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lundi 31 mai 2010

______D’une façon marginal, vivre En marge de la société: A quoi l'homme doit-il renoncer pour vivre en société? ...Si une société libre ne peut pas aider les nombreux qui sont pauvres, elle ne peut pas sauver les riches qui sont peu.

...Si une société libre ne peut pas aider les nombreux qui sont pauvres, elle ne peut pas sauver les riches qui sont peu

Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire : " Ceci est à moi" et trouva assez de gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères, que d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui arrachant les pieux ou comblant les fossés, eût crié à ses semblables : " Gardez-vous d'écouter cet imposteur, vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne.

Un début de problématisation ...




L’homme, si l’on en croit Aristote, est un être social, et ne réalise sa nature qu’au cœur même d’une communauté politique : il est animal politique, et n’atteint son humanité que par et dans ce qui le relie aux autres hommes. De ce point de vue, l’humanité est un universel : elle n’est que dans la relation au corps social. Pourtant, l’homme est divers. S’il est par nature politique, il n’en reste pas moins que ses choix personnels peuvent l’amener à s’éloigner de sa participation au politique, au sens où l’entend Aristote, et à s’éloigner de la société elle-même

Qu'est-ce que la société, quelle que soit sa forme? Le produit de l'action réciproque des hommes... Posez telle société civile, et vous aurez tel État politique, qui n'est que l'expression officielle de la société civile.

Peut-on vivre en marge de la société ?

Remarquer que le verbe « pouvoir » renvoie à deux acceptions différentes : être capable de... ; avoir le droit de (plus précisément : est-ce légitime de...) Noter qu'il ne s'agit pas ici de vivre hors de la société, mais « en marge ». Il conviendra de déterminer clairement ce que l'on entendra par vivre « en marge » de « la société ».

Se crée consécutivement à ces règles une sorte de norme commune qui régit ce qui doit être ou ne pas être, ce qui peut se faire ou ne doit pas se faire. A différents niveaux, l'exemple d'actualité de la crise des banlieues, le film « L'enfant sauvage » de François Truffaut ou encore Robinson Crusoé de Daniel Defoe me semblent des exemples pertinents pour illustrer ce sujet. C'est ce dernier que nous allons examiner plus attentivement pour voir dans quelle mesure il enrichit l'examen du sujet. Robinson Crusoé est naufragé involontaire sur une île déserte après avoir connu la société civilisée de l'époque soit l'Angleterre du début XVIIIe. Il se retrouve donc contraint de vivre en marge de la société qu'il a toujours côtoyée et ce du jour au lendemain. Il se débat avec deux alternatives : se laisser mourir ou bien s'adapter à la situation et la tirer à son profit. Bien que durant les vingt-cinq ans qu'il passera sur cette île il ait envisagé la possibilité du suicide, c'est toujours son instinct de survie qui a prévalu. Cela peut nous laisser affirmer que dans l'absolu, l'individu peut vivre - dans l'acception première du verbe - à l'écart de la société : le fait est que la marginalisation, même subite et même non choisie, n'entraîne en aucun cas la mort. Cependant, on observe tout au long du roman que le naufragé a besoin de se rattacher à des éléments matériels ou à des valeurs de la société dans laquelle il a grandi. Ainsi, de prime abord il cherche à se construire une cabane sur le modèle des maisons européennes (avec un toit, des murs).

... Quand nous voyons dans quel pétrin se trouve notre société et les difficultés énormes qu’elle rencontre, nous sommes tout près de considérer qu’il faut une force extérieure considérable pour maintenir les hommes ensemble, car ils ne semblent vraiment pas sociables. L’existence des conflits sociaux est immémoriale et il ne semble pas y avoir de société humaine sans tensions internes...

Le terme « existence » est utilisé depuis Saint Thomas D’Aquin cependant, la réflexion concernant cette dernière est beaucoup plus récente. En effet, la tradition philosophique s’est plutôt concentrée sur la notion d’essence qui permet de rechercher la nature des choses. Ainsi, s’est-elle plutôt préoccupé de donner une définition aux choses. Dire qu’un objet existe, c’est semble t-il se contenter d’affirmer qu’il est et cela n’implique pas qu’on soit capable de repérer sa nature.

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______D’une façon marginal, vivre en marge de la société. A quoi l'homme doit-il renoncer pour vivre en société? Les riches qui pensent que les pauvres sont heureux ne sont pas plus bêtes que les pauvres qui pensent que les riches le sont.

...Si une société libre ne peut pas aider les nombreux qui sont pauvres, elle ne peut pas sauver les riches qui sont peu.

Un début de problématisation ...



L’homme, si l’on en croit Aristote, est un être social, et ne réalise sa nature qu’au cœur même d’une communauté politique : il est animal politique, et n’atteint son humanité que par et dans ce qui le relie aux autres hommes. De ce point de vue, l’humanité est un universel : elle n’est que dans la relation au corps social. Pourtant, l’homme est divers. S’il est par nature politique, il n’en reste pas moins que ses choix personnels peuvent l’amener à s’éloigner de sa participation au politique, au sens où l’entend Aristote, et à s’éloigner de la société elle-même

Qu'est-ce que la société, quelle que soit sa forme? Le produit de l'action réciproque des hommes... Posez telle société civile, et vous aurez tel État politique, qui n'est que l'expression officielle de la société civile.

... Quand nous voyons dans quel pétrin se trouve notre société et les difficultés énormes qu’elle rencontre, nous sommes tout près de considérer qu’il faut une force extérieure considérable pour maintenir les hommes ensemble, car ils ne semblent vraiment pas sociables. L’existence des conflits sociaux est immémoriale et il ne semble pas y avoir de société humaine sans tensions internes...

Le terme « existence » est utilisé depuis Saint Thomas D’Aquin cependant, la réflexion concernant cette dernière est beaucoup plus récente. En effet, la tradition philosophique s’est plutôt concentrée sur la notion d’essence qui permet de rechercher la nature des choses. Ainsi, s’est-elle plutôt préoccupé de donner une définition aux choses. Dire qu’un objet existe, c’est semble t-il se contenter d’affirmer qu’il est et cela n’implique pas qu’on soit capable de repérer sa nature.

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samedi 22 mai 2010

_______Dieu est-il un trou noir? D'après le dogme islamo-judéo-chrétien inspiré des sumériens et du culte d'Aton, Si dieu est un trou noir, cela expliquerait l'attirance des prêtre pédo pour le petit trou noir des enfants…

Dieu est-il un trou noir? D'après le dogme islamo-judéo-chrétien inspiré des sumériens et du culte d'Aton, "dieu" est "tout-puissant", ce qui correspond à une masse-énergie infinie, c'est à dire à un trou noir infini. Mais il n'existe pas de trou noir infini, sinon, NOUS, nous n'existerions pas ! De plus, rien ne peut sortir d'un trou noir : ni matière ni énergie, ni information : en voulant être "tout-puissant", Dieu est-il devenu un trou noir ?

Ça mérite réflexion !

Si dieu est un trou noir, cela expliquerait l'attirance des prêtre pédo pour le petit trou noir des enfants…

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____Presque 40 ans après les indépendances, l’Afrique était mal partie dans les années 60. Aujourd’hui, nous sommes déjà au XXIème siècle et l’avenir semble incertain pour la jeunesse africaine.. La jeunesse africaine, une bombe à retardement !

Conclusion

La jeunesse longtemps marginalisée par ses gouvernants, attend que des solutions soient trouvées pour soigner les maux qui la minent depuis les indépendances. Marquée par les injustices sociales, les guerres et la drogue, elle risque de «brûler» les métropoles africaines si les chefs d’Etat continuent à se comporter comme des chefs coutumiers. Saisiront-ils l’occasion à eux offerte par la rencontre Afrique-FMI à Libreville pour réduire la pauvreté sur le continent et travailler pour sa croissance afin que la jeunesse puisse avoir du travail? La bombe que constitue celle-ci, en particulier dans les pays subsahariens, est encore prête à éclater si on ne la désamorce pas à temps.

Dr. Noël Kodia, enseignant-chercheur, Brazzaville

La jeunesse africaine, une bombe à retardement pour le continent

Le XXème siècle vient de s’éteindre il y a quelques mois. Presque quarante ans après les indépendances, on peut donner raison à René Dumont quand il affirmait que l’Afrique était mal partie dans les années 60. Aujourd’hui, nous sommes déjà au XXIème siècle et l’avenir semble incertain pour la jeunesse africaine qui pourrait se définir comme une bombe à retardement s’il n’y a pas un sursaut d’orgueil de la part des dirigeants africains, leur bilan social, politique et culturel étant globalement négatif. Après quarante ans d’indépendance, les Etats africains (surtout au sud du Sahara) viennent de montrer aux yeux du monde qu’ils ont été en majorité dirigés par des «analphabètes» politiques qui ont hypothéqué l’avenir des jeunes au détriment de leur égoïsme. Pourquoi l’Afrique a-t-elle détruit sa jeunesse qui, pourtant, quelques décennies avant les indépendances, avait prouvé à l’opinion internationale que l’on pouvait compter sur elle dans le processus du développement du continent?

La jeunesse africaine avant les indépendances

C’est une jeunesse patriotique qui ne connaît pas encore l’ethnicité car formée culturellement sur le modèle de la société colonisatrice. Beaucoup de jeunes rêvent d’aller plus vite que le temps; certains abandonnent leurs études et vont immigrer dans les capitales occidentales dont les principales seront Paris et Bruxelles pour Francophones et Londres pour les Anglophones. Dans le milieu juvénile, le métier des armes est considéré comme une perte de temps; c’est une préoccupation de ceux qui «n’aiment» pas l’école. Ayant découvert les vertus de la politique à travers les livres et les partis politiques européens, plus particulièrement ceux du pays colonisateur, les jeunes s’intéressent à la politique et veulent la faire à l’image des Européens. C’est ainsi que naîtront des associations et partis politiques qui auront pour point focal un idéal fondé sur une conception commune au niveau des idées et non sur l’ethnicité comme on le remarque maintenant dans la plupart des pays africains.

Les jeunes après les indépendances

L’Afrique a été peut-être décolonisée trop tôt. Quarante ans après les indépendances, sa jeunesse a sombré dans le désarroi. Sa capacité de créativité et de raisonnement développée par l’école coloniale et même postcoloniale n’est plus qu’un triste souvenir. La jeunesse actuelle fait peur et l’on serait même en droit de se demander si l’élite politique africaine a conscience de la situation précaire dans laquelle se trouve le continent. Il faut souligner que les jeunes ont subi la gestion chaotique des hommes politiques qui ont pris la relève des administrations coloniales dès les années 60. Pendant plusieurs décennies de règne sans partage et cela jusqu’à l’aube du XXIème siècle, les dirigeants africains se sont caractérisés par l’inconscience, l’analphabétisme politique et la gabegie, des maux qui ont porté un coup fatal à l’évolution de la jeunesse. Les chefs d’Etats africains se sont presque comportés en chefs «irresponsables». De 1960 à nos jours, la majorité des leaders africains se sont montrés incapables de mettre en oeuvre ce qu’ils ont appris auprès des grands hommes d’Etat de l’Occident. Ils ont plutôt cultivé le tribalisme et l’ethnicité pour faire asseoir leur pouvoir. Dans sa réflexion intitulée «L’ethnicité et le phénomène urbain en Afrique subsaharienne», le professeur Albert Muluma Munanga, parlant de certains pays à ce sujet stipule que «sur le plan politique, plusieurs partis politiques ont été modelés sur la base ethnique. C’est notamment le cas du Parti Démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI) du feu Président Houphouet Boigny par la création de sections ethniques (...). Le cas du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) du Président Mobutu au Zaïre constitue un autre exemple? Pour avoir une popularité, le MNR (avait) crée une branche spécialisée en son sein ++dénommée ’alliance des Bangalas’ (...). Au Congo-Brazzaville, on (peut citer) les cas du parti de Bernard Kolélas, de Yombi Opango etc.».++

Avec cette nouvelle conception de faire la politique, la jeunesse voit se créer en elle un divorce entre l’idée d’appartenir à un groupe ethnique et celle de faire membre d’un parti politique au sens propre du terme.

L’échec des hommes politiques, synonyme de malheur de la jeunesse

De 1960 au seuil du XXIème siècle, l’Afrique a échoué dans son développement qui devait garantir l’avenir des jeunes. Si on peut louer quelques pays anglophones (l’Afrique du Sud, la Namibie, le Kenya...) qui se sont développés au cours des dernières décennies du XXème siècle, triste est le sort des pays francophones et lusophones, en particulier ceux de l’Afrique Centrale dont le retard est criard sur les plans culturel, social et économique. Les jeunes de ces pays (Tchad, République Démocratique du Congo, Congo-Brazzaville, Centrafrique et Angola) ont connu la guerre. Malgré quelques réalisations de prestige, les dirigeants politiques n’ont pas été à la hauteur de leur tâche. N’ayant pas pu préserver l’héritage de la colonisation, ils ont paradoxalement détruit le peu de réalisations laissées par l’administration coloniale. L’école et la santé qui sont les points vitaux du développement d’une société ont été négligées. Et pourtant les potentialités ne manquent pas dans certains de ces pays comme la République Démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville et l’Angola qui ont des sous-sols riches (cuivre, bauxite, diamant, pétrole...). Malheureusement leurs jeunesses croupissent dans la misère. Des usines n’ont pas été créées pour embaucher les jeunes après leur formation professionnelle; les rares laissées par les colons ont subi la loi de la nationalisation avant d’être littéralement «détruites» par la gabegie et le tribalisme des hommes au pouvoir. Les services sociaux et publics les plus élémentaires qui devaient au moins préserver la santé des populations, et particulièrement les jeunes qui

constituent la couche la plus dynamique de la société, n’existent plus dans les villes africaines. L’école et l’université sont malades et il se crée ipso facto une inquiétude au sein de la jeunesse qui vit actuellement dans la saleté et le SIDA. Dans les villes comme Kinshasa et Brazzaville (les capitales les plus rapprochées de la planète), la saleté et le SIDA ne respectent pas les frontières dans le milieu des jeunes des deux rives. A Kinshasa comme à Brazzaville, les services de voirie ne sont plus fonctionnels et les gouvernements constatent impuissants la dégradation des conditions de vie de leurs populations. On assiste dans certains quartiers des deux villes à des scènes insoutenables. Des jeunes désoeuvrés se donnent aux vidanges des fosses sceptiques dans des conditions inimaginables. Ils creusent de grands trous dans les rues à l’intérieur desquels ils déversent toutes les matières fécales qu’ils tirent des fosses sceptiques. Et quand les pluies arrivent, c’est toute la saleté qui se répand dans tout le quartier avec ses conséquences telles les épidémies de diarrhée et de fièvre typhoïde qui font des victimes surtout au niveau des plus petits. Pendant quarante ans, les leaders politiques africains se sont comportés en chef de village. Il y a eu des gouvernements, des institutions créées à l’image des pays modernes mais les chefs d’Etat du continent n’ont pas été sérieux dans l’exercice de leur fonction car prisonniers de leur ethnicité. Ils n’ont pas pu conscientiser la jeunesse pour créer des nations sur les territoires hérités de la colonisation. Dans son livre «Le manguier, le fleuve et la souris», le Président du Congo-Brazzaville a le courage de reconnaître que la jeunesse de son pays a été (et serait encore) marginalisée; triste constat: «Les plus sacrifiés sont les jeunes (...). Quelle perspective leur offre-t-on? Après avoir vu leurs rêves et leurs espoirs confisqués, le pouvoir (politique) les laisse en proie à tous les doutes, par conséquent à tous les excès». Devant l’échec d’une partie de l’élite politique africaine, beaucoup de jeunes sont tentés par les pays développés. Ceux qui y sont déjà et qui ont terminé leurs études et formations ne veulent plus rentrer au pays à cause de la sauvagerie et l’animalité qui s’y sont installées. Quarante ans après les indépendances, les jeunes Africains constituent à végéter dans le désespoir où l’arme et la drogue les guettent à tout moment.

La jeunesse africaine, une bombe à retardement

L’immaturité politique en Afrique a donné naissance à des sociétés d’orphelins par le biais des guerres ethniques et du SIDA. On rencontre maintenant en Afrique les «enfants des rues» âgés en général de cinq à quinze ans, errant dans les grandes villes, abandonnés à eux-mêmes. Incapables d’aller à l’école pour les plus petits et de poursuivre les études pour les plus grands, ces orphelins pensent trouver leur «bonheur» dans la drogue et les armes qui souvent les emmènent au pillage et au viol. L’Afrique serait-elle en voie de disparition avec une jeunesse qui ne lui inspire plus confiance? Réponse mitigée car elle n’a aucune ambition, aucun défi à relever. Et comme l’affirme l’historien congolais Théophile Obenga, «on disparaît quand on n’arrive pas à relever les défis». Si la jeunesse ne peut pas défier le SIDA, la culture guerre à elle imposée par les hommes politiques, si l’école et l’université africaines continuent à être extraverties (leurs diplômes n’étant plus pris au sérieux sous d’autres cieux), la disparition dont parle Théophile Obenga pourrait se concrétiser pendant ce nouveau millénaire. Angoissés et poussés au désespoir, les jeunes seront capables de prendre des risques car n’ayant plus confiance au pouvoir. Sans travail avec un avenir plus qu’incertain, ils développeront, avec le goût des armes et de la drogue, une culture de pillage, de gangstérisme et de barbarie. Les petits Angolais et Congolais l’ont bien su démontrer en Afrique centrale.

Il faut désamorcer la bombe

Le troisième millénaire devrait être porteur d’espoir pour les jeunes Africains. Le continent est riche. La plupart des Etats qui ont connu les guerres ont le diamant, la bauxite, l’or, le pétrole, l’eau et le soleil; mais paradoxalement la couche juvénile de ces pays n’en profite pas. Il faut redynamiser l’école et revaloriser surtout l’enseignement technique et professionnel. Des relations humaines, les jeunes Africains devraient faire un effort pour que vive la cohabitation ethnique qui souvent, quand elle est mal entretenue, provoque des remous sociaux qui retardent ainsi le développement de la conscience nationale. Pour Albert Muluma Munanga, «trouver les mécanismes qui permettent la coexistence interethnique (...) est le défi capital auquel doit faire face la sagesse de l’élite africaine actuelle (...) et parmi des solutions possibles pour l’instauration de la coexistence interethnique, (...) le seul moyen, c’est la culture d’une conscience nationale». Une autre aubaine pour le continent pour que le XXIème siècle soit le siècle de la renaissance africaine: la rencontre Afrique-FMI de l’année passée (janvier 2000) au Gabon. Les dirigeants africains, pour donner une chance à la jeunesse, ont intérêt à respecter les recommandations du FMI préconisées à Libreville. Ils doivent maintenant tourner le dos à la guerre pour s’occuper convenablement de la condition sociale des jeunes qui peut être définie comme l’élément moteur du développement d’un pays. Les Etats africains devraient profiter des largesses que leur a faites le FMI à Libreville sur «la croissance et la réduction de la pauvreté en Afrique». Pour les Institutions de Bretton Woods, le social doit maintenant passer avant la macro-économie; elles veulent que les gouvernants africains soient à l’écoute de leurs populations, surtout les jeunes. Ils doivent les associer à la gestion économique. Il faudra aussi effacer l’image de la guerre et de la drogue qui hante encore la conscience des jeunes en dépensant plus dans les secteurs sociaux (éducation, culture, santé) et moins dans l’armement. Le XXIème siècle pourrait être africain si l’on respecte les recommandations de Libreville qui feront que des millions d’Africains, en particulier les jeunes, sortent de la pauvreté et passent de la survie à la vie.

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______Indigènes sous la république(1)Frantz Fanon : "Peau noire, masques blancs et refoulement" complexe d’ infériorité du Noir et son désir de lactification - blanchir sa race.

Peau noire, masques blancs est sûrement l’ œuvre de Frantz Fanon la plus caricaturée de nos jours. Et certains révolutionnaires d’extrême gauche y sont, à vrai dire, pour beaucoup. ( Partie 1 )

À leurs yeux, le Fanon dénonçant les rapports de domination sur l’ « homme de couleur », n’ a pas le même intérêt que le théoricien de la révolution anti-coloniale. Il est même supposé être beaucoup moins intéressant. Grave erreur !

Peau noire, masques blancs est un ouvrage qui permet de bien prendre en compte la complexité réelle du racisme - et non de le réduire à sa portion congrue comme on le voit de nos jours grâce au fétichisme anti-lepéniste. Mais surtout, cet ouvrage permet de saisir les effets du racisme sur ses victimes à travers une analyse de leur inconscient. Car l’inconscient ne triche pas, ne ment jamais. Lorsqu’il se manifeste, alors que l’on réfute la réalité d’une névrose, l’inconscient, et corrélativement, ses effets, vous rappellent à l’ ordre dans l' instant. Mais combien d’ antiracistes, dissertant sur le racisme dont peuvent être victimes les Noirs, ont-ils lu ce livre resté célèbre de par son seul titre ? On devine bien que peu d’entre eux s’en sont donnés la peine. On se demande d’ailleurs si certains de ceux qui s’ en réclament ne se seraient pas arrêtés qu’ à la seule lecture du titre afin de s’ attribuer une conscience « anti-aliénation » à moindre frais.

Fanon a pensé en vain, dans le vide. Ses analyses n’ ont absolument pas été prises en compte par l’ antiracisme français, alors que le racisme anti-noir existe dans ce pays et a même une origine lointaine - il y vit de plus une forte population d’origine africaine. Lorsque le paternaliste de gauche jette son dévolu sur les idées des penseurs d’ un autre monde que le sien, il ne recherche que les thématiques qui abondent dans son sens, en se désintéressant totalement du reste. Que l’ on ne feigne donc pas l’ étonnement face à ce comportement.




« L’ on nous dira, oubliant en cela notre but, que nous aurions pu porter notre attention ailleurs, qu’ il existe des Blancs n’entrant pas dans notre description. Nous répondrons à ces objecteurs que nous faisons ici le procès des mystifiés et des mystificateurs, des aliénés, et que, s’il existe des Blancs à se comporter sainement en face d’un Noir, c’est justement le cas que nous n’avons pas à retenir. Ce n’ est pas parce que le foie de mon malade fonctionne bien que je dirai : les reins sont sains. Le foie étant reconnu normal, je l’ abandonne à sa normalité, qui est normale, et je me tourne vers les reins ; en l’ occurrence, les reins sont malades. Ce qui veut qu’ à côté de gens normaux qui se comportent sainement selon une psychologie humaine, il en est à se comporter pathologiquement selon une psychologie inhumaine. Et il se trouve que l’ existence de ce genre d’hommes a déterminé un certain nombre de réalité à la liquidation desquelles nous voulons contribuer ici »

Frantz Fanon




Né en Martinique, en 1925, Frantz Fanon meurt à Washington, en 1961, à l’ âge de 36 ans, des suites d’une leucémie. Sa vie fut courte mais pleine d’ idées, de sorte qu’ à sa mort, le mythe était déjà en construction. L’ homme est de tous les combats : en 1943, il quitte la Martinique et s’engage dans les Forces Françaises Libres contre l’ Allemagne nazie, avant de se rendre compte que le Français moyen n' en a rien à faire de sa propre libération. Quelques années plus tard, il rejoindra la branche la plus radicale du F.L.N algérien dans sa lutte pour l’ indépendance.Fanon est dans une logique simple : s’ il se doit d’apporter sa contribution à la France occupée par la tyrannie nazie, il se doit au même principe quand la France oppresse un peuple qui désire s’ émanciper de sa tutelle.

Durant sa courte vie, le révolutionnaire martiniquais marqua de son empreinte des générations entières d’intellectuels anticolonialistes, d’ acteurs de la contestation noire aux USA et d’ activistes d’extrême gauche grâce à des ouvrages comme Les damnés de la terre, L’ an V de la Révolution algérienne, Pour la révolution africaine. Nous nous attarderons ici sur Peau noire, masques blancs, publié en 1952.

Dès l’ introduction de Peau noire, masques blancs, les choses sont clairement posées : « Pourquoi écrire cet ouvrage ? Personne ne m’ en a prié. Surtout pas ceux à qui il s’adresse. Alors ? Alors, calmement, je réponds qu’il y a trop d’imbéciles sur cette terre. Et puisque je le dis, il s’ agit de le prouver » (1)

On comprend vite que cet ouvrage va briser la langue de bois, commotionner monsieur Tabou, fracasser les faux-fuyants sur les relations entre le Blanc dominateur et le Noir dominé et colonisé. Car Frantz Fanon met franchement les pieds dans le plat. Il va là où d’ autres n’ auraient jamais osé s’ aventurer, trop effrayés de briser le petit confort de l’antiracisme-spectacle. Ce dernier se complait dans une posture exclusiviste posée en termes réducteurs et ne pipe mot au sujet des effets psychologiques du racisme sur les racisés de longue date.

Fanon décrit les répercussions du racisme sur les Noirs avec une précision d’ horloger suisse et un tel refus de la langue de bois que l’ on devine bien pourquoi tant de Noirs, supposés être sensibles à ce genre de combats antiracistes, préfèrent le laisser dans l’ oubli. Celui-ci dissèque toutes les pathologies qui sont nées de l’ intériorisation du racisme par les Noirs : haine de soi, complexe d’ infériorité, fascination du Blanc : « l’ infériorisation est le corrélatif indigène de la supériorisation européenne, prétend Fanon. Ayons le courage de le dire : c’ est le raciste qui créé l’ infériorisé » (2)

Il certifie que « le Noir ne peut se complaire dans son insularité », raison pour laquelle il fuit son être afin de s’approprier la seule « porte de sortie » qui l’ intéresse vraiment. Celle-ci « donne sur le monde blanc. D’ où cette préoccupation permanente d'attirer l' attention du Blanc, ce souci d' être puissant comme le Blanc, cette volonté déterminée d' acquérir les propriétés de revêtement, c' est à dire la partie d' être ou d' avoir qui entre dans la constitution d’ un moi » (3). Ils sont des hommes à peau noire qui revêtent des masques blancs. « Le nègre esclave de son infériorité, le Blanc esclave de sa supériorité se comportent tous deux selon une ligne d’ orientation névrotique, continue-t-il. (…) Il y a chez l’homme de couleur tentative de fuir son individualité, de néantiser son être-là » (4)

Ce livre propose une réelle « interprétation psychanalytique du problème noir » qui permettra au Noir de « se libérer de l’ arsenal complexuel qui a germé au sein de la situation coloniale »(5). Il ambitionne de détruire le cycle infernal qui fait de certains Blancs des être enfermés dans leur blancheur et qui « s’ estiment supérieurs aux Noirs », pendant que de leurs côtés, des Noirs totalement possédés « veulent démontrer aux Blancs coûte que coûte la richesse de leur pensée, l’ égale puissance de leur esprit » (6)

Rejet du côté blanc et consolidation de sa supériorité supposée. Du côté noir : volonté obsessionnelle d’ exister aux yeux de celui qui le rejette puis acceptation sans rechigner du « règlement intérieur » qu’ il lui impose. Le Noir ne se contente pas d’ intérioriser la grammaire psychologique inhérente à son infériorité supposée, il y a carrément une « épidermisation » totale. Le Noir dont il est question ici est le névrosé, le pur produit du racisme occidental qui a hérité de toutes les tares que lui a enseigné le Monstre. Et, aussi « pénible que puisse être pour nous cette constatation, nous sommes obligés de la faire : pour le Noir, il n’ y a qu’un destin. Et il est blanc »




« Mannoni dit  : " La France est le pays le moins raciste du monde ". Beaux nègres, réjouissez-vous d’ être français, même si c’est un peu dur, car en Amérique vos congénères sont plus malheureux que vous…La France est un pays raciste, car le mythe du nègre-mauvais fait partie de l’ inconscient de la collectivité.»

Frantz Fanon




Fanon ne vise à rien d’autre qu’ à la désaliénation du Noir…autant que celle du Blanc. C’est le but ultime :

« Il est de bon ton de faire précéder un ouvrage de psychologie d’un point de vue méthodologique. Nous faillirons à l’ usage. Nous laissons les méthodes aux botanistes et aux mathématiciens. Il y a un point où les méthodes se résorbent. Le " sauvage de la brousse" n’ est pas envisagé ici. C’est que, pour lui, certains éléments n’ont pas encore de poids. Beaucoup de nègres ne se retrouveront pas dans les lignes qui vont suivre. Pareillement beaucoup de Blancs. Mais le fait, pour moi, de me sentir étranger au monde du schizophrène ou à celui de l’ impuissant sexuel n’ attaque en rien leur réalité. Les attitudes que je me propose de décrire sont vraies. Je les ai retrouvées un nombre incalculable de fois. Cet ouvrage est une étude clinique. Ceux qui s’ y reconnaîtront auront, je crois, avancé d’un pas. Je veux vraiment amener mon frère, Noir ou Blanc, à secouer le plus énergiquement la lamentable livrée édifiée par des siècles d’ incompréhension (…) » (7)

La question essentielle est posée : est-ce que le Noir est capable de dépasser son « sentiment de diminution, d’ expulser de sa vie le caractère compulsionnel qui l’ apparente tant au comportement du phobique », sachant que « chez le Nègre, il y a une exacerbation affective, une rage de se sentir petit, une incapacité à toute communion humaine qui le confine dans une insularité intolérable » (8) ?

Pour le coup, celui-ci cherche à compenser son « étouffement » en sortant de ce corps dans lequel il se sent à l’ étroit, tout en ayant le sentiment de ne pas exister aux yeux de ceux qu’il ambitionne d’ éblouir. Alors, il part à la conquête de ses « fantasmes infantiles », cherchant à les matérialiser à n’importe quel prix.




« Nous n’ aurons aucune pitié pour les anciens gouverneurs, pour les anciens missionnaires. Pour nous, celui qui adore les nègres est aussi ’’malade’’ que celui qui les exècre. Inversement, le Noir qui veut blanchir sa race est aussi malheureux que celui qui prêche la haine du Blanc »

Frantz Fanon




La première partie du livre s’intitule « le Noir et le langage » et se propose de décortiquer la manière dont le colonisé s’oblige à mettre sa propre culture et sa langue en jachère afin d’adopter le langage du maître civilisateur. Pour exemple, celui du « noir Antillais qui se verra d’autant plus blanc, c’est-à-dire se rapprochera d’autant plus du véritable homme, qu’il aura fait sienne la langue française » (9). L’Antillais qui connaît la métropole est comme « un demi-dieu » aux yeux des autres. Il a vu le monde civilisé. Aussi, se permet-il de revenir « se faire consacrer » auprès de l’ « indigène » des îles, celui « qui-n’est-jamais-sorti-de-son-trou, le bitaco »(10) Débarquant en France, il pousse son désir de se détacher des stéréotypes négatifs en luttant absolument contre « le mythe du Martiniquais qui mange-les-R » et s’oblige, au contraire, à les rouler comme personne ne les roule plus en France.

Fanon se navre d’ailleurs de la pauvreté d’une littérature antillaise pensée et écrite en créole. Le créole serait plus sauvage que le français ou, si l’on veut, moins civilisé. Il est donc rejeté en tant qu’expression d’un imaginaire local auquel on substitue le français, LA langue par excellence. Des générations entières d’Antillais de cette époque se sont vues interdire l’utilisation du créole par leur propre famille, histoire de maîtriser la langue réelle, sans l’accent exotique qui ne fait pas très « évolué » au goût de certains.

Aux Antilles, on parle la langue officielle de la France - qui est le français - et « les instituteurs surveillent étroitement les enfants pour que le créole ne soit pas utilisé ». Impossible de s’émanciper sur ces points tant la domination jacobine est oppressante.

On peut se féliciter qu’il y ait des « ouvrages traduits du ouolof ou du peuhl » et le psychiatre suit d’ailleurs « avec beaucoup d’intérêt les études de linguistique de Cheik Anta Diop » mais Fanon attend toujours le réveil créole.

Chez le mystifié-mystificateur Blanc, le problème du langage se pose aussi. Des médecins blancs, face à des Noirs ou des Arabes des colonies, s’autorisent toujours, ou presque, à leur parler petit-nègre. Frantz Fanon remarqua ce trait de condescendance chez la plupart de ses confrères médecins : « Bonjour, mon z’ami ! Où y a mal ? Hé ? Dis voir un peu ? Le ventre ? Le cœur ? » (11)

S’ il n’y a pas la revendication clairement affichée de rabaisser les indigènes, les médecins adoptant ce genre d’attitudes ne font rien d’autre que perpétuer un rapport de domination en s’adressant à eux comme s’ils étaient d’une humanité inférieure. Certes, pour se défendre, les paternalistes pourront toujours prétendre que « parler aux nègres de cette façon, c’est aller à eux, c’est les mettre à leur aise, c’est vouloir se faire comprendre d’eux, c’est les rassurer » (12) mais le fond du problème demeure.

Ce sont les militaires français de l’armée coloniale qui inventèrent le « petit-nègre », appelé originellement le « français tirailleur». Il fut conçu afin de faciliter la communication entre le commandement français et les soldats indigènes puis est resté dans l’imaginaire français comme symbole du langage de la majorité des Africains : moi y’en a être content être ici et y servir armée français.

Pour Fanon, « parler petit-nègre à un nègre, c’est le vexer, car il est celui-qui-parle-petit-nègre » (13) et c’est « justement cette absence de volonté, cette désinvolture, cette nonchalance, cette facilité avec laquelle on le fixe, avec laquelle on l’emprisonne, on le primitivise, l’anticivilise, qui est vexante » (14). Ce sont les attitudes qu’ont en propre les « salauds ». Lui se fait un devoir moral de parler correctement à ses patients, et ce, quelque soit leur niveau de maîtrise du français. Il se « refuse à toute compréhension paternaliste » (15). Il s’ « adresse toujours aux " bicots " en français correct, et a toujours été compris » (16)

Le Blanc définit ce qui correspond à sa conception du raffinement puis établit non seulement une norme mais, plus encore, une non-distance entre ce raffinement et les attributs de sa propre culture, de sa propre civilisation. Dans le même temps, il installe une distance entre ce même indigène et la culture dominante qu’est la sienne. Dans cette approche, le Noir, et plus largement le colonisé, obéit à ce règlement et a l’impression d’exister en se reconnaissant dans ce que l’homme, le vrai, a de plus cher : sa langue, sa femme type, ses vêtements, sa nourriture, ses mythes, sa religion etc.

Parmi les colonisés, il y a une lutte pour obtenir la meilleure place auprès du Blanc. C’est à celui qui en sera le plus proche. Chacun veut se déterminer sous les meilleurs aspects, avec comme seul souci de s’éloigner le plus possible de la dernière place, celle qui incarne le sauvage à l’état pur. Chacun revendique sa non-distance, donc sa proximité avec le modèle blanc. Il n’est certes pas blanc, mais il est tout de même différent de ce qui se fait de pire :

« Nous avons connu, poursuit Fanon, et malheureusement nous connaissons encore, des camarades originaire du Dahomey ou du Congo qui se disent Antillais ; nous avons connu et nous connaissons encore des Antillais qui se vexent quand on les soupçonne d’être Sénégalais. C’est que l’Antillais est plus " évolué " que le Noir d’Afrique : entendez qu’il est plus près du Blanc ; Cependant pour beaucoup d’Antillais cette situation n’est pas ressentie comme bouleversante mais comme tout à fait normale. Il ne manquerait plus que ça, nous assimiler à des nègres ! » (17)

Pour ces étudiants du Dahomey ou du Congo qui se font passer pour antillais, le but n’est pas seulement de fuir une couleur - car c’est impossible pour eux. Ils veulent fuir le statut de dernier de la classe ( humaine ), la place de sauvage assignée par le monde civilisé. En se disant antillais, ils sont tout simplement moins sauvages que ceux qui sont juste africains. Ils sont montés en humanité.

Le cas de ces Antillais tombant en état de démence à la moindre allusion à l’Afrique, s’explique par le même cheminement intellectuel. Frantz Fanon décrit ce rejet par un fait simple : aux Antilles, la vision du monde se résume dans 4 mots qui sont « nos pères, les Gaulois ». C’est à partir de cette vision assimilatrice qu’il déclare : « L’Antillais ne se pense pas Noir ; Il se pense antillais. Le nègre vit en Afrique. Subjectivement, intellectuellement, l’Antillais se comporte comme un Blanc. Or c’est un nègre. Cela, il s’en apercevra une fois en Europe, et quand on parlera de nègres il saura qu’il s’agit de lui aussi bien que du Sénégalais » (18) Mais, précise-t-il, on ne doit pas oublier que l’Antillais est d’abord français et qu’il est amené « à tout instant à vivre avec des compatriotes blancs » (19). Raison pour laquelle il ne doit pas s’enfermer dans un imaginaire exclusivement noir qui le condamnerait à créer « des chansons pour enfants noirs » et des « ouvrages d’histoire » du même type.

Fanon est révolté par l’image du Noir au cinéma. Quand il lui arrive d’aller voir un film américain, il appréhende l’ apparition du bon négro ridicule à l’écran. À quel moment va t-il arriver celui-là ? Quand va t-il faire mourir de rire la salle en jouant son rôle d’arriéré, engoncé dans ses tares, elles-mêmes consubstantielles à sa « race » ?

Mais surtout, son obsession c’est la figure du nègre Y’ a bon banania. Dans le film Requin d’acier, le nègre servant dans un sous-marin est à l’image de ce mythe banania : trouillard et servile. Il tremble « au moindre mouvement de colère du quartier-maître » et sera « finalement tué dans l’aventure (…). Oui, au Noir on demande d’être bon négro ; ceci posé, le reste vient tout seul(…) » (20)

Quelque soit la névrose, celle-ci est d’abord le corollaire de la situation culturelle. C’est par ce biais que circule la dévalorisation du Noir :

« il y a une constellation de données, une série de propositions qui, lentement, sournoisement, à la faveur des écrits, des journaux, de l’éducation, des livres scolaires, des affiches, du cinéma, de la radio, pénètrent un individu - en constituant la vision du monde de la collectivité à laquelle il appartient. Aux Antilles, cette vision du monde est blanche parce qu’aucune expression noire n’existe (…). C’est seulement à l’apparition d’Aimé Césaire qu’on a pu voir naître une revendication, une assomption de la négritude. La preuve la plus concrète, d’ailleurs, en est cette impression que ressentent les jeunes générations d’étudiants antillais débarquant à Paris : il leur faut quelques semaines pour comprendre que le contact de l’Europe les oblige à poser un certain nombre de problèmes qui jusqu’alors ne les avaient pas effleurés. Et pourtant ces problèmes ne manquaient pas d’être visibles » (21)

Le Noir capte son image dépréciée à travers plusieurs supports de communication. Honteux et gêné de ce qu’il voit, il rejette violemment celle-ci et se convainc de ne pas en être. Ainsi naît la négrophobie. Le souci est de prendre le contre-pied radical de ce que le Blanc montre du Noir. Si les Blancs rient du nègre sauvage que les actualités coloniales présentent, c’est surtout parce qu’ils sont persuadés qu’ils leur sont supérieurs. Aussi, pour les persuader qu’il n’est pas différent et qu’il est lui aussi supérieur à ces primitifs, le Noir rie avec eux.

Dans le chapitre consacré au Nègre et la psychopathologie, il est démontré comment lors de la projection des aventures de Tarzan, le Noir antillais s’identifie immédiatement à Tarzan. Tarzan incarne le Blanc, certes sauvage, mais beaucoup moins que les Africains qu’il lui font face. En revanche, dans une salle d’Europe, Tarzan est rejeté en tant que primitif. De même, « un documentaire sur l’Afrique, projeté dans une ville française et à Fort-de-France, provoque des réactions analogues. Mieux : nous affirmons que les Boschimans et les Zoulous déclenchent davantage l’hilarité des jeunes Antillais (…) » (22)

Le sauvage c’est l’Autre : je ne suis pas sauvage ! Ainsi, l’Autre ne peut être moi. J’établis, par conséquent, un cordon sanitaire civilisationnel entre lui et moi afin que la confusion ne s’opère pas. Je marque ma différence, assez fort pour qu’elle soit entendue par le vrai homme :

« Il est normal que l’Antillais soit négrophobe. Par l’inconscient collectif, l’Antillais a fait siens tous les archétypes de l’Européen. L’anima du nègre Antillais est presque toujours une Blanche. De même, l’animus des Antillais est toujours un Blanc (…). Un peu plus tard, nous lisons des livres blancs et nous assimilons petit à petit les préjugés, les mythes, le folklore qui nous viennent d’Europe (…) Le noir Antillais est victime de cette imposition culturelle. Après avoir été esclave du Blanc, il s’auto-esclavagise. Le nègre est, dans toute l’acception du terme, une victime de la civilisation blanche. Rien d’étonnant à ce que les créations artistiques des poètes antillais ne portent pas d’empreinte spécifique : ce sont des Blancs. Pour revenir à la psychopathologie, disons que le nègre vit une ambiguïté qui est extraordinairement névrotique. À vingt ans, c’est-à-dire au moment où l’inconscient collectif est plus ou moins perdu, ou du moins difficile à ramener au niveau du conscient, l’Antillais s’aperçoit qu’il vit dans l’erreur. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que, et ceci est très important, l’Antillais s’est connu comme nègre, mais, par un glissement éthique, il s’est aperçu ( inconscient collectif ) qu’on était nègre dans la mesure où l’on était mauvais, veule, méchant, instinctif. Tout ce qui s’opposait à ces manières d’être était blanc. Il faut voir là l’origine de la négrophobie de l’Antillais. Dans l’inconscient collectif, noir = laid, péché, ténèbres, immoral. Autrement dit : est nègre celui qui est immoral. Si dans ma vie je me comporte en homme moral, je ne suis point un nègre. D’où, en Martinique, l’habitude de dire d’un mauvais Blanc qu’il a une âme de nègre (…) » (23)

Frantz Fanon ne se ment pas. Il ne triche pas avec lui-même. Il admet qu’il a lui aussi été victime de l’imposition culturelle et livre sa honte sur certains de ses comportements téléguidés par la culture dominante.

Le Procureur Fanon ?

À sa sortie, Peau noire et masques blancs offusqua le milieu littéraire. Il se permettait de dire des choses fortes à une époque où l’on ne s’était pas encore habitué à entendre un Noir faire autre chose que danser avec une jupe faite de bananes. Frantz Fanon a aussi déclenché la colère de certaines « féministes » à cause de son deuxième chapitre : La femme de couleur et le Blanc, et plus particulièrement les pages concernant « Mayotte Capécia ». On va vite comprendre pourquoi.

Dès les premières pages, il expose « dans quelle mesure l’amour authentique demeurera impossible » entre la femme de couleur et l’Européen « tant que ne seront pas expulsés ce sentiment d’infériorité ou cette exaltation adlerienne (…) » (24). Car l’amour - le vrai, pas la sublimation d’un fantasme qui déifie le sociétaire d’une « race » jugée supérieure à la sienne -, celui qui se fonde sur le principe de « vouloir pour les autres ce que l’on postule pour soi, quand cette postulation intègre des valeurs permanentes de la réalité humaine » (25), doit commencer par se libérer « des conflits inconscients » (26)

Il n’y a donc pas d’amour réel possible tant que le sentiment d’infériorité du Noir vis-à-vis du Blanc ne sera pas débusqué - l' inverse est tout aussi vrai. Ce contrat entre l’ amoureux et son amante, n’ étant pas respecté, seule la désillusion pointera le bout de son nez en fin de parcours.

Et c’ est à ce moment précis qu’ arrive la cas « Mayotte Capécia ». Le nom de cette écrivaine martiniquaise est devenu synonyme de l’ aliénation du Noir et de son complexe d’ infériorité grâce, ou à cause, de la « machine à broyer » Fanon. Beaucoup de personnes se sont plaintes de la dureté du jugement de Fanon alors qu’ au fond il n’ évoque « Mayotte Capécia » que de la page 34 à 42. Les autres allusions parsemées tout au long de l’ ouvrage ne seront que ponctuelles. Mais le mal est fait, consommé.

Qui est donc « Mayotte Capécia » ? Cette martiniquaise (27) était devenue la coqueluche d’ un certain milieu littéraire parisien après la publication de son roman autobiographique, baptisé « Je suis martiniquaise », en 1948. Selon Fanon, ce roman autobiographique confortait, à lui seul, les clichés les plus avilissants concernant le complexe d’ infériorité du Noir et son désir de lactification - blanchir sa race.

Le « procureur » Fanon qualifia le livre de « Mayotte » d’ « énorme mystification » et d’ « ouvrage au rabais, prônant un comportement malsain ». Il dénonça la toute puissance du paternalisme parisien et blanc qui voyait d’ un très bon œil une Antillaise entériner la supériorité de leur petit monde sur le sien. « Mayotte Capécia » répondait à ce que Sophie Bessis a nommé l’injonction mimétique (28) : exiger des Autres qu’ils correspondent à l’image que l’on se fait d’eux afin de dépasser ce qu’ils sont réellement.

Les raisons de la colère du « procureur » ? Mayotte est une femme qui rêve du Blanc mythique comme d’ autres rêvent de l’ american dream. Le Blanc représente tout pour elle : le beau, le bon, le juste. En revanche, les mots durs, la diffamation, les préjugés raciaux réducteurs, elle les réserve tous aux seuls Noirs. Elle ne jure que par le Blanc qu’ elle sacralise au point où elle écrira : « je décidai que je ne pourrais aimer qu’ un Blanc, un blond avec des yeux bleus, un Français » (29)

Ainsi les choses sont claires, « c’ est vers la lactification que tend Mayotte. Car enfin il faut blanchir la race ; cela toutes les Martiniquaises le savent, le disent, le répètent » (30) « Mayotte Capécia » l’ affirme sans retenue : « J’ aurais voulu me marier, mais avec un Blanc ». Et le « procureur » tempête : « Mayotte aime un Blanc dont elle accepte tout. C’ est le seigneur. Elle ne réclame rien, n’ exige rien, sinon un peu de blancheur dans sa vie. Et quand, se posant la question s’ il est beau ou laid, l’ amoureuse dira : " tout ce que je sais, c’est qu’ il avait les yeux bleus, les cheveux blonds, le teint pâle, et que je l’ aimais " - Il est facile de voir, en remettant les termes à leur place, qu’ on obtient à peu près ceci : " je l’ aimais parce qu’ il avait les yeux bleus, les cheveux blonds et le teint pâle ". Et nous qui sommes Antillais, nous le savons que trop : le nègre craint les yeux bleus, répète-t-on là-bas » (31)

Son « insularité » est telle qu’ à vingt ans, Mayotte refuse de s’ imaginer que Dieu puisse être autre chose que blanc : « J’ ai vu depuis au cinéma, le film des « Verts pâturages » dans lequel les anges et Dieu lui-même sont noirs, et cela m’ a terriblement choquée, témoigne-t-elle. Comment imaginer Dieu sous les traits d’ un nègre ? Ce n’est pas ainsi que je me représente le paradis. Mais après tout, il ne s’ agissait que d’ un film américain » (32)

Décidément, pour « Mayotte », « le Dieu bon et miséricordieux ne peut être noir, c’ est un Blanc qui a des joues bien roses. Du noir au blanc, telle est la ligne de mutation. On est blanc comme on est riche, comme on est beau, comme on est intelligent » (33)

Dieu est blanc, comme les anges et tout ce qui est juste, grand et beau. Un Dieu et des anges noirs ne correspondent pas à sa réalité. À la réalité. Un jour, « Mayotte » découvre que sa grand-mère était blanche ( « je m’ en trouvais fière » déclare-t-elle ) mais « au lieu de se découvrir noire absolument, elle va accidentaliser ce fait ». Elle s’explique enfin la pâleur de teint de sa mère qui était donc une métisse : « J’aurais dû m’ en douter avec son teint pâle. Je la trouvais plus jolie que jamais, et plus fine et plus distinguée. Si elle avait épousé un Blanc, peut-être aurais-je été tout à fait blanche ? …Et que la vie aurait été moins difficile pour moi ? (…) » (34)

Parce qu’ elle a du sang européen, la mère de « Mayotte » est donc plus fine et plus distinguée, d’un coup de baguette magique. Ces caractéristiques seraient inhérentes à la « race » blanche. Le « procureur » n’en démordra pas : Mayotte demeure une de « ces femmes de couleur échevelées, en quête du Blanc » qui fantasment « à une nuit merveilleuse, à un amant merveilleux, un Blanc » (35). Et rien d’autre.

Des propos durs ? Certes ! très durs - ce reproche de la radicalité a toujours été fait à l' homme : déjà, sa conception très virile de la révolution effrayait ses plus fervents défenseurs. Mais ces propos n’ ont d’ égal que la pathétique image que « Mayotte Capécia » vendait d’ elle-même et des Antillais. Les défenseurs de « Mayotte » réclamant une certaine indulgence à son égard, devraient s’ inspirer d’ un mot de Victor Schœlcher qui soutenait que « pour mériter la sympathie des hommes de bon sens et de bon cœur, le premier devoir serait de se mettre de niveau avec la civilisation et d’ accorder aux autres ce que l’ on réclame pour soi-même »

Fanon relèvera d’ailleurs certaines incohérences dans le récit de Mayotte. Notamment, lorsqu’ elle dit : « avoir connu Fort-de-France très tard, vers dix-huit ans ; pourtant les villas de Didier NDR : qu’elle évoque dans son récit avaient charmé son enfance. Il y a dans ce fait une inconséquence que l’ on comprend si l’ on situe l’ action. Il est habituel en effet, en Martinique, de rêver à une forme de salut qui consiste à se blanchir magiquement. Une villa à Didier, son insertion dans la société de là-haut ( la colline de Didier domine la ville ), et voici réalisée la certitude subjective de Hegel » (36)

On ne comprendra que plus tard ces incohérences. En 1993, on apprend que « Mayotte Capécia » était en fait le pseudonyme d’ une jeune femme nommée Lucette Céranus Combette. Morte à 39 ans - elle aussi d’ un cancer, comme son « procureur » - Lucette Combette avait une culture tellement limitée qu’ elle n’ aurait jamais pu écrire aucune ligne de « ses » deux romans.

Ces « nègres » - on préfèrera le terme anglais de Ghost writers d’ ailleurs - étaient des auteurs blancs, des Français de France - l’ un d’ eux était l’ amant de Lucette mais son nom n’ a pas été révélé. Les rédacteurs des deux ouvrages ont utilisé la vie de « Mayotte Capécia » pour surfer sur la vague de l’ exotisme doudouiste et servir aux Français une image qui allait conforter leur arrogance vis-à-vis des Français d’ outre-mer. Il fallait mettre en scène les emblèmes de cette domination blanche sur les Autres en persuadant les Français que la manière qu’ ils ont de traiter leurs colonisés est juste : la preuve ! même cette femme, qui venait de ces endroits coupe-gorge, était d’ accord avec cette réalité « objective ».

Ainsi, la jeune « Mayotte » nous est présentée, à travers la plume de ses gost writers, sous les traits d’ une arriviste prête à tout pour sortir de son milieu. Y compris, à ridiculiser les siens auprès d’un public hexagonal très friand de tout ce qui relève de l’infériorisation de l’ altérité.

Christiane Makward, professeur de littérature française contemporaine aux USA, écrira la biographie (37) de « Mayotte », en essayant au passage de régler son compte à Frantz Fanon. Elle accuse ce dernier d’ avoir dépeint une femme courageuse et presque analphabète comme étant une petite écervelée totalement aliénée, sans même connaître son background. Fanon aurait été victime de ses propres préjugés de machiste antillais et d’ érudit ayant fait de hautes études. Or l’on ne connaîtra la réelle identité et l’ histoire de « Mayotte Capécia » qu’ en 1993, soit, plus de trente ans après la mort de Fanon.

Celui-ci était donc supposé deviner la supercherie à l’ époque où « Mayotte » elle-même se plaisait à défendre le contenu de son livre sans états d’âme. Frantz Fanon n’ est pas responsable du fait que Lucette-Mayotte validait le contenu narratif de « son » ouvrage au moment où il écrit Peau noire, masques blancs. S’ il a été induit en erreur, la faute en incombe à la seule « Mayotte » qui chercha par tous les moyens à sortir de sa condition, quitte à répondre aux sirènes dégradantes de l’ injonction mimétique. Le dupé n’ a pas à être tenu pour responsable de la duperie orchestrée pour des raisons non-avouables.

On a remis un livre au jeune Fanon et l’ auteur supposé de ce livre assumait totalement celui-ci. Point. Sur cette base, Fanon a fait son travail et s’ est contenté d’ effectuer une analyse de ce qu’ il lut. Il est dans son rôle : sonder l’ inconscient et expliquer ses effets sur le comportement des hommes et des femmes colonisés.

« Mayotte Capécia » est dépeinte par Christiane Makward comme une « héroïne » (sic) qui n’ avait pas une grande culture. Son rêve n’ était pas vraiment de blanchir sa race, comme le prétend Fanon, « mais de poursuivre le rêve fondamental de bonheur, de sécurité affective, qu’ aucune femme dans son ascendance n’ avait encore connus et qui semblent plus accessibles auprès du Blanc dans l’ imaginaire de l’ Antillaise » (38) ( sic)

La préface de cette biographie est assez particulière. Christiane Makward base son livre sur le reproche fait à Frantz Fanon d’ avoir taillé en pièce la pauvre « Mayotte » en martelant qu’ elle était négrophobe et aliénée. Et que trouve-t-on dans la préface de cette même biographie ? Exactement, les mêmes reproches : « Jamais, insiste le préfacier Jack Corzani, une Martiniquaise n’ a aussi naïvement et sincèrement avoué sa propre " aliénation ", son désir de " blanchiment ", son mépris du nègre " sauvage ", toutes choses que Frantz Fanon et quelques autres devaient violemment dénoncer » (39). Jack Corzani, qui ne porte pas Frantz Fanon dans son cœur, est donc convié, en tant que préfacier, à saper les premières lignes des théories de Fanon. Et dans son exercice, il reprend exactement les mêmes termes qui admettent l’aliénation et le désir de blanchiment de « Mayotte ». Il va bien falloir finir par admettre que si tout lecteur est amené à percevoir ces aspects peu reluisants c’ est, peut-être, bien parce qu’ ils existent, tout simplement.

L’ universitaire français René Etiemble écrira un article en 1950 - soit bien avant la sortie de Peau noire, masques blancs - au sujet de « Mayotte Capécia ». Et on y lit le même type de désapprobation :

« On ne lui en voudrait si, page 201, elle ne se déclarait incapable de " supporter leur ignorance, leurs superstitions ", à ces sales nègres. Donc elle a des excuses, Madame Capécia ; et cette vulgarité, que j’oubliais, qui rend son livre si pénible. " Je vivais avec un blanc, un officier " (...) Vous vous trompez, Madame. Tous les blancs ne sont pas des officiers pétainistes. Il est vrai qu’un blanc, de ceux que je respecte, ne saurait estimer les femmes de couleur qui, pour lui complaire, feraient aux noirs la haies de dos (...) » (40)

Dans La négresse blanche, Frantz Fanon note que « Mayotte Capécia » a tenté de prendre le contre-pied de Je suis martiniquaise en évoquant les nègres de manière plus positive. Mais rien n’ y fait : « tous les nègres qu’ elle décrit sont en quelque sorte des crapules ou des Y’a bon banania (…). Qu’elle n’ enfle plus le procès du poids de ces imbécillités. Partez en paix, ô éclaboussante romancière…Mais sachez que, au-delà de vos cinq cents pages anémiées, on saura toujours retrouver le chemin honnête qui mène au cœur. Ce, malgré vous » (41)




« nous avons voulu analyser certains comportements, nous n’avons pu éviter l’apparition de phénomènes nauséeux. Le nombre de phrases, de proverbes, de petites lignes de conduite qui régissent le choix d’un amoureux est extraordinaire aux Antilles. Il s’agit de ne pas sombrer de nouveau dans la négraille, et tout Antillaise s’efforcera, dans ses flirts ou dans ses liaisons, de choisir le moins noir (…) Nous connaissons beaucoup de compatriotes, étudiantes en France, qui nous avouent avec candeur, une candeur toute blanche, qu’elles ne sauraient épouser un Noir ( S’être échappée et y revenir volontairement ? Ah non, merci). Dernièrement, nous nous entretenions avec l’une d’entre elles. À bout de souffle, elle nous jeta à la face : ’’ d’ailleurs, si Césaire revendique tant sa couleur noire, c’est parce qu’il ressent bien une malédiction. Est-ce que les Blancs revendiquent la leur ? En chacun de nous il y a une potentialité blanche, certains veulent l’ignorer ou plus simplement l’inversent. Pour ma part pour rien au monde je n’accepterais d’épouser un nègre ’’. De telles attitudes ne sont pas rares, et nous avouons notre inquiétude, car cette jeune Martiniquaise, dans peu d’années, sera licenciée et ira enseigner dans quelque établissement aux Antilles. On devine aisément ce qu’il adviendra »



Frantz Fanon




Après Je suis martiniquais, c’est au tour de Nini la mulâtresse, de l’ écrivain sénégalais Abdoulaye Sadji, d’ être analysé. Ce sont les rapports de fascination de la « femme de couleur » face au blanc qui sont encore examinés, puis ensuite ceux du Noir devant la femme de couleur :

« D’ abord il y a la négresse et la mulâtresse. La première n’ a qu’ une possibilité et un souci : blanchir. La deuxième non seulement veut blanchir, mais éviter de régresser. Qu’ y a-t-il de plus illogique, en effet, qu’ une mulâtresse qui épouse un Noir ? Car, il faut le comprendre une fois pour toutes, il s’ agit de sauver la race » (42)



Nini est une mulâtresse de Saint-Louis du Sénégal. Peu de gens savent que l’ abolition de l’ esclavage de 1848, prononcée dans les colonies françaises des Caraïbes et de l’Océan Indien, concernait aussi la ville de Saint-Louis du Sénégal et l’ île de Gorée. La ville de Saint-Louis s’ est socialement constituée - comme toutes les cités coloniales - autour d’ une base raciale, avec des communautés de mulâtres intercalées entre les nègres et les Blancs. La même structure de domination fondée sur une hiérarchie raciale produira les mêmes effets des deux côtés des rives de l’Atlantique : fascination du Blanc, haine métis-Noirs puis inter-noirs etc.

Mactar, le prétendant qui veut en faire de Nini sa dulcinée, est comptable dans les Entreprises Fluviales. L’homme est un bachelier cultivé. Mais il est noir. Et le Noir rédige une déclaration d’amour à l’adresse de Nini, la mulâtresse, cette « petite dactylographe, toute bête, mais qui possède la valeur la moins discutée : elle est presque blanche ». Le nègre aliéné sait que, pour s’ adresser à une personne qu’ il conçoit comme supérieure à lui, il doit la flatter en lui faisant comprendre qu’ il respecte la verticalité qui fonde le sens de la hiérarchie raciale. Mactar s’ exécute donc :

« On s’ excusera presque d’ oser proposer un amour noir à une âme blanche, souligne Fanon. Cela nous le retrouvons chez René Maran : cette crainte, cette timidité, cette humilité du Noir dans ses rapports avec la Blanche, ou en tout cas avec une plus Blanche que lui. De même que Mayotte Capécia accepte tout du seigneur André, Mactar se fait esclave de Nini la mulâtresse. Prêt à vendre son âme. Mais c’ est une fin de non-recevoir qui attend cet imprudent. La mulâtresse trouve que cette lettre est une insulte, un outrage fait à son honneur de " fille blanche ". Ce nègre est un imbécile, un bandit, un malappris qui a besoin d’ une leçon ; elle lui apprendra à être plus décent et moins hardi ; elle lui fera comprendre que les " peaux blanches " ne sont pas pour " Bougnouls ". En l’ occurrence, la mulâtraille fera chorus à son indignation. On parle d’ envoyer l’ affaire en justice, de faire comparer le Noir en cours d’ assises. '' On va écrire au chef de service des Travaux publics, au gouverneur de la Colonie, pour leur signaler la conduite du Noir et obtenir son licenciement comme réparation du dégât moral qu’ il a commis " » (43)

On voit que le traitement réservé au Noir pour avoir déclaré sa flamme à une mulâtresse est synonyme de déshonneur, horreur, humiliation. Et cette effronterie est perçue comme telle par une bonne partie de la « communauté ». En revanche, lorsque le bruit court qu’ un Blanc de France veut épouser Dédée la mulâtresse, les termes rugueux font place à de mielleux commentaires. Abdoulaye Sadji en rajoute une couche :

« cette nouvelle du mariage entre une mulâtresse et un Blanc de France couronne un certain rêve de grandeur, de distinction, qui fait que toutes les mulâtresses, les Ninis, les Nanas et les Nénèttes vivent hors des conditions naturelles de leur pays. Le grand rêve qui les hante est celui d’ être épousées par un Blanc d’Europe. On pourrait dire que tous leurs efforts tendent vers ce but, qui n’ est presque jamais atteint. Leur besoin de gesticulation, leur amour de la parade ridicule, leurs attitudes calculées, théâtrales, écœurantes, sont autant d’ effet d’ une manie des grandeurs, il leur faut un homme blanc, tout blanc, et rien que cela (…) » (44)

Pour Fanon, cette aristocratie racialisante de la société Saint-Louisienne s’ explique par l’ intégration de la mulâtraille « dans une collectivité blanche qui semblait hermétique. La moins-value psychologique, ce sentiment de diminution et son corollaire, l’ impossibilité d’ accéder à la limpidité, disparaissaient totalement (…) » (45). Le bonheur est à portée de main. Aussi, lorsque que la mulâtresse Dédée épouse son amoureux blanc, la cérémonie se déroule dans une atmosphère explosive car, si la plupart des mulâtresses avaient des cavaliers blancs, on avait adjoint des mulâtres à trois ou quatre d’ entre elles. Scandale ! Humiliation ! Les familles des quatre infortunées y voient un déshonneur et cette « offense exigeait d’ ailleurs une réparation » (46)

La négrophobie est la parfaite compagne de l’ aliénation. Là où le racisme a déposé ses valises, rien de bon n’ a émergé. En ces temps, il était quasiment impossible que des rapports sains n’ émergent entre Blancs et Noirs, mais surtout entre Noirs et mulâtres, et Noirs entre eux. Pourtant, certains prennent encore toutes ces sociétés coloniales basées sur la haine du Noir comme « modèle de tolérance » sans, bien entendu, tenir compte de la réalité historique.

Écoutons encore Fanon sur le sujet de la négrophobie :

« Dans " Magie noire ", Paul Morand nous décrivait pareil phénomène, mais nous avons appris par la suite à nous méfier de Paul Morand. Du point de vue psychologique, il peut être intéressant de poser le problème suivant. La mulâtresse instruite, l’ étudiante en particulier, a un comportement doublement équivoque. Elle dit : " Je n’ aime pas le Nègre, parce qu’ il est sauvage. Pas sauvage au sens cannibale, mais parce qu’ il manque de finesse." Point de vue abstrait. Et quand on lui objecte que des Noirs peuvent lui être supérieurs sur ce plan, elle allègue leur laideur. Point de vue de la facticité. Devant les preuves d’ une réelle esthétique noire, elle dit ne pas la comprendre ; on essaie alors de lui révéler le canon : battement des ailes du nez, un arrêt en apnée de la respiration, " elle est libre de choisir son mari ". Appel en dernier ressort à la subjectivité » (47)

Le chapitre consacré à l’écrivain René Maran, note les mêmes comportements de mystifié. C’est « parce qu’ ils se sentent inférieurs » que les Noirs comme Maran « aspirent à se faire admettre dans le monde blanc » (48). Car Fanon, là encore très dur comme à son habitude dans sa critique, accuse l’écrivain antillais de s’ être soumis aux desiderata du père de sa bien-aimée blanche qui acceptait de lui donner la main de sa fille à condition qu’ il soit tout sauf un nègre. Et Maran, le nègre, répond à la requête du futur beau-père en se blanchissant au maximum à ses yeux. Pour Fanon, « Jean Veneuse », alias René Maran, ne dit rien d’autre que « je pense en français, ma religion est la France. M’ entendez-vous, je suis Européen, je ne suis pas un nègre, et pour vous le prouver je m’ en vais en tant que commis civil, montrer aux véritables nègres la différence qui existe entre eux et moi » (49)

Qui est René Maran ? L’ homme reçut le prix Goncourt en 1921 pour son roman au vitriol « Batouala » qui dénonçait très explicitement le colonialisme. Les pères de la négritude reconnurent l’ influence de celui qui vécut plusieurs années en Afrique et se sentait très attaché au « continent noir ». On est donc très loin du cas « Mayotte Capécia ». Mais Fanon n’ en a cure. Il traite ouvertement « Jean Veneuse » de simple négrophobe ayant assimilé la culture européenne au point d’ être incapable de se départir de la haine de lui-même. René Maran « ayant vécu en France, respiré, intégré les mythes et préjugés de l’ Europe raciste, ne pourra, s’ il se dédouble, que constater sa haine du nègre » (50)

Mais que l’on ne s’ y trompe pas, finit-il par lâcher : « Il y aurait une tentative de mystification à vouloir inférer du comportement de Nini et de Mayotte Capécia une loi générale du comportement de la Noire vis-à-vis du Blanc, il y aurait affirmons-nous, manquement à l’ objectivité dans l’ extension de l’ attitude de Veneuse à l’ homme de couleur en tant que tel (…) » (51)

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_____Le pouvoir noir. Malcolm X demeure l'un des plus célèbres militants noirs américains.

Malcolm X demeure l'un des plus célèbres militants noirs américains. Devenu l'un des chefs de file du mouvement des Black Muslims, il quitta celui-ci en 1964 pour créer une organisation non religieuse qu'il voulait plus politiquement engagée encore, l'Organisation de l'unité afro-américaine (OUA). Il avait découvert l'importance qu'il y avait à relier le mouvement noir américain à ceux qui ailleurs combattaient la même forme de racisme et d'oppression. A partir de cette période, les prises de position de Malcolm X, ses analyses et ses réflexions, peuvent évoluer très rapidement : ainsi en est-il de ses idées de former une nation noire séparée ou d'organiser le retour en Afrique. En avril 1964, il débute ses grandes tournées en Afrique et au Moyen-Orient dans le but de préparer l'unité des Noirs et d'internationaliser leur lutte pour la liberté. Ce recueil retrace l'itinéraire politique de Malcolm X à partir de sa rupture d'avec les Black Muslims. Il éclaire l'évolution d'un homme profondément sensible, marqué par l'amère condition des siens, mais décidé à en finir - par tous les moyens - avec la ségrégation, la misère et le racisme.

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______Personnage violent sous des dehors folkloriques, l'extrémiste Eugène Terre'Blanche, tué samedi à l'âge de 69 ans, a vainement consacré sa vie à la défense de la suprématie blanche en Afrique du Sud.

Le Sud-Africain Eugène Terre'Blanche, un néonazi violent et folklorique AFP



Personnage violent sous des dehors folkloriques, l'extrémiste Eugène Terre'Blanche, tué samedi à l'âge de 69 ans, a vainement consacré sa vie à la défense de la suprématie blanche en Afrique du Sud. Souvent vêtu de kaki, parfois d'un masque qui révèle des yeux bleus perçants, le leader du Mouvement de résistance afrikaner (AWB) n'a jamais caché son admiration pour Adolf Hitler. L'emblème de l'AWB, composé de trois "7" en étoile, évoque la croix gammée sous l'aigle nazi.

Taxant les dirigeants du régime ségrégationniste d'Apartheid de "libéraux", Terre'Blanche plaidait pour la création d'un "Volkstaat", un territoire autonome pour les Afrikaners, les descendants des premiers colons européens qui parlent une langue dérivée du hollandais. Après la libération du héros de la lutte anti-Apartheid Nelson Mandela, il a tenté de faire dérailler la transition démocratique en organisant une série d'attentats meurtriers. Il assure alors, à propos des négociateurs : "Nous allons les frapper de toutes nos forces, violemment. Nous allons leur faire mordre la poussière." À l'époque, son style flamboyant (il se déplace à cheval, entouré de sa garde) et ses qualités d'orateur lui valent une certaine notoriété.

Mais son caractère incontrôlable et sa violence revendiquée inquiètent même les partisans de l'Apartheid. L'abolition du régime ségrégationniste et une peine de prison pour tentative de meurtre achèveront de le marginaliser. Né le 31 janvier 1944 dans le village de Ventersdorp (nord-ouest), Eugène Terre'Blanche s'engage dans la police avant de reprendre la ferme familiale près de la bourgade, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Johannesburg.

En 1973, il fonde l'AWB avec six amis pour contrer "l'abandon" des intérêts blancs par le régime d'Apartheid. Le mouvement sort de l'ombre en 1979, lorsque certains de ses membres enduisent un historien de goudron et de plumes. Depuis sa ferme, Terre'Blanche étend son influence, se rendant surtout dans les exploitations agricoles du nord du pays où il multiplie les discours enflammés en afrikaans.

Condamné à 5 ans de prison en 2002

Les autorités le surveillent de près et découvrent en 1982 une cache d'armes sur la ferme de son frère, qui lui vaut une condamnation avec sursis. En 1991, le dernier président de l'Apartheid, Frederik de Klerk, se rend à Ventersdorp. Les hommes de Terre'Blanche le défient : quatre personnes sont tuées dans les affrontements. Deux ans plus tard, l'AWB pénètre à bord d'un véhicule blindé dans le World Trade Center de Johannesburg, où se tiennent des négociations pour la transition. L'attaque sera vite contenue. Mais, deux jours avant les premières élections multiraciales, en avril 1994, un attentat à la bombe de l'AWB dans le centre de la capitale économique fera neuf morts.

Auteur de diatribes contre le "pouvoir communiste noir", Terre'Blanche tonne : "Si Mandela ne nous donne pas notre Volkstaat, nous combattrons jusqu'à conquérir l'ensemble de l'Afrique du Sud." La justice ne lui permettra pas de mettre sa menace à exécution. En 2002, il est condamné à cinq ans de prison pour avoir battu à coups de barre de fer un vigile noir à qui il a causé des lésions cérébrales irréversibles.

Remis en liberté conditionnelle pour bonne conduite en 2005, Terre'Blanche tombe dans un oubli relatif, jusqu'à son meurtre samedi par deux de ses ouvriers agricoles. Il aurait refusé de leur verser un salaire mensuel de 300 rands (30 euros).

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vendredi 21 mai 2010

_______"Ni Dieu,ni maître" Ni chaine, Ni loi et "Sans foi,ni loi" ? Un être humain particulier est-il capable physiquement de se passer de foi et de loi. Admettons que cela soit possible, en avons-nous le droit? (Légitimité)

Thèse : Si on ne peut pas vivre sans lois, on ne peut pas vivre sans foi.

  • Qu'est-ce qu'être désespéré?

Pour moi ni Dieu ni maître implique la libre pensée et la liberté sans foi ni loi la démesure et le non respect des autres

Est-ce qu'on ne pourrait pas déduire de cette réponse :

On peut avoir un Dieu et un maître et être sans foi, ni loi ?

Le mot correct pour une situation de désordre social, sans lois, sans règles,

L’anarchie -anarkhia-, du an-, préfixe privatif : absence de, et arkhê, commandement, ou « ce qui est premier ») désigne la situation d’une société où il n’existe ni autorité, ni pouvoir, ni domination, ayant un caractère coercitif. L’anarchie peut, étymologiquement, également être expliquée comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme revendication de la multiplicité face à l’unicité. Son symbole se traduit par un A inscrit dans un O.

Le mot anarchie est employé tantôt comme synonyme de désordre social que l’on retrouve dans le sens courant, qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique à atteindre dans le cadre d'une idéologie comme c’est le cas pour les anarchistes.

Peut-on vivre sans foi ni loi ?

Étymologiquement, "on", qui s'écrivait "om", vient du nominatif du mot latin "homo" qui signifie "homme". "On" désigne donc l'homme en général, l'humanité, mais aussi quelqu'un, un homme quelconque, n'importe lequel, vous, moi, faisant partie de cette humanité.

Peut-on, c'est-à-dire les êtres humains peuvent-ils, vivre sans foi ni loi ? Est-ce possible? (Possibilité logique ou capacité physique)

l'humanité en général est-elle concevable sans les notions de foi et de loi. Est-il logiquement possible de dissocier l'idée d'humanité de celles de foi et de loi ?

un être humain particulier est-il capable physiquement de se passer de foi et de loi. Est-ce viable pour lui? Admettons que cela soit possible, en avons-nous le droit? (Légitimité) En ce sens, on se demande s'il est permis de vivre de cette manière. Ce n'est plus alors une question de nécessité mais une question d'obligation juridique et morale.

Au sens propre, vivre, c'est être vivant biologiquement. Donc vivre, c'est tout simplement survivre. (Ne pas mourir)

Mais dans le cas des êtres humains, "vivre sa vie", comme on dit, ce n'est pas seulement survivre biologiquement, c'est aussi vivre selon ses principes, conformément à ses préférences ou ses aspirations, c'est-à-dire bien vivre. (Jugement de valeur sur la qualité de la vie).

Vivre humainement n'est donc pas réductible à survivre biologiquement.




Vivre sans quelque chose, au sens strict du terme, veut dire "en être privé". Le terme désigne alors l'absence pure et simple.

Mais celui que l'on accuse - car c'est en général une accusation - d'être "sans foi ni loi" est-il privé de toute croyance ou de toute règle ou simplement en contradiction avec les croyances et les règles établies? "Sans" peut vouloir dire aussi "contre". Le terme désigne alors à la fois la privation et l'opposition ou l'exclusion. C'est en ce sens qui les chrétiens appelaient les païens des "sans-Dieu" (athées) . Un païen n'est pas à proprement parler sans dieu, mais il n'a pas le bon dieu du point de vue des chrétiens. Il n'est donc pas sans foi au sens strict du terme, mais sa foi diffère de celle qui est considérée comme la bonne (celle que l'on doit avoir).

Peut-on vivre sans se conformer à la foi et à la loi de la société à laquelle on appartient ?



Foi vient du latin "fides" qui signifie "confiance" mais aussi "fidélité".

Au sens religieux, la foi est la confiance inconditionnelle et souvent irrationnelle que l'on accorde aux croyances religieuses, et en particulier à Dieu. En ce sens, "vivre sans foi" serait ne pas croire en Dieu, ou ne pas lui faire confiance.

Au sens ordinaire, la foi est une ferme croyance qui s'oppose au savoir. La foi, en tant que croyance, est une adhésion qui ne repose sur aucune preuve. Certains philosophes (ex. : Alain) font une différence entre foi et croyance. Pour Alain, la croyance est simple crédulité, faiblesse de l'esprit, alors que la foi serait le courage de prendre le risque de s'engager quand on n'a pas toutes les assurances que c'est un bon choix. Par exemple, la confiance que l'on a en quelqu'un qui nous a donné sa parole relève de la foi. C'est une exigence que l'on s'impose à soi-même et non une faiblesse.

La foi serait donc en même temps une forme d'adhésion et une forme d'engagement. L'homme peut-il vivre sans avoir confiance, en lui-même, en l'avenir, en autrui... et sans s'engager vis-à-vis de soi-même, dans des projets dont la réussite n'est jamais garantie, vis-à-vis d'autrui dont l'engagement réciproque est seulement présupposé...



En science, une loi est une régularité naturelle. Rapport mesurable et constant établi entre des phénomènes. Les lois en ce sens ont un caractère d'universalité et de nécessité: elles sont les mêmes pour tous et partout et on ne peut pas s'y soustraire.

En droit et en morale une loi est une règle conventionnelle. Norme qui régit les relations interpersonnelles et sociales et qui est plus ou moins régulièrement suivie dans une société. Les lois en ce sens ont un caractère de relativité et d'obligation. Elles varient d'un groupe à un autre et si elle doivent être suivies, elles peuvent aussi être transgressées.




Problématique

Rappel : La problématique est l'ensemble des problèmes soulevés par la question du sujet. L'identification de la problématique dépend de l'analyse des termes du sujet.

Les questions ci-dessous ne correspondent pas à la problématique du sujet, mais vous aideront à la dégager.

  • Accroche

(Entrée en matière) "L'homme est un animal politique" disait Aristote, en ce sens qu'il appartient naturellement à une "polis", c'est-à-dire à une cité, à une société.

"Vivre sans foi ni loi" est une expression du langage ordinaire. A qui cette description s'applique-t-elle d'habitude? Sur quoi est fondé ce jugement? On parle quelquefois dans les médias du "crime organisé" . À quoi fait référence cette expression? Que suggère la notion d'organisation? On parle aussi du "milieu" du crime. Qu'est-ce qu'un milieu social en général? Que veut-on dire quand on dit de deux personnes qu'elles ne sont pas "du même milieu"? Que peut-on en conclure du "milieu" au sens de la pègre? Etre "hors la loi", est-ce être "sans loi"? On dit d'une personne qui croit en Dieu qu'elle a la foi. Mais on dit aussi des philosophes du XVIIIe siècle qu'ils ont foi en l'humanité parce qu'ils croient au progrès en général et au progrès moral en particulier. Vivre sans foi, est-ce simplement être irréligieux?

Aristote définit l'être humain comme un "animal politique". Qu'est-ce que cela implique du point de vue du rapport de l'être humain à la loi?

Quelle est la différence entre une loi de la nature et une loi sociale? Les lois de la chute des corps sont-elles les mêmes en France et aux États-Unis? Les lois sur les peines corporelles (ex. la peine de mort) sont-elles les mêmes dans tous les pays? Pourquoi est-ce possible? Qu'est-ce que cela nous indique sur la nature des lois juridiques et morales? Peut-on dire d'un ermite qu'il vit "sans foi ni loi"? Pourquoi? Savez-vous que la terre est ronde, ou croyez-vous que la terre est ronde? Justifiez votre réponse. On a annoncé aux nouvelles hier soir (le 2 décembre 2000) qu'un adolescent avait été assassiné à la Villeneuve à Grenoble. Mettez-vous en doute cette information? Pourquoi? Suffit-il pour un être humain d'être vivant pour vivre comme un être humain?

  • Qu'est-ce qu'être désespéré?

Introduction :

Rappel méthodologique

Entrée en matière : Il faut une "accroche" qui soit spécifique au sujet.

À éviter à tout prix : les affirmations générales pseudos historiques du genre "De tout temps, les hommes ...".

Exemples d'accroches possibles pour ce sujet :

  • 1) Partir d'une définition générale : "L'être humain est un animal social. En tant que tel, il vit avec ses semblables avec lesquels il entretient des relations régies par des règles et qui s'appuient sur des valeurs, des idéaux, des croyances partagées."
  • 2) Partir d'une "mise en situation" : ""Cet homme vit sans foi ni loi !" Que peut vouloir dire une telle accusation ?"

Problématique : Il faut s'appuyer sur l'analyse préliminaire des termes du sujet pour identifier la problématique.

À éviter à tout prix : énumérer les définitions que l'analyse des termes a permis de formuler.

L'analyse des termes du sujet doit être exploitée pour comprendre le sujet mais pas restituée telle quelle dans l'introduction. Ne pas transformer l'introduction en une liste de définitions.

L'introduction pose les problèmes, ne les résout pas. Il ne faut pas répondre dès l'introduction à la question posée.

À éviter à tout prix : les affirmations du genre " À mon avis, on peut (ou on ne peut pas) vivre sans foi ni loi"

C'est dans la conclusion que vous prendrez position. Mais ce ne sera plus une simple opinion (il ne faudra pas dire "à mon avis..."). La conclusion sera le point d'aboutissement d'une argumentation qui la justifie (vous pourrez dire alors "nous voyons donc que..."). Votre conclusion ne sera plus seulement la vôtre, elle sera celle de tout lecteur raisonnable qui aura pris la peine de suivre votre démarche et d'apprécier la justesse de vos arguments.

Il faut bien cibler l'interrogation.

1) Il ne faut pas changer le sujet en vous posant d'autres questions que celles qui sont directement liées à la formulation du sujet.

À éviter à tout prix : par exemple, se demander ici si les lois nous permettent d'être libres ou si la foi nous permet d'être heureux, ou encore si l'État est nécessaire pour contrôler les individus.

2) Ne vous posez pas des questions trop générales. Bien sûr, à la limite, tout se tient et tout sujet peut, de proche en proche, se ramener à la question fondamentale "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?" ("to be or not to be?"). Mais vous n'avez que quatre heures pour résoudre le problème de l'existence du monde! Il est donc plus prudent de restreindre vos ambitions philosophiques en fonction du sujet précis qui vous est proposé. C'est d'ailleurs ce qui est exigé de vous : savoir délimiter la problématique du sujet. Il faut bien distinguer ce que le sujet présuppose sans le remettre en question et qui sert de contexte à l'interrogation, de ce sur quoi, au contraire, il nous convie à nous interroger. Ici, le sujet présuppose que l'on peut (capacité) et que l'on a le droit (légitimité) de vivre avec des règles et des croyances. C'est la capacité et la légitimité de s'en passer qui pose problème.

Exemple d'introduction rédigée

NB : La colonne de gauche contient des indications qui vous permettront de comprendre comment l'introduction est construite (entrée en matière, ciblage du sujet proprement dit puis problématisation) et comment l'analyse des termes du sujet est utilisée par (et non pas plaquée dans) l'introduction. L'annonce explicite du plan est facultative, mais peut être un bon garde-fou, pour vous-même comme pour votre correcteur. (N'oubliez pas qu'il peut avoir plus de 200 copies à corriger. Lui mettre quelques balises peut travailler en votre faveur.)

-Accroche

(Entrée en matière) "L'homme est un animal politique" disait Aristote, en ce sens qu'il appartient naturellement à une "polis", c'est-à-dire à une cité, à une société. Ciblage Point de départ de l'analyse(Ciblage) Affirmation du présupposé du sujet en utilisant la définition de loi et de foi: les êtres humains ont des règles qui les guident et des croyances qui les engagent. En tant que tel, il suit des règles conventionnelles de vie commune et il partage avec ses semblables des principes et des valeurs auxquels il croit, qu'il respecte et qui l'engagent vis-à-vis de lui-même et des autres.

Problématique

(Transformer la question en problème) Utilisation de la distinction entre loi sociale et loi naturelle pour introduire la source du problème : lois et foi n'ont aucun caractère de nécessité, donc peuvent se perdre.

Rappel de l'énoncé du sujet. (Ce n'est pas requis, mais il est souhaitable.) Utilisation de l'analyse du "on".

Distinction entre vivre (humainement) et survivre.

Distinction entre avoir la capacité et avoir le droit. Mais les règles sociales, contrairement aux lois de la nature, ne sont pas nécessaires. Elles varient d'une société à une autre et, à l'intérieur d'une même société, elles ne sont pas suivies par tous avec le même zèle. Elles ont un caractère d'obligation, en ce sens qu'on doit en principe les respecter, mais qu'on peut en pratique les enfreindre ou les transformer: il est toujours possible de les transgresser. De même, les croyances peuvent évoluer. On peut en acquérir de nouvelles et on peut en abandonner.

Si chaque loi que l'on suit peut être transgressée, si chaque foi que l'on entretient peut-être abandonnée, alors on peut se demander s'il est possible de se passer de toute loi et de toute foi : Peut-on vivre sans foi ni loi, "on" étant ici soit un individu humain quelconque, soit l'humanité tout entière ? L'être humain peut-il survivre biologiquement sans s'astreindre à aucune règle et sans entretenir aucune croyance ? Quand bien même ce serait le cas, survivre biologiquement, est-ce suffisant pour vivre une vie humaine, c'est-à-dire digne d'un être humain ? Et si l'on dit de certains individus qu'ils sont "sans foi ni loi" en quel sens faut-il comprendre cette expression ?

Enfin, s'il est possible, en un certain sens, d'être "sans foi ni loi", est-ce légitime ?



Annonce du plan

De préférence sous forme de grandes questions identifiées dans la problématique. Alors, peut-on vivre sans foi ni loi? Cette question en impliquent plusieurs. Dans quelle mesure un être humain est-il capable de vivre ou même simplement de survivre en l'absence totale de loi et de foi? Quoiqu'il en soit, même s'il est impossible de vivre humainement sans foi ni loi au sens strict du terme, n'est-il pas possible de vivre sans partager les règles et les croyances de la société dans laquelle on vit? Enfin nous nous demanderons si cependant une telle attitude est permise.

Développement

Exemple de plan

On ne peut pas vivre sans foi ne loi : il est impossible de vivre sans aucune croyance ni aucune règle On peut vivre sans foi ni loi : il est possible de vivre sans respecter les croyances et les règles de la société dans laquelle on vit. Mais si c'est possible, est-ce permis ? Éléments de développement

Dans ce qui suit, la première partie est développée plus en détail pour illustrer la différence entre les trois éléments d'une argumentation : la thèse, les arguments et les exemples.

1. On ne peut pas vivre sans foi ni loi : il est impossible de vivre sans aucune croyance ni aucune règle

A- Thèse : en tant qu'être naturel, nous sommes soumis aux lois de la nature.

Argument : les lois de la nature ont un caractère nécessaire et universel. Aucun être ne peut y échapper, pas même l'être humain. Vouloir se soustraire aux lois naturelles, ne pas les respecter, peut entraîner la mort. S'il n'y avait aucune régularité dans les phénomènes, aucun ordre dans la nature, il serait impossible de prévoir et d'agir pour organiser notre survie. C'est notre connaissance des lois de la nature (même si cette connaissance n'est pas toujours scientifique) qui nous permet d'utiliser ces régularités pour mieux nous adapter à notre environnement ou mieux adapter notre environnement à nos besoins ou nos envies.

Exemples : Les lois de la chute des corps. Les règles de l'hygiène et de la nutrition. La pesanteur nous empêche de voler, mais c'est la connaissance de ces lois qui nous permet de construire des avions. Notre constitution biologique nous impose des règles de vie. La connaissance de ces contraintes nous permet d'éviter les carences et de subvenir adéquatement à nos besoins.

B- Thèse : en tant qu'être intelligent, nous devons respecter les règles de la logique.

Argument : Aux régularités naturelles s'ajoutent des règles du raisonnement sans lesquelles nous ne pourrions pas connaître ces régularités et en tirer parti. Les règles logiques nous permettent de tirer des conclusions à partir de données déjà admises. Ces règles sont la base de l'anticipation et donc de la prédiction et de l'adaptation. Un être humain complètement illogique serait complètement désorienté puisque son comportement n'est pas gouverné par l'instinct mais par l'intelligence. Il y a deux grands types de raisonnements : l'induction et la déduction.

Exemples : Après avoir vu un grand nombre d'individus mourir, je suis capable de généraliser cette observation et d'affirmer que tous les hommes sont mortels. (Raisonnement inductif) Si tous les hommes sont mortels et que je suis un homme, alors je suis mortel. (Raisonnement déductif)

C- Thèse : en tant qu'être social, nous nous conformons aux règles et aux croyances de notre groupe.

Argument : Il n'y a pas de société sans moyen de communication et sans relations réglées entre les individus qui la composent. Les sociétés humaines ont toutes des langages, des normes et des systèmes de valeurs (des idéaux, qu'il soient laïques ou religieux) qui sont conventionnels. Si ces conventions sont variables, l'existence de conventions quelles qu'elles soient est indispensable. Si, exceptionnellement, un individu peut survivre en dehors de la société, il ne peut pas développer dans l'isolement des capacités proprement humaines (langage, intelligence, moralité ...) qui ne sont pas innées mais acquises par éducation (donc, par définition, par héritage culturel au contact d'autrui).

Exemples : Victor de l'Aveyron, l'enfant sauvage recueilli au XIX e siècle par Jean Itard avait survécu à son abandon, mais vivait dans la forêt comme un petit animal. (Mowgli, le héros de Kipling dans Le Livre de la jungle est tout à fait humain, quoique "sauvage", mais c'est une fiction). L'ermite qui s'isole par choix de la société lui doit cependant son langage et l'essentiel de ses croyances et de ses savoirs faire. S'il s'éloigne ne la société, ce n'est pas pour vivre sans foi ni loi, mais souvent pour mieux vivre selon des règles plus conformes à sa foi.

D- Thèse : Si on ne peut pas vivre sans lois, on ne peut pas vivre sans foi.

Argument : Loi et foi sont indissociables. Toute régularité, naturelle, sociale ou logique, présuppose la croyance en une certaine constance et la foi en un certain avenir. La formulation d'une règle implique la croyance au bien fondé de la règle. S'il s'agit d'une loi naturelle, on la croit vraie, c'est-à-dire qu'on croit que la réalité se conforme effectivement à cette loi ; s'il s'agit d'une règle conventionnelle, on la croit juste, c'est-à-dire qu'on pense qu'elle est conforme à nos valeurs fondamentales. Inversement, la confiance que nous avons en quelque chose ou en quelqu'un entraîne la formulation de règles de vie que cette confiance justifie. Être confiant, c'est se donner pour règle de ne pas douter et s'engager à agir en conséquence.

Exemples : J'observe que, régulièrement, sans exception, le soleil se lève à l'Est et se couche à l'Ouest. Pour pouvoir généraliser cette observation, il faut 1) que je fasse confiance à mes sens, 2) que je sois persuadé que demain ne sera pas différent d'aujourd'hui. Je n'ai pas de certitude, mais je le crois fermement. La règle "le soleil se lève à l'Est et se couche à l'Ouest" dépend de cette confiance. Inversement, si je crois que le soleil se lèvera demain comme il s'est levé hier et aujourd'hui, je peux me donner comme règle de me lever moi-même avant (ou après !) le lever du soleil. La communication n'est possible que parce que nous présupposons que les autres respectent les mêmes règles syntaxiques et sémantiques que nous. Quand mon voisin dit "il pleut", je présuppose qu'il veut dire qu'il pleut. Il n'est pas inimaginable qu'il veuille dire autre chose (il peut avoir un code secret que j'ignore), mais d'une façon générale, l'organisation de notre coexistence exige que normalement je suppose que ce n'est pas le cas. Enfin, d'une façon générale, vivre en société, c'est à la fois suivre les règles de cette société et croire que les autres en font autant.

Transition : Mais justement parce que les lois conventionnelles sont des règles transgressables on peut être hors la loi ; et puisque la foi est un acte d'adhésion volontaire, on peut être mécréant.

  • 2. On peut vivre sans foi ni loi : il est possible de vivre sans respecter les croyances et les règles de la culture dominante.

A- On peut ne pas appartenir à la même culture : Exemple: l'étranger.

B- On peut vouloir transformer la culture à laquelle on appartient : Exemple : le contestataire, tel Diogène le cynique

C- On peut enfreindre la loi sans y être étranger et sans la contester : Exemple : le hors la loi.

NB : En chaque cas, il faudra montrer la nature de la transgression et dans quelle mesure il s'agit moins d'être privé de loi ou de foi que de s'opposer (de trois façons essentiellement différentes) à un ensemble particulier de lois et de foi.

A- Non : la loi punit ceux qui ne la respectent pas. Une société doit pouvoir croire, en principe que le droit chemin est le chemin du droit : il faut respecter et faire respecter la loi.

Le judiciaire

B- Oui : Si la loi est injuste, celui qui la rejette a non seulement le droit, mais le devoir de le faire.

Ne pas confondre légalité et légitimité. Ce qui est illégal n'est illégitime que si la loi elle-même est juste.

légal/légitime

C- Non : Car résister à l'injustice contre le droit n'est pas vivre sans foi ni loi puisque c'est justement au nom de valeurs supérieures auxquelles on croit que se fait cette contestation, quand elle est légitime.

Le respect, la Déclaration Universelle des Droits de l'homme sont des normes (donc des lois). Mais on ne peut pas à proprement parler prouver que ces normes sont bonnes. Elle font donc l'obje d'une intime conviction (acte de foi).

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lundi 17 mai 2010

_______Centre Universitaire de Melun, son Insitut de Droit et d'Economie, son centre de formation permanente… Licence de Droit. Licence en Sciences Politiques (1ère année). Licence en Sciences Economiques.

Centre Universitaire Découvrez le Centre Universitaire de Melun, son Insitut de Droit et d'Economie, son centre de formation permanente… Le Centre Universitaire de Melun, qui regroupe l'Institut de Droit et d'Economie et le centre de formation permanente, est une antenne de l'Université Paris II Panthéon Assas qui existe depuis 1987, grâce à la volonté conjointe de l'université et de la ville de Melun, aujourd'hui relayée par la Communauté d'Agglomération.

Ce centre universitaire, qui accueille un millier d’étudiants tous les ans, propose : Licence de Droit. Licence en Sciences Politiques (1ère année). Licence en Sciences Economiques, mention Economie et Gestion (1ère et 2ème années). Licence Administration Economique et Sociale (1ère et 2ème année), mentions Administration générale et territoriale et Administration et Gestion des Entreprises. Le centre de formation permanente propose : Un Master Professionnel de Droit et Stratégies de la Sécurité (deux ans à l'issue de la licence), résultat d’un partenariat entre l'Université et l'Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale (EOGN). La capacité en droit (1ère et 2ème année). Des formations juridiques pour les professionnels. Les Diplômes Professionnels (DP) d'enquêteur privé et de directeur de recherche. Grâce à des enseignements de très haute qualité (les enseignants sont professeurs des universités, maîtres de conférence ou professionnels reconnus) et à des conditions de travail souvent inégalées dans le milieu universitaire (amphithéâtres modernes, effectifs réduits pour les travaux dirigés), l’antenne de Melun jouit d’une excellente réputation.

Où s’adresser ? Centre Universitaire de Melun 19, rue du Château - 77000 Melun Tél. : 01 64 79 72 20 Fax : 01 64 79 72 39 Adresse électronique : melun@u-paris2.fr Site Internet : www.u-paris2.fr Direction du centre : Monsieur Frédéric Debove Responsable administratif : Madame Virginie Montoro

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______Ma Vie dans la Cité. Les participations à la vie de la cité.. S’engager dans un parti politique.. Qu’est-ce qu’un parti politique ?.. Quel est le rôle des partis politiques ?.. Qu’est-ce qu’être militant d’un parti aujourd’hui ?

Voter :

Etre élu

  • Etre élu, est-ce un métier ?
  • Quelles sont les conditions pour être élu ?
  • Quelles sont les garanties de l’élu ?
  • Pourquoi est-il nécessaire de verser une indemnité aux élus ?
  • Quelles sont les responsabilités d’un élu ?
  • Qu’est-ce qu’un citoyen attend d’un élu ?

S’engager dans un parti politique

  • Qu’est-ce qu’un parti politique ?
  • Quel est le rôle des partis politiques ?
  • Comment s’organise un parti politique ?
  • Comment les partis sont-ils financés ?
  • Qu’est-ce qu’être militant d’un parti aujourd’hui ?

Adhérer à un syndicat

  • Qu’est-ce qu’un syndicat et comment s’organise-t-il ?
  • Comment est financé un syndicat ?
  • Quel est le rôle d’un syndicat ?
  • Quels sont les moyens d’action des syndicats ?
  • Qu’est-ce qu’un syndicaliste aujourd’hui dans l’entreprise ?
  • Qu’est-ce qu’une coordination ?

Participer à une association

  • Qu’est-ce qu’une association ?
  • Quels sont les différents rôles des associations ?
  • Comment peut-on créer une association ?
  • Existe-t-il différents types d’associations ?
  • Quelles sont les ressources des associations ?
  • Les associations sont-elles contrôlées ?
  • Quelles sont les différentes façons de participer à une association ?
  • Quelles sont les relations entre l’État, les collectivités locales et les associations ?

Des actions collectives et des actes quotidiens

  • En créant un journal local
  • En manifestant
  • En faisant grève
  • En signant des pétitions
  • En participant à des forums citoyens
  • En participant à des comités et des conseils de quartiers
  • En s’informant
  • En étant juré
  • En participant à une enquête publique
  • En étant bénévole
  • En étant pompier volontaire
  • En étant volontaire international
  • En étant secouriste

http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/

Voter !Etre élu 1*Etre élu, est-ce un métier ?

En principe, le fait d’être élu n’est pas un métier en soi. Il s’agit d’une fonction temporaire attribuée par les électeurs à une personne choisie par eux. Ce principe remonte à la Révolution, pendant laquelle on insistait sur la nécessité que les élus ne transforment pas en profession une charge honorifique confiée directement par les citoyens. Le principe demeure. Néanmoins, on constate en France une certaine stabilité du personnel politique. En effet, les personnes élues, non seulement tentent de renouveler plusieurs fois leur mandat, mais ont aussi tendance à les cumuler. Ainsi, on critique souvent l’âge avancé de certains élus, qui ont passé de nombreuses années en fonction, et le cumul entre plusieurs mandats, locaux et nationaux.

Il est certain qu’on constate à l’époque contemporaine une certaine professionnalisation de la politique, dont l’explication principale réside dans le fait qu’il est possible de vivre de ses fonctions (depuis 1848, les fonctions électives sont rémunérées, de manière à ne pas laisser aux seules personnes aisées la possibilité d’être élues). De même, l’existence de cursus universitaires qui mènent quasi automatiquement à l’entrée en politique accentue cette tendance : professionnalisation et technocratisation sont en partie liées.

Par ailleurs, une caractéristique de la vie publique française ne se retrouve pas dans les autres pays européens. Ainsi, nombre d’élus commencent une carrière sur le plan local (municipal, puis départemental ou régional) pour ensuite accéder à des fonctions nationales. Mais, lorsqu’ils parviennent à ce niveau, ils ne se défont généralement pas de leur mandat local, qui leur permet de conserver une implantation locale et peut servir de "base de repli". Ce d’autant plus que tout en critiquant le cumul, beaucoup d’électeurs considèrent comme un atout de voir leur élu local exercer également un mandat national.

mis à jour le 30 05 2006

2*Quelles sont les conditions pour être élu ?

On appelle éligibilité la possibilité d’être élu. Il s’agit de la capacité juridique à se présenter à une élection. En principe, tout électeur doit pouvoir être élu, mais certaines conditions doivent être satisfaites.

Tout d’abord des conditions de fond :

être de nationalité française (sauf pour les élections municipales et européennes, auxquelles les ressortissants d’un État membre de l’Union européenne résidant en France peuvent participer) ; disposer du droit de vote, donc ne pas avoir perdu ce droit par déclaration du juge dans le cadre d’une mesure de tutelle (loi du 5 mars 2007) ou avoir subi certaines sanctions pénales lourdes (ex : réclusion criminelle) ; être majeur ou avoir atteint un âge minimal : il faut être âgé de 23 ans pour se présenter aux élections présidentielle et législatives et de 30 ans pour être élu au Sénat depuis la réforme du 30 juillet 2003 ; faire preuve de dignité morale et avoir satisfait aux obligations du recrutement militaire ; répondre aux conditions d’éligibilité prévues pour certaines élections : ainsi, certains fonctionnaires (ex : préfets, magistrats judiciaires, commissaires) ne pourront pas être élus au Parlement dans le département où ils sont en poste, afin d’éviter qu’il ne profitent de l’influence que leur procure, ou leur a procuré, leur fonction pour être élus. Mais également, des conditions de forme :

faire acte de candidature ; remplir certaines formalités comme une déclaration patrimoniale pour les élections présidentielles et parlementaires ; respecter les textes sur le financement des campagnes : donc choisir un mandataire et tenir un compte de campagne qu’il faudra déposer après le scrutin. Il existe aussi des conditions d’ordre politique. Ainsi, pour les élections de portée nationale, il est très difficile de se présenter avec quelque chance d’être élu, si l’on n’est pas investi et soutenu par un parti politique.

mis à jour le 23 04 2010

3*Quelles sont les garanties de l’élu ? Les garanties offertes aux élus sont de différents types :

- Des garanties financières : en effet, la plupart des élus sont rémunérés. Cette disposition doit les prémunir contre les tentations de l’argent et éviter que des pressions ne s’exercent sur eux. Cette rémunération est soumise à l’impôt.

- Des garanties d’un point de vue pénal : ainsi, les parlementaires ne peuvent être mis en cause pénalement qu’avec l’accord du bureau de l’assemblée à laquelle ils appartiennent. Il s’agit de l’inviolabilité qui permet d’éviter que le mandat parlementaire ne soit injustement perturbé. De même, le Président de la République ne peut voir sa responsabilité pénale engagée qu’en cas de haute trahison et devant la Haute Cour de justice.

- Des garanties, pour les parlementaires, contre des poursuites concernant des opinions ou des votes émis dans l’exercice de leur mandat. On appelle cette garantie, l’irresponsabilité. En effet, il n’est pas rare que, les esprits s’échauffant, des mots très violents soient échangés entre parlementaires de sensibilités différentes. Toutefois, même si les propos en cause pourraient normalement répondre à la définition pénale de la diffamation, on considère que cette protection préserve la liberté d’expression et les prérogatives de l’opposition. Cette irresponsabilité est perpétuelle et ne cesse pas à la fin du mandat parlementaire.

mis à jour le 30 05 2006

4*Pourquoi est-il nécessaire de verser une indemnité aux élus ?

Le versement d’une indemnité d’un montant correct est le meilleur moyen de permettre aux élus de se consacrer pleinement à leur mandat et de résister aux éventuelles sollicitations illégales dont ils feraient l’objet.

C’est en Grèce ancienne que, pour la première fois, fut inventée cette rétribution des charges électives. En France, les élus ont pour la première fois reçu une indemnité en 1948 . À partir de 1906, les sommes allouées vont permettre de couvrir les charges financières de la campagne électorale, ainsi que, par la suite, les charges liées à l’exercice du mandat.

Pendant longtemps, l’exercice des fonctions électives a été réservé aux personnes qui disposaient d’une fortune personnelle et qui pouvaient donc se dispenser de travailler pour gagner leur vie. Ainsi, sous la Révolution et les monarchies constitutionnelles (Restauration et Monarchie de Juillet), le suffrage étant censitaire, seuls pouvaient voter et être élues les personnes disposant d’un certain niveau de revenu. Ainsi, les acteurs essentiels des assemblées parlementaires étaient des personnes aisées et capables, dans une période d’intense activité parlementaire, de dégager beaucoup de temps pour l’exercice de leur mandat.

Par la suite, il parut logique, avec le développement du suffrage universel et dans le souci de respecter le principe d’égalité dans l’exercice du droit de chaque citoyen d’être éligible, de garantir aux élus les moyens de vivre dignement durant leur mandat et de pouvoir se consacrer pleinement à leurs fonctions.

Aujourd’hui, en France, l’existence d’une rémunération n’est pas toujours acquise au niveau communal. En effet, bien souvent, l’indemnité versée au maire est purement symbolique, et dans nombre de petites communes de France, le maire exerce de facto cette fonction, lourde en terme de temps et de responsabilités, à titre gratuit (en raison de la modicité des sommes allouées).

mis à jour le 30 05 2006

5*Quelles sont les responsabilités d’un élu ? Les responsabilités des élus sont de deux types :

- La responsabilité politique : un élu doit régulièrement se soumettre au suffrage universel. En l’absence, en droit français, d’un mandat impératif des élus (ils sont seuls juges de leurs actions ou de leurs votes), c’est lors des élections que l’élu met en cause sa responsabilité politique. Les électeurs évaluent alors les mérites et les insuffisances du mandat passé. Cette responsabilité politique est mise en cause plus ou moins fréquemment selon la longueur des mandats (désormais tous les cinq ans pour le président de la République et les députés, tous les six ans pour les conseillers municipaux, généraux et régionaux et pour les sénateurs depuis la réforme du 30 juillet 2003).

- La responsabilité pénale : si l’on met à part le cas particulier du président de la République, qui ne peut être poursuivi qu’en cas de haute trahison et uniquement devant la Haute Cour de justice, cet aspect pénal de la responsabilité a eu tendance, ces dernières années, à prendre une importance croissante dans la vie publique.

Ainsi, plusieurs maires ont été poursuivis devant les juridictions pénales pour des manquements à des obligations de sécurité (ex : accidents scolaires en raison de l’écroulement d’équipements sportifs). Pour limiter les mises en cause pénales des élus, deux lois, du 13 mai 1996 et du 10 juillet 2000, sont intervenues pour rendre moins sévère l’appréciation du juge pénal (appréciation au regard des circonstances de chaque affaire).

mis à jour le 30 05 2006

6*Qu’est-ce qu’un citoyen attend d’un élu ? Il n’y a bien évidemment pas de liste exhaustive de ce qu’un citoyen peut escompter de ses élus.

Lors de la Révolution française, il y a eu un important débat sur cette question. Certains étaient favorables au système dit du mandat impératif. Dans ce cas, les élus s’engagent, lors de l’élection, sur des questions précises, et si, une fois parvenus au pouvoir, ils n’agissent pas en stricte conformité avec ces engagements, ils peuvent être déchargés de leurs fonctions.

Pour d’autres, qui devaient finalement l’emporter, les parlementaires étaient les élus de la nation tout entière, et ne pouvaient donc être tenus par des engagements pris devant une partie seulement de cette Nation (correspondant aux électeurs de leur circonscription). On retrouve aujourd’hui encore cette tradition dans la constitution du 4 octobre 1958, dont l’article 27 dispose que : "Tout mandat impératif est nul".

Cela ne signifie pas que les citoyens ne peuvent rien attendre de leurs élus. S’agissant des élus nationaux, les citoyens peuvent attendre d’eux qu’ils recherchent l’intérêt général dans leur action quotidienne. Mais, les citoyens considèrent également que les élus nationaux doivent aussi pouvoir être saisis de problèmes plus quotidiens. Ainsi les députés reçoivent un courrier abondant leur demandant d’intervenir, auprès d’organismes de l’État ou relevant des collectivités territoriales, notamment dans les domaines sociaux (logement, emploi, personnes âgées…). Les parlementaires le font volontiers et y consacrent un temps important.

Concernant les élus locaux, leur rôle est bien d’assumer des tâches en relation directe avec la vie quotidienne des citoyens et d’assurer, en même temps, le développement de la collectivité dont ils ont la charge.

mis à jour le 30 05 2006

S’engager dans un parti politique

1*Qu’est-ce qu’un parti politique ? Un parti politique est une association organisée qui rassemble des citoyens unis par une philosophie ou une idéologie commune, dont elle recherche la réalisation, avec comme objectif la conquête et l’exercice du pouvoir. C’est donc une organisation au service d’une idée.

L’affirmation du suffrage universel a permis le développement des partis qui animent la vie politique et participent au pluralisme, base de toute démocratie.

Il faut distinguer différents types de partis :

les partis dits "de cadre", nés au XIXe siècle, sont des partis de notables (issus, dans un premier temps, de la bourgeoisie ou de l’aristocratie) et se situent traditionnellement à droite ou au centre. En France, le Parti radical, pivot des gouvernements sous la IIIe République en a été le premier exemple ; les partis dits "de masse", nés au début du XXe siècle avec le développement du socialisme et du communisme. Ils ont comme objectif la transformation de la société et la réalisation d’un ordre social nouveau. Pour cela, ils s’appuient sur une organisation structurée et hiérarchisée et sur un grand nombre d’adhérents assurant ainsi une autonomie financière au parti et l’encadrement des électeurs ; les partis d’électeurs, notion apparue dans les années 1960, sont caractérisés par la recherche du rassemblement du plus grand nombre et s’attachent à la promotion d’objectifs consensuels.



En France, le rôle des partis politiques a été inscrit dans la constitution de 1958 (art. 4) qui depuis 1999 leur donne aussi pour mission de favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives . La loi du 11 mars 1988, portant sur le financement des partis, affirme qu’ils se forment et exercent leur activité librement, qu’ils sont dotés de la personnalité morale et peuvent agir en justice.

mis à jour le 30 05 2006

2*Quel est le rôle des partis politiques ? Le rôle essentiel des partis politiques est de participer à l’animation de la vie politique. En effet, l’article 4 de la constitution dispose que : "Les partis et groupement politiques concourent à l’expression du suffrage".

De manière plus précise, les partis remplissent deux fonctions :

Ils sont les intermédiaires entre le peuple et le pouvoir : le parti élabore un programme présentant ses propositions qui, s’il remporte les élections, seront reprises dans le projet du gouvernement. Les partis de l’opposition peuvent proposer des solutions alternatives à la politique de la majorité en place et ainsi remplir une fonction "tribunicienne" en traduisant le mécontentement de certains électeurs. Cependant, on note depuis quelques années une certaine désillusion des citoyens envers les partis, qu’ils ne considèrent plus forcément comme leurs meilleurs représentants et intermédiaires. L’augmentation du taux d’abstention, jusqu’à récemment, traduit peut-être cette réalité.

Les partis ont aussi une fonction de direction : ils ont pour objectif la conquête et l’exercice du pouvoir afin de mettre en œuvre la politique annoncée. Si dans les régimes pluralistes (où existent plusieurs partis) la conception traditionnelle est que le pouvoir exécutif est en charge de l’intérêt national indépendamment des partis, ceux-ci assurent bien la conduite de la politique nationale par l’intermédiaire de leurs représentants au gouvernement et dans la majorité parlementaire. Ils légitiment et stabilisent le régime démocratique , en le faisant fonctionner. Animateurs du débat politique, ils contribuent aussi à structurer l’opinion publique. De plus, avec la tendance à la professionnalisation de la vie politique, les partis ont acquis un rôle de sélection des responsables appelés à gouverner.

mis à jour le 30 05 2006

3*Comment s’organise un parti politique ?

Tout parti dispose d’un texte constitutif qui précise son organisation interne. L’existence de structures est une condition nécessaire pour que les partis puissent perdurer, s’implanter dans le corps électoral, travailler avec efficacité à la conquête du pouvoir, convaincre les électeurs afin de mettre en œuvre le programme politique qu’ils auront élaboré.

En général, au niveau national, un congrès , réuni périodiquement, composé des représentants des adhérents, est l’occasion d’un débat entre les différentes sensibilités ou tendances et a pour mission première de désigner les instances nationales du parti. Quelques soient les termes utilisés, il y a toujours un bureau ou un conseil national , avec au sommet un président ou un secrétaire national… Ce " chef " est le plus souvent élu par l’ensemble des adhérents (ex : Parti socialiste, Union pour un mouvement populaire). Même le parti communiste, longtemps monolithique, s’achemine vers cette pratique.

Au niveau local, il existe des entités de base, sections ou cellules , qui sont regroupées par fédérations départementales dont les instances sont élues par les adhérents. C’est à ce niveau que s’organise le " travail de terrain " qui permet au parti d’être en prise directe avec l’électorat.

On peut aussi évoquer les distinctions qui peuvent exister entre l’appareil du parti (" permanents " et responsables nationaux ), le groupe parlementaire et les militants " de base ". Ainsi, les militants peuvent paraître plus attachés aux principes fondateurs du parti, tandis que le groupe parlementaire pourra être davantage enclin au compromis. Dès lors, cette organisation en différents cercles peut se révéler source de conflits. En outre, du fait de l’importance de l’élection présidentielle dans la vie politique, les partis, obligés d’avoir un " présidentiable " dans leurs rangs, sont devenus des structures de sélection du meilleur candidat possible. S’il y a plusieurs postulants, les rivalités internes peuvent s’exacerber et les tendances, auparavant structurées sur des clivages programmatiques, se définir en groupe de soutien à une personnalité.

mis à jour le 30 05 2006

4*Comment les partis sont-ils financés ?

La question du financement des partis politiques est, depuis quelques années, très sensible. La multiplication des affaires judiciaires liées à ce financement a frappé l’opinion publique et a rendu nécessaire la mise en place d’une législation. En effet, jusqu’en 1988, il n’existait pas de lois fixant les règles de financement des partis, ni de financement public. Les lois du 11 mars 1988, du 15 janvier 1990, du 19 janvier 1995 et du 11 avril 2003 ont pallié à cette situation, notamment en plafonnant les dépenses électorales.

Les partis sont d’abord financés par des ressources privées . Il s’agit :

des cotisations de leurs adhérents et de leurs élus, qui étaient traditionnellement la source de financement des partis de masse. Les cotisations sont généralement d’un montant peu élevé et ne suffisent pas à faire face aux dépenses de fonctionnement ; des dons des personnes privées, limités à 7 500 euros par an et par personne. Ils sont généralement obtenus au moment des élections et non dans le cadre normal du fonctionnement des partis ; depuis 1995, les dons sous quelque forme que ce soit des personnes morales (entreprises) sont interdits. La nouveauté, apportée par les lois sur le financement des partis, est le financement public des partis. Si, depuis longtemps, les dépenses électorales sont remboursées aux candidats ayant atteint un certain seuil (5 %), il n’en allait pas de même des dépenses permanentes des partis.

Désormais, la loi prévoit un financement public accordé aux différents partis, en fonction de deux critères cumulatifs : les résultats aux élections législatives, pour ceux qui ont présenté des candidats ayant ontenu au moins 1% dans au moins 50 circonscriptions, et le nombre de parlementaires. Ainsi, en 2004, le montant global versé aux partis et formations politiques s’est élevé à 73 235 264 euros dont 33 073 341 pour l’UMP, 19 660 452 pour le PS, 4 580 229 pour le FN, 4 544 246 pour l’UDF, 3 717 106 pour le PCF...En cas de non respect de la parité hommes-femmes pour la présentation de candidats aux élections, les formations sont pénalisées financièrement. Ce dispositif est complété par un strict encadrement du financement des campagnes électorales dont les dépenses sont plafonnées et récapitulées, comme les dons, dans un compte de campagne établi par un mandataire financier et certifié par un expert comptable, puis transmis à une commission spécialisée pour vérification. Enfin, afin d’éviter les cas, rarissimes, mais très médiatisés, d’enrichissement personnel liés à leurs fonctions, les élus sont tenus de déclarer l’état de leur patrimoine en début et en fin de mandat.

mis à jour le 30 05 2006

5*Qu’est-ce qu’être militant d’un parti aujourd’hui ?



Il faut tout d’abord distinguer les militants des adhérents. Les adhérents sont des personnes affiliées à un parti politique, car elles possèdent leur carte du parti après avoir payé une cotisation, généralement d’un faible montant. Le militant est un adhérent actif. Ce qui signifie qu’il accepte de faire bénévolement un travail de terrain et de participer à la vie du parti.

Cette activité de militant est variée. Il peut s’agir :

de participer aux réunions habituelles du parti, de manière à débattre de ses orientations, de la stratégie électorale à adopter lors d’une élection locale ou des grands débats nationaux du moment ; de faire connaître les positions du parti par la distribution de tracts dans la rue, sur les marchés ou par la vente d’un journal (ex : traditionnellement les militants du Parti communiste vendaient le dimanche matin "L’Humanité Dimanche") ; de participer aux activités plus nombreuses lors des campagnes électorales (collage d’affiches, organisation de meetings...).



Enfin, il faut signaler aujourd’hui une certaine crise du militantisme. Les partis ont du mal à recruter de nouveaux adhérents. On estime à environ 450 000 le nombre d’adhérents tout partis confondus, soit 1 % de la population adulte. Les formations les plus importantes, PS, UMP et PCF, comptent chacune un peu plus de 130 000 adhérents dont très peu sont de véritables militants actifs . Cette situation est liée, de manière plus générale, à une crise de l’action collective car elle touche aussi les syndicats. Toutefois, il convient de nuancer cette affirmation, dès lors que, mis à part le cas du Parti communiste (près d’un million d’adhérents en 1945, environ 600 000 en 1975) , la France n’a jamais été, à l’exception de brèves périodes (Front populaire, Libération, mai 1968), un pays de fort militantisme partisan.

mis à jour le 30 05 2006

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______Deux experts des banlieues analysent les causes des violences. Malaise social ou dérive délinquante ? Deux spécialistes confrontent leurs analyses divergentes des émeutes urbaines

ENTRETIEN Laurent Mucchielli, sociologue au CNRS (1), et Christophe Soullez, criminologue (2) Les émeutes sont-elles le fait d’une minorité délinquante ou l’expression collective d’une colère ?

Laurent Mucchielli : En 2005, les membres de mon équipe ont travaillé sur quatre quartiers témoins en région parisienne. Il ressort de nos travaux que si une minorité de jeunes ont pris part aux événements, ils ont le soutien d’une large partie de la population des cités. Je conteste ce stéréotype hélas très répandu selon lequel un petit nombre de délinquants prendrait en otage le reste des habitants.

Chez ces derniers, une majorité comprend et partage la colère des émeutiers, même s’ils estiment souvent stupide de brûler des écoles ou des voitures. Sur le fond, quatre raisons au moins expliquent ce malaise social : les relations catastrophiques avec la police ; un sentiment d’échec et d’humiliation par rapport au système scolaire ; l’absence d’emploi ; et enfin, le « statut » dégradé et dévalorisé des personnes « issues de l’immigration ». Elles s’estiment considérées comme des citoyens indignes, de seconde zone, rejetées par une société qui ne les aime pas.

Christophe Soullez : Les profils des auteurs et leurs motivations sont très variés. Certains sont là par hasard tandis que d’autres ont des comptes à régler avec la police… Pour ce qui est du bilan de 2005, on ne connaît vraiment que les émeutiers qui se sont fait arrêter, souvent les moins habitués de ce type d’événements. Les jeunes qui ont eu affaire à la justice ne sont pas représentatifs du noyau dur des délinquants que l’on retrouve au cœur des violences urbaines. En 2005, sur l’ensemble des émeutes, il n’y avait eu qu’un seul tir.

Cette fois-ci, rien qu’à Villiers-le-Bel, on a compté 55 fonctionnaires touchés. Il y a donc une aggravation du recours à la violence criminelle. Un tir sur des policiers, cela s’appelle un crime. La question de savoir s’il existe derrière cela des revendications sociales est secondaire. On ne peut pas accepter de justifier de tels actes par l’expression d’un malaise social. Certaines cités ne sont-elles pas tombées aux mains de mafias ?

L. M. : C’est le langage de certains syndicats de police et de certains politiques. Dans le cours de l’émeute, tout se mélange. Certains profitent d’un incendie pour piller un magasin, d’autres vont régler des comptes… Mais l’essentiel n’est pas là. En 2005, Nicolas Sarkozy avait dit à l’Assemblée que 75 à 80 % des émeutiers étaient des délinquants notoires. Cette affirmation a été contredite. La majorité des jeunes vus par les magistrats étaient des primodélinquants.

Les Renseignements généraux eux-mêmes ont reconnu que les émeutes n’étaient pas le fait de bandes organisées. Et les chercheurs sont parvenus au même résultat. Il est prouvé que l’émeute ne relève pas fondamentalement d’une analyse en termes de délinquance. S’obstiner à le faire, c’est vouloir enlever toute signification sociale à ces événements.

C. S. : Certes, il n’y a pas eu de planification des émeutes. Mais passé l’explosion initiale, on a bien vu se mettre en place une organisation des affrontements, avec des tactiques de guérilla urbaine. Ces stratégies de groupes paraissent de plus en plus structurées. On l’a bien vu ces dernières années avec l’organisation de guets-apens tendus à des policiers que l’on attire dans la cité. L’emprise des réseaux sur les quartiers se constate aussi par la capacité de certains leaders à ramener le calme.

En 2005, les violences urbaines ont duré trois semaines parce que les cités s’embrasaient successivement. Mais à l’intérieur d’un même quartier, les violences ne duraient pas plus de quatre jours. Pourquoi ? Parce que ceux qui font le business disaient stop. Ils avaient besoin que les affaires reprennent. Le fait que la violence a augmenté d’un degré en 2007 ne justifie-t-il pas la fermeté de la police ?

L.M. : Les heurts ont bien été plus violents qu’en 2005, parce que la situation sociale s’est dégradée et que le rapport de force s’est durci. C’est logique : au lieu de revenir à la police de proximité, on a décidé d’affecter durablement dans les quartiers les compagnies de CRS.

Cette stratégie du rapport de force est une erreur, elle ne fait qu’empirer les choses. N’oublions pas qu’en 2006, il y a eu des mini-émeutes aux Mureaux, à Montfermeil, à Montpellier… Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

C.S. : Jusqu’en 2002, on ne faisait que du maintien de l’ordre. Depuis, la police a développé l’action judiciaire. Elle cherche, lors des émeutes, à interpeller les délinquants pour mettre fin à un sentiment d’impunité.

La police a su se réformer, en méthodes et en moyens. Mais, seule, elle ne peut pas tout. Les autres acteurs de la chaîne pénale, la justice et l’administration pénitentiaire, n’ont pas bénéficié des mêmes évolutions et ont pris du retard. Ces institutions en sont restées à une culture de la délinquance qui date de l’après-guerre.

Recueilli par Bernard GORCE

(1) Auteur de Quand les banlieues brûlent, éd. La Découverte 2007, 170 p., 9,50 €. (2) Auteur des Stratégies de la sécurité, PUF, 230 p., 22 € et du Que sais-Je ? Violences et insécurité urbaines, PUF, 127 p., 8 €.

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______Émeutes de 2005 dans les banlieues françaises sont des violences urbaines ce brutal déchirement du tissu social et culturel français, des inquiétudes persistent, ces émeutes étaient prévisibles et se reproduiront peut-être.

Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises sont des violences urbaines qui ont commencé à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005 puis se sont répandues dans un grand nombre de banlieues à travers la France. L'état d'urgence a été déclaré le 8 novembre 2005, puis prolongé pour une durée de 3 semaines consécutives. Au 17 novembre, la police déclare être revenue en situation normale mais après ce brutal déchirement du tissu social et culturel français, des inquiétudes persistent, ces émeutes étaient prévisibles et se reproduiront peut-être1.

Quatre types "d'objectifs" ont principalement été visés durant ces "événements": 1 confrontation avec les forces de l'ordre. 2 Les transport publique (bus caillassé voire brulé, arrêts de bus caillassé...) 3 Les Zone Franche (zone industrielles ou commerciale sensé embaucher des jeunes de quartiers populaires). 4 L'Education Nationale (école, lycée...)

Dans certains cas, ces événements se sont transformés en émeutes opposant plusieurs centaines de personnes appelées « jeunes », qui n’ont pas hésité à manier le cocktail Molotov, dans maintes villes de France surtout dans des quartiers de banlieues dits « sensibles » ou « difficiles » contre les forces de police françaises, avec parfois des tirs à balles réelles contre les policiers vilipendés (par exemple à Grigny).

Au total, des milliers de véhicules incendiés, des bâtiments publics de première nécessité calcinés, des écoles vandalisées, souvent dès la maternelle, ou des Maisons associatives pillées, des passagers d’autobus menacés de mort. le 08 Février 2008.</ref>, ces trois semaines de violence urbaine restent les plus importantes agitations en France depuis mai 1968. Elles tranchent radicalement avec les affrontements réduits à une commune durant trois à quatre jours, tels ceux qu’avait connus Vénissieux en 1981. Elles sont sans équivalent en Europe : aucun autre pays, même la Grande-Bretagne, n’a connu des événements d’une durée similaire et touchant autant de communes. Les émeutes de Los Angeles en 1992, les plus longues depuis les premières émeutes urbaines contemporaines, n’ont duré que six jours2.

Derrière ce phénomène d’ampleur nationale se cachent cependant des réalités locales très diverses. Ainsi, au bout de cinq jours, seules sept communes étaient embrasées, toutes en Île-de-France. Les autres régions n’ont été touchées que deux jours plus tard. Les émeutes se sont ensuite déplacées de communes en communes.

Les « violences urbaines » qui ont retentit à l’automne 2005, sont rarissimes tant par leur longueur que par leur ampleur territoriale, leur frais économiques et la médiatisation politique au niveau national et même mondial. Elles tranchent avec les petits affrontements à une commune durant moins de 5 jours, par exemple ceux de Vénissieux en 19813. Elles sont sans équivalent en Europe : aucun autre pays, même la Grande-Bretagne, n’a connu des événements d’une même durée et touchant autant de communes. « Les émeutes de Los Angeles en 1992, les plus longues depuis les premières émeutes urbaines contemporaines, n’ont duré que six jours »4.

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Le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois, en fin d'après-midi, une dizaine de Clichois reviennent à pied du stade Marcel-Vincent de Livry-Gargan, où ils ont passé l’après-midi à jouer au football. En chemin, ils passent à proximité d’un grand chantier de construction. Un riverain signale par un appel téléphonique une tentative de vol5 sur une baraque du chantier au commissariat de Livry-Gargan. Celui-ci dépêche un véhicule de la brigade anticriminalité. La police nationale essaye ainsi d’interpeller six jeunes individus6, dont quatre très rapidement dans le parc Vincent Auriol. Deux autres dans le cimetière qui jouxte le poste de transformation EDF où se sont réfugiés trois autres fuyards : Bouna Traoré (15 ans), Zyed Benna (17 ans), et Muhittin Altun (17 ans), qui prennent alors la fuite. Cherchant à se cacher dans un transformateur, Bouna Traoré (15 ans), Zyed Benna (17 ans) meurent par électrocution dans l'enceinte d'un poste source électrique. Le troisième, Muhittin Altun, est grièvement brûlé, mais parvient à regagner le quartier7.

D'après les enregistrements des conversations radio, un gardien de la paix présent sur place, dit trois fois à ses collègues qu'il a vu les jeunes se diriger vers l'installation électrique et lance : « S'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau. »8.

Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont, dès le lendemain, parlé de tentative de cambriolage9 ; d'après les premières constatations, les policiers avaient été appelés pour ce type de délit, mais aucun lien n'avait pu être prouvé entre les adolescents en question et l'affaire10.

Une procédure judiciaire est en cours suite à la plainte déposée par les parents des jeunes. Deux policiers ont été mis en examen en février 200711. Le 27 octobre 2007, à l'occasion du deuxième anniversaire de la mort des deux jeunes, le père de Benna a déclaré selon le Nouvel Observateur : « L'affaire prend du retard (...), il faut que ça avance et que les policiers soient jugés. »12

Puis, l'information s’est vite répandue et la rumeur a fait de la police la responsable de cette tragédie13. Des mouvements de rue ont débuté dans la soirée du 27, s'attaquant aux forces de l'ordre et aux sapeurs-pompiers de Paris. Les premières violences se sont produites dans la nuit du 27 au 28 octobre dans les quartiers du Chêne-Pointu et du Bois-du-Temple, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où des policiers et sapeurs-pompiers ont été agressés. Des émeutiers ont également tiré à balles réelles sur un véhicule de CRS à Clichy-sous-Bois.

Ensuite, une grenade à gaz lacrymogène ayant appartenu aux forces de l'ordre a ensuite été lancée, pour des raisons encore inconnues, à proximité de la mosquée de Clichy-sous-Bois, ce qui a envenimé la situation alors que la communauté musulmane était encore en période de Ramadan. Certains policiers reconnaissent être « tombés dans un traquenard »14. « Rien ne laissait penser que c’était une mosquée. Or, des jeunes, qui étaient à proximité du bâtiment religieux, ont jeté des projectiles sur la police lorsque celle-ci faisait sa ronde »15. L'enquête administrative tend à montrer que la grenade a bien été jetée par les forces de l'ordre mais n'aurait pas pénétré l'enceinte de la mosquée, limitant son explosion à l'extérieur du bâtiment16. Une information – qui a été démentie plus tard par l'enquête administrative – a commencé à circuler, laissant entendre que des bombes auraient été envoyées dans l’enceinte même de la mosquée.

S'en suivent donc des mouvements et incendies durant cinq nuits essentiellement localisées à Clichy-sous-Bois. Les incidents se sont ensuite propagés au quartier voisin des Bosquets, à Montfermeil, puis à Aulnay-sous-Bois, Sevran et à d'autres villes de la Seine-Saint-Denis et à Paris à partir du 1er novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_de_2005_dans_les_banlieues_fran%C3%A7aises

La SMACL, assureur de nombreuses collectivités locales, estimait le jeudi 10 novembre 2005 à 55 millions d'euros l'ardoise des violences urbaines pour ses seuls clients. À défaut d'intervention de l'État, elle prédit une augmentation des cotisations, voire des municipalités sans assurance. réf. souhaitée

Autre coût potentiel, le dégât causé à l'image de la France dans le monde. Certains pays ont conseillé aux touristes d'éviter la France. Certaines entreprises étrangères ont émis des doutes concernant leurs investissements en France. Ces entreprises n'ont pas pris de décision immédiate, mais l'évolution des événements pourrait les influencer dans leurs choix futurs. Au 3 décembre 2005, les assureurs évaluent les dégâts à 200 M€. réf. souhaitée

Suite à ces incidents, les primes d'assurance des collectivités en ZUS ont fortement grimpé, générant des dépenses supplémentaires pour ces villes. D'où l'action juridique, pour l'instant sans succès, d'une vingtaine de collectivités locales de Seine-Saint-Denis pour faire reconnaître la responsabilité de l'État21.

Les violences ont eu lieu essentiellement dans les quartiers les plus défavorisés du pays qui concentrent dans de même zones urbaines, taux de chômage, de délinquance, d'échec scolaire, une grande densité de logements sociaux, de populations issues de l'immigration. Loin des centre-villes, des quartiers d'affaires et des quartiers touristiques. Ce qui n'a pas empêché certains médias étrangers, notamment américains de laisser planer la confusion en évoquant « des violences dans la plupart des grandes villes françaises ». Ce qui n'est certes pas faux mais une vision partielle de la réalité. Ce facteur est également à prendre en compte pour l'analyse et la compréhension du problème des violences urbaines.

En France, ces émeutes sont d'abord évoquées avec des mots tels qu'« incidents », « mouvements de rue » et « violences urbaines ». Au contraire, la presse étrangère, francophone (Canada, Suisse) ou non, ont immédiatement parlé d'émeutes dues aux problèmes d'intégration ethnique. Les politiciens français, voire la société française, ont été parfois très durement critiqués. La chaîne de télévision LCI a été accusée de censure parce qu'elle a décidé de ne pas diffuser d'images de voitures en feu afin de ne pas faire progresser l'extrême droite grâce aux images de violence et d'insécurité.

Le Royaume-Uni connaît également ce phénomène depuis au moins la fin des années 1970 mais avec parfois un caractère inter-ethnique (Jamaïcains, Pakistanais, Indiens) ou encore, sous forme d'émeutes racistes (le « Paki-Bashing » c'est-à-dire la « chasse aux Pakistanais », par exemple), comme les émeutes raciales de Brixton et de Bristol au début des années 1980, en plein mouvement skinhead. L'analyse de ces émeutes est controversée, à cause de la participation active de nombreux groupes « mixtes » - noirs et blancs ensemble - qui se battaient contre la police dans l'Angleterre de Margaret Thatcher à une époque où les conditions de vie des populations vulnérables connurent un déclin important. Un quart de la population anglaise vivait sous le seuil de pauvreté à l'époque du premier ministre John Major qui succéda à Margaret Thatcher. réf. souhaitée




Le 4 novembre, le Parti communiste, le député-maire PS de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, le député Vert de la Gironde, Noël Mamère, et le député de l'Isère et secrétaire national du PS chargé de la justice et de la sécurité André Vallini demandent la démission du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Le gouvernement de Dominique de Villepin a annoncé toute une série de mesures, notamment la réservation aux quartiers difficiles de 20 000 contrats d'accompagnement pour l'emploi et contrats d'avenir.

Lors d'un Conseil des ministres le 8 novembre, le gouvernement a adopté un décret déclarant l'état d'urgence sur le territoire métropolitain, en application de la loi du 3 avril 1955 :

décret déclarant l'état d'urgence décret précisant les villes concernées



On peut consulter sur le site Web du Conseil constitutionnel la décision n° 85-187 DC du 25 janvier 1985, déclarant conforme à la Constitution la loi relative à l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie et dépendances, loi qui avait été déférée au Conseil le jour même par 67 députés (dont les anciens premiers ministres Jacques Chirac, Maurice Couve de Murville, Pierre Messmer, Michel Debré et Jacques Chaban-Delmas) et 62 sénateurs. Le Conseil constitutionnel avait à l'époque estimé que l'absence de mention de l'état d'urgence dans la constitution de 1958, jointe à diverses modifications de la loi de 1955 depuis 1958 (soit sous le régime introduit par la Constitution de 1958) et considérant qu'il appartiendrait « au législateur d'opérer la conciliation nécessaire entre le respect des libertés et la sauvegarde de l'ordre public sans lequel l'exercice des libertés ne saurait être assuré » n'impliquait pas que loi déférée devant lui puisse être non conforme à la Constitution.

Le préfet de Police de Paris a interdit tout rassemblement « de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics » de samedi matin 10h à dimanche 8h.

Lilian Thuram, membre de l'équipe championne du monde de football en 1998 et membre du Haut conseil à l'intégration, a surpris les médias le mardi 8 novembre par sa déclaration offensive, « Moi aussi j'ai grandi en banlieue ». Il a critiqué les propos du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, en expliquant que ces jeunes ne sont pas des racailles, « Avant de parler d'insécurité, il faut peut-être parler de justice sociale. » Le ministre a plus tard répliqué, affirmant que « Lilian Thuram ne vit plus en banlieue depuis longtemps. »

Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le mardi 8 novembre, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il avait « demandé aux préfets que les étrangers, qui sont en situation régulière ou irrégulière, qui ont fait l'objet d'une condamnation, soient expulsés sans délai de notre territoire, y compris ceux qui ont un titre de séjour. Quand on a l'honneur d'avoir un titre de séjour, le moins que l'on puisse dire c'est que l'on n'a pas à se faire arrêter en train de provoquer des violences urbaines ». De nombreuses personnalités de gauche l'ont alors accusé de renier ses engagements de l'abrogation de la « double peine ». Sur l'ensemble des condamnations judiciaires, suite aux « violences urbaines », les étrangers ne représenteraient que 6 % du total. Alors que M. Sarkozy lors de la première expulsion d'un étranger le 3 février parlait de « six dossiers à suivre », ce ne sont que deux personnes (un Malien et un Béninois). Pour les autres, les avis consultatifs négatifs des tribunaux ont été souvent suivis par les préfets, les intéressés n'ayant souvent aucune condamnation ni profil désocialisé. Fin août, seuls un ou deux cas resteraient en suspens. 27

Pour le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, « le nombre d'étrangers expulsables ne dépasse pas la dizaine ». Le lundi 14 novembre, le ministre des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy déclarait sur Europe 1 s'opposer à l'expulsion des délinquants en situation régulière : « Il ne peut pas y avoir un Français qui a fait un crime ou un délit en France et qui serait traité d'une certaine manière et un étranger en situation régulière qui serait traité d'une autre manière. C'est pas possible ».

Lors d'un Conseil des ministres anticipé de deux jours, le lundi 14 novembre, l'état d'urgence est prolongé de trois mois par le gouvernement. Pour le président de la République Jacques Chirac « c'est une mesure de protection et de précaution nécessaire pour donner aux forces de l'ordre tous les moyens dont elles ont besoin pour ramener définitivement le calme. Bien entendu c'est une mesure strictement temporaire et qui ne s'appliquera que là où elle est strictement nécessaire et en plein accord avec les élus. » Le parti socialiste et le parti communiste (PCF) ont immédiatement protesté ; le PCF demandant le retrait de la loi de 1955 (sur l'état d'urgence) alors remplacée par « l'état d'urgence sociale ». Ces deux partis de gauche ainsi que Les Verts ont d'ailleurs annoncé qu'ils voteront contre à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Le 10 novembre, lors de la conférence de presse conjointe du 18e Sommet franco-espagnol, soit deux semaines après le début des violences, le président de la République Jacques Chirac s'exprime pour la première fois en public sur les évènements survenus dans les banlieues françaises. Il y explique que le préalable à toute autre action est le rétablissement de l'ordre public. À la double question « Comment vivez-vous les critiques à répétition sur votre quasi-silence ou votre extrême discrétion sur la crise des banlieues ? Deuxièmement, est-ce que vous approuvez la proposition du ministre de l'Intérieur concernant le renvoi potentiel des ressortissants étrangers dans leur pays en cas de faute, de délits dans les banlieues ? », il répond « Sur la première question, je vous ai répondu tout à l'heure, en vous disant qu'il y a le temps du rétablissement de l'ordre, qui était pour moi une priorité absolue -et j'ai tenu à consacrer la totalité de mes efforts à cet objectif, qui n'est pas encore atteint- et le temps de la réflexion que je consacrerai notamment à dire à nos compatriotes quel est mon sentiment sur cette crise et les moyens d'y remédier. Sur la deuxième question, je vous dirai d'une façon très très simple qu'il y a une loi en France et que cette loi doit être respectée. Il faut respecter la loi, toute la loi. »

L'intégralité de l'intervention du président de la République le 10 novembre 2005 Le président s'adresse ensuite pour la première fois directement aux Français via la télévision et la radio le lundi 14 novembre, à 20 heures. L'attente des Français sur cette question des émeutes dans les banlieues étaient fortes, puisque Jacques Chirac a été regardé par plus de 20 millions de télespectateurs, un record en politique. Pendant 14 minutes, il a rappelé les principes forts et les valeurs de la République et a proposé quelques mesures. Voici les extraits marquants de son intervention :

« Cette situation grave témoigne d’une crise de sens, une crise de repères, une crise d’identité, à laquelle nous répondrons en étant fermes, en étant justes, en étant fidèles aux valeurs de la France . Ces événements témoignent d’un malaise profond. Les enfants, les adolescents ont besoin de valeurs, de repères. Les familles doivent prendre toute leur responsabilité. Celles qui s’y refusent doivent être sanctionnées. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent en revanche être activement soutenues. Ce qui est en jeu c’est le respect de la loi mais aussi la réussite de notre politique d’intégration. Il faut être strict dans l’application des règles du regroupement - familial. Il faut renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère. Je veux dire à tous les enfants qui vivent dans les quartiers difficiles que, quelle que soit leur origine, ils sont toutes et tous les fils et les filles de la République. Nous ne construirons rien de durable sans assumer la diversité de la société française. J’appelle tous les représentants des communes à respecter la loi qui leur impose d’avoir 20 % au moins de logements sociaux Les Françaises et les Français, particulièrement les plus jeunes, doivent être fiers d’appartenir à une nation qui fait siens les principes d’égalité et de solidarité. Les discriminations sapent les fondements mêmes de notre République. Mais il n’est pas question d’entrer dans la logique des quotas, qui montre du doigt ceux qui en bénéficient, et qui est injuste pour ceux qui n’en bénéficient pas. Il faut donner à tous les jeunes les mêmes chances face à l’emploi. Pour mieux aider les jeunes en difficulté à aller vers l’emploi, j’ai décidé de créer un Service civil volontaire, associant accompagnement et formation. Il concernera 50&#8201;000 jeunes en 2007. » L'intégralité de l'intervention du président de la République le lundi 14 novembre 2005 Dans un sondage Ipsos pour l'hebdomadaire Le Point (14 novembre 2005) ; la popularité de Nicolas Sarkozy fait un bond de onze points, pour s'établir à 63 % d'opinions favorables en novembre. Le ministre de l'Intérieur profite ainsi des événements et de ses déclarations sécuritaires. Le Premier ministre, Dominique de Villepin (+ 7 points) à 58 % et le président Jacques Chirac (+ 6 points) à 39 % bénéficient aussi de leur gestion de la crise.

Les mardi 15 et mercredi 16 novembre 2005, le ministre délégué à l'emploi, Gérard Larcher, et le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, affirment que la polygamie constitue l'une des causes de ces violences urbaines. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy avait déjà déclaré le 10 novembre précédent qu'« il y a plus de problèmes pour un enfant d'un immigré d'Afrique noire ou d'Afrique du Nord que pour un fils de Suédois, de Danois ou de Hongrois. Parce que la culture, parce que la polygamie, parce que les origines sociales font qu'il a plus de difficultés. » Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française tient des propos similaires au journal Libération : « Tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues. » Ces déclarations ont suscité un tollé chez les personnalités associatives et les personnalités politiques de gauche. Pour le député-maire socialiste d'Évry (Essonne), Manuel Valls, « donner à penser que les problèmes actuels des banlieues seraient directement liés à la polygamie est gênant, voire insupportable. » D'après le député communiste Jean-Claude Sandrier, « les autorités cherchent des boucs émissaires Le principal problème pour l'intégration c'est l'emploi. » Les Verts dénoncent carrément les « relents racistes » de la droite et du gouvernement.

Fin novembre 2005, une autre polémique concerne les propos de l'intellectuel Alain Finkielkraut, notamment ceux de l'entretien donné au quotidien israélien Haaretz.

Voir à ce sujet l'article détaillé Polémique autour des propos d'Alain Finkielkraut sur les émeutes en banlieue. Contre-disant les propos de Nicolas Sarkozy (fait le 3 novembre 2005, quelques jours après le déclenchement des émeutes, à propos des violences de la nuit précédente où ce dernier affirmait que celles-ci n'avaient “rien de spontané” et étaient “parfaitement organisées”), un rapport de la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) daté du 23 novembre et publié par le journal « Le Parisien » du 7 décembre tire les enseignements de la vague de violences urbaines qui a traversé le pays à partir du 27 octobre et précise que “La France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme”. Le coût des violences est évalué à « plus de 250 millions d'euros ». Par ailleurs, dans ce même rapport, on peut lire que :

- “aucune solidarité n'a été observée entre les cités”, les jeunes s'identifiant “par leur appartenance à leur quartier d'origine et ne se reconnaiss(ant) pas dans ceux d'autres communes”. Les policiers affirment qu'“aucune manipulation n'a été décelée permettant d'accréditer la thèse d'un soulèvement généralisé et organisé”. Ainsi, les islamistes n'auraient joué “aucun rôle dans le déclenchement des violences et dans leur expansion”. Ils auraient au contraire eu “tout intérêt à un retour rapide au calme pour éviter les amalgames”. L'extrême gauche, de son côté, “n'a pas vu venir le coup et fulmine de ne pas avoir été à l'origine d'un tel mouvement”. - les policiers assurent par ailleurs que “les jeunes des cités étaient habités d'un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d'exclus de la société française”. Ils précisent que “les jeunes des quartiers sensibles se sentent pénalisés par leur pauvreté, la couleur de leur peau et leurs noms. Ceux qui ont saccagé les cités avaient en commun l'absence de perspectives et d'investissement par le travail dans la société française”. - “Tout s'est passé comme si la confiance envers les institutions, mais aussi le secteur privé, source de convoitises, d'emplois et d'intégration économique, avait été perdue”.

L'UMP fait campagne au moyen d'achat de liens publicitaires sur le moteur de recherche Google28. Un lien vers le site web de l'UMP apparaît dans les résultats de recherche sur des mots clés comme banlieue, émeute, racaille, anarchiste, républicain, socialiste, fédéraliste, politique, trotskyste, marxiste, incivilité, démocrate, etc. Cette campagne dirige les visiteurs vers une pétition pour "soutenir la politique de banlieues de Nicolas Sarkozy". C'est la première fois qu'un parti politique achète des liens commerciaux sur un moteur Internet. Le Parti socialiste a fait de même en achetant le mot banlieues par exemple.

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_______« Tu veux que tout s’arrange, tu veux que tout ça change, mais qu’est-ce que tu fais pour que tout ça bouge ? » Jeunes Africains, Franco-africains

Energie, capacité d’innovation, créativité tous azimuts

L’absence de travail crée un sentiment d’exclusion et d’inutilité qui entraîne violence, toxicomanie et extrémismes. Las des années d’enseignement perdues, les jeunes font de leurs gouvernements la cible de leur frustration. Cherchant leur propre voie, ils manifestent dans les rues, s’affrontent sur les campus et constituent le gros des troupes en cas d’émeute. Certains responsables - politiques et religieux - exploitent ces tendances et les mobilisent sur des bases militaristes, « prenant le relais de l’embrigadement des anciens partis uniques », estimait le chercheur Tshikala K. Biaya (2). La vie des jeunes Africains est ainsi faite d’instabilité et d’incertitude. La majorité des 6 millions de réfugiés et déplacés sont des jeunes traumatisés - en tant que victimes ou combattants. En dix ans, près de deux millions d’enfants sont morts dans les guerres d’Afrique centrale. Plus de 120 000 enfants-soldats sont recensés dans une douzaine de pays. Autre drame, les millions de jeunes porteurs du VIH/sida, tandis que d’autres sont devenus chefs de famille en raison du décès de leurs parents tués par la maladie, qui laisse environ 12 millions d’orphelins.

« Les gouvernements africains doivent apporter des solutions à cette majorité juvénile qui devient plus pauvre, plus mécontente et, parfois, plus militante », affirmait en 2004 la Commission économique pour l’Afrique, réclamant des politiques viables élaborées avec la collaboration des jeunes. « L’énergie, la capacité d’innovation et les aspirations de la jeunesse sont un capital qu’aucune société ne peut se permettre de dilapider », dit le BIT. Ils font preuve de créativité tous azimuts - musique, théâtre, peinture... Sans oublier leur attrait pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication. « Tu veux que tout s’arrange, tu veux que tout ça change, mais qu’est-ce que tu fais pour que tout ça bouge ? », chante La Brigade, un groupe de rap métissé. Jeunes Africains, Franco-africains, tous ont en tête l’image de ces jeunes qui, à Melilla ou Ceuta, se disent « plus près de la mort que de la vie » et dont les « vagues d’assaut » (ainsi que certains journaux ont qualifié leurs tentatives désespérées de franchir les barrières !) en direction de la forteresse européenne sont imputées à la pauvreté et à la famine en Afrique subsaharienne. Ne peuvent-ils prétendre à un avenir plus humain ?

Antoinette Delafin

(1) Perspectives économiques en Afrique, OCDE-BAD 2004-2005. (2) Jeunes et culture de la rue en Afrique urbaine. Addis-Abeba, Dakar, Kinshasa, in Politique africaine n°80, décembre 2000, pp 12 à 31.

Les deux tiers des Africains ont moins de 30 ans

Plus de la moitié de sa population a moins de 21 ans et les deux tiers moins de 30 ans. Le terme « jeune » (15-24 ans, selon les Nations unies) s’applique sur le continent aux individus non mariés ou non indépendants économiquement, tandis que les « vieux » sont encore seuls détenteurs du savoir et du pouvoir, surtout en milieu rural. Après la vague des démocratisations, les parents espéraient pour eux des lendemains meilleurs. Ils leur laissent un bien lourd héritage. Forces vives de pays soumis ces vingt dernières années aux conditions draconiennes des plans d’ajustement structurel, ils ont vécu la disparition de l’État-providence, l’essoufflement du modèle éducatif colonial et, au final, une précarisation extrême de leurs conditions de vie.

La moitié des économies africaines sont en deçà des ressources par tête d’il y a vingt ans, selon le Programme des Nations unies pour le développement. Des millions d’Africains ne mangent pas à leur faim et près de la moitié vivent avec moins d’un dollar par jour. L’Afrique subsaharienne affichait en 2004 des taux d’analphabétisme de 35,9 % pour les adultes (plus de 15 ans) et de 20,1% pour les jeunes (1). Au rythme actuel, elle ne parviendra pas à l’éducation primaire universelle avant au moins 2150 et presque la moitié des pays n’atteindront pas la parité éducative entre les sexes d’ici 2015. Lors du Sommet sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté à Ouagadougou, en septembre 2004, la Commission de l’Union africaine recommandait aux dirigeants de mettre au plus vite l’accent sur l’éducation, l’apprentissage, la formation professionnelle, la transformation de l’économie informelle, cette forme de « débrouille » pratiquée par une grande partie de la jeunesse urbaine. Près de la moitié des jeunes travaillent encore dans l’agriculture ; or l’éducation demeure une priorité absolue en zone rurale, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. En 2003, l’Afrique subsaharienne comptait un des plus forts taux de chômage des jeunes (21 %) alors que la région devrait connaître la plus forte augmentation de sa population active d’ici à 2015 (30 millions de jeunes supplémentaires). Leur sort dépend de la croissance économique mais surtout de son contenu en termes d’emploi. Seuls « 5 à 10 % des nouveaux arrivants sur le marché du travail pourront intégrer l’économie formelle », indique le Bureau international du travail (BIT), pour qui « l’Afrique augmenterait son PIB de 12 à 19 % » si elle créait des emplois décents pour les jeunes.

XXIIIème sommet Afrique-France

La jeunesse africaine, un potentiel entre instabilité et incertitude

(MFI) "La jeunesse africaine, sa vitalité, sa créativité et ses aspirations" : tel est le thème du XXIIIe Sommet Afrique-France. Retiendra-t-il toute l’attention des dirigeants rassemblés à Bamako ?

« C’est un potentiel gigantesque. Cela peut aussi être une menace considérable si cette jeunesse-là n’a d’autre horizon que l’enrôlement dans une rébellion ou l’endoctrinement radical. Il est donc impératif de lui donner des perspectives », affirmait Philippe Douste-Blazy, le ministre français des Affaires étrangères, au quotidien Le Parisien en août dernier, motivant ainsi le thème du 23è Sommet Afrique-France. A l’initiative du Mali, pays-hôte, la rencontre aura été précédée d’un Forum de la jeunesse africaine, réunissant à Bamako les 8 et 9 novembre 53 jeunes - un par pays représenté - assistés d’une centaine d’autres venus des régions du Mali et d’une délégation de Franco-africains. Une première ! La Déclaration qu’ils soumettront aux chefs d’Etat pointera cinq questions clés pour leur avenir : formation et emploi, insertion sociopolitique, enjeux sanitaires, culture et nouvelles technologies, diaspora franco-africaine.

Il y a urgence, à lire l’appel « solennel, angoissant et pressant » lancé par les représentants des Jeunes leaders aux chefs d’État de l’Union africaine en 2004 : « Nos Etats sont dépouillés de ressources et détournés de leurs prérogatives. L’éducation n’est plus considérée comme un droit pour les enfants africains mais plutôt comme un luxe. Plus de droit à l’emploi, à la santé, au logement, à un environnement sain. En somme, les jeunes sont laissés à eux-mêmes. » La jeunesse africaine est devenue le plus grand défi que l’Afrique doit relever.

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mardi 11 mai 2010

_______"Arnold Klein ? Je l'emmerde. Il est plein de merde. Michael n'était pas gay". (Jermaine Jackson, frère de Michael)

Jason Pfeiffer, inconnu notoire, et ex-assistant du docteur Arnold Klein a déclaré il y a quelques jours aux médias américains qu'il avait été l'amant de Michael Jackson qu'il aurait rencontré dans le bureau d'Arnold Klein. Ex-dermatologue de Michael Jackson, Arnold Klein est aussi soupçonné d'être le père biologique de deux des enfants de Michael Jackson.

Il a déclaré au site TMZ.com que la supposée relation de Michael Jackson avec Pfeiffer était la seule qu'il ait jamais eu et ajoutait ne pas "avoir trahi Michael" en s'exprimant. Il expliquait qu'il s'était exprimé pour "réfuter les rumeurs de pédophilie" au sujet du chanteur.

Les déclarations de Pfeiffer, qu'Arnold Klein a avalisées, ont passablement énervé la famille Jackson. Ainsi Joe Jackson, père de Michael, affirme que son fils n'était pas gay, et critique sévèrement Arnold Klein qui trahit la mémoire de son fils : "Il n'a aucun respect pour Michael...Dire des choses sur lui alors qu'il est n'est plus là est honteux". Joe Jackson critique également Klein pour avoir rompu la confidentialité qu'il est supposé respecter dans le cadre de son métier. Depuis que Pfeiffer et Klein ont déclaré publiquement que Michael Jackson était gay, ils ont reçu des menaces de mort et auraient engagé des gardes du corps pour se protéger.

Jermaine Jackson, frère de Michael, n'y est pas allé par quatre chemins. Répondant à TMZ au sujet des affirmations de Pfeiffer et de Klein, il a déclaré : "Arnold Klein ? Je l'emmerde. Il est plein de merde. Michael n'était pas gay".

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_______L'histoire de l'humanité toute entière n'est qu'un amoncellement d'horreurs et de hontes: "L'égalité des Nègres ! Sornettes ! Combien de temps encore verra-t-on des fripons vendre et des imbéciles vanter un tel vulgaire morceau de démagogie ?&

L'histoire de l'humanité toute entière n'est qu'un amoncellement d'horreurs et de hontes: quoiqu'intelligents, l'homme a trop de culpabilité pour accéder à la foi !

Dans le dictionnaire Larousse de 1866, l'article « Nègre » affirme que le cerveau des Noirs est moins volumineux que celui des Blancs. Ce racisme a justifié les exactions de l'armée coloniale française.

Ernest Renan ne cacha pas ses sympathies pour les théories de Gobineau, et publia des écrits allant dans le sens de la supériorité de certaines races.

On peut rarement trouver un Noir capable de suivre et comprendre les travaux d'Euclide. Thomas Jefferson,

"Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici.Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt " Charles de Gaulle

Alors tu sais une connerie de plus ou de moins... n’empêche qu’il devrait être poursuivi, car ses genres d’inepties font souffrir certaines personnes car touchant profondément leurs feelings, leur amour propre, je pense aux descendants d’esclaves qui ont encore du mal panser leurs blessures.

En UK, ils avaient fait une étude dans des écoles pour étudier les enfants qui réussissent les mieux à l’école, figure toi que les premiers étaient les enfants chinois et les seconds les enfants indiens, si l’on considère selon une autre étude qui dit que les Anglais sont les plus intelligents d’Europe, je te laisse tirer des conclusions. Mais ne t' en fais pas car ces genres des tests prennent en compte beaucoup d’autres facteurs que le seul facteur intelligence lui même. A propos, quel serait le résultat du test de QI d’un pygmée? Ne souris pas si vite, je te vois conclure hâtivement, et quel serait le résultat du test d’intelligence dans le milieu naturel pygméen pour un occidental? Sources : Elima: L'esprit qui ne mâche pas ses mots.

Un prix nobel de Chimie affirme à la TV que le noir est moins intelligent que le blanc: rigueur scientifique ?

Tu sais le racisme idéologique sur des hypothèses scientifiques erronées pour justifier la mise en place de législations ségrégationnistes et la discrimination politique. Ce pseudo scientifique ne fait que suivre la trace de ses semblables, rien de surprennant. Depuis longtemps cette considération a été liée au droit (et même au “devoir” , selon Jules Ferry) pour une race supérieure d'en dominer au moins temporairement une ou plusieurs autres, notamment dans un cadre colonial. Sur le plan politique, le darwinisme social a servi à justifier le colonialisme, l'eugénisme, le fascisme et surtout le nazisme. Même LE PEN de nos jours, s’inspire du darwinisme social pour asseoir son idéologie d'extrême droite « Toute civilisation découle de la race blanche, aucune ne peut exister sans le concours de cette race ». Le comte Joseph-Arthur de Gobineau, l'Essai sur l'inégalité des races humaines. À l'école d'anthropologie de Paris, on pèse les cerveaux pour classer les individus dans une hiérarchie des races.

http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20071022111634AAwQ3BN

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jeudi 6 mai 2010

________Une centrale électrique au Zimbabwe financée par la Chine. La Société nationale d'électricité du Zimbabwe (ZESA) a obtenu un prêt de 250 millions de dollars

La Société nationale d'électricité du Zimbabwe (ZESA) a obtenu un prêt de 250 millions de dollars américains de la Banque d'import/export (EXIMBANK) de la Chine pour accroître la production en énergie électrique dans le pays, a t-on appris mardi à Harare.

Le directeur exécutif de la ZESA, Ben Rafemoyo, a indiqué que le prêt va permettre le financement de l'agrandissement de la centrale hydroélectrique de Kariba située le long du fleuve Zambèze à la frontière avec la Zambie.

Il a expliqué que le projet va augmenter de 300 mégawatts la capacité actuelle qui est de 750 mégawatts et va réduire le rationnement de l'électricité à travers le pays. Le Zimbabwe ne produit actuellement que 65 pour cent de ses besoins en énergie électrique et importe la différence chez les pays voisins.

La demande avoisine 1.500 mégawatts, alors que la production actuelle ne dépasse pas 1.000 mégawatts. La société électrique annonce qu'elle envisage également de signer au cours de ce mois, un accord de financement avec le Botswana afin que ce pays rénove la centrale thermique de Bulawayo, au sud-ouest de Harare, qui est à l'arrêt.

A l'issue des travaux de rénovation de la centrale de Bulawayo, deuxième grande ville du Zimbabwe, cette centrale va bénéficier en retour de 40 pour cent de l'énergie produite, selon les termes de l'accord. Le coût du projet est estimé à 15 millions de dollars américains.

http://www.grioo.com/ar,une_centrale_electrique_au_zimbabwe_financee_par_la_chine_,19002.html

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