___Que cherchons-nous ? l’homme est un composé d’esprit et de matière.. Quelle est la nature du réel ? de quoi la réalité est-elle faite, au-delà des apparences sensibles ? Le mystère de l’union esprit et matière! intelligence artificielle
Par http://www.777-mafia.com/us/home, vendredi 9 novembre 2012 à 16:54 :: ___Battlefiel IV - BLOODSLATTERS - Survival Of The Fittes - Everyday Gun Play - Street Life :: #4227 :: rss
Le cerveau, objet technologique (2/8) : Le plus complexe non-ordinateur du monde
Comprendre le fonctionnement du cerveau est l'un des enjeux de la convergence des technologies à la fois parce qu'il est devenu un objet de technologie, mais également parce l'étude de son fonctionnement permet d'envisager des technologies pour dépasser ses limites. C'est ce que va essayer de nous faire comprendre Rémi Sussan dans ce dossier d'InternetActu.
On imagine trop souvent le cerveau comme l'organe central supervisant le corps entier. Un organe enfermé dans une boite (crânienne), recevant des nouvelles du monde via les sens et communiquant ses dictats au corps (qui n'est pour lui qu'un appendice secondaire, mais bien utile) pour effectuer des actions. Dans une perspective informatique, le cerveau serait le processeur qui est capable à tout moment de consulter sa mémoire, tandis que les organes sensoriels sont les périphériques d'entrée et le corps dans son ensemble le périphérique de sortie.
Qu'est-ce qui, dans cette description, correspond à la réalité biologique ? En gros, rien.
Le mystère de l'incarnation
D'abord, finissons-en avec la machine à penser enfermée dans une boite. Notre esprit est incarné. Nous pensons avec notre corps. Nous percevons en agissant. L'expérience des chatons de Held et Hein, qui date de 1958, en reste un exemple frappant, malgré son ancienneté. Les chercheurs ont pris un groupe de chatons peu après la naissance et les ont enfermés dans le noir. Une heure par jour, ils les sortaient à la lumière, mais le groupe était divisé. Une première équipe devait se déplacer dans la pièce en tirant une carriole miniature. Les autres chatons se tenaient dans la carriole, immobiles. Au bout de quelques jours, les animaux furent libérés. Le premier groupe, celui des "pilotes", n'eut aucun problème à s'adapter au monde extérieur, mais les chats "passagers" restèrent comme aveugles : parce qu'ils n'avaient pas pu interagir avec le monde extérieur, ils ne pouvaient donner du sens à leurs perceptions visuelles. Comme l'explique Francisco Varela dans L'inscription corporelle de l'esprit :"voir des objets ne consiste pas à en extraire des traits visuels, mais à guider visuellement l'action dirigée vers eux."
Un autre exemple particulièrement éclairant est issu des recherches d'Umberto Castiello (.pdf), professeur de psychologie à l'université de Padoue. Celui-ci a démontré que nous avons tendance à esquisser les gestes de préhension d'un objet situé dans notre champ visuel, même si nous n'avons pas l'intention de le prendre dans nos mains. Pour cela, l'équipe de recherche a examiné la manière dont on prend une cerise sur une table, puis ensuite comment on prend une pomme. De façon évidente, l'écart entre les doigts de la main est plus large lorsqu'on saisit la pomme que la cerise ! Mais là où les choses deviennent bizarres, c'est lorsque la pomme et la cerise se trouvent toutes les deux sur une table et qu'on demande au sujet de prendre la cerise. L'écart entre ses doigts sera alors plus large que nécessaire, comme si la seule présence de la pomme obligeait les doigts à s'écarter. Comme l'explique Chris Frith dans son livre Making up the Mind: "l'action nécessaire pour saisir la cerise interfère avec mon action d'attraper la pomme."
Les exemples de ce genre sont multiples. Ils suffisent à montrer que la différence entre les "entrées" et les "sorties" est loin d'être aussi claire qu'on pourrait le penser. Dans l'expérience des chatons, la "sortie" (l'action musculaire) détermine "l'entrée" (la vision). Dans le second cas, "l'entrée" perturbe la "sortie" (le mouvement des doigts).
Ces constats ouvrent la porte à de nouvelles méthodes d'éducation. Selon le Boston Globe, Susan Goldin-Meadow, professeur de psychologie à l'université de Chicago, a découvert que les enfants ayant des problèmes mathématiques s'en tiraient mieux s'ils réfléchissaient en gesticulant. De même, un acteur se remémorera mieux le texte qu'il doit apprendre s'il le fait en bougeant. Aristote, qui enseignait la philosophie en marchant, avait-il déjà entrevu l'existence de ce rapport entre le corps et l'esprit ?
Comme Angeline Lillard, professeur de psychologie à l'université de Virginie, l'a expliqué au Boston Globe, un tel type de recherche validerait les méthodes d'une pédagogue comme Maria Montessori, où les enfants apprennent la lecture, l'écriture ou les mathématiques par la manipulation systématique d'objets : "nos cerveaux ont évolué pour nous aider à vivre dans un environnement dynamique, à y naviguer, y trouver la nourriture et échapper aux prédateurs. Il n'a pas évolué pour nous aider à écouter quelqu'un, assis sur une chaise dans une salle de classe, puis à régurgiter l'information."
On peut se demander cependant si les enfants qui ont des capacités manuelles limitées ou des problèmes visio-spatiaux, comme ceux qui ont tendance à la dyspraxie, ne se trouveraient pas, eux, handicapés par un tel type d'enseignement. Peut-être ne suffit-il pas de remplacer une méthode "universelle" par une autre ?
On aperçoit là une question qui pose le problème de la neurodiversité, une notion sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir.
La mémoire n'est pas la mémoire
Nous n'avons pas de disque dur interne. Se rappeler, c'est recréer.
Et nous ne nous souvenons pas d'un évènement, nous nous rappelons la dernière fois que nous nous en sommes souvenus, ce qui est bien différent. C'est que semble montrer la fameuse expérience "d'effacement des souvenirs" de Nader, Schafe et LeDoux. On a dressé des rats à associer deux stimuli, dans la bonne tradition pavlovienne : par exemple un bruit de cloche et une stimulation électrique. Puis on a laissé mariner les malheureuses bêtes pendant 45 jours, afin de les laisser bien intégrer cette association dans la "mémoire à long terme". Ensuite, on a réactivé le souvenir en utilisant le premier des deux stimuli. Immédiatement après, on a introduit dans le cerveau du rat un produit chimique effaçant la mémoire à court terme. Le rat était donc incapable de se souvenir de ce dernier évènement. Pourtant, après l'expérience on découvrit que les rats étaient amnésiques. Ils avaient oublié l'association entre les deux stimuli, faites 45 jours plus tôt. En supprimant leur dernier souvenir, les rongeurs avaient perdu la trace de leur souvenir plus lointain.
Pour Jonah Lehrer, journaliste à Seed Magazine et auteur du brillant Proust was a neuroscientist, ce genre d'expérience confirme l'intuition de Proust qui considérait la mémoire non comme un entrepôt d'informations statiques mais comme une constante réactivation et recréation de l'expérience. Comme il l'explique, "cela nous montre que chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, la structure neuronale de la mémoire est délicatement transformée en un processus nommé reconsolidation (Freud appelait ce processus Nachtraglichkeit ou "rétroaction"). La mémoire est altérée en l'absence du stimulus original, elle est de moins en moins concernée par ce dont vous vous souvenez et de plus en plus par vous-même".
Une telle "mémoire créative" est bien sûr aux antipodes de l'archivage d'un disque dur, ou de techniques comme le lifelogging, et donc d'une part de la question de l'identité numérique. Si la mémoire est une création constante, en quoi puis-je être considéré comme étant identique à "mes traces" ? Si mon expérience subjective diverge radicalement de l'accumulation de données concernant mon passé, le risque de ces pratiques ne serait-il pas, non de nous faire perdre la mémoire, comme le craignent certains, mais plus subtilement (et plus dangereusement) d'asservir notre psyché un modèle de la mémoire radicalement opposé à notre mode d'être et surtout non créatif, non stimulant pour le fonctionnement du cerveau ?
On a parlé de l'importance du corps dans la perception. Mais il jouerait aussi son rôle dans la mémoire. En effet une récente étude affirme que la posture corporelle peut influencer fortement le rappel de certains souvenirs. Ceux-ci parviendraient effectivement plus vite à la mémoire si la position adoptée leur correspond. Par exemple, il est plus difficile de se remémorer sa participation à un match de basket si on est assis le dos bien droit sur une chaise, les mains sur la table.
Il existe bien d'autres manières d'évoquer les différences entre le cerveau biologique et les ordinateurs. Voici une une liste qui insiste sur des points différents de ceux abordés ici.
Reste le problème du processeur, de l'unité centrale. Comment raisonnons-nous ? Comment prenons-nous des décisions ? Sur ce point encore, nous divergeons radicalement de l'ordinateur. Nous ne sommes pas des programmes informatiques La rationalité est loin d'être le facteur déterminant de nos pensées et de nos actes, ainsi que nous allons le voir dans la prochaine partie.
Rémi Sussan
PS : Bien entendu, et cet avertissement vaut pour tous les exemples donnés dans ce dossier, il est très difficile de dire que ces expériences "prouvent" quoi que ce soit. Nous ne sommes pas dans le domaine de la physique nucléaire, où les mesures sont très précises. Avec l'humain, on est beaucoup plus dans le flou : la qualité du groupe test, le type d'interprétation adoptée, les méthodes mathématiques utilisées pour les statistiques, tout cela joue fortement dans les résultats obtenus. Il faut donc prendre toutes ces recherches avec une certaine distance. Et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'IRM ne constitue en rien, du moins pour l'instant, un facteur objectif "irréfutable".
Téléchargement de l'esprit
- intelligence artificielle
Le téléchargement de l'esprit (Mind uploading en anglais) est une technique hypothétique qui pourrait permettre de transférer un esprit d'un cerveau à un ordinateur, en l'ayant numérisé au préalable. Un ordinateur pourrait alors reconstituer l'esprit par la simulation de son fonctionnement, sans que l'on ne puisse distinguer un cerveau biologique « réel » d'un cerveau simulé1.
- intelligence artificielle
Fondements théoriquesLes neurosciences et le courant scientifique du béhaviorisme ou comportementalisme (qui concerne aussi bien les spécialistes du langage que les psychologues) considèrent que des fonctions importantes telles que l'apprentissage, la mémorisation, la conscience, ne sont que les manifestations des processus physiques et électrochimiques à l’œuvre dans le cerveau. À ce titre, ces fonctions sont gouvernées par les lois de la physique. Bien que ce point soit historiquement contesté par plusieurs courants philosophiques, de nombreux chercheurs tels que Ray Jackendoff pour la linguistique par exemple, considèrent que les facultés cognitives sont soumises aux lois de la physique; Christof Koch et Giulio Tononi ont publiés dans la revue IEEE Spectrum un article dans lequel ils affirment :
« la conscience est une part de la nature. Nous pensons qu'elle ne dépend que des mathématiques et de la logique, ainsi que des lois mal connues de la physique, de la chimie et de la biologie; il n'y a rien de magique ou d'un autre monde dans cela2. »
Ainsi le concept de téléchargement de l'esprit repose sur une philosophie mécaniste et sa vision matérielle de l'esprit, déniant ainsi toute considération vitaliste de la vie humaine et de la conscience.
De nombreux scientifiques des disciplines de l'informatique et des neurosciences ont prédit que les ordinateurs seraient capable de reproduire la conscience. Outre Koch et Tononi2, Douglas Hofstadter3, Jeff Hawkins3, Marvin Minsky4, Randal A. Koene5, and Rodolfo Llinas6. ont également pris position allant en ce sens. Selon eux si une machine offre une capacité de traitement suffisante, elle doit pouvoir servir de substrat pour le chargement d'une copie d'un modèle cognitif extrait depuis un cerveau.
En intelligence artificielle
Super-Ordinateur IBM utilisé à Madrid pour le sous projet Blue Brain espagnol Cajal Blue BrainMême si le principe relève très largement de la science fiction, en théorie, le téléchargement des structures neuronales d'un individu dans un système numérique pourrait permettre de simuler le fonctionnement cognitif d'un individu. Les obstacles à franchir pour atteindre ce type de fonctionnalité sont néanmoins innombrables et très difficiles à résoudre.
Il conviendrait en effet de disposer d'un modèle computationnel cognitif fiable (c'est-à-dire un système logique susceptible de reproduire le fonctionnement d'un cerveau humain). Certaines recherches vont dans ce sens tel le projet NeuroSpin qui par imagerie cérébrale tente de comprendre certains aspects du modèle cognitif du cerveau humain. La découverte des mécanismes cérébraux ne suffit pas. Il conviendrait également de disposer d'un cerveau synthétique susceptible de recevoir le modèle cognitif. Le projet Blue Brain, littéralement « cerveau bleu », a pour objectif de créer un cerveau synthétique par processus d’ingénierie inverse. Fondé en mai 2005 à l'École Polytechnique de Lausanne en Suisse, ce projet étudie l'architecture et les principes fonctionnels du cerveau en partenariat avec IBM.
Le plus ardu des problèmes posé par une tentative de sauvegarde de l'organisation d'un cerveau humain serait celle de la récupération du modèle cérébral d'un individu. À ce jour, aucune technologie n'est en mesure de numériser la complexité du cerveau. Ce dernier contient plus de 100 milliards de cellules nerveuses appelées neurones, toutes reliées individuellement avec leurs voisines par l'intermédiaire des axones et des dendrites. Les signaux échangés entre les terminaisons de ces connexions dites synaptiques sont encore mal connus et reposent sur des échanges à la fois chimiques et électriques.
Néanmoins, plusieurs théoriciens ont présentés des modèles de cerveau artificiel qui cherchent à estimer la puissance de calcul et de stockage qui serait nécessaire pour mener à bien une simulation du cerveau complète ou partielle. Ces modèles considèrent tous qu'il faudrait des décennies avant que la technologie ne permette de tester ces modèles, en admettant par ailleurs que la Loi de Moore s'applique toujours7,
Dans la culture et la philosophieLa question de la reproduction des mécanismes du cerveau humain par une machine est un sujet étudié par les philosophes. Cette question est soulevée par la question de la dualité de l'esprit. En philosophie, le dualisme se réfère à une vision de la relation matière-esprit fondée sur l'affirmation que les phénomènes mentaux possèdent des caractéristiques qui sortent du champ de la physique8. Néanmoins, la culture et en particulier la littérature de science fiction n'ont pas hésité à explorer le concept de transfert de la personnalité d'un individu dans une machine.
LittératureLa numérisation de l'esprit humain est un des concepts clé de La Cité des permutants de Greg Egan. La technique retenue par Egan est que les fonctions physiologiques du cerveau sont tout simplement modélisées par ordinateur tout comme pourrait l'être un mécanisme de montre. Le principal problème est que la capacité de calcul est tellement énorme que ces êtres numériques vivent dans un monde 17 fois plus lent que le vrai monde. Dans ce roman, un scientifique effectue des tests pour savoir si une personne numérique perçoit le fait que le processus de simulation peut être fragmenté en plusieurs lieux, voire être exécuté à l'envers.
Dans le roman libre d'anticipation Autonomy Project de Jean-Michel Smith, une communauté de chercheurs déviants / hackers dans la lignée de la communauté des logiciels libres parvient à transférer une conscience humaine dans un dispositif technologique s'apparentant à un ordinateur. L'esprit ainsi transféré parvient à continuer de vivre sans son corps physique. Il est ainsi possible de faire des clones de ces consciences, ce qui ne va pas toujours sans poser des problèmes. Dans La Grande Rivière du ciel de Gregory Benford, les esprits des morts sont numérisés pour être utilisés comme conseillers auprès des vivants, suivant la qualité de la récupération ils peuvent s'approcher d'une personne véritable (aspect), ou n'être que des versions diminuées (visages). Dans la nouvelle Le Dernier Fantôme, cette technique, et l'immortalité qu'elle assure, condamne à la solitude perpétuelle le fantôme du dernier homme à n'en avoir pas bénéficié.
Dans le roman de science fiction La Possibilité d'une île de Michel Houellebecq, elle est mentionnée comme un composant de la technique permettant de vivre, jeune, plusieurs vies successives avec un corps et un esprit identiques.
Dans la saga de L'Aube de la nuit de Peter F. Hamilton (qui se passe au XXVIe siècle), une sous-espèce s'est formée dans le genre humain : les Edénistes. Contrairement aux Adamistes (le reste de l'humanité), ils se reproduisent avec des matrices biotechnologiques et ils ont créé des habitats biotech en orbite, dotés d'une immense strate neurale dans laquelle ils téléchargent leur mémoire après leur mort. Dans le roman de science-fiction Calculating God de Robert J. Sawyer, des civilisations extra-terrestres abandonnent complètement la vie matérielle au profit de leur numérisation.
Dans la saga de John Scalzi (Le Vieil Homme et la Guerre, Les Brigades fantômes et La Dernière Colonie), l'esprit humain est téléchargé sur des ordinateurs avant d'être retransféré vers un nouveau corps.
Dans la saga Les Cantos d'Hypérion, de Dan Simmons, un principe de voyage spatial très rapide repose entièrement sur la destruction du corps sous l'effet de l'accélération des vaisseaux et sa régénération avec téléchargement de la mémoire du voyageur.
FilmsDe nombreux films de science fiction utilisent le concept de téléchargement de l'esprit.
Ghost in the Shell utilise le concept de « Ghost » pour parler d'une personnalité numérique. Dans ce film d'animation elles sont victimes de piratage informatique de la part du « Puppet Master ».
Le concept des films Matrix et ses suites a recours en permanence à des opérations de téléchargement de l'esprit. Passé virtuel (The Thirteenth Floor) est entièrement basé sur une idée de téléchargement de l'esprit.
À la télévisionDans la série Stargate SG-1, on trouve plusieurs occurrences de téléchargements d'esprit.
L'épisode Révélations voit l'esprit de Thor, le commandant suprême de la flotte Asgard, téléchargé dans l'ordinateur du vaisseau d'Anubis.
Dans l'épisode Vaisseau fantôme (Lifeboat), les passagers d'un vaisseau sont transportés en hibernation, leur métabolisme ralenti et leur esprit « sauvegardé » dans l'ordinateur du vaisseau pour éviter que l'esprit ne souffre de l'état du corps. Mais lorsque le vaisseau se crashe, leurs esprits incapables de retrouver leur corps originel s'incarnent tous dans une même personne.
Dans l'épisode Transfert (Holiday), les personnages voient leurs esprits tranférés d'un corps à l'autre par une méthode peut-être similaire.
Dans la série télévisée BattleStar Galactica, l'esprit des Cylons est téléchargé dans un nouveau corps après leur mort, via un vaisseau de résurrection. Dans la série dérivée Caprica, on apprend que l'esprit du premier Cylon créé provient d'un humain.
Dans la série d'animation Code Lyoko, les personnages sont « virtualisés » et pénètrent dans l'ordinateur par ce procédé.
Jeu vidéoDans Deus Ex, JC Denton a la possibilité de fusionner avec l'intelligence artificielle Helios.
Dans EVE Online, un joueur qui meurt voit son esprit scanné et téléchargé dans un clone.
Dans Perfect Dark, Joanna télécharge la personnalité du Dr Carol depuis un ordinateur.
Dans Portal 2, GLaDOS est en partie basée sur Caroline, la secrétaire du directeur d'Aperture Science.
- Computationnalisme
Le cerveau humain, simple machine à effectuer des calculs ?Le computationnalisme est une théorie fonctionnaliste en philosophie de l'esprit qui, pour des raisons méthodologiques, conçoit l'esprit comme un système de traitement de l'information et compare la pensée à un calcul (en anglais, computation1) et, plus précisément, à l'application d'un système de règles. Par computationnalisme, on entend la théorie développée en particulier par Hilary Putnam et Jerry Fodor2, et non le cognitivisme en général.
Le terme a été proposé par Hilary Putnam en 1961, et développé par Jerry Fodor dans les années 1960 et 19702. Cette approche a été popularisée dans les années 1980, en partie parce qu'elle répondait à la conception chomskyenne du langage comme application de règles, et aussi parce que ce modèle computationnaliste était présupposé, selon Fodor, par les sciences cognitives et les recherches sur l'intelligence artificielle.
En anglais, la computation se réfère à la calculabilité, c'est-à-dire au fait de passer d'une entrée à une sortie par le biais d'un algorithme déterminé. Le computationnalisme n'est pas une thèse ontologique sur la nature de l'esprit : il ne prétend pas que toute pensée se réduit à un calcul de ce style, mais qu'il est possible d'appréhender certaines fonctions de la pensée selon ce modèle, qu'elles soient conscientes ou infraconscientes (par exemple les processus de vision, selon l'approche des neurosciences computationnelles développé par David Marr au début des années 19802).
En termes de doctrine, le computationnalisme peut être caractérisé comme une synthèse entre le réalisme intentionnel et le physicalisme2. Le premier affirme l'existence et la causalité des états mentaux, et prend en compte les attitudes propositionnelles, c'est-à-dire la manière dont le sujet se comporte à l'égard d'une proposition (« je crois que x », « je pense que p », etc.). Le second affirme que toute entité existante est une entité physique. Le computationnalisme se présentait ainsi comme alternative à l'éliminativisme matérialiste, qui refusait l'existence de toute entité mentale2. Deux noyaux théoriques ont aussi été essentiels à la formation de la théorie computationnaliste : d'une part, le formalisme mathématique développé au début du XXe siècle, qui permet en gros de concevoir les mathématiques comme la manipulation de symboles à partir de règles formelles (axiomatique d'Hilbert) ; d'autre part, la calculabilité (et la machine de Turing). À l'aide de ces deux ensembles théoriques, on peut passer du noyau sémantique à la simple syntaxe mathématique, et de celle-ci à l'automatisation, sans jamais nier l'existence de la sémantique (c'est-à-dire du sens).
Le computationnalisme a été la cible de diverses critiques, en particulier de John Searle, Hubert Dreyfus, ou Roger Penrose, qui tournaient toutes autour de la réduction de la pensée et/ou de la compréhension à la simple application d'un système de règles. À la fin des années 1980, il a été concurrencé par un nouveau modèle cognitif, le connexionnisme2. Celui-ci vise à montrer qu'on peut expliquer le langage de la pensée sans faire appel à un raisonnement gouverné par un système de règles, comme le fait le computationnalisme2.
Combiner le réalisme intentionnel avec le physicalismeOutre l'analogie de la pensée avec la ratiocination (ou calcul), le fonctionnalisme est lié à une « théorie représentative de l'esprit »2, qui stipule l'existence des attitudes propositionnelles : les croyances et les désirs sont ainsi une relation entre un sujet pensant et les représentations symboliques du contenu de ces états2. Ainsi, croire que le chat est sur le fauteuil, c'est adopter une attitude propositionnelle distincte (celle de la croyance) de l'attitude qui consiste à souhaiter que le chat soit sur le fauteuil ; dans les deux cas, la représentation symbolique mentale (« le chat sur le fauteuil ») conserve la même valeur sémantique, mais l'attitude propositionnelle (croire ou vouloir) diffère2. L'approche computationnaliste considère que les états mentaux sont des représentations, au sens où ils sont composés de représentations symboliques ayant des propriétés sémantiques et syntaxiques, à l'instar des symboles utilisés dans la calculabilité mathématique2. Il repose donc sur l'affirmation selon laquelle les attitudes propositionnelles impliquent des représentations symboliques2. En ceci, il s'oppose à l'éliminativisme matérialiste, qui dénie toute existence aux entités mentales2.
La théorie de la représentation de Jerry Fodor, formulée dans sa conception du « mentalais » ou du langage de la pensée, se distingue toutefois des théories classiques de la représentation (Hobbes, Descartes, etc.) en ce que les représentations ne sont pas assimilées à des images, mais à des symboles2,3.
Outre cette théorie représentative, le computationnalisme soutient aussi une théorie causale des états mentaux : les états mentaux sont reliés entre eux par le principe de causalité4. Au cœur de cette théorie, on trouve ainsi la possibilité de formuler, sous forme exclusivement syntaxique, au sens mathématique du terme, le contenu sémantique des états mentaux, et ensuite de lier la syntaxe au principe de causalité.
En d'autres termes, on appréhende la pensée en tant que système de règles à appliquer. Cela pose un premier problème philosophique, dans la mesure où concevoir la pensée de cette façon peut conduire à confondre une régularité empirique, qui obéit à une règle, à l'application de cette règle2. Ou encore : ce n'est pas parce qu'un comportement est régulier qu'il obéit à une norme2.
Cette théorie semble donc opérer un amalgame entre le concept de cause et celui de raison : comment penser que nos représentations mentales s'enchaînent uniquement sur un processus causal ? N'est-ce pas faire fi du caractère normatif qu'elles possèdent, et d'abord du fait que nous les évaluons en fonction d'un « standard de validité » (par exemple le critère de la vérité) 2?
Formalisme et calculabilité :
De la sémantique au mécanismeC'est par le biais, d'une part, du formalisme mathématique, développé à la fin du XIXe siècle par Gauss, Peano, Frege et Hilbert, et d'autre part de la calculabilité, que le computationnalisme traite ce problème2. En effet, le formalisme réussit, en élaborant une axiomatique, à exclure ou à codifier les intuitions sémantiques du mathématicien (par exemple l'intuition à la source du postulat sur la parallèle d'Euclide2). Le formalisme considère ainsi, en grossissant le trait, que les mathématiques existent en dehors de toute intention et de toute pensée. Ils fonctionnent à l'aide de symboles qui demandent à être manipulés selon des règles formelles.
Le deuxième aspect mathématique décisif dans la théorie computationnaliste, c'est la définition des fonctions calculables par Alan Turing, en 1936. En élaborant le modèle abstrait de la machine de Turing, celui-ci montrait que toute opération n'impliquant que des schémas syntaxiques pouvait être dupliqué mécaniquement2. On parle aussi de la thèse de Church-Turing5.
Ainsi, la formalisation mathématique montre comment les propriétés sémantiques des symboles peuvent parfois être codés selon des règles syntaxiques, tandis que la machine de Turing montre comment la syntaxe peut être relié à un processus causal, qui permet de concevoir un mécanisme capable d'évaluer toute fonction formalisable. La formalisation relie la sémantique à la syntaxe, et la machine de Turing la syntaxe au mécanisme2.
Le computationnalisme pouvait en outre s'appuyer sur la « révolution cognitiviste » opérée en linguistique par Chomsky2.
La linguistique générative de Chomsky affirme ainsi qu'à partir d'un système de règles limité, nous pouvons comprendre une infinité d'énoncés ; ce qui implique, à son tour, que l'on peut concevoir une infinité de pensées2. Selon Jerry Fodor (1975), la compétence linguistique théorisée par Chomsky conduisait à postuler un langage de la pensée (« mentalais »)2.
L'algorithme, transformation de l'input en outputLa théorie fonctionnaliste comporte ainsi trois types de spécifications :
les spécifications d’entrées (input), les spécifications qui stipulent le genre de choses qui causent les états mentaux chez les personnes ; les spécifications des états internes qui décrivent les interactions causales des états mentaux ; les spécifications de sorties (output) qui disent quels genres d’action ou de comportements sont causés par les états mentaux.
On passe des input aux output par le biais d'un algorithme. C'est le principe de base d'une machine de Turing ou même d'une machine à compteurs, modèle abstrait de calculabilité qui est concrétisé, par exemple, par un distributeur de cannettes : celui-ci réagit aux inputs (on lui donne 50 centimes ou 1 euro), et, en fonction de ceux-ci, délivre la cannette ou attend plus de monnaie4. La calculabilité permet ainsi d'identifier la classe des fonctions informatiques pouvant être calculées à l'aide d'un algorithme. Ces fonctions sont des ensembles d'instructions réalisant une certaine tâche : on parle aussi parfois de « routine » (rote procedure).
(***]
Fonctionnalisme, matérialisme, physicalisme et le problème des qualiaDans cette mesure, le fonctionnalisme, selon Hilary Putnam (1992), n'est pas nécessairement un matérialisme : les états mentaux peuvent être accrochés à différents supports, que ce soit le cerveau ou le hardware et le software d'un ordinateur, ou tout autre support4. Sur la différence entre fonctionnalisme et matérialisme, et la possibilité d'adopter une théorie dualiste tout en maintenant le fonctionnalisme, Laberge (ibid.) cite Hilary Putnam, « La nature des états mentaux », in Les Études philosophiques, juillet/septembre 1992, p.323-335.</ref>.
Ainsi, même si la pensée s'appuie sur un support matériel (le cerveau), on peut alors l'étudier sans se soucier de ce support (contrairement à une certaine approche matérialiste voire réductionniste courante dans les neurosciences) : une même idée peut en effet être exprimée sur des supports physiques très différents (par la voix, sur papier, sur un mur, sur un ordinateur, etc.) Toutefois, dans la mesure où le principe de causalité est le plus souvent associé à la matière, la plupart des fonctionnalistes sont aussi matérialistes4.
Dans cette mesure, le fonctionnalisme s'apparente à un behaviorisme méthodologique : contrairement au behaviorisme ontologique, il n'affirme pas qu'il n'y a pas d'états mentaux. Mais, de même que le behaviorisme méthodologique, il laisse de côté les aspects subjectifs, qualitatifs, des états mentaux (ou qualia), c'est-à-dire l'ensemble des expériences subjectives qui peut faire l'objet, par exemple, d'un poème ou d'une déclaration amoureuse, ou du simple fait d'aimer telle couleur. On parle ainsi de « fonctionnalisme de la boîte noire »4.
Toutefois, la thèse de Putnam a été attaquée par John Searle, l'un des critiques les plus importants du computationnalisme. Selon lui, non seulement il est impossible, comme le prétend Putnam, de concilier le fonctionnalisme avec un dualisme à propos des états mentaux et des états physiques (dualisme pensée/cerveau), mais la tentative même du computationnalisme de concilier l'intentionnalisme réalisme avec le physicalisme est voué à l'échec. En effet, « le fonctionnaliste insiste pour qu’on comprenne bien qu’il ne dit pas qu’une croyance est un état mental irréductible qui, en plus a les relations causales qui sont les siennes, mais plutôt qu’une croyance ne consiste qu’en ce qu’elle a ces relations causales6. ».
L'hypothèse du mécanisme digitalL'hypothèse du « mécanisme digital » a été développée par Bruno Marchal5, en y adjoignant 2 hypothèses d'une autre nature 7:
d'une part, la these de Church, pierre d'angle de l'informatique théorique, d'autre part, ce qu'il appelle le realisme arithmétique,c'est-à-dire le fait que la verité arithmétique est intrinsèque, "d'une ontologie non substantielle", dixit Marchal.
C'est cette conjonction de 3 hypothèses que Bruno Marchal nomme "computationnalisme", mais qui n'est pas admise comme telle par tous les tenants du computationnalisme. Il s'agit en effet à la fois d'une thèse ontologique forte, selon laquelle la conscience pourrait survivre avec un cerveau artificiel (de même qu'elle survit avec un rein artificiel), et d'une thèse logique faible, dans la mesure où il faut pour cela une description d'un état instantané du cerveau et que Marchal ne pose aucune restriction sur celle-ci. En d'autres termes, il est possible qu'il faille connaître l'état quantique de tout l'univers pour obtenir une telle description adéquate du cerveau5. Les systèmes de téléportation utilisés par la science-fiction, et repris en tant qu'expérience de pensée sur le problème de l'identité personnelle (voir par ex. Derek Parfit, 1984), utiliseraient une telle hypothèse.
Critiques de l'hypothèse computationnalisteDiverses critiques ont été adressées à la théorie computationnaliste, qui tournent toutes autour de la question des règles. En effet, le computationnalisme postule qu'on peut assimiler la pensée à un système d'application de règles, ce qui permet en retour d'identifier des fonctions informatiques complexes comme étant un équivalent de pensée. Ces critiques ne sont pas forcément fatales au computationnalisme, mais en limitent l'extension à certains processus déterminés de pensée, qui pourraient être modalisés selon un système de règles.
Qu'est-ce qui est calculable ?
Une critique ancienne provient de John Lucas (1961), qui affirme que le théorème d'incomplétude de Gödel pose des problèmes insurmontables à l'analogie esprit/machine8. Cet argument a été développé par Roger Penrose, selon qui un mathématicien humain est capable de comprendre plus et de démontrer plus que ce qui est simplement calculable2. Cela a fait l'objet de nombreux débats (David Lewis, Solomon Feferman, etc2.).
Un autre argument a été formulé par Hubert Dreyfus dans What Computers Can't Do (1972)2. Fin connaisseur de Heidegger et de la phénoménologie, Dreyfus souligne ainsi la différence centrale qui distingue le processus cognitif utilisé lorsqu'un novice apprend une compétence et lorsqu'un expert agit. Ainsi, un joueur d'échec débutant applique un système de règles (par exemple, avancer le pion de deux cases ou occuper le centre). Mais un champion d'échecs n'applique pas de règles : il « voit » le « coup juste »2. L'application de règles, au cœur du computationnalisme, serait ainsi le propre des processus cognitifs limités2. Il est difficile, en particulier, de transformer une compétence experte en algorithme, lorsque cette compétence tire ses ressources d'une connaissance générale étrangère au domaine du problème visé2.
Les tentatives visant à construire des réseaux connectionnistes, ou celle de Rodney Brooks visant à construire une intelligence artificielle simple sur le modèle des insectes, sont une réponse partielle aux objections de Dreyfus2. Ce dernier considère en effet ces tentatives comme plus prometteuses, et pense que la théorie de Walter Freeman répond à certaines formulations de Merleau-Ponty à propos de l'apprentissage d'une compétence2. Il reste toutefois sceptique, considérant dans What Computers Still Can't Do (1992) qu'on ne fait que donner une chance, méritée, d'échouer, au connexionnisme2.
Il faut toutefois souligner que, si la théorie computationnaliste a souvent été interprétée comme visant à rendre compte de l'ensemble, ou presque, des processus cognitifs, y compris les processus infraconscients tels que la vision (David Marr), selon Jerry Fodor (1984 et 2000), seuls les « raisonnements modulaires », par opposition aux « raisonnements globaux », sont susceptibles d'être appréhendés par ce modèle2. Dans The Mind Doesn't Work That Way (2000), Fodor affirme dès l'introduction qu'il n'avait jamais imaginé qu'on puisse interpréter sa théorie de façon à croire qu'elle rendrait compte de la pensée en général2.
Peut-on assimiler calculabilité et compréhension ?Article détaillé : Chambre chinoise. L'une des plus puissantes objections a été formulée par John Searle (1980), à travers l'expérience de pensée de la chambre chinoise, qui se veut une réponse au test de Turing. Il s'agit de se demander si la calculabilité (computation) peut suffire à expliquer la compréhension2. Par son test, Turing visait à substituer à la question « les machines peuvent-elles penser ? » la question de savoir si elles peuvent réussir un examen, appelé « jeu de l'imitation », dans lequel les personnes examinées doivent déterminer, sur le seul fondement des réponses qu'on leur donne, si leur interlocuteur invisible est une personne ou une machine (voir le programme ELIZA)2.
Or, Searle affirme qu'on ne peut extrapoler de la réussite au test de Turing la possibilité de penser. L'expérience de la chambre chinoise est simple : il suffit d'imaginer qu'on enferme une personne dans une salle, et qu'il ne puisse communiquer à l'extérieur qu'à l'aide de symboles chinois, langue qu'il ne comprend pas. Un cahier stipulant certaines règles de manipulation de ces symboles lui est fourni. Il s'agit ainsi de l'équivalent du test de Turing : ce dispositif imite un ordinateur digital qui reçoit des input symboliques et les transforme en output symboliques à l'aide d'un système de règles, qui peuvent être appliquées à des informations non-sémantiques, qui seraient exclusivement syntaxiques ou symboliques2. Or, Searle conclut qu'on ne peut évidemment pas parler d'une compréhension, puisqu'on a stipulé dès le départ que la personne ne comprenait pas le chinois ; ce qui ne l'empêchait pas de communiquer adéquatement à l'aide du système de règles2. On ne peut donc que simuler la compétence linguistique par une machine, mais non pas la dupliquer2.
Deux lignes de réponse ont été adressées à l'objection de Searle. Certains sont allés jusqu'à définir la compréhension en termes fonctionnalistes : puisque le dispositif de la Chambre chinoise fonctionne, il faut dire qu'il suffit à la compréhension2. L'autre type de réponse concède que Searle a raison, mais tente de complexifier le schéma en ajoutant de nouveaux traits, par exemple la possibilité d'apprendre de nouvelles règles, la faculté d'interagir avec son environnement, etc., qui permettrait de parler d'une compréhension véritable, et non d'une simple simulation2. Searle a alors adapté son argument pour prendre en compte ces nouvelles facultés, tout en continuant à nier qu'une machine ne puisse faire autre chose que simuler la compréhension2.
L'alternative connexionnisteArticle détaillé : Connexionnisme.
À la fin des années 1980, l'approche connexioniste a commencé à concurrencer le computationnalisme, dont le principal titre de légitimité, selon Fodor, était qu'il était la seule théorie apte à rendre compte de l'évolution des sciences cognitives et des modèles implicites utilisés par celles-ci2. Le connexionnisme tente d'élaborer des modèles de compréhension des processus cognitifs qui ne passent pas par le simple usage et application de règles2. Précédé par quelques travaux innovateurs de Wiener et de Rosenblatt, l'approche connexionniste a surgi sur la scène philosophique avec la publication de l'ouvrage de Rumelhart et McClelland, Parallel Distributed Processing (1986)9.
Techniquement, la différence entre les deux approches réside surtout dans le fait que la première est intrinsèquement séquentielle et la seconde fait une très grande part au parallélisme des opérations. Dans les deux cas sont bien entendu appliqués des systèmes de règles, sans quoi il ne resterait rien à étudier.
Donald Knuth suggère que le conscient est de nature séquentielle (nous ne pouvons analyser clairement qu'une chose à la fois) et l'inconscient de nature parallèle. Il y voit une raison du grand succès de la programmation chez les nerds, qui sont mal à l'aise face aux phénomènes ne relevant pas de la pure logique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Computationnalisme
Par la science, nous cherchons comment fonctionne le monde. Dans notre jeunesse, nous nous cherchons, nous cherchons celui ou celle que nous serons. Nous cherchons à connaître notre « mission » dans la vie…
Ou plus simplement, comment nous pourrons être heureux tout en étant utiles aux autres. Nous cherchons notre place, même petite, à l’intérieur du grand réseau de l’humanité et du monde.
En d’autres mots, nous cherchons à donner un sens à notre vie. Car il est clair que la simple intendance (l’entretien de notre corps) ne pourra y parvenir.
Le corps est comme une voiture, un véhicule : il sert à nous déplacer. Et l’on n’imagine mal quelqu’un astiquant sans cesse sa voiture sans jamais l’utiliser. Qu’est-ce qui compte le plus, lors d’un accident : la voiture ou celui qui la conduit ? Si le conducteur s’en sort sans trop de dommage, peu importe l’état de la voiture. Mais l’inverse n’aurait pas de sens.
Le corps de l’homme est un outil irremplaçable et beaucoup plus précieux que n’importe quelle automobile, mais un outil tout de même, pour l’esprit immatériel qui l’habite. Et la mission de l’esprit ne se limite pas à entretenir le corps, comme il le ferait d’un véhicule. Sinon, il faudrait se demander qui est l’outil et qui est le maître.
Donner un sens à notre vie, cela seul peut mettre notre esprit en mouvement. Un esprit éveillé vit pleinement chaque étape de sa vie sur terre, sans craindre la mort. Car il sait qu’elle n’est qu’un passage sur son chemin. Il vit les pieds sur terre, tout en gardant le cap sur un but plus grand.
Que cherchons-nous ? D’abord, une transcendance (une manière d’aller au-delà de soi) qui commence par l’altruisme, par l’amour des autres, mais pas seulement des humains. Tout y passe, les animaux, les plantes, les grains de sable, la pluie, la lune et l’univers au grand complet. Car la beauté du monde est déjà une preuve que l’univers n’est pas le fruit d’un hasard aveugle.
Mais qu’est-ce que cela signifie, tout aimer de la Création, si ce n’est d’aimer son Créateur ? Et quelle meilleure façon de lui rendre son amour qu’en aimant à notre tour tout ce qu’il a créé ? Ainsi, l’amour est une grande roue qui tourne et nous entraîne vers le haut… vers l’origine de tout amour.
Normand Charest
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Cours esprit et matière : et si l'esprit n'était qu'une illusion ? Que penser du matérialisme scientifique ?
page créée le 1/06/2010
Résumé: il s'agit de se demander ce que vaut la représentation populaire mais aussi philosophique, de l'homme comme composé d'un corps et d'un esprit; je précise que je fais ici comme si corps et matière étaient la même chose, ce qui ne va pas de soi ! Pour interroger la notion de matière, cf. cours esprit et matière et cours perception
- cours conscience
- cours Descartes, Méditations Métaphysiques
- question ontologique : quelle est la nature du réel ? de quoi la réalité est-elle faite, au-delà des apparences sensibles ?
- existe-t-il bien deux genres de réalité distincts ? En moi mais aussi en général, dans le monde ? Ou bien n’est-ce qu’une illusion ?
I- Le dualisme : il existe deux sortes de réalités distinctes, et autonomes…
Intuitivement, on croit qu’il existe deux principes distincts dans la réalité, mais surtout en nous ; on répond à la question de savoir de quoi nous sommes faits, de manière dualiste : nous croyons que nous possédons à la fois un esprit et un corps, il y a d’un côté l’âme, l’esprit, de l’autre le corps, la matière.
L’esprit (spiritus) Le corps siège des états mentaux de toute sorte = penser, imaginer, sentir ; tout ce qui se passe dans notre tête = intériorité. Se définit par opposition à la matière, ie, comme immatériel… et par conséquent, éternel. n’est que l’habitacle provisoire de l’esprit qui s’en échappe à la mort.
- Pourquoi croyons-nous cela ?
A- la "psychologie populaire" ou "psychologie du sens commun"
Nos explications psychologiques ordinaires supposent que nos croyances, désirs, intentions et autres états mentaux sont des causes de nos comportements et entretiennent les uns avec les autres des relations causales. La plupart d’entre nous croyons que ces états mentaux sont d’une nature différente de celle corps et de ses activités : les états mentaux sont conscients alors que le corps et ses activités ne le sont pas.
Le spirituel et le matériel semblent avoir des propriétés plutôt différentes et sans doute irréconciliables. Les évènements mentaux ont une qualité subjective qui leur est associée, alors que les évènements physiques n’en ont évidemment pas. Par exemple, qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on se brûle le doigt ? A quoi ressemble le ciel bleu ? A quoi ressemble une musique agréable ? Les philosophes appellent qualia ces aspects subjectifs de l’esprit. Il y a quelque chose à quoi ressemble une couleur, une brûlure, et ainsi de suite ; les qualia interviennent dans ces évènements mentaux. L’argument est alors que ces qualia semblent particulièrement difficiles à ramener à quoi que ce soit de physique.
B- Descartes : un dualisme exacerbé Descartes radicalise la distinction « populaire »
- 1) « Je pense, j’existe »
Fondement indubitable de toute connaissance : l’ego, le « je pense ». Douter c’est penser ; je ne puis en douter. Donc cette pensée est réelle. Par conséquent le je qui pense est réel.
2) Conséquence : que suis-je ? une chose qui pense, une âme, un esprit, une conscience (cf. Seconde Méditation)
a) je suis une chose qui pense
L'esprit qui doute s'appréhende lui-même et se met devant le verbe exister : "moi donc à tout le moins, ne suis-je pas quelque chose » ? Pour répondre à cela il essaie divers sujets, les choses, son corps, etc., mais à chaque fois, de bonnes raisons font lever un point d'interrogation. Il pose "je suis" et essaie tous les attributs possibles en se demandant si le "je" peut subsister sans eux Résultat : la pensée seule ne peut être détachée de moi
- b) qu'est ce qu'une chose pensante?
"Une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent".
Descartes, Discours de la Méthode, IVe partie.
Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je n'étais point, et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très certainement que j'étais, au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste de ce que j'avais jamais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été, je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est.
3) le corps, pure extériorité mécanique (la thèse du corps-machine)
Qu’est-ce le corps si on veut le concevoir de manière claire et distincte ? Le corps est une substance étendue en longueur, largeur, et profondeur. D’où la conception du corps vivant mécaniste : le corps est une machine, un assemblage de pièces et de rouages, comme une horloge n’est rien d’autre qu’un ensemble formé seulement de roues et d’engrenages.
- Bilan : le dualisme cartésien
l’âme ou l’esprit est une substance pensante (simple, n’occupant aucun espace assignable, indivisible)
On ne peut couper une idée en deux !
le corps ou la matière est une substance étendue (divisible, sans pensée ni intériorité) ; la matière : ce qui est susceptible d’occuper un étendue et de subir des mouvements.
On peut ainsi concevoir la moitié d’un corps ou le ¼ d’un corps
Unité, identité Sujet, ipséité, ie, dotée d’unité centrale : l’âme est un sujet, car
- elle peut rapporter tous ses actes à elle-même, comme un centre ou point fixe ;
- elle est toute entière en chacun de ses actes
-elle est la même tout au long de la durée
Aucune unité, aucune identité réelle : ainsi deux morceaux de corps sont le même corps
Pas d’unité centrale : pas présent en chacune de ses parties, caractère discontinu (unité de composition, d’assemblage, de fonction)
l’âme ou l’esprit, est du côté de la liberté ; l’esprit a la capacité d’initier des mouvements sans être causé par rien du tout (ainsi je peux prendre l’initiative de me jeter d’un train juste pour prouver que je suis libre, sans que rien ne m’y contraigne). Le corps est du côté du déterminisme, de la nécessité
Cette représentation du corps ne cessera de hanter l’imaginaire occidental
- Cf. le corps pour la médecine : on répare le corps, on opère des greffes…
- La distinction médecine généraliste et psychanalyse/ psychologie : on va mal quelque part dans le corps, on voit un médecin du corps… on va mal quand on est « déprimé », quand l’âme est triste, on va voir un médecin de l’ « âme »
II- Les difficultés du dualisme
- 1) l’homme est un composé d’esprit et de matière
a) Problème : Le corps ne m’est pas extérieur comme n’importe quelle chose du monde ! Nous faisons constamment l’expérience des relations entre les deux
Exemples de relations causales :
(1) un événement corporel (se piquer) a pour effet un événement mental (ressentir une douleur)
(2) Un événement mental (penser : « c’est l’heure de se lever ») est la cause d’un événement corporel (se lever)
Exemples d’imbrication totale :
cf. expériences diverses de la douleur, de la faim, du toucher, de la fatigue, etc.
- la douleur : le « je » regarde-t-il le corps souffrant comme un objet jeté à distance de lui ? Non, le « je » n’est pas hors du corps, il est en et avec lui ! C’est bien la totalité de mon être qui souffre, ce n’est pas moi ET mon corps, c’est moi en tant que totalité incarnée, être de fusion …
b) l’union vécue chez Descartes Descartes était conscient de ces problèmes :
Descartes, Abrégé des Méditations Métaphysiques, 1647
« L’âme de l’homme est réellement distincte du corps et toutefois (…) elle lui est si étroitement conjointe et unie qu’elle ne compose que comme une même chose avec lui »
Descartes, Méditations Métaphysiques, VI
La nature m’enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire. Mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui. Car, si cela n’était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu’une chose qui pense, mais j’apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau.
Ainsi, nous ne constatons pas mais nous éprouvons ce qui affecte mon corps. Nous n’enregistrons pas la douleur, la soif, la faim, comme le ferait le pilote qui consulte les cadrans de son tableau de bord, elles sont vécues au plus profond de notre être. Au-delà de la dualité conçue, il y a l’unité vécue ; l’union des deux substances n’est pas simple juxtaposition mais fusion. Entre l’âme et le corps, mêlés au point de ne plus faire qu’un, l’interaction est intime et permanente, le corps agit sur l’âme et l’âme agit sur le corps. Il a d’ailleurs affirmé l’unité particulière et réelle du corps humain
2) Comment expliquer dans ce cadre l’interaction des deux substances ? Comment expliquer que deux réalités sans commune mesure ni point de contact peuvent s’influencer l’une l’autre ?
Comment mes volontés, processus immatériels, pourraient-ils se traduire en gestes, ie, en mécanismes, en réalités matérielles et spatiales ?
Comment expliquer également les émotions (passions de l’âme) ie, que l’âme subisse les effets du corps ?
Comment se peut-il que l'expérience consciente puisse mettre en mouvement un corps, i.e. un objet matériel doté de propriétés physico-chimiques ?
Comment peut-on vouloir être la cause du fonctionnement de nos neurones et de la contraction de nos muscles, de sorte qu'ils réalisent ce que nous nous proposons de faire ?
a) la solution cartésienne
Dans le Traité des passions de l’âme, Descartes dit que l'union se situe dans la glande pinéale, au centre du cerveau. Sorte de carrefour où se rencontrent les deux ordres de réalité, par lequel les esprits animaux (minuscules corpuscules circulant dans le sang) arrivent au cerveau, puis repartent dans le corps. La causalité esprit/corps est donc possible : elle s'effectue dans la glande pinéale.
Descartes, Traité des passions de l’âme, article 37 : « Comment il paraît qu’elles sont toutes causées par quelque mouvement des esprits »
Et parce que le semblable arrive en toutes les autres passions, à savoir, qu’elles sont principalement causées par les esprits contenus dans les cavités du cerveau, en tant qu’ils prennent leur cours vers les nerfs qui servent à élargir ou étrécir les orifices du coeur, ou à pousser diversement vers lui le sang qui est dans les autres parties, ou, en quelque autre façon que ce soit, à entretenir la même passion : on peut clairement entendre de ceci pourquoi j’ai mis ci-dessus en leur définition qu’elles sont causées par quelque mouvement des esprits.
Statut des passions : se situent aux confins de l’âme et du corps : elles relèvent des choses dont nous faisons l’expérience en nous-mêmes (ce sont des pensées) mais pourtant, elles ne sont pas produites par l’âme, mais par le corps. Si ce sont bien des pensées, elles se distinguent donc des pensées créées par l’âme même, à savoir, les « volontés ».
Cause immédiate ou prochaine : mouvement de la glande pinéale qui se situe au centre du cerveau
Cause de ce mouvement = esprits animaux
Cause (la plus lointaine dans l’ordre du vécu mais première dans l’ordre chronologique) de ce mouvement : un objet qui agit sur nos sens
Descartes parle d’une institution naturelle entre les mouvements des esprits animaux, qui nous disposent à nous comporter ou à agir de telle façon Rles passions disposent notre âme à vouloir les choses auxquelles elles préparent le corps. La nature a institué un mouvement des esprits animaux qui se communique, à telle occasion, à la glande pinéale, et agite l’âme de la façon requise… Une passion est associée par nature ou habitude à un certain mouvement des esprits animaux, qui va se déclencher pour causer en l’âme une réaction appropriée dans telle circonstance.
Cf. la peur : la vue d’une chose effrayante nous dispose ou nous incite à fuir. Plus exactement :
1- perception d’un objet effrayant : processus physiologique qui 2- met en mouvement un processus physiologique supplémentaire 3- ce qui conduit au comportement caractéristique de la peur : événement mental causé par un 3e processus physiologique
Mais disposer ou incliner n’est pas nécessiter : il y a ainsi la possibilité pour l’âme de changer ces associations (dissocier une passion d’une volonté et l’associer à une autre).
Conséquence quant au dualisme cartésien : il stipule certes la distinction et l’indépendance des substances, mais l’union des deux en l’homme
b) Problème : comment l’interaction est-elle possible ?
-Cela ne fait que déplacer le problème :
Si la glande est corporelle, comment l’âme immatérielle peut-elle agir sur elle ? Si âme et corps sont deux réalités distinctes, ayant des caractères bien spécifiques et complètement différents, alors, on ne voit pas comment il peut y avoir interaction; cela reste quand même un mystère. Comment peut-on affirmer sans absurdité que quelque chose d'immatériel puisse avoir un effet matériel; et vice-versa?
Ainsi, pour Descartes, quand je veux lever la main, ce qui cause le mouvement du corps, ce n'est pas vraiment quelque chose de corporel ou d'inscrit dans le fonctionnement corporel; mais c'est un acte de la volonté qui cause ce mouvement, c’est-à-dire, quelque chose qui n'est qu'une propriété de la substance mentale immatérielle que je suis (c’est-à-dire, de l'esprit). Cela revient à introduire une rupture dans le processus causal, faire intervenir quelque chose de mystérieux, dont on ne sait pas comment il peut bien avoir quelque efficace dans monde physique (car : il va de soi que seules des entités physiques peuvent normalement entrer en interaction)
- le lieu même de l’interaction n’est pas très clair
Par exemple, le fait de se brûler les doigts cause de la douleur. Apparemment, il y a une chaîne d’événements, partant de la brûlure de la peau, conduisant à la stimulation des terminaisons nerveuses, puis à un (ou plusieurs) événements ayant lieu dans un endroit particulier du cerveau, pour finalement terminer par la sensation de douleur.
Mais la douleur n’est pas supposée être localisable. Alors, où est-ce que l’interaction a lieu ? On se retrouve avec une relation causale très étrange. La cause est localisée en un lieu donné, mais l’effet n’est localisé nulle part.
- Comment l’interaction se produit-elle ?
l’idée même d’un mécanisme expliquant le lien entre le mental et le physique serait, au mieux, très étrange. En effet, comparons-le à un mécanisme que l’on comprend.
Prenons une relation causale très simple, comme par exemple ce qui se produit lorsque la bille blanche cogne la bille noire au billard américain, et la fait aller dans le trou. Ici, on peut dire que la bille blanche a une certaine quantité de mouvement quand sa masse traverse la table de billard à une certaine vitesse, puis que cette quantité de mouvement est transférée à la bille noire, qui se dirige alors vers le trou.
Comparons maintenant cette situation avec ce qui se produit dans le cerveau, où l’on voudrait qu’une décision entraîne le déclenchement de certains neurones et ainsi entraîner le mouvement de mon corps.
L’intention « Je vais traverser la pièce » est un événement mental et, en tant que tel, ne possède aucune propriété physique comme une force. Si elle n’a pas de force, alors comment pourrait-elle entraîner le déclenchement d’un quelconque neurone ? Est-ce par magie ? Comment quelque chose ne possédant aucune propriété physique pourrait-il avoir le moindre effet physique ?
A cela, on pourrait répondre de la manière suivante : « en effet, il y a quelque chose de mystérieux dans la manière dont l’interaction entre le mental et le physique a lieu. Mais le fait qu’il y ait quelque chose de mystérieux ne signifie pas que l’interaction n’a pas lieu. Simplement, il y a une interaction, qui a lieu entre deux sortes d’événements totalement différents. »
Transition : bref, si la matière nous paraît être une évidence (encore que, cf. Descartes et son malin génie), mais l’esprit ne serait-il pas après tout qu’une illusion ? ne serait-il pas qu’une manière commode de parler, due à l’ignorance où nous sommes des véritables causes ?
III- le matérialisme : ne serais-pas qu'un corps ?
Définition : tout est matière. L’esprit est soit une illusion, soit un certain degré de matière, soit de la matière « tout court ».
A- le matérialisme de Marx : l’esprit est l’effet ou le résultat de processus matériels économiques
Les conditions matérielles de la société déterminent notre mode de pensée, mais aussi tout ce qu’on attribue à l’esprit en général (la morale, politique, le droit, la religion, l’art, la philosophie).
Conditions matérielles = forces économiques et sociales.
Exemple : dans l’Antiquité, la connaissance était considérée comme théorique : on ne s’occupait pas de ses applications pratiques. Ce mode de pensée est lié à l’organisation de la vie quotidienne sur le plan économique. Seuls les esclaves travaillaient, donc, l’efficacité était dévaluée, au profit de la pensée pure
détermine Matière (ou conditions de vie « matérielles ») = infrastructure Esprit = superstructure conditions de production (ressources naturelles = climat, matières premières) moyens de production (outils, appareils, machines) rapports de production (répartition du travail, statut des propriétaires) Les idées, pensées, la culture, l’art, la politique, le droit, la religion, etc., ne sont que le reflet de l’infrastructure Est le reflet de
C’est la matière, ou ses transformations, qui transforme(nt) l’histoire, pas les idées ou pensées des hommes.. Cependant, on parle de matérialisme « dialectique » : cela signifie que la superstructure, même si elle ne peut avoir de vie autonome, peut à son tour influencer l’infrastructure.
B- le matérialisme contemporain : l’esprit est l’effet ou le résultat de processus cérébraux
C’est un matérialisme scientifique, qui règne dans ce qu’on appelle les « sciences cognitives » : ces sciences ont pour but d’appliquer à l’esprit les méthodes d’investigation des sciences de la nature (il s’agit donc de naturaliser l’esprit).
1) origines de cette nouvelle science (neuropsychologie)
- Gall, père de la phrénologie, qui a localisé les facultés mentales : pour lui, chaque fonction mettait en jeu une structure cérébrale spécifique, dont le volume était d’autant plus important que la faculté correspondante était développée. D’où sa théorie des bosses du crâne, mais aussi son principal apport : l’idée de la localisation des facultés mentales
- en 1861, Broca nous expose le cas de Mr Leborgne, qui pouvait dire seulement « Tan » mais comprenait ce qu’on lui disait ; on a découvert une atteinte de l’hémisphère gauche.
- Le cas célèbre de Phinéas Cage décrit par Damasio dans L’erreur de Descartes :
P. Gage était un ouvrier en bâtiment ; en 1848, lors d’une explosion, une barre de métal d’un diamètre de plus de 2,5 cm traversa sa boîte crânienne, détruisant les aires d’association de ses lobes frontaux. Avant cet accident, il était connu comme un homme décent et consciencieux ; après, il fut décrit comme infantile et irrévérencieux. Il était incapable de contrôler ses impulsions et se livrait constamment à des planifications qu’il abandonnait ensuite.
Cas qui montre bien l’impact des lésions du lobe frontal et temporal sur la personnalité (lésions qui entraînent des changements de comportement constituant la personnalité des individus- la personnalité renvoyant à la fois à ce qui fait la réputation d’une personne, la façon qu’on a de la percevoir, et aux attributs psychologiques durables qui créent cette réputation).
Damasio en a déduit que le cortex joue le rôle d’inhibiteur des émotions. C’est lui qui nous évite d’être l’esclave perpétuel de nos pulsions et impulsions. Lobe frontal = lieu de contrôle de soi. Si un cerveau lésé peut créer une âme lésée, alors c’est que nous n’en sommes pas responsables ! La personnalité réside dans le cerveau, pas dans l’âme ! Une part de la personnalité serait innée et certaines personnes sont nées avec des tendances à se comporter de manière antisociale ou indifférente envers autrui.
2) le réductionnisme esprit et cerveau
cf. Changeux, L'homme neuronal, 1983 : il n’y a pas d'"esprit", mais que des neurones. Ou encore : l’esprit est identique au cerveau.
Il s'agit d'un "matérialisme éliminativiste": les phénomènes mentaux ne sont rien d'autre que des phénomènes physiques; les termes mentaux ordinaires ne désignent rien de réel, et ne sont qu'un mythe que nous projetons sur les structures de notre comportement. Par là, on est censé se débarrasser définitivement du dualisme interactionniste, c’est-à-dire, de l’idée d'une substance mentale qui aurait des effets physiques.
Dans une telle perspective, l'explication psychologique peut être considérée comme scientifiquement redondante par rapport à l'explication physique, même si elle est commode en pratique.
Exemple : comment explique-t-on les maux de l’adolescence quand on est neuropsychologue ?
Nouvel Observateur, 15-21 septembre 2005 (Sur les travaux du neurologue Giedd)
Pourquoi les adolescents ne raisonnent-ils pas comme les adultes, s’ils ont les mêmes cellules grises ? Pourquoi passent-ils leur temps à se mettre en danger, à changer de personnalité, à s’identifier à des desperados ou à écouter les Spice Girls ? Bref, comment expliquer qu’un cerveau mature produise une conduite immature ? Longtemps, la science a recouvert cette question d’un voile pudique. Faute de pouvoir ouvrir la boïte noire du cerveau adolescent, on se rabattait sur les explications psychologiques. On imaginait que la situation particulière du jeune, à la fois sur les plans physiologique, mental et social, l’empêchait d’avoir l’attitude raisonnable que ses neurones auraient dû lui dicter. On sait désormais qu’il n’en est rien : le cerveau des adolescents n’est pas plus achevé que leur corps ! Et son développement incomplet aide à comprendre bien des aspects du comportement et de l’état d’esprit propres à cet âge charnière. (…) au cours de l’enfance et l’adolescence, la densité de matière grise varie de manière importante, commençant par augmenter pour ensuite diminuer progressivement. (…) Le développement du cerveau obéit à deux principes antagonistes : « le premier est la surproduction. Le cerveau produit plus de cellules et de connexions qu’il ne peut en survivre, grâce à une abondance de nutriments, de facteurs de croissance et d’espace disponible dans le crâne. Cette surproduction est suivie d’une élimination par la compétition féroce à laquelle se livrent les cellules et les connexions. Seul un petit pourcentage d’entre elles vont survivre et gagner ». (…) le lobe frontal, que l’on considère souvent comme le « centre de décision » du cerveau (…) est impliqué dans la planification, la stratégie, l’organisation, la mobilisation de l’attention, la concentration. « En gros, c’est la partie du cerveau qui nous distingue le plus de la bête, dit Giedd. C’est celle qui a changé le plus au cours de l’évolution humaine, qui nous permet de faire de la philosophie, de penser sur la pensée ou de nous interroger sur notre place dans l’univers… Pendant l’adolescence, cette partie n’est pas terminée. Ce n’est pas que les ados soient stupides ou incapables. Mais il est en quelque sorte injuste d’attendre d’eux qu’ils aient des niveaux adultes d’organisation ou de prise de décision avant que leur cerveau soit achevé ».
Courrier International, n° 717, 29 juillet au 18 août 2004 (idem)
La dernière zone cérébrale à subir l’élagage neuronal et à trouver sa forme et ses dimensions adultes est le cortex préfrontal, siège de ce qu’on appelle les fonctions exécutives Rprévoir, se fixer des priorités, organiser ses pensées, réprimer ses pulsions, peser les conséquences de ses actes. En d’autres termes, la dernière partie du cerveau à se développer est celle qui est capable de prendre une décision de ce type : « je finis mes devoirs, je descends la poubelle et ensuite j’enverrai un texto à mes copains pour aller au cinéma ». (…) « à partir du moment où nous avons commencé à savoir très précisément où et quand les modifications cérébrales se produisaient, nous avons pu élucider le mystère : le problème est simplement que la partie du cerveau qui responsabilise les ados n’est pas encore finie de se développer ».
Nouvel Observateur, 15-21 septembre 2005-12-12 (L. Rotenberg, psychothérapeute, spécialiste de l’adolescence)
Ces progrès apportent un enrichissement incontestable. Ainsi, en France, des recherches menées à Ste Anne ont permis de voir que dans la dépression il y a des régions du cerveau qui ne fonctionnent pas, et que lorsqu’on administre un antidépresseur, une partie des cellules inactives sont restimulées. C’est intéressant de visualiser de telles données, auxquelles on n’avait pas accès quand le seul moyen d’observer le cerveau était l’examen post mortem. Mais en même temps ces travaux ne nous disent pas comment il faut traiter un patient dépressif. Je me méfie d’une conception du tout biologique qui aboutirait à surexploiter les résultats scientifiques. (…) C’est une des tendances actuelles dans les milieux psychiatriques. Pour ma part, j’appartiens à une génération où l’on essaie de tenir compte de tous les éléments. Je trouverais absurde de ne pas m’intéresser aux nouveaux développements scientifiques, mais la référence à la psychanalyse, à des notions de base comme le complexe d’OEdipe, reste valable.
Mais que vaut ce matérialisme ?
IV- Critiques du matérialisme : la réduction de l’esprit à la matière n’est pas tenable
A-Critiques d’ordre logique
comment l’esprit peut-il venir de la matière ? qu’est-ce qui dans la matière peut aboutir à la création de l’esprit ? la matière peut-elle penser ?
si on a besoin de recourir au concept d’esprit pour expliquer les comportements humains, alors pourquoi ne correspondrait-il à rien ?
Ainsi, ne se moquerait-on pas du physicien qui prétendrait rendre compte d’un match de football en terme de corps en mouvements, définis par leurs masse et leur vitesse ?)
la science ne peut vraiment objectiver l’esprit ou prouver que l’esprit est matériel et n’est que le nom que nous donnons à des phénomènes dotés pour nous (humains) d’importance.
Cf. techniques d’imagerie cérébrale (tomographie à émission de positrons) : elles peuvent nous faire voir (donc localiser) la zone du cerveau mise en branle quand nous pensons, faisons des calculs logiques, jouons d’un instrument de musique, etc. Mais pas ce à quoi nous pensons, et surtout, ce qu’est la pensée (comment elle naît, etc.)
On peut faire ici la distinction cause et condition : par exemple, le piano produit de la musique : dira-t-on alors que le piano est la cause et la musique l’effet ?
Le piano est un moyen, ce sans quoi quelque chose (la musique) ne peut être réalisé (condition) La cause c’est ce qui produit l’existence et qui rend raison.
La cause de la musique (par exemple du 21ème concerto de Mozart) c’est sa pensée, son génie.
De même, le corps, ou le cerveau, est la condition de l’esprit, mais n’en saurait être la cause (et donc, que l’esprit, s’il doit avoir une assise corporelle, n’y est pas réductible).
Bergson, L’âme et le corps, coll. Profil, pp. 67-68 ; 71
Celui qui pourrait regarder à l’intérieur d’un cerveau en pleine activité, suivre le va-et-vient des atomes et interpréter tout ce qu’ils font, celui-là saurait sans doute quelque chose de ce qui se passe dans l’esprit, mais il en saurait peu de chose. Il en connaîtrait tout juste ce qui est exprimable en gestes, attitudes et mouvements du corps, ce que l’état d’âme contient d’action en voie d’accomplissement, ou simplement naissante : le reste lui échapperait. Il serait, vis-à-vis des pensées et sentiments qui se déroulent à l’intérieur de la conscience, dans la situation du spectateur qui voit distinctement tout ce que les acteurs font sur la scène, mais n’entend pas un mot de ce qu’ils disent. Sans doute, le va-et-vient des acteurs, leurs gestes et attitudes, ont leur raison d’être dans la pièce qu’ils jouent ; et si nous connaissons le texte, nous pouvons prévoir à peu près le geste ; mais la réciproque n’est pas vraie, et la connaissance des gestes ne nous renseigne que fort peu sur la pièce, parce qu’il y a beaucoup plus dans une fine comédie que les mouvements par lesquels on la scande.
L’activité cérébrale est à la vie mentale ce que les mouvements du bâton du chef d’orchestre sont à la symphonie. La symphonie dépasse de tous côtés les mouvements qui la scandent ; la vie de l’esprit déborde de même la vie cérébrale…
B-Critique d’ordre éthique : le matérialisme nie la liberté et détruit la notion de responsabilité
Cf. analyse de Damasio à propos de Phinéas Cage : on n’a donc finalement plus aucun mérite quand on agit moralement (d’ailleurs que veut dire ici agir « moralement » ?) ; et on est malade plutôt qu’immoral, quand on agit de manière non morale… Cf. explication scientifique de l’adolescence : quand on agit correctement on n’a aucun mérite, et quand on agit mal ce n’est pas de notre faute !
C- Dépassement du matérialisme et du dualisme : le monisme de Spinoza : l’unité de l’être humain
Le corps et l’esprit ne sont-ils pas qu’une seule et même chose, vue sous deux aspects différents … ? Tout état de l’homme sera simultanément mouvement dans le corps et idée dans l’âme.
Spinoza Ethique, III, 2, Scholie. Traduction B. Pautrat, Paris, le Seuil, 1988
L’esprit et le corps, c’est une seule et même chose, qui se conçoit sous l’attribut tantôt de la pensée, tantôt de l’étendue. D’où vient que l’ordre ou enchaînement des choses est un, qu’on conçoive la nature sous l’un ou l’autre de ces attributs, par conséquent que l’ordre des actions et passions de notre corps va par nature de pair avec l’ordre des actions et passions de notre esprit : ce qui ressort également de la manière dont nous avons démontré la proposition 12 de la deuxième partie. Or, encore que les choses soient telles qu’il ne reste pas de raison de douter, j’ai pourtant peine à croire que, à moins de prouver la chose par l’expérience, je puisse induire les hommes à examiner cela d’une âme égale, tant ils sont fermement persuadés que c’est sous le seul commandement de l’esprit que le corps tantôt se meut, tantôt est en repos, et fait un très grand nombre de choses qui dépendent de la seule volonté de l’esprit et de l’art de penser. Et, de fait, ce que peut le corps, personne jusqu’à présent ne l’a déterminé, càd l’expérience n’a appris à personne jusqu’à présent ce que le corps peut faire par les seules lois de la nature en tant qu’on la considère seulement comme corporelle, et ce qu’il ne peut faire, à moins d’être déterminé par l’esprit. Car personne jusqu’à présent n’a connu la structure du corps si précisément qu’il en pût expliquer toutes les fonctions pour ne rien dire ici du fait, que, chez les bêtes, on observe plus d’une chose qui dépasse de loin la sagacité humaine, et que les somnambules, dans leurs rêves, font un très grand nombre de choses qu’ils n’oseraient faire dans la veille ; ce qui montre assez que le corps lui-même par les seules lois de sa nature, peut bien des choses qui font l’admiration de son esprit. Ensuite, personne ne sait de quelle façon ou par quels moyens, l’esprit meut le corps, ni combien de degrés de mouvement il peut attribuer au corps, et à quelle vitesse il peut le mouvoir. D’où suit que, quand les hommes disent que telle ou telle action du corps naît de l’esprit, qui a un empire sur le corps, ils ne savent ce qu’ils disent, et ils ne font qu’avouer en termes spécieux qu’ils ignorent sans l’admirer la vraie cause de cette action. Mais ils vont dire, qu’ils sachent ou non par quels moyens l’esprit meut le corps, que pourtant ils savent d’expérience que si l’esprit n’était pas apte à penser, le corps serait inerte. QU’ensuite ils savent d’expérience qu’il est au seul pouvoir de l’esprit tant de parler que de se taire, et bien d’autres choses qui, par suite, dépendent à ce qu’ils croient du décret de l’esprit. Mais pour ce qui touche au premier point, je leur demande si l’expérience n’enseigne pas aussi que, si le corps, inversement, est inerte, l’esprit en même temps est inapte à penser ? Car, quand le corps repose dans le sommeil, l’esprit en même temps que lui demeure endormi, et n’a pas le pouvoir de penser comme dans la veille. Ensuite, tout le monde a, je crois, fait l’expérience que l’esprit n’est pas toujours également apte à penser sur le même objet ; mais que, selon que le corps est plus apte à ce que s’excite en lui l’image de tel ou tel objet, ainsi l’esprit est plus apte à contempler tel ou tel objet. Mais ils vont dire que des seules lois de la nature considérée seulement en tant que corporelle, il ne peut pas se faire que l’on puisse déduire les causes des édifices, des peintures et des choses de ce genre, qui se font par le seul art des hommes, et que le corps humain à moins d’être déterminé et guidé par l’esprit, ne serait pas capable d’édifier un temple. Mais j’ai déjà montré, quant à moi, qu’ils ne savent pas ce que peut le corps, ou ce qu’on peut déduire de la seule contemplation de sa nature, et qu’ils ont l’expérience d’un très grand nombre de choses qui se font par les seules lois de la nature et qu’ils n’auraient jamais cru pouvoir se faire, sauf sous la direction de l’esprit, comme sont celles que font les somnambules en dormant, et qu’ils admirent eux-mêmes quand ils sont éveillés
1) Le contexte
But de l’Ethique : connaître la nature humaine, afin de bâtir sur une elle la véritable morale (pas d’idéalisme). Connaissance rationnelle, discursive (modèle mathématique).
Spinoza affirme dans l’Ethique (surtout dans le livre II) l’unité du corps et de l’esprit. L’homme est A LA FOIS étendue/ matière, et pensée/ esprit.
Ne nous y trompons pas : c’est une philosophie unitaire de l’existant humain, pas la somme de deux réalités différentes. L’esprit ne sera pas ajouté au corps pour l’animer, le mettre en mouvement (ce qu’on a encore chez Aristote ?)
La conséquence en sera une théorie de l’affectivité originale par rapport à la tradition qui le précède, puisque cette affectivité sera le fondement de la nature humaine, et de la morale (cf. « le désir est l’essence de l’homme »).
Modèle de la réalité : une seule nature, spirituelle et matérielle, qui n’est autre que Dieu (théorie de l’immanence : « deus sive natura) ; cette Substance se manifeste sous une infinité d’attributs, qui sont ses manières d’être. L’étendue et la pensée sont dans ce contexte deux expressions distinctes d’une même substance. A l’intérieur de cette nature (l’homme est une partie de cette nature), on a l’être humain, qui se caractérise par l’unité corps/ esprit, et par le désir.
Pour bien comprendre ce que signifie cette unité esprit-corps, suivons son raisonnement. Dans l’Ethique II, 11, nous avons la description de la réalité effective de l’esprit (ie, pas d’une idée).
Qu’est-ce que l’esprit humain ?
2) L'esprit humain est l’idée d’une chose singulière existant en acte.
Traduction :
- Esprit =idée = pas concept mais activité de penser=activité de conscience (pas âme !)
- cette activité de penser, cette idée, a un objet
- cf. Husserl : « toute conscience est conscience de quelque chose » (rapport à quelque chose d’autre qu’elle-même)
a) pas d’autonomie, pas de substantialité de l’esprit : l’esprit ou activité de conscience est toujours rapport au monde extérieur
b) premier objet de cette conscience/ esprit : le corps (le sien)
Le rapport au monde extérieur s’appuie donc toujours sur le lien étroit idée/ corps. Le contenu principal de la conscience est son corps. L’esprit humain EST la conscience du corps. Je suis conscience de mon corps.
c) Ça ne veut pas dire que l’esprit serait le reflet passif du corps mais que l’esprit est la même chose que le corps mais en un langage différent (cf. notion de parallélisme)
L’esprit va enchaîner des connaissances, va désirer ; le corps, lui, va enchaîner des mouvements.
Parallélisme : pas de relation de production, de relation causale : mais identité, ie, quand il y a des événements dans le corps, il y a des événements dans l’esprit. Un seul événement s’exprime de deux manières.
d) Comment ça fonctionne ? Quelles sont leurs relations ?
Tout événement du corps est perçu par l’esprit.
Perçu, c’est-à-dire pas compris, pas connu : ce rapport peut être mal compris, mal interprété.
En soi, l’esprit perçoit tous les événements du corps ; comment ? Par les idées des affections du corps.
Idées = conscience des modifications du corps.
Affection = pas relatif à l’affectivité mais désigne une transformation, un mouvement, du corps (des humeurs, du sang)
Autrement dit, la conscience perçoit le corps par la conscience interprétative des événements du corps.
Exemple : un ulcère de l’estomac ne sera conscient que quand il entrera en crise ; l’ulcère va être conscient ; sous quelle forme ? sous la forme d’une brûlure, qui est l’idée, la conscience, d’un événement qui se passe dans l’estomac, et qui n’est pas une brûlure mais un processus chimique.
On voit bien ici que l’événement physique est autre dans le vécu psychique… Une modification du corps est perçue par une interprétation.
Bref : la conscience est toujours conscience des événements du corps, et cette conscience, ou, les idées des affections du corps sont d’abord confuses. (Evénements : pas oxygénation, digestion ? En tout cas événements de la vie de tous les jours….). Nous n’avons une conscience claire ni des événements organiques, ni des événements affectifs…
Ce qui signifie que la conscience n’est pas forcément claire, n’est pas forcément connaissance (réflexion claire qui comprend ce qui se passe, comment, et pourquoi).
Par contre, toute affection du corps peut être connue, devenir un concept clair. Ie : la conscience confuse de notre quotidien peut devenir l’objet d’une connaissance. (Avoir une idée de l’idée !)
Avantages : nouvelle médecine ? un corps, non plus objet mais sujet ?
Cf. phénomènes placebo et nocebo
- maladie de Parkinson : faire croire au malade qu’on lui injecte de la dopamine sous forme de cachet stimulerait probablement les derniers neurones capables d’en fabriquer, et supprime (momentanément au moins) les tremblements
- les quelques cas de guérison de cancers à Lourdes s’expliquent par un état d’extase mystique qui déclencherait une production massive de substances anticancéreuses
- les pensées négatives d’un patient peuvent contrecarrer l’évolution d’une maladie
Cf. méthode Meizières en kiné… = le corps sujet !
Conclusion
Il nous paraît donc abusif de se débarrasser de l’esprit, mais avouons pourtant que nous ne savons toujours pas vraiment ce qu’il peut être précisément !
On peut même retourner la critique scientifique de l’esprit contre leur croyance en l’existence de la matière : la matière existe-t-elle vraiment ? Comment en être si sûr après tout ?
Cf. Descartes et l’expérience du morceau de cire : la matière n’est pas si concrète que ce que l’on pourrait croire ! N’est-elle pas un concept qui nous permet de réunir entre elles de multiples sensations ? Si on la perçoit, n’y a-t-il pas tout un travail de l’esprit ?
http://www.philocours.com/cours/cours-espritmat.htm
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