____Discours du Premier ministre Patrice Lumumba, le 30.06.1960 à Léopoldville.. "Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoir
Par http://www.777-mafia.com/us/home, lundi 13 février 2012 à 17:48 :: __[7.7.7] Works at Secret d'état "Guide infâme de l'être existenciel noirs" battlefield.3 ".. "Le Seigneurs de la Négation" LOI du CHAOS.. :: #4069 :: rss
Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la défense nationale de la République du Congo, à la cérémonie de l'Indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960. (mis à jour le 30.06.2010)
« Congolais et Congolaises, Combattants de l'indépendance aujourd'hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais, A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cours, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté. Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise (applaudissements), une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.
Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un noir on disait "tu", non certes comme à un ami, mais parce que le "vous" honorable était réservé aux seuls blancs? Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.
Nous avons connu que la loi n'était jamais la même selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir: accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs, qu'un noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dit européens; qu'un noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'une justice d'oppression et d'exploitation (applaudissements) (1).
Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cour de l'oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a été proclamée et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sours, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail (applaudissements).
Nous allons montrer au monde ce que peut faire l'homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l'Afrique tout entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre fin à l'oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la déclaration des Droits de l'Homme (applaudissements). Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu'elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cours et des bonnes volontés (applaudissements).
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l'assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu'elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu'elle soit (applaudissements). Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l'histoire, n'a pas essayé de s'opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d'être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j'en suis sûr, sera profitable aux deux pays.
De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis. Ainsi, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, le Congo nouveau, notre chère République que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m'aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous d'oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l'étranger. Je demande à la minorité parlementaire d'aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays. L'indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain (applaudissements).
Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j'ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine (applaudissements). Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays. J'invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
Hommage aux combattants de la liberté nationale ! Vive l'indépendance de l'Unité africaine ! Vive le Congo indépendant et souverain ! (applaudissements prolongés). »
(Source : Omeniama Lumumba)
Réactions sur le discours de Lumumba par des témoins présents lors de son allocution. Transcription écrite d'un extrait du documentaire de Michel Noll,2001, Production Solférino images/Quartier latin, WDR/ histoire. Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba
"Mais Patrice était tellement un homme libre que pour les gens s'étaient tellement original de voir un nègre qui ne lèchait pas les pieds des hommes coloniaux et des colons qu'instinctivement il devenait comme une menace. Et c'est ça, cette liberté qui a fait de lui cette météore qui passe dans le ciel et puis qui disparaît...Ca c'est vraiment le moment de ce discours du 30 juin 1960. Beaucoup de gens alors ont dit il a signé son arrêt de mort avec ce discours. Puisque le gouvernement Belge alors, qui ne voulait pas de lui pas seulement à cause du discours du 30 juin, mais parce qu'il était Patrice Lumumba et que ça coïncidait pas avec l'espérance des Belges ni avec celles des Américains ni avec celles de beaucoup de gens du monde des affaires.". Jean Van Lierde, ami de Lumumba, militant belge anti-colonialiste.
"Cela a donné, un choc le discours de Lumumba a provoqué un choc, on s'y attendait pas et ça a choqué beaucoup de Belges. Il condamnait systématiquement la colonisation belge, il reprenait toutes les thèses anticolonialistes les plus dures. On avait coupé des mains, on les avait mis en esclavage et tout et tout." Louis Marlière, ancien colonel des services secrets belges.
"Le roi Baudoin fait un discours, un discours dans lequel il magnifie le rôle de la Belgique et il dit tout ce que la Belgique a apporté au Congo. Et il dit aussi que l'on est arrivé à un moment où la Belgique décide de donner l'indépendance au Congo et qu'il est venu pour ça et que c'est très bien. Kasa Vubu fait un discours dans lequel il remercie le roi Baudoin, il parle du Congo, il parle de l'avenir, très bien aussi...Le discours de Lumumba n'était pas prévu. Donc la presse internationale est là, tout d'un coup il se lève et il va à la tribune". Jacques Brassine, ancien diplomate belge.
http://www.pressafrique.com/m366.html
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