_____Les ratés de la décolonisation en Afrique; Guerre au Libéria, affrontements au Rwanda, manifestations en Côte-d'ivoire, l'Afrique noire n'en finit pas de payer le prix d'une décolonisation opérée au profit des anciennes métropoles
Par http://www.777-mafia.com/us/home, jeudi 13 décembre 6666 à 10:35 :: __[7.7.7] Works at Secret d'état "Guide infâme de l'être existenciel noirs" battlefield.3 ".. "Le Seigneurs de la Négation" LOI du CHAOS.. :: #3656 :: rss
En 1960, tous les anciens territoires africains d'outre-mer, gagnés bon gré mal gré par les exemples ghanéen et guinéen, demandaient et obtenaient leur indépendance. Mais sans rupture brutale avec la France, en concluant simultanément avec Paris des accords de coopération qui les liaient plus ou moins étroitement à l'ancienne métropole, ne serait-ce que parce qu'ils restaient dans la zone franc.
D'ailleurs, une clause de la Constitution de la Ve République prévoyait la possibilité pour des États indépendants de continuer à faire partie de l'ensemble franco-africain, et jusqu'en 1961 subsista une "Communauté rénovée", à laquelle avaient adhéré le Sénégal, Madagascar, le Tchad, la République centrafricaine, le Gabon et le Congo. Les pays du Conseil de l'entente - Côte-d'lvoire, Dahomey (aujourd'hui Bénin), Haute-Volta (devenue Burkina) et Niger - ainsi que le Mali (dirigé par un proche de Sékou Touré, Modibo Keita) et la Mauritanie avaient pour leur part refusé d'en faire partie, ainsi que des deux anciens territoires sous tutelle de l'ONU administrés pal la France, le Cameroun et le Togo, indépendants également depuis 1960, mais qui n'avaient pas pris part au référendum de 1958. Devant le succès mitigé de l'entreprise, la "Communauté rénovée" était dissoute en mars 1961.
La guerre d'Algérie battait alors son plein et divisait les Africains: la Guinée et le Mali appuyaient le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), aux côtés de l'Egypte de Gamal Abdel Nasser et du Ghana, des pays communistes et des non-alignés, alors que les anciens membres de la Communauté soutenaient, à l'ONU notamment, la politique algérienne de la France. Tous, néanmoins, devaient applaudir les accords d'Evian et l'indépendance de l'Algérie en 1962: pour une bonne partie du tiers-monde, le général de Gaulle était devenu l'un des grands artisans de la décolonisation.
Pourtant, aux yeux au moins de quelques uns de ses vieux adversaires, dont Nkrumah et Sékou Touré, l'indépendance octroyée sans combat aux pays d'Afrique noire fleurait le "néocolonialisme", tandis que celle de l'Algérie lui avait été arrachée de haute lutte et contre son gré. Pour eux, le pré carré des pays francophones de l'ancienne Communauté demeurait une chasse gardée où Paris exerçait une influence prépondérante sur des États habilement "balkanisés". La France avait divisé pour régner. D'autant que la plupart des dirigeants de ces États francophones dits "modérés" et pro-occidentaux s'opposaient aux projets d'unité africaine et au panafricanisme militant de Kwame Nkrumah et des responsables des pays dits "progressistes" ou "révolutionnaires", amis de l'URSS, comme Sékou Touré et Modibo Keita, qui avaient créé une union - éphémère elle aussi - Ghana-Guinée-Mali. Nkrumah était balayé par un coup d'État en 1966; Keita subissait le même sort en 1968.
Il est vrai que plusieurs des - nombreuses - interventions françaises en Afrique noire, sous la présidence du général de Gaulle, ne pouvaient que conforter dans leur opinion ceux qui accusaient la France de néocolonialisme. En premier lieu, au Congo-Léopoldville, l'ancienne colonie belge (aujourd'hui Zaïre) qui avait, lui aussi, accédé à l'indépendance en 1960. Paris prit en effet le parti de la sécession du Katanga et de Moïse Tschombé (dit "Tiroir-Caisse"), marionnette au mains du grand capital belge, contre le premier ministre Patrice Lumumba, considéré comme un dangereux agitateur proche de Moscou. L'idée étant sans doute d'affaiblir un grand Etat africain qui risquait d'attirer dans son orbite des voisins moins puissants, comme les anciennes colonies françaises du Congo-Brazzaville et de la République centrafricaine, et aussi d'acquérir quelques intérêts dans les riches mines de cuivre du Katanga.
Au Gabon ensuite, en 1964, où des parachutistes français débarquent pour remettre en selle le président Léon Mba, un moment renversé par un coup d'État. De 1967 à 1970, enfin, la diplomatie française, appuyée par celles de la Côte-d'Ivoire et du Gabon, soutient la cause de la sécession du Biafra contre le -gouvernement fédéral du Nigéria (lui aussi indépendant depuis 1960). Là encore, le but de Paris est, d'une part, d'affaiblir un grand Etat africain entouré de pays francophones beaucoup plus faibles, comme le Dahomey ou le Niger, et de prendre une part prépondérante dans l'exploitation des ressources pétrolières de l'est du Nigéria. Et surtout, peut-être, la France est le seul pays au monde à fournir des armes (avions, chars, hélicoptères) à l'Afrique du Sud, au mépris des recommandations de l'ONU (le "machin" qui a exaspéré le général de Gaulle lors de la guerre d'Algérie). Et il se trouve que, précisément, l'Afrique du Sud et son allié le Portugal, qui lutte alors déjà contre les mouvements de libération du Mozambique et de l'Angola, encouragent les sécessions katangaise et biafraise.
Ainsi la "balkanisation" de l'Afrique anciennement française a-t-elle indirectement entraîné un soutien à des causes douteuses, au nom de l'anticommunisme notamment. Mais peut-être cette "balkanisation" était-elle inévitable, en raison d'égoïsmes nationaux aussi neufs que vivaces, comme semble l'attester la dissolution des ensembles fédéraux mis en place par la Grande-Bretagne: ceux de la Communauté économique est-africaine (Kenya, Ouganda et Tanganyika) et de la Fédération des Rhodésies et du Nyassaland (aujourd'hui Zimbabwe, Zambie et Malawi) après l'accession à l'indépendance de ces États (entre 1961 et 1964, sauf pour le Zimbabwe - l'ancienne Rhodésie du Sud - beaucoup plus tardive, en 1980). Le seul exemple en sens contraire étant la fusion des deux Somalies - la britannique et l'italienne - lors de la proclamation de leur indépendance en 1960.
Quoi qu'il en soit, la politique africaine de la France sous les présidents Pompidou et Giscard d'Estaing est restée prisonnière des mêmes schémas, attachée à préserver son influence sur le pré carré francophone, voire à l'étendre en Afrique anglophone ou ex-belge, à la défendre aussi contre les visées libyennes. D'une manière générale, la diplomatie française en Afrique a continué jusqu'en 1981 à soutenir les régimes dits "modérés", même lorsqu'il s'agissait de dictatures corrompues: comme lors de l'intervention des parachutistes français à Kolwezi au Shaba (ancien Katanga) en 1978, qui, destinée à protéger des ressortissants européens, a sauvé le président Mobutu. La France a continué aussi à vendre des armes à l'Afrique du Sud avec qui le président Houphouët Boigny entendait nouer un "dialogue" pour la faire renoncer à l'apartheid - jusqu'à ce que la pression de l'organisation de l'unité africaine la contraigne à y renoncer progressivement. Elle a, avec d'autres membres de l'OTAN (en particulier la RFA et les États-Unis), fourni des armes à l'armée portugaise pour ses campagnes contre le MPLA en Angola et le FRELIMO au Mozambique, que soutenaient les pays communistes.
Cet appui aux régimes "modérés", au racisme sud-africain et au colonialisme portugais ne pouvait manquer d'entraîner des revers: quand une révolution progressiste, à Madagascar en 1972, écarte du pouvoir le président Philibert Tsiranana, la France y perd sa base navale de Diego-Suarez.
La défense du pré carré africain a par ailleurs entraîné un long conflit avec la Libye - à laquelle la diplomatie du président Pompidou, soucieuse de gagner le marché d'un pays riche en pétrole, avait vendu des Mirage. La France s'est ainsi empêtrée durant de longues années au Tchad, où pourtant le président Tombalbaye ne ménageait pas ses sarcasmes à M. Jacques Foccart, l'éminence grise de l'Elysée pour les affaires africaines sous de Gaulle et Pompidou, accusé d'être l'instigateur de tous les coups fourrés plus ou moins réussis qui fragilisaient l'Afrique francophone. Sa réputation est si mauvaise que M. Giscard d'Estaing s'empresse de le limoger dès son élection en 1974, Mais le nouveau président, que ses safaris ont familiarisé avec l'Afrique noire, y est aussi interventionniste que ses prédécesseurs, au risque de faire passer la France pour le "gendarme des États-unis" sur le continent, c'est un voyage en Libye en 1979 de Jean Bedel Bokassa qui le décide à se débarrasser de celui dont la France avait payé l'extravagant couronnement par une opération militaire aéroportée, baptisée Barracuda, qui était un coup d'État en bonne et due forme.
L'arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, a apporté quelques changements notables: malgré quelques bavures, Paris a appliqué les sanctions contre l'Afrique du Sud et a établi des relations amicales avec les régimes - marxistes - des anciennes colonies portugaises. L'intervention militaire française au Tchad s'est enfin révélée payante, ce qui n'est pas une mince performance. Moins glorieuse sans doute a été la réconciliation définitive avec Sékou Touré, malgré les révélations sur le sinistre camp de la mort où le dictateur guinéen laissait ses opposants mourir de faim. C'est que les pays francophones continuent d'être l'objet d'une sollicitude attentive qui soulève parfois des interrogations, comme l'envoi d'unités françaises au Togo en 1986 pour soutenir le président Eyadema après une tentative de coup d'État apparemment partie du Ghana. Ou au Gabon en 1990, pour y protéger les ressortissants français et assurer leur évacuation en raison des manifestations contre le régime du président Bongo.
Au sommet franco-africain de La Baule, en juin dernier, M. Mitterrand a encouragé les présidents africains à démocratiser leurs institutions tout en se défendant de vouloir s'ingérer dans les affaires intérieures des pays concernés. La méthode - douce - consistera à délier plus ou moins rapidement les cordons de la bourse qui alimente leur budget selon les progrès enregistrés vers le multipartisme et le respect des droits de l'homme.
Un exercice qui requiert pour le moins quelque doigté. Est-il de nature à entraîner les changements radicaux que réclament, en Afrique francophone, des populations frappées par la misère, indignées par la corruption des pouvoirs en place, et bridées dans leurs aspirations à la liberté? Pour elles, le bilan de ces trente ans d'"indépendance surveillée" est plutôt amer, Mais il faut bien dire qu'ailleurs en Afrique la rivalité américano-soviétique, compliquée par les ingérences arabes et la politique de déstabilisation de l'Afrique du Sud dans les pays de la "ligne de front", a eu des résultats encore plus désastreux que le paternalisme français...
..fin du texte
Notes:
(1) En 1959, l'Afrique comptait neuf États indépendants: Éthiopie, Libéria, Egypte, Libye, Soudan, Maroc, Tunisie, Ghana et Guinée. L'arrivée des dix-sept autres, en 1960, portait ainsi à vingt-six le nombre des nations souveraines du continent, soit environ la moitié de celles qu'il compte aujourd'hui.
- 1/(début du texte) L'amer bilan de trente années d'indépendance a donné un nouveau souffle aux aspirations démocratiques qui s'expriment aujourd'hui avec force. L'Occident saisira-t-il cette chance en encourageant la marche vers plus de liberté et de justice ou, une fois encore, se fera-t-il le défenseur d'intérêts égoïstes et à courte vue?
1960 a été l'"année des indépendances africaines": dix-sept anciennes colonies d'Afrique noire - dont quatorze françaises - sont alors devenues des États souverains (1). La décolonisation complète du continent ne s'est toutefois achevée que trente ans plus tard, en 1990, avec la fin de la tutelle sud-africaine sur la Namibie, tandis que le grand rêve panafricaniste de l'unité du continent, caressé entre autres par le Ghanéen Kwame Nkrumah, se dissipait rapidement. Bien plus, durant ces trois décennies, le continent africain est resté un enjeu que se sont disputé les grandes et moyennes puissances - dont la France - à coups d'interventions militaires, de pressions diplomatiques et économiques. La fréquence et le poids de ces ingérences - à la demande parfois, d'ailleurs, des pays africains eux-mêmes - ont réduit considérablement l'exercice de leur souveraineté. On peut certes en dire à peu près autant de l'Amérique centrale et du Sud-Est asiatique, mais la "dépendance" persistante du continent africain, et surtout de l'Afrique noire, reste frappante. Entre autres parce qu'elle a été durement atteinte par la chute des prix des matières premières et qu'elle est aujourd'hui écrasée par le poids de sa dette.
C'est la Grande-Bretagne qui a donné, en 1957, le coup d'envoi de l'indépendance de l'Afrique noire, en l'accordant au Ghana et à son premier ministre, Kwame Nkrumah. Elle avait aussi pris, la première, l'initiative de la décolonisation en Asie, dès 1947, en renonçant à son empire des Indes.
La France, seconde puissance coloniale du globe, avait suivi le mouvement: elle s'était retirée d'Indochine en 1954 après la défaite de Dien-Bien-Phu, puis, en 1956, du Maroc et de la Tunisie. L'insurrection algérienne avait éclaté en 1954, et, en 1955, la conférence de Bandoung, à laquelle participaient les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques, dont le Chinois Zou Enlai, l'Égyptien Nasser et l'Indien Nehru, avait revendiqué le droit à l'indépendance de tous les peuples colonisés et consacré l'émergence du tiers-monde sur la scène internationale.
L'agitation qui avait secoué la tutelle coloniale au Maghreb avait globalement épargné les territoires français d'Afrique noire, auxquels la loi-cadre de Gaston Defferre avait accordé en 1956 une large autonomie de gestion avec des Assemblées élues et un exécutif africain, encore présidé, toutefois, par le gouverneur colonial. La dernière révolte importante avait été le soulèvement des indépendantistes de Madagascar, en 1947, dont la répression avait fait plusieurs dizaines de milliers de morts (80 000 selon certaines estimations).
Semi-souveraineté et "balkanisation"
Néanmoins, lorsqu'il revient au pouvoir en mai 1958, le général de Gaulle estime indispensable de faire un geste spectaculaire envers l'Afrique noire: il soumet à référendum une Constitution qui prévoit l'instauration d'une Communauté franco-africaine où un certain nombre de compétences dites "communes" (défense, diplomatie, monnaie, etc.) sont partagées entre la métropole et les territoires africains, qui accèdent à une semi-souveraineté limitée à la gestion de leurs affaires intérieures. A une énorme majorité dans la plupart des cas, les territoires consultés répondent "oui". Sauf la Guinée de Sékou Touré, où le "non" l'emporte à la quasi-unanimité. Le dirigeant guinéen, qui se situe dans la mouvance marxiste, invoque pour justifier son refus le fait que la nouvelle Communauté entraîne la disparition des deux grandes entités fédérales, - l'Afrique occidentale française (AOF), et l'Afrique équatoriale française (AEF) - que la loi Defferre avait laissé subsister. Il accuse le général de Gaulle de vouloir "balkaniser" son ancien empire colonial pour mieux le contrôler.
C'est, peu ou prou, ce qui allait arriver, quelles qu'aient été les intentions du général de Gaulle. Pourtant, la Communauté franco-africaine ne devait avoir qu'une existence éphémère.
http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/colon/rates_decolonis.htm
http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/colon/rates_decolonis.htm
Trente ans d"'indépendance surveillée" Les ratés de la décolonisation en Afrique par CLAUDE WAUTHIER
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