« de rien » et l’on prend une posture conventionnaliste (parfois nommée opérationnaliste). Soit « de quelque chose » et l’on prend une posture réaliste.

L' «appareil psychique», correspond à une branche de la psychanalyse appelée métapsychologie

  • Le référent désigné

Si la clinique permet d’établir des faits, la théorie cherche à en donner une explication rationnelle. Cette explication, dans le champ psychanalytique, se synthétise en un modèle que l’on appelle généralement la structure psychique. De quoi cette structure est-elle le modèle ? Qu'est-ce qui y correspond dans le monde ? Il y a deux réponses possibles à cette question. Soit « de rien » et l’on prend une posture conventionnaliste (parfois nommée opérationnaliste). Soit « de quelque chose » et l’on prend une posture réaliste. Il n’est pas facile de choisir entre les deux réponses. Voyons pourquoi.

La première réponse

Est scientifiquement acceptable et correspond bien à ce qui se passe dans la démarche de recherche de la psychanalyse scientifique freudienne. La désignation du psychisme se fait à partir des faits cliniques, il les explique et rien n'oblige à lui donner un référent. Cependant elle est insatisfaisante. Pourquoi ? Parce que le psychisme n'est pas seulement considéré comme explanans, il est aussi considéré comme ce qui génère les conduites et symptômes. On ne peut dire qu'il est inexistant car « rien » ne peut produire des faits constatables.

Quant à la deuxième réponse,

Réaliste, elle impose de définir le psychisme, mais on tombe sur une difficulté. Freud est toujours resté flou sur la nature du psychisme. Ce n'est pas sans raison. Il y a un obstacle majeur à cette définition, c'est selon nous que c’est une entité mixte au sein de laquelle les aspects biologiques et représentationnels sont intimement mêlés (voir l’article sur la scientificité de la psychanalyse). Le modèle proposé est donc celui d’une entité qui n’est pas homogène et à laquelle il est difficile de donner un statut ontologique.

Donnons un exemple simple, mais précis, de l'utilité épistémologique du psychisme en tant qu'entité mixte. Prenons le cas d'un individu ayant des conduites toujours identiques, par exemple quelqu'un qui cherche dans ses relations à avoir systématiquement une position du supériorité. Ce type de relation doit être inscrite et mémorisée d'une certaine manière pour expliquer la constance des conduites. Pour faire simple on peut dire qu'elle est inscrite sous forme d'un schème relationnel. Ceci étant, il faut préciser ce qu'est ce schème, comment il s'est inscrit et sous quelle forme. Trois hypothèses s'offrent dans l'état actuel de connaissances : soit sous une forme neurobiologique, soit sous une forme neurosignalétique, soit sous une forme représentationnelle.

Que l'on choisisse l'une ou l'autre forme, il faut alors en produire une théorie scientifiquement acceptable. C'est là où l'on bute. En l'état actuel du savoir personne ne peut donner la formalisation représentationnelle d'un schème, ni les circuits et les formules de traitement des signaux cérébraux, pas plus que la neurophysiologie correspondante. Si l'on en choisit préférentiellement une au détriment des autres, il faut montrer pourquoi celle-ci et pas l'autre. Même si prudemment, comme nous le suggérons on suppose ce sont probablement les trois à la fois, on retombe sur un problème. Comme chaque niveau a une certaine indépendance, la force déterminative de l'un ou de l'autre peut être plus ou moins en jeu. Et là encore, aucune démonstration n'est possible actuellement.

Le psychisme sert à compenser ce flou. On suppose que ce schème appartient à cette entité nommée psychisme et à partir de là on le théorise sans se prononcer sur la répartition entre les trois niveaux d'organisation présents chez l'homme. L'intérêt est de ne pas être simpliste et de pouvoir cumuler des explications complémentaires assez fines. Même si on trouve des explications propres à chaque niveau, il est probable que dans un cas comme un schème relationnel on ne puisse pas les départager, car les déterminations peuvent être présentes simultanément et interagir entre elles.

Le psychisme sera alors l'entité mixte permettant d'accueillir ce qui n'a pas de place ailleurs.

En l'état actuel des connaissances, afin concilier ces aspects contradictoires, nous sommes conduits à un compromis entre instumentalisme et réalisme, que l'on peut résumer ainsi :

  • 1/ Il y a une entité qui existe en chaque individu humain.
  • 2/ Cette entité génère les conduites, traits de caractères, relations, symtômes, etc., présentés par chaque individu.
  • 3/ On en donne un modèle théorique construit à partir des faits.
  • 4/ L'entité est mixte, elle comporte à la fois des aspects biologiques et représentationnels, mal départageables.

En conclusion, nous dirions que l'entité désignée, le psychisme, a d’abord une valeur opératoire, celle d’expliquer la clinique.

L’usage du modèle La constitution d’un modèle, la description de l' «appareil psychique», correspond à une branche de la psychanalyse appelée métapsychologie par Freud (1915). La pensée structuraliste a substitué le terme de structure à celui d’appareil et évince le terme de système. Ce dernier serait pourtant préférable car le modèle proposé est constitué par un ensemble d’éléments interdépendants et hiérarchisés dont l’ensemble forme un tout ce qui définit un système. Une structure qualifie quelque chose de fixe, alors que le modèle proposé est dynamique et évolutif (voir après).Toutefois le terme étant couramment employé, il est difficile de revenir en arrière aussi l'utiliserons nous.

Ce modèle théorique est construit pour expliquer la clinique. Il présente des avantages et des inconvénients.

- Conçu dans un mouvement inductivo-déductif, il constitue un guide utilisable en pratique à titre explicatif et prédictif. C’est un énorme avantage car la pratique n’est pas laissée à une pure empiricité sujette à toutes les dérives de la psychologie populaire.

- L’inconvénient de ce modèle, c'est qu’il n’est pas susceptible d'une vérification expérimentale et qu’il n'est pas « falsifiable » (réfutable) au sens donné à ce terme par Karl Popper (1962), qui en fait un critère de scientificité. En effet, il ne permet pas des prédictions exactes, mais seulement des prévisions conjecturales un peu floues.

- Le modèle fonctionne comme un « simulateur », il reproduit de manière abstraite un fonctionnement global permettant certaines prévisions (par exemple, si on change telle condition, il se produira cela).

- Il est imparfait et les recherches à venir devront l'affiner, le complexifier, et s’efforcer d’augmenter sa cohérence et sa pertinence.

La forme générale du modèle

La théorie met en jeu un ensemble de fonctions, d’instances, d’imagos et de mécanismes complexes. L'image du cristal employée par Freud (1932) est intéressante pour situer l'idée de structure. Elle introduit l'idée d'une organisation géométrique stable. Cette analogie introduit cependant une idée critiquable : celle d'une rigidité anguleuse fixée dans des formes précises et distinctes, constituées en blocs homogènes. Cette seconde idée convient mal au psychisme humain et, selon nous, il vaut mieux introduire souplesse et flexibilité dans la modélisation.

Les arguments en faveur d'un modèle souple sont divers. D’abord, la clinique offre souvent des tableaux nuancés, si bien que les structures que l'on construit à partir des cas cliniques ne correspondent pas toujours à une forme bien précise. Ensuite, le psychisme s'édifie progressivement et donc le modèle qui prétend en rendre compte doit être évolutif. Lors de la psychogenèse, les éléments constitutifs du psychisme ne se développent pas à la même vitesse et de la même manière, si bien qu’au terme de l'évolution, on n'a pas un ensemble absolument homogène et cohérent. Enfin, la structure est composée de sous-structures articulées entre elles de façon diverses et il n'y a pas de raisons valables pour considérer que l’ensemble forme un bloc homogène.

Compte tenu qu'il n'y a pas un nombre limité a priori de combinaisons possibles entre éléments, plusieurs types de structures sont envisageables. Dans l'état actuel des connaissances, on décrit deux ou trois grands types d’organisation de la structure psychique. Pour notre part nous admettons au moins trois types de structures : structure névrotique, structure psychotique, structure intermédiaire. Pour chacune, les éléments constituants présentent des particularités (ils sont présents ou absents, plus ou moins investis, plus ou moins efficaces), leurs relations sont différentes (agonistes, antagonistes, tempérées ou pas). Ces types constituent des formes stables. Il se peut qu'on ait besoin d'en inventer d'autres dans l'avenir.

En pratique, l'élaboration de la structure est subordonnée à la clinique, car elle concerne un individu particulier. Pour éviter de préjuger de cet individu, il faut commencer par évaluer ses particularités avant de penser en termes généraux, ce qui signifie que l'induction doit toujours prévaloir sur la déduction. Si l'on procède à l'inverse, le risque d'erreur est évident. Considérant d'emblée, ou trop vite, le type d’organisation, on risque de forcer la clinique pour la faire rentrer dans le moule, ce qui conduit à des erreurs. La clinique est première et la théorisation ne doit venir qu'après une prudente élaboration théorique, respectant les nuances individuelles.

Nous allons la présenter de manière simplifiée, selon un degré de complexité croissante des éléments constituants. Cette synthèse constitue ce que Freud appelait la « boussole métapsychologique ». Cette boussole doit être suffisamment simple et légère pour pouvoir être sortie à tout moment, afin de se repérer utilement. Dans la pratique c’est un instrument à penser qui doit être mis en œuvre régulièrement afin de ne pas se perdre dans les méandres existentiels, ce qui ferait retomber dans la psychologie populaire.

Conclusion : La personnalité humaine

Le modèle du psychisme est un système abstrait et simplifié qui a un effet heuristique considérable. Il permet d’expliquer très largement la clinique et de s’orienter dans la pratique thérapeutique. Jean Bergeret, à partir de 1970, a œuvré pour que l’on attache les termes de névrose et psychose, ni aux symptômes, ni aux traits de caractère, ni à une quelconque maladie, mais à l’organisation psychique.

Comment juger des caractéristiques du psychisme individuel ? En évaluant chaque fonction et système à partir de la clinique. Les fonctions sont-elles efficaces, évoluées et coordonnées entre elles ? Les instances sont-elles archaïques ou bien élaborées ? Quel est l’équilibre pulsionnel au sein du ça ? Il faut aussi juger de la capacité régulatrice du moi, du caractère des structures fantasmatiques et de l’objet. La dynamique est-elle conflictuelle, y a-t-il un déséquilibre d’investissement, les mécanismes de défenses sont-ils archaïques ou élaborés ? Ainsi, différents types de modèles peuvent être distingués.

La forme stable de cette organisation psychique correspond à ce qui est souvent nommé "la personnalité" psychologique de l’individu. Dans la plupart des psychologie de la personnalité on considère que les traits de personnalité sont des manières durables d’interagir avec l'environnement relationnel et social et avec soi-même. On suppose généralement que les traits sont relativement stables au fil du temps et diffèrent selon les individus. En ce qui nous concerne nous nommons ces traits, vus sous un jour descriptif, le "caractère".

Les aspects nettement pathologiques du caractère sont dus soit une forme peu élaborée, archaïque, du psychisme, soit un déséquilibre pulsionnel. Quant aux crises bruyantes avec recrudescence symptomatique, elles s’expliquent par une déstabilisation, une « décompensation » du psychisme. L’équilibre dynamique permettant une stabilité se rompt.

La théorisation métapsychologique construit un schéma du fonctionnement psychique qui se veut simple et pratique. Ce modèle est imparfait et sujet à des révisions régulières suite à l’avancée des connaissances théoriques et cliniques. Il renvoie à une entité mixte dont les conduites et les symptômes sont la résultante.

Avec le modèle du psychisme, nous avons un outil extraordinairement précieux qui donne une intelligibilité des conduites et des différentes personnalités humaines. Les humains ne sont en effet nullement semblables. Cependant de grandes régularités existent et sont constamment retrouvées.

Pour un modèle détaillé voir l'article Un modèle du psychisme qui complète celui-ci.

http://www.philosciences.com/Humain/Psychism.html

Quelle est la difference entre 'psychique 'et 'psychologique'?

l' «appareil psychique», correspond à une branche de la psychanalyse appelée métapsychologie

PSYCHISME : C'est l'ensemble des caractères psychiques d'un individu, qui fondent sa personnalité. Le psychisme est la résultante d'un ensemble complexe de facteurs : satisfaction des besoins vitaux, humeur, émotions, structure affective, intelligence, capacités d'abstraction, activité pratique et créative. Cependant, les composantes du psychisme ne se limitent pas à la perception consciente : elles intègrent également les lois de l'inconscient, les impulsions instinctives, des facteurs génétiques et anatomophysiologiques (malformations cérébrales, hypertrophie du lobe frontal, pariétal, etc.).

PSYCHOLOGIE : C'est l'étude de l'esprit humain. La psychologie étudie le comportement et les motivations profondes de l'être humain d'un point de vue aussi bien intérieur qu'extérieur.

Les développements et les applications de la psychologie sont devenus considérables : celle-ci dépasse aujourd'hui largement le cadre de la pathologie pour s'étendre à des activités aussi diverses que la pédagogie, la formation professionnelle, l'art, la publicité ou simplement le désir de mieux se connaître. La formation psychologique du médecin est indispensable.

Sources : para-médical en milieu hospitalier

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  • Psychique : qui concerne la pensée ("psycho : la pensée, l'âme, l'esprit").
  • Psychologique : La conscience, voire analyse des phénomènes de l'esprit, au sens plus large.

Psychique s'attarde davantage sur l'intérieur réel de l'individu, son être ; tandis que psychologique désigne les sensations liées à la psychologie, et donc plus directement liées au cerveau.

Sources : Définition psychique : Petit Robert.

Attention, là, il va falloir se taper un peu d'étymologie ...

Même si l'usage courant contredit ce que je vais affirmer, il existe une nette différence entre les deux. Le "Psychisme" est tout ce qui touche à l'esprit, au mental, il n'est pas encore question d'étude ni de pathologie.

Le "Psychologique" est en fait l'étude du psychisme, de ses particularités, de ses troubles, des thérapies censées les soigner. Il suppose une approche analytique, l'étude ou/et l'élaboration de théories qui sont censées régenter le psychisme, ou contribuer à la suppression de troubles dont il est affecté.

Pour résumer, c'est un peu comme si on demandait qu'est ce qu'un corps et qu'est ce qu'une difformité corporelle, ou une maladie somatique ...

Sources : L'étude de la psychologie.

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