communes à l'espèce humaine en laquelle je suis catégorisé. Ainsi, chacun de nous est représentatif de la race humaine, vous, Moi, Toi, Ils, tous autant que nous sommes sans distinction particulière. Je suis semblable à toi ou lui, semblable à autrui, en quelques sortes à des étrangers, et je suis dans ce même temps si différent, si dissemblant. Dans ce cas, ces dissimilitudes de par leur complexité peuvent-elles faire en sorte qu'un homme puisse m'être totalement étranger ? Un homme peut-il m'être totalement étranger ? Cet homme puisse-t-il être moi ? Que signifie «un homme» ?

C'est en plus de six milliards de personnes que je peux m'identifier, je ne suis qu'un être parmi la multitude. Ma corporalité me permettant d'être moi tout en étant autre, elle me donne cette opportunité de pouvoir être plus qu'un seul être. D'une façon similaire la conscience me permet d'être moi et autrui, en tant que tel, je suis vous monsieur, vous madame, vous mademoiselle, je suis cet être tout le monde, qu'importe nom, sexe, tenue vestimentaire, je suis un unique semblable dans la pluralité des sociétés humaines.

préjugé, humanité, caractérisation, Freud, personne, différence

Dissertation de philosophie traitant de la conscience que l'homme a de lui-même, conscience qui peut le rendre étranger pour lui-même.

De quelle manière un homme peut-il prendre conscience de lui-même ? En essayant de se saisir, il devient un autre pour lui et pourtant il reste le même; il devient étranger et pourtant il conserve son identité. Or, si l'on devient étranger à soi-même, on s'aperçoit que ce « soi » est impossible à connaître de manière réellement transparente.

1. Prendre conscience de soi, c'est produire une identité A. Le « je » constitutif de la personnalité B. La conscience de son humanité

2. Mais prendre conscience de soi, c'est devenir étranger à soi A. La découverte de l'inconscient B. « Je est un autre » C. Prendre conscience de soi par le monde extérieur

3. La prise de conscience de soi comme mise à l'épreuve perpétuelle de sa liberté A. Prendre conscience de soi, c'est sortir de la mauvaise foi B. La conscience et la temporalité

Il est fréquent, lorsqu'on entend pour la première fois sa voix enregistrée, de ne pas se reconnaître. Prenant conscience d'une partie de soi, on s'apparaît tout à coup comme autre que ce que l'on croyait. Cette nouvelle apparition de soi à soi n'est-elle pas pour l'homme une énigme ? Prendre conscience de soi n'est-ce pas devenir étranger à soi ? Mais prendre conscience de soi, c'est passer d'une conscience immédiate des choses, à une conscience qui se réfléchit, qui se pense pensant les choses. Prendre conscience de soi signifie que l'on diminue la distance qui se trouve entre ce que l'on est, et ce que l'on a conscience d'être. On réduit ainsi la part d'inconnu en soi. Dès lors, la conscience de soi permettrait de mieux se connaître, de se maîtriser et donc de se réaliser. La prise de conscience de soi implique une distance entre ce que l'on découvre être et ce que l'on croyait être.

action, autrui, existence, temps, liberté, représentation

Dissertation qui distingue la nécessité objective de la nécessité subjective et qui traite des effets que la prise de conscience a sur l'homme.

La conscience transcendantale est ce qui fait de nous des êtres humains. La conscience de soi nous éveille et nous rend responsable. La conscience morale nous permet de discerner le bien du mal et de cette manière, de vivre en société. Bien d'autres prises de conscience nous permettent d'acquérir l'expérience. Chaque prise de conscience est un pas de plus vers la sagesse. Et bien qu'il arrive qu'elle soit douloureuse, on ne peut nier ce que notre conscience nous dicte de faire. Il faut prendre conscience de tout ce qui nous est accessible. Peu importe le prix, tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort et prendre conscience est vital pour l'être humain.

1. La nécessité objective de la prise de conscience : comment est-ce que je deviens une personne humaine ?

2. La nécessité subjective : de quoi l'homme peut-il prendre conscience et quelles sont les limites de cette conscience ?

3. Que nous apporte réellement la prise de conscience ?

L'impératif catégorique « faut-il » utilisé dans la question implique un rapport à la fois logique et moral avec le fait de prendre conscience auquel nous devons nous plier. Par définition, être conscient signifie que lorsque l'on pense, agit, on sait que l'on pense ou agit. Néanmoins, on distingue deux formes de conscience, la conscience directe de la conscience réfléchie. La première consiste à avoir conscience, tandis que la seconde désigne le fait d'être conscient d'avoir conscience. Le passage de l'un à l'autre serait le fait de prendre conscience. Nul ne pense, n'agit ou même ne vit de la même façon. En outre, l'homme détient sa propre interprétation sur ce qui l'entoure.

acte, parole, moralité, réflexion, goût, expérience

Dissertation qui pose la problématique suivante : la prise de conscience est-elle seulement le résultat d'une réflexion faite avec le recul ou la réelle connaissance de quelque chose ?

Le terme « conscience » peut sembler simple, car il est d'un usage courant : prendre conscience. Prendre conscience est un sentiment d'une connaissance immédiate de soi et du monde, un sentiment confus que nous sommes, que nous existons et que nous sommes au monde, entourés de choses indépendantes de nous et ordonnées. Dans le sens commun, cette expression implique une idée de vérité et d'objectivité pour voir les choses telles qu'elles sont. La prise de conscience est alors le résultat d'une réflexion basée sur le recul. Ceci nous amène à nous demander si prendre conscience ne serait pas la même chose que penser.

L'être doué de conscience sait qu'il existe au monde. Il prend conscience qu'il y a des choses autour de lui qui existent et qui se distinguent de lui-même. Ainsi il les pose ou les affirme comme des objets. Qu'est-ce qu'un objet ? C'est quelque chose qui n'est pas moi mais dont j'ai conscience, comme un corps physique ou une idée. Toute chose dont je prends conscience et parce que j'en prends conscience est un objet. Notons que l'étymologie du mot objet est à ce propos éclairant puisqu'un objet c'est quelque chose que l'on jette devant soi, ce que par une prise de conscience on pose devant soi. Cette pensée est une pensée analogue à celle d'Husserl qui nous fait comprendre que « toute conscience est conscience de quelque chose », ce quelque chose étant donc un objet de pensée.

connaissance, morale, cogito

Dissertation qui analyse si l'individu doit endosser la responsabailité de ses actes dans le cas où il agit sous une influence telle qu'elle obscurcit sa conscience.

Se pose ainsi le problème de la conscience de nos actes ou de nos paroles et de leur portée : sommes-nous responsables alors que nous avons agi sous une influence telle qu'elle a obscurcit notre conscience ? Inversement, n'est-ce pas nier totalement notre conscience que de se donner des excuses ? Être conscient signifie que lorsque l'on sent, pense ou agit, on sait que l'on sent, pense ou agit. Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, de la conscience réfléchie. La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ». Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». Tandis que ne pas avoir conscience, c'est ne pas savoir, ignorer des émotions en nous, des sensations.

La notion de responsabilité semble être très importante pour la vie en société. La responsabilité est l'obligation de répondre de ses actes devant une autorité. Le contraire serait de ne pas répondre, de ne pas assumer ses actes. Par exemple, le Président de la République, s'il prend une décision pour son pays, est responsable des conséquences que sa décision peut avoir car il est responsable de son pays. On distingue la responsabilité morale, je réponds de mes actes « en mon for intérieur », qui suppose deux conditions, la connaissance du bien et du mal, et la liberté, et la responsabilité sociale devant les tribunaux. Mais il est parfois difficile de déterminer le degré de responsabilité dans la mesure où l'acte peut avoir été commis sous des circonstances atténuantes.

intelligence, courage, persévérance, effort, risque, nier

http://www.academon.fr/Dissertation-Prendre-conscience-de-soi-est-ce-devenir-étranger-à-soi/2537

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____Sombre cafard, n'avez-vous rien compris ?, le cafard est en voie d'extinction pourquoi faut-il protèger "le noir"?. Comment conjugué le monde ancestrale du monde contemporain ? Ne leur donné pas de sac de riz mais des livres et ils sauront

LE MONDE PARTAGER EN DEUX :

  • L'Époque (période, ou histoire) contemporaine est la dernière grande période de l'Histoire. Pour les historiens français, elle commence avec la Révolution française et couvre les XIXe siècle, XXe siècle et le début du XXIe siècle.

Cette convention des historiens français qui date du 19e siècle, n'est guère partagée par les autres historiens du monde entier. Dans la terminologie universelle des historiens – à l'exception des historiens français – l'Époque contemporaine couvre toujours les derniers 75 ans environ avant le présent (Contemporary history, Zeitgeschichte en allemand) dans le sens où vivent encore des témoins, des contemporains de ces évènements. La lecture actuelle du mot « contemporain » par les historiens français est au sens où les événements qu'elle couvre ont des conséquences directes sur le monde actuel.

La période contemporaine débute sur le plan politique et pour la France avec les conséquences de la Révolution française ou, selon les Historiens, avec le premier Empire français.

Elle est marquée par la fin de l'Ancien Régime : aux monarchies absolues vont succéder les tentatives impériales et la tentative de monarchie constitutionnelle (la Restauration). Néanmoins, la révolution de 1848 et l'éphémère Commune de Paris montrent l'aspiration du peuple à un régime différent. C'est vers la fin du XIXe siècle, avec la troisième République née de la défaite de Sedan et de la perte de l'Alsace et de la Lorraine, mais aussi de la répression à l'encontre des communards, déportés au bagne, que la République s'installe durablement dans les consciences.

Mais, sur le plan socio-économique, l'époque contemporaine est avant tout fille de la deuxième Révolution industrielle : la domination sans partage de l'Empire britannique sur le monde, favorisée au début de la période par la disparition précoce du rival français avec le premier Empire, résulte elle-même de cette révolution et achève le processus de compétition engagé entre les deux puissances au XVIIe siècle.

Ainsi, en 1880, le Royaume-Uni assure à lui seul les deux tiers de la production industrielle mondiale. Il est bientôt rejoint par les autres nations européennes : c'est la naissance des sociétés industrielles modernes.

Néanmoins, la rivalité entre ces nations n'est pas finie : concernant la France et le Royaume-Uni, elle se poursuit à travers l'aventure coloniale. Celle-ci amène les Français à s'emparer de la majeure partie de l'Afrique occidentale et du Maghreb, principalement après le premier tiers du XIXe siècle, alors que les Britanniques sont maîtres de la majeure partie de l'Asie, notamment de l'Inde, et du Proche-Orient.

C'est à cette période que le monde entier s'« européanise », contre son gré, pour près d'un siècle : ainsi en va-t-il de la Côte d'Ivoire, achetée quelques barils de poudre et dizaines de fusils sous Louis-Philippe.

Les empires non-européens, tels l'Empire ottoman ou plus tard la Chine (l'Empire du Milieu), sont incapables de s'adapter et disparaissent durant la première moitié du XXe siècle. Quel contraste alors avec le Japon, qui s'ouvre au monde occidental dès 1868 et devient une puissance importante, victorieux sur mer contre la Russie tsariste en 1905.

États modernes, sociétés industrielles et idéologies L'Europe, elle, est marquée au XIXe siècle par la naissance des « États modernes » (à ne pas confondre avec les États de l'époque moderne), naissance qui traduit les mutations techniques, économiques et sociales importantes de la deuxième révolution industrielle. L'unité de l'Italie (1870), puis de l'Allemagne (1871) sont suivies, plus tard en raison des résistances du pouvoir à la modernité, par la révolution d'Octobre en Russie (1917).

Aux inégalités de l'Ancien Régime succèdent de nouvelles, fondées sur le capital. Les changements économiques, surtout, ont amené des couches sociales urbaines prospères à vouloir participer au pouvoir. Mais à côté d'elles, un prolétariat ouvrier qui est lui aussi – fait nouveau – urbain, se développe. L'action sociale est d'abord le fait de certains patrons, soucieux du bien-être de leurs ouvriers : ce sont les racines de la « démocratie chrétienne » européenne. Dans l'ensemble, le progrès social est important mais en deçà des espérances du peuple. C'est surtout l'essor du syndicalisme qui permet à ce dernier d'atténuer les difficultés de l'existence.

L'ouverture politique vers le peuple est quant à elle longue à venir : c'est, en France, l'histoire de la conquête du suffrage universel. En France, également, naît l'idée de la séparation de l'Église et de l'État, consommée au début du XXe siècle et celle d'une société laïque, qui libèreraient l'individu d'une partie du poids de la société.

De nouvelles idées, également, portent les espoirs ou les frustrations des populations. Alors que les grandes idéologies du XXe siècle – Capitalisme, Marxisme, Anarchisme même – sont définies et constituent des mouvements, tels l'Internationale, les frontières des États européens se déplacent pour trouver leur forme actuelle. Ceci implique le plus souvent la guerre, justifiée par les nationalismes et plus meurtrière qu'elle ne l'avait jamais été : cette tendance trouve son aboutissement avec les guerres mondiales au XXe siècle.

Guerres mondiales et totalitarismes Au XXe siècle, à la Première Guerre mondiale déclenchée par l'Autriche-Hongrie à la suite de l'attentat de Sarajevo, succède rapidement la Seconde Guerre mondiale née des conséquences de la crise économique de 1929 en Allemagne et de l'amertume suscitée par les exigences du traité de Versailles. Ces conflits bouleversent le monde entier et achèvent d'épuiser l'Europe qui perd sa domination au profit des États-Unis et de l'Union soviétique.

La période est aussi marquée par les grands totalitarismes de tout bord : le fascisme italien des années 1930, le franquisme en Espagne, le stalinisme en Union soviétique, ou encore le maccarthisme aux États-Unis pendant les années 1950. Paroxysme des régimes « inhumanisés », le national-socialisme qui triomphe en Allemagne avec l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933, qui élabore et met en pratique la première doctrine d'élimination systématique de populations avec la Shoah. Celle-ci a comme conséquences directes l'exode des juifs hors d'Europe et, après la Seconde guerre, la création de l'État d'Israël.

Les progrès techniques nourrissent les conflits et s'accélèrent avec eux : l'armement moderne s'appuie sur les chars et bientôt, sur la domination du ciel. Les premières armes chimiques, employées par les États majors français et allemand en 1914-1918 sont les gaz. La bombe nucléaire, mise au point pendant la Seconde Guerre mondiale et expliquée par la théorie de la relativité d'Albert Einstein, constitue la première arme de destruction massive à même de rendre toute vie impossible sur la planète.

La Première guerre mondiale est un conflit qui opposera principalement la France et l'Allemagne. Cette guerre dura 4 ans (de 1914 à 1918). On surnomma cette 1er Guerre mondiale « La grande guerre » ou « La der des ders ». Ce conflit armé mobilisa plus de 60 millions de soldats et fit 9 millions de victimes.

Voir l'article détaillé Première Guerre mondiale L'entre-deux-guerres Voir l'article détaillé Entre-deux-guerres

Voir l'article détaillé Seconde Guerre mondiale En 1939, la coalition franco-britannique, opposée aux ambitions d’Hitler, affronte l’Allemagne dans une guerre qui s’étend bientôt. En effet, l’Union soviétique et les États-Unis s’impliquent dans le conflit en 1941, suite à l’invasion de l’URSS (opération Barbarossa) rompant le pacte germano-soviétique pour les premiers, et l’assaut livré par l’aviation japonaise contre la flotte Pacifique américaine (attaque sur Pearl Harbor) pour les seconds.

La Seconde Guerre mondiale oppose les «Alliés» (États-Unis, Royaume-Uni, Canada et Commonwealth, Union soviétique...) à l’«Axe» (Allemagne, Japon...). Elle s’achève en 1945, d’abord en Europe après la victoire soviétique à la bataille de Berlin et le suicide d’Hitler, puis définitivement avec la capitulation du Japon suite aux bombardements nucléaires américains sur Hiroshima et Nagasaki. Le monde se voit alors pourvu d’un équilibre nouveau, dominé par les États-Unis et l’Union soviétique.

Guerre froide, émancipation du Tiers-monde, et naissance de l'Europe Voir l'article détaillé Guerre froide Dans le même temps que prend fin la domination européenne sur le monde avec l'émergence des mouvements indépendantistes au sein des territoires colonisés, les États-Unis et l'Union soviétique se trouvent face à face à en 1945 (conférence de Potsdam) et s'engagent dans un conflit idéologique qui divisera le monde en deux « blocs » antagonistes pendant près d'un demi-siècle : la Guerre froide.

La doctrine des blocs et la construction européenne Le discours de Fulton aux États-Unis et la mise en place des démocraties populaires ainsi que le rapport Jdanov du côté soviétique mettent en place la doctrine des blocs qui divise le monde en deux camps – opposant le « monde libre » pro-américain et le « bloc communiste » pro-soviétique, séparés l'un de l'autre par le « rideau de fer ». L'Ouest s'organise militairement avec le Traité de l'Atlantique Nord, auquel l'Est répond rapidement par le Pacte de Varsovie. Les deux blocs sont engagés dans la « Guerre froide » ; livrés à une course aux armements jusqu'à atteindre l'équilibre de la terreur, ils font prévaloir la dissuasion nucléaire et les conflits indirects, par États interposés.

Parallèlement, l'Europe occidentale, sous la protection des Américano-britanniques, innove avec la première tentative politique de rapprochement entre des États rivaux pour asseoir la paix. C'est la naissance de l'Union européenne, qui est le fait de la France, de l'Italie et de l'Allemagne avec la CECA, à l'initiative des démocrates-chrétiens.

La décolonisation et l'émergence du Tiers-Monde

La contestation du colonialisme par les populations placées sous tutelle naît pendant l'entre-deux-guerres (Abd el-Krim au Maroc, Gandhi en Inde). Mais la mise à mal des métropoles pendant la Seconde Guerre mondiale favorise considérablement ce mouvement indépendantiste.

La vague d'émancipation en Asie (l'Indonésie avec Soekarno, le Viêt-Nam avec Hô Chi Minh...) s'étend à l'Afrique (la Tunisie avec Habib Bourguiba, le Maroc avec le parti nationaliste de l'Istiqlal, les colonies britanniques du Soudan, de Ghana, le Congo belge, le Mali, le Tchad, le Cameroun...)

Les leaders des pays nouvellement indépendants, désignés sous le terme Tiers-monde par l’Occident à partir de 1952, s’allient dès 1955 (conférence de Bandung) pour affirmer leur place sur la scène internationale et prôner le non-alignement, tandis que leur victoire à la guerre de Suez (1956) et le fiasco américain de la guerre du Viêt Nam (1965-1973) discréditent l’image de supériorité des grandes puissances.

Le conflit israélo-arabe La découverte de l'holocauste provoque un courant de sympathie pour la cause sioniste. L’État d’Israël est créé mais le partage de la Palestine de 1947, duquel il découle, est refusé par la population arabe. La Ligue arabe, l’OLP, sont autant d’alliances anti-sionistes destinées à lutter contre l’État juif. Les combats commencent dès décembre 1947. Les frontières des territoires israélien et palestinien fluctuent au gré des guerres israélo-arabes.

Au sein de la Ligue arabe se constitue l’OPEP, usant de l’arme pétrolière pour faire céder l’Occident et notamment responsable de la crise économique de 73 suite à l’embargo des exportations envers les puissances alliées à Israël.

Fin de la guerre froide, globalisation et résistances



la tour Gehry de Hanovre illustre l'architecture contemporaine.L'Histoire immédiate débute à la fin de l'empire soviétique qui, affaibli par la glasnost et la perestroïka entreprises à la fin des années 1980 par Mikhaïl Gorbatchev, s'effondre avec la chute du mur de Berlin (1989) puis avec la disparition de l'URSS (1991). Les États-Unis, désormais seule superpuissance, proclament le « nouvel ordre mondial ». Mais l'espoir de paix est vite déçu ; la guerre du Koweït est une démonstration de force du nouveau maître du monde.

Crises économiques et politiques Les difficultés économiques ont aggravé les déséquilibres entre les pays industrialisés et les autres, puis au sein des pays industrialisés eux-mêmes. La globalisation économique et culturelle suscite des résistances et a ses laissés pour compte. L'idéologie du Néolibéralisme, seule après la chute du bloc de l'Est et la « libéralisation » économique de la Chine laisse le champ libre aux firmes multinationales dans les années 1990. L'Amérique latine entre dans leur dépendance, alors que l'Afrique paye le prix de ne pas y être. Ce néolibéralisme est contesté par le mouvement de l'altermondialisme et par les « antimondialistes ».

En Europe et sur le plan national, la désaffection des pouvoirs politiques dans les démocraties occidentales provoque un recul des partis traditionnels du centre-gauche ou du centre-droit au profit des extrêmes ou des gouvernements populistes. En France, les première et deuxième cohabitation montrent l'incapacité de l'exécutif à satisfaire les électeurs. Sur le plan économique, le chômage est endémique et touche aux alentours de dix pour cents de la population active.

Interventionnisme international, repli identitaire au Moyen-Orient, et guerre contre le terrorisme modifier Sur le plan international, tandis que la doctrine qui prône l'interventionnisme au nom des Droits de l'homme, portée un temps par l'Organisation des Nations unies, échoue à résoudre les derniers conflits européens en Bosnie-Herzégovine, puis au Kosovo, les États-Unis élargissent les missions de l'OTAN en 1997 et agissent seuls en « gendarmes du monde », sous l'influence du lobby néoconservateur. Dans le monde arabo-musulman, pour lequel le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) indique en 2002 que moins d'ouvrages y sont imprimés en langue arabe en un an que dans la seule Espagne, la religion avait d'abord été instrumentalisée au service de la résistance au colonialisme à travers le nationalisme pan-arabe.

Le développement de l'intégrisme religieux, comme facteur de repli identitaire, puis comme force politique contestataire à l'égard de régimes affaiblis par la corruption et par une faible ouverture démocratique, se traduit notamment par la guerre civile en Algérie (1992-2001). Mais les réseaux créés qui prônent l'application stricte de la Charia, c'est-à-dire d'une loi inspirée d'un Islam rigoriste au Moyen Âge et appliquée notamment en Arabie saoudite, sont aussi transnationaux. Ils font du terrorisme international une nouvelle force pour exporter leurs ambitions politiques. Après la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan en 1997 dans l'indifférence générale, l'organisation Al-Qaïda frappe violemment les États-Unis en 2001 (attentats du 11 septembre 2001). Dès lors, les États-Unis et leurs alliés, sous l'impulsion des néoconservateurs au pouvoir à Washington, dénoncent l'« Axe du Mal » et placent le terrorisme islamiste comme nouvel ennemi de l'Occident. Ils entendent l'enrayer par tous les moyens, instaurant le concept de « Guerre contre le terrorisme ». C’est dans cette vision géopolitique nouvelle que s’inscrivent la guerre de l’Afghanistan (2001) et celle de l'Irak (2003-...).

Sources D'un point de vue historique, et dans une certaine mesure comme à l'époque précédente, la période contemporaine implique une surabondance de sources, notamment économiques, statistiques et démographiques.

Au XXe siècle, s'ajoutent les sources audio-visuelles qui transforment la discipline. L'Historien doit opérer des choix stratégiques en ce qui concerne l'angle d'étude d'un sujet. La spécialisation des études est plus importante et la nécessaire recherche de l'objectivité est impérieuse.

Parmi ces sources, les données de l'INSEE, les articles de la presse quotidienne ou encore les archives de l'INA occupent pour la France une place privilégiée.

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_____Théosophie: La connaissance sur l'homme intérieure et de sa destinée spiritual..Est Le déni du Psyché Mental-Déficient Acquis Africain. Ne serais-ce pas la nature des différences actuelles entre l'Intelligence Africaine et l'Intelligence Occidentale»

Le Psyché Mentalo - Déficient Acquis Africain (PMDAA)

THE MENTAL CAPACITY OF THE AFRICAN - La nature des différences actuelles entre l'intelligence africaine et l'intelligence occidentale»,

  • Aptitude cognitive générale innée.

On peut la mesurer avec une certaine précision à l'aide de tests qui permettent d'établir un QI (Quotient intellectuel). L'intelligence est générale en ce sens qu'une personne très intelligente réussit des tâches très diverses pour autant qu'elles soient d'ordre cognitif. Elle est cognitive en ce sens que la réussite à des tâches demandant d'autres aptitudes (physiques, affectives) est indépendante de la valeur du QI. Elle est innée car il est prouvé que le milieu influent peu sur les différences entre les aptitudes intellectuelles. On a calculé que, dans les civilisations occidentales actuelles, environ 80 p. 100 de ces variations sont liées à des facteurs génétiques et 20 p. 100 seulement au milieu.

L'intelligence est un concept, non une chose ; c'est un concept comme la gravitation ou l'électricité. Il est très important de comprendre cette distinction : on peut montrer une chose, mais un concept est partie d'une théorie scientifique. On réifie souvent le concept d'intelligence, ce qui est la cause de toutes sortes d'erreurs et de malentendus. Comme tous les concepts, celui-ci est fondé sur une recherche scientifique et sur une élaboration statistique de ses effets.

L'intelligence se distribue suivant une courbe de Gauss régulière, qui a, à peu près, la forme d'une cloche, comprenant une majorité de cas moyens et de moins en moins d'individus très brillants ou très déficients. Les gens brillants aux tests réussissent mieux dans notre type de société ; on peut montrer que si, dans une même famille, un frère est brillant et l'autre peu doué, le premier tendra à s'élever dans l'échelle sociale et l'autre à descendre à un niveau inférieur à celui de ses parents. Un quotient d'intelligence élevé est indispensable pour réussir à l'école et à l'université. Il y a peu d'activités de haut niveau pour lesquelles ce n'est pas le cas ; mais on trouve aussi dans les activités les plus simples des gens dont le niveau mental est élevé. Cela vient de ce que l'intelligence ne suffit pas pour réussir ; il faut aussi d'autres qualités comme la persévérance, ainsi qu'une forte motivation, des circonstances favorables et de la chance.

On a démontré de multiples façons l'importance des facteurs génétiques. De vrais jumeaux» élevés séparément, ont des quotients d'intelligence très voisins. Les enfants adoptés ressemblent beaucoup plus, à cet égard, à leurs parents naturels qu'à leurs parents adoptifs, bien que ceux-ci les aient élevés et leur aient donc fourni les conditions du milieu. Les différences de quotient d'intelligence sont presque aussi grandes entre des enfants élevés dans un établissement à caractère social (orphelinat) qu'entre des enfants « normaux », avec toute la diversité de milieux que cela suppose. Un effet très important de l'origine génétique de l'intelligence est ce qu'on appelle « la régression vers la moyenne » : les enfants de parents brillants sont brillants, quoiqu'un peu moins, et les enfants de parents déficients sont eux aussi débiles, mais à un moindre degré. Ce phénomène génétique bien connu évite l'imperméabilité des classes sociales ; dans une société à grande mobilité sociale, il s'opère ainsi un brassage continuel des classes, les enfants les plus brillants des classes laborieuses accédant à la classe moyenne et les moins doués des classes moyennes se retrouvant dans le prolétariat.

Les tests d'intelligence méritent moins qu'on ne le dit la critique suivant laquelle ils ne seraient que des tests d'apprentissage ou de réussite scolaire. Des Esquimaux testés sur leurs terrains de chasse dans les régions polaires ne se sont pas montrés inférieurs à des Canadiens blancs, malgré leur manque de scolarisation, et ils ont obtenu de meilleurs résultats que plusieurs groupes d'Européens dont le niveau de scolarisation était supérieur. On s'efforce d'utiliser dans les tests d'intelligence un matériel universellement familier (comme les formes perceptives et les images) et d'éviter tout ce qui fait appel à des connaissances accessibles seulement à une partie de la population à tester. Si l'on ne peut jamais éliminer complètement la varia­ble culturelle, on peut la rendre relativement négligeable. H.J.E. (trad. D.J.V)

L'intelligence est l'aptitude à comprendre les relations qui existent entre les éléments d'une situation et à s'y adapter, afin de réaliser ses fins propres. Elle est toujours compréhension et invention, dit Gaston Viaud (1899-1961). Pour que celles-ci se réali­sent, il faut au préalable une réorganisation des éléments du champ psychologique. Par exemple, comment procéder pour détruire une tumeur cancéreuse à l'aide de rayons X sans léser les tissus sains qui la recouvrent ? Pour résoudre ce problème (Duncker), il faut tout d'abord reconsidérer les données de base, calculer le rayonnement non nocif, puis faire converger à l'endroit voulu plusieurs faisceaux dont la concentration seule sera efficace. Pouvoir résoudre des problèmes nouveaux et s'adapter rapidement à de nou­velles situations est la marque spécifique de l'intelligence. Pendant longtemps, on a pensé que, seule, l'activité conceptuelle et logique de l'homme, élaborée à partir du langage, était intelligente, tandis que les autres comportements adaptatifs résultaient de l'activité instinctive.

Mais, depuis le début du xxc siècle, on a établi d'une façon à peu près certaine l'existence d'autres formes d'intelli­gence. Il n'y a pas une sorte d'intelligence, variable en degrés, mais plusieurs, qui diffè­rent selon les êtres et les espèces. Le savant, le chef militaire, le philosophe, l'ingénieur, l'artiste, le commerçant ont certainement des formes de pensée très différentes. Aussi a-t-on proposé (Thorndike, 1920)de distinguer, au moins, trois grands types d'intelligence : l'intelligence abstraite ou conceptuelle, carac­térisée par l'aptitude à utiliser le matériel verbal et symbolique ; l'intelligence pratique, qui se trouve à l'aise dans le concret, lorsqu'il faut manipuler des objets ; l'intelligence sociale enfin, qui implique la compréhension des êtres humains et la facilité à s'entendre avec eux. Les enfants (et les débiles mentaux) ont une intelligence essentiellement pratique. Mais elle n'apparaît pas sous une forme déjà définie. Les travaux de l'école genevoise montrent que l'aptitude cognitive s'élabore tout au long de l'enfance et de l'adolescence, et passe par plusieurs stades dont les premiers sont proches des formes élémentaires d'adaptation biologique et les derniers ten­dent à s'identifier aux structures logiques de la pensée mathématique. L'intelligence, écrit J. Piaget (1965, p. 133), « se construit par paliers d'équilibration successifs, tels que le travail débute, sur chacun d'eux, par une reconstruction de ce qui était déjà acquis sur le palier précédent, mais sous une forme plus restreinte ». Le premier de ces paliers se constitue, sous une forme sensori-motrice, pendant les deux premières années, environ.

L'enfant, interagissant avec son milieu, éla­bore des schèmes élémentaires qui, par leur extension et leur coordination progressives, lui permettront d'organiser le réel. Il dégage ainsi, notamment, la notion de permanence de l'objet. Au niveau suivant, « qui est celui de la pensée représentative et des opérations concrètes » (de deux à six ans), il appréhende peu à peu les relations spatiales, temporelles et causales existant entre les objets et entre ceux-ci et lui-même. Grâce au langage et à la fonction symbolique, en général, il peut reconstruire sur le plan de la représentation tout l'acquis antérieur, mais en y introduisant des déformations dues à un point de vue égocentrique. Vers l'âge de sept ans, début de la période proprement opératoire, les premières opérations réversibles s'organi­sent, et, vers l'âge de onze ou douze ans, apparaissent les opérations formelles ou hypothético-déductives, qui portent non plus sur des objets, comme au palier précédent (opérations concrètes), mais sur des énoncés logiques.

L'intelligence a fait l'objet d'innombrables travaux. On a tenté de la mesurer (le premier instrument utile fut créé par A. Binet) et de l'analyser en ses éléments. Pour Charles Edward Spearman (1863-1945), la réussite à certaines tâches intellectuelles (épreuves très variées auxquelles on soumet plusieurs sujets) dépend de deux facteurs : l'un général (facteur g), commun à tous les exercices ; l'autre spécifique (facteur s), propre à une tâche particulière. Cet auteur a proposé d'as­similer le facteur g, qu'il appelle 1'« énergie mentale », à l'intelligence. Certains psycholo­gues, sceptiques quant à la valeur de la méthode des corrélations employée par Spearman, ont perfectionné l'analyse facto-rielle et fait apparaître de nombreuses aptitu­des primaires (L.L. Thurstone, 1938), les­quelles interviennent selon la nature de la tâche à accomplir. Pour R.B. Cattell (1967), l'intelligence générale elle-même se compose­rait de deux aptitudes, qu'il qualifie de « fluide » et de « cristallisée ». La première (gf) entre en jeu dans les tâches de classifica­tion et les analogies, par exemple ; la seconde (gc) est à l'œuvre dans le raisonnement, le jugement, etc. Quoi qu'il en soit, la psycha­nalyse et la psychologie clinique nous ont enseigné que l'intelligence était autre chose qu'une faculté de l'esprit. Inséparable de l'affectivité (des émotions, des conflits intra-psychiques), elle est une conduite de la per­sonne tout entière dans une situation déter­minée : le même individu peut être brillant dans une démonstration mathématique, par exemple, et totalement désadapté devant une tâche pratique ou dangereuse. De même que l'affectivité retentit sur l'intelligence, de même celle-ci peut exercer son contrôle sur celle-là. C'est ce qui permet à certains sujets de maîtriser leurs conflits en les intellectuali­sant, c'est-à-dire en leur donnant une formu­lation discursive.

Norbert Sillamy

Ou sont l'élite africaine pour le renouveau ? Ou sont-il les mandelas, senghors, cesaires, nkrumahs, kiserbos versus miniaturisé? Ou sont-il ses larsin small soldiers de la dé-raison fondamental "noir"?

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lundi 8 mars 2010

_____La région de Jos, au Nigeria, vient d'être à nouveau le cadre de terribles violences ethniques et religieuses entre chrétiens et musulmans. Ce sont près de 500 personnes qui ont été massacrées à la machette et brûlées, contre trois villages chrétiens

  • AFRIQUE

Violences religieuses au Nigéria : 500 villageois massacrés

International

  • La région de Jos, dans le centre du Nigeria, vient d'être à nouveau le cadre de terribles violences ethniques et religieuses entre chrétiens et musulmans. En janvier dernier, près de 300 personnes avaient été tuées , notamment dans le village de Kuru Karama.

Dimanche, ce sont près de 500 personnes qui ont été massacrées à la machette et brûlées, lors d'attaques nocturnes contre trois villages chrétiens. Les victimes sont essentiellement des femmes et des enfants. Des témoins ont décrit de véritables scènes d'horreur.

D'autres sources locales ont évoqué un bilan moindre. «D'après notre dernier décompte, il y a 202 corps», a déclaré à l'AFP Shamaki Gad Peter, qui dirige une ONG de défense des droits de l'Homme à Jos. Un autre militant des droits de l'Homme, Shehu Kani, a évoqué 250 tués. Un précédent bilan, dimanche soir, faisait état d'au moins 100 morts. De nombreuses maisons ont été incendiées.

Selon un conseiller du gouverneur de l'Etat du Plateau, Dan Majang, 95 assaillants auraient été arrêtés. Les attaques ont été menées de manière coordonnée, dans la nuit de samedi à dimanche, contre trois villages de l'ethnie Berom, chrétiens et sédentaires, par des éleveurs de l'ethnie Fulani, en majorité musulmans et nomades. Certaines sources locales évoquent des représailles à la suite d'un précédent conflit. D'après une source officielle, des rapports de sécurité laissent penser que «des intégristes islamistes» dans la région ont encouragé l'attaque. Des témoins cités par le journal The Nation avancent que les assaillants étaient au nombre de 300 à 500.

Dimanche soir, le président par intérim du Nigeria, Goodluck Jonathan, a placé «toutes les forces de sécurité du Plateau et des Etats voisins en état d'alerte maximum afin d'empêcher que ce dernier conflit ne déborde». Des centaines d'habitants de la région ont fui sur les routes par peur des représailles.

http://www.aujourdhui-en-france.fr/international/violences-religieuses-au-nigeria-500-villageois-massacres-08-03-2010-840151.php

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dimanche 7 mars 2010

____Un "Noir" qui asservit ses frères des tribus voisines pour les vendre aux marchands d'esclaves, ou Si le grand M@ître "blanc" manie le fouet aussi bien que le verbe et l'humour, l'homme doit s'estimé heureux

Celui qui réduit l'un ou l'autre a une généralité...

Entre l'homme "Noir" et l'homme "Blanc", un "Noir" qui asservit ses frères des tribus voisines pour les vendre aux marchands d'esclaves, ou un blanc qui milite contre l'esclavage ?

Depuis la nuit des temps, il n'y eu qu'une seule race d'homme, la race Humaine, cela dit, il y a eu plusieurs peuples. L'homme blanc n'a pas toujours dominé l'homme noir!! Cela s'est fait dès lors, qu'il y a eu des invasions, pour ainsi dire sauvage et brutale!!! L'homme noir est de nature pacifiste et généreux, ce qui n'était pas le cas de l'homme blanc, à en croire l'histoire!!! La Cruauté est sûrement Contagieuse! Mais c'est le passé!!! Il est temps d'en tirer des leçons et d'essayer de faire en sorte que le monde devienne juste pour tout un chacun!!!

Il y a des horreurs qui ont été commise : Guerre mondial, bombe atomique, génocide, camps de concentration torture, esclavage, guerre de religion ou ethnique ect. En bref, l'homme est mauvais tout simplement

En matière de cruauté, il n'y a pas de race qui l'emporte sur une autre. Quelle que soient sa couleur et son courant de pensée, l'être humain est partout le même lorsqu'il s'agit de faire souffrir ses semblables, de les rabaisser, de les dominer, etc... La cruauté a bien des couleurs, mais c'est toujours la même chose, dans le fond.

Si l ' homme blanc a fait le fouet , le fouet n ' a-t-il pas fait l ' homme noir? En effet le fouet manié avec dextérité et promptitude par le divin homme blanc n ' a-t-il pas fait sortir l ' homme noir de son animalité pour lui donner son statut d ' homme ? Il y a 2 mois Détails supplémentaires @ **** l ' extrême droite : sans l ' apport du fouet qui a civilisé tes ancètres , tu ne serais pas a l ' instant devant ton ordinateur bien au chaud mais dans la brousse avec un lion aux trousses !

@ JIL : pourquoi ?

@ Augustin Dadiani : mon fouet n ' a rien a voir avec le fouet d ' une mascarade sado-masochiste car mon fouet est celui du civilisateur qui extirpe d ' un grand coup sec les populations primitives de leur arriération séculaire pour les amener vers les plus hautes sphères de la civilisation !

@ L ' Africain : Balivernes ! Sans l ' homme blanc vous seriez toujours a la préhistoire !

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vendredi 5 mars 2010

______QU'EST-CE QUE L'HERMETISME ? - LE PORTEUR DE LUMIERE (Il faut avoir beaucoup erré dans l'Ombre pour toucher la Lumière...) Pourquoi suis-je sur Terre? D’où je viens? Où irai-je après cette vie? ALPHA OMEGA vs ORDRE MACONNIQUE HERMETIQUE

ORDRE MACONNIQUE HERMETIQUE

  • En visitant ce site vous allez pénétrer certains arcanes secrets de la franc-maçonnerie égyptienne.

La franc-maçonnerie hermétique est quelque chose de très différent. C'est une franc-maçonnerie très discrète, de marge. Elle est peu répandue par rapport aux obédiences "classiques" mais pourtant, ce monde qui ne fait pas parler beaucoup de lui, existe bel et bien et apporte une formation éminemment spiritualiste. Pour bien comprendre la franc-maçonnerie égyptienne nous devons examiner son histoire :

Au 18e siècle, certaines loges maçonniques ont intégré à leur pratique des éléments d’hermétisme absents dans les loges anglaises au départ. Ces connaissances hermétiques venaient souvent du monde de la noblesse où des familles s’étaient transmis de génération en génération des savoirs ésotériques et alchimiques. Elles venaient aussi d'autres courants initiatiques très fermés tels que l'Ordre Pythagoricien ou l'Ordre Egyptien.

Au 18e siècle, le choix a été fait d'abriter ces Connaissances à l’intérieur de structures solides, tolérées encore par l’Eglise : les loges maçonniques.

La franc-maçonnerie égyptienne a su préserver cet héritage hermétique. Elle croit au Grand Architecte de l'Univers et enseigne notamment que le véritable but de l'initiation maçonnique est la découverte du divin en soi.

Au cours des siècles passés, les francs-maçons du courant hermétique ont enseigné dans le secret de leurs Loges comment progressivement bâtir son Temple intérieur, c’est-à-dire acquérir les qualités morales et spirituelles qui vont élever l’initié au-dessus de la condition des profanes. Ce courant maçonnique travaille notamment sur les états de conscience, et est à la recherche de ce qu'Ouspensky appelle l'état de conscience objectif qui conduit à l'éveil, c'est-à-dire à l'expérience du Réel.

Quelle est la nature du Réel ?

La seule réponse valable est qu’il existe plusieurs niveaux de réalité :

  • - la Réalité créée par notre esprit est en nous-même. C'est une représentation du monde élaborée par notre esprit et qui a nécessité les différents intermédiaires qui ont codé la perception. Ceux sont les organes des sens qui transforment nos perceptions en influx nerveux, puis les nerfs qui acheminent cette information jusqu'au cerveau.
  • - Le deuxième niveau de réalité est constitué par les molécules chimiques (faites d'atomes) et les photons présents à l'extérieur. C'est eux qui stimulent nos organes des sens.
  • - Un troisième niveau de réalité est celui qui se cache derrière les atomes et les photons semble être constitué par de la pure information.

Le monde physique tel que nous le percevons étant une illusion, la fonction de l'initiation consiste à dissiper ce voile et à accéder au Réel.

De tout temps il y eu ce désir de soulever le voile de la Réalité, de s’unir au Cosmique et de travailler à l’épanouissement intérieur de l’être humain.

Des êtres particulièrement éclairés fondèrent des écoles de mystères où on enseignait le sens profond de la vie. Parmi ces écoles, celles de l’ancienne Égypte furent parmi les plus importantes.

Sur la terre de l’Égypte des pharaons, les écoles initiatiques jouaient un rôle très important. La Connaissance qu’elles véhiculaient se rapportait à :

  • - La science des symboles
  • - La haute magie
  • - Les lois créatrices de l’univers
  • - L’alchimie opérative.



Cette Connaissance a été transmise ensuite à d’autres sociétés initiatiques, notamment les Pythagoriciens et les Gnostiques. La tradition se perpétua ensuite dans l’Empire romain. Puis, au Moyen-Âge, lorsque surgirent les corporations ouvrières, la tradition occulte s’installa au sein de la franc-maçonnerie.

Il ne s’agit donc pas de l’enseignement d’un seul homme, mais plutôt d’une tradition millénaire transmise jusqu’à nous par une chaîne ininterrompue d’êtres éclairés.

L’Ordre Maçonnique Hermétique quant à lui, se rattache à la Loge "La Sagesse Triomphante" fondée à Lyon le 24 décembre 1784 par Joseph Balsamo, dit Cagliostro.

Il constitue un véritable ordre initiatique, étranger à toute préoccupation politique, religieuse ou arriviste. Contrairement à ce qui se pratique parfois ailleurs, il est mixte et ouvert aux hommes et femmes de bonne volonté.

La maçonnerie égyptienne représente le courant spiritualiste de la franc-maçonnerie. C'est celui auquel Mozart fait référence dans son opéra "La Flûte Enchantée". Il s'agit aussi d'une des voies spirituelles les plus enrichissantes jamais conçues par l'homme.

  • Enseignements

Vous vous êtes sûrement déjà interrogé sur votre raison d’être. Il y a en effet des questions fondamentales auxquelles nous aimerions tous avoir une réponse :

Trouver une réponse personnelle à ces questions permet à l’homme de donner un sens à sa vie. Que penser en effet d’un voyageur embarqué dans un train ne cherchant pas à savoir d’où le train vient et quelle sera sa destination ?

Une autre question importante à laquelle tout être humain est confronté est celle de l’existence de Dieu :

L’Univers et la vie sont-ils dus simplement au jeu de hasard de forces aveugles ou bien un grand dessein est-il à l’origine de tout cela ?

A toutes ces questions vous devez trouver une réponse personnelle qui sera le résultat, non pas d’un enseignement dogmatique mais d’une expérience intérieure.

Nous vous apprendrons comment :

  • - modifier vos états de conscience
  • - maîtriser parfaitement la fonction symbolique en utilisant le symbole comme objet de méditation
  • - pratiquer la projection de conscience
  • - activer vos centres psychiques
  • - ne plus vivre dans le monde de la représentation mais faire l'expérience directe du Réel
  • - vous mettre en harmonie avec les forces cosmiques supérieures pratiquer la véritable alchimie et la théurgie, etc.

http://www.sciences-occultes.org/franc-maconnerie_historique.html

Le mot Hermétisme par lui-même signifie déjà "fermé", "secret"... la doctrine hermétiste ne peut donc être attribuée à tout le monde et à n'importe qui. Pénétrer le royaume de l'Hermétisme signifie entrer dans un autre Univers que celui où vous naviguez chaque jour.

Ici, celui qui a faim et soif à la manière terrestre ne trouvera rien pour calmer sa faim. Seul celui qui a faim et soif de Connaissance et de Compréhension pourra s'y désaltérer et y étancher sa soif. L'Hermétisme a pour but de répondre aux questions que l'homme enclin à l'éveil se pose :

  • Qui suis-je ? Qui inventa les religions ? Qu'est-ce que l'Âme ? Quel est ce monde dans lequel je vis ? En existe-t-il d'autres ? Existe-t-il une vie après la mort ? Pourquoi y a-t-il autant de malheurs sur terre ? Autant de catastrophes ? Dieu existe-t-il ? Pourquoi Ieschou (yésus) a-t-il été livré à l'ennemi par les Pharisiens ? Et mille autres questions dont les réponses ne se trouvent nulle part qu'en vous-même...

Alors bien sûr, de nombreux individus se réclameront Hermétistes, Occultistes, Esotéristes, Initiés... il faut savoir qu'il y a très peu de Purs Hermétistes versés dans la Science Sacrée... et beaucoup de gourous, maîtres et charlatans qui prêchent souvent pour leur paroisse mais non pour le bien de l'humanité...

HERMÉTISME

Entre autres choses, l’Hermétisme est une philosophie, une science occulte, une sapience qui englobe plusieurs disciplines dont l’Alchimie. Science occulte car elle utilise un langage codé, symbolique pour diffuser ses principes. Les ouvrages alchimiques, tout particulièrement, présentent un langage compréhensible seulement pour les adeptes, les initiés à l’Art Royal.

L’Hermétisme est basée sur la recherche intérieure, la vérité serait à l’intérieur de soi et personnelle à chacun, elle ne serait pas communicable puisqu’elle doit se forger petit â petit par l’individu comme tout travail alchimique, cela prend du temps et de la patience.

On attribue l’Hermétisme en grande partie à Hermès Trismégiste (le 3 fois grand), personnage possiblement légendaire qui aurait vécu en Égypte et qui nous aurait laissé des écrits, dont la fameuse Table d’Émeraude (Tabula Smaragdina), qui se veut un condensé court d’un exposé sur l’Alchimie et un résumé des connaissances que possédaient les anciens sur la Lumière Astrale. Certaines sources révèlent que ce serait Alexandre le Grand qui aurait trouvé la Table d’Émeraude dans la tombe d’Hermès mais on suppose qu’il s’agirait bien plus d’un texte que d’une véritable table d’émeraude.

Certains pensent que le texte ferait partie du Corpus Hermeticum qui est un important recueil de textes grecs écrit par Hermès Trismégiste entre le 1er et le 3e siècle après J-C. Beaucoup d’ésotéristes ou d’occultistes en ont parlé, notamment Paracelse, Eliphas Lévi, Mme de Blavatsky, entre autres. Quoiqu’il en soit, c’est un texte voilé dont la copie la plus ancienne connue est une traduction arabe et elle a été non seulement traduite en de maintes occasions, mais bien sûr, au fil des ans, elle a subi des modifications. L’une des théories fondamentales de l’Hermétisme est la correspondance qui existe entre toutes choses. Pour classifier ces correspondances, les hermétistes ont défini un ensemble de 7 classes ou catégories et ont dressé des tables de correspondance intéressantes où figurent la relation symboliques tant au niveau des 7 planètes (visibles à l’œil nu) que des métaux, des plantes, et même, l’astrologie médicale a attribué ces concordances aux organes humains.

L’Hermétisme n’est pas le fait d’une religion particulière, cependant, on parle de l’Hermétisme chrétien, musulman, juif, indou, etc., c’est que chaque religion, chaque philosophie a ses secrets ou voile certaines informations que le chercheur doit découvrir généralement par le biais du symbole. Si on parle de la magie de la messe dans l’hermétisme chrétien, on va à la recherche des indices qui ne sont pas nécessairement révélés par la Sainte Église mais qui cependant font partie de l’acte magique qu’est la messe. On nous fournit une version publique de l’acte et le côté occulte reste bien sûr hermétique mais…celui qui cherche, trouve…Il en va de même pour la plupart des religions.

Plusieurs ont entendu ces mots : "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut…" ils proviennent de la Table d’Émeraude. Je vous confie le texte en français, il vaut ce qu’il vaut puisqu’il a été altéré du fait des traductions et des transcriptions qu’il a subies depuis son origine, cependant, il vaut la peine de prendre le temps de le méditer et d’essayer non pas de l’analyser mais de laisser les symboles qu’il fait naître à notre compréhension prendre la place de la réflexion et de l’analyse auxquelles nous sommes habitués et de simplement laisser notre intuition nous guider. Table d'émeraude d'Hermès Trismégiste

Paroles des arcanes d’Hermès - Il est vrai, sans mensonge, certain, et très véritable que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut comme ce qui est en bas : pour l’accomplissement des merveilles de la chose unique. Et de même que toutes choses se sont faites d’un seul, par la médiation d’un seul, ainsi toutes choses sont nées de cette même unique chose, par adaptation. Le Soleil est son père, la Lune est sa mère; le Vent l’a porté dans son ventre et la Terre est sa nourrice. C’est le père de l’universel télesme du monde entier. Sa puissance est entière quand elle est métamorphosée en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais, avec délicatesse et une extrême prudence. Il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, et reçoit la force des choses d’en haut et d’en bas. Ainsi tu auras la gloire de l’univers entier, par là toute obscurité s’enfuira de toi. Là réside la force forte de toute force qui vaincra toute chose subtile, et pénétrera toute chose solide. Ainsi le monde a été crée. De là proviendront des adaptations merveilleuses dont le mode est ici. C’est pourquoi je fus appelé Hermès Trismégiste, possédant les trois parties de la philosophie de l’univers entier. Ce que j’ai dit est complet sur l'opération du Soleil. Eh voilà ! Je vous laisse poursuivre vos recherches en Hermétisme, mais avant de vous laisser à vous-mêmes, je voulais encore vous dire que quand on dit d’un texte qu’il est hermétique, c’est parce qu’il est codé afin que comprenne celui qui peut comprendre…Bonne recherche….

http://www.aladys.com/Hermetisme.html

Hermétisme peut prendre trois sens différents1. Le mot désigne ainsi :

  • une doctrine ésotérique fondée sur des écrits de l'époque gréco-romaine attribués à l'inspiration du dieu Hermès Trismégiste (nom donné par les Grecs au dieu égyptien Thot)
  • une doctrine occulte des alchimistes, au Moyen Âge et à la Renaissance
  • dans un sens commun, le caractère de ce qui est difficile à comprendre.

Pour garder un minimum de cohérence, on ne saurait parler d'hermétisme (au sens d'ésotérisme) sans certaines conditions : affirmation de l'autorité d'Hermès ou d'Hermès Trismégiste ou de Thoth, ésotérisme (secret), inscription dans un courant historique précis (celui du Corpus Hermeticum, pour l'essentiel), tendance philosophique précise (centrée sur l'Un-Tout, la divinisation de l'esprit, les correspondances, l'alchimie mystique). Sinon, on tiendra pour hermétiste Rimbaud, toute l'alchimie...

L'hermétisme est une philosophie, une religion, un ésotérisme, ou une spiritualité en quête du salut, par l'esprit (comme le gnosticisme) mais supposant la connaissance analogique du cosmos. Le salut passe par la connaissance : se connaître, se reconnaître comme "étant fait de vie et de lumière"2, comme Dieu, en tant qu'intellect. Et cela constitue une contemplation, la vue du Bien, en sa "beauté impérissable, incompréhensible"3.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Herm%C3%A9tisme

L'hermétisme se présente comme une révélation d'Hermès Trismégiste. Mais est-ce une révélation ? et qui est Hermès Trismégiste ?

Qui est Hermès Trismégiste (Ἑρμῆς ὁ Τρισμέγιστος) ? Hérodote (vers 420 av. J.-C.)4 et la célèbre "pierre de Rosette" (196 av. J.-C.) signalent déjà l'identification entre le dieu égyptien Thoth et le dieu grec Hermès. Thoth, le dieu Ibis, est identifié à Hermès5 car ils ont plusieurs points communs : ils conduisent les morts, ils ont inventé l'écriture, et diverses techniques, ils sont les scribes des dieux. Selon Cicéron, il y eut cinq Hermès, dont le dernier est appelé Thoth en Égypte.

"Le cinquième est adoré par les Phénéates en Arcadie ?. On dit qu'il tua Argos et que, pour cette raison, il s'enfuit d'Égypte. Il avait donné aux Égyptiens leurs lois et leur écriture. C'est celui que les Égyptiens appellent Thoth."

"Trismégiste" (Τρισμέγιστος) signifie "trois fois grand", donc très grand : Hermès l'extraordinaire ! C'est une traduction maladroite, en grec, de l’égyptien hiéroglyphique (ou démotique) "aâ aâ aâ ur" ("grand, grand, très grand") où la répétition exprime une sorte de superlatif. Le Trismégiste est présenté comme un grand Sage qui a vécu dans des temps très anciens et qui est proche des dieux. Son époque remonte avant Platon et même les Sept Sages, selon Lactance.8 Dans le "trois fois grand", "Suidas reconnaît le signe de la Trinité, Bernard de Trévise (XVe s.) y décèle une allusion aux trois règnes (minéral, végétal, animal) ; dans un traité daté de 1736, publié sous le pseudonyme de Pyrophilius, on lit que ce nombre est une allusion aux trois principes (sel, soufre, mercure) de Paracelse ; le plus souvent, il est interprété comme signifiant 'grand philosophe, prêtre et roi'."9

Les Hermetica sont-ils une révélation ? Pour les Anciens, les gens du Moyen-Âge et de la Renaissance, certainement. Mais, les doutes sont arrivés sur la divinité et l'antiquité de l'enseignement à partir d'un érudit huguenot, Isaac Casaubon. Celui-ci démontre en 1614 que le Corpus Hermeticum n'est pas antérieur au IIe ou IIIe s. : le Corpus mentionne Phidias (Ve s. av. J.-C.), il cite des auteurs tardifs, il a un style hellénistique.10 Aujourd'hui, on lit aisément les influences du Timée de Platon, des stoïciens, du gnosticisme, de certains néoplatoniciens, et même du judaïsme.

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____La science est-elle vecteur de progrès au Sud? Pourquoi ce peu d’intérêt de la part de l’establishment politique du Sud à se doter des moyens pour qu’une communauté scientifique puisse voir le jour?

Pourquoi ce peu d’intérêt de la part de l’establishment politique du Sud à se doter des moyens pour qu’une communauté scientifique puisse voir le jour? II y a d‘abord des raisons culturelles. Dans le monde arabe, la véritable science est celle du Coran,de la vie du prophète et donc, tout ce qui est en relation avec la langue arabe et la religion. Un lettré est un monsieur versé dans ces sciences-là. Les sciences modernes ont eu du mal à dépasser cette barrière d'autant plus qu'elles avaient le visage du dominateur. De plus, il y a eu l'impérialisme du modèle dominant occidental et peut-être aussi des craintes politiques, dans la mesure où le pouvoir politique dans les pays du Sud n'a pas toujours une assise très nette et ne s'est pas toujours constitué de façon démocratique. Le pouvoir n'y a pas toujours envie de mettre en avant les scientifiques. A contrario, en Algérie, on tue aujourd'hui des psychiatres, des médecins, des intellectuels qui pourraient offrir une alternative à une solution politique des problèmes que connaît ce pays.

Les avancées actuelles de la science, et notamment leur exploitation par ce que l'on appelle d'un terme pompeux, les macro-systèmes techniques, et j'ajouterai les multinationales, ont singulièrement changé la donne. Un grand observateur de la communauté scientifique américaine, David Dixon, qui a été le correspondant de Nature pendant une dizaine d'années à Washington, a dit que "la science est devenue aujourd'hui un instrument de l'impérialisme marchand". Cette maxime ne se vérifie nulle part mieux que dans le Sud. Les exemples sont nombreux: pesticides dangereux interdits dans le Nord et déversés là-bas ; médicaments frelatés ; déchets toxiques. Souvenez-vous de la déclaration de M. Summer, vice-président de la Banque mondiale en 1990, lorsqu'il disait qu'il était absolument normal que les déchets soient traités dans les pays africains puisque c'était des pays sous-pollués ! Tout ceci contribue à pousser les populations du Sud dans les bras de l'irrationnel et induit certains comportements qui n'ont rien à voir avec la science telle que pratiquée aujourd'hui.

S'ajoute à ceci l'exploitation par les multinationales des richesses biologiques du Sud, sans une juste compensation à ceux qui ont gardé la mémoire et transmis les savoirs ancestraux. Le cas des semences est à cet égard devenu classique. II y a eu récemment des manifestations contre les multinationales qui améliorent des semences à l'aide de gènes prélevés sur des plantes tropicales puis viennent les revendre dans ces mêmes pays, sans que les paysans qui leur ont indiqué l'espèce aient bénéficié de la moindre retombée. Avec le défunt GATT et les accords signés à Marrakech sur la propriété intellectuelle, la situation ne peut guère s'améliorer. Certaines avancées scientifiques majeures ont des effets "boomerang" dans de nombreux pays du Sud. Un exemple : s'il est désormais possible de produire, à la suite des avancées de la biotechnologie, de la vanille en grande quantité à Paris ou à Glasgow, quel sera l'avenir d'une île comme Madagascar déjà extrêmement éprouvée ? Une avancée scientifique est-elle toujours un progrès ? Jean-Jacques Salomon a écrit que "l'image du progrès scientifique a cessé de coincider avec celle du progrès humain". Evoquons également le cas du paludisme. Jean-Jacques Salomon n'a pas parlé de Manuel Patarroyo. Or, ce chercheur de Bogota vient de mettre au point un vaccin contre le paludisme. II a publié dans Nature trois papiers et s'est donc plié au rituel occidental scientifique. Son vaccin vient d'être essayé en Tanzanie et l'OMS le soutient actuellement pour la mise en oeuvre d'une deuxième phase des tests. Mais, depuis les indépendances, l'intérêt des multinationales pour le paludisme et pour les maladies tropicales, n'est plus aussi fort qu'au temps des colonies, parce qu'un vaccin contre le paludisme

n'intéresse aujourd'hui que deux milliards d'êtres humains désargentés. Par conséquent, cette découverte n'a aucun intérêt pour le cash-flow des multinationales. L'informatique et les télécommunications constituent une autre avancée de la science. Malheureusement, lorsque les garde-fous juridiques n'existent pas, lorsque la critique du pouvoir n'est pas autorisée, comme c'est très souvent le cas au Sud, ces progrès peuvent affecter les libertés publiques et les droits de l'homme et par conséquent rendre le combat pour la démocratie dans ces pays singulièrement difficile. Enfin, dernier exemple : l'énergie nucléaire déchaine les passions lorsqu'il s'agit de son exploitation dans les pays du Sud ; ce qui se passe sur le terrain international, si l'on compare ce qui est accordé l'Irak ou à la Libye et le traitement réservé à la Corée du Nord, suscite de nombreuses questions ... Il est vrai qu'il faut des sciences et des techniques au Tiers monde sinon les pays du Sud ne s'en sortiront pas. II n'en demeure pas moins qu'un très grand nombre d'avancées peuvent se retourner contre eux et augmenter leurs souffrances et leurs maux. Que faudrait-il ? Une science mutante dans le creuset de laquelle seront contrôlés les savoirs traditionnels comme les connaissances les plus avancées du génie humain et de l'homme contemporain.

II y a des réserves de rationalité, des principes logiques dans nos pays africains qui dans différentes sciences devront être exploités pour donner de nouvelles dimensions à ces disciplines". C'est la bonne démarche: prendre à l'Europe et lui donner à notre tour. Si nous voulions tout recommencer à zéro ce serait un apartheid de l'esprit..

- Contrairement à ce que l'on croit, le vaccin contre le paludisme n'existe pas encore. Manuel Patarroyo a un discours extrêmement publicitaire afin d'avoir les moyens de travailler; et il a raison, il a obtenu beaucoup d'argent ainsi. Les essais sont en cours actuellement et ils se termineront à la fin de cette année. Nous n'aurons donc les résultats qu'à ce moment, voire en 1995. On ne peut pas se prononcer aujourd'hui.

-Je voudrais cependant vous faire remarquer que la phase deux de son vaccin a commencé en Tanzanie, sous supervision de la Suisse et de l'Espagne (il n'est pas partie prenante dans l'affaire, il aura donc un jugement objectif), et sous l'égide de l'OMS.

Oui, c'est sûr. Ce que l'on peut dire aujourd'hui, pour ramener le problème à sa juste proportion, est que la balle est dans le camp des pays du Tiers monde. Ce qui se passe actuellement dans les pays du Sud est essentiellement un problème politique. La science et la technique ne sont absolument pas dans la priorité des décideurs, comme on peut le voir dans le monde arabe. II est extrêmement important de pouvoir lire sur les plaques des immeubles "nous avons une académie des sciences, nous avons un institut de ceci ou de cela N. Mais quand on pousse la porte, on s'aperçoit qu'il n'y a rien derrière. Seule la démocratie peut amener ces décideurs à changer. Malheureusement, cela semble plutôt renvoyé aux calendes grecques.

- Larbi Bouguerra a évoqué une science mutante sans aller très loin dans la réponse à la question que j'ai posée au début, "comment associer les techniques traditionnelles et la technique moderne?" Sa seconde affirmation "la science est contre le Tiers monde" ne permet pas non plus d'avancer. Pourquoi donc la science serait-elle pour le Tiers monde? II n'y a aucune raison. La science n'est pas faite par le Tiers monde mais par les pays du Nord, en particulier pour asseoir leur domination sur le Sud.

- Le fait que la recherche se fasse à 95 % au Nord, et en grande partie dans les pays anglo-saxons, est dangereux pour l'avenir de la pensée scientifique parce que cela lui enlève d'immenses richesses culturelles. L'abandon du terrain est très grave et sa reconquête, avec les recherches sur les villes, sur les systèmes naturels ou agricoles par exemple, ne se fera qu'à partir de recherches scientifiques à long terme et à court terme enracinées dans les pays concernés. II faut distinguer ces deux grands types de recherche: celle menée dans des laboratoires climatisés et celle conduite sous le soleil. II est possible d'exporter au Sud des laboratoires climatisés, en installant à Dakar un laboratoire sur la culture in vitro par exemple, mais si des chercheurs nationaux ne participent aux travaux qui y sont réalisés, cela n'avancera à rien.

- II ne peut pas y avoir, comme l'a justement souligné Alain Ruellan, de sciences dans les pays du Tiers monde s'il y a abandon du terrain. Comment expliquer cet abandon? Parce que, dans un très grand nombre de pays sous-développés, il existe maintenant une bureaucratie de la recherche particulièrement développée. Elle fait les lois et les textes dans les bureaux. La recherche sur le terrain n'est donc pas toujours valorisante. Comment les scientifiques arrivent-ils dans les bureaux? Par népotisme ou volonté politique.

- Que peuvent faire aujourd'hui les nouveaux chercheurs du Tiers monde ? Je suis algérien et, après quelques années passées en France, j'hésite à rentrer chez moi. C'est le cas de la plupart des jeunes chercheurs des pays en voie de développement puisqu'ils trouvent plus facilement du travail au Nord. Que pourraient-ils d'ailleurs faire chez eux où leur seule alternative est de prendre les armes et de changer les pouvoirs ?

- Oui, mais il ne faut pas oublier que Manuel Patarroyo a eu, au début, d'immenses problèmes pour faire reconnaître à ses collaborateurs anglais que son travail avait une réelle valeur scientifique.

- Hormis ce qui a été dit à propos du nucléaire et la Corée, je partage tous les points de vue de Lardi Bouguerra. II y a deux conditions pour qu'il y ait de la science. La première : il faut des institutions et des traditions. La seconde: l'environnement politique, quel qu'il soit, doit être favorable à la critique qui constitue le fondement du progrès scientifique.

- Ce débat ne pourrait-il pas être un peu dédramatisé aujourd'hui? II y a une vingtaine d'années, les chercheurs du Sud s'orientaient vers la recherche fondamentale. II y eu ainsi beaucoup de physiciens théoriciens ; Abdul Salam en est un exemple. Depuis, l'éventail s'est un peu équilibré. II y a davantage d'ingénieurs et même de scientifiques qui s'adonnent à la recherche appliquée.

  • "Faut-il au Tiers monde des sciences ou des techniques?" La

réponse à cette question très provocatrice dépend de l'histoire du pays, de sa culture, de son stade de développement et de l'état de ses forces intellectuelles. II me semblerait judicieux de réfléchir plus précisement aux questions suivantes : quelles sciences et quelles techniques? De quoi parle-t-on effectivement quand on parle de science? La science à laquelle on fait référence dans les instances internationales et entre nous est celle qui tombe sour le couperet de l'évaluation internationale et plus précisément américaine.

Certains disent, en particulier les chercheurs de I'Orstom, que seule la science du Nord est visible. 90 % de la production scientifique dont on parle est celle conduite dans les pays du Nord ou dans ceux du Sud sous leur contrôle. II faut avoir conscience que la science est celle qui est passée sous les fourches Caudines des revues anglo-saxonnes, les seules considérées comme valeur de référence et source d'authentification. La science n'existe - première embûche - que parce son contrôle émane des scientifiques eux-mêmes. Mais comment le développement scientifique va-t-il irriguer la société ? Qui bénéficie effectivement de ces connaissances et qui peut les acquérir dans sa propre culture ?

Les mêmes problèmes se posent pour les techniques. Les techniques auxquelles font généralement référence nos instances internationales sont celles développées dans nos propres pays, imprégnées de la culture occidentale et forgées par le régime très compétitif dans lequel nous vivons. Les techniques du Sud sont pour l'essentiel des techniques transférées du Nord. "Comment les techniques sont-elles choisies, adaptées aux différentes cultures, ou comment sont-elles créées dans celles-ci ?" constitue l'une des questions fondamentales pour l'ensemble des pays du monde. Je soulèverai également trois problématiques qui se sont fortement affirmées lors du Sommet de Rio en 1992. La première concerne le capacitybuilding- il n'y a pas de terme en français - et part du constat, fait par le Nord et accepté par le Sud, qu'il y a dans les pays du Tiers monde un déficit d'hommes et de femmes ayant des connaissances scientifiques et techniques leur permettant de produire et de s'approprier les sciences et les techniques. Comment remédier à cet état de fait? La deuxième problématique s'exprime à travers la culpabilité de tous les scientifiques, au Nord comme au Sud: il y a une culture propre à chaque pays et des techniques originelles, mais comment adapter ou mélanger les technologies modernes et traditionnelles ? Selon moi, cette préoccupation relève encore du "discours" et demeure un problème majeur.

La troisième problématique a été discutée lors la conférence de Manaus au Brésil qui a suivi celle de Rio. Celle-ci a réuni des chercheurs des régions tropicales humides dans l'objectif de voir comment ce climat, cette composante écologique et géographique pouvaient contribuer à une approche environnementale et un mode de vie similaires, quelles que soient les cultures d'origine. La question majeure posée a été : comment faire en sorte que les pays du Sud, ayant une composante écologique, géographique, et éventuellement scientifique semblable, mettent en place entre eux des formes de coopération et des réseaux scientifiques et techniques propres, qui leur permettent d'établir un dialogue avec le Nord et puissent servir de part et d'autre ?

quelle politique scientifique ?

-Je voudrais d'abord poser le problème de la politique de développement scientifique en ce qui concerne les sciences en général puis, plus particulièrement, les sciences sociales liées au développement. Je dois préciser qu'économiste de formation, je ne suis pas compétent dans les sciences dites "dures"

Très franchement, il me semble que la question "faut-il au Tiers monde des sciences ou des techniques ?" n’est pas très claire. Le problème n’est pas tellement de définir les sciences en opposition aux techniques et les techniques en opposition aux sciences, ce qui me paraît d’ailleurs très difficile à établir, mais il faut se demander quel type de développement scientifique et technique un pays peut se donner. La réponse primordiale est que ce sont les pays eux-mêmes qui doivent choisir leur politique scientifique. Ils doivent donc se doter des instruments pour pouvoir opérer ce choix. Ce n’est pas une simple formulation et l’on a trop souvent négligé ce qu‘étaient les exigences impérieuses et rigoureuses de l‘élaboration d’une telle politique.

Elaborer une politique scientifique signifie tout d’abord évaluer la demande sociale et identifier les réponses possibles dans chaque pays et à tout moment. Cela implique également une définition des priorités. Sur quels critères peut se fonder la définitidn de priorités? Voilà, me semble-t-il, le rôle principal d’une véritable politique, à savoir l’identification des avantages et des coûts collectifs des différentes options. Ce n’est cependant pas très facile car nous ne disposons pas de techniques très au point pour cela. Quand on parle de coûts et d‘avantages collectifs, on doit se demander qui va en supporter les coûts et qui sacrifie-t-on en prenant telle orientation plutôt que telle autre. Martine Barrère vient de le souligner dans une formule excellente "comment le développement scientifique va-t-il irriguer la société?" Cela suppose des méthodes très précises de définition des politiques.

Dans le domaine des sciences sociales, dans la mesure où elles concernent le déve loppement, la réponse est beaucoup plus facile à donner, encore qu’elle ne soit guère acceptée actuellement. Aujourd’hui, personne n’a le monopole de la réflexion fondamentale sur le développement. Ce serait une aberration de soutenir, comme c’est le cas dans certaines universités, que la réflexion fondamentale doit être laissée aux grandes universités européennes ou américaines et que la collecte des données ou la base empirique du savoir sont réservées au Sud. Je ne vois pas ce qui permettrait d‘abandonner au Nord la réflexion fondamentale sur la nature du développement, sur ses finalités et ses objectifs, sur son mode d’organisation. Avoir attribué le mot de "développement" aux seuls pays du Sud jusque très récemment est également une inepsie. II y a des problèmes de développement à l’Est et au Nord qui sont extraordinairement profonds et dont personne ne connaît la solution. La généralisation de ces dilemmes sur l‘ensemble de la planète, nous entraîne dans une course folle vers l’inconnu. Au Nord comme au Sud, nous ne savons pas où nous allons.

Un effort collectif est donc de plus en plus indispensable. Mais ceux qui pourraient en être les acteurs dominants affichent une démission très inquiétante. Les organisations internationales, qui ne sont pas directement responsables du développement scientifique, mais participent largement à la réflexion sur le sujet, sont incapables de sortir d’un modèle stéréotypé. De nombreux chercheurs sont également coupables de démission car ils répondent d’abord aux exigences de leur carrière ou à un certain conformisme. La réflexion ne peut venir des entreprises parce qu‘elles ont une autre finalité.

II est également très important que cette réflexion sur le développement et l‘effort des sciences sociales en la matière se portent sur les objectifs autant que sur les moyens. Ce qui me frappe dans la réflexion menée par les organisations internationales -je les connais un peu pour les avoir beaucoup pratiquées - est que les objectifs du développement sont toujours supposés être la participation à la compétition internationale et l'intégration dans les échanges mondiaux. Ce que l'on ne remet jamais en cause. Les moyens proposés sont alors stéréotypés et réduits à des problèmes strictement techniques et locaux. Si vous n'acceptez pas ce conformisme, vous êtes contraints de renouveler votre réflexion sur les modèles de développement. Dernier point: s'il est désormais banal de parler de méthode interdisciplinaire, il est beaucoup plus difficile qu'on ne le dit de la mettre en oeuvre. II me paraît très important de réfléchir à nouveau sur la relation dialectique entre les faits et les théories. De nombreux travaux consistent à essayer de prouver qu'une théorie est vraie et que tel fait est intéressant puisqu'il correspond à la théorie de X ou Y.

C'est l'inverse de ce qu'exige la démarche intellectuelle. Quelle aberration ! L'essentiel n'est pas de démontrer que telle ou telle théorie est vraie, mais de comprendre des faits et de se demander si l'on a des théories qui les expliquent. Si on ne les a pas, il faut en inventer d'autres. Un intervenant - Les faits sont effectivement importants. Mais en physique, il y a parfois plusieurs théories; il faut donc savoir si la théorie, celle d'Einstein par exemple, est vraie ou pas, n'est-ce pas? Vérifier qu'une théorie est vraie, cela signifie vérifier qu'elle décrit bien les faits expérimentaux et le monde physique. En sociologie, peutêtre est-ce différent?

-Je ne suis pas du tout en désaccord avec cela. II faut effectivement pouvoir vérifier les théories, mais ce n'est pas le but de l'effort scientifique. En matière de développement, une théorie vérifiée n'est utile que si elle permet de comprendre ia réalité.

Un intervenant - Sur un plan plus philosophique et éthique, la question faut-il au Tiers monde des sciences et des techniques ?" relève encore une fois d'un débat entre gens du Nord. Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec la fameuse controverse de Valladolid : lors des premières colonisations de l'Amérique, les Européens se sont demandés [si les sauvages étaient des hommes, s'ils avaient une âme, s'il fallait les évangéliser] ... En posant cette question n'induit-on pas ce genre de controverse, à savoir: les pays en voie de développement sont-ils capables de contribuer au progrès de l'humanité, à l'augmentation de la connaissance, etc. ? Ce débat, éthiquement, n'est pas soutenable. Avant de s'interroger sur la nécessité de sciences ou de techniques pour le Tiers monde, il faudrait affirmer haut et fort que ce débat ne se fondera jamais sur l'axiome : il y a une humanité à la pointe de la science et une autre incapable de contribuer au progrès de celle-ci.

La question m'offre l'occasion de mettre les choses au point et de dissiper quelques malentendus. S'il va de soi qu'il en faut et même beaucoup, la vraie question est de savoir lesquels. Je ne peux qu'approuver les propos Christian Coméliau sur les sciences sociales :tout dépend des objectifs que l'on se donne dans le contexte d'une définition, théorique ou pas, de ce que doit être le développement de son pays ou d'une région donnée. Là réside d'ailleurs la source de toutes les ambiguïtés des politiques de développement menées depuis une quarantaine d'années et qui ont conduit à un constat relatif d'échec dans certains cas et de succès beaucoup plus rarement, hélas. car la notion de dévelop pement, Christian Comeliau l'a rappelé, n'est pas apodictique comme pourrait l'être la théorie d'Einstein par exemple. Le développement a du mal à se vérifier. De ce point de vue, il existe une petite différence entre l'épistémologie des sciences sociales et celle des sciences dites "dures".

En dépit de ce que la communauté scientifique internationale n'a cessé de revendiquer et que tant de représentants des pays en développement ont également appuyé -cette maison, les Nations Unies et certaines autres institutions-, il m'est arrivé d'écrire que l'histoire des sciences et des techniques tout comme l'expérience pratique du développement de ces quarante dernières années montrent que la recherche fondamentale n'est pas indispensable dans certaines conditions (que je vais préciser) au développement de nombreux pays en développement. II me faut cependant nuancer cette affirmation : il y a des pays en développement qui disposent d'infrastructures scientifiques, d'une tradition relative dans ce domaine depuis plus d'un siècle, de gens formés, de dirigeants -quels qu'ils soient, dictateurs ou non (le rôle de ceux-ci de ce point de vue n'est d'ailleurs pas sans importance) -qui reconnaissent à l'institution et aux activités scientifiques un élément de dynanisme indispensable au progrès éconcmique et social de leur pays. Nous connaissons ces pays. S'ils sont assez nombreux par bonheur, ils constituent dans l'ensemble des pays membres des Nations Unies une infime minorité.

La plupart des pays en développement, en Afrique, en Amérique latine et en Asie, ont vécu sur l'idéologie d'une science qui leur permettrait de rattraper les pays dits, non pas développés, mais industrialisés. Cela a conduit à beaucoup d'erreurs, de dépenses inutiles et d'éléphants blancs. Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille se passer de la recherche fondamentale. Cependant l'histoire nous a appris, en particulier celle du Japon, celle des pays européens avant la Révolution industrielle et celle plus proche de nous des quatre petits dragons d'Asie, que l'on peut se développer rapidement et être présent sur le marché international des technologies sans pour cela bénéficier d'un capital de recherche fondamentale très important. Le cas du Japon le montre à l'évidence: ce n'est que lorsque ses succès technologiques, entre la fin de la Grande Guerre et les lendemains de la seconde guerre mondiale, lui ont permis de disposer d'une certaine croissance économique et d'institutions adéquates, que le Japon s'est résolument engagé dans un eff Ort de recherche fondamentale, parce que l'évolution des technologies le demandait et parce que ce pays disposait des ressources et de la main d'oeuvre indispensables.

Dans la grande majorité des pays en développement, hormis dans des pays continents, tels le Brésil, la Chine et l'Inde, ces infrastructures n'existent pas, le contexte économique ne s'y prête pas et il n'y a pas de tradition scientifique. La plupart d'entre eux ont cependant disposé de structures pour élaborer des politiques scientifiques, mais celles-ci n'ont conduit qu'à la création d'une bureaucratie sans institutions scientifiques, si ce n'est celles qui étaient soutenues, voire offertes par les anciens pays colonisateurs. Ce discours sans concessions permet de revenir sur terre, non pour prétendre qu'il est possible de se passer de recherche fondamentale, mais pour affirmer que celle-ci est indispensable pour former et encadrer des équipes nationales qui pourront tirer parti des connaissances scientifiques et techniques et les appliquer à la stratégie de développement que leur pays lui-mêmeaura définie. Mais enfin la science, la bonne science et il n'existe de science que très bonne, ou ce n'est pas sérieux, c'est celle qui répond aux critères de la communauté scientifique internationale.

Je voudrais attirer votre attention sur le coût social des politiques de science qui se sont limitées à reproduire le modèle scientifique des nations les plus avancées. Les Etats qui ont conduit ce type de politique ont envoyé dans les pays industrialisés des talents qui ne sont jamais revenus ou qui, à leur retour, n'ont pas trouvé d'institution où utiliser leur savoir et leurs compétences. Cela explique d'une part, le brain drain et d'autre part, le malaise des communautés scientifiques des pays en développement dont le système social ne reconnaît pas l'importance de la science en tant que telle. L'imitation des modèles américain, européen, ou soviétique à l'époque où il pouvait encore exercer ses charmes, a amené, en Afrique en particulier, avec l'aide bien sûr des ex-pays colonisateurs, à la création d'institutions d'enseignement supérieur. Ces structures ont produit de nombreux docteurs et très peu de cadres intermédiaires ou d'ingénieurs aptes à maîtriser le système technique avancé sur lequel aujourd'hui nous, pays du Nord, vivons. Les pays en développement ont de bons professeurs et parfois de bons docteurs, mais ne bénéficient ni d'infirmiers, ni de médecins, ni de techniciens. Le Brésil offre un admirable exemple de ce point de vue. L'Inde, premier pays du monde pour la quantité de chercheurs formés chaque année, est aussi celui qui possède le plus grand nombre de scientifiques au chômage et qui "exporte" dans les pays industrialisés le plus de chercheurs.

Cela ne signifie pas que l'on puisse se passer de recherche fondamentale, mais que l'on y a investi des sommes disproportionnées alors que l'on aurait pu être beaucoup plus efficace en généralisant l'enseignement primaire comme ce fut le cas en Europe au XIX~ siècle. La Révolution industrielle ne s'est pas faite en effet avec la Science et l'université, mais à partir de l'école élémentaire et de l'enseignement professionnel. C'est ce qui a par exemple permis de passer très facilement du forgeron au mécano de l'industrie automobile.

"quel est l'impact sur le développement d'une politique de science qui se consacre pour l'essentiel à la recherche fondamentale ? N, la réponse était "nul". .. dans le court terme, où que ce soit ! La recherche fondamentale produit de l’information disponible pour la communauté scientifique internationale. Qui en profite ? Ceux qui sont capables de transférer ces connaissances et informations dans le savoir-faire immédiat des préoccupations économiques, industrielles, ou en matière de santé. Les pays en développement membres des Nations Unies ne doivent pas avoir pour objectif de reproduire les prouesses scientifiques d‘Einstein. C‘est une question de bon sens ! Entre nous soit dit, quand ils arrivent à les imiter, l’exemple de réussite le plus parfait est celui d’Abdul Salam, mais il travaille à Trieste et non au Pakistan ! Leur objectif devrait être tout simplement de résoudre les problèmes les plus urgents - la survie, la faim ou le chômage - et non de se mesurer dans la compétition internationale par l‘acquisition de nouvelles technologies.

On pourrait ajouter à l‘exemple du système éducatif européen celui de Singapour ou de Taïwan. Le développement de ce deux pays s’est d’abord, quelles que soient les différentes phases de leur développement agricole, industriel ou de techniques de pointe, fondé sur le système éducatif. II y a quatre ou cinq ans, 90 % des jeunes Taïwanais avaient le niveau du baccalauréat. Effectivement, les nouveaux dragons aujourd’hui ont parfaitement compris la nécessité d’un système éducatif qu’ils mirent en place bien avant de se tourner vers la recherche fondamentale. II est vrai, comme l‘a souligné Jean-Jacques Salomon, que le Japon a fait de la recherche fondamentale dès lors qu’il a bénéficié des ressources financières et des hommes nécessaires, mais également parce qu‘il a été encouragé en cela par la pression internationale sous l’injonction du fameux "arrêtez de nous copier ! ". Lorsqu’ils ont atteint un certain développement, les Japonais, de façon extrêmement astucieuse, n’ont pas privilégié la création de centres de recherche fondamentale dans leur pays, mais ont créé dans les pays occidentaux des centres où ils sont minoritaires, dont les capitaux proviennent principalement du Japon et où ils arrivent à drainer les meilleurs chercheurs du pays d’accueil.

-Je n‘ai pas voulu dire qu‘il n’y avait pas de recherche fondamentale au Japon vers 1880, au début de l’ère de Meiji. Deux exemples : en physique, ils ont eu d’excellents scientifiques au lendemain de la guerre 14-18 et, même avant, un élève japonais de Pasteur, Kurasatou, est apparu dans la liste des nobélisables. La philosophie des sciences au Japon est différente de la nôtre. Les Japonais ont découvert la science occidentale à travers l‘impérialisme européen et les bateaux qui ont violé leurs frontières Cela les a d’ailleurs beaucoup frappés, d’où Port-Arthur. .. Pour eux, l‘intérêt de la science européenne, ce fut la technologie. Aujourd‘hui encore, le rapport du Japon à la science révèle une obsession de la technologie. Leurs universités n’ont pas tout à fait le même statut que les nôtres, et leur essor industriel est dû, depuis 1945, pour l’essentiel à des institutions extra-universitaires. -Vous dites que l‘on n’a pas donné la priorité à l’enseignement primaire, mais aux formations scientifiques dans l’enseignement supérieur; on pourrait africains, mais les populations n'ont ni les moyens ni les connaissances qui leur permettraient d'y avoir accès, donc ceux-ci "s'exportent". II faut donc commencer effectivement par développer et distribuer des ressources à la base. également dire que l’on a formé beaucoup de médecins dans de nombreux pays Quoi qu'il en dise, le discours de Jean-Jacques Salomon est sans nuances.. . J'ajouterai deux ou trois choses également sans nuances ! Premièrement, ras le bol du court terme ! Cela fait trente ans qu'à force d'en parler, il n'y a aucun projet à long terme et que l'on rate tout. Sous prétexte qu'il faut régler les problèmes de l'année prochaine, on ne règle ni ces problèmes ni ceux qui se présenteront dans dix ans. Je crois au contraire beaucoup au long terme dans la recherche scientifique.

le Japon, l'Inde et l'Afrique feraient mieux de faire du technique et laisser aux Américains la science a justement favorisé cette situation. Le pouvoir scientifique est de plus en plus entre les mains des Anglo-saxons. Les Français luttent comme ils peuvent, mais ils acceptent les normes qu'ils imposent. Je dis cela pas simplement par agressivité contre l'hégémonie de leur discours, mais aussi parce qu'il contribue à un fantastique appauvrissement. L'universalité de la science n'existe pas. Or, on se prive de plus en plus de la diversité culturelle dans la recherche scientifique. Je me bats pour la recherche fondamentale dans tous les pays du monde parce que je crois à la possibilité d'un enrichissement mondial de la recherche grâce à la contribution de tous les peuples, de tous les pays, de toutes les cultures. Cela coûte cher, bien sûr ! Quant aux systèmes éducatifs, ils ne se construisent que sur des bases scientifiques solides. Le système d'éducation français mis en place il y une centaine d'années ne s'est pas fondé sur une absence de science. Celui-ci, y compris l'école primaire, a été créé parce qu'il y avait des données scientifiques à valoriser. II ne faut pas vouloir favoriser le système éducatif au détriment de la recherche scientifique fondamentale. Ce serait une erreur.

- Je voudrais abonder dans ce sens. C'est une erreur d'affirmer que des pays n'ont pas de tradition scientifique et donc qu'ils ne doivent pas faire de recherche fondamentale. A ce train là, ils n'en n'auront jamais ! Ce ne sont que des formules répétées depuis dix ans. Selon vous, c'est le problème de la faim qui est important. Prenons l'exemple des nombreuses populations des pays tropicaux qui consomment du manioc. Qui s'occuperait de la recherche fondamentale sur le manioc, si ce n'était les pays du Sud? Aucune firme, aucun laboratoire du Nord ne le ferait. On peut dire la même chose à propos du paludisme. -Ce n'est pas parce que la recherche fondamentale n'a pas eu d'impact sur le développement que, par principe, elle est inutile. D'ailleurs, parmi tout ce qui a été fait pour le développement, qu'est-ce qui a eu un impact ? Les financements internationaux, les investissements des éléphants blancs en ont-ils eu un ? Par ailleurs, un chercheur, qu'il soit centrafricain, colombien ou qu'il appartienne à un autre pays du Sud, travaillant sur une question telle que le paludisme, par exemple,serait-il dans une situation anormale si ses travaux, même réalisés dans des conditions difficiles, précaires ou instables, apportaient des résultats ? - II suffit de mettre en cause les idées reçues dans ce domaine - souvent de pures idéologies - pour aussitôt apparaître comme celui qui pense que les bons sauvages qui accueillaient les Espagnols étaient incapables de voir autre chose que des dieux dans les envahisseurs, par opposition aux Espagnols qui se demandaient si c‘était des hommes ! Ne me faites pas de faux procès et ne me prenez pas pour le raciste post-colonialiste que je ne suis vraiment pas. Lisez-moi plutôt ! J’ai pris le soin d’écrire avec le maximum de nuances des choses qui me tiennent à coeur. Le bilan des politiques de développement ne témoigne pas d‘un succès magistral. Mais cela n‘a rien à voir avec la science, c’est un problème de choix politique. Qui travaille sur le paludisme aujourd‘hui, hormis l’Institut Pasteur, quelques laboratoires spécialisés pour la plupart situés dans des pays industrialisés dont, permettez-moi de vous le dire, le niveau de recherche n’est pas génial?

II est vrai que l’enseignement élémentaire français a été lié à la révolution scientifique, mais quel était son premier objectif: savoir lire, calculer et écrire. Or, I’analphabétisme dans les pays en développement, n‘est-il pas un grand problème?

Si l‘on se préoccupe du développement en fonction des besoins réels d’un pays, si dans cette préoccupation on a pour objectif la distribution relative des recherches ce n‘est pas par la science que l‘on y arrivera mais par des engagements politiques et économiques très précis. Encore une fois, ne me faites pas dire ce que je n’ai jamais dit, à savoir qu‘on peut se passer de la science. Je ne suis pas contre la science fondamentale, mais je crois qu‘il y a autre chose. Pour revenir sur le court et le long terme. Le long terme est une belle préoccupation de pays riches. Dans le court terme, il y a des gens qui meurent, il y a des institutions politiques monstrueuses qui débouchent sur les catastrophes que nous avons connues. Parce que l‘on a une pensée étrange du long terme, on a sacrifié les objectifs indispensables du court terme.

Pourquoi ce peu d’intérêt de la part de l’establishment politique du Sud à se doter des moyens pour qu’une communauté scientifique puisse voir le jour? II y a d‘abord des raisons culturelles. Dans le monde arabe, la véritable science est celle du Coran,

- Personnellement, je ne suis pas du tout un adepte des armes. Au cours de ma vie scientifique, je n'ai combattu qu'avec un stylo et un tableau noir ! II est vrai que dans de très nombreux pays du Tiers monde, il y a beaucoup de jeunes chercheurs qui abandonnent la recherche une fois leur thèse soutenue, car ils ont été nommés maîtres de conférence ou professeurs. S'il y a quelque chose que le Nord pourrait nous apporter, ce serait de contribuer à ce que ces travaux se poursuivent sur le long terme et que ils ne soient pas une simple reproduction, pour reprendre une expression de Pierre Bourdieu. Je crois que l'avancée des sciences dans les pays du Tiers Monde ne peut se faire fondamentalement qu'à travers les sciences expérimentales, tempérées bien sûr par les siècles de philosophie et de sagesse qu'ont connues et qu'ont exercées nos peuples.

  • Le texte suivant est tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée
  • (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXIX, n° 4, 1999, p. 699-711.
  • ©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000
  • Ce document peut être reproduit librement, à condition d’en mentionner la source.
  • JOSEPH KI-ZERBO
  • (1922—)

Amadé Badini1

Le développement clés en tête 2

Le professeur Joseph Ki-Zerbo est incontestablement l’un des penseurs de l’Afrique contemporaine qui auront marqué leur époque. Intellectuel classique moulé par les écoles et les universités de France pendant la période coloniale, il vécut dans sa chair, son esprit et son intelligence les affres et les abus divers que la colonisation, sa logique, ses objectifs et ses méthodes ont imposés aux peuples d’Afrique, ceux d’Afrique noire notamment, depuis le début du siècle et même au-delà. La ferme conscience qu’il avait de ses origines, l’attachement qui était le sien pour son pays et son peuple, le sentiment de reconnaissance envers son continent et la révolte saine et forte qui grondait en lui ont achevé de faire de lui un militant de première heure des luttes de libération nationale et africaine ; ce militantisme permanent se nourrit malgré tout de la science qu’il a acquise dans les structures éducatives de la puissance coloniale.

Savant, Ki-Zerbo l’est en effet. Agrégé d’histoire, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, il personnalisait déjà la transdisciplinarité, « l’indisciplinarité » (E. Morin) qui va devenir plus tard la toile de fond épistémologique de l’approche qu’il préconise à propos des questions du développement de l’Afrique. « Ce n’est posséder aucune science que d’en connaître une seule », comme le disait Descartes dans les Règles pour la direction de l’esprit. Ki-Zerbo l’a compris et réalisé à travers une grande avidité pour la lecture et une curiosité intellectuelle soutenue des réalités et de la sagesse traditionnelle africaine, burkinabé et samo, dont il s’inspire sans arrêt comme une source intarissable de connaissances et d’inspiration vivifiante pour les luttes d’émancipation actuelles et pour le développement.

Fidèle en cela à l’esprit des intellectuels de sa génération, Ki-Zerbo n’est pas resté cet « intellectuel contemplatif » et narcissique qui se contentait de « chanter » l’Afrique en la folklorisant du haut du piédestal légué par le colonisateur d’hier. Bien au contraire, il a compris très vite que la science qu’il a acquise, loin d’être une fin en soi, était plutôt une arme, un moyen pour participer, aux côtés des peuples africains, à la lutte pour le développement. Mieux, elle lui imposait une responsabilité supplémentaire et suscitait en lui — qui a appris à « l’école du Blanc » « à vaincre sans avoir raison » ! (C. H. Kane) — un sentiment de mauvaise conscience ; pour la chance qu’il avait eue d’aller à l’école, il se sentait le devoir moral et quasi religieux de rembourser la dette contractée auprès de son pays : Ki-Zerbo est un savant et un militant africain. Il serait fastidieux de vouloir, dans un texte comme celui-ci, faire le point sur toute l’oeuvre et la pensée d’un tel homme, d’autant plus qu’il est toujours vivant et qu’il est loin « d’avoir vidé son carquois ». Nous allons plutôt tenter, pour le moment en tout cas, de présenter l’homme en tant que théoricien et praticien émérites de l’éducation de l’Afrique contemporaine. Comme pour corroborer le dicton « nul n’est prophète en son pays », le professeur Joseph Ki-Zerbo est plus connu et apprécié à l’étranger que dans son Burkina Faso natal, du moins en tant

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que personnalité scientifique d’une très grande culture, spécialiste de l’histoire africaine où il fait autorité. Figure emblématique de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire, il a dans son pays toute la configuration d’un personnage quasi mythique : son ombre est omniprésente — quoique parfois floue — dans tous les grands événements de la vie nationale voltaïque et burkinabé. En effet, Ki-Zerbo a toujours été présent sur la scène politique nationale, à travers notamment le Mouvement de libération nationale, le parti qu’il créa en 1958. Il a influencé plus ou moins directement le devenir du pays, tantôt à visage masqué comme un tireur de ficelle embusqué dans l’ombre, tantôt en acteur intrépide et convaincu (faute d’être toujours convaincant) pendant les rares séquences plus ou moins longues où, à la faveur des courants démocratiques, les luttes et les débats politiques se faisaient au grand jour.

Homme politique donc, comme l’étaient et le sont encore la plupart des intellectuels de sa génération, Ki-Zerbo est aussi et d’abord un théoricien, un acteur et un militant de l’histoire africaine qu’il a travaillé à faire connaître des grands cercles intellectuels, européens en particulier. À ce titre, l’histoire en tant que discipline académique a servi de paradigme constant à sa vie intellectuelle d’une richesse extraordinaire et aux positions toujours hardies qu’il prend sur toutes les questions fondamentales de son époque, de son continent et de son pays : la politique naturellement, la problématique du développement, mais aussi et surtout l’éducation pour laquelle il a apporté des contributions théoriques et pratiques de très grande importance. Pour mieux rendre compte et apprécier ce que Ki-Zerbo a apporté à l’éducation africaine sur le double plan théorique et pratique, il est nécessaire — au moins — d’avoir présente à l’esprit toute la diversité impressionnante de son oeuvre d’historien et de militant africain des années de la décolonisation.

Les balises intellectuelles de sa pensée

D’entrée de jeu, une persistante question vient à l’esprit dès que l’on réfléchit sur la vie intellectuelle et la pensée éducative, en particulier, de Ki-Zerbo : d’où lui vient son acharnement pour le « penser par soi même » posé alors comme fondement premier de toute action humaine authentique, en particulier pour l’Afrique ? L’histoire personnelle de l’homme (due en partie à l’éducation qu’il a reçue de sa société traditionnelle), sa préférence affichée pour les auteurs classiques de la littérature occidentale, pour la philosophie grecque antique et pour celle des Lumières, sa profonde fierté d’appartenir au continent d’où a émergé l’humanité : ces différents éléments, alliés au phénomène historique de la colonisation qui l’a peu ou prou forgé, nous paraissent être les déterminants essentiels de sa position intellectuelle et sociale, laquelle sonne du reste comme un cri de revendication identitaire, d’indépendance et de liberté en faveur de l’Afrique noire.

En tout état de cause, un peu comme par réaction à l’idéologie dominante à travers laquelle l’Afrique et l’homme africain étaient perçus et traités, Ki-Zerbo aurait intériorisé tôt la maxime par laquelle Kant définissait les Lumières : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! » (Qu’est-ce que les Lumières ? GF 1991, p. 43. AK VIII, 35). La maxime de toujours penser par soi-même, c’est-à-dire de conjurer l’irresponsabilité de la raison servile au profit de la responsabilité de la raison autonome, s’impose comme la volonté constante de rechercher, en soi-même et par soi-même, la pierre de touche de la vérité et les mécanismes de sa libération. De là l’aversion de Ki-Zerbo envers le mimétisme, envers le « développement clés en mains », au bénéfice de l’esprit de créativité, de l’imagination et pour un « développement clés en tête », c’est-à-dire un « développement endogène ». De là encore la contradiction logique et presque inexplicable dans laquelle il se serait installé en voulant à la fois respecter et interpeller la tradition (le passé, la coutume ou le préjugé) et faire le saut nécessaire dans l’inconnu. C’est vrai qu’il insiste régulièrement sur le fait important que le passé n’est qu’une référence qui ne serait utile à prendre en considération que dans la mesure où il situe l’individu par rapport à ses « racines » et l’incite à savoir « d’où il vient », pour savoir « où il va » et « comment y arriver ».

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Selon le contexte politico-historico-culturel qui est le sien et l’exigence de « lutte de libération » permanente qui le hante, il s’agit d’affirmer et surtout de faire reconnaître à l’individu (élève, chercheur), en l’occurrence africain, qu’il est lui-même capable de penser et que « la pensée ne se développe que d’elle-même ». Tout développement est de soi à soi-même, affirme l’esprit socratique qui insiste pour faire découvrir à chacun sa puissance, sa richesse avant d’aller la chercher chez autrui, fut-il professeur ou puissance étrangère.

Considérée comme point de départ catégorique pour toute réflexion ou action utile, cette insistance, de la part de Ki-Zerbo, ne doit pas faire oublier le caractère seulement apparent de la contradiction dont il était question plus haut. Car, il le sait bien et l’affirme tout aussi régulièrement, il faudrait éviter de s’enfermer, de s’enliser, dans cet « égoïsme logique » de Kant, qui inviterait à vouloir « penser seul », à se replier sur soi, à s’isoler dans la sphère du subjectivisme aveuglant, même si, reconnaît l’auteur de l’Anthropologie (Kant, par. 2), « c’est ne pas penser du tout que de penser sous la férule d’une puissance étrangère ». La réalité historique actuelle ne l’autoriserait pas, et l’objectivité de la pensée, donc la vérité, ne le supporterait pas non plus : celui qui ne vérifie pas ses opinions, qui ne se frotte pas et ne confronte pas son jugement à celui d’autrui, ne saurait atteindre le vrai ni contribuer, par là, à sa réflexion critique, à son développement ou à celui de son pays. L’exercice de la liberté de penser est certes une affaire personnelle mais n’est pas pour autant une affaire privée ! C’est une affaire publique.

Néanmoins, la contradiction persiste surtout sous son aspect culturel et psychologique : l’intellectuel africain d’aujourd’hui est lui-même profondément un être de contradiction, perdu entre une tradition (racines) qui lui échappe et un avenir qui se fait attendre (avec tant d’incertitudes !) du fait que le présent lui même est un problème. Au moins Ki-Zerbo a-t-il eu le mérite de le reconnaître, de le vivre, pas seulement de manière sentimentale mais aussi dans sa pratique et dans sa pensée politiques et éducatives, comme sa formation académique d’historien l’y prédisposait. L’implication directe de Ki-Zerbo dans le domaine spécifique de l’éducation a commencé par sa vie professionnelle en tant que professeur d’histoire. Après son succès à l’agrégation en 1956, il enseigna d’abord aux lycées Buffon à Paris, Pothier à Orléans, Van Vollenhoven à Dakar (Sénégal), avant d’arriver à Conakry (Guinée) au lycée Donka (1958-1959) et enfin à Ouagadougou (Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso) au lycée Philippe Zinda Kaboré. De ce périple, il conviendrait de s’arrêter sur son bref séjour à Conakry, capitale de la Guinée de Sékou Touré, et cela pour des raisons évidentes. En effet, il fit partie des intellectuels patriotes qui, dans un élan de panafricanisme militant, ont volé au secours de la Guinée du 28 septembre 1958. Celle-ci était alors victime des représailles de la France, à la suite de son « non » au référendum du général de Gaulle, qui décida de rapatrier tous les cadres français dont un grand nombre étaient des enseignants. Il s’agissait pour ces jeunes intellectuels révolutionnaires d’affirmer leur solidarité au Parti démocratique guinéen et au peuple de Guinée, leur orientation antiimpérialiste et leur détermination à oeuvrer pour l’indépendance réelle de l’Afrique.

Mais très vite Sékou Touré (Tenaille, 1979, p. 193-195) leur rendit la vie difficile : il avait une peur bleue des intellectuels qu’il prenait — à tort ou à raison — pour des « contrerévolutionnaires », « des agents de la cinquième colonne armés par l’impérialisme international » pour déstabiliser son régime et récupérer sa révolution. Peut-être n’avait-il pas tout à fait tort, même s’il y eut des pointes d’exagération et des dérapages. Toujours est-il que les cadres étrangers retournèrent très vite chez eux, tandis qu’une partie des intellectuels guinéens choisissaient le chemin de l’exil.

Ki-Zerbo ne resta qu’un an en Guinée et regagna enfin la Haute-Volta qui venait d’être « indépendante » en 1960 et qui, certainement, avait tout autant besoin d’hommes comme lui. Le taux de scolarisation en Haute-Volta n’était que de 4 % à peine et le pays manquait dangereusement de cadres à tous les niveaux de la vie nationale. Tout restait à faire pour cette ex-colonie malmenée qui aura servi, tout au plus, au développement des colonies voisines selon, bien sûr, les intérêts de la métropole.

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Dans le domaine particulier de 1’éducation, deux principaux défis étaient à relever avec une certaine urgence : augmenter l’offre éducative (en développant les structures d’accueil pour les enfants, en créant des écoles normales pour la formation des maîtres) et améliorer la qualité et l’efficience externe d’un système éducatif héritier fidèle de l’école coloniale dont il avait des difficultés objectives et subjectives de s’écarter, bien que cette rupture s’imposât déjà et, hélas, continue de s’imposer.

La personnalité militante du professeur, alors seul agrégé de la Haute-Volta (qui savait en être fière d’ailleurs), après l’expérience malheureuse de la Guinée, allait peser sensiblement sur son engagement pour une éducation africaine rénovée apte à promouvoir un développement véritable et harmonieux au bénéfice des peuples africains et voltaïques. Toute sa vie y sera consacrée : participer à la formation des futurs cadres dont le pays a et aura besoin, contribuer à la définition puis à la mise en oeuvre d’une éducation démocratique, moteur du développement et de l’émancipation des peuples, jouer un rôle essentiel dans les institutions interafricaines et les forums internationaux ayant les problèmes de l’éducation et de la culture au centre de leurs préoccupations (OUA, UNESCO et UNICEF).

C’est alors que tour à tour, et souvent cumulativement avec ses fonctions de professeur (au lycée puis au Centre d’enseignement supérieur de Ouagadougou), il fut président de la Commission nationale pour l’UNESCO, inspecteur d’académie et directeur général de l’éducation nationale en Haute-Volta. Aux niveaux africain et international, il fut président de la commission « Histoire et archéologie » du premier Congrès des Africanistes à Accra en 1962, membre du bureau du Congrès des africanistes (1962-1969), président du Colloque sur l’encyclopédie africaine (1962), président de la Commission consultative pour la réforme des programmes universitaires dans les pays francophones d’Afrique. Plus tard, il fut l’un des initiateurs et fut le premier secrétaire général de l’important organisme qu’est le CAMES (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur) (Ki-Zerbo, 1978, dos de couverture). Cette institution interafricaine, grâce à l’uniformisation des programmes d’enseignement supérieur et à la définition commune des conditions de promotion des carrières des enseignants du supérieur, concourt à la réalisation de l’unité africaine par l’éducation. Cette liste de ses responsabilités est loin d’être exhaustive : cet homme « connaît » bien l’éducation en Afrique, ses problèmes, leurs fondements et n’a pas fini de proposer des solutions.

Comme on peut le constater, les repères épistémologiques de la pensée du professeur Ki- Zerbo sont : la confiance en soi à partir du « connais-tu toi-même », le « penser par soi-même et pour soi-même », l’altérité bien comprise, la référence critique au passé et l’importance irremplaçable de la recherche qui s’appuie sur la sagesse populaire africaine. On devinera par conséquent pourquoi il accorde tant d’importance à l’éducation — au sens plein du terme —, fort de la conviction qu’il a que « les facteurs clés de la promotion africaine » sont : « la formation des hommes » et « l’unité africaine » (Ki-Zerbo, op. cit., p. 632).

Théorie et pratique de l’éducation selon Ki-Zerbo

L’approche systémique nous paraît être celle qu’adopte Ki-Zerbo tant dans sa pensée que dans les actes qu’il propose de conduire : liaison régulière entre théorie et pratique ; interdépendance entre passé, présent et avenir ; perception globale et intégrative de l’homme et du développement ; approche unitaire du continent africain pour son développement qui doit être intégral et harmonieux.

Sa préoccupation pour la transdisciplinarité participe justement de ce principe. En Afrique, peut-être plus qu’ailleurs, il n’y a pas de discipline, il n’y a que des problèmes ! Si le professeur Ki-Zerbo a produit quelques documents spécialisés sur l’éducation d’une manière systématique tel que Éduquer ou périr (1990), sa pensée sur l’éducation transparaît dans toute sa production intellectuelle, plus ou moins explicitement mais toujours avec pertinence,

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révélant par là même la forte unicité de la représentation qu’il a du « phénomène » transversal par excellence qu’est l’éducation. Aussi est-il utile, pour rétablir une telle pensée, de se référer à certains de ces ouvrages qui ont fait date tel que Histoire de l’Afrique noire (1978) et La natte des autres (pour un développement endogène en Afrique) (1992). Par exemple c’est dans son ouvrage célèbre sur l’histoire du continent noir que l’on peut comprendre et le sens et l’importance de l’éducation comprise alors plus comme un moyen, un outil opératoire (théoriquement et pratiquement), que comme une fin. Elle est le maillon décisif du long processus devant fournir la réponse à la question qui, assurément, lui paraît plus fondamentale que tout : « Comment renaître ? » Question saugrenue sans doute, sinon qu’elle trahit une certaine nostalgie du passé, une interrogation existentielle sur les causes de la situation actuelle d’un continent qui, jadis, fut le berceau de l’humanité3 et qui, aujourd’hui, est à la traîne, faute de sciences, de techniques et de connaissances !

Quoiqu’il pense que l’unité africaine est primordiale par rapport à « la formation des hommes », Ki-Zerbo se tourne plus vers les intellectuels que vers les hommes politiques pour instaurer une « néocivilisation africaine, autonome, créatrice et progressive », la seule à même de propulser le développement. Cette conviction restera constante à côté des autres conditionnalités qui émergent, pour l’essentiel, du vaste domaine du savoir. Car les trois types de « diversion » qu’il dénonce comme étant autant d’entraves pour le renouveau africain relèvent d’abord du paradigme que « la diversion stérile vers le passé » sera évitée, tout comme le seront « la diversion économiste » et « la diversion technocratique ».

À chacune des ces « diversions » correspondra une réaction intellectuelle spécifique : combattre et vaincre « le complexe muséographique » par rapport au passé (qui consiste à recueillir matériellement le passé au lieu de se recueillir sur lui-même en tant que source d’inspiration et éventuellement problème à comprendre et à résoudre) ; rester attentif au peuple non aligné détenteur de la « culture authentique », laquelle ne devrait être admirée pieusement, mais, au contraire, devrait être réfléchie, rationalisée, voire critiquée, avant que de pouvoir générer la néoculture africaine. Celle-ci ne sera ni la « culture de nos ancêtres » ni celle qui tente de s’imposer à nous sans nous et parfois contre nous4 . On comprend alors tout le sens et tout le rôle — nous dirons la lourde et historique responsabilité — que Ki-Zerbo reconnaît à l’intelligentsia africaine, partant, à l’éducation en Afrique.

Par « éducation », Ki-Zerbo entend non seulement l’éducation scolaire d’inspiration occidentale, mais aussi l’éducation traditionnelle qui a produit tant d’intellectuels et de savants (1978, p. 642). L’école n’épuise pas, à elle seule, le besoin d’éducation de l’homme, loin s’en faut ! Elle n’est qu’une opportunité parmi d’autres, certainement la mieux organisée mais peut-être même pas la meilleure, surtout en Afrique. Cependant, c’est à l’éducation scolaire et universitaire, et à la recherche scientifique, qu’il se réfère souvent dans la réflexion qu’il ne cesse de nourrir sur les conditions du développement en Afrique. À ce titre, il s’en prend, avec raison et légitimité, à certains courants et intellectuels non Africains qui, de nos jours encore, persistent à nier l’urgence ou l’intérêt du développement de l’enseignement universitaire africain au profit d’une éducation de base, d’un enseignement technique élémentaire (agricole notamment), sous le prétexte discutable que l’Afrique est trop pauvre pour soutenir des universités et qu’elle est essentiellement agricole5. Certes, l’éducation de base universelle et efficace demeure encore une priorité pour plusieurs États africains, eu égard au faible taux de scolarisation, et l’alphabétisation une exigence encore actuelle du développement, compte tenu de l’état d’analphabétisme dans lequel végètent les populations adultes, celles du monde rural, en particulier. Mais, laissées à elles-mêmes, sans le concours vivifiant de l’université et de la recherche scientifique qui leur en assureront les réorientations ou les adaptations nécessaires, l’éducation de base et l’alphabétisation tourneront en rond, se disqualifieront avant de lasser les apprenants et leur famille qui s’en détourneront. Pour être efficaces et efficientes, elles devront subir des modifications touchant à la fois à leur structure, à leur fonctionnement, à leur contenu et à leurs finalités dans la perspective de l’émancipation culturelle et

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psychologique des bénéficiaires et des attentes sociales placées en elles. Dans ce domaine également, Joseph Ki-Zerbo s’est beaucoup investi, surtout au Burkina Faso. Nous y reviendrons plus loin. En attendant, contentons-nous de rappeler que c’est aux intellectuels — donc aux universitaires et aux chercheurs — qu’il confie le soin d’être les leaders « d’une migration spirituelle sans déracinement », par le truchement de l’éducation (qu’ils ont reçue et qu’ils dispensent). Cela se fera d’abord par « l’africanisation » : africanisation des programmes et mise en oeuvre d’une méthode pédagogique qui privilégiera la culture d’un « esprit nouveau », d’un esprit d’observation apte à la création, par la libération de l’imagination et de la saine curiosité des enfants, en passant par la nécessaire introduction des langues africaines6.

L’allusion aux limites de l’éducation traditionnelle africaine, dont le culte de la mémoire et l’introversion exagérée, est évidente ici, ainsi que la dénonciation de l’école actuelle qui se fait presque exclusivement en français, avec une forte résistance à l’utilisation des langues nationales. En effet, l’on reconnaît aujourd’hui que si l’éducation précoloniale a eu ses vertus, elle reste insuffisante en face de l’étendue et de la mobilité effroyable des connaissances et des références à assimiler, et des exigences de la science et de la culture contemporaines. Si le mode de communication orale (seul en usage dans l’éducation traditionnelle) cultive la mémoire, il favorise moins l’intelligence et la réflexion soutenue que l’écriture.

Encore une fois, il revient à l’université de jouer le « rôle pilote » : par les sciences et les techniques, elle doit — entre autres — travailler à lier l’éducation classique à l’éducation populaire, à partir de la prise en compte systématique des besoins et des aspirations réels des masses et les exigences du monde contemporain. C’est à elle encore qu’incombe la responsabilité de faire naître la néoculture qui s’impose désormais à l’Afrique et qui passe par une sublimation du passé. C’est pour tous ces principes théoriques que nous avons pensé juste de résumer la contribution de Ki-Zerbo à l’émancipation théorique et pratique de l’éducation par les deux formules équivalentes suivantes : « le développement clés en tête » et « le développement endogène ».

Quels sont les sens et les implications pratiques de telles formules ? Du point de vue de leur signification, ces formules sont l’expression ramassée de ce qui est pour Ki- Zerbo une véritable obsession : la primauté absolue de l’éducation et la nécessité tout aussi catégorique de compter d’abord sur soi-même. Ces deux formules reviennent comme un leitmotiv dans l’oeuvre de cet intellectuel africain qui, fier de ses origines et conscient de la mission à accomplir pour son pays, est profondément préoccupé de la délicatesse avec laquelle le présent doit « traiter » le passé pour préparer l’avenir. Si, comme nous le pensons, la première formule est suffisamment explicitée, il convient d’insister quelque peu sur la seconde, ne serait-ce que pour lever une certaine ambiguïté, liée en partie à la compréhension qu’on peut avoir de l’épithète « endogène ». D’abord « endogène » signifie non pas « autarcisme », ni repli sur soi, ni référence unilatérale et obsessionnelle au passé ou au « traditionnel », mais revendication préalable d’être soi-même avant tout commerce avec autrui. La politique de la « main tendue » ou des « usines clés en mains » a suffisamment fait montre de ses limites, de sa nocivité pour le développement de l’Afrique. Pendant longtemps et trop souvent, en effet, on a pensé pour l’Afrique et à sa place, la confinant dans une position de « mineure » perpétuelle, parfois même incapable de savoir ce qu’elle veut. C’est tout comme si on pouvait faire le bonheur de quelqu’un « derrière son dos », sans sa participation et son avis. En fait, Ki-Zerbo refuse pour l’Afrique et les Africains « les prothèses qui nous dispenseraient d’user de nos propres jambes » (1992, p. IV). Bien sûr, il ne s’agit pas pour lui de récuser l’aide internationale et la coopération entre les peuples : « la civilisation contemporaine » est aussi celle du monde présenté comme un village planétaire, tant les interdépendances sont nécessaires et plus fortes que jamais.

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Encore faudrait-il que chacun apporte sa pierre, s’exprime sans se diluer dans une solution dont le destin relève seulement de quelques-uns. Le « développement endogène » dont il est question ici signifie l’autodéveloppement, au moyen de la recherche, de la formation et de l’action pratique, qui récuse à la fois l’imitation enfantine, l’option passéiste et le repli autarcique sur soi, lesquels apparaissent comme autant de travers de la tendance qu’on observe encore chez bon nombre de responsables africains (politiciens, c’est-à-dire décideurs comme intellectuels) : tendance facile mais trompeuse à copier ou à mimer ce qui se passe ailleurs ; tendance à se lamenter sur le passé, ce faux « bon vieux temps » ; tendance à rechercher vainement « la voie africaine du développement », en isolant idéologiquement l’Afrique du mouvement général d’une époque à laquelle elle appartient de gré ou de force ; tendance enfin à vouloir profiter des fruits du travail humain qui, malgré tout, est le fait de certains peuples plus que d’autres. Un dicton africain assez connu et repris par Ki-Zerbo reconnaît que « dormir sur la natte des autres, c’est comme si on dormait à terre », même si être homme, c’est être fier de la victoire des autres, comme disait Saint Exupéry. Encore faut-il qu’on soit conscient d’avoir participé à cette lutte. En fait, c’est ce que recommande Ki-Zerbo pour l’Afrique : le « développement endogène » suppose et exige qu’elle prenne ses responsabilités et les assume en toute liberté, en apportant sa pierre à la construction de l’humanité.

Or, sur beaucoup de fronts de la bataille, l’Afrique a brillé par son absence, ou est seulement apparue sous des couverts, préférant battre pavillon étranger. Les excuses avancées hier pour justifier cette carence sont aujourd’hui difficilement admissibles. L’Afrique dispose maintenant — en principe — des préalables indispensables à sa participation responsable et spécifique au développement : la souveraineté internationale ainsi que les compétences techniques et intellectuelles. Nous disons toutefois « en principe » car, malgré tout, nos potentialités demeurent encore trop souvent dans la virtualité sans parvenir à « s’actualiser ». Encore une fois, c’est par la recherche, la recherche-développement en particulier et l’éducation universitaire, qu’il faudrait assurément passer. Car, « le seul fait que 85 % de la recherche sur l’Afrique s’opère en dehors de l’Afrique montre bien que ce continent est déconnecté de lui-même et surtout de sa matière grise » (Ki-Zerbo, 1992).

La fuite des cerveaux africains, l’extranéité de la recherche par rapport aux réalités et aux préoccupations du continent et la modicité des ressources consacrées à la science apparaissent comme l’une des causes structurelles du retard du développement et du mal-développement des pays africains. La balkanisation de l’université africaine, avatar regrettable de la balkanisation de l’ensemble du continent, vient aggraver la situation : il est urgent, sinon capital, d’inscrire les universités dans le pré carré des domaines de souveraineté nationale. Malheureusement, la plupart des établissements d’enseignement supérieur et des centres de recherches scientifiques sont encore sous tutelle économique, mais, pire encore, suivent des orientations étrangères à leurs priorités. Personne mieux que Ki-Zerbo n’a eu le courage de le dire et de le dénoncer. Plus important encore, il est l’un des rares, parmi les intellectuels africains, qui, après ce constat difficile, se soient jetés dans l’action. Au rôle qu’il a joué dans la création du CAMES s’ajoutent plusieurs autres faits qui attestent de cet engagement. Au niveau conceptuel d’abord, au travers des expressions du genre « développement clés en tête », « recherche-développement », « développement endogène », « cité éducative » puis de la création et de l’animation de centres d’études et de recherches divers. Ki-Zerbo ne s’est pas contenté de « dénoncer », de faire de l’intellectualisme et de la théorie facile ; il s’est aussi engagé concrètement sur le terrain.

Ki-Zerbo, un praticien de l’éducation en Afrique

On peut être curieux de savoir si, chez Ki-Zerbo, la pratique de l’éducation a précédé sa théorie éducative ou si, au contraire, c’est celle-ci qui a inspiré celle-là. La préoccupation est loin d’être gratuite et la réponse évidente. Professeur, il l’a été sous des formes et à des niveaux divers, tout au

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long de sa vie professionnelle active, mais tous les enseignants ne sont pas devenus des théoriciens ou des philosophes de l’éducation comme Kant, Hegel, Abdou Moumouni, Pierre Erny, Guy Beloncle.... D’un autre côté, bon nombre de « théoriciens » de l’éducation n’auront jamais été des enseignants ni des éducateurs célèbres, à l’image de Rousseau ; d’autres enfin, tels que Kane, se sont limités à quelques éléments de réflexion sur le problème à l’occasion d’oeuvres romanesques. Pour le continent africain, Ki-Zerbo est l’un de ces intellectuels qui ont su allier théorie et pratique, et qui se sont engagés à mettre en oeuvre leurs idées et leurs convictions philosophiques et politiques avec rigueur et esprit de suite.

Au Burkina Faso, déjà, quoiqu’il n’ait jamais été ministre de l’éducation, sa présence, tantôt implicite, tantôt explicite, dans la détermination des politiques d’éducation n’a pas fait défaut. Par exemple, nous soupçonnons fortement sa main et surtout son esprit dans la première réforme véritable du système éducatif du pays en 1970, après l’expérience mitigée de l’éducation rurale (1962-1975) ; en effet, les orientations générales de la réforme de 1979 réapparaissent presque textuellement dans la célèbre étude qu’il a dirigée au compte de l’UNESCO-UNICEF, et qu’il intitula : Éduquer ou périr. Les idées-force sont les mêmes : éducation intégrale et intégrante qui prend en compte tous les niveaux (enseignement de base, secondaire et universitaire) ; démocratisation de l’éducation ; liaison entre éducation et formation ; réduction des écarts entre ruraux et citadins par et dans l’éducation ; création et animation de la « cité éducative » et intégration sociale de l’école ; valorisation de la culture africaine et lutte contre le complexe d’infériorité par l’adoption des langues nationales et une lecture positive de l’histoire de l’Afrique ; éducation à la démocratie et pour la défense des Droits de l’homme ; développement de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique : unité du continent avec, pour porte d’entrée principale, l’éducation contre la désintégration africaine. Joseph Ki-Zerbo est resté fidèle à ses convictions qui transparaissent dans sa pratique, vis-àvis de l’éducation au moins. Parmi ses convictions, celle qui dit que « on ne développe pas, on se développe » nous paraît la plus fondamentale. Sa formation d’historien, de même que l’histoire de sa race, de son continent, de son pays et certainement la sienne propre y sont pour quelque chose. Cette même conviction l’amena à créer à Ouagadougou, en 1980, le Centre d’études pour le développement africain (CEDA). Le CEDA — aux mains des intellectuels burkinabés et africains — se veut un cadre de réflexion où plusieurs thèmes liés aux questions du développement sont traités et discutés. Cette structure, qu’il anime avec de jeunes chercheurs d’origines disciplinaires diverses, a l’ambition de devenir un foyer pour le renouveau culturel burkinabé à travers les études qui y sont conduites dans l’optique de la recherche-action.

Outre ce centre, le professeur continue d’animer la vie intellectuelle nationale par les multiples conférences qu’il donne ici ou là, chaque fois que sa sagesse et ses compétences sont requises. Véritable pèlerin, on le retrouve à la plupart des réunions africaines où il arbore, avec une fierté légitime, le titre très honorifique de « doyen », avec tout ce que ce mot comporte comme symbole de reconnaissance dans l’univers mental africain. Au niveau continental, il a contribué à la création du Centre de recherche pour le développement endogène (CRDE), qui a son siège à Dakar et pour devise, comme par hasard, « On ne développe pas, on se développe ». Au-delà de cette devise, qui est en soi toute une philosophie de lutte et de vie, cette ONG à base interafricaine et interdisciplinaire pourrait servir à la matérialisation sublime de l’engagement et du sens que Ki-Zerbo accepterait volontiers de donner à sa vie. Pour s’en convaincre, qu’il suffise de citer les principes fondateurs du CRDE : « La recherche fait partie intégrante du développement, comme une des dimensions au droit au développement mais aussi comme étape structurelle de tout changement positif. Sans recherche endogène, il n’y a pas de développement endogène. Il n’y a pas de progrès, même matériel, sans réflexion théorique, sans science et conscience de la pratique7 ». Par sa vocation, le CRDE voudrait rompre avec une certaine pratique, une certaine configuration devenue classique, hélas, des organisations africaines où le discours, les déclarations

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d’intention et les accusations faciles ont le beau rôle. Il s’agit ici d’appréhender les contradictions, les enjeux, les risques et les chances du non-développement actuel dans tous les domaines ; de mettre à jour, par des études concrètes, la dynamique des facteurs internes et externes du mal africain, singulièrement par l’analyse de leurs articulations. Il faut contribuer à l’édification d’une société qui soit à la fois une version contemporaine positive de l’africanité et une version africaine positive de la « civilisation contemporaine », précisent les statuts du centre. Et Ki-Zerbo d’ajouter : « Nous voulons participer par là à l’autodéveloppement par la recherche, la formation et l’action pratique » (1992). Quelle formule pourrait mieux résumer la démarche intellectuelle et l’engagement militant de cet homme dont le profond optimisme n’a d’égal que sa foi en l’avenir du continent africain ? Un avenir qui passera par l’éducation ou ne sera pas.

Conclusion

Globalement, force est de constater que, pour être un ensemble de principes et de professions de foi, une philosophie de l’éducation africaine assortie des conditions à la fois précises et certainement réalistes et réalisables, les analyses hardies du professeur Ki-Zerbo relèvent encore de la théorie. Une théorie pratique mais une théorie quand même ! Quel sort lui sera-t-il réservé ? Ce que devrait être l’éducation en Afrique pour l’avenir, nous le savons désormais. Mais, pour sa mise en oeuvre, une donne essentielle tarde à se manifester, comme elle devrait le faire à la suite de l’action réflexive et de recherche d’intellectuels tels que ceux qu’interpellent le CRDE et le CEDA. Il s’agit de la donne politique. Le temps n’est pas encore venu où, faute d’avoir des « philosophes » au pouvoir, les hommes au pouvoir soient des « philosophes ».

Les difficultés que le philosophe Ki-Zerbo a rencontrées et rencontre encore sur la scène politique nationale semblent nous inviter au pessimisme. Son parti (successivement Mouvement de libération nationale, puis Union progressiste voltaïque et enfin Parti pour la démocratie et le progrès), constitué à partir de la petite bourgeoisie intellectuelle, a visiblement de la peine à trouver écho dans la conscience des populations burkinabées, bien que, au nom de son principe de « réalisme critique », Ki-Zerbo n’ait jamais été totalement absent de la scène politique nationale (Tenaille, 1970, p. 203).

De plus, l’indépendance politique du continent — l’une des conditions nécessaires pour des réformes en profondeur dans tous les domaines, a fortiori celui de la formation des hommes et la définition libre des options d’un développement endogène — demeure une question à résoudre, au même titre que celle de la démocratie. Mais « la lutte continue », comme Ki-Zerbo se plaît lui-même à répéter, tel un refrain, à la fin de chacune de ses interventions politiques. Il faut, avec des forces sans cesse renouvelées, persister à répéter la vérité. Insensiblement, elle fait son chemin, quoi qu’on fasse. L’éducation en Afrique en sera progressivement marquée. Des acquis indéniables se manifestent çà et là, et les prises de conscience de la nécessité inéluctable d’une « néo-éducation africaine » s’installent de plus en plus, même chez les décideurs politiques. Le chemin sera certainement long mais l’espoir est permis : un jour, l’« utopie » peut devenir réalité.

Notes

1. Amadé Badini (Burkina Faso). Titulaire d’un doctorat d’État ès lettres et sciences humaines et maître assistant à l’Université de Ouagadougou, Burkina Faso, il est actuellement Directeur général de l’École normale supérieure de Koudougou (ENSK). Spécialiste en sciences de l’éducation à partir d’une formation en philosophie (doctorat 3e cycle), il a surtout travaillé sur l’éducation traditionnelle africaine, la pédagogie de l’oralité et l’éducation de base (aspects qualitatifs), l’éducation permanente et l’alphabétisation des adultes, l’évaluation des systèmes éducatifs, l’éducation non formelle et l’éducation de la petite enfance.

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À ce titre, il a plusieurs fois participé à des études à l’UNESCO et à l’UNICEF, en Afrique et ailleurs (Europe, Asie).

2/. « Le développement clés en tête » est le titre donné par le professeur Ki-Zerbo à la communication faite lors du colloque organisé par le Centre de recherches pour le développement endogène (CRDE) à Bamako en 1989 et publiée dans l’ouvrage La natte des autres (pour un développement endogène en Afrique), 1992, p. 3-67.

3/ J. Ki-Zerbo. 1992, p. 22-24. Notamment : « Or, les premières techniques scientifiques ont été données au monde à partir du berceau africain et cela jusqu’aux millénaires pendant lesquels l’Égypte a été l’institutrice de la Grèce et du Bassin méditerranéen dans son ensemble », p. 23. 4/. « Il ne s’agit plus tellement de chanter la négritude mais d’agir. Il ne s’agit pas de se lamenter sur un paradis perdu, car il n’y a pas de paradis perdu. Il ne s’agit pas de roucouler notre peine, ni de célébrer nos valeurs passées, mais de transformer notre propre moi collectif afin d’y trouver des raisons d’espérer ». J. Ki-Zerbo, 1978, p. 643.

5/ Ki-Zerbo fait allusion directement à certaines institutions internationales (Banque mondiale, FMI) et à certains auteurs comme Guy Beloncle, qui a écrit La question éducative en Afrique noire, Paris, Karthala, 1989.

6/ Selon Ki-Zerbo, le français doit être appris « de plus en plus comme langue vivante étrangère en tenant compte du substratum des langues africaines », 1978, p. 642. 7/. Principes du CRDE, rappelés par J. Ki-Zerbo dans La natte des autres..., 1992. Références

Beloncle, G. 1984. La question éducative en Afrique noire. Paris, Karthala. Ki-Zerbo, J. 1978. Histoire de l’Afrique noire. Paris, Édition Hatier.

  • ——. 1986. Histoire générale de l’Afrique, Tome. I : Méthodologie et préhistoire africaine. Paris, Présence

africaine, Edicef, UNESCO.

  • ——. 1991. Histoire générale de l’Afrique, Tome. IV : L’Afrique du XIIe au XVIe siècle. Paris, Présence

africaine, Edicef, UNESCO.

  • ——. (dir. publ.). 1990. Éduquer ou périr (Impasses et perspectives africaines). Dakar-Abidjan, UNESCOUNICEF.
  • ——. (dir. publ.). 1992. La natte des autres (pour un développement endogène en Afrique). Actes du colloque

du Centre de recherche pour le développement endogène (CRDE). Paris, CODESRIA/Karthala. Tenaille, F. 1970. Les 56 Afrique — Guide politique I, de A à L. Paris, Petite collection Maspéro.

Pourquoi ce peu d’intérêt de la part de l’establishment politique du Sud à se doter des moyens pour qu’une communauté scientifique puisse voir le jour?

Joseph Ki-Zerbo

http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/kizerbof.PDF http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_7/carton07/010008889.pdf

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______L'heure de la vengeance a sonné, votre destin vous attend..Une réalisation d'un autre temps. Une fois arrivé dans le dos de votre ennemi que faire ? vous n'échapperez pas aux inévitables mort : événement universel fondamental de notre vie.

  • Si vous voulez voir vos rêves de prospérité et de succès se réaliser .... Vous allez goûter le plaisir de prendre enfin votre destin en main.

- à Chacune son destin à chacun son karma Ce n’est pas parce qu’on est frères et soeurs qu’on a le même karma, qu’on choisit sa famille, qu’on aura le même destin

On ne peut pas comparer le parcours de deux personnes. Chacun a son parcours individuel à faire, à accomplir. Ce n’est pas parce qu’on naît dans la même famille, qu’on est liés pour toujours. Il faut naître quelque part. Certains ont la possibilité de choisir leur famille, mais ceci est un autre débat.

Donc, on ne peut pas dire: mais, qu’est ce qu’il a fait pour mériter ça?…. Ca, on n’en sait très strictement rien On ne peut pas dire non plus: Mais qu’est ce que j’ai fais au Bon Dieu….. Il envoie une épreuve qui doit nous faire avancer …….. Etc

Chacun son destin, chacun son karma, chacune son destin, chacune son karma. Le karma, c’est un peu comme les empreintes digitales, il ne peut y avoir deux karmas semblables.

Tout le monde est différent devant son karma, devant son destin. On peut être liés sans vivre ensemble. De même qu’on peut être liés pour très peu de temps à quelqu’un, on a juste un bout de chemin à faire; Il ne faut pas l’éviter.

Comment savoir à quoi je suis destinée? Je voudrais aller dans cette direction, mais je ne sais pas si je fais le bon choix, j’hésite, on m’a proposée un boulot mais je ne sais pas s’il est bien pour moi. Je ne sais pas si je dois accepter sa proposition. Je ne sais pas s’il m’aime, je ne sais pas si elle m’aime. Je ne sais pas vers où aller. Je dois faire un choix, mais je ne sais pas quelle décision prendre………………………

Avancer, avancer, toujours avancer. Le chemin, comme les panneaux indicateurs sur une route, vous sera indiqué. Les panneaux sur la route n’indiquent pas tous la même chose, ils ont des formes très différentes, ils ont un sens différents. Ils indiquent quelque chose pour les uns et pas pour les autres. Chacun a des indications sur son destin.

On a absolument le droit d’être découragés, mais il faut demander de l’aide pour recevoir le courage dont on manque

Notre destin est-il écrit d’avance? Pouvons-nous changer les choses? Certaines choses sont écrites d’avance, quelques fois même avant notre naissance. Mais, parce que comme expliqué sur Pourquoi on ne se souvient pas de nos vies antérieures, on arrive ici sans aucun apriori. Et surtout donc sans avoir aucune idée du destin qui nous attend.

Souvent parce qu’on ne l’accepterait pas. Oui notre destin est écrit d’avance Pouvons-nous changer des choses? Oui, justement on arrive sans souvenirs aucun, pour choisir la voie que l’on veut.

Personne n’est obligé de rien. Nous sommes libres et surtout responsables de nos choix…..

Cette question vient d’être posée en commentaire. Excellent sujet d’article. Merci à l’anonyme…..Dommage d’ailleurs qu’il ou elle ait préféré rester anonyme.

Prenez la direction que vous voulez, vous êtes libre de choisir votre voie. Si elle aboutit à une impasse, c’est parce que vous n’avez rien à faire dedans. Cherchez ailleurs. Quelque soit la voie choisie, il y aura toujours des panneaux indicateurs, comme sur la route pour vous guider et vous indiquer si vous êtes ou non sur la bonne voie On est libres parce qu’on arrive ignorants.

Voilà une bien curieuse question …

Notre destin est entre nos mains en permanence, nous le créons à chaque instant, et chacune de nos actions le construit pas à pas.

Si cette question concerne une prédiction faite par une voyante, ou un tirage de cartes, saches que tu es quand même l’acteur principal de ton destin, et si tu es assez fort pour ne pas te laisser influencer, tu en resteras maître.

L’essentiel étant d’écouter en permanence ta petite voix intérieure, ton guide qui t’aidera dans tes choix.

Si on est attentif, on fait attention à tout. Au milieu de ce tout, il y a la réponse à votre question. C’est très subtile, mais très fort quand même.

C’est quoi un signe du destin, je voudrais changer mon destin, le destin est indiqué est montré, Les Signes du Destin, quel est mon destin,………….. Autant de questions, qui ont leur réponses quelque part

A la fois vaste question et très simple question, ou simplement simple réponse

Le karma se veut être l’ensemble des actes et de leurs conséquences, des pensées et de ce qu’elles peuvent impliquer. Le karma, chaque individu en a un. Chaque individu a des pensées et commet des actes différents. Nous avons donc chacun, notre propre karma.

En effet, quelque soit ce que l’on pense, quelque soit ce que l’on fait, tout a un impact, d’abord sur nous et ensuite sur les autres.

On va dire, comment connaitre notre karma? Heu, je pense qu’on ne peut pas. En tous cas, je ne vois pas comment. Les hindous savent que tout ce que nous faisons, tout ce que nous pensons a et aura un effet sur nous et sur les autres.

On récolte ce que l’on sème…. Qui sème le vent récolte la tempête…. Etc

On peut dire que le karma, c’est notre destin. Sauf qu’il faudrait déjà réaliser ce qui se cache dérrière le mot destin.

D’une certaine façon, le karma sert à expliquer pourquoi de bonnes choses arrivent à de vilaines gens, alors que des malheurs frappent du monde bien honnête. Les injustices qu’il y a dans le monde, la répartition apparemment arbitraire du bonheur et du malheur ne sont qu’une apparence. En réalité, tout un chacun reçoit ce qu’il mérite. Même l’enfant battu par des parents drogués mérite son malheur. Le malade mental, le retardé, les homosexuels et les millions de Juifs tués par les Nazis ont mérité leur sort, à cause du mal qu’ils ont dû faire par le passé. L’esclave que l’on bat à mort ou presque, l’a mérité, sinon pour ce qu’il a fait aujourd’hui, du moins pour ce qu’il a fait dans d’autres vies. Même chose pour la victime d’un viol. Elle cueille ce qu’elle a semé. Toute souffrance a été méritée, selon la loi du karma.

Ces êtres prieraient que les choses seraient détournées. Les prières sont « comptées ». Les prières atténuent tellement

Un animal capte les vibrations de votre voix. Un animal capte les vibrations. La voix émet des sons qui sont autant de vibrations. D’ailleurs l’animal n’entend pas son nom, mais les vibrations du son émis par la prononciation de son nom……

D’une vois à l’autre les vibrations émises ne seront pas les mêmes. Une voix, un son, chaque donnée différente émet des vibrations différentes les unes des autres.

Ces vibrations sont captées dans toutes les dimensions, dans les dimensions parallèles. Ces vibrations sont ressenties différemment d’une personne à l’autre. Les vibrations émises dans une maison, dans une église. Tout est vibration. Le moteur d’une voiture, tout son émet une vibration.

Les mouvements également émettent des vibrations. Il n’y a pas que le son qui émet des vibrations. Même une atmosphère émet des vibrations, d’où le fait qu’on soit à l’aise à certains endroits et pas du tout à d’autres. L’utilisation de l’encens permet de calmer un peu les vibrations un peu négatives.

Tout est sensible aux vibrations, pas seulement les animaux ou les plantes vertes. Nous aussi. Tout, tout ressent les vibrations, y compris l’au-delà. C’est un peu dit dans le spiritisme. C’est même là que j’ai découvert la puissance et l’importance des vibrations.

Il ne faudrait pas négliger leur importance.

La prière émet des vibrations, lesquelles vibrations sont amplifiées quand elles sont en contact avec l’eau. Ces vibrations sont captées par l’invisible. Elles sont captées par l’au-delà, comme c’est dit également dans les séances de spiritisme.

L’âme émet des vibrations, la pensée émet des vibrations…………Tout émet des vibrations:

L’âme émet des vibrations, la pensée émet des vibrations, Autres dimensions invisibles, dimensions parallèles, la lumière est vibrations, la puissance vibratoire de la prière, le son est vibrations, les animaux, les vibrations de la voix, Les vibrations s’amplifient quand on est en contact avec l’eau, Les vibrations s’amplifient sur le plexus solaire, plante, puissance des vibrations, séances de spiritisme, Spiritisme, Tout est vibrations, Tout est vibrations le son est vibrations la lumière est vibrations, utilisation de l’encens

C’est le secret de la prière. Prier c’est retrouver l’union C’est le secret de la prière, le terreau de la prière, l’union toujours possible parce qu’elle nous est donnée.

Rien n’est cause de cette union puisque c’est un don, mais tout devrait être conséquence, à commencer par notre vie de prière.

Il s’agit bien d’un grand retournement !

Prier, c’est reprendre conscience de l’union et vivre un moment d’amour avec l’Amour qui est en nous.

Cela s’appellera oraison ou demande, psaumes ou chapelet, alleluia ou même cris, reproches.

Cela s’appellera prier dans le secret ou célébrer les liturgies de masse. Mais c’est toujours : retrouver l’union.

Dieu m’exauce toujours (p. 7)

La réponse est dans Jean 17, 3 : La vérité éternelle, c’est qu’ils te connaissent.

En disant cela, Jésus pense à ce qu’il a essayé de révéler, ce pour quoi finalement il est venu : Père, qu’ils sachent que tu les aimes.

C’est cela connaître Dieu. Et nous le savons bien ! Mais en tirons-nous toutes les conséquences ?

Quand je prie, je prie quelqu’un qui m’aime, qui veut m’exaucer et qui peut m’exaucer. Sinon, qui est mon Dieu.

Prier avec foi (p. 88)

Mais le moindre flottement au sujet de la certitude d’être exaucé risque de tout compromettre.

Si vous ne doutez pas, précise bien Jésus (Mt 21,22) et il ne s’agit pas de doutes secondaires sur la force de notre demande ou sur l’objet de cette demande, il s’agit de l’assurance fondamentale sans laquelle toute demande est menacée d’échec : Je suis sûr d’être exaucé .

Quand ? Comment ?

Ça pourra se discuter mais à l’intérieur même de la formidable certitude, Dieu est vraiment Dieu, et il est Dieu pour nous.

À partir de là nous pourrons accueillir dans une confiance heureuse les réelles difficultés au sujet des conditions, des délais et de la nature même de l’exaucement.

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_____**Les études de Droit : ce qu'il faut savoir - Etudier Droit-travail - Introduction à l'étude du droit et l'état de droit. L'instabilité politique reste un problème crucial en afrique, l'importance cruciale de l'organisation d'une opposition forte

  • Vide intérieur : qu’est-ce qui me manque ?
  • Alors que nous avons tout au niveau matériel, nous sommes tristes et insatisfaits à l’intérieur : il nous manque quelque chose...
  • Le destin existe-t-il ? Notre destinée est-elle écrite quelque part ? par T.G.
  • Suis-je maître de ma vie ou est-elle prévue d'avance ?
  • ... *Questions aux croyants : Que fait Dieu ?
  • Le bien et le mal absolus existent-ils ?

Les études de Droit : ce qu'il faut savoir



Forum Étude en droit: 1ère année La découverte de l'univers juridique

http://www.reseauetudiant.com/forum/read/f786/i238t238/etude-avocat.htm

Maintenant le code civil est accessible a tous dès l'âge de 17 ans

  • Juridique
  • Greffier
  • Clerc de notaire
  • Assistant de justice
  • Études en droit
  • Avocat
  • Notaire
  • BTS Notariat
  • DUT Carrière juridique
  • ENM
  • CFPN
  • CAVEJ
  • CRFPA
  • Fac de droit
  • Certificat de capacité en droit pour ceux qui n'ont pas le bac "UFR"
  • -Les études de droit vous intéressent ?

Pour faire un bon choix il faut être bien informé, et c’est encore plus vrai pour ce qui est des études juridiques !

  • -Les études de Droit sont réputées difficiles mais attirent de nombreux élèves chaque année. Voici donc ce qui ressort des témoignages d’étudiants en Droit, le programme des cours, les qualités à réunir (de préférence) pour être à l’aise dans le milieu juridique ainsi que les débouchés aux études de Droit.

Le Droit, c’est avant tout une masse monumentale de connaissances juridiques et générales à assimiler, des matières toutes nouvelles pour les étudiants de première année, puisqu’au lycée aucune notion de droit n'est inculquée aux élèves, en sortant du lycée il est donc difficile de faire son choix en toute connaissance de cause.

L’initiation sera faite dès le début de la 1ère année, où il faudra aux élèves apprendre les fondements de notre droit, à savoir l’histoire du droit, la terminologie juridique ou encore l’organisation de la justice. Et si vous ne le savez pas encore, la justice française est loin d’être simple et le souci du détail fait parti de ces études et des professions juridiques, la patience et la motivation sont donc des qualités essentielles d'un étudiant en droit !

Si vous choisissez de faire du droit donc, il ne faut pas avoir peur d’apprendre par cœur, et avoir une bonne capacité d’apprentissage aide fortement, les études de droit sont plus difficiles pour une personne à qui il faut une heure pour apprendre une simple page que pour quelqu’un qui apprend très vite. Il faut savoir s’astreindre à un travail à la maison quotidien et assez important au risque, si ce n’est pas fait, d’être très vite débordé par la somme de choses à apprendre qui s’ajoutent aux préparations pour les Travaux Dirigés. Il faut aller à tous les cours ! On a beau penser que l’on pourra rattraper sur quelqu’un, lorsqu’on a participé au cours il est déjà « enregistré » en quelque sorte, il sera donc bien plus facile à apprendre que si on le découvre pour la 1ère fois.

Pour vous donner un ordre d’idée des nombreuses heures de cours (environ 28 heures par semaine) que vous passerez sur les bancs de la Fac, voici une ébauche du programme de la 1ère année de licence de Droit :

Après une introduction au Droit qui se fait en général dans la plupart des facultés (vu un peu plus haut), commence le programme « normal » avec les matières principales et les options. les cours se partagent entre cours magistraux et TD (Travaux dirigés en plus petits groupes avec dossier à préparer et passages à l'oral). En première année, les matières principales sont le droit civil, avec au programme ces dernières années la filiation, le mariage, le divorce, l’état civil,… Et le Droit constitutionnel ou droit public, où l’on apprend aux élèves les différences entre les systèmes juridiques français et étrangers et l’histoire des différentes constitutions françaises. Au second semestre c’est la constitution française actuelle qui est étudiée en détail. Les options sont ensuite à choisir, avec par exemple l’économie, la gestion, les relations internationales ou encore l’histoire des institutions.

Les 2ème et 3ème années de Licence sont très semblables à la première bien que les matières changent, il n’y a pas de bouleversement majeur. En deuxième année apparaît le Droit Pénal qui plait souvent beaucoup aux étudiants, puis en 3ème années c'est le Droit des affaires qui fait son apparition. Notez que le programme change en fonction des facultés et des années, ainsi il se peut que celui-ci soit un peu différent de ce que vous trouverez dans votre faculté.

Il faut savoir que les 3 premières années de Droit sont très générales et très lourdes, puis plus vous avancez dans ces études plus ce qui est susceptible de vous intéresser se précise et se rapproche pour qu’au final vous en fassiez votre spécialité. Pour ceux qui préfèrent le concret, être rapidement sur le terrain ou dans le monde du travail, mieux vaut préférer un cursus plus court, ou commencer par un BTS Economie-Droit par exemple, et continuer par la suite à la fac si vous vous sentez à l’aise.

Si vous vous engagez dans ces études il faut savoir qu'avec la nouvelle réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) le DEUG de droit qui pouvait s’obtenir à la fin de la 2ème année d'étude n'existe plus, a présent il faut trois années de Droit pour obtenir un diplôme : celui de la Licence.

Puis si le licencié le désir il pourra passer sa maîtrise de Droit après deux autres années donc au total après 5 années de Droit. Le doctorat demandant encore 3 années supplémentaires.

L’évaluation pour l’obtention de la Licence se fait par semestre, à l’occasion de partiels à la fin de chaque semestre. Pour les matières faisant aussi l’objet de TD l’évaluation se fait également par un contrôle continu, des examens étant réalisés en séance de TD.

Les débouchés aux études de Droit ?

Le Droit a un gros avantage, c’est qu’il ouvre par la suite de nombreuses voies et pas seulement dans le juridique : vous pourrez accéder au secteurs administratif, de la gestion, du commerce, de la communication, des finances,… Les juristes sont très demandés dans de nombreux domaines, les débouchés ne manquent donc pas. Cela dit, pour avoir une meilleure chance d'obtenir un "bon emploi", une licence de droit ne suffit pas toujours et la maitrise est souvent nécessaire.

Environ 40% des jeunes diplômés en droit s’orienterait vers la fonction publique contre 60% dans le privé.

Pour ce qui est des diplômés en droit public, les impôts, le Trésor, les affaires sociales et la justice sont les principaux recruteurs. Pour les diplômés en doit privé c’est le secteur banque-assurance qui recrute majoritairement. Bien sûr les titulaires d’un Master pourront se voir offrir des emplois très intéressants : avocat, inspecteur des impôts, contrôleur des douanes, il y a également l’école de la magistrature qui admet certes très peu de candidats chaque année mais qui ouvre les portes au métier de magistrat !

A savoir absolument avant de vous inscrire.

Les 3 années de la licence proposent une familiarisation progressive avec l’univers juridique en abordant toutes les catégories du droit. Il y a 2 grandes familles : le droit privé et le droit public. Au fur et à mesure de l’avancement des études, il est possible de se spécialiser dans l’un ou l’autre en fonction de ses goûts et du choix de sa future profession. Mais au fait, savez-vous ce qu'est le "droit privé" et le "droit public" ?

Le droit privé

Son but est la satisfaction des intérêts individuels. Il laisse une certaine liberté aux personnes Il comprend :

  • -le droit civil : les rapports d’une personne (nom, état civil) avec les autres au sein de la famille (mariage, filiation succession, adoption, pacs) ou en dehors de la famille (contrat, propriété)
  • -le droit commercial : l’activité des commerçants (actes de commerce, fonds de commerce, faillite)
  • -le droit du travail : les relations au travail entre employeurs et salariés (contrat de travail, conventions collectives, droits de grève, syndicats
  • -le droit international privé : entre une personne et un élément étranger (mariage avec un étranger, succession d’un français domicilié à l’étranger, acquisition de la nationalité française)

Le droit public

Son but est la satisfaction de l’intérêt général. Il s’impose sans dérogation à toutes les personnes. C’est l’ensemble des règles qui président à l’organisation de l’Etat et gouverne les rapports entre l’Etat et les particuliers. Il comprend :

  • -le droit constitutionnel : la forme de l’Etat, la constitution du gouvernement (Etat unitaire ou fédéral, monarchie ou république, compétences des pouvoirs législatifs ou exécutifs);
  • -le droit administratif : l’organisation des collectivités publiques (Etat, Région, département, commune et des services publics (santé, enseignement);

Ainsi que leur rapport avec les particuliers

Le droit mixte

Il rassemble toutes les infractions et toutes les sanctions :

Les autres matières étudiées

Au programme de la licence, il y a d’autres cours (obligatoires ou optionnels) : sciences politiques, histoire du droit, relations internationales, introduction à l’étude des médias, histoire contemporaine politique et sociale, langues et informatique. L’histoire tient une bonne place dans les études (au moins pour les deux premières années).

Les qualités requises pour réussir en fac de droit Pour réussir en fac de droit, il vous faudra :

  • -un travail régulier et fourni tout au long de l’année
  • -de l’organisation
  • -un esprit de synthèse, rigueur et analyse
  • -un esprit des lois qui facilite la mémorisation
  • -une bonne maîtrise de l’expression écrite ou orale.
  • -une bonne méthodologie nécessaire pour conduire un bon raisonnement (acquise par la pratique).

Quelles difficultés en fac de droit ?

D'abord, la fac de droit est une fac ! Cela veut dire que vous aurez à vous adapter à cet univers un peu impersonnel. Les étudiants sont souvent très nombreux : il faut se faire de nouveaux amis, se familiariser avec les lieux, le vocabulaire. Du point de vue du travail, comme dans d'autres facultés, il n’y a pas d’obligation de présence aux cours à part pour les travaux dirigés (TD), où vous vous retrouvez en groupe d'une vingtaine d'étudiants dans une salle de classe. Le reste du temps, vos cours ont lieu dans de grands amphis . Le professeur qui donne le cours ne connaît en général pas les élèves qu'il a devant lui. Vous pouvez donc ne pas venir, ou dormir, ou ne prendre aucune note sans que personne ne vous dise rien. Vous pouvez être tenté de sécher un cours, puis un deuxième, puis un troisième, et prendre un retard considérable que vous aurez du mal à rattraper. Les évaluations elles, ne sont pas régulières mais ont lieu sous forme d'examens en janvier et en mai. Pour s'en sortir, il est donc nécessaire :

  • -de produire un travail régulier, surtout pour apprendre les cours, qui exigent un gros travail de mémorisation.
  • -de préparer ses TD à l’avance. La préparation d’un TD peut prendre plusieurs heures.

Il faut en effet se familiariser avec le "raisonnement" juridique, les textes et le vocabulaire.

  • -de savoir travailler seul, chez soi ou en bibliothèque en organisant son temps.

Faute d'avoir cette autonomie et cette régularité dans le travail personnel, de nombreux étudiants échouent en 1re année.

Que faire après une licence en droit ?

  • - On peut bien sûr envisager une profession juridique (avocat, notaire, magistrat). Il faut alors continuer ses études en fac de droit après la licence et préparer un master (bac + 5) de son choix, au minimum en 2 ans d’étude supplémentaire. Il faut savoir que pour certains masters les places sont chères et le dossier universitaire demandé. Pour le master Droit des Affaires par exemple, seuls les meilleurs étudiants sont retenus ;
  • - On peut passer le concours d’entrée dans les IEP (Institut d'études politique ou Sciences-Po)
  • - Passer les concours d’entrée en écoles de commerce :

Concours Passerelle 2, Tremplin 2 pour entrer grâce aux admissions parallèle en école de commerce ;

  • - Passer le concours d’entrée en école de journalisme ou de communication.
  • - Passer des concours administratifs, devenir par exemple, commissaire de police…
  • - Se diriger plus spécifiquement vers la fonction RH (Ressources Humaines) en intégrant une école de RH ou un master RH.

Vous avez une question personnelle d'orientation à poser, un témoignage d'étudiant en droit à donner ? Participez à notre forum de discussion "Questions sur les études de droit".

Source : http://www.reussirmavie.net Forum Étude en droit: 1ère année http://www.reseauetudiant.com/forum/read/f786/i238t238/etude-avocat.htm

  • ...Le destin existe-t-il ? Notre destinée est-elle écrite quelque part ?

par T.G. Suis-je maître de ma vie ou est-elle prévue d'avance ? Examen de différents points de vue sur la question...

Destin et liberté

La notion de destin taraude tous les esprits, un jour ou l'autre. Que l'on dise : "venez découvrir votre avenir" et tout le monde se passionne. Mais s'il y a destin, cela signifie que des événements ne manqueront pas d'arriver, quoi que nous fassions. Cela veut dire que notre pouvoir d'action sur notre propre vie est limité, que nous sommes impuissants face à certains événements ! Où donc est notre liberté ? Suis-je maître ou non de mes choix de vie ?

Ces questions importantes ont une infinité de conséquences dans notre vie de tous les jours. Chacun(e) d'entre nous vit selon ce qu'il croit. Notre conception de la vie sous-tend nos choix et nos comportements. C'est pourquoi, de tous temps, les philosophes ont essayé de répondre à la question du destin.

De façon sûre, il y a un événement dont nous ne pouvons empêcher l'arrivée. C'est un événement universel, auquel nous sommes tous destinés : la mort. Personne ne peut y échapper. Dès notre naissance, le destin fatal se met en marche et nous achemine vers l'instant inéluctable. Biologiquement, nous le savons maintenant, nos cellules sont programmées pour mourir. Dès notre conception, le compte à rebours commence !

La mort : événement fondamental de notre vie, qui va orienter tous nos choix et nos croyances. Ce destin funeste pèse sur nous et fait naître en nous la peur. C'est une peur diffuse, pas forcément consciente, mais qui constitue le fond affectif de notre être. Que survienne un danger et c'est elle qui nous gouverne. Un rien et l'on se sent exposé, en péril, insécurisé. Notre liberté est une liberté de "mortel" : quelle vie vais-je choisir, sachant qu'elle est marquée par la finitude ? C'est sur cette problématique de la mort que s'articulent toutes les conceptions du destin.

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_____On oppose souvent le modèle d'intégration américain au système français ? La candidature d'Obama, c'est un levier incroyable dans la tête des gens et des minorités? intégration américain au système français.

On oppose souvent le modèle d'intégration américain au système français?

Il s'agit de deux systèmes basés sur des mythes différents. En France, c'est le mythe d'une nation une et indivisible, un modèle très centralisateur, bref jacobin. Avec une sorte de méfiance et de suspicion par rapport à l'altérité et à l'hétérogénéité. On a toujours ce besoin de vouloir faire entrer dans le même moule des choses complètement différentes, quitte à les éradiquer, les nier. Aux Etats-Unis, il n'y a pas cette dimension d'une intégration par l'individu. L'intégration se fait à partir de sa communauté. Et surtout à partir du fric. Ce qui a changé pour les Noirs, c'est qu'en trente ans, il y a eu une formidable diversification sociale et une infime frange de la communauté noire a pu accomplir une ascension sociale fulgurante. A tel point qu'aujourd'hui, parmi les plus grandes fortunes américaines, on trouve des Noirs américains. Une partie de la communauté noire a prouvé qu'elle pouvait aux affaires être plus efficace que ses congénères noirs.

Et en France ?

En France, démographiquement, ça n'existe pas. Aux Etats-Unis, le poids économique que ces Noirs représentent se traduit ensuite dans la visibilité politique et la présence d'un candidat noir à la présidence. C'est une répercussion normale. En France, ce n'est pas le cas, le fameux "plafond de verre" n'a pas encore explosé. Je ne sais pas si ça va avoir lieu, je ne sais pas s'il faut lutter dans ce sens, se livrer à l'exercice du lobbying. Je n'en sais rien. Certains semblent le penser, il existe des tentatives en ce sens? Mais c'est un aveu cuisant d'échec et d'hypocrisie révélée de ce système d'intégration au mérite, comme on le conçoit en France? Ce système a échoué. Mais la condition globale des Noirs américains, elle est juste abominable. J'ai pu le constater à Brooklyn, Staten Island, il existe une sous-humanité où les Noirs sont sur-représentés. Il suffit de se référer à la réalité du système pénitentiaire américain où les afro-américains représentent 80% de la population carcérale.

Un candidat noir aux USA, cela ne risque-t-il pas d'aiguiser les revendications communautaires en France?

C'est déjà le cas, sur le thème: "pourquoi ce qui se passe là-bas ne pourra jamais se produire ici ?" Une question qui n'aurait pas pu être posée il y a deux ans. Par ricochet, on en revient à nous et le problème de la surreprésentation des minorités au bas de l'échelle, aux étages inférieurs. Du coup, ça interroge notre système de manière structurelle, vu qu'appartenance raciale et sociale bien souvent se superposent. Est-ce qu'on n'a pas loupé un train ? Y-aurait-il en France une question raciale qu'il s'agirait d'appréhender avec la même crudité qu'aux Etats-Unis ? D'autant que le système US a toujours servi de repoussoir pour justifier et vanter les mérites du système à la française, ou la conception que l'on se fait de l'altérité et de l'égalité. Ce vernis, il est en train de se craqueler. Donc oui, la candidature d'Obama, c'est un levier incroyable dans la tête des gens et des minorités? Donc est-ce que les "Beurgeoisies" et les "Blackgeoisies" locales vont être cooptées par les mêmes qui il y a quelques années fermaient les portes? Je n'en sais franchement rien.

Et les nominations de Rachida Dati, Fadela Amara, Rama Yade?

C'est une manière assez habile de déplacer le débat, on leur souffle leurs textes. Ce sont des figures qu'on monte en exemple mais pour mieux refermer et verrouiller les portes. Je ne trouve pas ça très ambitieux comme politique d'ouverture. Les problèmes sont collectifs et sociaux, y répondre par des promotions individuelles, c'est déplacer le problème. Il ne s'agit pas de nommer un arabe ou un noir à des postes régaliens pour avoir dans le même temps une politique à destination des populations dont ils sont issus extrêmement rétrogrades, mener une politique complètement infamante en matière d'immigration, avec un renforcement toujours croissant du maillage répressif au sein des quartiers? On donne le change en faisant la promotion de quelques figures qui vont allègrement relayer un discours qu'ils n'ont pas produit, mais le problème est entier et il s'est même aggravé depuis les émeutes de 2005.

Je n'ai pas une vision monolithique des Etats-Unis. C'est le pays par excellence du contraste et de l'anachronisme où une chose et son contraire peuvent se côtoyer. Ce qui est fascinant dans la vie américaine, c'est la multiplicité des niches? Dans le domaine de la création, des choses sublimes se font à partir de capitaux, de structures de production privées? L'Amérique, c'est un système fédéral, complètement décentralisé, multipolaire. Le culte de l'initiative individuelle qui produit beaucoup de désastres mais offre aussi de belles opportunités. Il y a des angles morts, ce que j'appelle des niches, et dans ces niches se créent des expériences artistiques d'une audace et d'une inventivité incroyables. Je suis très curieux de tout ça. J'ai encore le sentiment que les Etats-Unis restent un eldorado pour les gens qui se voient refuser des opportunités là où ils se trouvent. Un pays de tous les possibles, conformément à son mythe fondateur.

Il ne serait pas autant porteur d'un renouveau dans la vie politique américaine?

Il représente, incarne, cristallise une évolution dans les lignes de fractures au sein de la société américaine. Mais il ne fera pas de miracle, il ne va pas bouleverser la vie des Américains au point où on semble vouloir l'entendre, une sorte de mise à plat de toutes les violences internes à la société US. En tout cas, l'engouement autour de sa personne marque la cristallisation d'un besoin réel de rompre avec la précédente administration, cette politique "fascisante" à l'intérieur et à l'extérieur, ce sont des mots que j'entendais de la part d'étudiants et de professeurs. Donc oui, il y a ce besoin de changer de vision, de politique, d'attitude. Et la figure d'Obama est le réceptacle de tout ça.

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jeudi 4 mars 2010

______Dieu, foi et religions : Si Dieu existe, pourquoi le mal, la souffrance ? La foi et la raison s'opposent-elles ? L’homme a-t-il inventé Dieu ou est-ce l'inverse ?

La plupart du temps, nous courons après des distractions diverses pour échapper aux heurts de la vie, ou nous nous réfugions dans le travail. Surtout, nous cherchons à ne pas penser. Comme si le fait même de penser à notre vie, à celle des autres, faisait mal. C'est qu'effectivement, à des degrés divers, nul n'échappe à la souffrance...

Pourquoi moi ?

Lorsque nous vivons un drame, une pensée nous vient parfois à l'esprit : "pourquoi moi ?". Nous avons un sentiment d'injustice. Dans un magazine, quelqu'un posait un jour une autre question : quand j'entends parler d'une souffrance quelconque dans le monde, pourquoi est-ce que je ne me dis jamais "pourquoi pas moi ?".

Autrement dit, puisque la souffrance affecte tous les êtres humains, puisqu'elle existe depuis la nuit des temps, puisque ni le progrès, ni la science, ni aucun système politique ou social ne l'ont jamais éradiquée, pourquoi s'étonner que cela nous arrive aussi à nous individuellement ? Pourquoi ne pas plutôt s'estimer heureux quand notre souffrance semble dérisoire par rapport à ce que certains endurent dans d'autres coins du globe ?

Cela fait effectivement réfléchir… De fait, beaucoup de personnes trouvent dans ce raisonnement le secret de leur bonheur. Satisfaits et positifs, ils prennent la vie du bon côté. Nous connaissons tous l'affliction, mais chacun a aussi sa part de bonheur dans la vie. Considérons que les choses pourraient être pires. Dans beaucoup de situations , cela devrait être notre attitude. Nous serions moins râleurs et plus aimables…

Mais cette réflexion est une bien piètre consolation quand nous souffrons profondément. Si nous nous posons instinctivement la question "pourquoi moi ?", c'est parce que nous avons tous en nous cette pensée: la souffrance est une erreur ! Elle ne devrait pas exister ! Le mal est une anomalie. Si encore nous étions "punis" lorsque nous faisons le mal, cela serait juste. Mais non. La souffrance est aveugle et apparemment arbitraire : même si nous faisons le bien, cela ne nous met pas à l'abri d'elle. Elle n'a apparemment pas de cause, et c'est ça qui en fait le drame. Pas de cause, donc pas de remède, pas d'échappatoire !

La souffrance peut-elle être expliquée ?

La souffrance a t-elle un sens ? Nous avons tous - et c'est normal - le désir d'interpréter, d'expliciter les choses, c'est-à-dire d'établir des relations causales, des liens, afin de donner un sens aux événements. Les situations deviennent ainsi moins illogiques ; elles entrent dans un tissu de continuité. La souffrance, elle, est vécue comme absurde, comme une rupture, une incohérence dans la logique de notre conception du monde. Dans son essence nous la percevons comme injuste.

Dans une certaine mesure, quand la souffrance est l'indicateur d'une anomalie modifiable, nous avons tout à gagner à en chercher la cause, afin de la traiter. Le fatalisme, qui consiste à accepter toute situation difficile sans rien dire, est de l'auto-annihilation. La souffrance n'a rien de bon en elle-même. Elle n'a pas de vertu curative ou punitive. (Heureusement, dans le domaine médical, la situation est en train de changer par rapport à cela Il existe aujourd'hui une médication analgésique adéquate et efficace).

Toutefois, s'il est juste de se poser un minimum de questions, nous ne pouvons pas chercher des raisons à toutes les souffrances, sous peine de risquer de tomber dans le négationnisme ou de tenir des propos inacceptables. Ainsi, vouloir expliquer la douleur immense de l'holocauste, de la torture, d'une catastrophe climatique ou tellurique, risque de nous faire penser et dire n'importe quoi. Nous risquons d'avoir des propos vexatoires, humiliants, injustes ou discriminatoires.

De plus, la douleur n'a plus de raison d'être entendue ni exprimée si elle est trop expliquée, trop rationalisée. Elle deviendrait alors partie intégrante des choses normales de la vie, au lieu d'être un indicateur d'anomalie. Ce n'est pas parce que je sais que j'ai un cancer incurable que je dois trouver ma douleur "acceptable" et que je n'ai plus besoin de l'exprimer.

Comment faire face à la souffrance ?




Il est possible de dépasser sa souffrance. Cela ne diminuera pas son intensité, mais de notre attitude face à elle pourront venir notre "délivrance" et notre croissance intérieure. Mal y répondre aura l'effet inverse : affaiblissement de notre être et amoindrissement de la beauté de notre caractère. Non pas que la souffrance soit une vertu en elle-même. Une telle conception cache un certain masochisme mystique. Mais nous pouvons choisir de bien réagir par rapport à la douleur, afin de grandir, de connaître, d'apprendre, de progresser. Du mal peut sortir le bien.

Comment ? Premièrement en prenant le temps de réfléchir et d'analyser ce qui se passe en nous. Être conscient de moi, de ce qui se joue en moi, de mes peurs, de mes frustrations : et si la souffrance était propice à une intériorité salutaire, si derrière les ténèbres perçait une lumière ?



Quelques fois, d'heureux changements de vie sont déclenchés par une épreuve terrible : comme pour ce jeune maghrébin d'un quartier difficile, emmuré dans sa délinquance, inconscient de sa situation, incapable de penser à se sortir de là. Maintenant, c'est un musicien doué, impliqué dans des groupes de la ville et dans une radio. Il a un métier qui le passionne, un avenir ouvert devant lui. Comment a-t-il opéré la métamorphose ? "Grâce", dit-il, "à l'accident" qui lui est arrivé. Il est en effet devenu aveugle, suite à une explosion qu'il avait provoquée. Il aurait pu s'enfoncer encore plus dans les ténèbres. Il en a fait un tremplin pour changer de vie. Bel exemple ! Beau courage !

Les évènements tragiques nous remettent en question, ébranlent nos idées reçues, disloquent les illusions ou les croyances erronées sur lesquelles reposent parfois nos vies. Et si une partie de mon mal était en vérité une atteinte à mon orgueil, à mon égoïsme ? Pour celui ou celle qui ose regarder la réalité en face et se remettre en question, le "déshonneur" peut devenir une chance. Quel épanouissement ce sera alors ! Quel bienfait pour lui (ou elle) et pour son entourage ! Ainsi, des menaces (et seulement des menaces) de divorce obligent-elles bon nombre de maris à revoir sérieusement leur comportement vis-à-vis de leurs proches. Pour celui qui souffre mais qui sait ouvrir les yeux sur lui-même, c'est un nouveau départ dans la vie, qui peut suivre.

Enfin, parler de sa plaie à quelqu'un d'autre est également nécessaire : lire, écouter, rechercher les conseils sages, dans une volonté d'échange et de partage. Dans la douleur, les gens se rapprochent les uns des autres. C'est une des conséquences bienheureuses de la souffrance. Celle-ci nous renvoie à notre humanité fragile et vulnérable. Nous (re)découvrons que nous avons besoin les uns des autres.

Nous comprenons mieux celui-là qui nous énervait auparavant, quand nous savons et expérimentons ce par quoi il est passé. Nous écoutons mieux celle-là qui souffre, parce que nous avons ressenti combien la seule écoute compréhensiveNous devenons plus humain, c'est-à-dire plus transparent, moins arrogant, plus abordable. Des masques tombent ; notre personnalité s'enrichit de compassion, c'est-à-dire d'un nouveau regard sur les autres, d'un nouveau désir d'aller vers l'autre. Notre égoïsme premier s'efface. La souffrance nous amène des amis. Et si c'était l'occasion d'apprendre un nouveau style de vie ? Pourquoi ne vivre cette proximité, ces relations retrouvées, qu'au travers de situations déplaisantes ?

La souffrance nous interpelle sur notre humanité : nous sommes faillibles, en fin de compte et l'existence est bien vite passée. Pour quoi, pour qui ? La souffrance est aussi peut-être l'occasion d'une rencontre de l'Autre… était précieuse dans l'épreuve.

Où est Dieu dans la souffrance ? Que nous soyons croyants ou non, la question de l'existence de Dieu surgit en nous lorsque nous pensons au mal. Pourquoi ? Si nous disons ne pas croire en Dieu, pourquoi nous interroger de la sorte ? Et si nous disons croire en Dieu, quelle réponse y donnons-nous ?

La Bible parle de notre vécu, ne le conteste pas, mais bien plutôt l'authentifie. Des grandes figures du passé ont souffert et exprimé leurs maux, leurs questions à Dieu - ce qui nous est rapporté dans la Bible. La foi chrétienne refuse l'illusion et les doctrines qui nous séparent de la réalité de la vie (la douleur n'est pas une abstraction de la pensée ou ne peut pas "s'anihiler" par la pensée). Jésus souffre et ne dit pas que ce n'est rien ; il voit les gens mourir et il pleure.

Le christianisme ne fait pas non plus de masochisme et s'oppose au concept de "punition" derrière les événements

Certains maux, nous dit la Bible, sont malheureusement les conséquences directes de nos actes. "Celui qui sème l'injustice récolte l'injustice" (Proverbes 22:8). Ainsi, une mauvaise gestion économique, le mépris des ressources terrestres, des choix politiques ou sociaux malheureux sont lourds de conséquence. À nous la faute. Dieu ne peut pas en être reconnu coupable. Nous avons été créés libres, ce qui veut dire - par la même occasion - libres d'expérimenter le mal que nous faisons. Il y a injustice sur terre, mais parce que l'humanité n'est pas faite d'entités indépendantes les unes des autres. (voir par exemple : Evangile de Luc ch. 13). Dieu ne prend pas plaisir à nous voir souffrir. Nous ne prouvons rien à travers la douleur, ni ne gagnons rien, contrairement à l'idée que certains mystiques ont véhiculée. Comment "expliquer" que Jésus ait dû souffrir de la faim, de la soif, de la fatigue, soit trahi, torturé, mis à mort, lui un homme parfait sur le plan moral et qui ne faisait qu'honorer Dieu ?



Peut-être devrions-nous plus réfléchir à la présence du mal en nous et l'admettre enfin, au lieu de la nier ou de l'ignorer. Ce n'est qu'en prenant le taureau par les cornes que l'on gère les situations graves et que l'on prévient les catastrophes. À trop se voiler la face, il faut attendre qu'un drame survienne et (bien souvent) seulement alors nous agissons ! À nous donc de tirer les leçons de la vie et d'apprendre à être plus sages et moins égoïstes.

Cependant, d'autres tragédies restent inexplicables : les maladies (qui emportent parfois des bébés), les désastres climatiques ou terrestres (famine, tempêtes, tremblements de terre…). Pourquoi cela a-t-il lieu ? La Bible reste silencieuse sur ce sujet. Dieu ne nous en révèle pas l'explication.

Pourquoi ? Parce que Dieu, dans sa souveraineté, a fixé là la limite à notre savoir. En effet, vouloir donner un pourquoi à la souffrance, au mal, c'est être finalement comme Dieu, connaître toute chose. Si je pouvais expliquer la souffrance, je pourrais aussi m'expliquer Dieu. Cela signifierait que Dieu est à ma mesure. Je contrôlerais tout moi-même. Mais le propre de l'être humain est d'être fini, fragile et limité. D'ailleurs je ne peux me comprendre moi-même totalement.

Cependant, Dieu n'est pas indifférent à ce qui m'arrive. Sur la croix, Jésus s'identifie pleinement à ma condition. C'est même au sein de cette condition qu'il se révèle à moi. Alors, dans la mesure où j'accepte l'incompréhension, je peux entendre la compassion réelle de Jésus et la solution qu'il me propose.



Car Dieu a une réponse à notre souffrance. Mais elle ne se pose pas en termes explicatifs et rationnels. La réponse divine à la souffrance, c'est une compassion et une consolation véritable, qui proviennent d'une identification et d'une espérance qui deviendront réalité. Dieu me comprend, m'écoute, a de l'empathie pour moi. Il sait ce que j'endure, connaît la profondeur de ma douleur, parce qu'il l'a expérimentée lui-même. Car ce Dieu si infini s'est un jour fait homme, avec toutes les limites et les faiblesses que cela comporte.

Pour s'identifier à nous et comprendre pleinement notre souffrance, en Jésus-Christ, il a choisi, de vivre pleinement notre tragédie. Il ne nous dévoile pas l'origine du mal, mais s'offre lui-même comme réponse à ce problème. En mourant sur la croix, Dieu a fait retomber sur lui tout le mal de la terre, de tous les temps : "Ce sont nos souffrances qu'il a portées ; c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé… Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités… Il s'est livré lui-même à la mort parce qu'il a porté les péchés de beaucoup d'hommes et qu'il a intercédé pour les coupables" (Li-vre du prophète Esaïe, ch. 53).

Ainsi, je peux connaître Dieu à travers ma souffrance et mes besoins, à condition que je les lui exprime. C'est aussi là (mais pas seulement) qu'il se révèle. La souffrance pleinement reconnue donne place à l'autre et à l'Autre. Dès lors j'entends à sa juste valeur les phrases de Jésus : "bien-heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés" (Evangile de Matthieu 5:4). Ceux qui acceptent de pleurer, de dire leur incompréhension et leur révolte face au mal, et de le dire à Dieu en désirant sa présence, peuvent découvrir Sa consolation. C'est l'expérience de Job, le géant de la foi (livre de Job, Ancien Testament). Mais ceux qui ne pleurent pas, qui résistent à Dieu, qui veulent tout expliquer, ne connaissent pas cette consolation.

Dieu nous promet qu'il y aura, après la mort, un au-delà dépourvu de souffrance, sans mal, pour ceux qui se seront confiés en lui. Le croyant qui expérimente une relation vivante avec Dieu, a au fond de lui-même une ferme assurance de ce futur enfin heureux : "Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre…Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux et la mort ne sera plus. Il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu" (Apocalypse de jean 21:1,3-4) ; "Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés" (Evangile de Jean 5:6).

Ce récit idyllique peut paraître utopique. Pourtant, Dieu donne la certitude de sa réalité à tous ceux qui lui confient leur vie, au point que Paul disait : "nous marchons par la foi et non par la vue, mais nous sommes plein de confiance et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur" (Deuxième épîtres de Paul aux Corinthiens 5:7-8). Cette assurance est, pour quiconque passe par des moments difficiles, un grand réconfort qui aide à traverser l'épreuve et à en sortir grandi. L'espoir fait vivre, dit-on. Dieu donne à ceux qui viennent à lui plus qu'un espoir : une conviction qui apporte une joie et une paix profonde au sein de la tempête.

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______Est-ce que la vie a réellement un sens, ou ressemblererait-elle plutôt à un acte illusoire? Où va-t-elle? Que signifie-t-elle? Que vaut-elle? D'ou vient-elle ?

L'expression sens de la vie désigne l'interrogation humaine sur l'origine, la nature et la finalité de l'existence.

La question du "sens de la vie" est compliquée par le fait que le mot sens a plusieurs ... sens, imbriqués mais différents:

  • Téléologique: Où va-t-elle ?
  • Sémiologique: Que signifie-t-elle ?
  • Axiologique: Que vaut-elle ?
  • Ontologique: D'ou vient-elle ?

Actuellement seulement deux réponses au sens de la vie

Pour l'humanité, selon si l'on compte avec ou sans Dieu, il n'existe actuellement que deux genres de réponses, opposés l'un à l'autre quant au sens de la vie :

  • Pour les athées :

Les athées ne prétendent pas savoir ce qu'il y avait avant l'univers ni d'où provient toute l'énergie et la matière le composant. De la même manière ils ne spéculent pas sur l'existence d'un dogme préétabli qui donnerait un sens immuable à la vie. Au contraire, pour certain le sens de la vie (ou de notre vie) est à construire chaque jour et pour d'autre il faudrait simplement profiter de la vie et ne pas perdre de temps à lui chercher un sens métaphysique. Ainsi pour beaucoup d'athées, comme Sartre, la vie n'a pas de sens intrinsèque mais c'est seulement l'existence qui fixe le sens des choses (ce qui est la définition de l'existentialisme). Selon d'autres, comme Nietzsche, le fait qu'il n'y a pas eu de plan à l'origine des choses signifie que rien n'a de sens dans l'absolu et qu'il est inutile de chercher par les sciences et la philosophie à en trouver un. La seule chose à faire est alors seulement de chercher à vivre, de jouir de la vie sans s'interroger à propos d'un réel insensé.

  • Pour les croyants :

Pour les croyants des grandes religions monothéistes il n'est même pas nécessaire de chercher un sens à la vie car il serait donné par Dieu. Pour la religion chrétienne, ce sens se veut simple : les théologiens depuis l'avènement du Christ et même encore de nos jours, adhèrent à cette idée selon laquelle les hommes ont pour destinée de se parfaire, de s'élever vers le haut, vers Dieu, ceci notamment en s'allégeant ; ils doivent ainsi se diviniser. Après avoir mis l'Homme sur terre en quelque sorte pour le tester, Dieu le rappelle à lui. Saint Irénée a ainsi dit dans les premiers siècles de la chrétienté "Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu". On comprend dès lors que pour la religion chrétienne, même après le concile Vatican II, la terre n'est qu'une sorte de test, plus précisément comme l'a montré le Christ par l'exemple, de chemin de croix, où la souffrance et les bonnes volontés ne servent qu'à obtenir du mérite pour l'au-delà. Cette notion de souffrance un peu vieillotte et aussi agaçante soit elle, continue de faire l'unanimité chez la plupart des théologiens actuels, dont, notamment René Laurentin (prêtre théologien) qui explique dans son livre "Dieu existe, en voici les preuves" le rôle de la souffrance dans la vie humaine.

Pour Wittgenstein, "croire en Dieu c'est comprendre que la vie a un sens, croire en Dieu c'est voir que les faits du monde ne sont pas le dernier mot, croire en Dieu c'est voir que la vie a un sens"

  • Quel est le sens de la vie?

Articles sur les questions existentielles : le bien, le mal, le destin, la vérité, la souffrance, le mal être... Et pour ceux qui se posent la question " où est Dieu?", découvrez comment Dieu apporte un sens à la vie...

Questions existentielles


  • Y a-t-il une vérité ou des vérités ?
  • Qu’est-ce que la vérité ?
  • Y a-t-il une Vérité ou y en a-t-il plusieurs ?
  • Que disent les grands courants de pensée à ce sujet
  • Vide intérieur : qu’est-ce qui me manque ?
  • Alors que nous avons tout au niveau matériel, nous sommes tristes et insatisfaits à l’intérieur : il nous manque quelque chose...
  • Le destin existe-t-il ? Notre destinée est-elle écrite quelque part ? par T.G.
  • Suis-je maître de ma vie ou est-elle prévue d'avance ? Examen de différents points de vue sur la question...
  • Le mal : d'où vient-il ? Pourquoi est-il partout ?
  • Qu'est-ce que le mal ?
  • Quelle est l'origine du mal ?
  • Y a t-il un remède au mal ?... *Questions aux croyants : Que fait Dieu ?
  • Le bien et le mal absolus existent-ils ?

Chaque société a ses valeurs, ses règles. Au-delà des différentes cultures, y a-t-il des "normes" auxquelles chacun et chacune pourraient donner son assentiment ? Ou bien les valeurs morales sont-elles subjectives ?


  • LA MORT ET LA VIE : pourquoi vivre ? Y a t-il un au-delà ? Y a t-il une espérance si la mort est la fin de la vie ? Le sens de la mort

  • SOUFFRANCE : a-t-elle un sens ? Comment moins souffrir ? Où est Dieu, s'il existe ?Pourquoi la souffrance ?

  • A QUOI SERT MA VIE ? Est-ce que j’ai une place dans ce monde ? Comment être heureux dans la vie ?... Que faire de ma vie ?


Où est Dieu ?


  • TROUVER DIEU : Croire en Dieu est une chose, mais expérimenter son amour et sa présence change véritablement la vie. Découvrez comment c'est possible : Comment avoir une relation personnelle avec Dieu

  • TÉMOIGNAGES : Ils étaient croyants ou non. Ils n'expérimentaient pas la présence de Dieu. Puis ils ont découvert comment expérimenter l'amour de Dieu. Cela a été pour eux un nouveau départ dans la vie...Témoignages de vécu avec Dieu

  • COMMENT CHANGER SA VIE.

Etre libéré de ses peurs, de ses chaînes intérieures, prendre un nouveau départ: c'est possible. C'est le message de Jésus...=> Changer de vie, c'est possible !

http://www.atoi2voir.com/atoi/catn2_minisite.php?n1=100000&n2=28

  • Y a-t-il une vérité ou des vérités ?

par Alain Gervais N'DOBA Qu’est-ce que la vérité ? Y a-t-il une Vérité ou y en a-t-il plusieurs ? Que disent les grands courants de pensée à ce sujet

Avant de parler de vérité, il faut définir la connaissance. Nous définissons la connaissance comme l'activité par laquelle l'homme cherche à comprendre la réalité. On nomme aussi connaissance le résultat de cette recherche, c'est-à-dire le savoir. La connaissance se présente sous deux aspects. Connaître une chose consiste d'abord à avoir une opinion sur elle : c'est l'aspect subjectif de la connaissance. Essayer d'approcher au mieux une définition la plus conforme à son objet est la connaissance objective. La vérité est ce à quoi l'esprit peut et doit donner un assentiment. C'est la connaissance qui chercherait à être conforme au réel.

La notion de vérité

La notion de vérité a été depuis la naissance de la philosophie le théâtre de toutes sortes de doctrines qui s'opposent. Certains, comme les sophistes, pensent que la connaissance réside entièrement dans l'opinion subjective de chacun. C'est-à-dire que la vérité est relative au point de vue de chacun : il n'y a pas une Vérité, mais des vérités. D'autre part, il y a la doctrine de ceux qui, comme Platon, pensent que la connaissance consiste à savoir ce que sont les choses en elles-mêmes, objectivement, indépendamment de l'opinion que l'on peut en avoir.

Sur la vérité comme sur la liberté, l'on a pu tout dire, et son contraire. Un certain goût pour la grandiloquence du tragique, qu'on appelle le nihilisme contemporain, présente la rencontre de la vérité comme une expérience fatale pour l'homme. Chez Nietzsche, la recherche de la vérité peut nous anéantir ou nous faire basculer dans la folie. Chez Sartre, la révélation de la vérité de l'existence aboutit à l'absurdité. La rencontre de la vérité signifie la mort des illusions et le constat de la finitude humaine, qu'il trouve lamentable. Du coup, pour lui, rien ne peut nous attirer vers la vérité et, comme Nietzsche l'avait dit : « il faut que les hommes continuent d'entretenir des illusions, car ce sont elles qui les font vivre ! ».

Il est tout de même assez contradictoire de demander au philosophe de soutenir les illusions, quand par ailleurs on lui demande de mettre en garde les hommes contre leurs illusions ! Toutes ces doctrines conduisent l'homme au relativisme, à l'indifférence (tout est égal), à la méfiance, au goût du tragique, et enfin, au rejet de toute croyance et de toute contrainte sociale.

La philosophie orientale, qui cherche elle aussi la vérité, est une autre forme de ces pensées nihilistes, en prétendant que tout n'est qu'illusion. Elle présuppose également que par l'ascétisme et la transmigration, l'homme fini peut gagner l'infini, rejoignant en cela la frustration de Sartre devant la condition humaine.

Sciences humaines et sciences de la nature nous montre cependant que le monde obéit à des lois. Nos comportements suivent des règles, notre psychisme se développe selon des normes, la nature suit des lois. Nous ne pourrions pas survivre ni rien construire sans cette stabilité tangible. Il existe donc bien une Réalité, même si nous ne l'appréhendons que de manière floue, même si nous devons sans cesse réajuster nos connaissances. Personne ne détient la vérité absolue, mais cela n'implique pas qu'une Vérité objective n'existe pas.

Toutefois, il nous est impossible d'entreprendre la recherche de la vérité en nous appuyant sur notre seule raison ou encore sur notre expérience, car cela nous conduirait inévitablement à l'illusion. Nous ne pouvons connaître qu'imparfaitement. Nous sommes tributaires du progrès technique, de nos sens trompeurs, et nous ne pouvons faire abstraction de notre subjectivité.

Le rationalisme qui prétend pouvoir tout expliquer n'est pas satisfaisant. Par un autre chemin que celui de la philosophie sophiste, cette pensée postule de façon identique que l'homme peut appréhender seul la vérité. Or rien n'est moins sûr.

Alors, où se trouve la vérité ?

Qu'est-ce que la vérité ?

L'homme ne peut-il pas parvenir à la vérité ? Et si la Vérité n'était ni rigueur scientifique, ni subjectivité aléatoire ? Si elle était simplement transcendante et par essence libératrice, pour qui accepte de ne pas la saisir ? N'ouvrirait-elle pas la voie d'un monde plus vrai et plus heureux ?

Telle est la notion de vérité que présente la Bible.

Dans l'Ancien Testament, le mot hébreu 'emet', généralement traduit par vérité, est lié à un verbe qui veut dire "supporter, soutenir, établir", avec l'idée de solidité, de fidélité. Il est appliqué à des faits, qui peuvent être appréciés pour être vrais ou faux. C'est son sens intellectuel. Mais il a aussi le sens existentiel et moral qui présente la vérité en tant qu'attribut d'une personne : être vrai, c'est être droit, honnête, authentique, sûr, fidèle, juste, homme de parole... Ainsi, la vérité est un attribut fondamental de Dieu (Psaumes 108.5, 54.7...). Sa parole est vraie en ce qu'elle reste toujours valable.

En ce qui concerne l'homme, la vérité lui est demandée, d'abord comme devant être au plus profond de sa nature (Psaumes 51.8), ensuite dans sa réponse à Dieu et à sa loi, par l'obéissance (il s'agit d'être conséquent par rapport à ce que l'on croit et à ce que l'on proclame : agir et dire selon ce que l'on pense, donc obéir à Dieu si l'on dit vouloir le suivre). Enfin, la vérité est exigée comme fondement solide de toute relation humaine et de toute société (Exode 20.16).

Dans le Nouveau Testament, nous retrouvons ces deux sens. Mais l'Évangile offre une compréhension nouvelle et inattendue de la vérité, en la personne de Jésus-Christ.

Celui-ci dit qu'il est la Vérité personnifiée : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Évangile de Jean ch.14. v. 6). Cette vérité qu'aucun philosophe n'avait réussi à atteindre, qu'aucune intelligence n'avait pu saisir, qu'aucune personnalité n'avait pu réaliser par la pureté ou le comportement, cette vérité n'est donc ni un système abstrait de propositions, ni une éthique impersonnelle formulée en de nombreuses règles. Elle est, au contraire et à la fois, la réalité et l'éthique exprimées dans une personne qui est plus souple que la rigidité juridique et l'abstraction incompréhensible et qui est néanmoins immuable et conséquente.

Autrement dit, la Bible nous révèle que la source de toute connaissance, la Vérité fondamentale, se trouve en Dieu. L'homme ne peut prétendre y accéder, transcender sa condition en se faisant dieu. Mais il peut la connaître, car elle s'est révélée, manifestée à ses sens, à sa subjectivité et à son intellect, en Jésus-Christ. Si nous renonçons à nos prétentions d'autosuffisance ou d'auto sublimation, alors, « vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres » dit Jésus (Évangile de Jean ch.8. v. 32).

Il ne s'agit nullement de connaître la vérité ou d'accéder à la liberté et à la sainteté par des pratiques ascétiques et par la transmigration, comme c'est le cas chez les bouddhistes et bien d'autres religions d'Asie. La Vérité nous dépasse : tous les efforts humains pour l'atteindre sont donc vains. C'est là que l'on voit tout l'amour de Dieu : il est venu pour nous la révéler, la mettre à notre portée, nous permettre de l'entrevoir. C'est le Saint-Esprit qui conduit les croyants dans la vérité (Évangile de Jean 16:13), les rendant capables de la connaître (Évangile de Jean 8:32) et de la pratiquer (Évangile de Jean 3:21).

Dieu veut se faire connaître de nous et nous conduire dans la vérité. Il nous apporte le cadre, la charpente de références normatives, pour notre vie. Il nous apporte le fondement sur lequel construire les présuppositions nécessaires à une vraie sagesse et à un monde plus vrai et plus heureux.



  • Vide intérieur : qu’est-ce qui me manque ?

par Frédéric Sépari Alors que nous avons tout au niveau matériel, nous sommes tristes et insatisfaits à l’intérieur : il nous manque quelque chose...



Imaginez un homme isolé sur une île déserte, non pas accidentellement suite à un naufrage, mais depuis son plus jeune âge, un homme qui n’aurait jamais rien connu d’autre que son île. Au bout de quelques années, il pourrait se dire en lui-même : "Pourquoi ne suis-je pas heureux ? J'ai tout ce qu’il faut pour vivre : j'ai de quoi boire et manger, j’ai une cabane confortable pour m’abriter la nuit, la nature est riche, belle et luxuriante, le soleil brille chaque jour, et pourtant… je ne sais pourquoi, mon cœur n’est pas comblé. Je traîne avec moi une sorte d’insatisfaction confuse, sur laquelle je n’arrive pas à mettre des mots ! ». Comment cet homme pourrait-il savoir qu'il lui manque tout simplement la compagnie de ses semblables, voire celle d’une épouse ? Comment pourrait-il le savoir, s’il n’y a jamais eu personne pour lui dire?

Le christianisme nous donne les mots pour nommer le malaise existentiel de l’homme moderne. Son diagnostic se résume en quatre mots : Il nous manque Dieu ! Malgré notre déni de façade, malgré le refoulement induit par nos sociétés occidentales, l’homme reste toujours habité par un désir d’absolu, par le désir d’un monde meilleur. En réalité, il aspire à connaître Dieu, simplement parce qu’il s’agit d’un besoin profond de sa nature, d’un besoin constitutif de son être. La Bible nous révèle que nous avons été créés pour connaître notre Créateur, et non seulement pour le connaître, mais aussi pour jouir de sa présence, de sa divine compagnie à chaque instant de notre existence.

Dans un élan de lucidité, le grand philosophe et physicien français Blaise Pascal a perçu cette vérité et a jeté sur le papier ces quelques mots : « Il y a dans le cœur de chaque homme un vide en forme de Dieu, et nul autre que Lui ne peut le combler. » Plus récemment l’écrivain Alexandre Soljenitsyne a émit un verdict comparable : « Si l’on me demandait qu’elle est la plus grande menace de tout le XXème siècle, là encore je ne trouverai rien d’autre à dire que : l’homme a oublié Dieu ».

Mais si nous avons oublié Dieu, en revanche, Dieu ne nous a pas oubliés. Dans les Evangiles, Jésus multiplie les images qui dépeignent Dieu sous les traits d’un Père attendant le retour de son enfant, ou bien sous les traits d’un berger parti à la recherche de ses brebis. Dieu cherche notre présence bien davantage que nous ne cherchons la sienne. Son amour pour nous ne s’est pas éteint, malgré nos rejets répétés du bien, malgré nos révoltes teintées de mépris à son égard. Dieu cherche encore et toujours notre présence, comme un père cherche le regard fuyant de son enfant. Il est prêt à nous accueillir tel que nous sommes. Encore faut-il lever les yeux vers lui dans la prière !

Jésus est venu pour nous réconcilier avec notre Père Céleste, nous conduire dans Sa présence. Il était Dieu venu sur terre. Mais comme son corps de chair ne pouvait se rendre présent à tous en même temps, il a promis d’envoyer l’Esprit saint, l’Esprit divin, à tous ceux qui placeraient sa confiance en Lui, de sorte que Dieu puisse enfin combler le vide de leur âme. Voici les paroles mêmes de Jésus : «Quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera–t–il un serpent au lieu d’un poisson ? (…) Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera–t–il le Saint–Esprit à ceux qui le lui demandent.» (Evangile de Luc ch.11 v.11-13).

Le christianisme ne consiste pas à croire en l’existence de Dieu, mais à vivre une relation personnelle avec Lui. J’ai, un jour, vécu cette rencontre dont parle le Christ, je m’en souviendrai toute ma vie. Ce soir là, alors que j’étais seul dans ma chambre et que je suppliais Dieu de se révéler à moi, j’ai été peu à peu rempli d’une paix et d’une joie indicibles et totalement incompréhensibles. Alors qu’avant cela, je réussissais avec beaucoup de peines à prier 3 mn d’affilé, je me suis senti poussé à parler à Dieu comme un ami s’adresse à un autre ami, et cette conversation me sembla longue et rafraîchissante. Des textes bibliques que j’estimais de peu d’intérêt sont soudainement devenus lumineux, riches de sens et pertinents pour ma vie. La Bible n’avait pas changé, mais mon cœur venait d’être touché par l’Esprit. Si Dieu a pu accorder cette grâce imméritée à un homme d’un naturel inquiet, soupçonneux et orgueilleux comme moi, il pourra bien le faire aussi pour vous, à condition que vous vous adressiez à Lui avec humilité, sincérité et confiance. Demandez à Dieu et il vous répondra !


  • Le destin existe-t-il ? Notre destinée est-elle écrite quelque part ?

par T.G. Suis-je maître de ma vie ou est-elle prévue d'avance ? Examen de différents points de vue sur la question...






Destin et liberté

La notion de destin taraude tous les esprits, un jour ou l'autre. Que l'on dise : "venez découvrir votre avenir" et tout le monde se passionne. Mais s'il y a destin, cela signifie que des événements ne manqueront pas d'arriver, quoi que nous fassions. Cela veut dire que notre pouvoir d'action sur notre propre vie est limité, que nous sommes impuissants face à certains événements ! Où donc est notre liberté ? Suis-je maître ou non de mes choix de vie ?



Ces questions importantes ont une infinité de conséquences dans notre vie de tous les jours. Chacun(e) d'entre nous vit selon ce qu'il croit. Notre conception de la vie sous-tend nos choix et nos comportements. C'est pourquoi, de tous temps, les philosophes ont essayé de répondre à la question du destin.

De façon sûre, il y a un événement dont nous ne pouvons empêcher l'arrivée. C'est un événement universel, auquel nous sommes tous destinés : la mort. Personne ne peut y échapper. Dès notre naissance, le destin fatal se met en marche et nous achemine vers l'instant inéluctable. Biologiquement, nous le savons maintenant, nos cellules sont programmées pour mourir. Dès notre conception, le compte à rebours commence !

La mort : événement fondamental de notre vie, qui va orienter tous nos choix et nos croyances. Ce destin funeste pèse sur nous et fait naître en nous la peur. C'est une peur diffuse, pas forcément consciente, mais qui constitue le fond affectif de notre être. Que survienne un danger et c'est elle qui nous gouverne. Un rien et l'on se sent exposé, en péril, insécurisé. Notre liberté est une liberté de "mortel" : quelle vie vais-je choisir, sachant qu'elle est marquée par la finitude ? C'est sur cette problématique de la mort que s'articulent toutes les conceptions du destin.




Différentes conceptions du destin



Pour les Stoïciens de l'Antiquité, le destin qui nous conduit à la mort dicte sa volonté à tous, dans les moindres détails des vies. L'être humain ne peut rien sur les événements, même petits. Nous sommes comme programmés pour une certaine vie, selon une certaine personnalité, en une certaine époque et culture, et les grands événements ne sont que la résultante d'une accumulation d'événements plus petits. Dans cette conception, la liberté de l'homme n'existe pas. Sa responsabilité non plus : quoi qu'il fasse, cela lui est dicté. Dans cette conception aussi, le passé et le présent se confondent en une courbe. Cela s'apparente beaucoup au fatalisme de certains peuples orientaux (Hindous en particulier) : celui qui considère sa condition comme un destin ne fait rien pour la changer. Il attend la mort.

Dans certains courants de philosophie grecque, le destin est un ordre intemporel, impersonnel, une loi des événements, au-dessus de tout, sur lequel même les dieux ne peuvent agir. Tout espoir de lui échapper est vain. La conception grecque de la vie est un drame : la mort attend chaque être humain. Nulle puissance ne peut nous en sauver. Mais, contrairement à la conception stoïcienne, le destin funeste est un cadre à l'intérieur duquel une certaine "liberté" est possible pour l'homme et les dieux. Cette liberté est celle de pouvoir influer sur le moment d'apparition des événements et, dans une certaine mesure, sur leurs conséquences (plus ou mois dramatiques). Le destin ne contrôle pas tous les moments du temps, ni tout son contenu, mais à la longue il l'emporte toujours.

D'où cette quête permanente de l'homme : vouloir connaître son destin, son avenir, afin de s'y préparer et d'utiliser au mieux le peu de liberté octroyée pour choisir l'attitude à adopter. D'où aussi ce fol espoir que tous les courants ésotériques caressent : vouloir échapper à son destin, en être enfin affranchi et pouvoir choisir soi-même sa propre destinée, c'est-à-dire être immortel. Cette recherche insensée, les Grecs l'appellent l'orgueil démesuré de l'homme, qui refuse sa condition de créature. Car l'on ne saurait braver le destin sans s'en mordre les doigts : certains héros mythiques, pour l'avoir tenté, ont connu ruine, douleur, bannissement ou mort atroce.

Pour Héraclite, même les dieux sont un jour mortels. La mort est donc la seule destinée qui guide l'univers entier. Le fond des choses est une sorte de puissance absolue, impersonnelle, s'auto-régulant : le non-être. Ce non-être est la Loi qui régit la nature. Il est symbolisé par le feu. Tout vient de lui et tout retourne à lui. Le destin de tout homme est de le rejoindre : devenir partie du non-être. La question du choix de vie est donc dérisoire : n'importe quoi équivaut à n'importe quoi. Seul compte le non-être. Ici, nous retrouvons en grande partie les pensées bouddhistes.



Conception biblique du destin



A l'opposé de tous ces courants de pensée, le Dieu de la Bible se présente comme non soumis au temps, maître du temps. Contrairement aux dieux grecs ou orientaux, il peut nous sauver de la mort. Elle n'est pas notre destinée finale, même si elle reste un passage obligé. En effet, il a prouvé que la mort n'était qu'un passage et qu'elle pouvait ouvrir à un bonheur désiré, lorsque Jésus est ressuscité. Le christ a vécu encore plusieurs jours avec ceux et celles qui l'avaient cotoyé, et il est toujours vivant aujourd'hui. Par lui, la mort a été vaincue et n'est donc plus un destin funeste pour celui qui place sa confiance en Jésus. Dieu veut et peut nous délivrer de cette peur viscérale qui nous contrôle malgré nous. L'accomplissement de la vie n'est pas réduit à l'ici-bas. Les choix de notre vie ne sont pas à penser en fonction du temps qui nous reste pour "profiter" de la vie, mais bien plutôt en fonction de Celui qui est au-dessus de tout et qui peut non seulement donner un sens (à la fois signification et direction) à notre ici et maintenant, mais aussi l'espérance d'une vie en plénitude qui ne finira pas.

La mort n'est qu'un passage parce que c'est une anomalie : l'envie de vivre, chevillée au plus profond de nous, n'est pas anormale. Elle vient de Dieu, nous dit la Bible. Dieu est un Dieu de vie et d'amour. Il nous a fait pour la vie, la joie, la créativité, la spontanéité. La maladie, la souffrance, les injustices sont des erreurs survenues dans le monde à cause de l'orgueil de l'homme, que la Bible appelle "péché" et qui le pousse effrontément à vouloir être son propre dieu.

Dans ce que la Bible appelle sa souveraineté, Dieu propose à tout homme un chemin de vie ici bas et au-delà de la mort. Cela revient-il à dire qu'il a établi un destin pour chacun ? Non, car s'il est tout-puissant, dans son amour il se limite lui-même pour donner la liberté à l'homme. Dieu a une volonté suprême et souveraine sur tout, mais il nous a donné aussi un libre-arbitre. Par nos propres choix, nous pouvons à tout moment choisir de faire la volonté de Dieu (« voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres » a dit Jésus ), ou choisir d'aller contre cette volonté.

Mais le corollaire de cet acte d'amour, de cette liberté que Dieu nous donne, c'est que chacun(e) d'entre nous est pleinement responsable de ses actes et de ses paroles. C'est-à-dire que nous devons assumer les conséquences heureuses ou (trop souvent) malheureuses de nos comportements et de nos choix ! Les événements surviennent, mais nous sommes pleinement responsables de nos réactions à ces événements. Voulons-nous porter les conséquences de nos attitudes ? Car derrière la question du destin, c'est cette responsabilité-là qui est en jeu. Parfois, en faisant appel au "destin", ne cherchons-nous pas en réalité à fuir nos responsabilités ?

Dans un certain sens, il existe cependant un destin pour le chrétien. En effet, à celui qui place sa confiance en Dieu au travers de Jésus-Christ, Dieu promet un avenir où il pourra s'épanouir en fonction de qui il est. Cette personne entre en relation d'amitié avec Dieu dès maintenant et peut avoir la certitude qu'elle jouira de la plénitude de cette relation dans le face à face avec Dieu au delà de la mort. Mais à celui qui tourne le dos à Dieu, alors un monde sans l'amour de Dieu l'attend : ayant fait lui-même le choix d'une vie sans Dieu ici-bas (alors que la présence de Dieu est là), c'est donc sans Dieu qu'il passera l'éternité (où seul le mal sera présent). « J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » dit Dieu (livre du Deutéronome -Ancien Testament- ch. 30 v. 19).



La mort, passage pour tous, est en fait une porte ouverte sur deux destinations possibles. Tout n'est pas dicté d'avance : ce choix-là m'incombe...



  • Qu'est-ce que le mal ?

Question difficile. Le terme revêt tellement de sens (mal physique, moral...), ou plus exactement nous l'appelons tellement différemment selon les cultures, les époques, les idéologies. En Inde, on ne parle pas de mal mais de souffrance et l'on dit qu'elle fait partie intégrante du monde. On ne peut rien y faire, rien y changer. Misère, famine, maladies et inégalités perdurent depuis des siècles parce que la croyance fige littéralement les esprits et les volontés. Toujours en Orient, un autre courant prône l'équilibre entre les énergies, dans un monde d'illusions. Le mal, ou plutôt l'énergie négative, doit être canalisée et transformée en énergie positive. Il faut apprendre à ne pas se laisser perturber par les souffrances. Cette attitude donne une certaine sérénité, très en vogue chez les occidentaux, mais est totalement centrée sur soi (ça tombe bien, notre société est individualiste) : écoute de l'autre, compassion, soins, dons, ne sont pas des caractéristiques de vie recherchées.

En Occident, l'on nous dit qu'il faut y voir des problèmes, et que ceux-ci sont d'origine sociale, ou politique, ou économique. Le terrorisme ? C'est la faute à l'injustice nord-sud. À voir. Tous les habitants des pays peu développés ne sont pas des terroristes. La violence dans les écoles ? La faute à la télé, aux jeux vidéos ? Sûrement, mais pas seulement. La souffrance, la maladie ? Patientez : la science et la médecine vont définitivement nous en débarrasser sous peu. Le jour vient, où, grâce au progrès et à son intelligence, l'homme offrira le bonheur à tous ! En réalité, chez nous, personne n'ose appeler un chat un chat : la cupidité ou l'orgueil, la haine ou la lâcheté, le vol ou le mensonge, les disputes ou l'exclusion... pourquoi ne pas appeler cela le mal, tout simplement ?

Le mal, c'est-à-dire, non pas ce qui me gêne ou empêche mon épanouissement, contrecarre ma volonté, mais ce qui porte atteinte à l'autre, à son bien-être, à sa liberté, à sa dignité. Ce mal qui est aussi ne pas venir en aide à l'autre, ne pas l'accepter, ne pas lui faire du bien quand on en a la capacité. Car ne pas faire le bien quand on le peut, c'est aussi faire le mal, nous dit l'apôtre Jacques (Epître de Jacques ch.4 v. 17). "Le mal c'est porter atteinte à l'humanité. Il est en nous chaque fois que nous nous préférons à tout le reste" dit le philosophe André Comte-Sponville. C'est exactement la définition du mal que donne la Bible : « vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands les asservissent. Il n'en sera pas de même au milieu de vous. Quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur... c'est ainsi que le Fils de l'homme (Jésus) est venu, non pour être servi, mais pour servir » (Evangile de Matthieu ch. 20 v. 25-28). « Ayez le mal en horreur, attachez vous fortement au bien... soyez plein d'affection les uns envers les autres... exercez l'hospitalité... bénissez ceux qui vous persécutent... réjouissez vous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent... n'aspirez pas à ce qui est élevé... » (Epître de Paul aux Romains, ch. 12).

D'où vient le mal ?

Si la définition du mal peut paraître difficile, son origine pose encore plus de problème.

Le mal vient-il de la société, c'est-à-dire est-il extérieur à nous ? Mais c'est nous qui faisons la société. Nous pourrions l'éradiquer, s'il était sollicitation de l'extérieur. Vient-il alors d'instincts, de pulsions, comme pour les animaux (après tout, la souffrance existe aussi dans la nature et l'homme ne serait qu'un animal parmi d'autres) ? Mais les bêtes sont innocentes : un animal peut faire mal (un prédateur qui tue), mais il ne fera jamais le mal. Le mal émane-t-il enfin de nos désirs illusoires et vains, que nous devrions donc chercher à éteindre pour atteindre le repos absolu ? Mais en faisant cela, nous éteignons la vie : le désir d'aimer, de vivre, de se réjouir, de faire plaisir.

C'est là le drame du mal, cette réalité que nous voulons occulter tant elle est mystérieuse et choquante : c'est que le mal est en nous et il est propre à l'homme. C'est qu'il est choisi en tant que tel par notre volonté. Délibérément, consciemment ou pas, nous seuls choisissons ce qui n'est pas bien, ce qui blesse, attriste, entraîne l'autre dans des situations qui lui sont néfastes. Cette tare que nous ne voulons pas nommer, que nous plaquons sur l'autre ou qui nous ronge de remords et de culpabilité, ce mal, il faut bien nous l'avouer, est en chacun de nous. Nous, même nous qui n'avons jamais pensé au pire, avons en nous la capacité du violeur, du meurtrier, du tortionnaire, du traître. Vous en doutez ? Regardez l'histoire : il en faut tellement peu pour réveiller ce mal en chacun, alors même qu'on se croyait « civilisé ». Une insécurité, une menace, des idées toutes faites, la certitude d'avoir raison, une meilleure situation à acquérir, et nous voilà menteurs, voleurs, lâches... Voudriez-vous que toutes vos pensées défilent comme un film sur la place publique ? Moi non.



Humainement, c'est la conclusion à laquelle nous pouvons donc tous arriver, sur laquelle en tout cas beaucoup de philosophes sont d'accord. Mais que faire alors ? Et pourquoi est-ce ainsi ? Lorsqu'on y songe, c'est horrible. Nous sommes comme coincés dans cette situation, bloqués dans une impasse. Nul espoir à avoir quant à une utopique amélioration de la société ou du genre humain dans l'avenir : l'arme fractale remplacera le pistolet, qui a remplacé l'arbalète, qui avait remplacé la fronde. Mais où voyons-nous un changement d'attitude ? Ils sont nombreux ceux qui nous exhortent au bien et nous disent de renoncer au mal. Ce sont de bonnes et louables idées. Mais qui y arrive ? Vous ? Moi ? Non, en réalité personne.

Dans l'Histoire, un seul homme a non seulement osé expliquer cet état, mais a aussi proposé un remède. Cet homme, c'est Jésus. Saviez-vous que personne d'autre n'a donné de réponse ni de solution au problème du mal ? « C'est du coeur que viennent les mauvaises pensées... » a-t-il dit bien avant tous 1. Jésus va encore plus loin dans sa révélation : « Quiconque se livre au péché, est esclave du péché... » 2. Le péché : c'est comme cela que la Bible appelle le mal qui est en nous ; un vieux mot que certains trouvent désuet et obsolète. Pourtant la réalité du mal est toujours là, quelque nom qu'on lui donne.

Et ce mal nous domine, impose sa volonté à nos actes, à nos paroles, dit Jésus. Nous n'en sommes pas maîtres, sans quoi cela ferait belle lurette que l'homme se serait amélioré par lui-même. Aviez-vous déjà pensé à cela ? Intéressant non ? Mais alors pourquoi est-ce ainsi et quelle solution y a-t-il ?

La réponse de Jésus au problème du mal

Le mal vient d'une rupture d'avec Dieu, nous dit la Bible. Dieu est pur, sans ombre de mal en lui (on dit qu'il est « saint »). Jésus, le Fils de Dieu venu sur terre pour manifester le Père, est pur lui aussi : « Jésus a paru pour ôter les péchés et il n'y a pas en lui de péché » 3. Le bien, l'amour, la paix, la joie que nous recherchons tous sont en Dieu. Mais de même que si j'occulte une lampe, je crée l'obscurité, de même, en vivant sans Dieu, en établissant mes propres normes pour ma vie et celle des autres, je crée le mal en moi. L'amour de Dieu, le bien, ne peuvent m'éclairer, me guider. À la place, le mal habite mon coeur et mes pensées.

Jésus nous enjoint de renoncer au mal et de faire le bien, mais il a ceci de différent des philosophes ou des penseurs orientaux, c'est qu'il nous dit que si nous croyons y arriver par nous-mêmes, nous nous leurrons : « sans moi vous ne pouvez rien faire » 4. Pourquoi ? Parce que seul Dieu a le pouvoir, la capacité de vaincre le mal en nous et de nous en délivrer. Qui d'autre le pourrait ? Quelqu'un peut-il maîtriser celui qui le contrôle totalement ? Il a besoin de l'intervention d'un tiers libérateur. Ainsi Jésus nous dit : « si le Fils (Jésus) vous affranchit, vous serez réellement libres » 5.

Cette libération, c'est le pardon. Seul le pardon peut vaincre le mal : « Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font » s'est exclamé Jésus en mourant sur la croix 6. C'est tout le sens de sa venue, c'est tout l'amour de Dieu pour chacun(e) d'entre nous que Jésus exprime là. Dieu a envoyé son Fils en sacrifice pour solutionner tous nos problèmes, parce qu'il s'est attaqué directement à leur racine : le mal en nous. Ce n'est donc qu'en venant à Dieu par Jésus, en reconnaissant nos fautes, en lui demandant pardon, et en lui confiant la direction de nos vies (afin que nos paroles et nos actes procèdent de son amour et ne soient pas inspirés par le mal en nous), que nous pouvons espérer changer, nous améliorer, éviter de faire le mal, et aimer vraiment ceux qui nous entourent.

  • Le bien et le mal absolus existent-ils ?


Chaque société a ses valeurs, ses règles. Au-delà des différentes cultures, y a-t-il des "normes" auxquelles chacun et chacune pourraient donner son assentiment ? Ou bien les valeurs morales sont-elles subjectives ?




Un étudiant en philosophie ayant rédigé un rapport pour démontrer qu'il n'existe aucun principe moral objectif (ou absolu), a vécu l'expérience suivante : alors que son travail, rédigé avec soin, aurait mérité une note de 16 ou 18, il se vit attribué un 2, le professeur ayant ajouté la mention : « Je n'aime pas les couvertures bleues ». Fou de rage, l'étudiant alla trouver le professeur. Celui-ci lui demanda « Vous êtes bien celui qui m'a démontré qu'il n'y a aucune valeur morale objective ? Eh bien, je n'aime pas les couvertures bleues. Vous avez 2 ! »

Bien, Mal : opinions ou absolus ?

Tout comme cet étudiant, certains disent que les valeurs morales sont subjectives (la notion de bien et de mal) ; cependant, dans leur comportement, sans même s'en rendre compte, ils se réfèrent à des absolus. Survienne par exemple une injustice et leur sang ne fait qu'un tour ! La philosophie n'est rien –fût-elle brillante et séduisante au niveau intellectuelle- si elle n'est pas ancrée dans la réalité. Ce qu'on entend par bien et mal donne le cadre des valeurs de la société.

Dire que tout principe moral est subjectif, c'est dire que les jugements moraux se réduisent aux goûts personnels de chacun. C'est dire que la morale ne s'applique pas à la question du bien et du mal. Alors par exemple, nous n'aurons aucun droit de penser que le viol et la pédophilie sont mal ; l'enjeu ne sera pas différent que lorsqu'on dit qu'il vaut mieux un restaurant français plutôt qu'un Mac Do. L'étudiant mal noté n'aura aucun droit de ressentir cela comme une injustice. Nous n'aurons aucun droit de dire qu'il est mal de torturer un bébé. Si quelqu'un nous vole notre portable ou nous agresse dans la rue, nous n'aurons aucune raison de nous en plaindre. Pourtant, au fond de nous, nous ressentons bien que chacune de ces actions est injuste, mauvaise, faisant du tort.

Au contraire, dire que la moralité est objective revient à dire que la vérité des jugements moraux ne dépend pas de l'attitude, de l'opinion ni de la croyance d'un individu ou d'un groupe. C'est dire qu'au-delà des variations culturelles ou générationnelles, il y a des actes objectivement bons et d'autres objectivement mauvais. Le philosophe latin Cicéron disait : « Seul un fou pourrait soutenir que la distinction entre l'honorable et le déshonorant, entre la vertu et le vice, n'est qu'une affaire d'opinion»(1).

Le bien et le mal absolus existent-t-ils ?



Comment des principes absolus peuvent-ils exister ? D'où nous viennent-ils ? Qu'est-ce qui les rend objectifs et obligatoires ? Qu'est-ce qui fait qu'ils engagent même ceux qui ne les partagent pas ?

Le philosophe Ludwig Wittgenstein a écrit « L'éthique, si éthique il y a, est surnaturelle... »(2). En d'autres termes, pour qu'il existe des absolus moraux, il faut que les hommes les tiennent d'une réalité transcendant l'humanité. L'éthicien athée Richard Taylor l'exprime en ces termes : « dire que quelque chose est mal parce que (...) Dieu l'interdit est (...) parfaitement compréhensible pour quiconque croit en un Dieu qui dicte sa loi. Mais dire que quelque chose est mal (...) même si aucun Dieu n'existe pour l'interdire, c'est incompréhensible (...) » et plus loin « Le concept d'obligation morale (est) impossible à saisir sans celui de Dieu. Les paroles demeurent, mais elles ont perdu leur sens »(3).

Attention, je ne dis pas qu'il est impossible à l'athée d'être moral ; mais je dis que si Dieu n'existe pas, il n'y a pas de principes moraux obligatoires. Quelqu'un qui ne croit pas en Dieu peut tout à fait faire le bien, aimer ses enfants... Ce n'est pas l'absence de croyance en Dieu dont nous parlons là, mais de l'absence de Dieu. Si Dieu n'existe pas, alors l'athée qui prône le respect de l'être humain et qui s'attend à ce que cette valeur soit partagée par tous n'a aucune base pour le faire. Il est bon qu'il le fasse mais penser que cette valeur devrait être partagée avec d'autres n'est pas cohérent avec son athéisme. Au nom de quoi peut-il justifier ses valeurs ?

En conclusion, revenons à ce que nous notions plus haut : que l'on soit croyant ou non, notre capacité à ressentir comme injustes non seulement les torts qui nous sont faits mais aussi ceux qui sont faits à autrui, témoigne de notre adhésion (parfois inconsciente) à certaines valeurs de base. Et pour ces quelques valeurs-là, par nos réactions, il apparaît que nous croyons qu'elles devraient être partagées par tous. Ces valeurs, objectives, nous ont été communiquées par Dieu dans la Bible. C'est pourquoi je vous invite à poursuivre votre lecture en consultant les dix commandements, commandements que Jésus-Christ a résumés par "aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même"...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sens_de_la_vie

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Les aspirants au certificat de Capacité en Droit prennent deux inscriptions annuelles. Ils doivent être âgés de dix-sept ans accomplis au 1er NOVEMBRE de l'année de leur première inscription. Aucune dispense ne permet l'accès direct en seconde année de Capacité.

Admission des capacitaires à la préparation de la Licence en Droit 1°) Admission en 1ère année du DEUG (décret du 24 août 1987).

Les capacitaires en Droit qui ont obtenu une moyenne au moins égale à 10 sur 20 pour l'ensemble des notes des deux examens, sont dispensés du baccalauréat pour s'inscrire dans les Universités en vue du DEUG de DROIT, puis éventuellement du second cycle.

2°) Admission en 2ème année du DEUG Les titulaires du certificat de Capacité en Droit, ayant obtenu une moyenne égale ou supérieure à 15 sur 20 pour l'ensemble des notes des deux examens dudit certificat, peuvent être dispensés, au titre du décret du 24 août 1987 de la première année du DEUG de DROIT : ils peuvent donc être admis directement en 2ème année du DEUG.

L'organisation des études 1. Présentation générale

La durée des études de Capacité est de deux ans, chaque année est sanctionnée par un examen. Les enseignements fondamentaux Les cours ont lieu le soir après 18 heures. Les travaux dirigés Ils sont destinés à compléter la formation de l'étudiant en le confrontant avec les problèmes pratiques de la vie juridique.

En Capacité, les travaux dirigés sont facultatifs. Ils seront organisés, à des horaires prévus pour les étudiants salariés, en fonction des possibilités d'encadrement de la Faculté. Il n'y aura pas de travaux dirigés par correspondance en Capacité.

2. Les enseignements en 1ère année. La 1ère année comporte 5 unités d'enseignement obligatoire :

• Droit Public 2 UE • Droit Civil 2 UE • Droit Commercial 1 UE

3. Les enseignements en 2ème année. La 2ème année comporte 6 unités d'enseignement obligatoire : dont 2 feront l'objet des épreuves écrites d'admissibilité, les 4 autres faisant l'objet des épreuves orales d'admission.

• Droit Pénal et Procédure Pénale 1 UE • Droit Fiscal 1 UE • Droit Social 1 UE • Économie Politique 1 UE • Droit Administratif spécial 1 UE • Procédure Civile et Voies d'Exécution 1 UE

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Programme 1 1ère annéeE DROIT CIVIL

• Introduction à l'étude du Droit Privé : La règle du Droit, les différentes branches du Droit Privé (Droit Civil et Droit Commercial), l'organisation judiciaire, les droits, les biens, la preuve.

• Les personnes : La personnalité juridique, l'état, le nom, le domicile. • La famille : Le mariage, le divorce, la séparation de corps, la filiation. • Les incapacités : (en matière civile et commerciale) la minorité, les majeurs protégés. • Les Droits réels : La propriété, l'usufruit et les servitudes (à l'exclusion de la publicité foncière) • Les obligations contractuelles : Quasi contractuelles, délictuelles, quasi délictuelles (à l'exclusion des obligations alternatives, des obligations divisibles et indivisibles, de la cession des biens et de la novation) la vente civile et commerciale, le louage de chose (y compris les baux commerciaux). • Le cautionnement, le gage civil et commercial : Notions très sommaires sur les privilèges et les hypothèques.

DROIT COMMERCIAL

• Les commerçants : L'acte de commerce • Le registre de commerce, les livres de commerce • Le fonds de commerce • Les sociétés civiles et commerciales.

DROIT PUBLIC – DROIT CONSTITUTIONNEL

• L'évolution des institutions politiques françaises depuis 1789 • La constitution de la République Française 1°) L'organisation des pouvoirs publics 2°) Les principes des libertés publiques

DROIT ADMINISTRATIF

• Principes généraux du droit administratif • L'organisation administrative française : État, département, commune, établissements publics, le problème régional • La justice administrative et les recours contentieux

DROIT FINANCIER

• Le budget et système fiscal de l'État et des collectivités locales.

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1 2ème année--

PROCEDURE CIVILE ET VOIES D'EXECUTION - Organisation judiciaire en matière civile et commerciale et règles de compétence :

• Les actes de procédure et les délais • Procédure devant les Tribunaux de Grande Instance, devant les Tribunaux d'Instance, les Tribunaux de Commerce, les Conseils de Prud'hommes, procédure de référé • Les incidents de l'instance : incidents relatifs à la preuve, enquête, expertise, comparution personnelle • Les jugements : élaboration, prononcé et signification, effets • Les voies de recours : l'appel et le pourvoi en cassation • Les voies d'exécution : les saisies, la procédure pénale et de contribution.

DROIT PENAL ET PROCEDURE PENALE

a) Droit Pénal

• L'infraction, la tentative et la complicité • La classification des infractions : crimes, délits, contraventions • Échelle des peines : • Étude sommaire de chacune des peines : l'imputabilité, les faits justificatifs, les excuses, la minorité pénale, les circonstances atténuantes, la récidive, le casier judiciaire, le sursis, la grâce, l'amnistie, la réhabilitation.

b) Procédure Pénale

• L'action publique et l'action civile • Les preuves en matière pénale • La police judiciaire et l'instruction préparatoire • Les juridictions répressives : organisation, compétence, procédure • Les voies de recours.

DROIT ADMINISTRATIF SPECIAL

• Les actes administratifs (actes unilatéraux et contrats) • La police administrative • La gestion des services publics • Le domaine et les travaux publics • La responsabilité (responsabilité des fonctionnaires et responsabilité de l'administration) • La fonction publique.

DROIT SOCIAL

• Définition et caractères généraux, formation historique, sources du Droit du Travail • Les syndicats et le mouvement syndical, l'entreprise, l'intervention de l'État et les institutions étatiques du travail, les techniques du Droit du travail • L'évolution du principe de la liberté du travail (l'organisation de la profession et du marché du travail) : le contrat de travail, l'application du Droit du travail hors du contrat de travail : Notions sommaires sur la Sécurité Sociale

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4 Règlementation des épreuves conduisant au diplôme de Capacitaire TITRE I - 1ère année Article 1 :

L'examen de première année comporte 2 épreuves écrites d'admissibilité de 3 heures chacune, notées :

1°) Une épreuve de Droit Public (Administratif et Constitutionnel) sur 20 :

- Deux sujets seront proposés au candidat qui devra obligatoirement traiter un sujet de Droit Constitutionnel et un sujet de Droit Administratif.

2°) Une épreuve de Droit Privé (Droit civil et Commercial) sur 30, soit :

- Droit Civil sur 20 (2 heures) - Droit Commercial sur 10 (1 heure) Deux sujets seront proposés au candidat qui devra obligatoirement traiter un sujet de Droit Commercial et un sujet de Droit Civil.

Article 2 :

Les épreuves orales d'admission portent sur les mêmes matières que celles de l'écrit. Elles comportent :

- une interrogation de Droit Public, notée sur 20 - une interrogation de Droit Civil, notée sur 20 - une interrogation de Droit Commercial, notée sur 10

TITRE II - 2ème année Article 3 :

L'examen de seconde année comporte 2 épreuves écrites de 3 heures chacune. Les étudiants devront choisir avant les vacances de Noël parmi les 6 matières semestrielles enseignées, 2 matières qui feront chacune l'objet d'une épreuve écrite d'admissibilité, les autres faisant chacune l'objet d'une épreuve orale d'admission. A chaque épreuve écrite, le candidat a le choix entre 2 sujets. En 2ème année, toutes les épreuves (écrites et orales) sont notées sur 20. NOTA : Les matières qui font l'objet des épreuves d'admission doivent être différentes des deux matières qui font l'objet des épreuves d'admissibilité.

TITRE III - Dispositions générales Article 4 :

Les épreuves écrites comporteront pour chaque matière deux sujets au choix du candidat. Celui-ci pourra utiliser les codes et les textes législatifs réglementaires.

Article 5 :

Sont déclarés admissibles aux épreuves orales, les étudiants ayant obtenu la moyenne de 10 sur 20 aux épreuves écrites.

Article 6 :

Les épreuves orales d'admission de la première session auront toujours lieu au mois de JUIN et JUILLET. Chaque épreuve orale est notée sur 20, sous réserve des dispositions de l'article 1.

Article 7 :

1) L'étudiant est déclaré reçu lorsqu'il a obtenu une moyenne au moins égale à 10 sur 20, cette moyenne étant calculée sur l'ensemble des notes d'admissibilité et d'admission.

2) Pour être déclaré reçu, il faut avoir obtenu une moyenne égale ou supérieure à 7 sur 20 aux épreuves orales.

3) Une fois proclamée, l'admission est définitive.

Article 8 :

Tout candidat aura le droit de se présenter indifféremment aux deux sessions de l'année universitaire.

Article 9 :

Les candidats qui auront échoué aux épreuves de la première session, auront la possibilité de se présenter à l'examen organisé au mois de SEPTEMBRE.

NOTA : Tous les étudiants ajournés aux épreuves écrites de la session de JUIN, doivent se réinscrire aux examens de la session de SEPTEMBRE. Tous les étudiants ajournés aux épreuves orales de la session de JUIN, sont automatiquement réinscrits aux épreuves orales de la session de SEPTEMBRE.

Article 10 :

Les étudiants conservent pour la session de SEPTEMBRE, les notes globales égales ou supérieures à la moyenne obtenue à la première session. Décret du 30 mars 1956 Après quatre échecs à un même examen, le candidat ne peut plus être admis à se présenter à cet examen. Le quatrième échec ne peut être prononcé qu'en vertu d'une délibération spéciale du jury, après examen du dossier de l'étudiant. Il est fait mention au procèsverbal de cette délibération et de cet examen

http://www.univ-paris13.fr/dsps/pdf/Capacite_en_Droit.pdf http://la.capacite.en.droit.free.fr/adresses_suite.htm http://www.pourseformer.fr/fiche-formation/droit-autres/certificat-de-capacite-en-droit-22582.html

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