___Sida: trente ans après, la capote reste capitale.Depuis l'apparition du sida il y a trente ans, la recherche a mis au point des médicaments antirétroviraux efficaces.
Par http://www.777-mafia.com/us/home, mercredi 7 mars 2012 à 15:40 :: __ Chroniques de L'AFRIQUE " Droit Economie et Gestion Environnement et développement durable Lettres, Arts, Langues et Civilisations Sciences de la santé et du sport Sciences de l’ingénieur Sciences fondamentales Scien :: #4096 :: rss
Sida: trente ans après, la capote reste capitale Depuis l'apparition du sida il y a trente ans, la recherche a mis au point des médicaments antirétroviraux efficaces. Mais le préservatif demeure la clef de voûte de la prévention.
AIDS awareness - condom use (in Chimoio town, Mozambique) by tonrulkens via Flickr CC
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Jean-Yves Nau
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Nous le savons depuis plus d’un quart de siècle: il n’existe que deux méthodes pour prévenir la transmission (sexuelle) du virus du sida. La première —largement idéaliste et prônée par le Vatican— préconise la chasteté absolue avant le mariage suivie d’une réciproque et totale fidélité. La seconde —de caractère nettement plus pragmatique— se résume à l’utilisation systématique du préservatif masculin; du moins lorsque les partenaires estiment être l’un et l’autre dans ce qu’il est convenu d’appeler une situation potentiellement «à risque».
Deux méthodes seulement? C’est ici oublier que, depuis plusieurs années, de nouvelles voies de prévention sont explorées grâce notamment aux spectaculaires progrès obtenus dans les traitements à base de médicaments antirétroviraux. En janvier 2008, des médecins de la Commission fédérale suisse pour les problèmes liés au sida avaient ainsi fait sensation en affirmant qu’une personne séropositive n’ayant plus de virus détectable dans le sang depuis au moins six mois –ce grâce à un traitement antirétroviral suivi scrupuleusement– et n’ayant par ailleurs aucune autre infection sexuellement transmissible «ne transmettait pas le virus par le biais de contacts sexuels».
- Le traitement précoce réduit les risques de transmission
On en sait aujourd’hui un peu plus sur le sujet grâce aux résultats d’un essai clinique international mené chez des couples dont l’un des membres est infecté par le VIH et l’autre non; des couples dits «(séro)discordants». Baptisée «HPTN 052», cette étude a été menée auprès de 1.763 couples volontaires (pour la plupart hétérosexuels) vivant dans neuf pays: Afrique du Sud, Botswana, Brésil, Etats-Unis, Inde, Kenya, Malawi, Thaïlande et Zimbabwe.
Les chercheurs ont constitué deux groupes. D’une part des couples chez lesquels la personne infectée était traitée au plus vite. De l’autre des couples chez lesquels le traitement était mis en œuvre beaucoup plus tardivement. Et dans tous les cas (c’est une obligation éthique compliquant immanquablement le travail statistique) la nécessité de prodiguer régulièrement à tous ces couples les conseils élémentaires de prévention pour réduire les risques de transmission.
Principale conclusion: le fait de traiter précocement des hommes et des femmes infectés par le VIH réduit —en moyenne— de 96% le risque d'infecter un partenaire sexuel non infecté.
«Cet essai clinique montre de façon convaincante que traiter des séropositifs avec des antirétroviraux au plus tôt peut avoir un impact majeur pour réduire la transmission du VIH, se félicite Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (organisme qui a financé l’étude). Les précédentes données sur le potentiel des antirétroviraux pour réduire la contagion d’un séropositif provenaient seulement d’études observationnelles ou épidémiologiques.»
Tel n’est plus le cas, puisque l’on dispose désormais de solides données chiffrées et concrètes.
Le Dr Fauci n’est pas le seul à applaudir. Les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida) se sont également réjouis de ces résultats. Ils voient là «une percée scientifique qui change considérablement la donne et assurera l’avancement de la révolution de la prévention».
«Cette percée place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires, estime Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida. Nous devons maintenant nous assurer que les couples ont la possibilité de choisir le traitement de prévention et qu’ils y ont accès.»
«Cette avancée est cruciale car nous savons que la transmission par voie sexuelle représente environ 80% des nouvelles infections», a renchéri Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. Quant au Pr Wafaa el-Sadr (Université Columbia de New York), membre du groupe ayant mené cette étude, il estime, sans immodestie, que cette dernière «sera toujours considérée comme une étude phare qui pourrait bouleverser mondialement le traitement et la prévention du VIH».
On peut comprendre un tel enthousiasme. L’étude «HPTN 052» avait été lancée en 2008 et ne devait s’achever qu’en 2015. Elle a, pour des raisons éthiques, été arrêtée après la découverte des premiers résultats importants observés au terme d’une évaluation intermédiaire; résultats obtenus par un groupe d’experts indépendants. Dans les couples au sein desquels la personne séropositive était traitée avec une association de trois médicaments antirétroviraux, un seul cas de transmission a été constaté; et ce contre 27 cas dans le groupe «témoin». Il était dès lors contraire à l’éthique de poursuivre un tel travail. Campagnes de dépistage
Spectaculaires, ces résultats ne sauraient pour autant faire l’objet de trop d’extrapolations et laisser penser qu’un traitement précoce peut désormais se substituer à toute prévention complémentaire. Les auteurs de l’étude soulignent eux-mêmes que «l’on ne peut pas les généraliser à la population dans son ensemble» et notamment chez des patients séropositifs qui ont de nombreux partenaires et qui n’auraient peut-être pas «la même constance dans leur traitement» que les personnes vivant au sein de couples «discordants» mais stables.
A Paris, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la découverte du VIH, qualifie ce travail d’«hyper important». Elle souligne toutefois que la transformation d’une démarche thérapeutique en une approche préventive n’est «jamais du 100%». «Mon message c’est "continuez à vous prévenir par les moyens classiques, et essayez surtout de ne pas être infecté"», souligne-t-elle. Le Conseil national du sida, qui réfléchit depuis plusieurs années à ces questions, fait une analyse similaire. Il rappelle notamment que l’effet préventif du traitement ne peut être pleinement obtenu qu’à la double condition de parvenir à un dépistage beaucoup plus large et précoce de l’infection, et d’inscrire le nouvel outil dans une approche de prévention dite «combinée».
De la même manière, Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherches sur le sida, estime que si cette étape est «vraiment importante», il ne faut en aucun cas «opposer les traitements antirétroviraux aux autres méthodes de prévention». En d’autres termes, le préservatif doit continuer à être utilisé dans les situations «à risque». C’est d’autant plus nécessaire que sur les 33 millions de personnes infectées dans le monde, on estime qu’environ les deux tiers n’ont jamais été dépistées et ne savent donc pas qu’elles sont séropositives et donc susceptibles de transmettre l’infection par voie sexuelle. Et il faut ajouter que l’administration très précoce d’associations de médicaments antirétroviraux ne peut financièrement être envisagée dans la plupart des pays, africains notamment, les plus touchés par l’épidémie de sida. Pour autant, de nouvelles recherches sur ce thème vont être prochainement menées.
«Il nous faut maintenant valider le concept d’antirétroviraux à l’échelle de la population générale, précise le Pr Delfraissy. C’est l’objet d’un essai qui doit être conduit à partir de 2011 en Afrique du Sud. Il nous faut également approfondir les effets sur le long terme des traitements pris précocement sur l’infection à VIH elle-même, et sur les co-infections comme la tuberculose.»
On est ainsi aujourd’hui dans une situation quelque peu paradoxale, les progrès –réels– obtenus en termes de prévention via les médicaments ne permettant nullement de faire l’économie du préservatif, seule méthode qui en pratique fait la preuve de son efficacité; même si cette dernière n’atteint pas toujours immanquablement les 100%.
La situation actuelle n’est pas sans rappeler les limites de la pratique de la circoncision à des fins préventives. En 2007, après une série d’études plus ou moins controversées menées en Afrique, l’OMS avait décidé d’inclure la pratique de la circoncision parmi les possibles stratégies de prévention du sida. Deux ans plus tard, d’autres études établissaient que la circoncision d’hommes séropositifs ne conduisait nullement à une réduction du risque de transmission du VIH à leurs partenaires sexuelles féminines.
L’OMS et l’Onusida rappelaient alors que la pratique de la circoncision ne protégeait pas complètement et qu’elle ne saurait remplacer à elle seule les autres méthodes de prévention. Là encore, le recours au préservatif continue à être la règle; et ce d’autant plus que la promotion officielle de la circoncision pouvait avoir un effet paradoxal en laissant croire à une protection absolue et conduire, de ce fait, à une augmentation des infections. Prévention «combinée» ou pas, le latex demeure indispensable.
Jean-Yves Nau
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- Sida: le Fonds mondial plombé par des détournements de fonds en Afrique
Le Mali a été pris la main dans le sac. La Côte d’Ivoire, la Mauritanie, la Zambie et Djibouti sont désormais sous surveillance renforcée.
Fingers Crossed / Dedos Cruzados, by JoséMa Orsini via Flickr CC
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Jean-Yves Nau
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Amadou Toumani Touré antirétroviraux corruption Côte d'Ivoire Djibouti Mali Mauritanie Michel Kazatchkine paludisme santé sida tuberculose VIH Zambie
Etat d’alerte au siège genevois du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette prestigieuse institution sanitaire est désormais officiellement victime de malversations et de multiples détournements de fonds.
Pour l’heure, le Mali est visé. D’autres pays africains pourraient suivre. Cette affaire sans précédent est doublement importante. Dans sa dimension financière bien évidemment, mais, plus encore sans doute, dans sa dimension symbolique puisque ce Fonds n’existe que grâce à la solidarité internationale.
A Genève, on sait être confronté à une double urgence. D’abord, mesurer l’ampleur exacte des malversations dont est victime cette institution, et ensuite, évaluer les conséquences pratiques de ces affaires dans les pays africains les plus affectés par ces trois fléaux infectieux.
L’existence prouvée de détournements de fonds risque fort en effet de nuire aux activités futures de cette institution internationale créée il y a moins de dix ans pour, précisément, pallier les errements précédents de la «solidarité nord-sud» dans le champ du financement de la lutte contre ces trois maladies sévissant à l’échelle planétaire.
Le 2 mars, le Français Michel Kazatchkine (qui venait alors d’être reconduit dans ses fonctions de directeur général) annonçait qu’il suspendait le jour même une subvention de près de 14 millions de dollars (10 millions d’euros) précédemment allouée à la lutte contre le sida au Mali.
«La mesure prend effet immédiatement et restera en vigueur jusqu’à ce que de nouvelles dispositions aient été prises pour gérer cette subvention, précisait-on à Genève. Le récipiendaire principal actuel, le “Groupe Pivot Santé Population” sera remplacé.» Le Mali en flagrant délit
Cette décision faisait suite à la mise au jour d’éléments probants faisant état d’une utilisation abusive de crédits versés. Le Fonds mondial rappelait alors qu’en décembre 2010 il avait déjà, au Mali, suspendu deux subventions destinées à la lutte contre le paludisme et en avait résilié une troisième ciblant la tuberculose, après avoir établi que des fonds avaient été détournés et que certaines dépenses n’étaient pas justifiées.
C’est une enquête menée par l’Inspecteur général du Fonds mondial qui a permis de mettre au jour le détournement d’environ 4 millions de dollars (2,86 millions d'euros) et d’établir que de hauts responsables chargés de la mise en œuvre des subventions avaient émis fausses factures, faux documents d’appel d’offres, et qu’ils étaient à l’origine de surfacturations de biens et services, notamment en ce qui concerne les activités de formation.
Concrètement, les trois mesures touchant le Mali prises en décembre concernaient:
- une subvention contre le paludisme de 14,8 millions de dollars (10,59 millions d'euros) pour l’achat et la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide;
- une subvention de 3,3 millions de dollars (2,36 millions d'euros) pour l’achat de médicaments contre le paludisme;
- une subvention de 4,5 millions de dollars (3,22 millions d'euros) destinée à la lutte contre la tuberculose ciblant entre autres les détenus, les communautés minières et les patients atteints de tuberculose.
Au total, le Fonds mondial avait alors conclu des accords de subvention avec le Mali pour un montant de 123 millions de dollars (88 millions d'euros), dont 79 millions (56,5 millions d'euros) avaient déjà été versés.
La quatrième décision de suspension qui vient d’être prise ne devrait pas concerner, dans ce pays, les 22.500 personnes infectées par le VIH et actuellement traitées par des médicaments antirétroviraux: leurs soins sont financés par une autre subvention, gérée par le Haut Conseil national de lutte contre le sida du Mali.
On précise à Genève que les mesures nécessaires ont été prises pour qu’il n’y ait aucune interruption des traitements des personnes souffrant de formes dites «multirésistantes»: les subventions suspendues ont été transférées à de nouvelles entités «qui ont fait leurs preuves en matière de gestion et de capacité opérationnelle».
On ajoute encore que le gouvernement malien a «condamné» les malversations et qu’il «collabore» avec le Fonds mondial pour assurer une reprise aussi rapide que possible des activités sanitaires subventionnées. Dans ce pays, seize personnes soupçonnées d’être à l’origine des malversations sont en détention. Lutter contre la corruption
Le Fonds mondial annonce d’autre part que quatre pays subventionnés vont faire l’objet d’un renforcement des contrôles avec des «restrictions imposées à leur mouvement de trésorerie»: trois pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Djibouti, Mauritanie) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Enfin de nouvelles mesures de surveillance vont être prises, «destinées à empêcher et à détecter une éventuelle utilisation abusive de crédits alloués à des programmes de formation dans les 144 pays qui bénéficient de financements du Fonds mondial».
Comment, en somme, éteindre (au mieux et au plus vite) les feux de brousse de la corruption? Pour l’heure, le Fonds a choisi: faire toute la lumière sur les malversations identifiées et en faire une large publicité. En décembre 2010, Michel Kazatchkine avait affiché sa fermeté:
«Le Fonds mondial ne tolère aucune fraude et il nous incombe d’agir immédiatement pour y mettre fin, récupérer les fonds détournés et établir les moyens les plus fiables pour acheminer les ressources vers les personnes qui en ont le plus besoin.
La suspension de subventions est, pour le Fonds mondial, le moyen de faire comprendre aux parties concernées que les détournements de fonds ne sont pas acceptables. Il s’agit ensuite de travailler de façon constructive avec les pays pour résoudre les problèmes et concentrer nos efforts pour sauver des vies.
Je salue le président du Mali, Amadou Toumani Touré, pour la fermeté dont il fait preuve dans la lutte contre la corruption.» Une situation médiatique délicate
Pour autant, maîtriser la médiatisation n’est pas chose facile; a fortiori quand il s’agit de corruption. C’est ainsi que le directeur général du Fonds a jugé nécessaire, fin janvier, de faire une «mise au point», estimant que «certains médias» n’avaient pas pris l’exacte mesure de la situation; des médias montant la mayonnaise et, pour se faire, se refusant à rappeler qu’aucun soupçon de corruption ne venait «entacher l’immense majorité des crédits que verse le Fonds mondial et qui donnent des résultats hors du commun dans la lutte contre les trois maladies».
Etrange situation, d’autant plus délicate (incestueuse?) qu’en octobre 2010 —au lendemain des promesses faites par des donateurs publics et privés de verser 11,7 milliards de dollars (8,3 milliards d'euros) sur trois ans—, le Fonds s’était félicité du fait que cinq journaux européens (The Financial Times, El País, Le Figaro, Bild Zeitung, et The Independent) lui aient «offert» des espaces publicitaire pour «remercier ses donateurs».
Et Michel Kazatchkine d’ajouter:
Toute notre reconnaissance va à ces journaux qui nous ont offert un espace publicitaire. Leur démarche relève de la pure générosité et nous permet de remercier la population des pays qui ont apporté une contribution majeure au Fonds mondial.»
Aujourd’hui, le Fonds mondial fait savoir qu’il «exige» le remboursement de 34 millions de dollars (24,3 millions d'euros) qui ont disparu dans différents pays sur un total de 13 milliards de dollars (9,3 milliards d'euros) de crédits versés. 34 millions de fuites sur 13 milliards de réservoir?
S’indigner? S’émouvoir? Le même Fonds se plaît à rappeler le nombre —des millions— de morts prématurées qui ont pu être évitées grâce à son action et à celles de ses donateurs.
Quand fera-t-il connaître le nombre des morts résultant des malversations financières dont les plus pauvres et les plus exposés au sida, au paludisme et à la tuberculose ont été victimes? Malversations que ce Fonds a certes su détecter, malversations dont il fait état, mais qu’il n’a pas su prévenir?
Jean-Yves Nau
http://www.slateafrique.com/745/sida-fonds-mondial-detournements-corruption-afrique
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