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vendredi 30 mars 6666

_______Sale bête, sale nègre, sale gonzesse: identités et dominations vues à partir d'une analyse du système des insultes. Ce que nous apprennent les insultes.. La domination, c'est la valorisation

Les insultes sont des mots ou des expressions toutes faites, dont le caractère offensant est immédiatement perçu par tous, et que l'on utilise pour attaquer quelqu'un à qui l'on s'adresse directement, en le rabaissant et en lui signifiant du mépris. Parce qu'il leur faut être immédiatement compréhensibles à chacun, elles négligent tout caractère réellement individuel pour ne se référer qu'à des catégories sociales : et c'est ainsi qu'elles sont une bonne source d'indications sur les rapports sociaux. C'est pourquoi elles sont normalisées (contrairement à celles, par exemple, qu'affectionne le capitaine Haddock, et qui justement font rire pour cette raison : elles ne sont pas effectives, ne seraient pas comprises et donc pas réellement offensantes), et aussi pourquoi elles sont particulièrement bêtes et mesquines : c'est que, comme d'autres aspects du langage mais avec plus de vivacité et clarté, elles expriment les catégories sociales déterminantes et l'ordre dominant.

Toujours, injurier quelqu'un consiste à l'attaquer en dévalorisant ou en niant l'image qu'il est censé (par le corps social) avoir de lui-même. Et si le ton de mépris ou de haine joue également un grand rôle, le contenu (la signification) de l'insulte n'est pas du tout indifférent : il obéit à des règles strictement codifiées et à des types bien définis, qui révèlent ainsi les rapports sociaux de domination et les représentations d'eux-mêmes que les humains acceptent (semble-t-il) si facilement.

Les insultes ont donc en commun d'attaquer une identité sociale de l'injurié, dans une situation de conflit. L'Espèce et le Sexe (mais la Race aussi) sont parmi les plus fondamentales de ces identités : ce sont des catégories sociales, qui apparaissent d'autant plus évidentes par elles-mêmes que leur rôle social est plus omniprésent, et qui permettent, au sein d'une société donnée, de classer des individus et de les remiser en divers paquets, avec des conséquences tout à fait concrètes. Ces catégories sont bien plus conventionnelles et arbitraires qu'il n'y paraît spontanément : ainsi, il y a cinquante ans, « blonde » ou « brune » (pour les individus remisés dans le groupe femmes) étaient des catégories très importantes, comme l'indiquent les chansons, mais qui n'existent plus aujourd'hui. Toujours est-il que les insultes sont des expressions abouties, et même souvent caricaturales, de l'omniprésence de ces catégories et des liens de hiérarchie qu'elles entretiennent, et qu'elles permettent donc dans un premier temps de s'en faire une idée (même si on peut perdre un peu alors le sens de la nuance).

Comme en fait je n'ai pas du tout l'intention d'entreprendre un inventaire exhaustif de tous les types d'insultes, et que je ne veux m'attacher qu'aux catégories existantes qui conditionnent le plus la vie des humains, ne vont m'intéresser ici que certaines d'entre elles, qui sont tout de même, et de loin, les plus fréquentes : les insultes racistes, sexistes, homophobes ou... spécistes.

  • Les insultes racistes

Les injures racistes traitent un Juif de youpin (ou sale Juif), un Noir de nègre (ou sale nègre), un Arabe de bougnoul (sale Arabe)... On a une bonne idée du statut de ces humains lorsqu'on remarque que pour les attaquer on ne les compare pas à « quelque chose d'autre », mais qu'au contraire on insiste simplement sur « ce qu'ils sont » : youpin signifie juif, nègre noir, etc., ces mots étant seulement plus explicitement péjoratifs. De même, « sale » n'est introduit que pour expliciter ce caractère péjoratif, « sale juif » par exemple ne signifiant pas « juif de la variété sale », mais « juif, donc sale ».

Dans notre civilisation « blanche », tout Blanc (non juif, du moins) sera épargné par les insultes racistes : car « blanc » n'est pas dévalorisant. Et je ne serai jamais traité ni de bougnoul ni de nègre, parce que me manquent les signes fondamentaux de cette « différence » qui collent à la peau d'autres et les distinguent négativement.

  • Les insultes sexistes

Les injures sexistes qui s'adressent aux hommes, elles, ont trait directement à l'appartenance de sexe (la catégorisation de sexe, en homme ou femme) ou prennent pour cible la sexualité (la catégorisation en fonction des préférences sexuelles).

Eh bien, lorsqu'on attaque les hommes directement en tant qu'hommes, on les traite... de femmes : gonzesse, femmelette, sans-couilles.... Par ailleurs on les traite aussi, ce qui est plus ou moins censé revenir au même, de « faux » hommes, d'hommes passifs, d'« hommes-femmes » en quelque sorte, en les assimilant à ceux n'ont pas la bonne sexualité (celle, masculine standard, qui fait un « vrai homme ») : pédé, enculé, tapette, tante...

Ainsi, bien que j'aie de façon indéniable un pénis, du poil au menton, etc., je peux encore être nié dans ma qualité d'homme : mes caractères physiques ne sont que des présomptions de mâlitude, insuffisantes pour me remiser ad vitam aeternam dans la catégorie « homme ». Il y faut aussi les attitudes dont la société estime qu'elles leur correspondent : virilité, hétérosexualité, courage, dynamisme (caractère actif et individuel), etc. Le fait d'être « un homme » ne semble pas aller autant de soi que celui d'être « un Noir ». Finalement, « homme » n'est pas du tout un attribut aussi « naturel » qu'il semblerait de prime abord ...




Par contre, le fait d'être femme l'est clairement plus, « naturel », puisque pour attaquer une femme en tant que telle on ne la traite pas d'homme, mais au contraire, on marque sa non-virilité, c'est-à-dire qu'on la traite en toute bonne logique de... vraie femme (putain, salope, gouine, connasse, pétasse, serpillère). De « vraie » femme, puisque, comme on sait, dans la représentation courante les femmes restent essentiellement mères ou putains, comme l'exprime la caricature machiste : « Toutes des salopes, sauf ma mère ! ». C'est le fait que l'on puisse injurier une femme en la traitant dans le fond simplement de femme1 qui donne le plus clairement la mesure du mépris dans lequel sont tenus la moitié des humains.

De plus, contrairement à celle des « hommes », et comme celle des « Noirs », la catégorie « femme » est censée être « naturelle » : on n'en échappe pas (malgré quelques dérogations limitées, du type « elle a plus de couilles que beaucoup de mecs ») ; nul besoin d'un comportement particulier pour être une femme, le sexe biologique suffit (« on naît femme, on devient un homme »).

  • Les insultes spécistes

Et, enfin, on peut encore attaquer un humain quel qu'il soit dans son humanité : en le traitant d'inhumain (monstre), d'humain raté (avorton, taré, mongol), ou d'un nom d'animal quelconque : soit chien, porc, âne, cochon... soit chienne, truie, dinde... (ici aussi le sexe reste trop déterminant pour être oublié). Ou bien encore on l'attaquera sur les attributs présumés de l'humanité, principalement la raison (fou), l'intelligence (âne, idiot, bête, imbécile, stupide, débile) ou... l'« humanité » (salaud, monstre, sans cœur).

Là aussi mon humanité, pourtant censée être fondée sur des signes biologiques évidents, peut m'être retirée, notamment si je ne satisfais pas aux critères de comportement requis. Elle n'est pas très « naturelle » non plus, et n'est pas acquise d'emblée...

J'appelle cette dernière classe d'insultes « spécistes », d'une part parce qu'elles s'attaquent à notre identité d'espèce, et d'autre part (mais cela est bien sûr directement lié), parce qu'elles font référence de façon péjorative à d'autres animaux qui sont, eux, dévalués parce que n'appartenant pas à la bonne espèce, celle de référence, l'humaine. L'adjectif « spéciste » est évidemment construit sur le modèle de « raciste » et « sexiste », et l'analogie faite ici est bien pertinente : bien que les humains sachent que les animaux ne parlent pas, les « sale bête » ponctuent volontiers les coups de pied d'un « maître » à son chien.




Voilà clos ce rapide tour d'horizon2. Les insultes qui jouent sur les identités sociales sans pour autant reprendre les schémas que l'on vient de voir sont peu nombreuses et visent généralement plus à se moquer (plus ou moins) gentiment qu'à réellement blesser. À peine peut-on encore parler d'insultes : ainsi, les seules qui traitent un humain mâle de mâle (par une référence au signe de mâlitude qu'est le pénis) sont bon-enfant et souvent affectueuses : couillon, cornichon, andouille. Ce sont en fait des variations humoristiques sur le thème de l'injure, qui ne sauraient se prendre véritablement au sérieux.

  • Insultes et appartenances

Ces différents types d'injures ont en commun d'attaquer l'individu, identifié à une catégorie sociale, dans cette appartenance même ; soit en la niant si son groupe est dominant, soit en insistant dessus dans le cas contraire. Elles l'attaquent donc non en tant qu'individu singulier, mais en niant sa singularité pour ne plus se référer qu'à son appartenance, fictive ou non, reconnue par lui ou non. C'est à travers la catégorie toute entière qui lui est attribuée que l'individu est censé être dévalorisé, et l'insulte ne l'atteint que si (ou parce que) lui-même adhère à cette catégorisation, c'est-à-dire accepte le jeu. Et il faut convenir que... ça marche ! (en notant par ailleurs que la haine, le mépris, la volonté de détruire dont l'insulte est vecteur sont aussi en soi déstabilisants, terroristes.)

Les insultes ont pour effet de verrouiller l'appartenance d'un individu, lorsqu'il s'agit d'un groupe dominé. Cette catégorie (noir, femme, bête...), identifiée à l'aide de « signes » anatomiques, est perçue comme « naturelle » ; l'individu ne peut donc en changer, et les insultes le remettront toujours à sa place. À l'inverse, les critères d'appartenance à un groupe dominant sont ressentis comme moins purement naturels, biologiques ; doivent s'y ajouter des critères de comportement obligatoires sous peine de déchoir et d'être remisé dans une catégorie dominée. Les dominants se perçoivent donc comme une catégorie naturelle et sociale, ou plutôt, comme une catégorie naturellement sociale, les catégories dominées étant, elles, vues comme purement naturelles3.

Paradoxalement cependant, l'appartenance à la catégorie dominante est conçue comme la norme ; puisque le mot « homme » désigne aussi tous les humains, un homme est un homme tout court, et une femme est un homme plus, ou plutôt moins, sa féminitude. L'appartenance à une catégorie dominée est perçue comme faisant relief négativement sur la « bonne » communauté, la normale, celle de référence. Le fait d'être « un Blanc » par exemple est généralement un implicite, non formulé : il correspond directement à l'appartenance à la société, à la civilisation (la vraie !), à l'humanité typique...

Quand l'individu fait partie du groupe dominant, les insultes peuvent remettre en cause cette appartenance. Cela se fait peu pour la race (on traitera rarement un Français bon teint de bougnoul ; les nazis avaient cependant l'expression « enjuivé ») ; s'adressant à un membre de la catégorie la plus « normale » (un humain mâle bon teint), les insultes de loin les plus nombreuses sont celles qui contestent, à travers le comportement, l'identité sexuelle et celle d'espèce. La représentation que nous avons de nous-mêmes semble ainsi construite d'abord sur ces deux identités sociales fondamentales, dans une certaine mesure liées : l'identité sexuée et l'identité humaine, modes de représentation de nous-mêmes socialement imposés, correspondant à des statuts sociaux.

Cela se retrouve également dans nos vêtements et nos aménagements corporels (coupe de cheveux, etc.), uniformes bel et bien obligatoires en pratiquement toutes circonstances. Être vêtu est en soi symbole de notre humanité (obligatoire au moins en public), tout comme l'est la civilisation de notre corps (qu'on arrache à la « pure naturalité » en passant chez le coiffeur, par exemple). Les vêtements doivent en outre obéir à des critères plus ou moins stricts, ceux d'une époque et d'une civilisation, marquant ainsi l'appartenance à une culture donnée, et de façon indirecte encore à l'humanité. Enfin, last but not least, ils doivent être féminins ou masculins, et cela aussi est pour une grande part obligatoire4.

  • Nos identités et nos statuts sociaux

J'entends par identité sociale une image de nous-mêmes qui nous est donnée par notre environnement social à la fois comme nature et comme modèle, à laquelle nous sommes tenus de nous conformer dès la naissance, et à partir de laquelle nous nous construisons : elle façonne notre attitude générale face au monde, face à nous-mêmes comme face aux autres, et nous pourvoit en valeur. Bien qu'elle ne nous détermine pas entièrement et que nous puissions prendre quelques libertés avec elle, il s'agit d'une image sur laquelle nous comptons trop en toutes choses et à laquelle nous sommes trop souvent ramenés par les autres pour pouvoir nous en débarrasser ou simplement en faire abstraction.

L'identité sera l'aspect subjectif du rôle social, et le rôle social l'expression dans les actes (objective) de l'identité. Tout individu a une identité d'espèce, de sexe et de race (et beaucoup d'autres encore, moins fondamentales, moins perçues comme « naturelles »), correspondant chacune à divers rôles sociaux, eux-mêmes liés à divers statuts sociaux. Dire à quelqu'un qu'il est peu humain (« complètement taré ! ») ou qu'il est un animal, qu'il est une femme, qu'il n'est pas de bonne race, peut le blesser sérieusement, et est couramment pratiqué dans ce but. Le fait même que celui qui se fait ainsi verbalement traiter le ressente mal est le signe de son mépris pour les non-humains, pour les individus qui ont un sexe femelle, pour ceux qui sont d'ailleurs. C'est aussi par contre le signe de son grand respect pour son appartenance à l'humanité, à son propre sexe, à sa propre communauté : quelle mine il fait, si on cherche à remettre en cause cette appartenance ! Et ce genre de pratique qui semble si dénué de sens, si absurde, qui consiste à traiter quelqu'un soit de « ce qu'il est », ou au contraire de « ce qu'il n'est pas », est en fait pris au sérieux par tous, ou peu s'en faut ! Qui, homme ou femme, blanc ou non, homo ou hétérosexuel..., aurait le réflexe d'éclater de rire, et de bon coeur, à s'entendre traiter d'enculé, de pétasse, de sale nègre, de porc ? Non, par delà le simple fait d'être haï ou méprisé, il s'agit bien en soi d'un mauvais traitement, face auquel l'âme fière pâlira et l'âme moins bien trempée s'empourprera. Une partie de la misère des humains ne se niche-t-elle pas là, dans cette difficulté à prendre une distance par rapport à ces images de soi-même ? Des images qui ne sont d'ailleurs même pas directement de soi, mais seulement du groupe auquel on est socialement identifié ! Quelle rigolade !

En fait, non, ce n'est certainement pas drôle, et ce n'est pas une simple histoire de mots. Rares sont ceux qui peuvent ne pas se sentir concernés ; car derrière les mots se cachent des différences de statut fondamentales, et selon celui qui nous est assigné nous pouvons être propriétaire ou esclave, bon vivant ou bien mort. Homme ou femme, je lirai le journal et rapporterai une paye plus élevée de moitié, ou ferai la vaisselle et torcherai la marmaille. Mâle homo ou hétérosexuel, on me crachera au visage ou je serai l'enseigne de la respectabilité. Humain ou animal (non humain), je jouirai de droits élaborés et ma vie sera sacrée, ou l'on pourra me faire ce que l'on voudra pour n'importe quel motif (comme me plonger vivant dans l'eau bouillante, si je suis classé truite ou homard !). Les mots désignent des réalités, des statuts qui ont une telle incidence sur notre vie et sa qualité, qu'il ne peut être indifférent à quiconque que l'on cherche à rabaisser la catégorie à laquelle il appartient.

Car toujours, dans un conflit, les injures sont potentiellement un premier pas. En assignant verbalement à un adversaire une position de dominé dans le système hiérarchique social (en lui rappelant sa position sociale réelle lorsqu'il s'agit déjà d'un dominé, ou en le ravalant à une catégorie inférieure dans le cas contraire), on le met en demeure de se soumettre ou de se préparer à être traité physiquement comme un dominé, récalcitrant de surcroît : c'est-à-dire, fort mal.




Les insultes, en nous renvoyant brutalement à nos identifications de groupe, renforcent celles-ci (et la hiérarchie entre elles), et ceci tant pour l'insulteur que pour l'insulté. Attaquer par exemple un humain dans son humanité, cela revient en fin de compte à renforcer l'obligation à laquelle je suis moi-même aussi soumis de me conformer à « mon » humanité, qui plus est au détriment des idiots, des handicapés ou des non-humains. Non merci.

Car les identités sociales font référence à des groupes (que j'appelle groupes d'appartenance) auxquels je suis censé appartenir et qui ont de ce fait des droits sur moi, sur mes agissements, etc. C'est pourquoi les insultes ne sont pas un problème en soi, ne sont pas le problème : elles n'en sont qu'une expression. J'aurais pu tout aussi bien parler du ridicule et de la peur qu'on en a si souvent. Les insultes ou la peur du ridicule sont un bon révélateur de notre enfermement à tous dans différentes catégories sociales, qui déterminent notre vie à tous les niveaux, et dont il est très difficile de sortir.

Être blanc, homme, et humain, c'est être inscrit comme dominant sur une échelle hiérarchique qui comprend, donc, aussi des dominés. C'est bénéficier de privilèges, matériels et identitaires..., dont de dominer d'autres, sans soi-même risquer de l'être. Mais c'est aussi toujours avoir sous les yeux l'exemple des dominés, de la façon dont ils sont traités, en sachant que si l'on cesse d'avoir les comportements requis par son groupe d'appartenance, on en sera exclu, et alors éventuellement passible des mêmes mauvais traitements.

  • Aspects communs des formes de domination

Toujours, les dominations présentent deux aspects, que l'on peut théoriquement isoler l'un de l'autre, mais qui dans la pratique sont souvent indissociables : un que j'appelle matériel (on pourrait aussi dire objectif), et un que j'appelle identitaire (on pourrait dire subjectif). Le premier consiste en une exploitation, une mise à son service du dominé par le dominant, qui vise à en retirer des avantages matériels, par l'utilisation de son corps, de sa force de travail, de son affection, etc... Le second aspect consiste pour le dominant à s'octroyer une valeur positive, supérieure, au moyen d'une dévalorisation du dominé : on ne peut se poser comme supérieur que relativement à autre chose, qu'il faut donc inférioriser, mépriser. Cette valorisation est en soi jouissive, source de plaisir.

Ces deux finalités de la domination sont généralement indissociables : pour plier quelqu'un à sa volonté, l'exploiter, et ceci sans problèmes de conscience graves, il faut l'avoir dévalorisé, avoir cessé de le considérer comme son égal. Mais inversement le fait d'utiliser quelqu'un, de le faire obéir à sa volonté, de l'obliger à devenir un instrument de nos propres besoins (quels qu'ils soient), indépendamment des siens, est une façon très efficace de le dévaloriser, de l'inférioriser, de l'humilier : donc de poser sa propre supériorité. Dans certains cas l'usage de la violence n'aura pas pour but l'exploitation matérielle, mais uniquement la dévalorisation : c'est ainsi que j'explique la consommation de la viande (où c'est l'exploitation matérielle qui a alors pour but la valorisation), et le sadisme des relations de pouvoir en général. De toute façon, que le but soit matériel ou identitaire, la domination s'exercera par la violence, effective ou simple menace explicite voire implicite ; et elle s'appuiera sur une idéologie justificatrice, forme sociale du mépris.

  • La domination, c'est la valorisation

Dans toutes les sociétés, la supériorité (dominance) sociale s'affirme symboliquement par le monopole, d'une part de l'usage légitime de la violence, et d'autre part, de la possession de biens. L'usage de la violence, et la possession de biens sont des annexes des individus dominants, ils leur sont constitutifs. C'est-à-dire que ce ne sont pas simplement des marques extérieures de leur qualité de dominants, mais des attributs inhérents, qui en font partie intégrante.

Les individus ne sont jamais appréhendés seuls, isolés de tout contexte : ils sont au contraire perçus à travers ce qu'ils ont, qui exprime ce qu'ils sont (ou ce qu'ils sont socialement censés être). C'est que je suis effectivement ce que je possède, ce qui, à des degrés divers, me constitue : mon corps, mes vêtements et autres objets, mais aussi mon caractère, mes projets, mes intérêts, mes sentiments, mon passé, mes relations, etc5.

La possession de biens, c'est-à-dire, de choses qui sont perçues comme m'étant originellement extérieures, non propres, me permet, par leur annexion, leur appropriation, leur incorporation à mon individualité, de me poser relativement aux autres comme plus ou moins gros, plus ou moins puissant, plus ou moins riche en valeur(s) : ma valeur dépend de ce que je possède (au sens large) et peux faire valoir.

Ce sont bien sûr les biens les plus prestigieux qui confèrent le plus de valeur à leur propriétaire. Dans de nombreuses sociétés, lorsque les conditions s'y prêtent, les biens les plus prestigieux sont d'autres êtres vivants qui sont appropriés, annexés à leur propriétaire : animaux, enfants, femmes, esclaves. Propriétés d'un autre, ces individus n'ont pas eux-mêmes dans les cas les plus extrêmes de propriété du tout, y compris celle de leur corps ou de leurs traits de caractère, et n'existent pas socialement en tant qu'individus, que propriétaires.

Instrumentalisés, les dominés reçoivent des attributs d'instruments. Un tournevis est fait pour visser, fait par le fabricant. Une femme de même est faite pour faire des enfants, etc. : mais par qui ? Sa fonction procréatrice n'est pas façonnée par un humain ; c'est donc un troisième partenaire qu'on introduira, un partenaire complice, qui fait les femmes pour les hommes comme il pourrait aussi faire pour eux, mais ne fait pas, des tournevis : ce partenaire, c'est la Nature. Ainsi les dominés en général sont-ils naturalisés, faits par nature pour faire ou subir ce qu'ils sont obligés de faire ou subir6.

L'autre versant de l'idéologie, qui en est l'exact contrepoint, concerne alors les dominants : ceux-ci se retrouvent valorisés, investis d'une valeur égale à celle dont sont dépossédés les dominés, individualisés à la mesure même de la dés-individualisation que subissent les appropriés, et enfin se posent, eux, comme étant leur propre fin : ils existent pour eux-mêmes, par eux-mêmes, etc.

  • La valorisation à travers les appartenances

Je n'ai jusqu'à présent parlé de la domination que sous un angle individuel (la domination d'un individu par un autre, visant à une exploitation matérielle et à une annexion identitaire). Mais, même si ce point de vue individuel n'est pas incompatible avec l'angle social, il reste insuffisant si l'on ne recourt pas à une analyse des rapports de l'individu à sa société, à son groupe d'appartenance.

Les rapports d'appartenance des individus sont contraints socialement, c'est-à-dire que, même si nous y trouvons plus ou moins notre compte, il existe une très forte pression sociale à nous conformer aux comportements correspondant au groupe auquel nous sommes censés appartenir. Mais nous trouvons aussi des avantages à cette socialisation : les diverses appartenances qui nous sont imputées nous donnent une sorte de contenu (on est homme, femme, humain... : c'est notre identité), assorti d'une valeur qui sera plus ou moins grande selon les appartenances en question, mais aussi selon la façon dont nous gérons le rôle (avec plus ou moins de brio et de conviction...).

Or, schématiquement, les groupes d'appartenance s'opposent deux à deux, selon un modèle dominant/dominé : blanc, non-blanc, homme/femme, humains/animaux ; ce modèle dominant/dominé correspond également grosso-modo aux dichotomies valorisé/dévalorisé, social/naturel, libre/déterminé...

C'est que la domination d'un groupe, d'une catégorie sociale, d'une classe, sur un-e autre, lui permet de procurer une identité, fonctionnelle socialement bien sûr, mais également valorisante, à ses membres : et elle lui permet de fonder sa cohésion, car cette identité et sa valeur, qui sont pour les dominants un privilège, leur sont communes et doivent être conquises et défendues contre ceux à l'encontre desquels elles s'établissent. Ce sont donc en grande partie leurs intérêts communs qui fondent la cohésion du groupe des dominants, qui assurent qu'ils se soumettront à leur fonction-statut social, étant entendu que pour ceux d'entre eux qui refuseraient de s'y soumettre, par exemple en remettant en cause la domination de leur groupe, il y a la réprobation-répression-pression sociale, qui peut être ouvertement contraignante, et aller jusqu'à la mort, l'exclusion ou la rétrogradation au statut de dominé, en passant par la ridiculisation. C'est ainsi que je m'explique que les insultes qui attaquent des dominants dans leur identité d'hommes ou d'humains se baseront volontiers sur leur non-adéquation aux comportements imposés par leur propre groupe.

Pour les dominés, il n'y a pas besoin du tout (ou moins besoin, c'est selon les cas) d'une cohésion de groupe (qui pourrait se révéler dangereuse pour les dominants) : c'est directement la contrainte exercée par les dominants qui jouera le plus grand rôle dans le fait que les dominés restent à leur place inférieure et exploitée7 : c'est ce qui c'est passé pour les esclaves ou les indigènes des colonies, pour lesquels c'est la terreur plus que la propagande (dont faisait tout de même partie la christianisation) qui assurait la sujétion. C'est aussi la terreur plus que la propagande qui a assuré tant bien que mal la soumission du prolétariat aux conditions atroces des débuts de la révolution industrielle.

Toujours est-il que c'est la domination sur un autre groupe qui crée subjectivement le groupe dominant en tant que tel (et également le plus souvent matériellement, parce que c'est l'exploitation des dominés qui fonde très concrètement les conditions de vie des dominants). Ses membres se considèrent comme égaux (les aristocrates anglais s'appellent des « Pairs », par exemple), c'est ce qui les distingue des autres ; ils sont égaux : cela signifie qu'ils sont investis, à peu de choses près, de valeurs égales ; qu'ils ont accès aux mêmes privilèges (relativement aux dominés), dont le plus important consiste sans doute justement à se traiter les uns les autres de façon égale. La meilleure façon de se rendre palpable le caractère distinctif de cette égalité consiste logiquement à la mettre en contraste avec l'inégalité de traitement qui est l'essence des rapports de domination, et qui est réservée aux dominés8.

Se livrer, donc, à des pratiques collectives humiliantes, dégradantes, dévalorisantes envers les dominés sera une bonne façon de resserrer les liens des dominants, de mettre en relief et leur rappeler les privilèges qu'ils partagent aux dépens des autres. Les pratiques en question sont celles qui vont instrumentaliser les dominés, et elles seront d'autant meilleures si elles font appel plus explicitement à la violence




L'analyse des insultes, de la logique qui leur est sous-jacente, nous montre que lorsqu'un homme insulte une femme en tant que femme, il se pose en contrepoint comme homme, comme appartenant à la catégorie des hommes, qui est alors clairement exprimée comme valorisée-valorisante. Lorsqu'un homme en insulte un autre en lui refusant sa qualité d'homme (en refusant de reconnaître son appartenance à cette catégorie), il se pose lui-même encore comme homme en valorisant cette appartenance. Quand un humain en traite un autre de non-humain (animal, sous-humain, etc.), il se renforce lui-même dans cette appartenance, etc.

Or, il se passe la même chose lorsqu'on quitte le niveau verbal pour gagner celui des actes : lorsqu'on maltraite quelqu'un, on le dévalorise aussi en se valorisant soi ; s'il s'agit d'un dominé, c'est alors une façon de bien inscrire son appartenance à lui à un groupe dominé, de la lui rappeler tout en se « prouvant » ainsi son appartenance à soi à un groupe dominant. Et si c'est un égal que nous maltraitons, nous lui faisons ainsi quitter la sphère des égaux, et nous assurons par contre que nous, nous en faisons bien encore partie.

À ce niveau, on peut mettre sur un plan d'équivalence des pratiques aussi diverses que le fait pour des garçons de siffler des filles, que les viols collectifs ou individuels, les ratonnades (d'homos ou d'immigrés...), les spectacles où des animaux vont être tués à coups de pierre ou autres (corridas...), ou encore le fait de manger de la viande... Les premières confortent les hommes dans leur appartenance à la classe des hommes, et confortent la valeur qui est associée à cette appartenance, les secondes confortent les humains en général (et plus encore, parmi eux, les hommes) dans leur appartenance à l'Humanité, en confortant simultanément la valeur qui lui est associée.




Mon propos est que la lutte contre les dominations passe donc aussi par la lutte contre les appartenances et les identités, puisque les dominations jouent un rôle de valorisation des identités et des appartenances des dominants, et que c'est là une de leurs raisons d'être.

Une loi récente par exemple interdit toute atteinte à la « dignité humaine » : je pense qu'un telle « atteinte » (non pas à la dignité d'un individu, bien sûr, mais à celle de l'Humanité) est nécessaire, qu'elle est un des axes que doit prendre la lutte pour l'égalité de tous les animaux ; car, une dignité humaine n'a de sens qu'en tant qu'elle est exclusive, qu'elle est dignité des seuls humains. Je ne vois pas sur quoi se base une telle valorisation de notre humanité... ou plutôt, malheureusement, je ne le vois que trop bien.


Notes : 1.« La Femme » est aussi valorisée, dans une mesure limitée, dans la représentation commune ; c'est pourquoi pour être péjorative, l'insulte doit se référer explicitement à son rôle globalement inférieur : « putain », « pétasse », etc. « Femme » tout court ne suffit pas. « Sale femme » peut aussi se dire, alors que « sale homme » serait complètement incongru. « Homasse », qui traite une femme d'homme, ne s'utilise guère lors d'un face-à-face.

2.Vu le mépris dans lequel sont tenus les enfants et la domination qu'ils subissent, il est étonnant qu'il n'y ait pas d'insultes explicitement liées à l'infantilité ou la puérilité qui sont censées être leur nature d'enfant. Tout juste trouve-t-on les adjectifs « morveux » ou « merdeux », ou « pisseuse » pour les filles. S'il est clair que les enfants sont appropriés, dominés et niés férocement, sans doute respecte-t-on à travers eux le futur adulte, l'humain en devenir : notre futur pair.

3.Cf. à ce propos « De l'appropriation... à l'idée de Nature », dans les CA n.11 (déc. 1994), qui expose les thèse exposées par C. Guillaumin dans Sexe, Race, Pratiques du pouvoir et idée de Nature (éd. Tierces, 1992) en les élargissant à tous les êtres appropriés, donc aux animaux non humains également.

4.Aujourd'hui les femmes peuvent s'habiller en hommes sans faire scandale, mais très rares sont les hommes qui revêtiront un uniforme féminin, si ce n'est « pour rire ». Ceux qui le font parce qu'ils le désirent sérieusement se verront, eux, agresser dans la rue. Cela en dit long sur l'actuelle prétendue égalité des sexes : les femmes peuvent dans une certaine mesure adopter des attributs ou comportements masculins auxquels correspond une certaine valorisation, mais l'immense majorité des hommes trouveraient ridicule de s'habiller en femme.

5.Le verbe être procède de la magie verbale : en fait, je ne suis pas, je ne fais qu'avoir ; je ne vois pas comment rendre ce problème à travers le langage, qui est fondamentalement inapte à l'exposer. Disons, donc, que je ne suis pas autre chose que ce que j'ai, que ce qui m'est propre, qui est ma propriété, et que mon être n'est pas autre chose que mon avoir (les deux ne peuvent donc être opposés). Le mot essence vient du latin esse (infinitif du verbe être) : or je n'ai pas d'essence, pas de nature, rien ne peut prétendre à être en moi l'essentiel, mon vrai moi. (cf. le texte de Philippe Moulhérac, en page 19 de ce numéro des CA).

6.Cf. encore Colette Guillaumin, op. cit., et Y. Bonnardel, « De l'appropriation... à l'idée de Nature », CA n.11, déc. 1994.

7.Le cas de la domination des hommes sur les femmes est assez complexe de ce point de vue, car il fait rentrer en jeu beaucoup de paramètres différents, dont les conséquences se révèlent parfois contradictoires : le fait est que les femmes ont toujours été l'objet d'une propagande très importante visant à les convaincre elles-mêmes que leur place sociale était naturelle(peut-êtreparce que ce sont elles qui ont le rôle d'assurer en grande partie la perpétuation du système social par l'éducation des petits enfants) ; le fait est que la violence est par ailleurs tout de même très généralement utilisée à leur égard ; le fait est aussi que leur appropriation individuelle par un individu dominant (dans le mariage ou la relation de couple) leur fait (faisait) lier leurs intérêts immédiats à ceux de « leur » homme, et empêche (-ait) dans une large mesure une cohésion de classe de sexe effective...

8.L'appartenance à un groupe dominant aura aussi des répercussions directes sur certaines catégories qui, sans être dominées et exploitées, seront néanmoins dévalorisées et méprisées : ainsi, si l'appartenance valorisée à l'humanité se fonde sur la domination—exploitation des animaux, elle implique aussi un mépris plus ou moins affiché des handicapés mentaux ou des idiots, qui, sans être pour autant particulièrement exploités, sont tenus pour des sous-humains, marginalisés dans les relations et objets de moqueries...

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_____Afrique culture :Amputé de son bras par les tueurs à gages envoyés par les sorciers, "Manger le sexe des albinos ne fait pas gagner les élections" Matatizo Dunia veut dire "Malheur Chance". Fondation Salif Keïta pour les albinos

Dans la région de Bukombe en Tanzanie, Matatizo Dunia passe pour un chanceux. Cet albinos a été amputé de son bras par les tueurs à gages envoyés par les sorciers, en décembre 2008. Des mois après et un peu plus au nord, sur les rives du Lac Victoria à Mwanza, des pêcheurs apprennent par la radio que des assassins d'un kitokatoka (albinos en swahili) viennent d'être fortement condamnés par les tribunaux. Ils boivent des bières et lancent des blagues salaces à propos du nom de la victime.

Littéralement, Matatizo Dunia veut dire "Malheur Chance". Ses parents ne voulaient sans doute que protéger leur fils, quand ils l'ont nommé ainsi. Pour conjurer le mauvais sort, la tradition dit ici qu'il faut anticiper l'appel du malheur pour l'éloigner...

Nous sommes en effet dans une société où il ne fait pas bon naître la peau et les yeux dépigmentés. Ce que disent ces pêcheurs ivres, beaucoup parmi les élites le croient, soutiennent en cachette que des potions à base d'organes d'albinos procurent fortune et chance électorale, pouvoir et vitalité sexuelle.

Depuis 2006, principalement au Burundi et en Tanzanie, plus de 50 albinos ont été assassinés, des dizaines d’autres mutilés. La tête, les membres et les parties génitales coupés et emportés chez des sorciers.

La situation s'est calmée entre temps, le dernier crime officiellement signalé en Tanzanie datant de mars 2008. "Pas totalement, ici et là dans les villages, des embuscades et des mutilations sont signalées. Mais les albinos vivent dans la peur. Le plus difficile sera de retourner vivre chez nous", tempère le leader d'une association nouvelle dédiée aux victimes. "Mais quelque chose a irrémédiablement changé, conclut-il. Les gens commencent à comprendre que nous pouvons être défendus, que celui qui tue un albinos ne dormira jamais tranquille ».

Des médias engagés contre les sorciers. "Même si les fausses croyances demeurent intactes, nous nous sommes levés, le monde entier nous a encouragé pour dire que personne n'a le droit de nous tuer", estime un des responsables de la principale association tanzanienne (TAZ) des albinos, qui est l'un des rares du pays à avoir poussé les études jusqu'à l'université.

D'après lui, il y avait avant la mobilisation des sacrifices, évoqués de temps en temps dans les médias locaux, dans la rubrique des faits divers. "En fait, poursuit-il, ça ne faisait que renforcer les mythes autour du pouvoir surnaturel que nous sommes supposés posséder. Aucune punition, aucune dénonciation importante des rituels".

Depuis 2008, grâce à la maturité des associations de défense des droits de l'Homme ainsi qu'à leur insertion dans les réseaux internationaux, les médias et Internet se sont appropriés la question. C'est vite devenu une affaire prioritaire sur l'agenda politique et diplomatique. Depuis la tribune des Nations Unies à New York, on dénonce, on condamne.

La jeune ministre française des Droits de l'Homme se précipite au Burundi, débourse sur place 20 000 € pour un asile temporaire à la frontière tanzanienne. La photo en plan poitrine sur laquelle elle tient un enfant albinos a circulé dans toutes les gazette locales, brisé des frontières psychologiques dans des sociétés où beaucoup fuient toujours le contact physique avec un albinos. "Les autorités ont été mises dans l'obligation de nous protéger. Par ailleurs, on a senti un changement effectif dans le rapport quotidien que les gens ont avec nous", analyse le responsable associatif tanzanien.

Education. James de Butombe, infirmier de profession et cousin d'albinos qu'il ne quitte plus par peur des dangers, explique: "Pour réussir la guerre contre les sorciers et les assassins, il faut éduquer leurs clients, les grands commerçants et les hommes politiques, leur expliquer que manger le sexe des albinos ne fait pas gagner les élections, que c'est une connerie. Ensuite, il faut aider ces enfants à aller à l'école, à devenir des grands hommes ».

Même avis de Mokosi qui enseigne les sciences sociales à l'Université de Dar-es-Salam: "Il faut que nos sociétés apprennent à voir des albinos comme des gens normaux. Il faut lever tout ce qui les empêche d'aller à l'école, de travailler, de faire des affaires".

Le plus célèbre des albinos africains, le virtuose musical Salif Keita joue sur ce sujet un rôle incommensurable. Sa fondation agit concrètement, matériellement, pour protéger les personnes menacées, et propose de soutenir la recherche afin d'améliorer le bien-être quotidien des albinos. "Salif Keita est aussi notre symbole, affirme un fan de Mwanza en Tanzanie. Son charisme et sa médiatisation rendent, aux yeux de la société, notre corps plus familier, plus humain et moins étranger".

Prudence, persévérance. Les albinos engagés savent pourtant que la lutte sera dure. Après la compassion, les lunettes, les crèmes et autres biens récoltés ces derniers mois via la mobilisation humanitaire, le plus dur doit être pour eux de pouvoir mener une vie normale, retourner chez eux, et non vivre reclus dans les villages où les autorités les ont rassemblés pour les protéger des assassinats.

Lydia, une albinos du pays devenue Française, est venue en repérage pour son futur documentaire. Elle insiste pour que le problème soit attaqué dans son ensemble: "Il faut accompagner les familles et leur entourage. Nous avons décidé de nous lever nous-mêmes pour témoigner, car nous savons que l'exclusion commence dès notre propre famille. On sait que beaucoup d'infanticides existent, dans les villages, des familles qui rejettent des bébés albinos par peur de subir le mauvais sort".

Elle reste prudente quant aux récentes condamnations des individus accusés d'avoir tué des albinos en Afrique de l'Est. "Ceux qu'on condamne, ce sont les petits bras, des tueurs à gages. Mais tous le monde sait que les commanditaires sont des grands sorciers, leurs clients des hommes riches, capables de débourser des dizaines de milliers de dollars pour un bras d'albinos. Personne ne peut toucher les commanditaires, apparemment".

Dans les deux pays, le Burundi et la Tanzanie, de lourdes condamnations, près d'une vingtaine au total, ont été prononcées ces derniers mois, dont des peines capitales. L'opinion locale a applaudi. Etes-vous d'accord avec ces peines de mort, Monsieur le représentant des albinos de la région de Mwanza? Réponse catégorique: "Personnellement, je rejette la pendaison. Son sens, dans le contexte actuel, est celui-ci: si on tue pour sauver ou réparer des albinos, il s'agit de légitimer d'une certaine manière le sacrifice, tuer pour expier... C'est alimenter le fondement des croyances qui nous menacent!"

Le phénomène des crimes rituels a particulièrement été signalé dans des régions est-africaines naguère prospères et aujourd'hui sérieusement touchées par la détérioration des sols et de l'économie lacustre.

A la veille des élections générales prévues en Tanzanie en octobre 2010, les notables politiques préfèrent alimenter des rumeurs et des croyances surnaturelles en lieu et place des projets de société viables. "Ce qui fait le plus peur, s'inquiète Jumapili, albinos de 30 ans, c'est que des gens importants continuent de solliciter des sorciers. On dit même que les prix des potions ont grimpé ces derniers jours".

La vigilance devrait redoubler également au Burundi voisin où des élections très tendues sont prévues dans moins de 3 mois. A bientôt.

Plusieurs associations existent, le plus souvent portées par les albinos eux-mêmes. A titre d'exemple : au Mali, la Fondation Salif Keïta pour les albinos (responsable: Mamoutou Keïta). Basée au Cameroun, l'Association mondiale pour la défense des intérêts et la solidarité des albinos (Asmodisa). Tanzanie: Association des albinos tanzaniens (TAS). Le VEAC: Village enfants albinos du cameroun/. Albinos Sans Frontières Burundi (directeur: Kazungu Kassim). Association nationale des albinos de Centrafrique (Anaca)

http://www.youphil.com/fr/article/01768-le-sexe-des-albinos-ne-fait-pas-gagner-les-elections?ypcli=ano

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jeudi 29 mars 6666

______Sexe et pouvoir les deux mamelles de l’audience populaire ! Le sexe est le moteur principal du pouvoir chez les mâles.,...Selon la loi primate, le pouvoir de séduction des mâles augmente au fur et à mesure de leur progression dans l’échelle sociale.

  • De la cocaïne et du GHB, ou « drogue du violeur »

Le pouvoir permet d’assouvir ce besoin de séduire et de se reproduire. Selon la loi primate, le pouvoir de séduction des mâles augmente au fur et à mesure de leur progression dans l’échelle sociale. Le premier privilège du chef est de pouvoir séduire plus de femelles que ses subordonnées et qui plus est, les plus sexy (selon les critères des singes) et les plus courtisées.

Le rump-rump des mâles On ne s’étonnera pas que nos dirigeants et hommes de pouvoir soient réputés séducteurs, tombeurs…qu’ils soient petits, bedonnants ou vieux, peu importe. Dans notre imaginaire collectif, le chef est un séducteur, donc son grand appétit sexuel ne nous choque guère.

Ce qui est plus étonnant, c’est l’attirance de certains hommes de pouvoir pour des jeux sexuels un peu « particuliers ».

Recours à des drogues, séances de SM, échangisme… Là encore, on n’a rien inventé, si les singes Bonobos ne se droguent pas (à ma connaissance), ils ne s’interdisent aucun jeu sexuel. Ce qui leur permet de prendre du plaisir et de libérer des tensions tout en confortant les liens sociaux au sein de la tribu.

Copulation entre deux Bonobos pendus par les pieds, frottement de pénis de deux mâles face à face suspendus à une branche comme s’ils croisaient l’épée, frottement génito-génital de femelles, croupe à croupe (rump-rump) entre mâles… activité sexuelle à plusieurs tous sexes confondus, les Bonobos rivalisent d’imagination pour pimenter leur vie sexuelle comme le décrit Frans de Waal dans "Le singe en nous"

Que recherchent ces hommes de pouvoir quand ils cèdent à leurs pulsions primates ? libérer, à l’instar des Bonobos, des tensions qui sont particulièrement fortes dans la sphère du pouvoir ? Mais là où leurs cousins singes savourent l’activité sexuelle qui reste d’abord un jeu, chez nous, le jeu peut prend une tournure plus violente et plus sombre. Avec, parfois, des chutes malheureuses.

Samedi dernier, un dirigeant d’une grande chaîne de télévision a été mis en examen pour homicide involontaire. Il a été placé sous contrôle judiciaire après la mort à son domicile - vraisemblablement due à une overdose - d’un homme avec qui il avait passé la soirée en compagnie d’une troisième personne. La victime était le chef du bureau du cabinet d’un ministre et il aurait succombé à une crise cardiaque à la suite d’une partie fine au cours de laquelle il aurait consommé des produits stupéfiants. De la cocaïne et du GHB, ou « drogue du violeur », auraient été retrouvés dans l’appartement.

Cette sombre affaire révélée par le Point.fr et qui a déjà quelque peu mobilisé la toile, n’a suscité que quelques brèves dans la presse. Etrange pour une affaire qui conjugue pouvoir et sexe, les deux mamelles de l’audience populaire !

Est-ce – à dire que ces parties fines sont suffisamment courantes pour ne plus intéresser l’opinion ? pas sûr. L’omerta a dû jouer à plein. La force de frappe et de pression de TF1 et de ses alliés de presse écrite s’est révélée efficace.

Ceci étant cette histoire relève de la vie privée, et à ce titre, la presse française, à la différence de ses confrères anglo-saxons est toujours plus réticente à couvrir ce type de sujet. On ne peut l’en blâmer.

Cette affaire, qui fait écho au scandale du banquier Edouard Stern, décédé lui aussi dans des conditions quelque peu sulfureuses, nous rappelle combien pouvoir et sexe font bon ménage. Les primatologues le savent bien, c’est le sexe qui est le moteur principal du pouvoir chez les mâles.

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______L'argent, La drogue, Le sexe, Les hommes politiques : Quand le sexe prit le pouvoir, Les femmes ne sont que sexe, Les hommes ont un sexe, mais s’en servent bien mal. Légalisation des Drogues: Pourquoi l'Alcool est il en vente libre ?

  • Légalisation des drogues: sortir des impasses de la prohibition en France , c'est sortir de l'impasse du mensonge et de la prostitution psychique dans l'espoir hypothétique de limiter l'usage de ces substances..
  • [Pourquoi l'alcool est-il en vente dans ce cas ?

Autrefois, il y avait des êtres humains. Il y avait des hommes et des femmes.

Les hommes et les femmes étaient à la fois pareils et différents. Ils avaient de pareils la tête, le cerveau, le cœur, le buste, les jambes, les bras, les mains, les pieds. Ce qu’ils avaient de différents, c’étaient les seins, l’intérieur du ventre et les sexes. On oublia ce qui était pareil, et puis les seins aussi. Il ne resta bientôt plus que les sexes female, male.

Les femmes n’ont pas de sexe, les femmes ne sont que sexe. Les hommes ont un sexe, mais s’en servent bien mal. Les hommes ne sont que sexe, et il est temps que ça cesse.

On discutait du sexe faible qui n’était pas si faible que ça et qui même avait pris le pouvoir, du sexe fort qui n’était pas si fort que ça et qui même en prenait plein la gueule. On discutait du premier, du deuxième, troisième sexe, du sexe opposé - mais, alors, on ne savait plus lequel - sans oublier le petit dernier : le sexe du fœtus. On avait oublié depuis longtemps le sexe des anges, remisé au magasin des Antiquités. Le sexe des âmes en revanche fit son apparition.

« Vous êtes très sexe » était devenu le dernier compliment, les « sexy » n’avaient plus qu’à aller se rhabiller. Quant au « sex-appeal », il relevait de la préhistoire.

Suprême avancée conceptuelle, le mot progressivement devint valable pour les hommes - sur ce terrain, historiquement, ils avaient une avance certaine - et pour les femmes, mais aussi pour les homosexuel-les, les bisexuel-les, les transexuel-les, les genré-es, les dégenré-es... et même les hétérosexuel-les.

En outre, ce qui était bien avec le sexe, c’était qu’on pouvait l’employer à toutes les sauces : il pouvait être déjanté et déprimé, orienté, circoncis et anal, chrétien et rapide, criminel, allègre et rétréci, prostitué et fatigué, amateur, esclave et d’avant-garde, gratuit et militant, extrême, sinistre et fétichiste, gay, surdimensionné et prisonnier, solitaire, post-moderne et aux armées, torride, traditionaliste et tantrique, en hausse et handicapé, ignorant, mou et en trio, dangereux et vendeur, hard, laid et biologique, sans risque et dissolu, piquant, social et pudique, pervers et en plein air exotique, harcelé et fétichiste, machiste et consumériste, péché, répudié et coûteux, lesbien et noir, dissolu, libérateur, légal....

Pour éviter les répétitions et l’ennui, pour pimenter un peu tout ça, de temps en temps, on ressortait de la naphtaline des tas de mots : plaisir, désir, coït, libido, éros, orgasme... Plein de gens ne voyaient toujours pas en quoi cela pouvait concerner leur vie et/ou n’y comprenaient toujours rien, mais personne n’osait le dire, au risque de passer pour un-e attardé-e mentale, un-e minable, un-e frustré-e.

Malgré - ou plutôt, du fait - de cette omniprésence, les débats ne cessaient de se complexifier : on discutait du sexe qui ne fait plus partie de la sphère privée ; de la justice qui perdait la tête dès qu’elle abordait le sexe ; du tabou du sexe dans la bourgeoisie - quant à la classe ouvrière, même les Trotskystes ne savaient pas quoi en dire - ; des négociations pétrole contre sexe ; des relations complexes du sexe, de la faucille et du marteau ; des préjugés moraux qui se cachent sous les discours du sexe ; de la dédramatisation du sexe qui persistait à ne pas se dresser fier comme Artaban ; de la vérité de l’être révélé par le sexe mais aussi de la nécessité de libérer le sexe pour se libérer du sexe ; de l’importance du facteur sexe dans la course à la Présidence ; de l’injustice du commerce du sexe à deux vitesses ; de l’ouverture probable de l’Église au sexe ; de la place complexe du corps entre le sexe et ’le genre’ ; de l’interface sexuelle du colonialisme, etc., etc.

Personne ne s’y retrouvait plus vraiment, mais dans cette confusion, certain-es espéraient vivement qu’on réglerait la question du féminisme qui, à l’exception des femmes, emmerdait tout le monde. Néanmoins, le problème était qu’il y avait toujours le risque que quelqu’un-e dise que les hommes et les femmes avaient un sexe différent. Il y avait toujours un homme qui disait que son sexe, aussi, était aimable, épanoui, doux, attentif, vulnérable ; il y avait toujours une femme pour dire que son sexe était, lui aussi, exigeant, égoïste, sauvage, tellurique. Et il y en avait de plus en plus qui ne s’y retrouvaient vraiment plus du tout, ni dans ces comparaisons, ni dans ce galimatias. Plus grave, le sexe était censé - libéralisme oblige - être choisi ou contraint, et, en prime, avec ou sans désir : il fallait réfléchir et surtout répondre et ça devenait très compliqué.

Les discussions, de plus en plus confuses, finissaient de plus en plus mal. Et c’était d’autant plus embêtant que personne n’était satisfait - de toute façon, il n’y avait plus aucune norme à laquelle se référer - , que tout le monde savait que tout le monde mentait et que tout le monde commençait à en avoir vraiment marre de cette overdose.

La libido, déjà bien malmenée, baissait de manière alarmante. Certains, même, pensaient que tout ça, à part faire les enfants, ça gâchait la vie de tout le monde et qu’on vivait, sinon bien mieux, sans, mais assurément, plus tranquille. Certains osaient affirmer que, tous comptes faits, l’abandon du sexe, n’était somme toute pas tellement plus difficile que celui du tabac. Ça commençait à devenir dangereux car c’étaient les bébés dont on avait besoin pour aller acheter chez Carrefour et payer les retraites qui risquaient eux aussi de diminuer.

Le sexe alors prit les choses en main. À force de parler de lui, de lui sans cesse - d’autant qu’il y était pour quelque chose - il se dit qu’il était temps qu’il ait un projet et une stratégie. Il lut Machiavel, Marx, Clausewitz et les féministes. Il devint beaucoup plus sûr de lui. Il décida donc de faire du profit, un maximum de profit, sur son nom. Mais il cachait mal qu’il aspirait à bien d’autres ambitions.

Il se trouvait qu’il y avait déjà pas mal de temps, des gens avaient pensé à gagner pas mal d’argent en faisant payer la seule chose qui était gratuite et - dans la meilleure des hypothèses - gratifiante : l’amour. Il se mit alors efficacement au turbin et pensa de suite global : il décida de faire du business à grande échelle, sous toutes ses formes : familiales, artisanales, petites entreprises, moyens commerces, grandes industries, multinationales cotées en bourse, tout était bon. 2.000 mètres carrés de sexe par ville devint vite le norme ; les sex-shops avaient du mal à soutenir la concurrence. L’État vint à leur aide, notamment pour maintenir des lieux de convivialité. Il devint tout à la fois une fonction, un service et un produit d’intérêt économique général. Son succès fut tel que même des écolos se mirent au commerce équitable. La Grameen Bank adapta ses formulaires.

Cependant, malgré ses succès indéniables, il y avait encore des gens qui disaient que, derrière tout ça, se cachaient de biens vilains projets. Il prit alors le taureau par les cornes pour faire cesser les déplorables tabous le concernant.

Dans un premier temps, le sexe utilisa assez efficacement - il faut lui rendre cet hommage - les arguments d’autorité, l’intimidation, les provocations. Rien de plus classique. Il commença petit : pour éviter d’avoir à répondre aux critiques auxquelles il était confronté, un qualificatif fut, un temps, systématiquement employé qui d’emblée était censé clouer le bec à tous ses opposants : « puritain-e ». Il le testa sur les agrégé-es de philo et ça marcha. « Imbécile », passe encore, on pouvait tenter de se défendre, mais « puritain-e », c’était censé être impossible. Ça voulait dire qu’on n’était pas libéré-e, pas moderne, pas tendance, pas aux normes, pas formaté-e, pas dans l’air du temps. Et donc que non seulement on n’avait rien compris à rien, mais en outre, qu’on était conformiste, traditionaliste, réactionnaire. Lorsque cela ne suffisait pas, à « puritain-e », il ajoutait : « moraliste ». Ça c’était l’injure suprême, l’anathème qui devait terrasser l’adversaire. Quant à ceux et celles - qu’il avait repéré-es depuis longtemps - qui disaient que récuser « le moralisme », quand on n’en avait pas une autre morale à mettre à la place, n’était ni plus ni moins que la barbarie en marche, ils/elles n’avaient même pas le temps de commencer à expliquer pourquoi, qu’il les avaient déjà mis-es hors-jeu.

Ces arguments s’étant un peu, à la longue, usés, il décida de choisir quelques boucs émissaires. Classique encore. Plus ses cibles étaient importantes, plus il était content. Mais ce qu’il avait en tête, à terme, c’était, en temps utile, de pouvoir diriger contre elles, la colère, la haine de tous ceux surtout des hommes, les statistiques étaient sans appel qui, tout en souhaitant s’identifier à lui, n’y parvenaient pas. Il pensait même être assez vite en mesure de diriger contre ses ennemi-es toutes les frustrations du monde. Sur les mécanismes à mettre en place, il y avait tant d’exemples dans l’histoire qu’il n’avait qu’à piocher là où il les pensait, pour lui, le mieux opérationnels. La lecture d’Hannah Arendt l’aida beaucoup.

Quant à la défense de son propre honneur - auquel il affirmait avec force avoir droit comme tout le monde - il en était d’autant plus sourcilleux qu’il avait, au cours des siècles, pris l’habitude d’en avoir une conception toute particulière. Aux menaces, aux attaques, aux injures, succédèrent les procès, accompagnés - lorsque c’était vraiment nécessaire à l’affirmation de sa crédibilité - de quelques réalisations de ses menaces. L’argent, ce n’était pas vraiment le problème, pas plus que de trouver des bon-nes avocat-es - quelques tueurs n’étaient pas superflus - sans trop de scrupule.

Malgré tout, il y avait encore des lieux où il était encore persona non grata. Il n’eut de cesse de les pénétrer ; et, à ça, il était très fort. Alors, il s’immisça partout sans vergogne ; on le sortait par la porte, il rentrait par la fenêtre. De sa plus petite avancée, il faisait un Austerlitz.

Dès lors, de plus en plus nombreuses étaient les personnes qui avaient de moins en moins la parole. Elles se rajoutaient à tous ceux et celles qui, depuis si longtemps, n’osaient, ne savaient pas, ne voulaient parler, ni de sexe, ni de sexualité. Et surtout, à toutes celles qui ne comprenaient pas bien le rapport entre elles et leur sexe. Dès lors, il avait le champ libre quasiment pour lui tout seul.

Il eut une très bonne idée et décida de laisser la parole à ses travailleuses. Pas les ouvrières, nuance ! Quand elles s’affirmaient, écrivaient, manifestaient, étaient à la télé, lui était aux abonnés absents. Mais comme elles faisaient son boulot, ce n’était vraiment pas la peine qu’il se dérange. Grâce à elles, en outre, il avait réussi, faute de combattants, à supprimer la lutte des classes.

Elles eurent beaucoup de succès. Les travailleuses du sexe, ça faisait plaisir à la gauche qui s’était fait piquer les travailleurs - lesquels, donc, de moins en moins votaient pour elle - et qui, en féminisant le mot, espérait faire oublier les millions de travailleuses que le socialisme avait allègrement sacrifiées. Ça faisait plaisir à la droite qui avait toujours considéré qu’il ne pouvait y avoir d’ordre sans famille et bordel. La religion, ça se négociait. Ça faisait surtout plaisir à tous ceux, à droite comme à gauche et au centre, qui, même en fouillant dans les fonds de tiroirs, ne savait plus comment trouver à faire de l’argent. Ça faisait surtout plaisir à ceux et celles d’entre elles qui s’affirmaient urbi et orbi libres, épanouies et heureuses, belles et désirées et - cerise sur le gâteau - payées ! Quant aux ’autres’ - celles qui ne rentraient pas dans lesdits qualificatifs - elles étaient entrées depuis longtemps dans la colonne : « pertes et profits ». Seules quelques-unes, triées sur le volet, que l’on avait fait entrer dans la catégorie : « esclave moderne » pouvaient avoir droit à un peu de profit - en solde de tous comptes - pour toutes les pertes qu’elles avaient subies. Pour les autres « esclaves », on ne pouvait donc pas faire grand chose, depuis le temps que ça durait. En racheter quelques-unes peut être ? Quant à toutes les autres, qui, non contentes d’être moches, aigries, flouées, secrètement jalouses des prostituées sans oser depuis des siècles le reconnaître, étaient, en outre, baisées gratos, elles étaient vraiment de pauvres connes.

Très vite, le sexe décida de porter un intérêt tout particulier aux féministes. Pour cela, il ne s’encombra pas de difficultés : plus c’est gros, mieux ça passe, c’est bien connu : il s’autodéclara féministe. Crédible ou pas, il s’en foutait. Et, le pire, c’est que ça marcha. Là, il avait fait très fort. Il sut se faire modeste, mais il cachait mal le fait que se déclarer féministe était sa plus grande jouissance. Il faisait, en outre, d’une pierre trois coups : il se conférait une image d’intello et de militant respectable et respecté ; il vidait le féminisme de toute doctrine et de toute légitimité ; une fois dans la place qu’il assiégeait littéralement, il en vidait toutes celles qui le récusaient.

Ce qu’il voulait avant tout, c’était que tout soupçon de criminalité qui, depuis des siècles, lui collait à la peau, disparaisse. Pour cela, il fallait qu’on le reconnaisse comme un interlocuteur valable : il était prêt dès lors à discuter avec tout le monde, de tout, de rien, pourvu qu’il ne s’agisse pas de l’essentiel. Pour cela, il voulait sans cesse - c’en était devenu une obsession - qu’on lui parle, qu’on discute avec lui, qu’on le lise, qu’on l’invite. On lui parla, on discuta avec lui, on le lut, on l’invita. Il sut attendre le respect. Mais il avait une fragilité intime : tant qu’il restait une seule personne qui se refusait à lui, il était frustré, en manque, furieux.

Comme le fait qu’il soit devenu féministe n’était pas évident à faire avaler - la pilule était un peu grosse, il le reconnaissait lui-même - il décida d’investir la culture. Il demanda aux intellectuel-les, aux chercheur-euses d’écrire plein de livres sur lui. Ce qui fut fait. Il demanda aux cinéastes, aux romanciers, de faire plein de films et de romans sur lui. Ce qui fut fait. Il demanda aux journaux d’écrire plein d’articles sur lui. Ce qui fut fait. Des festivals, des concerts, des quinzaines, des spectacles, des expositions, des musées qui lui étaient - exclusivement ou non - consacrés voyaient le jour un peu partout. La carte de l’implantation de Coca-Cola dans le monde devient progressivement la sienne ; il la supplanta vite en amplitude.

Comme il risquait d’y avoir overdose de baise/porno - après le Kama-Sutra, c’est difficile de faire nettement mieux et beaucoup plus neuf - il inventa un truc très efficace : quand le sexe, à lui tout seul, s’épuisait, on en saupoudrait un peu ou beaucoup partout ailleurs : un petit ajout de sado-masochisme par-ci ; une réhabilitation de Sade, par-là. Une réécriture de l’histoire féministe, par-ci, une scène de bordel par-là. Pas mal de Hugh Hefner comme parangon de la liberté de la presse, par-ci ; plein de reportages sur les ’trafiqué-es’ du sexe par-là. Et beaucoup de messages, beaucoup d’analyses et de projets sur le sida....

Tout ça - et bien d’autres choses encore - finirent par obtenir leurs effets. Au terme de toutes ces productions, il devenait de plus en plus acquis - si l’on en croyait ce que l’on lisait, voyait, entendait tous les jours - que « la liberté sexuelle » l’expression, il est vrai, n’était vraiment pas claire et c’était donc bien fait pour sa gueule était synonyme de femmes nues « l’art » et Courbet plus particulièrement, fut pas mal sollicité, de partouzes, d’échangisme, de pornographie, de sado-masochisme.

Et comme tout ceci nécessitait des lieux pour toutes les bourses, il en créa de très fonctionnels, bien propres et pleins de personnes consentantes. On discuta, un temps, dans quelques pays, du consentement des enfants, cela ne dura pas longtemps. Une fois que le sexe était bien entré dans la tête, il n’était plus contesté par personne que le vendre était la seule solution. Il n’y avait en effet pas d’autre alternative ni au chômage - d’autant qu’il n’était plus nulle part indemnisé - ni à la mort par inanition faute d’avoir à manger. Beaucoup de monde était donc concerné.

Le sexe avait fait de grands pas, mais ça ne lui suffisait pas. Il continua à penser et, à force de réfléchir - comme il avait beaucoup d’argent, ça aidait - il décida de s’attaquer à l’enseignement. Il avait certes déjà pas mal investi la place dans le primaire et le secondaire grâce à la porno, mais il décida de faire plus noble. Il créa des écoles, des universités, des centres de recherches. On enseignait, on travaillait, on cherchait sur le sexe qui travaille, celui qui allaite, celui qui donne naissance, celui qui a le sida, celui qui se masturbe, celui de Louis XVI et celui de la tarentule. On n’oubliait pas non plus le sexe francophone, le sexe colonial, le sexe anal, le sexe des sciences, le sexe des plantes, le sexe au travail...C’était infini.

En philosophie, on étudiait - expurgé de tout l’inutile - Nietzsche, Schopenhauer auquel il adjoint Sade, Sacher-Masoch, Krafft-Ebing, Lombroso, Darwin, Bataille, Gyotat... En littérature, on étudiait tous ceux qui, un jour - là, on n’avait que l’embarras du choix - avaient vanté les plaisirs qu’il était censé procurer à ceux qui étaient du bon côté du manche. Dès lors, le nombre des femmes qui n’étaient déjà pas très nombreuses dans le domaine diminua de façon sensible ; mais, comme d’autres, lancées peu ou prou par lui et ses copains, et donc très médiatisées, finirent par occuper l’essentiel de l’espace éditorial, cela tendait à revenir au même, ou presque.

Dans les cours, on reprenait à zéro l’histoire de l’humanité : ceux sur la liberté, le choix, le libre-arbitre, le consentement, enseignés en première année, en étaient les fondements. Le libertinage se fit éthique ; le patriarcat, supercherie ; le désir, raison ; la confusion intellectuelle, critère d’excellence. Certes, tout cela n’avait aucun rapport ni avec les faits, ni avec le réel, ni avec l’histoire, ni avec la pensée, mais, comme c’est justement de tout cela dont il ne voulait plus, ça fonctionnait très bien. Il rendit un hommage appuyé à la publicité - à laquelle il conféra une place de choix - qui avait amplement labouré le terrain sur lequel il n’avait plus qu’à semer. La critique - qui se devait sévère - de l’affirmation : « L’homme a un pénis, mais le vagin possède la femme » d’Otto Weininger était donné comme sujet de réflexion/critère de sélection à l’entrée. Tout le monde se pressait dans les amphis. C’était très intéressant et il y avait beaucoup de débouchés : il y en avait pour les intellos, les commerciaux, les gestionnaires, les DRH, les juristes, mais, il faut le reconnaître, nettement plus pour les femmes et les hommes à tout faire...

Il investit même le champ religieux mêlé au païen et aux sectes : il créa des icônes, des saintes, des idoles, des prêtresses pour célébrer son culte. Le sexe cependant ne perdait jamais le Nord ; l’idéologie, l’argent, la religion, c’était très bien, mais c’était aléatoire. Il devait s’enraciner plus profondément pour que plus personne ne puisse le déboulonner. La politique lui fut une nécessité. Et comme il avait des copains dans l’armement, la drogue, le jeu et toutes les mafias déjà bien installées, ça alla plus vite et ce fut plus facile.

Il découvrit qu’il y avait des textes internationaux qui disaient des trucs qui le gênaient aux entournures parce qu’il était écrit que faire de l’argent en vendant le sexe des autres était interdit. Il décida donc - en douce, sans que personne ne le sache et sans jamais en parler en public et ça, c’était vraiment malin - de payer très cher des gens très intelligents pour qu’ils le débarrassent de ces vieux machins. Et pour qu’ils inventent de nouveaux mots qui lui iraient comme un gant. Ce qu’ils firent.

Un grand pas en avant était accompli. Le terrain était déblayé. Il pouvait agir au plan national et faire voter ses lois. Pour ce faire, il pénétra dans les lieux où les choses étaient censées - peu ou prou - se décider. Il lui fallut juste au début se travestir un peu, mais le prestige qu’il avait progressivement acquis l’aida beaucoup. Il convainquit beaucoup de monde de lui donner raison. À leur décharge, si, souvent, tous ces gens ne se rendaient pas trop compte de ce qu’on leur demandait, de toute façon, ils avaient tellement besoin d’argent qu’ils n’étaient pas trop regardants. Plus encore, chez certains, son passé de cruauté, d’indifférence à la douleur d’autrui et de cynisme absolu fut sa meilleure propagande.

  • Il obtint ainsi, en article 1, que « Le droit au sexe », et, en article 2, « Le droit de s’exploiter soi-même pour le compte d’un tiers » soient inscrits dans la nouvelle Déclaration universelle des droits humains. Avec celui qui était devenu son compère, l’État, ils imaginèrent - pour se protéger de toute dénonciation indue - un article 3 qui créait un délit d’« aide non intentionnelle à la criminalité transnationale organisée ». Celui-ci - une seule fois utilisé contre un clampin - remplaça tous les autres textes inscrits depuis des lustres dans des codes que personne ne lisait ni n’utilisait plus.

La loi du sexe - c’est à dire sa liberté sans limite - avait eu raison de la loi.

  • Il obtint que les abolitionnistes soient poursuivi-es pour complicité de crimes. Un temps, il hésita à demander symboliquement à Versailles l’abolition des privilèges que les abolitionnistes avaient, disait-il, indûment obtenus sur lui. Il passa outre à ses scrupules et il l’emporta, sans trop de difficultés.
  • Il obtint qu’en France, la devise de la République devienne : « Liberté, marché, sexualités ». Certain-es défendirent le maintien de la référence à l’égalité ; la lutte fut brève.
  • Il obtint que chaque ville soit contrainte - en sus des logements sociaux - de construire des lieux (cabanes, garages, zones de sexe, drive-in, lieux de rencontre pourvus de toutes les étoiles du Michelin : les appels d’offre furent lancés) où l’on pouvait le caresser, le regarder, le pratiquer, le consommer, l’échanger, le commander, le télécharger, le donner, le louer, le prêter, le vendre, le torturer... matin, midi et soir. Et même le tuer.
  • Il obtient que fut considéré comme un motif automatique de séparation le fait pour quiconque d’être privé indûment de sexe.
  • La devise inscrite aux frontons des lieux publics fut : « Sois ce que ton sexe fera de toi ».

Il avait toujours plein de projets et de nouvelles idées dans sa besace.

Grâce à la culture, à l’enseignement, au droit, à la politique, il élargit encore un peu plus son pouvoir, son assise, ses ambitions. Il créa des Coupes du monde, des Olympiades, des parcs à thèmes, des espaces publics ’sexe-attitude’, des Centers parks, des festivals, des salons, des temples, des comptoirs, des foires, des Académies du sexe. Dans ces lieux, il décida que les pulsions et les capacités sexuelles et marchandes seraient concomitamment excitées, améliorées, enrichies, rendues plus efficaces, plus performantes, plus rentables. L’entrée était gratuite pour les filles, jusqu’au jour où l’offre dépassa la demande ; alors ce fut payant pour tout le monde, mais déductible d’impôts.

Mais comme il y avait toujours quelqu’un-e pour dire qu’il faisait de l’argent de manière pas très catholique ; comme, de très irrésistible et incontrôlable qu’il était dans sa jeunesse, il devenait de plus en plus malin, il entendit un jour une phrase : « Sexe sans conscience n’est que ruine de l’âme » qui fit tilt. Alors, il décida d’investir dans les valeurs : il se fit alors esthète, prophète de l’échange, du partage, de la solidarité, de la jouissance, de l’émotion, de la joie, du bonheur. Le sexe se déclara en mal d’amour. Il apprit même à déclarer ses sentiments. Cette décision, qui ne lui avait financièrement que peu coûté, lui rapporta beaucoup.

Mais ça ne lui suffisait toujours pas. Tant qu’il avait encore quelqu’un-e à combattre, et même à convaincre, cela signifiait qu’il avait quelque chose à prouver, ce dont il ne voulait en aucun cas. Il se dit alors que le meilleur moyen d’éviter tout retour à une quelconque justification - preuve de faiblesse par excellence - était de se refaire une virginité politique ex nihilo ou quasi. Il se paya alors le luxe de se dire pas assez payé, exploité, dominé, violenté. Il rencontra une personne qui lui avait dit qu’il avait été violé : il déclara qu’il était vraiment contre et que c’était très mal. Il créa des associations d’aide aux victimes, ouvrit des lieux de parole et des cliniques où se côtoyaient masseurs/euses, médecins, chirurgien-nes, psy, sexologues, sexopathes, sexophiles, pédophiles réhabilités du fait de leur amour incontestable pour les enfants. Après pas mal de conflits de préséance, la cohabitation se fit sereine.

Mais il y avait, malgré tout ça, toujours quelqu’un-e pour dire qu’il était du côté des salauds. Il décida alors d’investir la critique du système : comme il y avait pas mal de monde déjà sur la place, il se fit vite des amis. Il déclara contester l’ordre établi. Il affirma qu’il était le défenseur des pauvres, des exploité-es, des exclu-es, qu’il était le porte-parole des veuves et des opprimé-es. Pour être celui des féministes, il dut attendre un peu. Il écrivit qu’il était multiculturel et même qu’il défendait tous les sans-papiers ; au plan mondial, ça faisait beaucoup. Il se fit l’apôtre de la lutte contre tous les tabous et tous les stigmates, contre toutes les transgressions et toutes les discriminations. Il n’avait pas le temps de faire dans la dentelle ; il faisait feu de tout bois.

Il fit florès chez les anars, les libertaires, les gauchistes, les écolos. Ils étaient tous très contents d’eux. Enfin, leur mauvaise conscience - pour ceux qui en avaient - pouvait aller se rhabiller sans plus trop les encombrer. Tous les autres riaient ou ricanaient, c’était selon dès lors qu’on parlait de lui ; l’habitude en était devenue une seconde nature.

Ce qu’il voyait c’était que ça marchait. Plus il était polymorphe, plus son profit, mais, plus encore, son emprise augmentait en relation avec la capacité qu’il avait de s’affirmer envers et contre tout. La fascination du pouvoir fonctionnait en sa faveur. Aussi, progressivement, il commença à se foutre royalement des gens qui continuaient à lui répéter que c’était vraiment pas bien de faire ce qu’il faisait. Sa philosophie - la vraie, pas celle qu’il vendait - était que, comme de toute façon, la vie ne valait rien, ou pas grand-chose, autant qu’elle rapporte. Et comme il n’était pas le seul à vivre de ce credo, il trouva pas mal d’allié-es.

Il avait le monde à sa portée : il était dorénavant libre, abondant, facile d’accès. Majeur, mineur et vacciné. Il continua sa marche en avant et géra efficacement tous les problèmes qu’il rencontra.

  • Il s’inquiéta un temps de la raréfaction du désir, des baiseurs, des hardeurs, des trackeurs, des hommes virils. En effet - et c’était pour lui vital - il fallait sans cesse augmenter la demande qui ne pouvait ni stagner, ni encore moinsrégresser.

Les pannes de sexes, après le Viagra, remboursées, creusaient tant le trou de la Sécu qu’il fallut sévir. La répression n’était pas suffisante pour régler le problème : il était confronté à des contraintes physiologiques difficilement dépassables.

Qu’à cela ne tienne. Il fit appel à la technologie qui vint à son secours. Des êtres-sexes-machines - de toutes les tailles, de toutes les couleurs, de tous les âges - furent inventé-es ; ils/elles inondèrent le marché. Pour mieux en faire comprendre l’utilité, la fonction, les avantages et la manière de s’en servir, on les diffusa gratuitement dans toutes les écoles. Et il organisa - pour fêter cette immense innovation culturelle - de gigantesques fêtes au cours desquelles on brûla tous les gods d’un profit ridicule dans d’immenses et salvateurs autodafés.

  • Il s’inquiéta un temps du coût grandissant des pots-de-vin et de la corruption qui, même à la petite semaine, finissait par alourdir les ardoises.

Qu’à cela ne tienne. Il décida d’arrêter de perdre son temps en palabres épuisantes, séductions aléatoires, mensonges minables. Il acheta tous les gouvernements, les parlementaires et autres fioritures. Comme, de toute façon, ils ne servaient plus à rien et, qu’en plus, ils se faisaient injurier toute la journée, ils se dirent qu’au moins, avec lui, ils pouvaient maintenir - et, pour certains, nettement augmenter - leur niveau de vie. Ils n’étaient pas exigeants : un ou deux seulement pinaillèrent sur les termes du contrat ; on n’entendit plus parler d’eux. Dès lors, tout devint plus simple. Il posséda l’État, tous les États - d’autant plus aisément que, lui, avait un projet planétaire - et il en fit sa propriété privée : il n’avait qu’à dire ce qu’il voulait et c’était fait dans l’heure.

  • Il s’inquiéta un temps des difficultés persistantes à trouver la matière première afin d’alimenter le marché. Car les plus riches ne voulaient pas des êtres-sexes- machines qu’il avait inventés et continuaient à réclamer des êtres humains en chair, en os, en sexe ; et, pour les très, très riches - c’était prévu sur la carte - avec l’âme en plus.

En outre, les discounts du sexe, même rachetées par les multinationales, même après avoir piqué tout l’argent des actionnaires, même après avoir licencié tous ceux et celles qui n’étaient pas corvéables à merci - et qui en plus devaient dire merci - faisaient tellement baisser les prix que plus personne n’y retrouvait sa mise.

Qu’à cela ne tienne. Il supprima les arrestations continuelles, les décisions d’éloignements répétés, les mises en centre de rétention, les rapts, les razzias coûteuses, ponctuelles, éternellement à recommencer. Il décida l’instauration de l’état de guerre permanente. La démocratie ne résista pas longtemps : il y avait tant de temps qu’elle avait avalé tant de couleuvres, dit et fait n’importe quoi, que personne, pas même ceux qui étaient payés pour la rendre un tant soit peu encore crédible, n’y croyaient plus. Tout ce qui avait été mis sur place pour la lutte contre le terrorisme - à laquelle quelques gogos continuaient à croire - fut très utile : la logistique nécessaire pour alimenter le marché était opérationnelle. Il commanda à ses copains déjà dans la place des avions renifleurs sans pilote qui encerclaient une région après en avoir fait préalablement sortir les animaux nécessaires à la rentabilité des parcs nationaux et l’inondaient de gaz asphyxiant. Et puis, après, les bulls entraient en action, ramassaient ceux qui étaient par terre dans des bennes et remplissaient les gigantesques camps dans lesquels les sélections les plus rationnelles étaient effectuées. Des lebensborn pourvus de toutes les nouvelles techniques scientifiques y étaient adjoints.

  • Il s’inquiétait enfin de ce que certain-es, ça et là, rechignaient encore à croire à l’avenir et aux slogans qu’il proposait, imposait, exigeait : « Le sexe comme raison d’être », « Le sexe pour horizon de vie », « Le sexe est le moteur de la vie », et enfin, le meilleur, : « Fais de ton sexe une œuvre ».

Qu’à cela ne tienne. Il décida qu’on n’avait plus le temps de traiter individuellement les récalcitrant-es. Aisément retrouvés par des tests de sélection qu’aucun détecteur de mensonge ne pouvait contourner, ils et elles rejoignaient dans les camps ceux et celles qui ne voulaient plus de lui, à aucun prix, qui ne rêvaient que chasteté, intégrité, repli sur soi, respect de soi, individu-e. Et qu’on y avait enfermé-es depuis longtemps.

Tout ce beau monde - pour pas un rond - travaillait le jour par roulement, en trois/huit, pour fournir en produits inutiles les milliards de personnes que l’on avait persuadées de leur absolue nécessité, tandis que, la nuit, tout le monde, après les sélections qui décidaient des affectations, devait baiser et être baisé. Indifféremment et obligatoirement. Aucune excuse n’était admise ; plus encore, à la moindre résistance, la dose était doublée.

Il savait en effet depuis longtemps qu’il n’y avait pas que la guerre, ni la famine dont la fonction était de contraindre les peuples à exécuter la volonté faite loi des plus forts. Le viol généralisé/rationalisé contribuait, plus efficacement que tout, à briser ceux et celles qui persistaient à tenter de continuer à penser qu’il pouvait y avoir une vie où le sexe trouverait la juste place que chacun-e pouvait, voudrait bien lui accorder. Dès lors, bien sûr, le viol en ce qu’il portait en lui la permanence d’un lien avec l’idée, la notion, l’hypothèse d’une contrainte, disparut du vocabulaire, de la pensée.

Les moyens qu’il employait dans ces camps étaient un mixte de ceux venus des plantations, des tranchées, des prisons, des gangs, des ANPE, des bagnes, des chaînes de montage, des stades. À grande échelle. Mais, ceux des bordels - ceux qui avaient si bien fait leurs preuves dans l’histoire qu’ils avaient réussi à faire disparaître de la mémoire du monde les dizaines de millions de femmes qui y avaient été enfermées - en furent les modèles de base : ils étaient les mieux rôdées, et surtout les seuls justifiés.

Car il fit tant et si bien, qu’à la fin, il avait amassé toute la fortune du monde - même après les paiements des mercenaires, des dealers, des politiques, des journalistes, des gardiens - il en restait encore pas mal, mais il n’y avait plus personne. Sur les ruines fumantes de toutes les guerres qu’il avait menées pour alimenter le marché, sur les ruines de toutes les personnes violées, usées, détruites, broyées, il avait fini par tout bouffer, fait table rase de tout. Il ne restait plus que les parcs nationaux pleins d’animaux sauvages, mais il n’y avait plus personne pour les nourrir et être au guichet à l’entrée.

Le monde n’était plus qu’un gigantesque et monstrueux phallus, à côté duquel les twin towers faisaient figure de cabanes à lapins.

Le sexe - tout seul - avait gagné.

L’ennui, c’est que tout le monde était mort. Sauf deux - un homme, une femme - qui, par miracle, restaient encore vivants.

Et il fallut tout recommencer.

Affirmer qu’il y a des êtres humains. Des hommes et des femmes, juste un peu plus compliqués qu’avant. Mais toujours pas égaux. Car les pouvoirs du sexe mâle, ceux du phallus, n’avaient toujours pas été abolis.

  • De : psychisme negrier (children of the street, children soldier)

Le lundi 29 mars 2010 à 17:11

Légalisation des drogues: sortir des impasses de la prohibition en France

La plupart des nations occidentales, confrontées à la question de la consommation de drogues, et notamment de drogues dures, ont choisi une voie répressive, fondée sur la prohibition, dans l'espoir hypothétique de limiter l'usage de ces substances.

En France, notamment, N. Sarkozy, ministre de l'intérieur, a confirmé devant le Sénat Français (lien vers son discours((http://www.interieur.gouv.fr/rubriques/c/c1_le_ministre/c13_discours/2003_04_23_drogues)http://fahayek.org/index.php?option=com_content&task=view&id=67&Itemid=40) la ligne répressive qui continuera de prévaloir dans le traitement du problème lié à la consommation des drogues en France.

Face à cette approche répressive, que bien des libéraux estiment vouée à l'échec perpétuel, il existe une autre voie, peut-être difficile à promouvoir auprès du grand public, mais prometteuse en terme de résultats, c'est celle de la légalisation de la consommation, de la production et du commerce de toutes les drogues.

Voyons en quelques questions et leurs réponses, sous l'angle d'une analyse pragmatique d'inspiration libérale, pourquoi la légalisation de la consommation et du commerce (sous certaines conditions) des drogues pourrait constituer une bien meilleure réponse que la prohibition au problème de santé publique posé par la consommation de drogues.

Dans cette interview, sont abordées la dangerosité intrinsèque des drogues légales ou illégales, les effets pervers de la prohibition sur la sécurité publique, les différentes réponses libérales à ces problèmes, les effets bénéfiques que l'on peut en attendre, leurs dangers éventuels (il faut rester lucides), et quelques pistes pour mettre en oeuvre une réforme politique d'inspiration libérale dans un domaine qui déchaîne facilement les passions.




Q. Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il maintenait une ligne répressive vis à vis des consommateurs de toutes les drogues. Peut-il de cette façon résoudre les problèmes posés par la consommation de ces substances ?

R. Il faudrait d'abord que la nature du problème soit clairement définie. La consommation de drogues, licites ou illicites, est indubitablement un problème de santé publique, du fait des dégradations que ces substances font subir à l'organisme des consommateurs et du nombre de personnes concernées (il y aurait 180.000 héroïnomanes en France, source centre d'accueil et d'aide aux toxicomanes, CAAT ). Mais est-elle un problème de sécurité pour elle même, ou du fait qu'il s'agisse d'une substance prohibée ? L'analyse libérale penche clairement pour la seconde réponse. De surcroît, Nicolas Sarkozy, en refusant de faire une différence entre les drogues telles que le cannabis et la Marijuana d'une part, et l'héroïne ou la cocaïne et ses dérivés (crack) d'autre part, commet une grave erreur d'appréciation qui décrédibilise son discours.

Q. Vous voulez dire que N.Sarkozy a tort de considérer que les drogues "à fumer roulées" ne sont pas des drogues douces ?

R. Non, de ce point de vue, son discours est recevable. Ce sont des substances psychotropes dont le principe actif (le delta 9 THC on Tétra Hydro Cannabinol), régulièrement consommé, provoque une accoutumance certaine, et des dégâts sur le fonctionnement cérébral pouvant aller jusqu'à des troubles graves du comportement, troubles qui peuvent être durables au delà d'un certaine durée de consommation élevée, et peuvent parfois entraîner des pulsions violentes ou suicidaires. De surcroît, on trouve désormais sur le grand marché noir de la drogue des variétés de cannabis enrichies artificiellement en THC* (quand elles ne sont pas purement dopées à l'héroïne...), qui peuvent provoquer des dégradations rapides de certaines facultés intellectuelles. (sources: ofdt, et drogues.gouv.fr )

  • nb. La concentration "normale" de résine de cannabis en THC est de 8 à 9%, à partir de 13 à 14%, des troubles de comportement très graves peuvent apparaître. (source : "violence, la démocratie en danger", F. Montillot et C. Pernès, editions Prat.)

De ce point de vue, ceux qui disent qu'ils faut légaliser le cannabis parce qu'il ne s'agit pas d'une substance si dangereuse ne rendent pas service à leur cause, tant cette argumentation simpliste est facilement démontable. Mais malgré tout, mettre sur un même plan les drogues "végétales à fumer" et les dérivés du raffinage de l'opium ou de la coca n'est pas crédible.

Q. Pourquoi ? comment distinguer les dangers constitués par les différentes drogues ?

R. On peut classer ces dangers en 5 catégories:

  • 3. La probabilité d'atteindre l'accoutumance pour un "primo-consommateur"], et la rapidité avec laquelle cette accoutumance survient.

Si on compare les drogues légales et illégales dans chacun de ces domaines, on se rend compte que le cannabis, dans ses variantes "normales" (non gonflées artificiellement à l'héroïne ou en THC...), n'est pas plus dangereux que l'alcool (voire parfois moins), qui lui, est légal, et nettement moins dangereux que les opiacées.

Reprenons ces 5 points un par un:

1 > Risque létal lié à l'absorption: le risque d'overdose est parfaitement réel en ce qui concerne l'héroïne, le crack, la cocaïne. Les statistiques officielles de l'OCRTIS, dûment sous estimées par ailleurs (voir cette étude), font état de 120 décès liés à l'absorption de ces substances en 2000 , auquel il faut ajouter 148 décès par SIDA liés à l'utilisation de seringues infectées (lien pdf). En revanche, les statistique officielles ne recensent aucun décès pouvant être imputé aux effets physiologiques directs de l'absorption du cannabis. De même que si les commas éthyliques sont nombreux, les morts directes par overdose d'alcool sont, heureusement, fort rares. Bien entendu, cela ne rend pas compte des morts liées aux "effets collatéraux" de ces substances, que nous verrons plus loin.

2 > Dégradations physiques liées à un usage répété: le cannabis est réputé pour son action à long terme sur le cerveau: baisse de la volonté, troubles des capacités intellectuelles, troubles de la personnalité. Les sites officiels sont assez discrets sur les effets physiologiques du THC sur l'appareil respiratoire ou cardio-vasculaire, alors qu'ils sont intarissables sur les dangers (graves et identifiés au demeurant), du tabac. Cela ne signifie pas forcément que ces effets soient inexistants, mais ils sont apparemment d'ordre secondaire.

Il en va tout autrement des dégradations causées par la prise régulière d'héroïne ou de crack (nb. Le crack est un dérivé de la cocaïne qui se présente sous forme de cristaux à fumer) . Les reportages parfois diffusés à ce sujet montrent que les consommateurs réguliers sont réduits à l'état de véritables épaves, physiquement et intellectuellement. D'ailleurs, un grand nombre de décès liés aux effets secondaires de la drogue ne sont pas comptabilisés comme tels. Une avocate me disait (sous le sceau de l'anonymat) qu'une minorité respectable de décès par embolie, accident coronaire, ou autres lésions d'organes vitaux, chez des personnes jeunes, étaient dus à l'absorption de drogue mais que cette cause ne figurait pas sur les actes de décès "pour épargner les familles".

De même, une personne alcoolique est très gravement atteinte dans ses fonctions vitales. Il n'est pas de ma compétence de discuter si ces atteintes sont égales (ce que semble affirmer le rapport Rocques) ou inférieures (ce qui est le point de vue de ses détracteurs...) à celles liées à l'usage d'héroïne ou de crack. Mais il semblerait qu'il y ait un consensus scientifique pour dire que les dégradations liées à la consommation des formes normales de Cannabis sont moins importantes.

3 > Probabilité d'accoutumance: Nous avons tous connu des soirées bien arrosées, voire trop, parfois en séquences rapprochées - ah, les folles beuveries de notre jeunesse estudiantine...- Mais quel pourcentage d'entre nous sont ils devenus réellement alcooliques, au point de subir de graves troubles du comportement social ?

De même, de nombreux jeunes ont été amenés à goûter occasionnellement des joints, voire à connaître des soirées "bien enfumées", par analogie avec les soirées arrosées évoquées précédemment. Combien sont effectivement devenus "accros" au cannabis ? mystère, cela est difficile à quantifier, mais l'expérience des gens de ma génération, qui ont connu de nombreux fumeurs occasionnels, montre que très peu d'entre eux sont devenus dépendants aux joints.

La encore, la comparaison avec l'héroïne ou le Crack (la cocaïne est entre les deux) est saisissante: l'addiction à l'héroïne surviendrait après un très faible nombre de prises variable selon les sujets et serait encore plus rapide avec le crack (avec le crack, le passage du principe actif de la cocaïne dans le sang du consommateur se produit par toute la surface des alvéoles pulmonaires, ce qui produit une attaque d'une violence inégalée sur son cerveau. D'où l'accoutumance quasi immédiate). De surcroît, l'intensité du plaisir "instantané" délivré par ces produits est bien plus forte que pour l'alcool et le cannabis et rendent donc extrêmement probable la récidive (et donc l'addiction) après une première prise.

C'est à l'évidence là que ce situe la principale différence de dangerosité entre les différentes drogues: Le risque de dépendance, et la vitesse à laquelle celle ci survient, sont beaucoup plus élevés pour les dérivés de la transformation chimique de la coca ou de l'opium, que pour les drogues "cigarettes", ou l'alcool. Voila pourquoi le premier joint ou le premier verre ne sont guère (ne devraient guère être) des sujets d'inquiétude pour les parents, s'ils sont capables d'expliquer en termes intelligents les dangers qu'il y a à franchir les limites de la consommation très occasionnelle.

En revanche, la première seringue ou la première pipe à crack sont des signaux extrêmement graves d'ennuis probables à venir.

4 > Troubles du comportement lié à l'usage: Là, la différence entre les différentes drogues est saisissante: alors que le tabac peut être considéré comme physiologiquement destructeur, il est inoffensif au plan comportemental. L'abus de cannabis entraîne parfois des troubles du comportement, allant de la destruction de toute volonté d'agir chez le sujet consommateur à des pulsions suicidaires, mais pouvant également provoquer des passages plus nerveux, une irritabilité plus forte, pendant les phases de manque. De plus, il semblerait qu'à l'instar de l'alcool, le cannabis diminue la vigilance routière.

Rien à voir toutefois avec les troubles liés à l'ivresse alcoolique: décès de la route, mais aussi rixes d'alcooliques et comportements violents, notamment en famille, et également, hélas, une probabilité accrue de survenance d'actes profondément horribles comme les incestes.

Enfin, le cas des drogues "les plus dures" doit être mis à part. L'opinion publique a été conditionnée par les actes violents régulièrement commis par des toxicomanes pour se procurer de ces drogues. Toutefois, ces actions sont liées à l'état de manque, pas à l'état "d'ivresse" qu'elles provoquent, qui dure peu et pendant lequel le drogué est rarement enclin à commettre des actes de violence, encore qu'il y ait des exceptions. Ainsi, d'après drogues.gouv.fr, la cocaïne a des effets "désinhibants" qui peuvent favoriser des passages à l'acte violent. Et certaines drogues chimiquement préparées à partir de la cocaïne peuvent provoquer des comportements potentiellement dangereux à partir des périodes d'ivresse. Mais pour ce qui est de ces drogues, c'est surtout l'état de manque qui peut pousser le toxicomane a commettre des actions désespérées et violentes.

5 > Les troubles liés au manque: Dans tous les cas, le manque pousse à la consommation, à tout prix. Et la gravité de l'état de manque rend d'autant plus difficile le sevrage ou le décrochage. Ainsi, il semble beaucoup plus facile d'arrêter de fumer (et pourtant, dieu sait si beaucoup échouent) que d'arrêter l'héroïne...

Et c'est là que les ennuis commencent pour les consommateurs de drogues illégales. Alors que le consommateur de cigarettes, même à deux paquets par jour, pourra satisfaire son vice pour environ 60F/jour (9-10 Euros), ou 1800F/mois (280 Euros), ce qui est beaucoup mais pas insurmontable (et qui résulte surtout de l'exceptionnel niveau de taxation du tabac...), alors que l'alcoolique trouvera des vins (infects, mais on ne parle plus de gastronomie depuis longtemps chez l'alcoolique...) pour moins de 2 Euros le litre, le fumeur de joints et plus encore l'héroïnomane devront payer des sommes colossales pour trouver leur drogue. Et c'est pour cela que les plus atteints (héroïnomanes, crack...) sont prêts soit à s'humilier par la prostitution, soit à dealer, soit à voler, y compris en prenant le risque de tuer leurs victimes, pour se procurer leur drogue.

Encore qu'il semblerait que certains toxicomanes préfèrent se suicider plutôt que de devenir braqueurs... Là encore, le manque de statistiques officielles, difficiles à collecter il est vrai, rend difficile une appréciation exacte de l'étendue du problème.

Q. Tant de paramètres... Tout cela paraît bien compliqué. Pourriez vous résumer en une phrase ou deux ?

Simple: "une drogue est très dangereuse si il est quasi impossible d'en avoir une consommation raisonnable". Ce qui fait toute la différence entre un joint de cannabis normalement dosé et une seringue d'héroïne ou une pipe à crack. "une drogue est moyennement dangereuse si seule une consommation excessive entraîne des séquelles graves et difficilement réversibles".

Q. Il y a donc des différences de "dangerosité" entre les drogues, mais vous admettez que le cannabis n'est pas innocent. Pourquoi, dans ce cas, tenir le même discours de sévérité vis à vis du cannabis comme de l'héroïne serait il une mauvaise chose, vis à vis notamment des jeunes, qui semblent très friands de cannabis ?

R. Parce qu'en diffusant un discours d'équivalence entre cannabis et héroïne, on travestit la vérité auprès des jeunes, et, pardonnez moi, "on les prend pour des cons". Or les jeunes ont une capacité de jugement forte, mais qui peut être pervertie par la mauvaise qualité de l'information qui leur est dispensée.

Aujourd'hui, 3 millions de jeunes ont déjà fumé du cannabis. On peut le regretter, mais c'est un fait avec lequel nous devons composer. Or la plupart de ces jeunes ne deviennent pas "accros" et donc ont une estimation "relativement basse" du danger réel que le cannabis représente pour eux.

Instiller l'idée que cannabis et héroïne (ou crack) "sont la même merde" peut inciter certains à croire, a contrario, que "l'héroïne n'est pas plus dangereuse que le cannabis", ce qui serait une terrible méprise. Lorsqu'un dealer distribue ces deux produits, il peut ainsi jouer de cette ambiguïté auprès des jeunes pour le faire passer des drogues "semi-dures" aux drogues "ultra-dures".

Mieux vaut s'adresser à la partie élevée du cerveau des gens, admettre que le danger lié aux différentes drogues n'est identique d'une substance à l'autre, et communiquer autour de ces différences auprès du public, et notamment des plus jeunes.

Q. Ce que vous venez de dire sur la dangerosité des drogues fait relativement peur, il ne parait pas y avoir là de quoi plaider en faveur de la dépénalisation de l'usage, voire de la légalisation du commerce des drogues...

R. Ah ? Pourquoi l'alcool est il en vente libre, dans ce cas ? Nous venons de voir que ses effets étaient globalement bien plus dévastateurs que ceux du cannabis, et pourtant, personne ne songe plus à l'interdire. Les Etats Unis ont prohibé la vente d'alcool entre 1919 et 1933. Cela à provoqué (source: Cato institute) une flambée des prix et une explosion de la violence liée aux activités des mafias pour contrôler cette distribution extrêmement lucrative. Des exploitants de débits de boisson étaient menacés par les mafias pour accepter de vendre leurs marchandises, la concurrence entre factions se déroulait à l'arme à feu ou à l'explosif. Al Capone a sans doute été, en dollars courants, la plus grande fortune de l'histoire des Etats-Unis, plus encore que Bill Gates.

Et pire, les effets sur la consommation d'alcool ont été négligeables. En revanche, les décès liés à la vente d'alcool frelaté (le fameux alcool de bois qui fait partie du folklore de la série TV "les incorruptibles") ont explosé alors qu'ils sont rarissimes en temps normal (il y a eu des affaires de vin frelaté au méthanol dans les années 90 qui ont fait quelques morts en Europe. Rien d'extensif).

L'alcoolisme est un problème de santé grave, qui provoquerait 11.600 décès directs (notamment par cirrhose) par an en France, et qui concernerait 3.000.000 de personnes, encore que je me méfie de ces agrégats ou l'on mélange l'alcoolique chronique et le buveur excessif occasionnel. Pourtant, malgré l'énormité des chiffres, personne ne pourrait sérieusement envisager la prohibition, en se basant sur l'expérience menée dans les années 20 aux USA.

Il en va de même pour les drogues aujourd'hui. En 1989, le Cato Institute (lien) estimait à un facteur d'environ 100 la différence entre les drogues dures achetées sur le marché noir, et les drogues achetées légalement par les hopitaux pour usage médical, produites par des grands laboratoires pharmaceutiques. La morphine (dont on extrait assez simplement l'héroïne) légale coûtait alors 20 dollars (#20 euros) l'once (31 grammes), soit nettement moins d'un dollar le gramme ! Il n'existe pas une bourse de l'héroïne, mais au milieu des années 80, le commissaire N'guyen Van Loc écrivait dans ses mémoires que la dose d'héroïne commençait aux alentours de 200F, (30 Euros), ce cours étant très volatil en fonction de l'approvisionnement du marché. A raison de deux doses par jour, ce qui correspond à un individu "moyennement dépendant", le budget mensuel pour la drogue était donc au minimum de 12.000 Francs (1800 Euros) avant 1990. 12.000 Francs nets, au minimum, qui peuvent être facilement doublés, triplés, quadruplés, si les cours sont au plus haut et l'individu très accroché à la drogue. 12.000 francs minimum, c'était plus que le salaire moyen (brut..) des français à l'époque. Qu'il faut se procurer chaque mois, car le manque ne prend jamais de vacances, et ce après impôts, hors logement, nourriture, et ce alors même que la situation de drogué rend l'individu de moins en moins apte au travail, et inapte à l'occupation de postes à haut salaire...

On comprend donc que le besoin d'argent soit vite au centre de la vie des personnes "accrochées" aux drogues "ultra-dures". Et que cette consommation conduise vite à la marginalité, à la prostitution, au crime.

Q. D'où vient la différence de prix entre la morphine légale et les drogues les plus dures vendues au marché noir ?

R. La prohibition oblige les producteurs et les distributeurs de drogue, qui ont alors un "statut" de trafiquant, à organiser production et distribution de façon à échapper aux représentants de la loi. Les labos de production sont donc relativement archaïques et de petite taille, car ils peuvent être découverts et détruits. Mieux vaut maintenir plusieurs unités de traitement de la matière première demandant peu d'investissement mais faiblement productives en contrepartie. Les circuits transfrontaliers incluent des coûts élevés de dissimulation des drogues aux autorités, et des transports par quantité unitaires assez artisanales, même si parfois des prises de plusieurs centaines de kilos sont annoncées. Le coût des prises douanières (environ 6% des quantités passées, selon l'estimation par nature imprécise des autorités) est également inclus par les trafiquants dans leur prix de revient. La distribution au client final est elle même artisanale (conditionnement en paquets dans des locaux provisoires, dealers opérant par petites quantités et cachés...).

Il y a plus. Le "marché" des drogues illégales s'opère par définition en dehors des lois, Lapalisse n'eut pas mieux dit. Il n'y a donc pas une "libre et saine concurrence" entre les acteurs du marché. Sur un territoire donné, une organisation mafieuse tend à imposer ses grossistes par la force et ainsi s'assure des marges très élevées. De surcroît, les dépenses de "service d'ordre" sont très importantes, puisqu' assurer la sécurité d'un territoire dans ces conditions demande une main d'oeuvre assez nombreuse et équipée d'armes lourdes. Enfin, il faut souvent corrompre des pouvoirs locaux pour assurer la sécurité du commerce, ce qui augmente encore les coûts du produit, et a des effets désastreux sur la conduite des affaires publiques...

Enfin, le commerce de la drogue étant illégal, la prise de risque de tous les participants à ce trafic est élevée, aussi tous les échelons intermédiaires réclament ils une rémunération en rapport avec cette prise de risque. Seuls les paysans des pays producteurs touchent une part assez misérable du gâteau, encore qu'elle puisse être supérieure à celle procurée par des cultures classiques, comme on le voit en Afghanistan.

Il ne faut donc pas s'étonner que la drogue vendue au marché noir soit si chère... Ajoutons en plus que la morphine légale produite par des laboratoires sous contrôle est d'une qualité parfaite, alors que la drogue produite par les organisations mafieuses est fortement polluée d'impuretés diverses et hautement nocives (source: Christian Michel).

Q. Selon vous, la drogue légale serait beaucoup moins chère ?

C'est très probable. Regardons le processus de fabrication de la drogue: il n'est pas différent de celui mis en œuvre pour produire 90% des produits pharmaceutiques de synthèse. Comme je l'ai mentionné précédemment, le CATO institute estime à un facteur 100 la réduction du prix escomptable si la fabrication et la distribution de drogues pouvaient s'opérer au grand jour. Christian Michel, qui dirigea un laboratoire pharmaceutique produisant entre autres de la cocaïne légale, m'a confirmé cette échelle de valeur. Cela paraît énorme, mais même en admettant qu'ils se trompent d'un facteur 5 (ce qui paraîtrait étonnant de la part de sources aussi sérieuses), la réduction de prix des drogues vendues au détail serait encore d'un facteur 20, sauf si le gouvernement se met à taxer les drogues comme le tabac (nous y reviendrons).

Q. Quels seraient les impacts de cette baisse de prix ?

Cela changerait tout l'écosystème de la drogue. Le budget mensuel d'un "accro" aux drogues dures pourrait passer sous la barre des 150-200 Euros, ce qui permettrait à la plus grande partie d'entre eux de se sortir des spirales de délinquance ou de prostitution qui sont leur quotidien.

Le nombre de vols commis pour se procurer l'argent de la drogue serait ramené à pratiquement zéro. Ainsi, les policiers pourraient mieux se consacrer à la lutte contre les cambriolages purement crapuleux, les viols, les meurtres, l'esclavage sexuel (terme plus parlant que proxénétisme selon moi), etc... de surcroît, les prisons ne seraient plus encombrées de dealers, ce qui permettrait à des auteurs d'autres délits et crimes violents d'effectuer des peines proportionnelles à la gravité de leurs actes. Aujourd'hui, trop de petits et moyens criminels échappent à un juste châtiment parce que les places de prison sont en nombre insuffisant. La sécurité dans nos pays progresserait dans d'importantes proportions.

Pensez qu'aujourd'hui, de nombreux proxénètes, des esclavagistes qui forcent des femmes (et des hommes) à se prostituer en les soumettant à une violence insupportable, sont "protégés" par les forces de l'ordre parce que ce sont de bons "indics" en matière de stupéfiants... N'atteint on pas là le sommet de l'injustice ? En quoi le sort terrifiant des femmes-esclaves de la prostitution doit-il être toléré par les autorités au motif que la chasse aux dealers est prioritaire ? La prohibition des drogues conduit à une bien cruelle inversion des valeurs à laquelle la légalisation permettrait de remédier.

Quant aux pays producteurs, leur situation se trouverait enfin assainie: les caïds qui tirent des profits mirifiques du trafic de la drogue seraient mis hors jeu. Les gouvernements locaux, qui subissent tous les inconvénients du narco trafic (corruption, guérilla, ...) pourraient enfin penser à mettre en place des politiques orientées vers le développement, et pas uniquement vers la résistance aux mafieux. En Colombie, l'argent de la cocaïne alimente la plus impitoyable des guérillas: 35.000 morts violentes, 300.000 sans domiciles sont à mettre à l'actif, si on peut dire, de la prohibition des drogues, ces 10 dernières années. Et plus d'1 millions de colombiens de classe moyenne ont fui ce pays, condamnant ceux qui restent à toujours plus de pauvreté. (source: J.Hari)

De plus, les marges rendues possibles par la prohibition sont une aubaine pour tous les mouvements terroristes qui veulent lancer des attaques contre le monde libre. Il est de notoriété publique que l'opium afghan finance des organisations islamistes, que les FARC colombiennes prélèvent un pourcentage sur l'activité des cartels (quand le crime rackette le crime...), que le sentier lumineux a mené une guerre sauvage aux paysans péruviens pour les forcer à cultiver la coca, que la drogue Laotienne a en son temps financé les khmers rouges, liste non exhaustive. En dépénalisant le commerce de la drogue, l'occident libre saperaient un des piliers du financement de bien des organisations totalitaires qui veulent sa perte.

Q. Soit, mais les paysans des pays du tiers monde producteurs de coca ou d'opium ne perdraient ils pas leurs moyens d'existence ?

R. Aujourd'hui, ces paysans ne touchent qu'une part mineure de l'argent des trafics. Ils sont souvent contraints d'accepter la culture de ces substances par les organisateurs du trafic, sous peine de mort ou "d'expropriation" hors de toute règle de droit. Certes, parfois, la culture du pavot permet de faire vivre des familles mieux que les cultures antérieures. Mais les remèdes à la lutte contre la pauvreté du tiers monde sont dans une libéralisation accrue du commerce de toutes les productions, pas dans l'exploitation de la prohibition des drogues, dont les inconvénients surpassent les avantages, y compris pour les économies des pays producteurs -qui deviennent souvent des pays consommateurs- prises dans leur ensemble.

Q. Tout de même, une baisse aussi spectaculaire des prix de la drogue ne signifierait elle pas une explosion de la consommation ? Vos idées n'engendreraient elles pas "une France de drogués" ?

R. C'est une des inconnues de la légalisation. Mais il est loin d'être certain que la consommation exploserait. N'oubliez pas qu'actuellement, les personnes qui tombent dans la drogue sont approchées par des dealers au marketing particulièrement actif, qui proposent des doses gratuites, dans l'espoir de profits ultérieurs bien plus élevés. Ces dealers, parfois eux mêmes toxicomanes, donc particulièrement incités à élargir leur clientèle, cherchent leurs clients, les sélectionnent, les appâtent, ce sont des vendeurs le plus souvent très performants.

Demain, si la dose de drogue légale vendue en pharmacie (je reviendrai sur le délicat problème de la distribution plus tard) coûte, disons, 1 à 3 euros, les dealers de rue disparaîtront car ils ne pourront pas espérer faire du bénéfice en vendant de la drogue "artisanale" à de tels prix. Autrement dit, pour tomber dans la drogue, un consommateur devra faire de lui même le pas de rentrer dans une pharmacie, de demander à acheter un paquet de 5 doses à 10 euros, et s'initier tout seul à la consommation. Sont ils si nombreux, ceux qui sont prêts à faire le pas, sans "ami bien intentionné" pour les assister, surtout si sur les boites de drogues, figurent des photos de drogués avec en légende "attention, si vous consommez ce produit, demain, vous pourriez ressembler à çà" ?

Q. N'y a t il pas là une faille dans votre raisonnement ? Un marché libre suppose, pour les producteurs, un espoir de croissance, sinon pourquoi s'y investir ?

R. "une société sans drogue" est un objectif parfaitement utopique. Quel que soit le système d'approvisionnement existant (légal ou clandestin), il y aura toujours des nouveaux entrants dans la consommation de la drogue. Autant que ce soient des producteurs civilisés qui bénéficient de cette clientèle, et que le chiffre d'affaire de cette activité reste marginal dans le commerce mondial. Même si les modes de distribution adoptés ne favorisent pas l'explosion de la consommation, celle ci sera toujours suffisante pour attirer des entrepreneurs légaux en nombre suffisant.

On peut même espérer, encore que je sois moins optimiste que d'autres à ce point de vue, qu'un peu de R&D enfin légale autour de la drogue permette de créer des substances moins nocives pour l'organisme, ou avec des modes d'administration moins dangereux que la seringue. Des drogues en patch ?... L'idée fera peut être bondir certains, mais pourquoi pas... En revanche, il ne faut pas pousser l'angélisme trop loin: ceux qui pensent que l'on pourrait créer des drogues procurant le même plaisir immédiat à la consommation que les cochonneries actuelles tout en réduisant les effets secondaires indésirables à un niveau négligeable me paraissent trop optimistes. Après tout, on attend encore un substitut à l'alcool à la fois inoffensif et enivrant !

Q. Tout de même, vous ne prouvez pas que le nombre de drogués ne va pas exploser.

Non, je ne le prouve pas. L'époque ou l'usage des drogues était libre (disons jusqu'au début de ce siècle pour faire court) n'était pas pour autant un âge d'or de la consommation, mais il faut reconnaître que les deux époques n'étaient pas comparables. La médiatisation du phénomène n'était pas la même, la liberté de circulation et les moyens de transport des marchandises non plus. Toutefois, il faut noter que les lieux où la consommation de drogue s'est le plus développée, comme la Chine côtière, sont ceux où les états colons ont voulu se servir des drogues pour saper les volontés d'émancipation des populations locales. L'explosion de la consommation et donc du trafic de drogue fut parfois l'œuvre d'états dévoyés...

Aux USA, on estime que la proportion de la population "ayant un problème avec la drogue" n' a pas varié (autour de 3%) entre l'époque ou la drogue était libre et maintenant (source: cato). Mais nous sommes dans un domaine clandestin, les statistiques y sont donc peu fiables.

On ne peut pas être sûr que le nombre de drogués n'augmentera pas. Et c'est là que le bât blesse pour l'opinion: la plupart des gens pensent que cela "ne leur arrivera pas", à eux ou leurs enfants, que "le phénomène reste marginal", et qu'eux, de "bons parents", sauront préserver leurs gosses de ce danger. Pourquoi dans ces conditions changer le système prohibitionniste actuel ? Pourquoi opter pour l'inconnue que représente la légalisation ?

Un père de famille à qui je tentais d'expliquer mon point de vue m'a rétorqué: "Mais si c'était votre fille qui se droguait, seriez vous toujours favorable à la dépénalisation ?". Ce à quoi je lui ai rétorqué, à sa grande surprise: "si par malheur votre fils se droguait, préfériez vous que la société le traite comme un malade ou comme un délinquant ? préféreriez vous pouvoir lui payer sa drogue sur vos revenus, ou qu'il soit obligé de vous voler, de braquer ou de faire la pute pour payer ses doses ?". Cette anecdote illustre bien le problème posé: dans un cas, on sait que le problème de la drogue touche suffisamment de jeunes pour être grave mais pas suffisamment pour que tout le monde se sente concerné. Dans un autre, les drogués et leurs familles subiront moins de souffrances du fait de la drogue, mais on ne peut pas garantir qu'il n'y aura pas augmentation du nombre de drogués, donc du nombre de familles concernées.

Ceci dit, la prohibition actuelle n'a pas empêché un nombre important (quoique non mesuré précisément) de personnes, et surtout parmi les plus jeunes, de consommer du cannabis, de l'extasy, et plus gravement, de l'héroïne, de la cocaïne, du crack. Rien ne prouve que la légalisation augmenterait le nombre de consommateurs potentiellement attirés par ces produits.

Q. Je suppose que vous ne préconisez tout de même pas la vente libre des drogues dures dans les supermarchés ?

Non. Même si certains libéraux vont jusque là, je ne les suis pas sur ce terrain. Contrairement à ce qui se passe avec l'alcool, le tabac ou même le cannabis, quand on commence à consommer une drogue dure, fusse une seule fois, il est difficile de ne pas tomber dans le cycle de la dépendance et de la déchéance physique qui l'accompagne. Aussi ne peut on pas à mon avis vendre de la drogue comme des paquets de bonbons. Je pense qu'il faut limiter la vente des drogue dures (cocaïne et dérivés, héroïne, LSD, et sans doute quelques autres...) aux pharmacies, volontaires, bien sûr, car on ne peut contraindre un pharmacien à vendre un produit qu'il ne désire pas vendre, et à des dispensaires hospitaliers. On pourrait également coupler des lieux de ventes spécialisés à des "shoot-rooms" comme ceux qui ont été lancés en Suisse pour éviter que les junkies ne squattent les halls d'immeubles. L'initiative a été très mal perçue par la population des villes à ses débuts, aujourd'hui, de nombreux suisses reconnaissent qu'il vaut mieux qu'existent des lieux dédiés à la consommation de drogue, que livrer les toxicomanes à la rue ou aux gares (source: JL Romero, "lettre à une droite maladroite")...

De même, je ne suis pas favorable à la publicité pour les drogues. Seule une information médicalement contrôlée (mais uniquement factuelle et non moralisatrice) sur le lieu de vente devrait être autorisée.

En revanche, je ne vois aucune raison de traiter le cannabis, "normalement dosé" voire même "un peu fortement dosé" pourvu que l'information du consommateur soit claire, différemment du tabac, voire de l'alcool. Je pense même qu'il est souhaitable que les circuits de vente du cannabis et des drogues dures soient séparés. Aujourd'hui, nombre de dealers sont "multi substances": un vendeur de hasch aura intérêt à essayer de vendre de l'héro à un client s'il "voit une faille" chez lui, car l'espoir de profit est plus élevé avec l'héroïne (ou le crack) qu'avec le cannabis. Si on sépare les circuits de diffusion, alors la tentation pour les consommateurs de cannabis, de passer à des drogues plus dures, n'en sera que plus réduite.

Q. Vous ne répondez toujours pas de façon satisfaisante au risque d'explosion de la consommation sous tendu par la légalisation. Les hypothèses que vous faites ne sont que des hypothèses !

Et pour cause, il n'y a pas d'expérience récente de dépénalisation de la vente des drogues dures dans le monde. Nous manquons cruellement de données pour "modéliser" le comportement du marché dans une hypothèse de rupture complète avec un système existant. Je ne peux que me contenter de croire que les problèmes posés par la légalisation seraient inférieurs à ceux posés par la prohibition.

Il y a tout de même un précédent: le nombre d'alcooliques aux USA n'a pas diminué pendant la prohibition, et n'a pas augmenté après. Je n'aurais pas la malhonnêteté intellectuelle d'en tirer une loi générale (chaque cas, chaque époque, chaque clientèle est différente), mais c'est un signe encourageant.

Et quand bien même. Légaliser la drogue n'est pas seulement une bonne opération d'un point de vue économique pour les nations touchées par le phénomène. C'est un problème d'abord éthique: jusqu'où les états et les législateurs peuvent ils priver un individu de la liberté de jouir de son corps, qui est la première de ses propriétés, même si c'est pour se détruire ?

Q. Vous exagérez. Vous n'allez tout de même pas élever la toxicomanie au rang de liberté fondamentale de l'individu ?

Si, justement. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen prévoit que tout individu reçoit à la naissance des droits naturels imprescriptibles qui sont "la vie, la liberté, la propriété et la résistance à l'oppression", et que ces droits ne s'arrêtent que là où commencent ceux des autres.

Dans ces conditions, je ne vois pas en quoi le fait d'acheter une drogue à un commerçant, pour peu que celui ci soit respectueux des règles du commerce civilisé, pour se l'injecter, viole les libertés ou la propriété d'autrui. Bien sûr, c'est "sale", un drogué en manque, et çà ne fait pas honneur à l'espèce humaine, c'est un gaspillage de capital humain, mais si on peut avoir un préjugé moral contre la drogue, je ne vois pas au nom de quel principe on peut interdire à une personne de se droguer. Pour la protéger d'elle même ? Mais alors pourquoi ne pas lui interdire de boire ? de fumer ? de conduire ? pourquoi ne pas criminaliser le suicide ? Le sexe non protégé ? le ski hors piste ? La cuisine grasse ? Pourquoi, à partir du moment ou l'échange de drogue de drogue ne viole pas les droits des deux parties prenantes, doit il être traité comme un acte criminel ?

Dans une société respectueuse des libertés individuelles, ne peut être interdit que ce qui porte préjudice à la vie et la propriété des tiers. L'échange de drogue entre individus consentants n'entre manifestement pas dans cette catégorie.

En revanche, cela n'exonère pas le drogué de sa responsabilité individuelle dans les cas il porte préjudice à autrui sous l'emprise de la drogue (en conduite automobile par exemple...) et çà ne le protège pas du licenciement si son employeur estime qu'il travaille plus mal.

La position libérale, qui consiste à dire, "obligeons les producteurs à informer correctement sur les risques létaux et la nocivité du produit, et laissons le consommateur se décider en toute liberté", me paraît plus saine que la prohibition, basée uniquement sur des préjugés moraux contre certains types de comportements "incorrects".

Q. Je vous attendais là. Vous dites que le consommateur est libre. Or le consommateur de drogues dures est le plus souvent "dépendant". Il n'est donc plus libre de refuser la transaction. Où est la liberté du consommateur dans tout çà ?

Dans un système libéral où la vente serait légalisée, le vendeur serait tenu d'informer clairement le consommateur "sain" des risques d'overdose, de dépendance et de maladie grave qu'il encourt. Sinon, il s'exposerait à des poursuites comme celles auxquelles les fabricants de cigarettes font face. A ce moment là, le consommateur est libre de choisir et convenablement informé.

Si par malheur il tombe accro, il ne peut s'en prendre qu'à lui même. Cela constituerait un gros progrès par rapport à la situation actuelle où le consommateur potentiel est souvent l'objet d'une tentative de manipulation par un dealer.

De surcroît, le drogué, qui ne serait plus un délinquant, serait toujours libre de tenter de s'arrêter. Dans un système dépénalisé, il trouverait plus facilement qu'ailleurs des médecins ou des structures caritatives pouvant l'aider à s'échapper de la drogue. Aujourd'hui, il doit consacrer son énergie à trouver des sommes d'argents pharamineuses et à se cacher de la répression des autorités. Sous la dépénalisation, sa liberté ne serait pas parfaite, mais au moins elle progresserait fortement par rapport à la situation actuelle.

Q. Vous prétendez que la dépénalisation supprimerait la contrebande. Le tabac ne fournit pas un beau contre exemple à cette théorie ?

Le problème du tabac est que l'état a multiplié les taxes au delà du raisonnable ! 90% du prix d'un paquet de cigarettes est constitué de taxes ! Il est évident que si l'état devait dépénaliser la vente des drogues, il ne devrait pas y appliquer la même taxation, sinon, vous avez raison, la contrebande continuera d'exister, comme elle existe - et explose - pour le tabac.

C'est un des obstacles à la dépénalisation des drogues. Le fumeur ou l'amateur de bordeaux accepterait il d'être plus taxé que le fumeur de cannabis ? Non, et il aurait raison. C'est tout notre système de taxation des "vices" qui serait remis en question. Ce serait indubitablement une bonne chose, mais aucun ministre des finances n'est prêt à l'admettre...

Q. Croyez vous que la population française soit prête à accepter une telle révolution législative ?

R. Aujourd'hui, non. Le débat sur la dépénalisation existe si peu... Et tant les partisans de la pénalisation que ceux de la dépénalisation semblent incapable de dépassionner le débat. Ceux ci tournent rapidement à l'anathème et aux invectives, comme hélas sur d'autres sujets de société. Il semble de plus en plus difficile en France de mener un débat constructif sur des sujets difficiles.

De plus, la légalisation totale de toutes les drogues n'ayant été essayée nulle part à une époque récente, quel gouvernement prendra le risque politique de se jeter à l'eau en premier ?

Ajoutons à cela qu'une action unilatérale de la France paraît difficile dans le cadre de l'espace Schengen et de l'UE. Si nous agissions seuls en ce sens, nous verrions fleurir un narco-tourisme en provenance de toute l'Europe dont personne ne voudra, et les marchés noirs des pays voisins continueraient à faire prospérer des mafias aux méthodes répugnantes. Et si nous devons convaincre des partenaires de marcher à plusieurs dans cette voie, cela renforcera la difficulté politique de l'opération.

Pourtant, il me semble qu'il faut avoir le courage de diffuser de telles opinions, et de susciter un débat. Il faut aussi se donner les moyens de vérifier certaines des hypothèses sur lesquelles se fondent l'argumentaire des pro-légalisation, à savoir la baisse de prix escomptable des drogues vendues au détail. Pour cela, il faudrait qu'une enquête auprès de laboratoires pharmaceutiques, notamment ceux qui fabriquent de la cocaïne ou de l'héroïne légale pour usage médicinal, soit lancée et que ses résultats soient communiqués au public. S'il s'avère que les hypothèses ci avant énoncées sont trop optimistes, alors les pro-légalisation devraient revoir leur position. Mais tout porte à croire que notre hypothèse est bonne. Et alors avec de tels chiffres indiscutables en main, nous pourrions expliquer aux citoyens comment légaliser le commerce des drogues contribuerait à amoindrir dans de vastes proportions un grand nombre de problèmes de délinquance, de sécurité, de terrorisme, de pauvreté du tiers monde. Et qui sait si dans quelques plus ou moins longues années, alors les pro-dépénalisation ne seront pas majoritaires ?

Q. Un "grand débat" de plus ? soit , mais plus pragmatiquement, que pourrait-on faire dès à présent ?

R. Dès à présent, on pourrait sans risque majeur dépénaliser la vente du Cannabis, et réglementer de façon simple ce commerce (en définissant les dosages de THC admissibles, les circuits de distribution et les règles de packaging) sur la même base que celui du tabac ou de l'alcool, en en profitant pour réduire l'hyper-taxation de ces substances. Au vu des récentes décisions concernant les hausses du prix du tabac, dont les effets pervers sur la contrebande et la délinquance se dont déjà sentir, on n'en prend pas le chemin !

Mais cela permettrait d'apporter, l'expérience aidant, un début de réponse à l'opinion publique, à la question suivante:" vaut il mieux confier le commerce des substances "séduisantes mais nocives" à des mafias ou à des pharmaciens et autres commerçants civilisés et professionnels, dans le cadre de la loi ?"




Annexes :

Quelques sources pour vous faire votre propre opinion

Sources officielles

http://www.interieur.gouv.fr/rubriques/c/c1_le_ministre/c13_discours/2003_04_23_drogues (discours de N. Sarkozy au sénat)

La MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et Toxicomanies) : http://www.drogues.gouv.fr/ (nombreux liens)

http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/losp/36toxicodep.pdf (rapport officiel sur la toxicomanie et les dépendances)

Informations générales

http://membres.lycos.fr/caat/ (association d'aide aux toxicomanes)

http://publications.lecrips.net/swaps/11_112.htm (mortalité lié aux drogues)

http://alsace.u-strasbg.fr/medecine/cours_en_ligne/e_cours/maturation-3a/toxicomanie-stupefiant.pdf (rapport médical complet sur les drogues et leurs effets)

http://www.anpa.asso.fr/html-fr/syntheses-pdf/synthese-statistiques.pdf (statistiques sur l'alcool en France)

Liens pro-légalisation

http://www.cato.org/current/drug-war/index.html (toutes les études du Cato sur la prohibition et ses effets néfastes)

http://www.johannhari.com/archive/index.php?subject=drugLegalisation (Nombreux textes de Johann Hari, Journaliste britannique, pro-légalisation)

http://www.liberalia.com/htm/cm_interdire_drogues.htm , par Christian Michel, auteur libertarien.

Liens anti-légalisation

http://www.drogue-danger-debat.org/index.php (association Française opposée à toute légalisation)

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______La droite est pourrie. Les socia-syndicalistes se nourrissent de la misère du peuple. Vous n'avez pas conscience de la xénophobie Anti-Noir et Anti-Arabe en france? disent bien que pour le KKK occidentale intoxiquer au nom du néolibéral..

1) Le déni.

Il y a dans cette phrase un déni total qui est resté inaperçu car secondaire, voire insignifiant. Mais il a son importance.

En effet, cette phrase dénie le fait que ces "noirs" et "arabes" sont en majorité Français. Nous aurions pu les présenter de différentes façons, mais ...x a choisi de les présenter comme des "noirs et des arabes" du bas de son troupillons.

Mr x est un zigotto en mal de publicité, qui dit des conneries à la Télé. Mais il n'en dit pas plus que les autres au bistrot. x sans télé n'est plus rien...alors?

  • "Le poète a dit la vérité, Il doit être exécuté". (Que cette réalité soit vrai-fausse, biaisée au vu des stats du ministère de l'intérieur ou de l'administration pénitentiaire, cela est un autre problème, ce n'est pas à x de le résoudre, ni à moi, ni à vous)

...J'ai une autre vérité à propos des trafiquants de fric.

Ils ne sont pas tous blancs, mais

  • C'est la grande majorité, en occident, et ils créent la misère, et la fin du monde dont ils font leur fortune.
  • Ces criminels là sont non seulement peu pourchassés, Très hautement bien placé dans la societé, mais surtout complimentés et récompensés.

...Au point que le grand escroc qui nous préside Mr x depuis 2007 a prétendu faire disparaître les Délits Financiers, et s'active à supprimer les juges D'INSTRUCTION pour les Remplacer par des PROCUREURS à ses ordres.

Ainsi, il (x président) est certain de ne pas se retrouver dans la situation de lui (x ancien président).

Les délinquants de la haute finance, condamnés à plusieurs dizaines d'années de prison, les escrocs des affaires, sont-ils aussi noirs ou arabes? les gangster de la mafia sont ils noirs ou arabes? merci de me prévenir, je n'ai pas la télé.

J'ai compris que tous les délinquants noirs ou arabes étaient soit noirs soit arabes, soit les deux.

mais les autres je ne sais pas.

Les cons, sont-ils aussi clairement répartis?

  • Dites: Vous n'avez pas conscience de la xénophobie anti-noir et anti-arabe en France ? Des partis empreints de cette haine-là et à l'impact grandissant ?

Certes d'autres minorités ont pu être des cibles, mais moins de la part d' institutions, et elles n'avaient pas les armes médiatiques ou culturelles pour se défendre, on ne les entendait donc pas.

Ne confondez pas des revendications territoriales ou de systèmes avec celles qui concernent l'intégrité des personnes concernées, dans ce qu'elles représentent d'humanités seules.

Mr x, en tant que journaliste, à une responsabilité face à ceux qui boivent ses paroles, il propage dans ces propos de la discrimination.

Ce débat sur l'identité nationale aura eu une seule et maigre utilité, faire transpirer la xénophobie de certains en légitimant leur pensées intimes.

A chacun selon ses peurs, ses capacités à aimer son prochain, ses soifs de haines, d'embrasser ou de réprouver sa haine de l'autre.

==> Ceci dénie le fait que x ne tenait pas une conférence mais répondait à un propos sur les arabes et les noirs et le contrôle dont ils sont l'objet. Ce n'est pas lui qui, en l'occurence, a commencé à en parler. Pour x aussi, ces personnes sont des français : dire arabe et noirs, ce n'est pas dire "non français" - sauf à sous entendre qu'il est impossible d'être arabe ou noir ET français.

Pourquoi personne ne pose la question à x: "ok, il y a x% de noirs en prison, et donc quelle est votre conclusion?"

Est-il pertinent d'étudier la couleur des cheveux, des yeux pour expliquer la violence?

Il aurait été en effet bien meilleur de poser cette question, plutôt que de lui dire simplement de se taire.

La couleur n'explique évidemment pas la violence et x, contrairement à ce que l'on veut faire croire, n'est pas raciste. Il défend une position assimilationniste - ce qui est l'exact opposé du fait de prétendre que certaines races ne pourront jamais être comme les autres. Seulement, il regrette que la politique d'assimilation fut abandonnée au profit d'une défense des différences, qui, selon lui, aboutit à une désintégration sociale : chacun revendique pour soi et défend sa culture, ses habitudes, ses normes (cf. le voile).

Et c'est cette désintégration sociale qui, selon lui, favorise la délinquence et explique que "la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes", parce que les dernières vagues d'immigration n'ont pas pu profiter de la politique assimilationniste d'autrefois.

C'est donc une explication sociale et culturelle que propose x.

Mais pour s'en rendre compte, il faut évidemment prendre la peine de chercher à le comprendre.

On peut être contre son explication. Mais pour le taxer de raciste, comme font beaucoup, il faut soit parler sans connaitre sa position (simplement réagir au buzz, par exemple), soit être de mauvaise foi.

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_____Les "noirs et les arabes" ont toujours été des cibles de choix ... « La plupart » des trafiquants de drogues sont-ils « noirs et ... d'arabes » ? L'état de délabrement des élites française est stupéfiant..

Le racisme ordinaire a retrouvé une grande liberté d'expression depuis que le Président de la République et le ministre de l'immigration ont lancé le prétendu « grand débat sur l'identité nationale ».

L'affaire qui agite ces derniers jours le microcosme parisien en est une illustration parmi des milliers d'autres. Les propos du chroniqueur Eric Zemmour étonnent peu, on peut aujourd'hui dire et entendre à peu près tout et n'importe quoi à la télévision.

Qu'un haut magistrat comme Philippe Bilger, Avocat général à la cour d'assises de Paris, s'en soit mêlé est déjà plus surprenant ; mais pourquoi pas : il faut défendre la liberté d'expression des fonctionnaires. Le problème est que le contenu de son intervention est assez affligeant.

Qu'attendrait-on d'un tel haut fonctionnaire de la Justice sinon qu'il aide à prendre de la hauteur, qu'il élève le débat ? Or voici qu'il nous dit :

  • 1) il ne sert à rien de regarder les statistiques officielles « dont la finalité presque exclusive est de masquer ce qui crève les yeux et l'esprit »,
  • 2) il suffit de voir à quoi ressemble les couloirs du Palais de Justice de Paris pour savoir que les trafiquants de drogues sont effectivement « noirs et arabes » et ainsi confirmer « la justesse de cette intuition ».

Deux affirmations bien regrettables.

  • En matière de statistique, un magistrat pourrait plutôt indiquer par exemple que le dernier volume publié (2008) par la statistique judiciaire, dans la série « Les condamnations », donne 2 187 personnes condamnées pour trafic (import, export) de drogues, dont 37 % d'étrangers.

Parmi ces étrangers condamnés, 167 sont des ressortissants d'un des trois pays du Maghreb mais surtout 137 sont Marocains (soit 20,5 % des étrangers et 7,6 % de l'ensemble des condamnés), ce qui n'a rien de surprenant puisque le Maroc est le principal producteur de Cannabis alimentant le marché français. Voilà qui fournirait au moins une base de discussion, au besoin très critique (nous pourrions y contribuer), mais qui vaudrait mieux qu'un effet de manche méprisant.

  • Quant à dire qu'il suffit de regarder les couloirs du Palais de Justice de Paris pour savoir qui sont les trafiquants de drogues en France, l'affirmation laisse également pantois. Le magistrat devrait tout de même savoir d'une part que Paris n'est pas la France, d'autre part et surtout que n'arrivent en justice que les trafiquants confondus et interpellés par la police et la gendarmerie, soit une partie probablement très minoritaire des trafiquants (puisque la consommation de drogues se porte hélas très bien par ailleurs).

Enfin, on ne peut que regretter amèrement la banalisation de l'usage de catégories raciales comme si elles étaient en elles-mêmes explicatives de quoi que ce soit. S'il existe une relation entre la couleur de la peau et le trafic de drogues, alors il faut expliquer la nature de cette relation, ou bien se taire. Car faute d'explication, on ne fait que renforcer les préjugés xénophobes de ceux qui, précisément, ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

http://www.mediapart.fr/club/blog/laurent-mucchielli/260310/la-plupart-des-trafiquants-de-drogues-sont-ils-noirs-et-arabes

  • De : psychisme children negrier

Le lundi 29 mars 2010 à 11:53

Le fait qu'il y ait plus de noirs et d'arabes dans les tribunaux pour des délits de trafic de drogue ne prouve absolument pas que ceux-ci se livrent plus que d'autres populations à ce trafic. Il suffit de ne contrôler qu'eux pour arriver à ce déséquilibre statistique.

"S'il existe une relation entre la couleur de la peau et le trafic de drogues, alors il faut expliquer la nature de cette relation, ou bien se taire". Le problème quand on se tait, c'est que la démagogie d'extrême droite rempli le vide par le discours classique "tout le monde sait bien que...", "tout le monde voit bien que...", "c'est évident mais les elites ne l'avouent pas"...

Donc, l'absence de statistiques ethniques renforcent le discours extrêmistes. Si on avit des statistiques et des sociologues qui se penchent dessus pour effectivement, trouver des corrélations, des liens de causalité, des "relations"... on avancerait d'un grand pas. En tous cas plus vite qu'en restant dans le déni.

Les trafiqaunts seraient de couleur et les consommateur seraient donc blancs. Or, le blanc n'est pas une couleur. Personnellement quand je me regarde dans la glace et que je me trouve blanc, je m'inquiète. Le blanc, c'est la couleur de la mort, et de la coke. La neige. Tout cela est totalement ridicule.

Et d'une belle hypocrisie rédoutable.

Qaund on refuse d'intégrer nos concitoyens plus bronzés que la normale, on les marginalise et on les condamne à des métiers "réservés" : sécurité, danse-musique, tâches réservées aux intouchables, sport et l'économie parallèle de la drogue et du sexe. Ils rentrent en concurrence avec les nouveaux arrivants de l'est de l'Europe, eux aussi pourvoyeurs de paradis artificels et de filles esclaves.

  • Les voleurs sont pauvres.
  • Les noirs sont pauvres.

...donc les noirs sont des voleurs.!

autrement dit, qui habite dans les cité ? des noirs ou des pauvres ? et ils volent parce qu'ils sont pauvres ou parce qu'ils sont noirs ?

  • Au sujet des statistiques, la Loi et la CNIL interdisent les statistiques et recensements à orientations "raciales" ou/et religieuses.

La porte est donc ouverte à tous les fantasmes et stigmatisations.

  • EN FRANCE, il est clair de constater dans un quartier défavorisé :
  • -Tout avait été fait pour favoriser la ghétoïsation du lieu, en particulier, de la part des sociétés HLM (sous la responsabilité directe des politiques locaux), de ne pas entretenir les lieux. Ce qui avait conduit à ce que seules les populations défavorisées acceptaient d'y vivre. Les autres essayant de s'en échapper. Première sélection par l'argent.
  • -Tout se passait comme si, en ces lieux, les sociétés HLM avaient accepté des locations à des familles d'origine maghrébines. Alors que, ailleurs, tout se passait comme si elles les avaient refusé. Les sociétés HLM avaient participé à la ségrégation. Un très fort pourcentage de familles maghrébines à revenus très modestes s'y retrouvaient donc. En l'occurence, des familles d'origine marocaine, en raison du fait que les seuls emplois non qualifiés de l'époque, étaient dans le champs agricole (vignes). Seul facteur discriminant n'ayant pas une cause politique.
  • -La police considérait que le trafic de haschich comme "normal", ne faisant rien pour s'y opposer. Tout se passait comme si de haut en bas de l'échelle des responsables et autorités politiques (Ministère de l'Intérieur, services de Police locaux), ce trafic était considéré comme un "moindre mal", une sorte de "soupape de sécurité" permettant "d'améliorer l'ordinaire" des familles et, de là, éviter les explosions sociales dans ces quartiers. Ce quartier était une zone de non-droit, spécialement après la fermeture du bureau de police à 18h.

Dixit: zemmour.

Zemmour est un journaliste.

Soi-disant.

Moi, je le vois plutôt comme un clown agitateur de droite.

La capacité qu'il a de nous informer est relativement ténue, son engagement à intoxiquer au nom du sarkozysme néolibéral, et de la droite la plus nauséabonde vue depuis longtemps, est par contre impressionnant.

Cependant, si Le Pen disait la vérité, il ne faudrait pas adorer le mensonge.

De même quand zemmour fait une remarque méprisante, à sa façon, il ne faut pas discuter du fond de la même manière que de la forme.

Les noirs et les arabes ne sont pas tous des trafiquants de drogue, ni les musulmans des islamistes armés, ni tous des tourmenteurs de leurs femmes et filles, qu'ils emmailloteraient dans des linges imperméable à la lumière, comme à la beauté du corps, ou encore ces fanatiques qui envoient leurs fils à la mort, avec des ceintures d'explosifs.

Les uns ou les autres ne sont ni cannibales, ni animistes forcément, ils savent que la terre est plus ou moins ronde, et que c'est le ciel qui bouge et pas le soleil...

Ils savent bien que le monde est comme il est, et qu'un noir est président des USA.

Pour ceux qui le trouvent un peu pâlot, qu'ils se disent bien que pour le KKK, il est de la couleur de l'enfer, qu'ils vivent, moralement, depuis qu'Obama the first est arrivé à la maison blanche...

Bon, on peut être noir, on en est pas moins homme, pareil pour les arabes, les bourguignons, les mexicains, et les corses.

Et quand on est blanc, on n'est pas forcément raciste.

Pareil pour les allemands et les alsaciens, qui ne sont plus tous des nazis, comme on aurait pu, ou l'on pourrait le penser, à une époque...

Hum, pardon à mes amis alsaciens. Je n'ai pas pu m'empêcher, mais quand même, vous y allez fort, entre sarko et l'autre...

M'enfin, il y a une gauche en Alsace aussi.

Avec l'accent.

Donc, les trafiquants et le gros bataillon des repris de justice se recrute habituellement à la marge de la société, qui sort elle-même en majorité des milieux de misère.

On sait que l'immigration est le lieu d'exclusion sociale par excellence.

De là à sauter le pas de l'exclusion morale, on se retrouve à rencontrer des prisonniers noirs et arabes pour les petits délits, et malheureusement aussi beaucoup de crimes crapuleux, avec des auteurs qui ont une origine ethnique marquée par l'exclusion.

Donc zemmour, sur le fond n'aurait pas tort.

C'est bien autre chose de la forme.

Il y a des vérités qui deviennent des manipulations quand on les assène sans discernement.

La droite est pourrie.

Tous des voleurs.

Les socialistes et les syndicalistes se nourrissent de la misère du peuple.

Etc...

J'ai une autre vérité à propos des trafiquants de fric.

Ils ne sont pas tous blancs, mais c'est la grande majorité, en occident, et ils créent la misère, et la fin du monde dont ils font leur fortune.

Ces criminels là sont non seulement peu pourchassés, mais surtout complimentés et récompensés.

Au point que le grand escroc qui nous préside a prétendu faire disparaître les délits financiers, et s'active à supprimer les juges d'instruction pour les remplacer par des procureurs à ses ordres.

Ainsi il est certain de ne pas se retrouver dans la situation de chirac.

Il faut de l'ordre juste, et en finir avec la misère, comme avec tous les trafiquants, qu'ils soient noirs et arabes à prospérer par les drogues sur la misère de leurs petits frères et soeurs, ou blancs, à affamer le monde entier.

Quant à zemmour il prospère sur la promotion de l'exploitation de l'homme par l'homme, la haine et le mensonge, même quand il dit petitement une petite vérité.

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lundi 26 mars 6666

_____Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les Africains peuvent s'acquitter l'histoire est du côté de ces courageux Africains,et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d'État ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir...

Citation : Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les Africains peuvent s'acquitter l'histoire est du côté de ces courageux Africains,et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d'État ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir... kiserbo

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mardi 6 mars 6666

____L'homme et le Visionnaire (wade), ..le 'tit KIRIKOU est devenu grand praticien. Persée d'un visionnaire musulman-franc maçonnique sénégalais.. Une universalité fraternelle: un idéal humain naît comme philosophie de vie.. Afrique Avenir,

Afrique Avenir, une autre vision de l'Afrique

L'europe et l'Afrique : Pour une vision plus optimiste de l'Afrique

  • Pour la France, comme pour l'Europe, l'Afrique doit être un impératif stratégique : afin de limiter l'instabilité et les crises, sources d'effroyables drames humains, mais aussi parce que le décollage économique en Afrique signifie des créations d'emploi sur le "vieux" continent. Dans un contexte de mondialisation des échanges, le rôle de la coopération française est d'arriver à trouver un équilibre entre les besoins caritatifs et les nécessités commerciales, qui puisse contribuer à l'émergence d'une zone d'échange privilégiée entre l'Europe et l'Afrique.

Malgré les liens historiques étroits qui lient la France au continent africain, trop souvent l'Afrique et notre politique de coopération évoquent aux yeux de l'opinion publique française des images de tragédies ou de tonneau des Danaïdes.

Cette opinion perçoit mal, en effet, le sens des efforts financiers consentis par la France quand elle observe les drames effroyables auxquels nous ont habitués certains pays du continent, comme le Liberia, la Somalie, le Rwanda ou le Zaïre. N'oublions pas, pourtant, que la France arrive en tête pour l'Aide publique au développement parmi les pays du G7, puisqu'elle est le plus gros contributeur en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), et que 50% de son aide bilatérale est consacrée à l'Afrique subsaharienne.

Dans cet article, je voudrais essayer de faire partagerce qui m'apparaît personnellement comme une évidence : la coopération française n'est pas seulement une affaire de solidarité et de générosité, mais aussi un impératif stratégique pour l'Europe et l'Afrique, et, osons le dire, une opportunité économique.

Un impératif stratégique pour la France et l'Europe Pour parvenir à convaincre nos opinions publiques du bien-fondé de la coopération avec le continent africain, il faut le lui présenter dans sa pluralité et ne pas se contenter d'amalgames. Pour ma part, je distinguerai schématiquement trois Afriques.

La première fait la une de l'actualité. Elle est composée de pays qui s'installent dans le cercle vicieuxde l'implosion de l'État, des conflits ethniques et parfois de la guerre et de la famine. Cette Afrique est "hypertrophiée médiatiquement" par rapport au reste du continent.

Dans ce contexte, le rôle de la coopération internationale — et au premier chef celui de la France — est, quand la diplomatie préventive n'a pas permis d'éviter la crise, de porter dans les délais les plus brefs possibles des actions de soutien humanitaire.

Au-delà du coût social et politique de ce type d'intervention (à preuve, les reproches faits en son temps à la France dans le cadre de l'opération Turquoise au Rwanda), il faut souligner les coûts financiers considérables inhérents à ces actions. Ainsi le budget ECHO de la Communauté européenne représente-t-il environ 700 millions d'écus par an, soit l'équivalent de 30% des dépenses annuelles du Fonds européen de développement.

Il est donc de notre devoir et de notre intérêt de tout mettre en œuvre pour éviter le développement de telles situations de crise.

Un important réservoir d'emplois pour la France Il existe une deuxième Afrique en développement et, parfois, en forte croissance, qui représente la majorité des pays du continent. Ce constat n'est pas, contrairement à ce que certains voudraient laisser croire, marqué du sceau d'un optimisme artificiel ou de la méthode Coué, mais le fruit d'un constat objectif. Rappelons à ce propos quelques faits.

Si la décennie 80 a été marquée par la crise des matières premières, la plupart des indicateurs économiques et sociaux sont en amélioration depuis trente ans. L'espérance de vie s'est allongée de plus de vingt ans, le taux d'alphabétisation des adultes s'est accru.

Mais surtout, l'Afrique a repris le chemin de la croissance depuis deux ans. Les derniers rapports du FMI et de la Banque mondiale l'indiquent clairement : plus de 30 pays d'Afrique représentant 61% de la population du continent ont enregistré une croissance positive du revenu par habitant en 1995.

Ce nouveau départ, et en particulier celui des pays de la Zone Franc, qui auront un taux de croissance équivalent à 6% cette année, est une formidable opportunité pour notre pays, qui entretient des liens privilégiés avec ces États, liens qui ont conduit à l'implantation de plus de 1 500 entreprises françaises en Afrique subsaharienne.

Cette Afrique, qui repart, représente aujourd'hui pour la France un excédent commercial supérieur à celui de l'Amérique latine. Elle constitue une importante réserve d'emplois pour nos concitoyens. Rappelons qu'au-delà des 120 000 Français qui travaillent directement sur le continent, on peut estimer que celui-ci est une source d'emplois pour 180 000 de nos compatriotes. Environ 300 000 Français vivent donc de nos échanges avec l'Afrique.

Dans ces pays, trente ans après les indépendances, et dans un contexte de mondialisation des échanges, nos interventions ont changé de nature. Ainsi, nos efforts ne portent plus seulement sur l'émergence des États, mais sur le renforcement du tissu productif et du secteur privé. À titre d'exemple, plus de la moitié de l'aide-projet octroyée en 1995 par la Caisse française de développement, principal opérateur dans le domaine productif, ne sera pas passée par des États. C'est une profonde évolution de nos pratiques de coopération.

De même, le ministère de la Coopération, à côté de son appui à l'émergence de l'État de droit, a sensiblement augmenté ses interventions bénéficiant directement aux populations ou celles passant par les ONG et les acteurs de la coopération décentralisée.

Nous avons donc tout à gagner à poursuivre cette coopération multiforme. Elle nous permet de rester au côté des États qui seront, demain, les nouveaux pays émergents, et s'inscrit, de surcroît, dans un grand pôle reliant l'Europe et l'Afrique, seul capable de faire pendant aux pôles américain et pacifique.

Favoriser la création de pôles régionaux Enfin, entre ces deux Afriques "extrêmes", subsiste une troisième Afrique qui, si j'ose dire, "se cherche". Celle-ci relève de notre responsabilité collective, et de notre sens de la solidarité, afin de l'aider à rejoindre le peloton des pays en croissance et lui éviter ainsi un basculement dans la récession.

La Coopération française peut y contribuer puissamment par le concours qu'elle apporte au redressement des finances publiques ou à l'amélioration des conditions de l'État de droit, mais aussi, et surtout, par la création de pôles régionaux devant permettre aux petits pays de bénéficier de la croissance de marchés élargis. La Zone Franc en Afrique de l'Ouest et la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) en Afrique australe constituent, de ce point de vue, deux zones d'entraînement majeures.

La France apporte donc une contribution essentielleà la résolution de chacun des grands enjeux de ces "trois Afriques", et la permanence de notre action (le partage des bons et des mauvais jours) fonde sa légitimité aux yeux de nos partenaires.

Mais nous ne pouvons travailler isolés et seule une action internationale vigoureuse contribuera à l'émergence du continent africain. C'est le sens des appels du président Chirac aux différents pays contributeurs des fonds multilatéraux, qu'il s'agisse du Fonds européen de développement ou des efforts des pays du G7 pour la reconstitution des principaux guichets destinés aux pays les plus pauvres (AID Agence internationale du développement pour la Banque mondiale, FASR Fonds d’ajustement structurel renforcé pour le FMI...).

La France joue si souvent le rôle d'avocat ou de médiateur en Afrique subsaharienne que certains y voient la rémanence de tentations hégémoniques. Rien n'est plus faux. Ce serait d'ailleurs faire preuve d'un profond aveuglement à l'heure de la mondialisation des échanges.

Nous sommes profondément et solidairement attachés au continent africain par l'histoire, par la langue et par les hommes : beaucoup d'entre eux ont payé le prix du sang lors des deux derniers conflits mondiaux. Cela nourrit une relation beaucoup plus riche et beaucoup plus complexe que les seuls liens purement caritatifs ou, au contraire, strictement commerciaux auxquels on voudrait parfois que nos relations avec ce continent se réduisent.

La Coopération française n'est pas seulement un vecteur d'aide au développement ou le fer de lance de nos intérêts commerciaux : c'est une œuvre de partenariat de longue haleine, faisant appel à la fois au cœur et à la raison, afin que l'Afrique soit au siècle prochain un partenaire à part entière de l'Union européenne.

http://www.groupedesbellesfeuilles.eu/fr/leurope-et-lafrique-pour-une-vision-plus-optimiste-de-lafrique

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vendredi 2 mars 6666

______“ Les causes de l'oppression ” noirs de france... LA PEINE DE MORT N’EST PAS ABOLIE. ELLE EST PRONONCEE DANS LES TRIBUNAUX ET APPLIQUEE DANS LES PRISONS.

Tract annonçant une semaine contre les longues peines et les QI (quartiers d’isolement), du 2 au 8 novembre, sur toute la France.

La prison tue les prisonniers condamnés à quinze, vingt, trente ans de réclusion, les prisonniers condamnés à des peines incompressibles, les prisonniers condamnés à perpétuité:

« En 1981, les socialistes n’ont pas aboli la peine de mort mais juste supprimé la guillotine, et ils ont remplacé la peine de mort par l’enfermement jusqu’à la mort. Jamais les peines prononcées par les cours d’assises n’ont été aussi lourdes, jamais les aménagements de peine n’ont été aussi chiches, pour ne pas dire inexistants. Nouveaux temps, nouvelles techniques: plus propres, plus efficaces, avec moins d’effusion de sang, mais tout aussi violentes et meurtrières. » Des prisonniers de la centrale de Lannemezan

La prison tue les prisonniers enfermés dans les quartiers d’isolement (QI) et dans les quartiers disciplinaires(QD):

« L’obligation de se blinder pour encaisser tous les coups durs induits par la pression de l’isolement sépare les hommes en deux catégories: ceux qui deviennent plus forts et ceux qui craquent. Résultat, les uns prennent des cachets et coulent à pic, les autres font peur à l’administation pénitentiaire parce qu'ils sont perçus comme inoxydables et en quête de vengeance. En résumé, il y a ceux qui combattent et ceux qui abdiquent. Les premiers ont compris qu’il n’y avait pas d’autre choix, les autres croient au pire des poisons existant : l’espoir. » Christophe, depuis le QI de La Santé

« La souffrance morale concerne toute personne détenue; cependant, il semble qu’elle soit poussée à son paroxysme à l’isolement. Cette souffrance a de multiples causes: l’exacerbation des contraintes carcérales, la monotonie, le poids des autres, trop présents ou trop absents, le manque d’intimité, l’absence de vie sociale, la perte de l’image et de l’estime de soi, la perte d’autonomie. Les isolés se retrouvent dépossédés de tout ce qui normalement donne un sens à la vie. » Docteur Dominique Faucher

La prison tue les prisonniers malades, même quand ils sont libérés juste avant:

« Mourir en prison est le sort le plus infâme que puisse vivre un être humain. Nous demandons que soit respecté le droit à mourir dignement, parmi les siens, hors du contexte carcéral. Justice et administration pénitentiaire sont coupables par ordonnance. L’Etat et ses représentants sont coupables de ces négligences assassines. La prison est un moyen de gestion de la précarité et de la pauvreté. Elle devient également un lieu de répression des maladies mentales et un mouroir pour des milliers de détenus atteints de maladies incurables. Libération des détenus atteints de maladies incurables ! » Des prisonniers de la centrale d’Arles en août 2001

La prison suicide de plus en plus de prisonniers:

« Le suicide ne peut pas être le fait d’une désespérance, il est le résultat des pressions subies au quotidien sans possibilités de s’en défendre. La prison, qui soustrait au regard et au « contrôle démocratique», permet toutes les formes d’arbitraire. Des femmes, des hommes sont humiliés, interdits, niés dans leur volonté déshumanisée. Cela a pour conséquence le taux important de suicides en prison. » Une prisonnière de la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis

La prison tue les proches et les familles des prisonniers:

« Nous sommes condamnées par l’ombre des barreaux de ceux qui sont des nôtres. La distance qui me sépare de quarante minutes de parloir, l’appréhension qui me talonne parce que la prison, justement, c’est la prison (sept ou huit décès en un an, sept ou huit proches de prisonniers suicidés, dont on entend si peu parler dans les colonnes de la grande presse…) tout ça, et puis le reste : les obligations courantes, le boulot, le manque de fric, les dettes en suspens... autant de barreaux invisibles, intérieurs, qu’on n’appelle pas par leur nom pour éviter de flancher. » Une mère de prisonnier

La prison tue une génération de jeunes:

« Le système a compris que les mômes avaient compris, que les discours rassurants, ça ne marchait pas. Donc la réponse, vu l’absence de perspectives, c’est de recréer les centres fermés, de construire des nouvelles prisons, de régler les problèmes sociaux par l’enfermement. Le pouvoir sait que ces mômes sont une génération perdue, il n’a rien à leur proposer, donc il doit gérer le problème -et quand on sait qu’en plus, l’enfermement rapporte… » Un prisonnier de la centrale de Saint-Maur

En 1789, la république considérait qu’une peine de plus de dix ans d’emprisonnement était un châtiment plus cruel que la mort. Il est largement reconnu que passé un certain temps, la longueur des peines, les QI et les QD ne sont qu'acharnement, vengeance, destruction de l'individu.

La semaine du 2 au 8 novembre doit être une semaine de résistance contre la mort lente des perpétuités et des longues peines, une semaine de revendication pour les libérations médicales, les libérations conditionnelles…

Abolition des longues peines, des peines de sûreté, de la rétention de sûreté; abolition de l’intolérable peine de perpétuité.

Abolition des mitards et des quartiers d'isolement, fermeture pure et simple de ces lieux de destruction où les morts suspectes sont de plus en plus nombreuses.

Libération de tous les prisonniers malades et handicapés.

Application du rapprochement familial et affinitaire.

Non à la politique du tout-répressif et à toute forme d'enfermement.

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___Qu'elle solution pour un "noirs" de france? La domination économique des uns sur les autres résultant deux stratégies: Individuelle, et s’en sortir seul ou Collective, S’unir et tenté d'inverser la domination, économique et idéologique

Nous nous permettons à travers ces lignes, quelques remarques ’’sociologiques’’ sur la situation des noirs de France.

Le point de départ est la domination économique des uns sur les autres (a). Une telle domination économique se double ensuite d’une domination idéologique (b). Il est clair que (a) entraine (b). Les uns, par leur main mise sur le pouvoir, impose leurs logiques, leurs schémas de pensée, leurs organisations de la société.

Il en résulte deux stratégies (x et y) possibles pour les noirs de France. La première tactique (x), individuelle, consiste pour un noir à s’en sortir seul. Cependant, si il veut réussir individuellement, un noir doit accepter l’idéologie dominante, l’idéologie des uns. C’est le premier visage du ’’noir abusé’’ . Il accepte la domination, il accepte les dominants pour pouvoir récuperer quelques miettes de succès. Une deuxième stratégie (y) est possible. C’est une stratégie collective. Les noirs de France pourraient s’unir et tenter d’inverser la domination, économique et idéologique. Cependant, cette stratégie a un coût très élevé pour chaque noir : il doit refuser la domination des uns et donc renoncer à réussir individuellement, c’est à dire renoncer à la stratégie (x). Or, plus la communauté noire de France est atomisée, plus les noirs sont individualisés, plus il est difficile d’utiliser la stratégie collective (y), et plus il est tentant d’utiliser la stratégie individuelle (x). C’est notamment pour ça qu’on observe dans toute société une tentative de la classe dominante d’atomiser, d’individualiser la classe dominée, pour l’empécher d’agir collectivement en utilisant quelques échantillons phénotypiques comme exemple de réussite. C’est là le vrai but de l’individualisme, tant vanté ces dernières années. C’est une façon de dire aux pauvres : ’’le meilleur moyen de réussir c’est d’être en compétition avec vos semblables’’. On voit clairement que deux classent émergent au sein des noirs de France, le pouvoir, en tant que défenseur de la classe supérieur, veut diviser la classe dominée, et l’empécher de se constituer en tant force politique unie. La communauté noire de France fait face aux mêmes difficultés à se constituer en tant que classe unie et soudée, car la classe dominante atomise tous les dominés, et fait donc préférer la stratégie (x) à la stratégie (y).

La réponse se trouve là : inventer de nouveaux moyen d’unir la communauté noire de France, et la faire dépasser le piège de l’individualisme. Cela passe bien sûr par la conquète du pouvoir économique et idéologique. En ce sens, le nouveau président Obama pourrait être un signe d’espoir, dans la tentative d’unir les noirs plutôt que les diviser...illusion fondée.

Dans ce contexte, seul le lien avec l’Afrique pourrait constituer un atout précieux, à la fois pour sa diaspora et pour ses propres citoyens, éléments qui nous auraient échappé dans notre quotidien.

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jeudi 1 mars 6666

_______DELIT DE LESE MAJESTE : Les francs-maçons réclament «la tête» de Wade.. Les franc-maçons qui vivent discrètement au Sénégal sont reportés brusquement sur les feux de la rampe de l’actualité.

La "pure élite éclaire" peut massacrer, piller, gouverner... Franc-maçonnerie, sectes, marxisme, socialisme, république universelle... C'est la le "nouvel ordre mondial"... De l'argent mais surtout... du sang... beaucoup du sang des autres.

DELIT DE LESE MAJESTE : Les francs-maçons réclament «la tête» de Wade

Les franc-maçons qui vivent discrètement au Sénégal sont reportés brusquement sur les feux de la rampe de l’actualité. Dans les années 80, son excellence l’Ambassadeur, le défunt Latif Guèye de l’Ong Jamra, administrateur de l’Ong 3A «Afrique Aide Afrique», puis honorable député de la coalition Sopi, avait mené dans sa traversée du désert une croisade mortelle contre la franc maçonnerie.




A l’époque, son combat ardu le conduit à menacer de dénoncer les membres des loges sénégalaises les plus influents, insoupçonnés dont d’éminentes personnalités politiques, traditionnelles et même des chefs religieux. Le courageux Latif dû atténuer le combat suite, à moult menaces de mort, médiations, avertissements et conciliations. Cependant, dit-on, “il a fini par être victime de la guerre que lui ont livré en riposte les franc-maçons qui n’ont pardonné cette bravade”. Il connaîtra de nombreux déboires dont l’affaire Cheikhou Cherifou.

Un petit “devin” révélé en Tanzanie qui a visité le Sénégal par ses soins et que Sidy Lamine Niass, le patron de Walf dénoncera comme un simple «enfant érudit» que des escrocs veulent présenter en divin au monde. De nombreuses notabilités des capitales religieuses du pays, en dehors de ceux de Touba qui avait préféré garder leurs distances, ne digéreront cette duplicité qui a transité par lui. Nommé ensuite ambassadeur de 3A à la faveur de l’alternance, le problème du surplus d’anti rétroviraux qu’il aurait vendu afin d’équiper l’hôpital Albert Royer, pour accompagner les actions de la Fondation de Mme Viviane Wade -un détournement d’objectif- le conduiront en prison. Lâché par Wade qui se dira surpris et outré de l’abus de confiance, sa santé s’y détériorera par la déception et la mélancolie.

Il entamera des grèves de la faim, refusera des évacuations sanitaires et une grâce présidentielle, réclamant un procès équitable. Enfin blanchit et libéré, il sera député dans la coalition présidentielle. Son mandat sera écourté brutalement par un banal accident de la circulation par défaut de secours la nuit, sur la route de Kaolack Ndangane. Lors de ses obsèques, le président Wade a loué sa bravoure et regretté un ami avec qui il fut mis en mal tout en avouant lui avoir conseillé un jour de se méfier des franc-maçons. L’épilogue des franc-maçons était loin de prendre fin après cette triste épisode latif.

Le président Wade accusé lui-même d’appartenir à la loge maçonnique sera enfoncé davantage par la dame Marie Mbengue, une de ses nièces, après le désespoir ayant conduit sa fille à s’immoler par le feu en Italie, suite à une violente démêlée physique avec certains éléments de la garde rapprochée présidentielle, qui l’auraient brutalisée et maltraitée. L’opinion médusée s’attendait à un démenti formel du president. Mais ce dernier connu pour sa «franchise» légendaire, a révélé au public s’être bien essayé dans ce milieu étant étudiant mais a été très vite dégoûté ou plutôt il y a été révoqué pour indiscipline...

Cette fois-ci, c’est un Abdoulaye Wade qui, tres avancé en âge, premier citoyen du Sénégal, ayant atteint le cime de tous les honneurs dus à un enfant Sénégalais, qui a décidé de les désavouer publiquement. Une pilule, dit-on, très dure et amère à avaler dans les milieux maçonniques sénégalais toujours vivant dans les secrets des dieux. On raconte que ceux des loges occidentaux qui ont dépassé le seuil de la clandestinité veulent pousser leurs frères du Sénégal à abattre les masques, en les poussant, de jour à jour, à plus d’engagement. D’ailleurs, un franc maçon a débarqué officiellement au Sénégal et même y a tenu des conférences sur les sectes pour dire qu’ils ne se cachent plus en Europe et cela commence timidement ici.

Cependant, l’Eglise du Sénégal, jusqu’ici neutre sur la question, commence à les désavouer, prenant le pas de l’Islam. On raconte que : suite à la menace de leurs intérêts (Ils étaient à l’aise au Sénégal sous Senghor et Diouf), ils avaient transféré leur siège de l’Afrique occidentale francophone de Dakar en Côte d’Ivoire aussitôt après l’alternance. Avec la guerre qui avait éclaté au pays d’Houphouët Boigny, leur come back est compromis par Wade qui les a «bravé et humilié» pour les avoir renié publiquement, avons-nous appris. “Aujourd’hui, Wade est sous l’oeil du cyclone, parce que depuis lors, des lobbyes obscurs tentent de le déstabiliser vaille que vaille de son fauteuil et exploitent le moindre de ses manques de performances et bourdes” conclut notre source qui requiert l’anonymat.

  • 1.Posté par MODOU le 09/01/2010 15:32

VOICI UNE PREUVE DE LA FRAMACONNERIE DE WADE http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/chefs-d-etat-africains-et-francs-macons_738027.html

ET CETTE VIDEO

http://www.youtube.com/watch?v=V69wAD_gVBE

VRAIMENT J'AI PEUR POUR LE SENEGAL http://www.youtube.com/watch?v=V69wAD_gVBE

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______La charité maçonnique, Une société discrète et non secrète... La mission de la Franc-maçonnerie.. Qui peut devenir Franc-maçon ?

  • Qui peut devenir Franc-maçon ?

Tout homme qui croit en Dieu, qui croit que l'être humain doit agir honorablement en toutes choses, qu'il doit laisser le monde dans un meilleur état que celui dans lequel il l'a trouvé, qui reconnaît aux autres le même droit à leurs croyances dont il jouit lui-même, qui croit que c'est non seulement plus méritoire mais aussi plus agréable de donner que de recevoir, qui croit qu'il y a des choses plus importantes dans la vie que le succès financier, qui considère comme son devoir d'être un citoyen exemplaire de son pays, qui croit qu'il faut avoir de la compassion pour les autres et que la bonté de coeur est une des valeurs humaines la plus importante. qui croit enfin que les hommes de la Terre doivent s'efforcer de vivre une amitié vraiment fraternelle. Voilà donc que tout homme de bonne volonté peut devenir franc-maçon.

  • Comment on s'y prend pour devenir franc-maçon ?

Puisque la franc-maçonnerie défend le recrutement, l'initiative doit venir de l'individu lui-même. Il doit en faire la demande à un franc-maçon ou, s'il n'en connaît pas, s'adresser à la Grande Loge du Québec qui le mettra en contact avec la loge la plus proche. Une fois la demande initiale faite, le postulant est pris en charge par la loge qui le guidera dans sa démarche. N'entre pas qui veut, cependant, et le postulant sera soumis plusieurs entrevues dont le but est de mieux connaître l'individu, ses motivations et ses aspirations.

  • Quels sont les frais ?

Les frais d'adhésion sont minimes; généralement moins de 500 $ et comprennent le coût du tablier. Les cotisations annuelles sont, généralement, inférieures à 150 $ par année. Aucune autre contribution financière n'est requise. Les contributions au "fonds de bienfaisance" de la loge sont tout à fait volontaires.

  • Peut-on quitter la franc-maçonnerie ?

Tout membre en règle ( à jour dans ses cotisations) peut quitter l'Ordre en faisant une simple demande écrite à sa loge qui lui accordera son exeat automatiquement, sans autre obligation.

  • Quelle est sa structure et où se trouve son siège social ?

La Franc-maçonnerie n'est pas une organisation monolithique. Chaque juridiction fonctionne sous l'autorité d'une Grande Loge. Toutes les Grandes Loges sont indépendantes l'une de l'autre et souveraines dans leur juridiction. Elles sont liées entre elles par un système de reconnaissances mutuelles. La Franc-maçonnerie au Québec est dirigée par la Grande Loge du Québec et son siège social se trouve à l'angle des rues Saint-Marc et Sherbrooke, à Montréal. L'édifice qu'elle occupe est connu sous le nom de Temple Mémorial et appartient à la Fondation Maçonnique du Québec, enregistrée auprès des autorités publiques comme organisme à but non lucratif dont la principale raison d'être, outre l'administration du Temple, est la bienfaisance.

La Grande Loge est composée de représentants de toutes les loges et elle a à sa tête un Grand Maître qui est élu au suffrage des membres à chaque année. Le mandat du Grand Maître n'excède généralement pas deux ans. La Grande Loge du Québec compte une centaine de loges qui s'étendent aux quatre coins de la Province.

On peut communiquer avec la Grande Loge à l'adresse suivante :

  • Grande Loge du Québec
  • Maçons Anciens, Francs & Acceptés
  • Bureau du Grand Secrétaire
  • 2295 rue St-Marc
  • Montréal (Québec) H3H 2G9
  • Téléphone: (514) 933-6739
  • Télécopier: (514) 933-6730





Quelques réponses simples à des interrogations existentielles, à l'usage des profanes.

La Franc-maçonnerie, ou plus précisément, l'Ordre des Maçons Anciens, Francs et Acceptés, est une société initiatique et philosophique dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Les manuscrits les plus anciens datent du 14ième siècle mais la tradition maçonnique remonte jusqu'aux sociétés et écoles de mystères de l'Antiquité. Ses débuts modernes, cependant, datent de 1717 alors que quatre loges londoniennes se donnèrent une structure administrative (appelée Grande Loge) afin d'organiser plus efficacement l'évolution du mouvement. Dès lors, débuta une expansion phénoménale de l'Ordre, d'abord en Europe, ensuite dans les colonies Britanniques et à travers le monde. La Franc-maçonnerie québécoise est aussi d'origine britannique et les premières loges firent leur apparition vers le milieu du 18ième siècle.

La Franc-maçonnerie et la religion

En 1723, la Grande Loge d'Angleterre publiait ses "constitutions" dont l'article premier stipule: Un maçon est obligé, par son allégeance, d'obéir à la loi morale; et s'il comprend bien l'Art (maçonnique), il ne sera jamais un athée, ni un libertin, ni un impie. Bien que, anciennement il fût du devoir des francs-maçons d'appartenir à la religion de leur pays ou de leur nation respective, cependant il est jugé plus convenable aujourd'hui de les obliger seulement a cette religion sur laquelle tous les hommes s'entendent, laissant à chacun ses opinions particulières, c'est-à-dire d'être des hommes sincères et bons, honorables et honnêtes, quelles que soient leurs distinctions de culte ou de croyance, afin que la maçonnerie devienne le centre d'union et le moyen de cimenter une amitié véritable entre ceux qui, sans ces liens de confraternité, seraient restés séparés éternellement.

La Franc-maçonnerie n'est donc ni une secte ni une religion. Elle ne propose aucun dogme et elle n'a à sa tête aucun gourou. Fondée sur la croyance dans la fraternité des hommes et la paternité de Dieu, la Franc-maçonnerie est une société où des hommes de toutes conditions, de toutes origines et de toutes religions, croyances ou philosophies se témoignent la plus sincère amitié et où ils conjuguent leurs efforts en vue de la construction du Temple idéal de la Vérité, de la Justice et de la Concorde. Elle maintient, à l'égard de toutes les religions, le plus profond respect et elle rejette l'athéisme. Elle laisse ses membres tout à fait libres de leurs propres pensées et elle n'interdit à ses membres que deux sujets de discussion à l'intérieur des loges: la politique et la religion.

La mission de la Franc-maçonnerie

La franc-maçonnerie se définit elle-même comme " un beau système de morale enseigné sous le voile de l'allégorie au moyen de symboles ". Elle n'est pas une école et son enseignement ne peut se communiquer comme celui, rigoureux et unique, d'une science appliquée. Dans les mots de l'écrivain Jean-Pierre Bayard, " La franc-maçonnerie apprend surtout à avoir conscience de n'être pas tout à fait ce que l'on voudrait être; elle permet d'acquérir une maîtrise. Ainsi la franc-maçonnerie n'apporte pas un mot d'ordre; elle ne dispense pas une leçon; elle éveille. " Les valeurs morales qu'elle véhicule ne lui sont pas exclusives: connaissance de soi, amour du prochain, respect de l'autorité légalement constituée, devoir envers l' tre Suprême, etc. Ce qui lui est exclusif, cependant, du moins en occident, est le véhicule; c'est à dire, le rite initiatique. Ce dernier est en effet une allégorie élaborée de la vie qui engendre, chez l'initié, une profonde méditation, une perception et une action intérieure grâce auxquelles l'homme se révèle à lui-même, il dépasse ses propres limites, son soi . Le but primordial de la franc-maçonnerie est donc l'amélioration de l'individu et, partant, celui du genre humain dans son ensemble. On comprendra, dès lors, que l'initiation maçonnique s'effectue avec la plus grande dignité humaine, avec le plus grand respect de l'individu et dans un décorum impeccable.

Société discrète et non secrète

Une société secrète, par définition, en est une qui cherche à dissimuler sa propre existence. Or, la Franc-maçonnerie n'est aucunement cela. La Grande Loge du Québec, comme toutes les autres, est une corporation légalement constituée en vertu des lois du pays. Elle détient une patente constitutive émise par le Gouvernement du Québec, son siège social est bien connu comme le sont les lieux de rencontre de ses loges. La Franc-maçonnerie est cependant discrète. Elle ne fait pas de recrutement pour des membres ni de publicité autour de ses oeuvres de charité. Le secret maçonnique dont ses détracteurs font beaucoup état ne s'applique qu'à certains modes de reconnaissance comme c'est le cas, d'ailleurs, dans bien d'autres organisations similaires. Le serment maçonnique, quant à lui, n'est requis que pour de fins rituéliques et il n'a absolument rien d'incompatible avec les devoirs moraux, civiques ou religieux de tout citoyen de la terre.

  • La charité maçonnique

Bien qu'elle ne soit pas, à proprement parler, un organisme de bienfaisance, la contribution charitable de la Franc-maçonnerie nord-américaine se situe à plus de 500 millions de dollars par année.

En fait, chaque branche de la Franc-maçonnerie privilégie une ou plusieurs œuvres:

les Shriners maintiennent des hôpitaux pour les enfants avec des problèmes orthopédiques (dont un à Montréal) et le centre des grands brûlés de Boston;

le Rite Écossais contribue à la recherche dans le domaine de la santé mentale et du cancer et à des cliniques pour les problèmes de diction;

le Rite York maintient la Fondation des yeux et est actif dans la recherche biomédicale;

les Loges Symboliques privilégient des foyers pour personnes âgées et des orphelinats.

Ces groupes octroient également des bourses d'études à certains individus qui étudient ou font de la recherche dans certains domaines particuliers. Ce n'est là qu'un bref aperçu qui ne tient pas compte des nombreux projets locaux entrepris pas la plupart de loges.

La Franc-maçonnerie encourage ses membres à s'impliquer, non seulement financièrement, mais aussi par le biais du volontariat, dans tout projet communautaire louable.

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