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samedi 28 juillet 2012

__[+]__Les douze tribus d'Israël. Le territoire de Juda : SIMEON, JUDA, RUBEN, GAD, EPHRAIM, DAN, MANASSE, BENJAMIN, ISSACHAR, NAFTALLI, ASCHER, ZABULON Enfants d'Israël __Particularités__ Le lion est un symbole de la tribu de Juda (Apoc.5.5) MER MORTE

Le premier livre de la Bible hébraïque ou de l’Ancien Testament la Genèse, se termine avec l’installation en Égypte des Hébreux, ou plus exactement, des 12 fils de Jacob/Israël, fondateurs directs ou indirect des 12 tribus.



Le premier livre de la Bible hébraïque ou de l’Ancien Testament la Genèse, se termine avec l’installation en Égypte des Hébreux, ou plus exactement, des 12 fils de Jacob/Israël, fondateurs directs ou indirect des 12 tribus.





PORTAIL du Judaïsme ARBORESCENCE PROJET Judaïsme

Espace de discussion

Catégories principales : lois et rituels juifs • Vie juive • Fêtes dans le judaïsme

Bienvenue sur le Portail de la Culture juive et du judaïsme. Sommaire



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5.2 8 Bons articles sur les Juifs et le Judaïsme



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8 Citation du mois



9 Parasha de la semaine



10 Voir Aussi



10.1 Ressources Wikimédia



10.2 Portails

Praha Jewish Cemetery 2003b.jpg1QIsa b.jpgTefillin.JPG



WIkiprojet Judaïsme .wikipedia.org/wiki/Portail:Judaïsme

Albert Einstein

Le terme judaïsme désigne la tradition, la culture religieuse et le mode de vie des Juifs constitué des descendants des Israélites provenant de l'antique terre d'Israël et des quelques minorités les ayant rejoints par la conversion et s'étant mélangées à eux au fil de leur diaspora de deux millénaires. Le judaïsme comporte des éléments religieux mais ne s'y limite pas puisqu'il contient, outre son code de conduite, une législation, des rites, et des coutumes non spécifiquement religieuses.

Selon ses textes fondateurs, en particulier le Tanakh, la foi des anciens Israélites et de leurs descendants, les Juifs, serait basée sur une alliance contractée entre Dieu et Abraham, qui aurait ensuite été renouvelée entre Dieu et Moïse.

Les juifs fondent le judaïsme sur la religion abrahamique qui fleurira ensuite dans la Loi mosaïque (la Torah), les Nevi'im) et les Ketouvim), collectivement désignés par l'acronyme Tanakh, dont le texte constitue la Miqra ou Bible hébraïque.

Cette religion se fonde sur le culte du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, au Nom ineffable, qu'elle conçoit comme une Essence éternelle (YHWH), qui détient tous les pouvoirs (Elohim), transcendant Seigneur des seigneurs (Adonaï) qu'elle considère Un et Unique et qu'elle qualifie ainsi : omnipotent, omniscient, juste et miséricordieux. Cette religion professe aussi que le rassemblement de toutes les puissances (Elohim) manifesta le créateur du monde qui continue de s'impliquer dans sa destinée en faisant irruption dans son Histoire, comme lorsqu'il fit sortir d'Égypte les enfants d'Israël. Les cohanim du Temple de Jérusalem par deux fois détruit assuraient Son culte. Les rabbanim ont transmis ensuite la tradition juive jusqu'à nos jours.

Le judaïsme est l'une des plus anciennes traditions religieuses monothéistes encore pratiquées aujourd'hui. Les valeurs et l'histoire du peuple juif sont à la source des deux autres religions abrahamiques, le christianisme et l'islam. Il n'est toutefois pas à la base du samaritanisme, qui est une tradition israélite concurrente, ni du zoroastrisme, lui-même issu du mazdéisme.

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Ce portail compte 3 650 articles dont 19 articles de qualités et 8 bons articles . Vous pouvez en consulter la liste. Nuvola apps cache.png Lumière sur... Un enfant de la communauté, à Dimona, en septembre 2005.

Les African Hebrew Israelites of Jerusalem (hébreu : כושים עבריים), ou African Hebrew Israelite Nation of Jerusalem ou Original Hebrew Israelite Nation, ou Kingdom of Yah (Royaume de Dieu), souvent connus abusivement sous le nom plus générique de Black hebrews (hébreux noirs) sont une communauté religieuse d'origine afro-américaine, dont le principal centre est à Dimona, au sud d'Israël dans le désert du Neguev.

Créée dans les années 1960 par un ouvrier métallurgiste de Chicago, Ben Carter, l'organisation s'intègre dans un ensemble de mouvements américains apparus à la fin du XIXe siècle et collectivement qualifiés de Black Hebrews (hébreux noirs) ou de Black Hebrews Israelites. Ces mouvements considèrent tous que les noirs actuels descendent des anciens Israélites de la Bible, et rejettent le christianisme au profit d'une religion basée sur l'Ancien Testament, et plus ou moins proche du judaïsme traditionnel selon les groupes. La majorité des organisations Black Hebrews peuvent être considérées comme adhérant à l'idéologie dite du Nationalisme noir. En plus de ces idées, communes aux autres groupes, l'Original Hebrew Israelite Nation a des croyances et des pratiques spécifiques, comme l'émigration vers Israël, un régime alimentaire végétalien, et l'autorisation de la polygamie.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Christianisme++ ++

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La croix latine

Le christianisme est une religion monothéiste qui a émergé du judaïsme et qui se base sur la personne de Jésus-Christ de Nazareth, le fils de Dieu fait homme. Jésus se dit en hébreu Yeshua ce qui signifie « Dieu sauve, Sauveur », et Il est aussi appelé Emmanuel, « Dieu avec nous, Dieu parmi les hommes ». Les Évangiles ou Nouveau Testament témoignent que Jésus est né miraculeusement d'une vierge, nommée Marie, à Bethléem. Les prophètes de l'Ancien Testament (la Bible juive), et Jean Baptiste annoncent la venue du Messie, soit le Christ (Khristos en grec, c'est-à-dire « oint »). Le Messie vient sauver les hommes de leurs péchés. À 33 ans, Jésus est arrêté par le conseil religieux juif de Jérusalem, le Sanhédrin, et crucifié à Jérusalem sous Ponce Pilate, le préfet romain de Judée ; des personnes, ses disciples, témoignent de sa Résurrection trois jours après sa mort, le jour de la fête de Pâques. Le christianisme s'est développé par l'enseignement et la prédication des apôtres de Jésus au Ier siècle, qui prêchent l'Évangile aux Juifs d'abord, puis aux païens. Les chrétiens sont ceux qui reconnaissent Jésus de Narazeth comme le Messie, le Christ, le fils de Dieu, annoncé par la Loi et les prophètes dans l'Ancien Testament. C'est à Antioche que pour la première fois les disciples du Christ sont appelés chrétiens (Actes des Apôtres, XI, 26).

Jésus est pour les chrétiens le sauveur du monde, la lumière du monde, le fils de Dieu. Le passage de Jean III, 16 est un résumé du message chrétien. Dieu, dont le nom Yahvé signifie l'Être, est dans le Paradis ; Il s'est fait chair en la personne de Jésus ; Il agit par son Esprit ; il est à la fois un en trois personnes comme l'être humain qui est à la fois âme, corps et esprit.__

Le christianisme présente aujourd'hui plusieurs visages en raison des divergences théologiques et de traditions liturgiques différentes. En règle générale, on identifie trois courants principaux : les catholiques (http://www.eglise.catholique.fr/accueil.html), les orthodoxes et les protestants dès la Réforme. Le christianisme est une religion et une foi importante dans le monde depuis un peu plus de deux millénaires. Avec ses 2,3 milliards de fidèles, le christianisme est la religion la plus répandue du globe, devant l'islam, qui compte pour sa part 1,5 milliard de croyants.

Ce portail est destiné à faciliter la navigation entre tous les articles consacrés à la religion chrétienne comme à ses différentes branches. Bonne visite !

En apprendre plus sur le christianisme... Branches du christianisme modifier

Principales branches du christianisme Réforme XVIe siècle

Protestantisme

Europe du Nord, Amérique du Nord Anglicanisme 1517

Grande-Bretagne

1530 Église catholique Église catholique romaine Europe du Sud, Amérique du Sud, Amérique du Nord Unions Catholicisme




Christianisme ancien

Grand schisme XIe siècle Églises catholiques orientales

Europe de l'Est, Méditerranée orientale 431 451 Églises orthodoxes Europe de l'Est, Asie du Nord Églises des trois conciles ou orthodoxes orientales Égypte, Arménie, Syrie, Éthiopie Églises des deux conciles ou nestoriennes Irak, Iran, Inde

Lumière sur… modifier Templ.jpg

L'Ordre du Temple était un ordre religieux et militaire international issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge. Ses membres sont appelés les Templiers.

Il fut créé le 13 janvier 1129 à partir d'une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Il œuvra pendant les XIIe et XIIIe siècles à l'accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête.

Après la perte définitive de la Terre sainte en 1291, l'ordre fut victime de la lutte entre la papauté et Philippe le Bel et fut dissous par le pape Clément V le 22 mars 1312 à la suite d'un procès en hérésie. La fin tragique de l'ordre mena à nombre de spéculations et de légendes sur son compte.



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Article principal : christianisme



La Bible et la Catégorie:Bible



Christianisme ancien



La croix



Dieu



Église



Jérusalem



Jésus-Christ



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Confessions, Églises, mouvements modifier



Catholicisme, Église catholique romaine, Églises catholiques orientales



Catholicisme traditionaliste, Sédévacantisme



Christianisme ancien, Mouvements dissidents avant la Réforme



Communion anglicane



Conseil national des évangéliques de France



Christianisme Céleste



Jesus freaks, Anarchisme chrétien, Existentialisme chrétien



Églises apostoliques



Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ou mormonisme



Témoins de Jéhovah



Œcuménisme, Conseil œcuménique des Églises



Orthodoxie, Église orthodoxe, Églises orthodoxes, Églises orthodoxes orientales, Église de l'Orient



Protestantisme évangélique, églises évangéliques, Baptisme, Pentecôtisme, Adventisme



Protestantisme, Réforme protestante, Église luthérienne, Luthéranisme, Calvinisme

Histoire du christianisme modifier El Greco 041.jpg



Article principal : Histoire du christianisme



Catégorie principale : Catégorie:Histoire du christianisme



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Jean Baptiste



Moyen Âge



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Anno Domini

Théologie et pensée chrétiennes modifier



La théologie



Article principal (à approfondir) : théologie chrétienne



Doctrine chrétienne : immaculée conception - Saint-Esprit - Sainte-Trinité - péché originel - grâce



Branches de la théologie : christologie - ecclésiologie - exégèse - liturgie - patristique et patrologie - théologie dogmatique - théologie morale (catholicisme) - théologie pratique ou théologie pastorale



Les théologiens : théologiens chrétiens célèbres



Les Pères de l'Église : Augustin d'Hippone, Justin Martyr, Tertullien, ... de Clément de Rome à Isidore de Séville



La scolastique : Thomas d'Aquin et le thomisme, Francisco Suárez



L'École de Salamanque : Francisco Suárez, Domingo de Soto, Melchor Cano



Les réformateurs (protestantisme) : John Wyclif, Jan Hus, Martin Luther, Martin Bucer, Jean Calvin, Ulrich Zwingli, John Wesley, Guillaume Farel, John Knox, Théodore de Bèze



La théologie contemporaine : Hans Urs von Balthasar, Karl Barth, Louis Bouyer, Jean Rousselot, Yves Congar, Henri de Lubac, Karl Rahner, Joseph Ratzinger, Rudolph Bultmann,

Raphaël Picon, Lars Olof Jonathan Söderblom, Paul Tillich, Hans Küng, Cardinal Newman



La théologie de la libération : Gustavo Gutiérrez, Leonardo Boff



Théologie naturelle, théologie du process, théologie négative


****__Portail de la Bible Portail de la Bible__***** http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Bible

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Portail de la Bible



Portail de la Bible



Portail de Wikipédia consacré à la Bible



1 278 articles lui sont actuellement liés.

La Bible est le nom français donné au regroupement de textes sacrés du judaïsme (24 livres), ou du christianisme (autour de quarante livres suivant les divers canons), en un seul Livre, bien que chacune de ces religions, voire chaque courant en son sein respectif, ait un rapport différent à ces textes fondamentaux. Le mot « bible » désigne l’ensemble du corpus des textes religieux juifs (Bible hébraïque) ou judéo-chrétiens (Bible chrétienne). Il désigne, sous l’apparence d’un ouvrage unique, une collection d’écrits très variés (récits des origines, textes législatifs, récits historiques, textes sapientiaux, prophétiques, poétiques, hagiographies, lettres) dont la rédaction s’est échelonnée sur plusieurs siècles.

La Bible hébraïque se nomme TaNaKh, acronyme basé sur les noms de ses trois parties constituantes, la Torah est la loi, les Neviim sont les prophètes, les Ketouvim sont les autres écrits. Les chrétiens nomment Ancien Testament la partie de la Bible qui reprend les textes canoniques du Tanakh et d'autres textes antiques non repris par la tradition judaïque. La Bible chrétienne contient en outre un Nouveau Testament qui regroupe les écrits relatifs à l'avènement de Jésus-Christ. Le mot « Testament » traduit du latin testamentum, correspond au mot grec διαθήκη qui signifie « convention » ou « disposition écrite » (d'où « testament ») qui devint dans le contexte biblique « pacte » ou « alliance ». Les églises chrétiennes se réfèrent souvent à la Bible comme à la parole de Dieu.

icône décorative

Arborescence de la Bible

Catégorie mère - Portail - Index - Projet - Café biblique

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[Lumière sur... Satan].

Le livre de Job (איוב Iyov) est l'un des Livres du Tanakh et de l'Ancien Testament. Poème didactique écrit en prose, il a été appelé "l'un des livres les plus difficiles de la Bible".

Les nombreuses exégèses du livre sont des tentatives classiques pour réconcilier la coexistence du mal et de Dieu (pour laquelle Leibniz a forgé le terme de "théodicée"). L'intention originale du Livre de Job apparaît comme assez ambigüe : tantôt invocation à la droiture, tantôt perspective cynique de cette idée, peut-être réponse au problème du mal, ou, selon quelques érudits, satire contre un maintien "puritain" de la religion.

Le sujet est la mise à l'épreuve de Job, les circonstances de celle-ci, sa nature, l'endurance de Job, et sa conclusion. Le Livre consiste en une introduction historique en prose (ch. 1,2), la controverse et sa solution, en vers (ch. 3-42:6). Les lamentations de Job (ch. 3) sont l'occasion d'une controverse qui se tient en trois parties, chacune formée d'un dialogue entre Job et ses trois amis. Le premier échange donne le début de la controverse (ch. 4-14); le second l'amplification de celle-ci (ch. 15-21); et le troisième son paroxysme (ch. 22-27). Lire l'article Autres articles sélectionnés au sein du portail Bible

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Le saviez-vous ? colonne Pompée.

Palais de David



La Grande structure en pierre est le nom donné aux restes d'un bâtiment de la Cité de David, au sud de vieille ville de Jérusalem. Ce nom fut donné par le découvreur Eilat Mazar à cause de sa proximité avec "la structure en pierre à degrés" que Yigal Shilo voyait comme un mur de soutènement du palais du roi David ou une partie de la citadelle jébuséenne qu'il avait conquise.

Megiddo



Megiddo est située à environ 90 km au nord de Jérusalem et à 31 km au sud-ouest de la ville actuelle de Haïfa. Ce lieu domine la Vallée de Jezreel au nord. C'est un important site archéologique. Le site fut habité de 7000 à 500 av. J.-C.

École théologique d'Alexandrie



L'École théologique d'Alexandrie, dite aussi le Didascalée, fut une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme. Sa méthode théologique était symbolico-allégorique. L'influence de Platon et du néoplatonisme y est manifeste. Elle eut des filiales en Palestine et en Pamphylie.

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Image sélectionnée

Bet shenesh aus nord.jpg Bet Shemesh, ville du district de Jérusalem en Israël, située à environ 30 kilomètres à l'ouest de Jérusalem. (obtenir en poster)

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Ancien Testament Le jardin d'Eden (par Thomas Cole)

Ancien Testament – Arche d'alliance – Arche de Noé – Archéologie de la période biblique – Tour de Babel – La Bible dévoilée – Buisson ardent (Bible) – Chute (Bible) – Décalogue – Dix plaies d'Égypte – Données archéologiques sur la conquête de Canaan – Déluge – Échelle de Jacob (Bible) – Exil à Babylone – Généalogie dans la Genèse – Histoire de la recherche sur l'Ancien Testament – Histoire de la recherche sur le Pentateuque – Histoire deutéronomiste – Hochen – Islam et Ancien Testament – Document jahviste – Joab – Langue adamique – Lettre d'Aristée – Livres deutérocanoniques – Moïse et Aaron – Psaume 51 – Re'em – Suzanne et les vieillards – Tabernacle (Bible) – Tables de la Loi.

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Personnages bibliques Abraham

Abel – Abraham – Adam – Amminadab – Ananias, Azarias et Misaël – Ange déchu – Archange – Azraël – Barachiel – Caïn – Chérubin – Dan (Bible) – David (Bible) – Élie – Esther (Bible) – Gabriel (archange) – Gadrel – Gamaliel l'Ancien – Goliath (Bible) – Haniel – Jéhudiel – Joab – Jophiel – Liste des personnages de la Bible – Liste des prénoms bibliques – Malédiction de Cham – Mical (Bible) – Michal – Michel (archange) – Mikhal – Perets – Pharaon de l'Exode – Raphaël (archange) – Rémiel – Salomé (fille d'Hérodiade) - Sem (Bible) – Séraphin (Bible) - Seth (Bible) – Sulamite – Togarma – Tsaphkiel – Uriel – Zacharie Ben Joïada – Zacharie fils de Barachie

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Lieux de la Bible Déportation des juifs

Ashterot – Aï (Bible) – Bashân – Beer-Sheva – Béthanie – Béthel – Bethléem – Bethsaïde – Beït-Horon – Pays de Canaan – Capharnaüm – Cédron (vallée) – Désert de Paran – Eben Ezer – Éden – Ein Kerem – Emmaüs (Bible) – Galaad (Jordanie) – Galilée (région) – Gath – Gethsémani – Gezer – Gibeon – Gihon - Gog et Magog – Golgotha (Calvaire) – Gomorrhe – Guilead – Havilah – Hébron – Mont Horeb – Jaffa – Jéricho (Bible) – Jérusalem – Keren-Hakarmel – Kidron – Kiryat Arba – Kiryat-Yéarim – Lac de Tibériade – Megiddo – Mont Hermon – Mont Nébo – Mont Sinaï – Mont Sion – Mont Séïr – Naïm – Nazareth – Ninive – Penouel – Rama (Ville) – Seba – Sinaï (Bible) – Sodome – Suse (Élam) – Tarsis – Temple de Jérusalem – Terre de Nod – Tophet (lieu) - Tsoar – Vallée du Jourdain – Villes lévitiques

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Nouveau Testament La maison d'Ananias

Nouveau Testament – Agapes – Antéchrist – Apôtre – Baptême du Christ – Bassin de Silwan – Codex Purpureus Beratinus – Comma Johanneum – Douze (Apôtres) – Épître – Épîtres aux Corinthiens – Épîtres pastorales – Évangiles – Fragment de Muratori – Golgotha (Calvaire) – Johannes Greber – INRI – Jésus-Christ – Marc (évangéliste) – Millenium (christianisme) – Miracles dans le Nouveau Testament – Prologue de l'évangile selon Jean – Prophétie de Siméon – Puits de Jacob – Sept paroles de Jésus en croix – Sept Églises d'Asie – Source Q – Thyateira – Tétramorphe – Variantes textuelles du Nouveau Testament – Épîtres catholiques - Eberhard Nestle

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Peuples de la Bible David et Goliath

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Versions ou traductions de la Bible Version de la Bible

Apocryphes bibliques – Bible Samaritaine – Bible d'Albe – Bible de Charles le Chauve – Bible de Kralice – Bible de Maciejowski – Bible de Lübeck – Bible de Mentelin – Bible de Schlachter – Bible de Souvigny – Bible du Rabbinat – Bible du Semeur – Canons de concordances – Codex Sinaiticus – Codex Vaticanus – Codex Alexandrinus – Codex Ephraemi Rescriptus – Codex Claromontanus – Codex Augiensis – Codex Amiatinus – Codex Argenteus – Codex d'Alep – Codex de Léningrad – Document de Damas – Bible de Genève – Hexaples – La Bible de Jérusalem – Livre d'évangiles – Manuscrits bibliques – Septante – S’Sint Evanjil s’lon Sin Matiu – Tafsir (Saadia) – Traduction du Monde Nouveau des Saintes Écritures – Traduction œcuménique de la Bible – Traductions de la Bible – Traductions de la Bible en français – Vetus Latina – Vulgate

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Tribus d'Israël

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r.wikipedia.org/wiki/Douze_tribus_d'Israël

  • Ruben

  • Siméon

  • Lévi

  • Juda

  • Dan

  • Nephthali

  • Gad

  • Aser

  • Issacar

  • Zabulon

  • joseph

  • Manassé

  • Éphraïm

  • Benjamin

Liste des tribus d'Israël



Tribu de Ruben fondée par Ruben



Tribu de Siméon fondée par Siméon



Tribu de Lévi fondée par Lévi



Tribu de Juda fondée par Juda (dont provient la dynastie du roi David)



Tribu d’Issacar fondée par Issachar



Tribu de Zabulon fondée par Zabulon



Tribu de Dan fondée par Dan



Tribu de Nephthali fondée par Nephthali



Tribu de Gad fondée par Gad



Tribu d'Asher fondée par Asher



Tribu de Joseph fondée par Joseph



Tribu de Manassé fondée par Joseph, père de Manassé



Tribu d'Éphraïm fondée par Joseph, père d’Éphraïm.



Tribu de Benjamin fondée par Benjamin

12 tribus de Israel fr.svg

Le décompte des douze tribus d’Israël correspond donc aux douze fils de Jacob, sauf Lévi, les Lévites n’ayant pas de territoire propre, et sauf Joseph qui est remplacé par ses deux fils Manassé et Éphraïm.

Parfois on compte une tribu pour Lévi et les tribus d’Ephraïm et de Manassé sont regroupées en une unique « tribu de Joseph ».

À noter que le livre de l’Apocalypse, attribué à l’apôtre Jean, cite les douze tribus d’Israël au chapitre 7, versets 4 et suivants, sans mentionner la tribu de Dan, mais en citant celle de Lévi et, comme tribus à part entière celles de Joseph et de Manassé1.

Destinée ultérieure

Faisant partie du royaume de Juda, la tribu de Juda survécut à la destruction d'Israël par les Assyriens, mais connut la Captivité de Babylone. Lorsque celle-ci prit fin, la distinction entre les tribus se perdit au profit d'une identité commune. Puisque, dans le Royaume de Juda, Siméon et Benjamin tenaient une place très subalterne, c'est Juda qui donna le nom identitaire - d'où est venu le mot « Juifs ». Selon la tradition, la plupart des Juifs actuels sont issus de la tribu de Juda.

Particularités

La tribu de Juda avait une place à part comme tribu principale du royaume de Juda, et c'est d'elle que venaient les souverains du Royaume (sauf les derniers rois de Judée, les Asmonéens, qui étaient des Lévites). Il semble que le statut royal de Juda soit prophétisé dans la Bénédiction de Jacob, qui annonce que le bâton ne doit pas s'écarter de Juda, ni le sceptre sortir d'entre ses pieds... même si certains érudits y voient un Vaticinium ex eventu, car ils datent le poème de quelques siècles après le Cantique de Déborah, à -800-700 environ. Avec la lignée de David parmi ses membres, la tribu compte aussi dans son sein David ainsi que ses ancêtres Booz, Obed, et Jessé. Selon les croyances juives, puisque la bénédiction semble promettre que Juda gouvernera toujours le royaume, le Messie (juif) devait être un membre de cette tribu.

De nombreux autres personnages importants appartenaient également à la tribu. Certains des plus importants prophètes qui ont laissé des écrits, notamment Isaïe, ainsi qu'Amos, Habacuc, Joël, Michée, Abdias, Zacharie, et Sophonie venaient de Juda. Par la suite, au cours de l'exil babylonien, les Exilarques (dirigeants communautaires officiellement reconnus) étaient originaires de cette tribu, et lorsque l'exil prit fin, on trouve dans la tribu Zorobabel (le chef des premiers Juifs à revenir dans ce qui était devenu la Judée), Shealtiel (un personnage quelque peu mystérieux), et Néhémie (un des premiers et plus importants gouverneurs de Judée nommés par les Achéménides). À l'époque romaine, tous les titulaires du poste de Nasi (prince) après Shemaiah se disaient de la tribu de Juda, car tous descendaient de Hillel, dont on disait que la mère était de lignée davidique (dans le judaïsme, c'est la lignée maternelle qui était la plus importante pour l'ethnicité).

Le lion est un symbole de la tribu de Juda (Apoc.5.5)

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____Conflit israélo-palestinien : un cycle électoral de la violence ?09/01/2009 ---- Barack Obama pourra-t-il négocier une paix en Terre Sainte ? 06/01/2009

Conflit israélo-palestinien : un cycle électoral de la violence ? 09/01/2009



Alors que la situation humanitaire dans la bande de Gaza est considérée comme alarmante, les efforts diplomatiques – notamment français – ne parviennent pas à stopper la guerre - tout juste un petit « corridor humanitaire » de trois heures par jour ». Il est possible de prendre du recul pour comprendre l’engrenage de cette violence. La science politique nous enseigne que les élections peuvent parfois déterminer le comportement des dirigeants politiques. Hicham El Moussaoui, Emmanuel Martin et Tom Palmer tentent de dérouler, avec précaution, cette hypothèse qui permettrait d’expliquer au moins en partie le conflit. Ils concluent sur l’importance de redonner la liberté économique à la Palestine, condition sine qua non pour y éradiquer la misère, terreau des idéologies extrêmes. Par H. El Moussaoui, E. Martin & T. Palmer

Le bombardement et les actions militaires sur la bande de Gaza par l’armée israélienne remettent sur la table la question : pourquoi palestiniens et israéliens n’arrivent pas à résoudre leur conflit ? Qui est fautif ? Est-ce uniquement le Hamas qui a refusé de renouveler son cessez-le-feu après six mois d’inactivité politique et militaire ? Est-ce Israël qui n’a pas engagé de démarches en faveur d’une négociation durant ces six mois ? Ou y a-t-il aussi des causes plus profondes ?

Le Hamas est sans nul doute responsable des tirs de roquettes. Mais le Hamas n’est pas la totalité de la population palestinienne qui, après trois générations, vit à Gaza, dans la misère. Celle-ci a été récemment accentuée par un blocus supplémentaire pour la punir d’avoir voté pour le Hamas par désespoir. Or, l’ironie comme le relevait Charles Enderlin (le Monde du 04.02.06), c’est qu’Israël a ouvert la boîte de Pandore en 1982, en donnant le feu vert - et, affirment certains, une contribution matérielle - à la naissance du Hamas en Palestine pour créer un contrepouvoir à l’OLP laïque.

Bien sûr il y a cette constante et terrible insécurité dans les villes du sud, que tout gouvernement se doit de juguler. La question est de savoir si la réaction contre le Hamas à Gaza apparemment "disproportionnée" est expliquée par des objectifs de sécurité ou par les élections à venir en Israël ? Après le revers de l’armée israélienne dans la guerre du Liban, en été 2006, Kadima, le parti du premier ministre Olmert et du ministre des affaires étrangères Livni, a été malmené par l’opposition, depuis. Il semble que les dirigeants de Kadima gardent un œil sur les élections, espérant que leurs actions sur Gaza effaceront les taches de la calamité de 2006.

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Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères d'Israël Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères d'Israël © timeinc.net

L’hypothèse d’un cycle électoral de la violence militaire peut aider à comprendre les échecs des initiatives de paix passées. Dans le système parlementaire israélien, fondé sur la représentation proportionnelle, les petits partis radicaux peuvent décider de qui gouverne, fournissant les votes nécessaires pour obtenir une majorité.

Ainsi, depuis les années 1970, les deux plus grands partis, le Likoud et le Parti travailliste, ont dû compter sur les petits partis radicaux (Shass, le Mafdal, Israel Beytenou, etc.) afin de composer des coalitions majoritaires, et ont dû s’assurer de leur soutien au détriment du processus de paix. Des provocations peuvent aussi orienter le processus politique, comme lorsqu’Ariel Sharon s’est servi de son tour armé de l’Esplanade des Mosquées pour déclencher la seconde Intifada, qui a son tour a mené à une radicalisation des positions et a garanti son élection en février 2001.

De même, la politique unilatérale de paix initiée par le même Sharon en 2005 qui a mené au retrait des forces israéliennes de Gaza en 2005 est cohérente avec la thèse selon laquelle les cartes sont entre les mains des politiciens en Israël et que ce sont les enjeux politiques, plutôt que la sécurité, qui orientent la plupart des stratégies dans la région. Ce ne serait pas la première fois ni le premier pays dans lequel la violence militaire est utilisée comme un signe de force pour l’électorat (on pense à la Russie à l’égard de la Tchétchénie ou de la Géorgie). Le problème de la paix avec les Palestiniens semble ainsi être devenu un point de négociation principalement dans l’arène politique israélienne, où les partis et les politiciens ont des intérêts électoraux et professionnels.

Explosions dans la bande durant une offensive israélienne le 9 janvier Explosions dans la bande durant une offensive israélienne le 9 janvier © daylife

Directement ou indirectement, le Hamas a participé à ce jeu de politique interne à Israël. Les extrémistes partagent implicitement les mêmes buts, même si cela est pour différentes raisons : saboter le processus "paix contre terre". Ainsi, au moment où les négociations entre Israël et l’autorité palestinienne de Yasser Arafat ont repris en 1992, le Hamas a initié des actions violentes, d’abord contre des soldats israéliens. Mais après l’assassinat de 29 musulmans en prière par Baruch Goldstein, membre du groupe extrémiste Kach et opposé au processus d’Oslo, en 1994, le Hamas a commencé à attaquer des civils, et en 1995 initia l’horreur des attentats-suicides. Les attentats de Hamas ont sapé l’autorité du Premier ministre travailliste intérimaire, Shimon Peres, qui a alors perdu les élections de 1996 face à Benyamin Netanyahu. Celui-ci va en profiter pour obtenir le soutien de son opinion publique et suspendre ainsi le processus de paix en revenant sur les accords signés par Yitzakh Rabin. Comment alors sortir d’un tel engrenage de la violence politique ?

Les israéliens devraient arrêter l’embargo commercial sur Gaza. Le protectionnisme est une recette pour la pauvreté, qu’il vienne de l’intérieur ou de l’extérieur. Un embargo impose à une population extérieure ce que les protectionnistes veulent lui imposer de l’intérieur. A cet égard, la politique d’Israël envers Gaza – restrictions économiques et checkpoints – étouffe l’activité économique. Lorsque les populations ne s’affairent pas à produire, elles commencent à penser à détruire.

A Dubai, un enfant proteste contre l'offensive à Gaza le 9 janvier A Dubai, un enfant proteste contre l'offensive à Gaza le 9 janvier © daylife

L’idéologie est l’ingrédient le plus important de l’extrémisme violent, mais la misère économique, le chômage et le désespoir sont des éléments aussi importants. Le FMI a récemment rappelé qu’au moins 79% des ménages à Gaza vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Celle-ci vient de l’absence de liberté économique dans les territoires palestiniens, et particulièrement Gaza. La Banque Mondiale observe qu’Israël, en limitant la liberté de circulation des personnes et des biens, compromet toute chance de sortie de crise pour l’économie palestinienne. Israël et la Palestine ont le pouvoir de stopper ce cercle vicieux, en reconnaissant le droit à l’existence de l’autre.

Le peuple d’Israël et le peuple de Palestine doivent comprendre que le cycle de représailles lancé par les extrémistes et les politiciens est contreproductif et que le seul chemin vers la paix est la négociation. Ce cycle électoral suggère cependant que si la solution politique est indispensable, elle est insuffisante. La paix requiert aussi une composante économique. La levée des obstacles à la libre circulation des biens et des personnes facilitera les négociations de paix car en échangeant des biens plutôt que des roquettes, les ennemis d’aujourd’hui deviendront demain les partenaires de paix. Comme l’écrivait Montesquieu "la paix est un effet naturel du commerce".

Hicham El Moussaoui et Emmanuel Martin sont chroniqueurs sur www.unmondelibre.org, Tom Palmer est analyste politique à Washington DC.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org

Barack Obama pourra-t-il négocier une paix en Terre Sainte ? 06/01/2009

ISRAEL and occupied territory since june 10, 1967



Après le 11 septembre l'administration américaine et ses partisans ont adopté une position très optimiste en croyant pouvoir imposer la démocratie et "l'agenda de la liberté" au Moyen-Orient en commençant par l'Irak. Beaucoup de critiques de cette stratégie sont désormais eux aussi très optimistes depuis que Barack Obama a été élu président. Ils pensent que le nouveau président pourra changer la donne au Moyen-Orient. Mais les choses sont-elles aussi simple ? Par Leon Hadar Publicité



© getty

En Israël et en Palestine (comme au Cachemire, au Sri Lanka, au Darfour etc.) la paix génèrerait des avantages considérables et la guerre induit des coûts humains et financiers faramineux. Pourtant aucune solution n’a émergé et la situation est restée "gelée" pendant longtemps. La raison tient au fait que pour la plupart des parties prenantes à ce type de conflit, les coûts à relever le défi du statu quo dépassent les bénéfices à agir pour mettre un terme à la dispute (soit par une victoire militaire, soit par une négociation de paix). Ce type d’analyse coût-bénéfice explique pourquoi le Président George W. Bush et son entourage ont décidé après le 11 septembre de ne pas investir du temps et des ressources à résoudre le conflit israélo-palestinien. Ils s’étaient persuadés de l’hypothèse (ou de l’illusion) que la promotion de "l’agenda de la liberté" au Moyen Orient créerait les conditions pour une résolution du conflit entre Israéliens et Palestiniens : il se disait que "la route de Jérusalem passe par Bagdad".

Les conseillers de Bush pensaient que ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour Israël (et vice versa). Pour eux, une Pax Americana dans la région ferait pencher la balance des pouvoirs en faveur de Tel Aviv, forçant les Palestiniens à accepter un arrangement qui aurait favorisé les intérêts israéliens. A partir de là, cela n’avait pas de sens de dépenser le capital diplomatique de Washington en faisant d’un côté pression sur Israël, un "allié stratégique dans la guerre contre la terreur", et d’un autre côté en relâchant la pression sur les dirigeants palestiniens et accepter des concessions. Washington a donc préféré à la place "ranger" le problème palestinien tout en essayant de remodeler le Moyen Orient par la force.

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Barack Obama lors de son séjour en Israël pendant la campagne présidentielle américaine Barack Obama lors de son séjour en Israël pendant la campagne présidentielle américaine © afp/getty

Cependant, en enjambant le problème israélo-palestinien pour s’attaquer à la menace de « l’islamo-fascisme », l’administration Bush a poursuivi des politiques qui ont essentiellement exacerbé les tensions entre Israël et les pays arabes. Elle a tenté de dissuader Israël de poursuivre des négociations avec la Syrie (un membre de "l’axe du mal") par le biais de la Turquie. Elle a donné le feu vert à Israël pour attaquer le Hezbollah au Liban, ce qui a débouché sur une impasse stratégique et a sans doute fait alors penché la balance des pouvoirs en défaveur de l’alliance américano-israélienne.

En tous les cas, "l’agenda de la liberté" de Bush s’est heurté à la dure réalité de la victoire du Hamas en Palestine et du renforcement de l’Iran et de ses alliés dans la région. L’administration américaine s’est alors enfin décidée à calmer les membres de la coalition arabo-sunnite en engageant les propositions d’un grand processus de paix à Annapolis l’année dernière. Cette même coalition saoudienne, fondée sur les espoirs très optimistes des néoconservateurs, était supposée former un "consensus stratégique" avec Israël pour contenir l’Iran.

Mais même une administration américaine décidée à résoudre le conflit aurait trouvé presqu’impossible tout mouvement vers un accord à un moment où le leadership politique était faible des deux côtés. Bien qu’il y ait eu des indications selon lesquelles les deux parties auraient pu probablement s’accorder sur les colonies juives en Cisjordanie et sur le problème de la frontière israélo-palestinienne, il n’y avait pas de signe de rapprochement entre les deux communautés sur le cœur des problèmes existentiels qui les ont séparées, tels que le sort de Jérusalem ou le "droit au retour" des réfugiés de 1947.

En même temps, il semble que de nombreux observateurs conscients des réalités du terrain et qui se moquaient des grands desseins de Bush et des néoconservateurs pour transformer l’Irak et remodeler le Moyen Orient, ont désormais rejoint les rangs des optimistes qui mettent leurs espoirs en Barack Obama pour amener la paix en Terre Sainte. Selon eux, le Président Obama fera les démarches nécessaires pour réparer les liens avec le Moyen Orient en retirant les troupes américaines d’Irak et en ouvrant un dialogue diplomatique avec l’Iran. Ayant ainsi renforcé le statut des Etats-Unis au Moyen Orient, Obama pourrait être en position d’embrasser une stratégie bien plus volontariste dirigée vers la réconciliation entre israéliens et palestiniens.

Bien sûr, ce que le président sera capable d’accomplir en matière de politique extérieure dépendra très largement de la capacité de l’administration à contenir la récession américaine et mondiale. Le retour d’Une Grande Dépression rendrait moins probable un geste diplomatique ou militaire américain. Mais si la récession s’avère plus gérable que prévu, l’administration Obama pourrait s’engager sur un agenda plus ambitieux au Moyen Orient – accélérant le retrait d’Irak dans un cadre régional qui pourrait inclure l’Iran.

Ce genre d’élan diplomatique dans un environnement régional stable amènerait à une reprise des négociations israélo-palestiniennes. Mais Obama et ses conseillers auraient toujours à se démener pour tenter un accord qui requiert des concessions que ni les dirigeants israéliens ni les dirigeants palestiniens ne veulent passer de si tôt. Résoudre ces problèmes existentiels divergents serait bien sûr encore plus difficile aujourd’hui qu’en 2000 (lorsque Camp David II a échoué).

En tous les cas, l’administration Obama devrait reconnaître que, même avec le meilleur des scénarios, il y a des limites à sa capacité à ramener la paix au Moyen Orient. En créant l’impression que les Etats-Unis disposent de l’autorité morale et du pouvoir d’imposer la paix dans la région, Washington a produit des attentes irréalistes qui ne pourront être réalisées. Pire, les échecs répétés finissent par attiser des réactions violentes anti-américaines, mettant d’autant plus la pression sur Washington.

Les Etats-Unis devraient être prêts à travailler avec d’autres acteurs internationaux vers une solution, mais seulement si et quand Israël et la Palestine seront prêts à faire la paix. Si les deux parties voulaient réellement une paix, même fragile, elles feraient marcher ce processus – avec ou sans l’implication américaine. Elles seules sont responsables de l’échec.

Leon Hadar est spécialiste de relations internationales au Cato Institute à Washington DC.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org.

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_____L'Islam et l'Occident : le mythe du "péril vert" 07/01/2009 ---- L’islam radical a servi d’alibi à l’interventionnisme américain pour une soi-disant modernisation du Grand Moyen-Orient. A l’heure des bilans, force est de constater l’échec

L’islam radical a servi d’alibi à l’interventionnisme américain pour une soi-disant modernisation du Grand Moyen-Orient. A l’heure des bilans, force est de constater l’échec de l’administration Bush à accomplir cette mission. Comment l’expliquer?

L'Islam et l'Occident : le mythe du "péril vert" 07/01/2009



L’islam radical a servi d’alibi à l’interventionnisme américain pour une soi-disant modernisation du Grand Moyen-Orient. A l’heure des bilans, force est de constater l’échec de l’administration Bush à accomplir cette mission. Comment l’expliquer? Par Leon Hadar Publicité



George Bush George Bush © getty

Les attaques du 11 septembre 2001 et la « guerre contre la terreur » qui a suivi ont fourni une opportunité à l’establishment américain de la politique extérieure, qui souffrait du Syndrome de l’Absence d’Ennemi depuis la fin de la guerre froide, de se trouver un nouvel ogre : l’Islam radical, ou le « Péril Vert ». Les idéologues néoconservateurs qui ont pris d’assaut l’appareil de la politique extérieure de George W. Bush ont embrassé l’idée de Huntington d’une confrontation entre l’Islam et l’Occident. Ils la voient comme une façon de justifier la puissance militaire américaine pour établir une hégémonie américaine au Moyen-Orient tout en imposant les valeurs américaines. Et ce pour régler le problème de la montée de «l’Islamofascisme».

Le temps est venu de remettre en question la grande idée selon laquelle le Monde Musulman, ou le Moyen-Orient, ou encore le Monde Arabe possède une culture économique et politique monolithique et unique qui le rend résistant aux effets de modernisation de l’Occident. Leon Hadar

Selon ce dogme néoconservateur, que Bush a tenté d’appliquer en Mésopotamie, un Irak libre et démocratique deviendrait le modèle de réforme économique et politique dans le monde arabe et dans le Moyen-Orient plus large, et une série de révolutions presque pacifiques serait engagées des frontières islamiques de la Chine, à l’Iran, à la Syrie, au Liban, à la Palestine, jusqu’aux frontières des Balkans. Les nouveaux paradigmes de politique étrangère, comme les nouvelles religions ou les nouvelles idéologies politiques, sont produits par des entrepreneurs intellectuels qui espèrent gagner un statut auprès de ceux qui cherchent le pouvoir, et ainsi exercer une influence sur eux.

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Deux néo conservateurs de l'administration Bush : Paul Wolfowitz et Dick Cheney Deux néo conservateurs de l'administration Bush : Paul Wolfowitz et Dick Cheney

En même temps, les politiciens font usage de ces visions du monde pour mobiliser la nation, le peuple, ou une classe contre une menace extérieure qui met en jeu prétendument « nos » intérêts et valeurs. Dans cette perspective, le nouveau « monstre islamique » des néoconservateurs a très clairement servi les intérêts du Triangle de fer de Washington : les bureaucrates, les législateurs et les groupes d’intérêt. Pour ce Triangle de Fer, la menace islamique – un peu à l’image du communisme pendant la guerre froide – permet d’exercer une pression en faveur d’une expansion des budgets vers la défense, les opérations secrètes, et les groupes d’intérêt favoris du moment.

Le problème est que les paradigmes de politique extérieure sont des constructions intellectuelles qui reflètent l’imagination de leurs producteurs et les intérêts de leurs promoteurs. Le résultat est que la réalité a tendance à nous rappeler à son bon souvenir. Ainsi durant la guerre froide l’idée d’un bloc communiste monolithique mené par l’URSS a rendu inévitable le fait que les USA confondent les intérêts nationaux qui conduisaient les politiques du Viet Nam, de la Chine et de Cuba avec les intérêts globaux de l’URSS : les résultats en termes de politique américaine furent désastreux. De même, après que l’URSS a disparu, les américains se sont rendu compte que l’effondrement du communisme n’avait pas déclenché une vague de liberté politique et économique dans l’ancien empire soviétique.

© http://www.memo.fr

Le temps est venu de remettre en question la grande idée selon laquelle le Monde Musulman, ou le Moyen-Orient, ou encore le Monde Arabe possède une culture économique et politique monolithique et unique qui le rend résistant aux effets de modernisation de l’Occident. Quelle que soit la propagande de Washington à l’égard de la menace globale de « l’islamofascisme », il n’y a pas de fondations idéologiques communes qui unissent les divers courants des groupes influencés par l’Islam (les mouvements nationalistes arabes Baathiste et Nassériste, la doctrine stricte du Wahhabisme de l’Arabie Saoudite, le dogme révolutionnaire et millénariste qui guide les dirigeants chiites en Iran, la tradition laïque, républicaine et étatiste de la Turquie kémaliste, etc.).

De ce point de vue, le monde arabe ou le Moyen-Orient ou encore le Moyen-Orient Arabe est une mosaïque d’Etats-nations, de groupes ethniques, de sectes religieuses, de groupes tribaux, un méli-mélo d’idéologies politiques, de systèmes économiques et de cultures. Quelques uns de ces acteurs ont rejoint « l’âge moderne » (Malaisie, Indonésie, Turquie et Emirats Arabes Unis) ; la plupart des autres sont clairement restés en marge des révolutions économiques et technologique.

D’une certaine manière, les puissances occidentales ont été responsables du fait que des dictatures militaires retardant les réformes économiques ont contrôlé les Etats-Nations du Moyen-Orient depuis si longtemps. La concurrence géostratégique entre puissances extérieures, particulièrement durant la guerre froide, a encouragé les USA et leurs alliés à exploiter des conflits régionaux comme le conflit arabo-israélien, et à fournir un soutien militaire et économique aux hommes forts locaux qui étaient censés servir les intérêts des extérieurs. Mais le temps est venu pour les puissances occidentales de concentrer leurs efforts à mettre un terme au conflit israélo-arabe, et de créer des incitations pour la région de manière à ce qu’elle s’ouvre à l’économie mondiale. Cela comprend libéraliser leurs économies, réduire les barrières tarifaires et encourager l’investissement étranger direct.

Si le libre échange n’est pas une panacée, il pourrait être une pierre d’angle pour un Moyen-Orient plus pacifique et prospère. Il pourrait encourager la montée d’une classe moyenne de professionnels ayant des valeurs plus en accord avec les idées et technologies modernes. Cet effort pourrait aussi aider à réduire la pauvreté et les inégalités économiques, et consolider la paix.

Leon Hadar est spécialiste de relations internationales au Cato Institute à Washington DC. Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org

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____Droits Civiques IIème partie : "Notre jeunesse avait besoin de voir un homme noir surmonter les obstacles dans une arène intellectuelle" 06/01/2009 Malik Zulu Shabazz, président du New Black Panther Party s'exprimait au sujet de Barack Ob

Diplômé de la faculté de droit de l’université de Howard, activiste, avocat, militant et président depuis 2001 du "New Black Panther Party", Malik Zulu Shabazz a donné sa perception de Barack Obama dans une interview au site eurweb.com. A une question au sujet de ses sensations depuis la victoire de Barack Obama, Malik Zulu Shabbazz a répondu qu’il se "sentait bien" et qu’il irait à Washington à l’occasion de l’investiture de Barack Obama pour "organiser, recruter, faire du networking".

Evoquant l’autobiographie d’Obama "les rêves de mon père NDLR", il a déclaré : "J’ai aimé ce livre. Ce n’était pas vraiment mon type d’idéologie(...) mais ça m’a permis de découvrir le background de Barack et sa façon de penser. J’ai ressenti une expérience partagée avec lui en tant qu’animateur social, particulièrement en ce qui concerne les voyages et les moments où le combat est tellement difficile que les gens que vous aimez vous disent d’abandonner et de poursuivre des buts uniquement financiers. J’ai aimé le fait qu’il se soit intéressé à Huey Newton et au mouvement du black Power. J’ai aimé le fait qu’il choisisse Jeremiah Wright comme pasteur. C’était un bon livre. Barack est une source d’inspiration pour moi et je vois des points communs entre son 'voyage' et le mien."

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Malik Zulu Shabazz Malik Zulu Shabazz

Pour Malik Zulu Shabazz, l’Amérique n’est en rien une société post raciale : "la race est toujours un facteur pris en compte aux Etats-Unis. Mais l’élection d’Obama signifie que les Noirs peuvent faire ce qu’ils ont envie de faire, en dépit du racisme systémique. Notre jeunesse, qui a essentiellement pour modèles des sportifs et des artistes, avait besoin de voir un homme noir surmonter tous les obstacles dans une arène intellectuelle pour comprendre que nous pouvons en tant que peuple tout accomplir dans notre évolution dans ce monde."

A la question de savoir s’il était correct de critiquer Obama au sujet du conflit actuel dans la bande de Gaza alors qu’il n’avait pas encore pris ses fonctions, Malik Zulu Shabazz a déclaré :

© getty

"Obama n’a pas été silencieux au sujet de l’économie, ni des attaques à Mumbai, ou au sujet d’autres problèmes. Si Bush est un canard boîteux, alors Obama doit s’exprimer sur des sujets critiques qui seront sur son bureau le 21 janvier. Actuellement, Obama est pris entre deux feux. Il a déclaré son soutien à Israël pendant la campagne électorale, et maintenant se trouve dans une position où il risque d’être politiquement brûlé par ce soutien parcequ’Israël ne partage pas sa vision de réconciliation et de justice.

Ehud Barak, le ministre de la défense d’Israël et candidat aux élections présidentielles utilisent des déclarations précédentes d’Obama comme justifications partielles de ses attaques vicieuses et de ses actions désordonnées. Donc alors qu’Israël continue de bombarder et d’envahir illégalement Gaza, il n’est pas prématuré de notre part d’appeler Obama à prendre la position juste (...) Si Obama tient sa promesse de soutenir inconditionnellement Israël, ce que nous ne lui conseillons pas, il commencera à perdre la bonne volonté présente dans le monde entier et qui a rendue sa présidence si attractive pour les peuples les plus sombres et les plus opprimés de la planète. "

Bobby Seale, co-fondateur du mouvement des Black Panthers dans les années 60 Bobby Seale, co-fondateur du mouvement des Black Panthers dans les années 60 © getty

Evoquant le conflit entre le New Black Panthers Party et Bobby Seale (un des fondateurs des Black Panthers dans les années 60 NDLR), Malik Zulu Shabbaz a répondu aux critiques de ce dernier qui affirmait que la direction des New Black Panther n'était qu'une bande de "serviteurs du gouvernement", était raciste et soutenait Al Quaeda :

"Est ce que j'ai l'air de quelqu'un qui n'a pas étudié ? Est ce que j'ai l'air d'un raciste ? Dites moi quand j'ai supporté Al Quaeda un jour. Le problème de Bobby Seale c'est qu'il ne sait rien de moi et du nouveau parti des black panthers. Il veut tellement discréditer une nouvelle génération qu'il refuse tout dialogue et est donc très ignorant et se laisse déborder par l'émotion quand il discute à notre sujet. Bobby Seale sait également, à partir de son expérience personnelle, que qualifier quelqu'un de "serviteur du gouvernement" sans aucune preuve est une façon de faire qui relève du Cointelpro Conter Intelligence Program, un programme conçu pour discréditer et éliminer les Black Panthers dans les années 70 NDLR.

Bien qu'il persiste à diffamer le nouveau parti des Black Panthers, nous l'ignorerons parceque notre parti grandit tous les jours, et s'il ne comprend pas aujourd'hui, il comprendra peut-être demain. (...) Nous avons de bonnes relations avec les anciens Black Panthers partout aux Etats-Unis. Notre mouvement du black power changera la nature de la lutte aux Etats-Unis".

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_____DROITS CIVIQUES "I have a dream", le discours complet de Martin Luther King 23/08/2003 ---- Stokely Carmichael (1941-1998), un leader du Black Power 13/07/2010 Militant convaincu de la cause afro-américaine et défenseur des intérêts africa

  • Discours prononcé par Martin Luther King le 28 Août 1963 lors de la marche de Washington

Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation.

Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Emancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité.

Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propre pays.

C’est pourquoi nous sommes venus ici aujourd’hui dénoncer une condition humaine honteuse. En un certain sens, nous sommes venus dans notre capitale nationale pour encaisser un chèque. Quand les architectes de notre République ont magnifiquement rédigé notre Constitution de la Déclaration d’Indépendance, ils signaient un chèque dont tout Américain devait hériter. Ce chèque était une promesse qu’à tous les hommes, oui, aux Noirs comme aux Blancs, seraient garantis les droits inaliénables de la vie, de la liberté et de la quête du bonheur.

Il est évident aujourd’hui que l’Amérique a manqué à ses promesses à l’égard de ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple Noir un chèque en bois, qui est revenu avec l’inscription “ provisions insuffisantes ”. Mais nous refusons de croire qu’il n’y a pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance, en notre pays. Aussi, sommes-nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous donnera sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.

Nous sommes également venus en ce lieu sacrifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants des demi-mesures. C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie. C’est l’heure d’émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale. C’est l’heure d’arracher notre nation des sables mouvant de l’injustice raciale et de l’établir sur le roc de la fraternité. C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. Il serait fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence du moment. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité.

1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel.

Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse.

Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui donne accès au palais de la justice : en procédant à la conquête de notre place légitime, nous ne devons pas nous rendre coupables d’agissements répréhensibles.

Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique.

Le merveilleux esprit militant qui a saisi la communauté noire ne doit pas nous entraîner vers la méfiance de tous les Blancs, car beaucoup de nos frères blancs, leur présence ici aujourd’hui en est la preuve, ont compris que leur destinée est liée à la nôtre. L’assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l’injustice doit être mené par une armée bi-raciale. Nous ne pouvons marcher tout seul au combat. Et au cours de notre progression il faut nous engager à continuer d’aller de l’avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière.

Il y a des gens qui demandent aux militants des Droits Civiques : “ Quand serez-vous enfin satisfaits ? ” Nous ne serons jamais satisfaits aussi longtemps que le Noir sera la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos corps, lourds de la fatigue des voyages, ne trouveront pas un abri dans les motels des grandes routes ou les hôtels des villes.

Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos enfants, même devenus grands, ne seront pas traités en adultes et verront leur dignité bafouée par les panneaux “ Réservé aux Blancs ”. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps qu’un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu’un Noir de New-York croira qu’il n’a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits et ne le serons jamais, tant que le droit ne jaillira pas comme l’eau, et la justice comme un torrent intarissable.

Je n’ignore pas que certains d’entre vous ont été conduis ici par un excès d’épreuves et de tribulations. D’aucuns sortent à peine d’étroites cellules de prison. D’autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d’être battus par les orages de la persécution et secoués par les bourrasques de la brutalité policière. Vous avez été les héros de la souffrance créatrice. Continuez à travailler avec la certitude que la souffrance imméritée vous sera rédemptrice.

Retournez dans le Mississippi, retournez en Alabama, retournez en Caroline du Sud, retournez en Georgie, retournez en Louisiane, retournez dans les taudis et les ghettos des villes du Nord, sachant que de quelque manière que ce soit cette situation peut et va changer. Ne croupissons pas dans la vallée du désespoir.

Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.

Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.

Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.

Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.

Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.

Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado ! Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !

Mais cela ne suffit pas.

Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie ! Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee ! Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne le cloche de la liberté !

Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”.



Stokely Carmichael

Stokely Carmichael est né le 29 juin 1941 à Port-of-Spain, dans la petite île caribéenne de Trinidad-et-Tobago. Son père Adolphus, charpentier, et sa mère Mabel, hôtesse de l’air, quittent le pays, laissent leur enfant avec sa grand-mère et tentent d’améliorer leur situation économique aux États-Unis.

En 1952, alors âgé de onze ans, il part avec ses trois sœurs et rejoint ses parents à New York, dans le quartier de Harlem. Il devient le seul noir de la bande d’enfants de sa rue. Plus tard il dira qu’il était « le bon petit nègre avec qui tout le monde était gentil ». Malgré le manque de ressources de ses parents, il parvient à intégrer certaines bonnes écoles du Bronx, où la famille s’est installée rapidement, comme la Bronx High School of Science. Son père meurt peu après son arrivée aux États-Unis. Plus tard, Carmichael dira de son père devenu chauffeur de taxi qu’il a payé un grand prix pour son émigration, et tout cela pour travailler pour sa mort et finir comme il avait commencé, « pauvre et noir ».

Après avoir refusé des bourses pour entrer dans des écoles blanches réputées, il part étudier la philosophie et la science politique à l’Université. Il découvre notamment les travaux du socialiste afro-américain Bayard Rustin. Et c’est lors de son entrée à l’Université de Howard à Washington que Stokely Carmichael a commencé à s’engager, rejoignant ainsi les actions d’étudiants qu’il avait admiré durant les années précédentes. Il a d’abord rejoint la branche locale du Comité de coordination des étudiants non-violents (Student Nonvsiolent Coordinating Committee, SNCC).

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Donnant un cours sur le panafricanisme Donnant un cours sur le panafricanisme

Lors de sa première année, il participe également à des « Freedom Rides » organisées par le CORE (Congress of Racial Equality) pour lutter contre la ségrégation dans les bus ou à des sits-in en Virginie ou en Caroline du Sud, ce qui lui vaut plusieurs arrestations et peines d’emprisonnement. Il a par exemple passé 49 jours dans la prison de Jackson, dans le Mississipi. Il avoue même avoir stoppé le décompte de ses arrestations au bout de la 32ème. Il a poursuivi son action dans le Sud du pays, et notamment en Alabama, où il a participé à la fondation du « Lowndes County Freedom Party ».

Contrairement aux militants noirs modérés, soutenant Martin Luther King, qui prônaient la non-violence comme un principe, Carmichael l’envisage plutôt comme une tactique. Lui ne revendiquait pas une simple intégration des Noirs-Américains dans un monde blanc mais plutôt une reconnaissance de la culture afro-américaine. Ceci ne l’a toutefois pas empêché de participer à la célèbre « Freedom March » organisée par Martin Luther King.

Il critique notamment ce qu’il appelle le « racisme institutionnel » qui sévit aux États-Unis dans les années 1960 à la fois dans les institutions publiques, les entreprises et les universités. D’après lui, il existe dans le pays « une incapacité collective d’une organisation à procurer un service approprié et professionnel à des individus en raison de leur couleur de peau, de leur culture ou de leur origine ethnique ».

Stokely Carmichael Stokely Carmichael

En 1967, il renonce à la direction du SNCC, qu’il occupait depuis 1965 à la suite du modéré John Lewis, et écrit, avec Charles Hamilton, un livre intitulé Black Power. Il rejoint alors le Black Panthers Party fondé en 1966 par Huey Newton et Bobby Seale. Ce parti, inspiré par l’action de Malcom X se rapproche très rapidement des idéologies marxiste et maoïste. Il critique à plusieurs reprises la guerre du Vietnam. Le magazine Time raconte notamment que lors d’un séjour à Cuba, il déclarait : « Nous ne voulons pas la paix au Vietnam, nous voulons que les Vietnamiens battent les États-Unis ».

En 1968, il devient maréchal puis Premier ministre honoraire des Black Panthers et voyage au Vietnam du Nord, en Chine, à Alger, Prague ou Paris. Il a notamment participé au Congrès « Dialectics of Liberation » à Londres et à la Conférence de la OLAS (Organizacion Latinoamericana de Solidaridad) à Cuba. Alors qu’il est accueilli à la Havane par Fidel Castro comme un héros révolutionnaire à qui le pays offre même l’asile, il annonce clairement ses intentions : « Nous sommes en train de préparer des groupes de guérilla urbaine pour la défense de nos villes. Il s’agira bientôt d’un combat à mort ». À son retour aux États-Unis, les autorités saisissent son passeport.

Son arrivée au sein des Blacks Panthers coïncide avec les problèmes de Huey Newton, emprisonné en octobre 1967 après avoir été accusé d’avoir tué un policier à Oakland. Sa présence crée très rapidement des dissensions au sein du mouvement. Notamment autour de la question de la possible présence de Blancs dans les manifestations des Blacks Panthers. Carmichael y est lui totalement hostile. Il critique ainsi l’alliance du Black Panthers Party avec le groupe à majorité blanche Peace and Freedom. Il préfère mettre en place un Black United Front censé unir tous les Noirs, de gauche comme de droite.

Miriam Makeba et Stokely Carmichael (à droite) en septembre 1968 Miriam Makeba et Stokely Carmichael (à droite) en septembre 1968 © afp/getty

Alors que la répression contre les Black Panthers s’étend, le parti fusionne avec le SNCC. L’orientation que prend le parti est de plus en plus radicale. Les arrestations de membres se multiplient et Newton demande à tous de défendre leur logement, par la violence s’il le faut. C’est également le concept de « black power » qui fait l’objet de nombreuses critiques. Certains y voyant l’annonce d’une guerre raciale anti-blanche très destructrice. Le magazine Time le décrivait ainsi comme un raciste à l’envers et « un pourvoyeur de négritude et de nihilisme ».

Marié à la chanteuse sud-africaine et militante anti-apartheid, Miriam Makeba, il déménage en 1969 en Guinée, donne quelques cours à l’Université de Conakry et devient conseiller du président Ahmed Sekou Touré. Quant à Makeba, elle devient représentante de la Guinée auprès de l’Organisation des Nations-Unies. Ce mariage a d’ailleurs scellé la rupture entre la chanteuse et les États-Unis puisque dès l’annonce de son union avec le leader du mouvement noir, plusieurs contrats et concerts ont été annulés. D’après Carmichael, le FBI suivait régulièrement le couple dans ses moindres déplacements. Carmichael et Makeba se séparent dès 1973.

Avant de partir en Guinée, il fonde une antenne américaine au « All-African People’s Revolutionary Party », un groupe panafricain établi un an plus tôt en Guinée. Convaincu par les idéaux socialistes et panafricanistes, Stokely Carmichael fait publier en 1971 un livre intitulé Stokely Speaks : Black Power Back to Panafricanism. Cet ouvrage marque l’apogée de sa vision internationaliste. D’après lui, la fin du racisme aux États-Unis devait aussi passer par la fin de l’impérialisme des grandes puissances internationales contre les pays du Sud, et plus particulièrement africains.

Lorsqu’il définit le « black power », Carmichael explique : « nous voulons le contrôle des institutions des communautés où nous vivons, et nous voulons contrôler la terre, et nous voulons arrêter l’exploitation des populations non-blanches à travers le monde ».

Il se marie avec Marlyatou Barry, une médecin guinéenne avec qui il finit par divorcer. En 1978, il change de nom et se fait appeler Kwame Ture, en hommage à deux figures de l’indépendance africaine, Kwame Nkrumah et Sekou Touré. À la mort de Sekou Touré, il est emprisonné à plusieurs reprises, et sans raison, par le régime militaire montant en Guinée.

Même si l’état de Trinidad-et-Tobago et le leader musulman Louis Farrakhan ont participé au financement de ses soins à Cuba, il meurt à l’âge de 57 ans d’un cancer de la prostate, à Conakry, le 15 novembre 1998. D’après lui, ce cancer aurait été introduit dans son corps par les « impérialistes américains » du FBI.

Son ami de longue date, Bob Brown dit de lui qu’il était un battant qui « a lutté toute sa vie. Il a lutté jusqu’à la dernière seconde de la dernière minute de la dernière heure de son dernier jour ». Son fils Bokabiro avouait lors de ses funérailles que son père aurait été très content de rester en Guinée. Stokely Carmichael repose donc aujourd’hui dans un cimetière de Conakry. En 2003, ses mémoires ont été publiées à titre posthume sous le titre « Ready for Revolution ».

Les fichiers du FBI concernant Stokely Carmichaël

http://foia.fbi.gov/foiaindex/carmichael_stokely.htm

Stokely Carmichael, alias Kwame Ture, vu ici le 23 janvier 1969, était l'ex Black Panther qui a inventé l'expression Black Power (photo AP)

Stokely Carmichael évoque le black power et la guerre du Vietnam sur le campus de la Florida A&M university le 16 avril 1967 (AP Photo/stf)

Stokely Carmichael aux côtés de Martin Luther King en juin 1966 lors de la marche contre la peur dans le Mississippi (Photo Flip Schulke/Corbis)

Quelques livres de Stokely Carmichael :

1967 : Black Power : The Politics of Liberation (Le Black Power : pour une politique de libération aux Etats-Unis)

1967 : Black Power and the third world

1971 : Stokely Speaks: From Black Power to Pan-Africanism

2003 (à titre posthume) : Ready For Revolution: The Life And Struggles Of Stokely Carmichael (kwame Ture)

23/03/2003



Le Black Panther Party fut crée par Huey P Newton et Bobby Seale en 1966 Par Paul Yange

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Les Black Panthers originaux (novembre 1966) : debout de gauche à droite : Elbert Howard, Huey P Newton, Sherman Forte et Bobby Seale ; accroupis : Reggie Forte et Little Bobby Hutton Les Black Panthers originaux (novembre 1966) : debout de gauche à droite : Elbert Howard, Huey P Newton, Sherman Forte et Bobby Seale ; accroupis : Reggie Forte et Little Bobby Hutton © virginia.edu

Les principaux acteurs :

Bobby Seale (né le 22 octobre 1936) est le co-fondateur du "Black Panther Party" pour l’autodéfense.

Eldridge Cleaver (1935-1998) est devenu l’un des "Panthers" les plus connus.

Little Bobby Hutton (1950-1968) fut le premier à rejoindre le parti nouvellement crée. Il mourut en 1968 dans le cadre du "Cointelpro" (il était âgé de 17 ans).

Stokely Carmichael (1941-1998) fut celui qui inventa le terme "Black Power".

David Hilliard fut impliqué dans toutes les activités majeures en tant que responsable du staff du Black Panther Party.

Hoover (1895-1972) & le FBI. Hoover déclara que les "Panthers" représentaient "la plus grande menace existante pour la sécurité intérieure des Etats-Unis" ; Hoover fut l’un des hommes les plus puissants des Etats-Unis et fut président du FBI pendant 48 ans de mai 1924 jusqu’à sa mort le 2 mai 1972. Il fut craint de tous les présidents qui se succédèrent à la Maison-Blanche pendant son règne.

Fred Hampton fonda la section "Black Panthers" de la ville de Chicago en 1968 à 20 ans. Charismatique et dévoué à la communauté noire de Chicago, il mis en place des actions sociales telles que les petits déjeuners et les soins médicaux gratuits pour les enfants défavorisés de la ville de Chicago. Exécuté dans son sommeil par le FBI dans le cadre du "Cointelpro" au cours de l'année 1969.

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Bobby Hutton, Bobby Seale, Eldridge Cleaver et Stokely Carmichael Bobby Hutton, Bobby Seale, Eldridge Cleaver et Stokely Carmichael

Le "Black Panther Party" pour l’autodéfense est crée en octobre 1966 par Huey Newton et Bobby Seale.

S’inspirant de Malcolm "X", se réclamant également du marxisme et du maoïsme, les "Panthers" croient à l’existence d’une classe de travailleurs dont l’unité dépasse les barrières de la couleur et s’allient avec d’autres groupes ou organisations représentant les minorités et les organisations révolutionnaires blanches. Leur programme en 10 points comporte une série de revendications politiques et sociale et réclame le droit à l’autodéfense.

Le 25 avril 1967, le premier exemplaire de "The Black Panthers", le journal du parti est distribué. Le mois suivant, les Panthers défilent dans les rues de Los Angeles afin de protester contre la tentative d’interdiction par l’Etat du port d’armes en public. Bobby Seale lit une déclaration de protestation. La police réagit aussitôt en l’arrêtant ainsi que 30 autres "Panthers".

En octobre 1967, Huey P Newton est arrêté pour avoir tué un policier d’Oakland. Eldridge Cleaver et les autres "Panthers" entament le mouvement "free Huey" qui leur demandera beaucoup d’énergie au cours des années suivantes, alors que le parti s’enracine en s’alliant avec divers groupes révolutionnaires.

Hoover fut président du FBI de 1924 jusqu'à sa mort en 1972 Hoover fut président du FBI de 1924 jusqu'à sa mort en 1972

C’est au cours de cette politique d’alliance que Stokely Carmichael est recruté par les "Panthers". Partisan du "black power", Carmichael est contre le fait que des blancs participent au "mouvement de libération des noirs" car ils "n’ont pas le même vécu que les noirs et ont un effet intimidant sur ceux-ci". Sa prise de position suscite des dissensions au sein des "Panthers". Au début de l’année 1968, après avoir vendu le livre rouge de "Mao" à des étudiants d’université afin d’acheter des armes, les "Panthers" rendent sa lecture obligatoire au sein du parti.

Pendant ce temps, le FBI sous la direction de J Edgar Hoover prépare un programme appelé Cointelpro (Counter Intelligence Program) qui a pour but de briser l’unité qui se répand entre les groupes révolutionnaires qui prennent exemple sur les "Panthers". Le FBI commencera un programme d’assassinats, suivi d’arrestations de masse et d’une guerre psychologique destinée à saper les "Panthers" et à les diviser.

D’après PBS / Le Monde Diplomatique

A suivre, "Comment le FBI a détruit les panthers"

La destruction des black panthers (2ème partie) 29/03/2003



Le "Cointelpro", mis en place par le FBI, contribuera à la destruction des panthers Par Paul Yange I Publicité



Fred Hampton leader des black panthers de Chicago assassiné à 21 ans Fred Hampton leader des black panthers de Chicago assassiné à 21 ans © pbs

Les trois années qui suivent sont dévastatrices pour les panthers. Le 6 avril 1968, un des "black panthers", Bobby Hutton, qui n’est âgé que de 17 ans et qui n’est pas armé est tué par la police au cours d’une fusillade.

En janvier 1969, le premier petit déjeuner gratuit mis en place par les panthers est lancé à Oakland. A la fin de l’année, les panthers ont nourri 10 000 enfants dans différentes villes du pays en leur offrant un petit déjeuner gratuit chaque jour avant qu’ils n’aillent à l’école.

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Huey P Newton, un des fondateurs des black panthers Huey P Newton, un des fondateurs des black panthers

A Chicago, Fred Hampton, le charismatique leader des panthers locaux dirige plusieurs programmes de mise en place des petits déjeuners, aide à créer un centre de soins médicaux gratuit, et lance un programme médical de porte à porte pour dépister l’anémie à hématies falsiforme, premier programme du genre dans le pays. Les actions de Hampton rencontrent un écho favorable auprès de la population et le nombre de membres de la section de Chicago augmente.

Le 4 décembre 1969 à 4 heures du matin, grâce aux informations d’un "indic" du FBI qui a infiltré les panthers de Chicago et qui est devenu le responsable de la sécurité de Fred Hampton, la police de Chicago lance un assaut sur l’appartement des panthers de Chicago. Hampton est assassiné dans son sommeil. Mark Clark, un autre panther est également assassiné dans son sommeil. Quatre panthers dormant dans le même appartement sont blessés. Hampton avait 21 ans lors de son exécution, Mark Clark 17 ans. 90 balles furent retrouvées dans l’appartement, une seule avait été tirée par un panther. Aucun policier ne fut inquiété alors que tous les panthers qui avaient survécu à l’assaut furent arrêtés pour tentative de meurtre.

Au cours de l’été 69, l’alliance entre les panthers et un autre groupe, le SNCC (Student Nonviolent Cordinating Comittee) commence à voler en éclats. Un des points de désaccord porte sur l’inclusion des "blancs" dans le combat de libération des minorités. Cette dispute conduit à un affrontement armé à l’université de Californie à Los Angeles au cours duquel deux panthers trouvent la mort.

En septembre, Huey Newton est condamné reconnu coupable de meurtre et condamné à 2 à 15 années de prison (il sera finalement libéré en 1970 pour vice de procédure).

Entre temps, en Novembre 1968, Catherine et Edlridge Cleaver ont fui les Etats-Unis et s’installent à Alger (après être passés par Cuba et Paris). Le Black Panther Party, bien que menacé par le FBI voit son audience croître (5000 membres et 45 succursales) ; le journal du parti s’écoule à plus de 100 000 exemplaires.

Stokely Carmichael Stokely Carmichael

En 69, Seale est arrêté et condamné à 4 ans de prison. En mars 1970, alors qu’il est toujours emprisonné, il publie "Seize The Time", l’histoire des panthers et de Huey Newton. Au cours de l’année 1970, 38 militants sont tués lors de raids organisés par les polices locales. Quelques mois plus tard, Geronimo Pratt, un des membres les plus en vue du Black Panther Party de Los Angeles est arrêté pour le meurtre d’une femme blanche alos que selon de multiples témoignages, il assistait à une réunion de son organisation à Oakland. Il sera finalement libéré en 1998 après avoir passé plus de 27 ans en prison.

Les querelles et dissensions fomentées par le Cointelpro au sein du Black Panther Party amplifie les divergences internes nées de l’affrontement entre le "ministre de la défense" qui est resté à Oakland, Huey Newton, et Eldridge Cleaver en exil à Alger. Certains des partisans de Cleaver fondent alors la Black Liberation Army (BLA) clandestine.

Fin 1971, le Black Panther Party se retrouve décimé par la répression, son audience diminue et ses dirigeants replient leurs actions sur leur base d’Oakland, en même temps qu’ils décident de réintégrer jeu politique "normal" en soutenant les candidats démocrates aux élections locales. Les militants radicaux les plus chevronnés sont soit mort, soit en exil, soit en prison. Un nouveau programme de contre-espionnage, "newkill", directement mis au point par Hoover et Nixon s’abattra sur les membres du BLA.

Le Cointelpro sera officiellement arrêté en 1971 après sa découverte fortuite par un groupe d’étudiants parti s’introduire dans un bureau du FBI.

Bobby Seale et H P Newton Bobby Seale et H P Newton

La Note envoyée par J Edgar Hoover à l’ensemble de ses agents, le 25 mars 1968 fut exécutée à la lettre : le Cointelpro devait "empêcher la coalition de groupes nationalistes noirs (...) empêcher la naissance d’un messie qui pourrait unifier et électriser le mouvement nationaliste noir (...) Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s’ils succombent à l’enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts". Une autre note datée du 3 avril, expose les termes de l’alternative. "Ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier (...) plutôt qu’un Noir qui ne pense qu’à détruire l’establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ?"

Eldridge Cleaver reviendra d’exil en 1975. Il rejoindra la secte Moon, fréquentera les milieux fondamentalistes et soutiendra Ronald Reagan. Il est décédé en 1998.

Stokely Carmichael s’exilera en Afrique en juillet 1969, démissionnera du "Black Panther Party" et prendra plus tard le nom de Kwame Touré (en hommage à Kwame Nkrumah et Sekou Touré). Il mourra en 1998 d’un cancer de la prostate.

Huey P Newton continua ses activités militantes au cours des années 70 et 80. Il fut abattu en 1989 lors d’une dispute avec un dealer de drogue.

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____Ghana : une transition harmonieuse après le décès du président Atta Mills 25/07/2012

John Dramani Mahama est devenu le nouveau président du Ghana

Le vice-président ghanéen John Mahama, au centre, vient d'être investi président après le décès du président John Atta Mills. La prestation de serment qui a eu lieu quelques heures après le décès de John Atta Mills solidifie la position du Ghana comme l'une des démocraties les plus matures d'Afrique

Suite au décès du président ghanéen John Atta Mills survenu le mardi 24 juillet, le vice-président John Dramani Mahama,53 ans, est devenu président du pays. Il a été investi quelques heures après l'annonce du décès de son prédécesseur. La transition qui s'est faite en douceur a été saluée par l'opposition qui a déclaré que le Ghana était une démocratie mature.

De fait, il y a peu d'exemples de pays africains où le décès d'un chef d'Etat en exercice puisse donner lieu à une transition d'une telle nature. Entre l'annonce du décès du président survenu à 14h15 et l'investiture de son prédécesseur, il s'est écoulé environ 6 heures. John Mahama servira de président jusqu'aux prochaines élections, prévues pour décembre prochain. Cependant, rien n'indique pour l'instant s'il sera ou non le candidat du NDC (National Democratic Congress), au pouvoir.

"Nous allons maintenir la paix, l'unité et la stabilité pour lesquelles le Ghana est reconnu" a déclaré le nouveau président. Le candidat de l'opposition aux prochaines élections, Nana Akufo-Addo a suspendu sa campagne par respect pour la mémoire du défunt président Mills. Jake Obetsebi-Lamptey, président du NPP (New Patriotic Party) a déclaré que le Ghana s'était très bien comporté dans la gestion de sa transition : "La transition que nous avons vue au parlement a été très bien gérée, (...)Nous avons fait preuve d'une maturité qui doit encourager tous les Ghanéens..."

http://www.grioo.com/ar,ghana_une_transition_harmonieuse_apres_le_deces_du_president_atta_mills,22789.html

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mardi 24 juillet 2012

___Napoléon : pour ou contre l'Europe ? Pourquoi Hitler admirait Napoléon? L’amour des Français pour Napoléon est bien connu. Qu'est-ce que l'Europe? Qui de napoléan et hitler a marqué l'europe? CONSTRUCTION EUROPEENNE et Le nouvelle ordre Européen d'A.H

Qu'est-ce que l'Europe ?

De ses origines au processus d’unification en cours, de l’enjeu de ses frontières à celui de ses fondements culturels et religieux, l’Europe semble en chantier continuel.

L'Europe a-t-elle une histoire ?

Dès le Ve siècle avant notre ère, le terme Europe (Europè) apparaît dans des textes d’historiens grecs pour désigner la rive occidentale de la mer Égée, par opposition aux régions orientales désignées sous le nom d’Asiè (Asie). Il recouvre une réalité aux contours flous avec des définitions variables d’un auteur à l’autre mais à plusieurs reprises, l’Europe des cités grecques, libres et indépendantes, est opposée à l’Asie de l’Empire perse décrit comme despotique (1).

300 ans plus tard, au IXe siècle, Charlemagne constitue son empire sur la partie occidentale du continent, des Pyrénées aux frontières orientales de l’Allemagne actuelle et des Flandres à la côte croate, et se fait appeler Pater Europae, père de l’Europe. Cependant, pour Jacques Le Goff, cet empire n’a rien d’européen. L’historien considère que ses desseins hégémoniques sont contraires à la conception actuelle de l’Europe, comme toutes les tentatives de domination du continent par la conquête, jusqu’à Napoléon et Hitler (2). Le mythe de l’Europe de Charlemagne réapparaît pourtant dans les années 1950 car l’Empire carolingien coïncide avec les six États fondateurs de la Communauté européenne qui y trouvent un héritage commun. En fait, durant tout le Moyen Âge, on parle peu d’Europe mais plutôt de chrétienté.

Pour de nombreux historiens, c’est à l’époque des grandes découvertes et des premières navigations autour du monde qu’apparaît une première prise de conscience moderne de la singularité européenne. Le contact avec d’autres sociétés amène les Européens à voir ce qu’ils ont en commun (3). Au XVIIIe siècle, les Lumières produisent un discours sur l’homme qui débouchera sur la chute progressive des monarchies européennes. Ce bouleversement, dont la Révolution française est le catalyseur, est marqué par des phénomènes paradoxaux : le printemps des peuples à l’échelle européenne s’accompagne de la montée des nationalismes, la naissance des États-nations coïncide avec la course aux conquêtes coloniales. La domination européenne sur le monde au début du XXe siècle est en fait celle de quelques puissances européennes (Angleterre, France, Allemagne et dans une moindre mesure Russie) qui se livrent une compétition féroce. Cette lutte trouve son apogée dans deux guerres mondiales désastreuses qui affaiblissent le continent. Impulsée par les États-Unis pour faire front uni contre la menace soviétique, l’Europe communautaire est lancée en France par Jean Monnet et Robert Schuman et négociée avec le chancelier Konrad Adenauer pour l’Allemagne, Alfred de Gasperi pour l’Italie et le Belge Paul-Henri Spaak. Le lancement du processus d’unification européenne et ses élargissements successifs ne signent pourtant pas l’avènement d’une histoire unique. Si l’Europe communautaire introduit une dose d’institutions supranationales pour porter l’intérêt général européen, chaque État membre reste souverain et écrit à sa façon des pans entiers d’une histoire européenne largement plurielle.

NOTES :

(1) Danielle Jouanna,L’Europe est née en Grèce, L’Harmattan, 2009. (2) Jacques Le Goff,L’Europe est-elle née au Moyen Âge ?, Seuil, 2003. (3) Jean-Frédéric Schaub,L’Europe a-t-elle une histoire ?, Albin Michel, 2008.

Lire aussi notre chronologie : Soixante ans de construction européenn

Des frontières mouvantes

Les frontières entre continents, souligne le géographe Christian Grataloup, varient dans l’histoire en fonction des représentations du monde et des enjeux qui y sont associés (1). Celles de l’Europe semblent bien délimitées, au nord par l’océan Arctique, à l’ouest par la façade Atlantique et au sud par la rive Nord de la Méditerranée. Seule la frontière orientale n’apparaît pas clairement et reste essentiellement l’objet d’enjeux politiques. Géographiquement, l’Europe est le Finistère de l’immense continent eurasiatique (2). La première tentative de définition d’une séparation géographique orientale date du XVIIIe siècle. Vassili Tatichtchev, géographe du tsar Pierre le Grand, fixe les frontières de l’Europe aux monts Oural. Ce choix est en fait stratégique : il affirme que le berceau historique de l’Empire russe, la Moscovie, appartient bien à l’Europe à un moment où le tsar engage une ouverture et une modernisation de la Russie à marche forcée en direction de l’Europe occidentale. Aujourd’hui, le débat continue de mêler dimensions géographiques et politiques à travers les élargissements possibles de l’Union européenne (UE). En 1993, la candidature du Maroc a été rejetée au motif, géographique, que le pays était africain. Le débat sur l’adhésion de la Turquie comporte des arguments de même nature sur la portion du pays et de sa population située hors d’Europe. Pour C. Grataloup, il est diplomatiquement plus aisé de mettre en avant l’évidence géographique des continents que d’aborder par exemple la question du rapport de l’UE à l’islam. Penser en termes de géographie continentale revient pourtant en force aujourd’hui car c’est une solution pour mettre un peu d’ordre dans un monde globalisé, explique C. Grataloup. Les frontières n’en sont pas le cadre immuable mais au contraire un élément variable qui lui donne du sens.

NOTES :

(1) Christian Grataloup,L’Invention des continents, Larousse, 2009. (2) Laurent Carroué, Didier Collet et Claude Ruiz,L’Europe, Bréal, 2009.

L'Europe est-elle chrétienne ?

Le débat sur les racines chrétiennes de l’Europe montre qu’il est difficile de définir le continent par une unité religieuse. L’historien Paul Veyne rappelle qu’en histoire, les racines n’existent pas (1). Elles sont trop naturalistes et exclusives. On peut plutôt parler de terreau commun, composante parmi d’autres d’une civilisation. Pour l’historien Bruno Dumézil, une unification de l’Europe barbare dans le christianisme s’est faite graduellement du IIe au VIIe siècle (2). Le monachisme est la traduction de cette unité : dès le vie siècle, les monastères bénédictins forment un réseau de l’Italie à l’Angleterre et de l’Espagne à la Germanie. Plus tard, l’ordre cistercien comptera près de 700 abbayes, du Portugal à la Pologne, de la Sicile à la Norvège.

Mais le christianisme a aussi joué un rôle de diviseur du continent. Au XIe siècle, le schisme entre chrétiens d’Orient (sous l’égide de Byzance) et d’Occident (sous celle de Rome) consacre une fracture religieuse qui perdure encore aujourd’hui entre Église orthodoxe et Église romaine. Au XVIe siècle, la Réforme conduit à des guerres et à des persécutions religieuses qui touchent les sujets de toute l’Europe. « L’histoire des persécutions religieuses a tragiquement contribué à définir un espace européen de l’intolérance », souligne l’historien Jean-Frédéric Schaub (3) mais aussi en retour un espace commun de solidarités et de résistance. À la même époque, dans les Balkans, la présence de l’Empire ottoman pour quatre siècles va servir de repoussoir aux monarchies européennes de droit divin qui tirent leur légitimité de leurs liens avec la papauté chrétienne (4). Pour autant, de nombreux territoires dans les Balkans (Bosnie, Kosovo, Albanie…) restent musulmans après le reflux de l’Empire ottoman.

Depuis le XVIIIe siècle, le continent connaît une sécularisation qui n’a cessé de progresser. L’une des caractéristiques de l’Europe moderne est en effet l’autonomie du religieux et du politique qui a conduit progressivement à une complète indépendance de l’un et de l’autre. Aujourd’hui, la laïcité à l’européenne se décline de façon très diverse selon les pays mais la liberté de conscience et de religion est inscrite partout, jusque dans le traité de Lisbonne, comme fondamentale. Cette laïcisation coïncide avec une sécularisation des mentalités. Seuls 7 % des Européens placent la religion parmi les valeurs qui comptent (5).

Les religions ne jouent donc plus un rôle de premier plan mais continuent à marquer les représentations identitaires, en réaction (laïcité) ou par la réminiscence d’ondes de chocs historiques. Le débat sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est sous-tendu par des clivages religieux. Aujourd’hui, de nombreux pays européens comptent des musulmans parmi leur population, conséquence de la politique de colonisation puis de décolonisation menée aux XIXe et XXe siècles. La religion juive a, elle aussi, imprégné l’histoire et l’identité de l’Europe. Selon certains historiens, un antisémitisme pluriséculaire a conduit à la naissance du sionisme en Europe au XIXe siècle. La Shoah et les persécutions des Juifs à travers l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale ont marqué durablement l’identité européenne. À la fin des années 1980, les Églises luthériennes en ex-RDA et en Hongrie, l’Église catholique en Pologne ont contribué à la remise en cause des dictatures du bloc soviétique et à l’avènement pacifique de la démocratie. On ne peut pour autant réduire l’Europe à la chrétienté. Ce qui caractérise le continent c’est avant tout à la fois le dialogue entre les religions et les philosophies et un doute particulièrement affirmé vis-à-vis des dogmes.

NOTES :

(1) Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, Albin Michel, 2007. (2) Bruno Dumézil, Les Racines chrétiennes de l’Europe. Conversion et libertés dans les royaumes barbares, Ve-VIIIe siècle, Fayard, 2005. (3) Jean-Frédéric Schaub, L’Europe a-t-elle une histoire ?, Albin Michel, 2008. (4) Ibid. (5) Commission européenne, « Les valeurs des Européens », Eurobaromètre, n° 69, novembre 2008.

Quelle politique étrangère ?

Malgré les efforts pour instituer un début de politique étrangère et de défense commune, la place de l’Europe dans le monde reste principalement assurée par les grandes capitales européennes, elles-mêmes dépendantes des États-Unis.

Pour bien comprendre quel est le poids de l’Union européenne sur les affaires mondiales, il convient de rappeler sa nature hybride. Traité après traité, s’est construite, renforcée et élargie une union civile d’États qui ont mutualisé leurs indépendances nationales sur un nombre de points de plus en plus grand de leurs politiques (commerce, agriculture…). Cependant, les initiatives touchant aux pouvoirs régaliens de police ou de défense (les instruments les plus déterminants de la souveraineté) telles que la Communauté européenne de défense en 1952 ont connu des échecs dissuasifs (1). Il faut attendre la fin de la guerre froide et la réunification de l’Allemagne, au début des années 1990, pour que des avancées se produisent. Elles restent cependant graduelles et limitées.

En 1991, les États membres ont commencé à définir le cadre d’une Politique étrangère de sécurité commune (Pesc) entérinée par le traité de Maastricht puis d’une Politique étrangère de sécurité et de défense (Pesd) en 1999. La Pesc et la Pesd permettent de mobiliser des moyens militaires et diplomatiques communs sous le label Union européenne. Les opérations engagées requièrent le consentement unanime des États membres. Les premières ont eu lieu dans les années 2000 pour assurer le maintien de la paix (Macédoine, Bosnie, Congo et Tchad), ou la gestion civile de crises (Palestine, Afghanistan, Kosovo). Plusieurs milliers de militaires ont été mobilisés (jusqu’à 7 000 en Bosnie en 2005) mais ces chiffres restent marginaux par rapport aux moyens dont dispose l’Otan, le véritable fer de lance de la défense européenne. Institutionnellement, la Pesc et la Pesd sont subordonnées à l’Otan : elles peuvent privilégier tel ou tel aspect mais jamais sortir du cadre de l’alliance militaire dominée par les États-Unis (2).




Une politique étrangère faible

L’Union européenne n’est donc pas un État souverain mettant en œuvre une politique étrangère indépendante et disposant de sa propre armée pour se défendre. En tant qu’acteur international, elle est plus proche d’organisations telles que l’Onu ou l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) (3). Son efficacité est fonction de l’unanimité et de la coordination de ses membres. Or il existe de grandes disparités entre États en matière de défense : à elles seules, la Grande-Bretagne et la France représentent la moitié des capacités militaires européennes. Les grands États, France, Grande-Bretagne et Allemagne, restent les principaux acteurs de la politique étrangère européenne. Mais s’ils veulent projeter leur action au niveau communautaire, ils sont dépendants du veto de tout État membre quelle que soit sa taille. À ce jour, l’affirmation de positions communes dans le cadre de la Pesc et de la Pesd s’est limitée à des opérations consensuelles et de faible ampleur. A contrario, la reconnaissance unilatérale par l’Allemagne de la Slovénie et de la Croatie en 1991, qui a débouché sur la guerre en ex-Yougoslavie, ou les positions contradictoires sur la guerre en Irak ont révélé le manque de vision commune et la faiblesse de la coordination sur des questions majeures telles que le soutien à l’indépendance d’un État, la décision d’entrer en guerre ou non, celle d’épauler ou non son allié le plus important. La nomination d’un président du Conseil européen et d’un haut représentant pour la Pesc, entérinée par le traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009, vise à répondre de façon modeste au manque d’incarnation de l’Europe mais cette mesure ne change pas le fait que la politique étrangère et la défense restent aux mains des grandes capitales européennes, elles-mêmes dépendantes pour une grande partie des États-Unis.

NOTES :

(1) Sylvain Kahn, Géopolitique de l’Union européenne, Armand Colin, 2007. (2) Gérard-François Dumont et Pierre Verluise, Géopolitique de l’Europe, Sedes, 2009. (3) René Schwok et Frédéric Mérand, L’Union européenne et la sécurité internationale. Théories et pratiques, Academia Bruylant, 2009.

Une Europe sociale dans les limbes...

Où en est le projet de construction d’une Europe sociale ? Les modèles nationaux restent très divers, les budgets communautaires minuscules et la volonté politique toujours limitée. Quelques harmonisations ont tout de même eu lieu depuis la fin des années 1980.

Existe-t-il un «modèle social européen» souvent évoqué par certains partis, syndicats et associations? L’Europe comprend quelques traits communs tels que la prise en charge collective des risques associés à la maladie ou le rôle joué par la négociation entre partenaires sociaux pour définir les politiques sociales (1). Mais les points de discorde l’emportent largement.

On peut distinguer en Europe quatre grands modèles de protection sociale : le modèle scandinave (social-démocrate) assure à tous les citoyens un niveau élevé de protection sociale en contrepartie d’une flexibilité élevée du marché du travail. Le modèle anglo-saxon (libéral) insiste sur la responsabilité individuelle : les prestations sociales y sont faibles et ciblées sur les plus pauvres. Le modèle continental (d’assurance sociale) protège fortement l’emploi et fonde la protection sociale sur une base professionnelle. Enfin le modèle méditerranéen est marqué par l’importance des prestations vieillesse et la survivance des solidarités familiales (2).

Cette typologie classique établit les grands clivages mais omet la persistance de spécificités nationales : par exemple, le système de retraite finlandais ne ressemble en rien à celui de la Suède, ou encore la France et l’Allemagne ont des politiques familiales très différentes. En outre, ces quatre modèles ne rendent pas compte de la situation des anciens pays communistes d’Europe de l’Est.

En clair, l’idée de « modèle social européen » est très fragile. La solidarité se conçoit aujourd’hui dans un cadre national : il est peu probable que les travailleurs français souhaitent cotiser pour les retraites de leurs voisins anglais, et réciproquement.

La construction européenne n’a pas été pensée pour que ces modèles nationaux convergent. Pour les pères fondateurs, au lendemain du second conflit mondial, l’essentiel était de réaliser l’intégration économique pour favoriser la paix et la prospérité entre les peuples. À l’inverse, la protection sociale devait demeurer dans la sphère de compétences des États (3). Cette dualité de l’économique et du social a particulièrement marqué les trente premières années de la construction européenne. Aujourd’hui encore, le Fonds social européen, qui cherche à soutenir l’emploi dans les régions en difficulté, représente moins de 0,1 % du PIB européen, alors que les dépenses nationales de protection sociale représentaient en 2006 entre 20 et 35 % du PIB dans l’Europe des quinze.




Une très faible évolution

Un basculement a néanmoins eu lieu à partir de la signature de l’Acte unique (1986), qui met l’accent sur la nécessité d’une cohésion économique et sociale. Sous la présidence de Jacques Delors (1985-1994) à la Commission, les fonds structurels qui aident les régions en difficulté ont été doublés (1988), un « fonds de cohésion » a été créé (1994) pour réaliser des financements d’infrastructures dans les pays « en retard » (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne), une charte des droits sociaux (non contraignante) a été adoptée (1989)… Une réglementation foisonnante s’est parallèlement développée dans la politique de l’emploi (égalité hommes/femmes, harmonisation des normes d’hygiène et de sécurité au travail…), malgré un impact limité dans les États membres.

Dans les systèmes sociaux européens, une toile communautaire apparaît ainsi dans les années 1990. Elle reste néanmoins très limitée : l’Europe n’a pas de pouvoir en matière de retraite, d’assurance-maladie, de famille…

Et l’élargissement de 2004 a constitué une sorte de coup d’arrêt : difficile à 15, la convergence des modèles sociaux est devenue presque irréaliste à 27. À regret pour ceux qui voient dans l’Europe sociale le moyen de faire naître une citoyenneté européenne ou d’empêcher une concurrence des modèles nationaux par le bas… Avec plaisir pour ceux qui craignent, avec la convergence, une réduction du poids des partenaires sociaux nationaux, ce qui pourrait constituer un recul de la démocratie sociale au sein des États membres.

NOTES :

(1) Jean-Claude Barbier, La Longue Marche vers l’Europe sociale, Puf, 2008. (2) Suite à la typologie du sociologue danois Gosta Esping-Andersen. Pour une comparaison précise, lire Catherine Mathieu et Henri Sterdyniak, « Le modèle social européen et l’Europe sociale », Revue de l’OFCE, n° 104, 2008. (3)Christine Erhel et Bruno Palier, « L’Europe sociale : entre modèles nationaux et coordination européenne », Revue d’économie politique, vol. CXV, n° 6, 2005.

L'Union européenne dans le monde

• 1re puissance commerciale mondiale 1er exportateur et 2e importateur mondial.

• L’euro, 2e monnaie mondiale % des échanges mondiaux.

•% de la population mondiale 500 millions d’habitants (3e place derrière l’Inde et la Chine).

• L’influence par les normes

L’Union européenne fut un fondateur influent de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les règles et les normes qui régissent son fonctionnement interne ont servi d’exemple pour construire celles de l’OMC. Depuis son origine, elle s’est dotée d’une politique commerciale commune. Elle fixe un tarif extérieur commun (TEC) pour les importations en provenance des autres régions du monde.

Sources: Marc Dumont et Marie Girardot (dir.), L’Europe, Atlande, 2010. Sylvain Kahn, Géopolitique de l’Union européenne, Armand Colin, 2007. Benoît Richard

http://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-l-europe_fr_25350.html


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CHAPITRE INTRODUCTIF: LE CHEMINEMENT HISTORIQUE DE L’IDEE D’UNIFICATION EUROPEENNE

Le mot «Europe» a fait son apparition cinq siècles avant notre ère. Hérodote, au Ve siècle avant J.-C., nous rappelle que les Grecs appelaient leur terre Europe (Histoires, VII, 185) du nom d’une héroïne mythologique, une Phénicienne enlevée par Zeus qui avait pris la forme d’un taureau. Aujourd’hui, l’Europe désigne un continent qui s’étend de l’Atlantique à l’Oural et de la Méditerranée à la Scandinavie. La Grèce antique est souvent présentée comme le berceau de l’Europe, de Thémistocle l’Athénien à Alexandre le Macédonien sont autant de héros mythifiés pour leur combat contre les « barbares » de l’Orient, les Perses Achéménides.

Il faudrait sans doute remonter à l’Empire romain, pour avoir le plus ancien model d’unification européenne sous une autorité centrale. Selon le géographe Strabon, qui écrivit peu avant l’ère chrétienne, les Romains «tiennent presque toute l’Europe, excepté la partie qui se trouve au-delà de l’Ister Danube et les parties bordant la Baltique entre le Rhin et le Tanaïs Don». Les Romains ne pourront jamais conquérir la Germanie (désastre de Tautebourg Val), et c’est sous Trajan seulement qu’ils dépasseront notablement le Danube en s’emparant de la Dacie (Roumanie). Pendant plus de cinq siècles, une grande partie de l’Europe, de la Méditerranée à l’Angleterre et de l’Espagne à la Roumanie obéissait au pouvoir central basé à Rome. Les Grandes invasions germaniques du Vème siècle vont briser cette unité (prise de Rome par les Wisigoth en l’an 476).

Pendant tout le Moyen Âge, le rêve a persisté d’unifier l’Europe sous la direction soit de l’empereur, soit du pape. On mentionnera l’éphémère Empire de Charlemagne au début du IXème siècle. Mais, l'Europe à peine sortie du Moyen Âge voit s'affronter deux conceptions : la première fondée sur la doctrine de l'équilibre européen postule qu'aucun État ne devrait détenir une puissance telle qu'il imposerait sa domination aux autres ; la seconde vise au contraire au non d'une volonté « messianique » à regrouper tous les pays européens sous une autorité unique, l’ « Empire universel ». Ainsi, la nostalgie d'une unité perdue sous Rome va animer les ambitions de Charles Quint, souverain du Saint Empire Romain Germanique (1500-1558), qui sera la cause d’incessants conflits à l'est contre l'Empire Ottoman et à l'ouest contre le Royaume de France. Avec ses héritiers Philippe II d’Espagne et Ferdinand II d’Autriche (1578-1637) ce sont les prétentions des Habsbourgs de réunifier l'Europe sous la bannière du catholicisme qui se heurtera à la Réforme. Née d’une querelle religieuse opposant des Princes allemands protestants à l’Empereur, la Guerre de Trente ans (1618-1648) vit s’affronter sur le territoire allemand les impériaux et leurs alliés (Bavière, Espagne) aux partisans de la Réforme soutenue par la France et la Suède, soucieuses toutes deux d’empêcher une hégémonie de l’Empire. La Paix de Westphalie qui met fin au conflit fut l'occasion de la première conférence diplomatique européenne qui a consacré la théorie de l'équilibre européen. Napoléon 1er reprendra à son compte le flambeau d’une Europe impériale mais devra s’incliner lui aussi face à une coalition de nations européennes à Leipzig (1813) - bataille connue sous l’appellation de « bataille des nations » - et à Waterloo (1815).

1. Les précurseurs :

Bien avant la deuxième Guerre mondiale, l’abbé de Saint-Pierre, Emmanuel Kant, Jean-Jacques Rousseau, Saint Simon ou Proudhon prônaient déjà l’avènement d’une Europe pacifiée et fédérée. Leurs réflexions visionnaires furent jugées utopiques dans une Europe engagée dans d’incessantes rivalités de puissances. On mentionnera notamment :

. A la Renaissance, le Tractus rédigé en 1464 par le roi de Bohême Podiebrad répondait au souci de rassembler les peuples de la chrétienté face à l’Empire ottoman conquérant dans un pacte prévoyant une juridiction et un Parlement des Etats ; . Le Projet politique du duc de Sully, ministre d’Henri IV publié seulement en 1788 contenant une correspondance avec la reine d’Angleterre Elisabeth 1er ; . L’Essai du Quaker William Penn intitulé Present and Future Peace of Europe (1693); . L’abbé de Saint Pierre, plénipotentiaire français aux conférences qui adopteront le Traité d’Utrecht (1713-1715) mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne a proposé un Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713) et un Projet pour rendre la paix perpétuelle entre souverains chrétiens (1717) ; . Jean-Jacques Rousseau dans son Jugement sur la Paix perpétuelle est favorable à une fédération ou une confédération ; . Emmanuel Kant qui avec Pour la Paix perpétuelle (1795) écrira un essai majeur dans lequel il souligne que seul des régimes républicains peuvent imposer la paix en Europe ; . Claude Henry de Saint-Simon propose une confédération franco-britannique destinée à s’élargir à d’autres régimes parlementaires avec l’objectif d’un Parlement européen moteur de l’unification de l’Europe (De la Réorganisation de la société européenne 1814); . Victor Hugo qui fut un des premiers à utiliser la formule d’« Etats-Unis d’Europe » lança à l’occasion du Congrès de la Paix de Paris (1849) un appel pour la création d’un « grand Sénat souverain qui sera à l’Europe ce qu’est le Parlement à l’Angleterre » ; . Giuseppe Mazini qui fonda en 1834 l’association Jeune Europe et a établi en 1857 une carte de la future Europe des nations » ; . Coudenhove-Kalergi fondateur de la Revue Paneuropa (publiée à Vienne en 1923) qui fut un des artisans de l’«Union paneuropéenne » ;

En 1926, le premier Congrès de l’Union paneuropéenne qui rassembla à Vienne les délégués de 24 pays adopta le Manifeste paneuropéen énonçant les grandes lignes d’une « organisation fédérative de l’Europe ». Aristide Briand qui fut Président d’honneur de l’Union paneuropéenne a lancé devant l’Assemblée de la S.D.N. le 5 septembre 1929 l’idée d’un lien fédéral entre les peuples du Vieux Continent. Le gouvernement français a présenté en mai 1930 un Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne. La montée des périls fasciste et nazis a eu raison du projet Briand qui est abandonné en 1932.

2. Le Nouvelle Ordre européen d’Adolf Hitler

Comme Napoléon, Hitler s’est lancé à la conquête de l’Europe. Comme lui, il l’a contrôlée pendant une période brève aux yeux de l’historien, interminable pour ceux qui en ont souffert. Mais la ressemblance s’arrête ici. Le régime hitlérien est à l’origine de crimes contre l’humanité sans précédent, en particulier à l’égard des juifs (Holocauste). L’Europe de Hitler, dont les ressources et les hommes étaient exploités par la machine de guerre nazie, était conçue comme une pyramide dominée par le Grand Reich allemand de cent millions d’habitants, une nation perçue comme supérieur aux autres. Une vision raciale de l’Europe dominait:

. En haut de l’échelle les Aryens (Germains) et les peuples nordiques (Scandinaves, Néerlandais) ; . Dans une position intermédiaire les latins et les peuples balkaniques non Slaves ; . Dans une position inférieure les Slaves (untermeshen) qui constitueront une réserve de main d’œuvre du Reich et dont le territoire servirait d’espace vital (Lebensraum) pour l’expansion des Aryens ; . Au plus bas de l’échelle les juifs (et les Roms) voués à l’expulsion ou à l’extermination.

En 1942, presque toute l’Europe de la Méditerranée au cercle polaire arctique et de l’Atlantique à la Volga était soit occupée, soit vassalisée par le Grand Reich. L’Angleterre isolée et affaiblie s’alliera à l’Union soviétique et aux Etats-Unis pour résister à la machine de guerre nazie. La Suède, la Suisse, l’Irlande, l’Espagne et le Portugal optent pour la neutralité et la non-belligérance. L’Europe hitlérienne comportait cinq types d’espaces géopolitiques :

. Les alliés de l’Allemagne véritables États satellites, l’Italie de Mussolini, la Finlande, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie liés au Grand Reich par le Pacte d’Acier (1938) ; . Le centre de gravité de la nouvelle Europe est le Grand Reich agrandi par l’Anschluss et l’annexion des territoires peuplés d’allemands en Tchécoslovaquie (les Sudètes) et en Pologne; . Les territoires occupés voués à un statut à déterminer à la fin de la guerre mais où subsistait un pouvoir local acquis à la présence allemande (Belgique, Pays-Bas, Danemark, Norvège, France amputée de l’Alsace - Lorraine); . Les territoires occupés peuplés des Slaves (jugés inférieurs) passent sous Protectorat ou gouvernements généraux allemands (Bohème et Pologne) et sont voués à une colonisation germanique jusqu’à l’Oural et au Caucase (les territoires de l’Union soviétique occupée et divisés en deux régions, le Reichkommisariat des régions de l’Est et le Reichkommissariat d’Ukraine); . Statut particulier de la Yougoslavie, de l’Albanie et de la Grèce occupées et divisées en zones d’influences allemande et italienne et privées d’une partie de leurs territoires au profit des alliés hongrois, bulgares et roumains et croates.

Le Nouvel Ordre Européen d’Hitler reposait sur une exploitation des ressources et de la main d’œuvre des pays européens (quotas de travailleurs imposé aux territoires occupés dans le cadre du Service du travail obligatoire) au profit du Reich. Sur le plan économique, les Allemands envisageaient d’imposer une sorte de marché commun européen sous forme de bloc économique et financier dont le mark aurait été la monnaie de réserve et les places financières (Berlin et Vienne). Dès 1940, une concentration de la finance et du commerce se fait à Berlin. Les grands groupes industriels allemands (IG Farben pour la chimie) commencent à réorganiser l’industrie et le commerce européen en cartels et associations commerciales centrés sur le Reich. Les puissants Reichwerke prirent le contrôle de l’industrie lourde dans les pays occupés pour alimenter la machine de guerre allemande.

C’est au nom de l’«Europe nouvelle» que Hitler lança la «croisade antibolchevique». Les Allemands, dit-il, seront «capables de fournir à toute l’Europe sa classe dirigeante ... Les générations qui nous suivront accepteront certainement l’unification de l’Europe que nous sommes en train d’accomplir». Mais l’Europe d’hégémonie germanique conçue par Hitler fut finalement vaincue par les Alliés et par la résistance des peuples occupés. Il faut noter que, parmi des préoccupations plus immédiates, les mouvements de résistance occidentaux élaborèrent pour l’avenir divers projets d’union dont le plus remarquable fut un «Projet de déclaration des résistances européennes» (1944) prévoyant «une union fédérale entre les peuples européens».

3. L’Europe divisée de la Guerre froide

La deuxième Guerre mondiale fut pour l’Europe un désastre à la fois sur le plan politique et économique mais aussi humain et moral. L’Europe n’était plus le centre mondial de la puissance détenue désormais par les deux grands vainqueurs de la guerre, les Etats-Unis et l’URSS bientôt rivaux. En effet, dès 1945, les conférences de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945) permettent aux alliés de régler le sort de l'Allemagne (dénazification, démilitarisation et occupation) et de délimiter les nouvelles zones d'influence en Europe centrale et orientale. Mais ces négociations ont réveillé d'importantes divergences opposant les puissances occidentales (Angleterre, Etats-Unis) et l'URSS en ce qui concerne l'avenir de l'Europe. Pour Staline, l'URSS qui a payé le plus lourd tribut dans la guerre contre l'Allemagne nazi doit avoir un droit de regard sur les régimes politiques qui se mettent en place dans les pays libérés par l'Armée Rouge. Pour les Churchill et Truman, ces régimes doivent êtres nécessairement issus d'élections libres. En 1947, les États-Unis amorcent un changement radical de leur politique en proposant le Plan Marshall destiné à aider la reconstruction de l'Europe et à renforcer ainsi la résistance à la « subversion communiste » (importants mouvements sociaux en Angleterre, en France et en Italie). Ce plan accroît la méfiance soviétique qui dés 1947 installe des régimes dominés par les communistes en Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie. Le « coups de Prague » (1948) marque le début de la Guerre froide. L’Europe à peine libérée du joug nazi est divisée en deux blocs rivaux pendant plus de quatre décennies.

L’une des crises les plus grave de la guerre froide aura pour théâtre le cœur de l’Europe, c’est le blocus de Berlin (1949) qui accentua la division de l'Allemagne en deux entités étatiques hostiles, la R.F.A. et la R.D.A. La division de l'Europe (le rideau de fer dénoncé par Churchill) est consommée avec la constitution de deux alliances antagonistes, l'Alliance Atlantique (Traité de Washington instituant l'OTAN, 1949) et le Pacte de Varsovie (1955), la première dominée par les États-Unis et la seconde par l'URSS.

4. Quelle Europe ?

Quelle Europe ? L’éternel débat toujours recommencé et toujours d’actualité un demi siècle après l’adoption du Traité de Rome.

La question des limites géographiques de l’Europe à construire fait débat. Sur les limites de l’Europe intégrée, des débats opposent dans les années cinquante et soixante les défenseurs de l’achèvement préalable de l’Europe des Six (Allemagne, Benelux, France, Italie) instituée par le Traité de Rome (1957) aux avocats de l’entrée immédiate de la Grande-Bretagne et aux partisans d’une élargie de « l’Atlantique à l’Oural ». Enfin, l’Europe peut-elle être une « troisième force », avec son équipement nucléaire et sa défense propres (thèse du général Beaufre) ou se fier, comme le pense Jean Monnet, à l’armement américain et au partnership atlantique ?

Au lendemain de la guerre, les premières divergences politiques sur la nature politique de l’Europe à construire vont se faire jour. Les partisans de l’unification appartiennent à de nombreux courants idéologiques, socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens. Les fédéralistes favorables à la notion d’ « États-Unis d’Europe » coexistant avec de larges pouvoirs locaux. Certains pensent que la création d’une confédération d’États souverains est une étape nécessaire vers la création d’un gouvernement fédéral. Pour d’autres, l’unification doit commencer par l’intégration économique; une union politique en résultera nécessairement. D’autres encore veulent s’en tenir à une coopération intergouvernementale.

L’idée d’Europe fédérale a deux types d’adversaires. Il y a d’une part les nationalistes favorables au maintien de la souveraineté des États qui refusent toute forme d’intégration et préfèrent une « Union d’États souverains » (le général de Gaulle) fondée essentiellement sur la coopération intergouvernementale. Il y a d’autre part, les marxistes qui posent comme préalable la conquête du pouvoir par le prolétariat (Lénine : «À propos du mot d’ordre des États-Unis d’Europe», 1915, in Œuvres complètes) ou une Europe au service des classes populaires. Les communistes, hantés par l’idée d’une «Europe des trusts», d’une Europe antisoviétique ont combattu les projets d’unification européenne en les accusant de préparer un « bloc occidental » hostile aux États socialistes. En France, cette fracture fut manifeste lors du débat à propos d’une communauté européenne de défense; communistes et gaullistes pourtant divisés sur la plupart des autres points s’y opposèrent conjointement. L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle (1958) allait rendre le problème beaucoup plus complexe.

Mais, la fin de la Guerre froide va donner un nouveau dynamisme à la construction européenne avec la perspective d’élargissement de l’Union aux nations d’Europe centrale et orientale et un renforcement institutionnel annonciateur d’une Europe fédérale souhaitée par les uns et rejetée par les autres. Le débat opposant fédéralistes et souverainiste qui a été particulièrement virulent en France lors du référendum sur l’adhésion au Traité de Maastricht n’est pas clos. L’adoption de la Constitution européenne en 2002 en vue d’une « Union Européenne rénovée » est également l’occasion d’un affrontement entre partisans et adversaires d’une Europe fédérale.

La construction européenne qui résulte du Traité de Rome implique un processus d’intégration progressive par l’économie (Marché commun). Aujourd’hui, avec vingt-cinq Etats membres, l’Union européenne s’impose comme le principal pôle de coopération économique et politique en Europe (Première partie). Mais sur le continent d’autres institutions de coopération économique, politique et militaire ont vu le jour après la Deuxième Guerre mondiale méritent d’être connues. Loin d’avoir l’ambition d’intégration politique et fédérale de l'Union européenne, les autres organisations intergouvernementales comme l’O.C.D.E., le Conseil de l’Europe, l’O.S.C.E. et l’O.T.A.N. sont aussi des acteurs majeurs de la coopération continentale (Deuxième partie).


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A gauche : l'homme des lumières. A droite : l'homme des ombres... Doutez-vous encore qu'il n'y a aucune ressemblance entre ces deux hommes ?

Je n'aurais pas imaginé avoir à faire un article sur un débat qui n'a pour moi aucun sens. Je ne pense pas qu'il est nécessaire de dire de quel côté je suis, sachant que je n'aurais jamais créé un site sur Adolf Hitler. Mais je me rends compte que ce pseudo-débat revient à l'actualité sur certains forums, surtout depuis le séisme politique du premier tour des présidentielles d'avril 2002. Alors je vais à présent vous présenter un point de vue appuyé de faits reconnus et sans vouloir vous faire changer d'avis, vous qui mettez ces deux hommes au même niveau, je vais tenter de vous ouvrir les yeux, mais ceci pour une bonne raison : je n'aime pas plus les mensonges historiques que les critiques incessantes et gratuites, tout blanc ou tout noir avec Napoléon ? Non, je pense qu'il est possible de rétablir une forme de "vérité" à son sujet, et loin de sombrer dans la "Napoléon-mania", je vais tenter de l'ébaucher sans prétention...

Dans les faits, on ne peut différencier Hitler et Napoléon sur leur fonction : c'est vrai, ils ont tous deux été des dirigeants politiques "absolus", en un mot des dictateurs, il n'y a pas à mentir sur ce point, tout simplement parce qu'ils ont pris le pouvoir sans accord préalable et explicite du peuple et qu'ils ont maintenu, dans un aspect général, une politique autoritaire et centralisé sur leur personne, notion que nous nuancerons plus tard ; le comble même est qu'Hitler s'est rendu maître de l'Allemagne en 1933 de manière tout à fait légale, simplement en ayant été nommé Chancelier par les membres du gouvernement de la République de Weimar (pensant faire le bon choix pour l'avoir à l'oeil...), alors que Napoléon a du organisé un Coup d'Etat.

Relativisons bien évidemment les choses : premièrement ce Coup d'Etat s'est fait "dans les règles de l'art" si l'on peut dire, il n'y a eu aucun mort ni blessé. De plus, il était très objectivement nécessaire, le Directoire ayant été sûrement le plus mauvais gouvernement de la France Révolutionnaire. Il suffit de regarder l'état de la France en 1799 juste avant que Napoléon accède à sa tête : une économie totalement détruite, due notamment à la dévaluation incroyable de la monnaie (elle ne valait plus rien) et à la corruption maladive dont souffrait le pays ; une population appauvrie, une armée désorganisée et sous-payée... bref j'en oublie, mais il faut le dire, la France était le pays le plus pauvre d'Europe à ce moment-là. J'entends certaines personnes dirent : "Napoléon le Dictateur s'est emparé du pouvoir par un Coup d'Etat... par la force... contre tous les principes républicains etc." 100 fois oui vous avez raison, mais si lui ne s'était pas présenté, le fait est que le Comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, aurait pu revenir au pouvoir, rétablissant la monarchie, juste 6 ans après l'exécution du Roi et le début de la Terreur ! Ou bien encore, une autre personnalité aurait pu tenter ce Coup d'Etat, comme Murat, Moreau, ... bref d'autres grands militaires de cette époque. Annotons pour clore ce point que la prise de pouvoir de cette manière s'est toujours révélé assez périlleuse, et la sentence terrible en cas d'échec, souvenons-nous que la vie de Napoléon aurait pu se terminer le soir du 10 novembre 1799, il n'y aurait jamais eu d'Empire, un autre gouvernement alors, aurait-il été mieux ? Comment le savoir ?...

Mais pourquoi met-on alors en rapport ces deux hommes ? Tout simplement à cause des affrontements incessants qui ont secouées l'Europe de 1800 à 1815 et de 1939 à 1945. Les mettre en rapport signifie aussi qu'on les rend directement responsable de ces guerres, et par delà même des innombrables morts ; ce qui, à mon avis, est une erreur dans le cas de Napoléon. Hitler n'a fondé son IIIème Reich que sur une politique d'expansion directe, disons-le coloniale, sur l'Europe principalement et dans le monde, en vertu d'une soi-disant domination de la "race" allemande sur les autres peuples. Napoléon aurait-il donc lui aussi pratiqué une politique d'annexion sur le seul fondement d'une hégémonie de la "race" française ? Peut-être plus sur les idées révolutionnaires bienfaitrices qui accompagnaient ces annexions. Oui, Napoléon a constitué un Empire, mais il n'y a vraiment pas eu la même démarche dans les deux cas. Je m'explique...

L'Histoire nous apprend la différence capitale qui existe entre un militaire et un "politicien", l'un est passé maître dans l'art de la guerre, l'autre dans l'art de la gouvernance, mais celui qui déclarera la guerre ne sera pas des deux celui qu'on croit : par exemple, Louis XIV le politicien-roi souhaitait voir son pouvoir s'agrandir, donc il déclarait la guerre et projetait les conquêtes, les chefs militaires de cet époque, comme Turenne, devaient gagner les batailles. On retrouve ce schéma partout, et Hitler est aussi un exemple probant : le Führer donnait les ordres de conquête, les maréchaux allemands s'exécutaient sur le terrain. Schématiquement, un militaire, ce qui paraît incroyable, ne rêvera jamais d'une conquête européenne ou mondiale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il sait mieux que personne les sacrifices encourues et surtout les difficultés qu'il existe pour garder les conquêtes effectuées. Un Roi ou un dirigeant politique quelconque ne se préoccupe pas de ce genre de détails, seul la gloire et le prestige compte.

Napoléon, et c'est là la difficulté de la réflexion, combine les deux fonctions : il est tout aussi présent militairement que politiquement, chose rare dans l'Histoire. Mais comment alors, suivant notre résonnement, s'est-il constitué un Empire alors qu'il n'est "qu'un simple militaire" de formation ? Examinons la situation de l'Europe pendant l'ère napoléonienne. Tout autour de la "Jeune France" révolutionnaire se dresse la "Vieille Europe" monarchique et/où impériale : l'Empire Austro-hongrois, l'Empire de Russie, le Royaume d'Angleterre, le Royaume de Prusse, celui d'Espagne, de Suède, etc. Tous ces pays ont suivis avec peur les événements de 1789 en France et ont tâché "d'étouffer" ces idées trop dangereuses pour la survie des Cours royales. Ainsi, l'Europe a déclaré la guerre à la France en 1792 ! Ainsi, quand Napoléon arrive au pouvoir, cela fait déjà 8 ans que l'Europe est à feu et à sang ; ceci beaucoup de gens l'ignorent ou font fi de l'ignorer. Ils occultent également le fait que le Consul Bonaparte, en 1802, a signé la paix d'Amiens, scellant justement ces dix années de guerre, devant instaurer l'harmonie entre les peuples ; hélas, elle fut de courte durée : l'Angleterre, ne pouvant décidément pas supporté une quelconque hégémonie française, annula ce traité en envahissant Malte, toute récente possession française...



Le même schéma se reproduira durant toute la période impériale : les ennemis de la France lèvent une armée, la déplacent envers et contre les traités établis, et somment Napoléon de dissoudre l'Empire en ramenant les frontières à celles de 1789. L'Empereur, bien évidemment, refuse. Il n'y a alors qu'une seule solution pour lui si il veut conserver son pouvoir : il doit détruire en totalité l'armée adverse pour obliger l'ennemi à signer une nouvelle paix. Vous l'aurez remarqué, c'est un énorme cercle vicieux ! D'autant que les pays vaincus perdaient à chaque fois des parcelles de territoires ou bien étaient imposé financièrement, mais ils n'étaient jamais annexés complètement, comme pour la Seconde Guerre Mondiale, où l'Allemagne nazie s'emparait bel et bien des pays et l'incorporait totalement à leur Reich... Finalement on peut conclure, avec une certaine audace, que ce qui a fait perdre Napoléon dans son ensemble, c'est de ne pas avoir été assez dur avec l'ennemi et de l'avoir laissé à chaque fois " se refaire une santé" ! Nous allons relativiser tout cela dans une seconde partie.



Bien que je sois un admirateur de l'Empereur et de son oeuvre, comme vous l'aurez remarqué dans notre site qui lui est tout de même dédié, je pense être assez juste avec lui, et cette deuxième partie servira à prouver aux mauvaises langues que nous ne sommes pas des fanatisés et des mystificateurs ! Nous allons énoncer ici les erreurs majeurs de Napoléon et ses plus grands défauts qui ont causé tant de malheurs...



La principale erreur de Napoléon fut peut-être de penser qu'il pouvait tout faire... Qu'il était supérieur en tout point aux autres hommes, que lui seul voyait les choses correctement, et que seul sa vision était la bonne. Sans doute n'avait-il pas totalement tort, du moins on ne peut nier que c'était un homme hors du commun par sa vivacité d'esprit, son charisme, son savoir, sa rapide adaptation à toutes situations et à tous types de fonctions. Il n'a malheureusement pas été visionnaire sur un point : penser une seule seconde que les autres hommes et peuples pouvaient ne pas penser comme lui. L'exemple probant concerne l'Espagne : passé l'idée toujours sous-jacente de dominer l'Europe et d'y asseoir sa famille et son nom, Napoléon souhaitait vraiment offrir à ce pays la chance de se moderniser et de sortir de cette sorte de mutisme total, mais les espagnols ne l'ont pas vu comme cela et n'ont pas du tout apprécié cette intrusion française sur leurs terres, malgré les intentions à la limite louables de l'Empereur (qui fut soutenu par quelques politiciens espagnols de l'époque d'ailleurs). En bref, il aurait fallu parfois arrêter de penser pour soi-même.



Un autre trait caractéristique bien connu, nous venons de l'évoquer, cet élan de domination sur l'Europe, sans en avoir vraiment conçu la conquête, mais, en ne l'ayant pas franchement empêché non plus... Après Austerlitz, l'Empereur a vraiment cru pour de bon que rien ni personne ne pouvait l'abattre, qu'il était immortel, tel un dieu vivant, protégé par sa bonne étoile qui ne l'avait pas quitté depuis la campagne d'Italie et qui, visiblement, ne le quitterait jamais. Comment ne pas se sentir invincible quand vous êtes le maître ? Sans doute Napoléon, après les avoir tant haïs, devint lui-même un Roi comme la France en avait connu quelques siècles plus tôt. Oui, voila, Napoléon était devenu à la fin de son règne un Roi républicain...



Autre remarque propre à Napoléon, son sens de la mystification historique ; jamais un homme ne s'était autant soucié de son image et de la vision de sa personne qu'il allait laisser derrière lui. Son premier acte sera de mentir sur son âge à l'administration militaire, ce qui fut quand même un peu osé, peut-être dans le but de passer pour un petit génie, un doué de nature, une sorte de petit Mozart de la guerre ! Pas extrêmement grave me direz-vous, vous avez raison. Devenu général victorieux en Italie, Bonaparte s'est occupé autant de sa campagne que de lui-même, en créant par exemple un Journal de l'Armée d'Italie où les estampes, gravures et autres poèmes servirent à embellir cette nouvelle épopée menée par lui : c'est aussi dans ces récits qu'il nous livre sa version du Pont d'Arcole "franchit victorieusement", en réalité il tomba dans le fleuve presque à la moitié, et sans ses fidèles grenadiers venus pour le sauver, il n'y aurait certainement pas eu d'Empire... Passe encore ! Mais quand Bonaparte, en tant que Premier Consul, a accusé injustement et obtenu l'arrestation des meneurs jacobins de l'époque après l'attentat de la Rue Saint-Nicaise dont il avait été la victime, c'est un peu de trop ! Parfaitement informé des véritables auteurs de cet attentat, à savoir les royalistes, il avait malgré tout désigné ces bourreaux : les Jacobins ! S'ensuivit une terrible répression totalement injuste... Les exemples ne manquent pas, ils peuvent faire sourire, certains malgré tout font frémir.



Pour conclure, je citerais toutes les grandes erreurs concrètes de Napoléon : l'exécution du duc d'Enghien, énorme erreur politique qui, même si elle a hâté l'avènement de l'Empire, a brouillé définitivement le futur-empereur avec les royalistes qui, à terme, auraient peut-être rallié son régime ; le Sacre également, proprement ridicule, a décrédibilisé son image de héros de la Révolution et de républicain convaincu, jusque dans sa propre armée ; le Blocus continental, pour affaiblir l'Angleterre économiquement, a affaibli aussi, comble de malchance, la France ; la campagne d'Espagne, quelque peu inutile dans son idée, qui a fait mourir les meilleurs soldats de l'Empire et surtout des centaines de milliers de civils ; la campagne de Russie, pour les mêmes raisons que précédemment ; s'ensuivit aussi l'idée pour l'Empereur que la situation pouvait être rattrapée après la retraite, ce qui a entraîné l'entêtement en Allemagne et en France ; etc. etc., ...

http://napoleonbonaparte.pagesperso-orange.fr/napoleon-hitler.htm

ARTICLES

Napoléon : pour ou contre l'Europe ? (Article de DUFRAISSE Roger )



Informations

http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/Napoleon_pour_contre_Europe.asp

Bibliographie sommaire






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Les gens qui s'intéressent à l'histoire de l'idée ou de la construction européenne ne manquent jamais d'évoquer Charlemagne, Napoléon ou Hitler. Pour eux, l'époque de Charlemagne est celle où, en Europe, une unité politique a pratiquement coïncidé avec la zone d'influence de l'Église romaine et il est exact que, durant tout le reste du Moyen-Âge, le rêve a persisté d'unifier l'Europe soit sous la direction du Pape, soit sous la direction de l'Empereur, chef du Saint-Empire romain germanique, héritier de Charlemagne. L'apparition au XVe siècle, d'États modernes solidement constitués, puis la Réforme au XVe siècle ont détruit les perspectives d'unité par la religion. L'idée européenne a alors pris, jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale trois formes principales dont l'une : celle d'une Europe volontairement unifiée n'a jamais dépassé le stade des rêves, les deux autres ayant été celle de l'équilibre ou du concert européen, admettant l'indépendance des États, surtout des plus grands, garantie par l'observation du droit des gens et de règles politiques et diplomatiques traditionnelles, et, enfin, l'Europe unifiée par la conquête, résultat des entreprises fort différentes de Napoléon et d'Hitler. À propos de Napoléon et de l'Europe, l'on est conduit à se poser plusieurs questions auxquelles l'on va répondre de façon brutale avant de développer les arguments permettant d'apporter ces réponses. Première question : connaissons-nous bien les idées napoléoniennes en matière d'organisation de l'Europe ?

La réponse est non. Deuxième question : devons-nous conclure de cette constatation que Napoléon n'a eu aucune idée sur l'Europe ?

La réponse est évidemment non. Troisième question : Napoléon a-t-il sacrifié les intérêts français à ceux de l'Europe ?

La réponse est encore non. Quatrième question : Metternich a-t-il eu raison de dire en 1809 que Napoléon « était le souverain de l'Europe » ? Réponse oui, car il y a bien eu une Europe modelée, certes de façon éphémère, mais modelée tout de même par Napoléon.

Dernière question : faut-il d'un point de vue européen condamner tous les aspects de la politique napoléonienne ? La réponse est non.

Les intentions de Napoléon en matière d'organisation européenne sont mal connues. En effet les historiens se sont laissés abuser par les propos tenus par l'Empereur sur l'Europe, sans apparemment s'apercevoir qu'ils avaient tous la particularité de l'avoir été après l'échec de Russie. Dans le traîneau qui le conduisait sur la route de Varsovie alors qu'il avait dû abandonner Moscou en flammes, il déclare à Caulaincourt que toutes les mesures qu'il avait dû prendre, pour lutter contre l'Angleterre, en apparence dommageables à l'économie des États du continent, n'avaient eu qu'un seul but, créer sur celui-ci « une industrie qui l'affranchît de celle de l'Angleterre et qui fût, par conséquent, sa rivale ». Et l'Empereur, d'ajouter que c'était une entreprise que lui seul pouvait exécuter. Au retour de l'île d'Elbe, dans le préambule à l'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire, il fera, le 22 avril 1815, profession de foi européenne, en évoquant ce qu'il avait voulu faire sous le Consulat et l'Empire « Nous avions alors pour but d'organiser un grand système fédératif européen que nous avions adopté comme conforme à l'esprit du siècle et favorable aux progrès de la civilisation ». À Sainte-Hélène il a, après coup, exposé le plan qui aurait été le sien à l'époque de ses succès. Le 24 août 1816, déplorant son rêve effondré d'une paix, dictée dans Moscou, qui eût « terminé ses opérations de guerre », il ajoutait : « le système européen se trouvait fondé ?

Il n'était plus question que de l'organiser... je devenais l'arche de l'ancienne et de la nouvelle alliance, le médiateur naturel entre l'ancien et le nouvel ordre de choses ». Selon Las Cases, il passa ensuite en revue « ce qu'il eût proposé pour la prospérité, les intérêts et le bien-être de l'association européenne ». Il eût voulu « les mêmes principes, le même système partout... une même monnaie sous des cours différents, les mêmes poids et mesures, les mêmes lois, etc. ». « L'Europe, disait-il, n'eût bientôt fait de la sorte, véritablement, qu'un même peuple et chacun, en voyageant partout se fût toujours trouvé dans la patrie commune ». Le 11 novembre 1816, il ajoute qu'il aurait voulu réaliser l'unité des Allemands, celle des Italiens et, ensuite, unifier la grande famille européenne, réaliser les États-Unis d'Europe ». « C'est dans cet état de choses qu'on eût trouvé plus de chance d'amener partout l'unité des codes, celle des principes, des opinions, des sentiments, des vues et des intérêts. Alors peut-être à la faveur des lumières universellement répandues, devenait-il permis de rêver, pour la grande famille européenne, l'application du congrès américain, ou celle des Amphictyons de la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de jouissance, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! ». On remarquera l'importance que Napoléon accorde aux problèmes économiques.

Il donne pour mobile à la politique qui l'a conduit au désastre le but, en apparence désintéressé, du développement industriel du continent, permettant à celui-ci de tenir tête à l'impérialisme économique britannique. À Sainte-Hélène, sans cacher qu'il avait voulu faire jouer à la France un rôle hégémonique, il répètera qu'il a cherché à associer les Européens pour assurer leur prospérité et le succès de leurs intérêts. On remarquera que les seules institutions économiques communes à toute l'Europe auxquelles, selon lui, il aurait pensé, se bornent à un système unique des poids et mesures, à une parité fixe entre les différentes monnaies et aux mêmes lois pour réglementer le commerce et l'industrie.

Il n'est absolument pas question d'une union douanière. C'est dire que, dans ces intentions, exposées après coup il faut le répéter, l'intégration économique demeurait quelque chose de vague ne devant pas être poussée très loin.

Il en était de même de l'intégration politique et de l'intégration militaire car il ne vint jamais à l'idée de Napoléon, dans quelque domaine que ce soit, d'installer des institutions supranationales.

Heureusement, l'on possède, d'autres témoignages plus probants desquels on peut déduire les idées du Premier Consul et de l'Empereur : ce sont ceux que l'on peut extraire de sa correspondance, des lois et décrets qu'il a promulgués, des instructions qu'il a données à ses ministres et à ses hauts fonctionnaires, ce sont ceux aussi des hommes de plume à ses ordres. Avec ces documents, l'on sort des intentions exprimées a posteriori, pour passer à la pratique politique et c'est à travers les actes de Napoléon que l'on peut tenter de saisir les intentions qu'ils traduisaient, donc ce que leur auteur attendait de l'Europe et ce qu'il voulait pour elle. Mais avant de poursuivre plus avant dans cette voie, et de tenter d'expliquer les réponses apportées aux deuxième et troisième questions posées tout à l'heure il faut ouvrir une parenthèse et parler de l'héritage reçu par le Premier Consul. Dans l'héritage qu'il a reçu le dix-neuf Brumaire, Napoléon a trouvé une guerre inexpiable déclenchée en 1792, entre deux principes, la Révolution dont la France s'est faite le champion, l'Ancien Régime défendu par les puissances coalisées contre elle. Depuis les traités de Westphalie de 1648, l'Europe courait après la paix, pourtant elle croyait avoir découvert le moyen de la maintenir, grâce à la pratique de l'équilibre européen, ce grand fondement du système diplomatique de l'Ancien Régime qui pouvait être défini comme la pratique politique qui interdisait aux grands États d'acquérir une prépondérance menaçante pour les États secondaires et qui sanctionnait cette interdiction par des coalitions aux contours sans cesse changeants. Son ambition était de chercher à garantir la paix au moyen d'une égalité de forces entre les puissances capables de déchaîner la guerre. Cet équilibre européen ne fut souvent que le résultat des intrigues des diplomates. C'est pourquoi, sans doute, il était demeuré fragile, instable, ne tenant que par des combinaisons trop artificielles pour résister à tous les coups de force.

La Révolution devait mettre à mal l'équilibre européen inventé par les diplomates de l'Ancien régime pour maintenir tant bien que mal la paix en Europe ; elle devait être à l'origine de tous les nationalismes qui allaient pour longtemps rendre impossible la tâche de ceux qui voulaient construire une Europe unie de son plein gré. Surtout, en substituant aux guerres de mercenaires, jeux de princes, la guerre patriotique, la nation en armes, la mobilisation de toutes les forces économiques, intellectuelles, morales aussi bien que militaires, la Révolution avait créé le prototype du conflit total engageant les nations corps et âme dans la lutte, annonçant ainsi les antagonismes des XIXe et XXe siècles. Par ses excès, la politique de la Révolution française devait provoquer de vives réactions parmi les populations des pays occupés. Des soulèvements sanglants annonçant ceux de l'Espagne, du Tyrol, de l'Italie du Sud sous Napoléon, se produisirent en Italie, dans les cantons suisses en 1798, en Belgique en 1799. De la Révolution et en particulier du Directoire, Napoléon hérita aussi d'un certain nombre de conceptions et de pratiques qu'il devait mettre en pratique dès son arrivée au pouvoir, ce qui après cette parenthèse va conduire à expliquer les réponses données à la deuxième et à la troisième questions posées tout à l'heure et qu'il faut rappeler maintenant : oui, Napoléon a bien eu des idées sur l'organisation de l'Europe, non il n'a jamais songé à sacrifier les intérêts de la France à ceux de l'Europe.

Vis-à-vis de l'Europe, la politique complexe de Napoléon a été largement inspirée par ce que, lui-même, les contemporains et, après eux, les historiens, ont appelé le système continental dont, il faut l'avouer, les uns et les autres se sont bien gardés de donner une définition précise. Dans une très large mesure, c'est une conception héritée du Directoire qu'il a perfectionnée. Déjà le Directoire avait compris que le conflit qui opposait la France de la Révolution aux puissances d'Ancien Régime était autant une guerre d'intérêts qu'une guerre idéologique. Déjà le Directoire avait, pour assurer la sécurité de la France, tenté de l'entourer d'États, à qui l'on a donné le nom de « républiques surs », dont l'organisation politique et sociale était calquée sur celle de la République française et sur lesquels elle exerçait une sorte de suzeraineté, notamment en dirigeant leur politique extérieure. Le Directoire s'était aussi fait le défenseur des intérêts de tous ceux qui, en France, rêvaient d'en découdre avec l'Angleterre pour la domination économique du vieux continent. C'est ainsi que l'annexion de la rive gauche du Rhin fut alors souhaitée, indépendamment de toutes les questions de sécurité, parce que cela devait favoriser l'industrie et le commerce français et permettre de mieux assurer la domination économique de la France sur l'Europe centrale. Ce souci d'accroître la puissance économique de la France avait entraîné le Directoire, tout en poursuivant l'exploitation des pays occupés, à arracher des concessions économiques aux pays vaincus contraints de signer la paix. C'est ainsi que les traités de paix signés en 1796 avec le Wurtemberg et le Bade leur imposèrent d'accepter le libre transit des marchandises françaises à travers leur territoire, ainsi que l'application à la France, sans réciprocité, de la clause de la nation la plus favorisée. Enfin le Directoire avait promulgué la loi douanière du 10 brumaire an V, autrement dit du 31 octobre 1796 ­p; cette loi au nom de laquelle furent, sous le Consulat et l'Empire, jugées la plupart des affaires de contrebande ­p; loi qui prévoyait la prohibition de tous les produits du commerce et de l'industrie britanniques. Mais l'article 5 de la loi qui lui donnait toute son importance, élargissait presqu'à l'infini la notion de « marchandise anglaise » : « sont réputés provenir des fabriques anglaises, quelle qu'en soit l'origine, les objets ci-après importés de l'étranger... ». Suivait une longue liste de produits qui n'épargnait que les matières premières nécessaires à l'industrie française et les toiles de lin ou de chanvre que la France produisait en abondance ; « Quelle qu'en soit l'origine », la précision était redoutable car tous les produits étrangers étaient considérés comme des produits britanniques, même ceux originaires des pays neutres, même ceux qui provenaient des pays alliés de la France. Le Directoire avait donc inauguré une politique, à laquelle Napoléon apportera l'efficacité qui lui manquait, politique tendant à favoriser l'industrie française, d'une part en la protégeant de toute concurrence étrangère, de l'autre, en lui assurant des débouchés dans les pays occupés, neutres ou vaincus. La politique de Napoléon en Europe a été, on doit le répéter, largement inspirée parce que l'on a pris l'habitude de désigner sous le nom de système continental que, comme l'avaient fait les contemporains, les historiens ont confondu souvent avec le Blocus continental. Il faut le définir comme une conception napoléonienne de l'organisation politique, institutionnelle, sociale et économique, non pas de l'Europe, mais des différents États qui la composaient. Dès le début, Napoléon a pensé que la tranquilité de la France ne serait assurée que si disparaissait, en Europe, l'antagonisme entre la Révolution et l'Ancien Régime. À cet effet, il a voulu établir entre la France et les puissances continentales, un glacis de pays alliés, tout en souhaitant que chaque État du continent transformât profondément, en particulier par le moyen du Code civil, ses institutions politiques et sociales, ses murs, sa civilisation, sur le modèle de la France napoléonienne, c'est-à-dire de la France issue de la Révolution. Donc deux aspects dans le système continental : assurer la sécurité de la France, transformer les États européens selon le modèle français, dans le but d'assurer la paix sur le continent.

Il serait tout à fait faux de croire que Napoléon a cherché, systématiquement, à unifier l'Europe en répandant les bienfaits de la Révolution française du Guadalquivir à la Moskowa, il est tout aussi inexact de penser qu'il aurait pu le faire mais ne l'a pas voulu. En effet le système continental n'était pas, à proprement parler, un programme d'organisation de l'Europe, mais bien plutôt un souhait de modernisation de chacun des États qui la composaient, une modernisation dans laquelle la France aurait joué le rôle de modèle. Napoléon pensait que la prépondérance et le prestige qu'elle avait acquis grâce au succès de ses armées, convaincraient les autres puissances de la supériorité de son système institutionnel, de son organisation sociale et feraient naître chez elles le souci de se moderniser. Il faut insister sur les termes de modernisation, de modernité, car dans les régions où la domination napoléonienne a été contestée par les armes, c'est-à-dire pratiquement durant toute la période en Italie du sud et, à partir de 1808 en Espagne, comme dans le Tyrol en 1809, on a vu, certes, intervenir le sentiment national, mais aussi le refus de la modernisation. Napoléon voulait donc convaincre les autres États de la nécessité de se moderniser, malheureusement, dès le départ, le système continental fut miné, de l'intérieur, par le fait que Napoléon ne concevait sa politique européenne qu'en fonction des intérêts de la France et cela même durant la brève période de paix qui a suivi, en 1802, la signature du traité d'Amiens avec l'Angleterre. Il en a été de même avec le retour de la guerre. Par sa durée, son âpreté, elle va pousser Napoléon à soumettre toujours plus étroitement l'Europe à l'hégémonie politique et économique de la France, politique qui devait dresser contre elle les peuples asservis. Enfin son acharnement à défendre les intérêts égoïstes de la France est responsable de l'échec du Blocus continental, c'est-à-dire de la tentative de constituer d'un front économique européen dans le but de lutter contre l'impérialisme économique de la Grande-Bretagne, politique dont bien des Européens, en particulier en Allemagne, approuvaient le principe. C'est le Blocus continental qui lui a permis d'esquisser, plus que de réaliser, une union économique du continent européen, certes dirigée contre l'Angleterre, mais destinée, avant tout, à jouer en faveur de l'économie française. À cause de cette ambiguïté, Napoléon devait décevoir bon nombre d'Européens et sa politique allait finalement échouer. En regardant les choses d'un peu près l'on s'aperçoit que Napoléon, avant même la reprise de la guerre en 1803, s'est refusé à sacrifier les intérêts français à ceux d'autres États avec qui il souhaitait vivre en paix mais, comme l'a écrit Marcel Dunan, « peut-être à agir en Européen se fût-il heurté à une opposition française irréductible » ?

En effet l'on ne peut qu'être frappé de l'âpreté avec laquelle Napoléon défend les intérêts français. Quelques semaines après Iéna, Jomini, attaché à son état-major installé alors à Berlin, entreprit d'exposer à l'Empereur sa conception d'un système fédératif européen où tout aurait été commun « les efforts, les sacrifices, les récompenses » ; il s'attira cette sèche réplique : « je vous connaissais bien comme un bon militaire, mais je ne savais pas que vous fussiez mauvais diplomate ». On s'aperçoit, en effet, que dans tous les domaines, militaire, politique, diplomatique, économique, Napoléon entendait subordonner étroitement les autres pays, aux intérêts français. Dans le domaine économique, par exemple, l'on possède de nombreux témoignages qui concordent pour montrer que Napoléon a toujours placé les intérêts de la France avant ceux des autres États européens, fussent-ils ses alliés et, à plus forte raison, neutres ou ennemis. C'est ainsi, que lors des négociations engagées après la paix de Lunéville, avec les princes allemands de la rive droite, en vue de réglementer la navigation du Rhin, Bonaparte selon le mot de Chaptal, « manifesta son intention bien arrêtée de ne sacrifier aucune des villes de la rive gauche en faveur de la rive droite ». Il faut dire que les villes de la rive gauche du Rhin étaient devenues françaises. Ainsi peut-on expliquer que la France, grâce aux privilèges accordés aux ports de Cologne et de Mayence ainsi qu'à leurs bateliers, ait pu exercer un quasi monopole sur la grande navigation rhénane et tirer plus d'avantages que les États allemands riverains de la nouvelle réglementation. Il faut un peu insister sur ce point précis car c'est à ce propos que fut créée une autorité internationale, l'Octroi de Navigation du Rhin qui fonctionna de 1804 à 1831 et fut la seule organisation internationale mise sur pied à l'époque napoléonienne. La politique suivie par le Premier Consul en cette affaire montrait clairement que son intention, en toute circonstance, était de bien servir, d'abord, les intérêts français. Que Napoléon ait toujours été guidé par ce souci, apparaît également, par exemple, dans les admonestations qu'il envoie au prince Eugène, vice-roi d'Italie et à Murat, roi de Naples. Au premier, il écrit, le 23 août 1810 : « Mon principe est la France avant tout... Prenez donc aussi pour devise la France avant tout... ». Suivait un long développement de cette idée présenté sur un ton particulièrement vif. Il faut rappeler, à ce propos, que Napoléon était également roi d'Italie et que les rapports existants entre Paris et Milan étaient à peu près de la même nature que ceux établis entre l'Angleterre et l'Irlande au sein de la Grande-Bretagne par l'Acte d'Union de 1800. À peu près à la même époque, il devait rappeler au roi Murat : « Souvenez-vous que je ne vous ai fait roi que pour mon système ». Napoléon ne pouvait dire plus clairement que l'organisation qu'il avait donnée à l'Italie n'avait d'autre but que de servir les intérêts français.

Ce qui était vrai pour l'Italie l'était également pour d'autres régions de l'Europe. On s'aperçoit, notamment qu'il a toujours rêvé d'y étendre les débouchés de l'industrie française. Dans un rapport qui lui est adressé en juillet 1804, on peut lire : « ... On peut espérer et se flatter même que pour peu que les circonstances la favorisent, elle il s'agit de l'industrie française, étendra un jour ses débouchés au dehors et deviendra la branche la plus solide et la plus féconde du commerce national ». Il ressort de ce document que l'industrie française doit avoir le monopole du marché, non seulement en France, mais sur tout le continent européen. Montgaillard, un des conseillers de l'Empereur, un de ceux qui inspirèrent le décret de Berlin de novembre 1806 qui établissait le Blocus continental, Montgaillard donc, précisait que la victoire de la France sur l'Angleterre serait accompagnée de la substitution de son hégémonie économique à celle de sa rivale. Quelques mois plus tôt, au moment où Napoléon mettait sur pied la Confédération du Rhin, ce même Montgaillard avait écrit : que « les princes et les États de l'Allemagne devaient être les colonies continentales de l'Empire », c'est-à-dire comme celles d'outre-mer, des territoires d'où la France pourrait tirer des subsistances et des matières premières et où elle placerait les produits de son industrie. Quand on sait que, jusqu'alors, les relations entre colonies et métropole avaient toujours, ou presque, étaient organisées selon les principes de ce que l'on appelait le Pacte colonial ou l'Exclusif, faisant de chaque territoire d'outre-mer une chasse gardée pour sa métropole, on peut imaginer facilement ce que signifiait, appliquée aux États allemands, l'expression « colonies continentales de l'Empire ». Encore une citation et un exemple, consacrés à l'Allemagne : peu après l'annexion à l'Empire, à la fin de 1810, des territoires allemands des rivages de la mer du Nord, Napoléon exige que tout le commerce qui se faisait par voie de terre entre les ports hanséatiques de Brême, Hambourg et Lubeck, désormais français, se fasse, « par la route de Wesel » c'est-à-dire à travers des pays qui sont tous en son pouvoir et abandonne, « la route de l'Allemagne », c'est-à-dire traversant des pays germaniques qui avaient conservé une ombre d'indépendance. Des citations et des exemples de ce genre sont, parce qu'ils s'appuient sur des faits et non sur des paroles, bien plus révélateurs des intentions de Napoléon à l'égard de l'Europe, que les propos tenus à Caulaincourt ou à Las Cases évoqués au début de cette étude. Cette présentation, à grands traits, des principes qui ont guidé la politique de Napoléon vis-à-vis des autres États européens, conduit à la quatrième question posée au début : y a-t-il eu ou non une Europe napoléonienne ? La réponse est oui, à condition de préciser que, sur le terrain, il y en eut en réalité deux : celle du système continental, celle du Blocus continental. Celle du système continental fut celle où la domination napoléonienne s'exerça le plus fortement. C'est celle qui devait assurer la sécurité militaire de la France en constituant, au-delà de ses frontières, un glacis d'États alliés destinés à en éloigner les bases de départ des armées des trois grandes puissances continentales d'Ancien Régime : l'Autriche, la Prusse et la Russie. L'Europe du système continental c'était aussi celle dans laquelle Napoléon pouvait puiser des soldats, celle dont il entendait assujettir étroitement l'économie à l'économie française, c'était également celle dont il attendait qu'elle se modernisât sur le modèle de la France. Cette Europe du système continental comprenait l'Empire français proprement dit, les États du système familial, la Confédération suisse, la Confédération du Rhin, le grand-duché de Varsovie.

Dans cette Europe du système continental, les impulsions venaient de l'Empire français, démesurément étendu puisqu'en 1811, l'on pourra parler de l'Empire des 130 départements, expression inexacte, car l'Empire finira par en compter 134, auxquels s'ajouteront les six intendances civiles des Provinces Illyriennes. L'extention du territoire français se fit en plusieurs étapes. Toutes ces acquisitions, dont une bonne partie se firent aux dépens de pays alliés de la France, eurent pour but, les unes d'assurer sa sécurité militaire, les autres, de rendre plus efficace la lutte contre le commerce britannique. Seules les annexions exécutées dans le but d'assurer la sécurité militaire de la France relevaient du système continental, les autres visant à interdire l'Europe aux marchandises, du Blocus continental, toutes aboutirent à accroître l'influence politique et économique de la France en Europe. Sous le Consulat, les traités qui, l'un après l'autre, devaient ramener la paix sur le continent, se traduisirent par des acquisitions de territoires. La plus spectaculaire de celles-ci fut l'incorporation, à la France, de toute la rive gauche du Rhin, consécutive à la paix de Lunéville signée le 9 février, non seulement avec l'Autriche, mais aussi avec le Saint-Empire romain germanique. Il faudrait aussi parler du traité signé avec le royaume de Naples le 29 mai 1801 qui cédait à la France, l'île d'Elbe, la principauté de Piombino, et, sur le littoral de Toscane, des ports appelés les présides de Toscane. Bien entendu, ces annexions se firent sans consultation des populations en contradiction avec le principe de libre-disposition des peuples que la Révolution française avait un instant proclamé. Il y eut aussi, en pleine paix, des annexions et la pose de jalons en vue d'annexions futures, dictées par des raisons stratégiques et économiques. Le souci stratégique apparaît nettement lorsque le Premier Consul entreprend de s'assurer les cols des Alpes, de manière à permettre aux troupes françaises de converger rapidement vers Alexandrie, Turin et Milan. À cet effet, le 28 août 1802, le canton du Valais fut détaché de la République helvétique et les armées françaises obtinrent le droit de passage permanent dans la haute vallée du Rhône, avec l'accès aux cols du Grand Saint-Bernard et du Simplon et ; le 11 septembre, fut officialisée l'annexion du Piémont, jusqu'alors occupé militairement. De même, en prenant possession, à la fin de 1802, du duché de Parme et de la ville de Plaisance qui, pourtant ne seront officiellement annexées qu'en 1808, Bonaparte n'avait pas perdu de vue l'importance stratégique de Parme qui commandait le principal pont sur le Pô et les passages de l'Apennin vers l'Italie centrale. Toutes ses annexions dictées par des motifs d'ordre stratégique montrent bien que Napoléon a toujours voulu assurer la sécurité de la France fût-ce aux dépens de l'indépendance d'autres peuples.

L'Empire fut aussi agrandi à la suite d'annexions dictées par des raisons économiques, comprenons par là le souci d'exclure les marchandises anglaises du continent européen et, si possible de les remplacer par des marchandises françaises. Dans ce cas, encore, il y eut des annexions prononcées alors que la paix régnait encore sur le continent. C'est ainsi que la République ligurienne fut annexée à l'Empire le 6 juin 1805, bien que, dès juin 1803, le Sénat de Gênes ait proscrit les marchandises anglaises. À partir de 1806, le Blocus continental va entraîner l'annexion de territoires parce que Napoléon était mécontent de la manière dont il y était appliqué. Ainsi, les États du Pape furent-ils annexés à l'Empire en 1808. En 1810, pour fermer le littoral de l'Adriatique aux produits anglais, furent créées et annexées les Provinces Illyriennes, constituées de territoires cédés par l'Autriche à la paix de Presbourg de décembre 1805 et à la paix de Vienne en 1809, auxquels vint s'ajouter la République de Raguse, annexée en 1808. L'année 1810, fut, en pleine paix continentale, celle des grandes annexions, toutes aux dépens de pays neutres ou de pays alliés de la France. En deux fois, le 16 mars et le 9 juillet 1810, absorption du royaume de Hollande ce qui signifie que Napoléon n'a pas hésité à détrôner un de ses frères, à faire disparaître son État. Le 13 décembre 1810, sont annexées les villes hanséatiques, territoires neutres, une partie du grand-duché de Berg, dont le véritable souverain est alors Napoléon lui-même, et cinq États allemands indépendants mais alliés de la France. En novembre, le Valais déjà occupé militairement est annexé à son tour. La deuxième annexion sera celle de la Catalogne, enlevée à Joseph, roi d'Espagne, le 26 janvier 1812. On le voit, aucun État neutre ou allié, fût-il aux mains d'un membre de la famille n'était à l'abri d'une annexion. C'est dans les pays annexés à la France que l'uvre de modernisation entreprise par Napoléon a été menée le plus loin, c'est là que le système continental a connu sa plus parfaite application, parfois même avec une rapidité étonnante, ainsi dans les départements de l'Allemagne du nord de 1811 à 1813. Le régime français a toujours été appliqué intégralement à chaque territoire dès son annexion, même s'il a fallu parfois ménager des transitions, pour tenir compte de conditions économiques ou sociales assez différentes de la France où la Révolution avait déjà passé. Lorsqu'en 1814, les pays annexés depuis 1801, furent enlevés à la France, les nouveaux maîtres conservèrent, le plus souvent, dans les réformes qui avaient accompagné la domination française, celles auxquelles les habitants tenaient le plus, le Code civil, l'abolition de l'Ancien Régime, avec l'introduction de l'égalité civile, la suppression de la dîme, la fin du régime féodal, l'instauration de la liberté d'entreprise, la vente des biens d'Église, l'organisation judiciaire, le système représentatif, au moins pour les communes et les assemblées locales.

Au-delà de l'Empire proprement dit, l'Europe du système continental, comprenait ce que l'on peut appeler les États du système familial, et les pays liés à la France par des conventions internationales : la Confédération suisse, la Confédération du Rhin. Tous ces États avaient en commun d'être étroitement soumis à la France. Napoléon installa ainsi, sur des trônes, dans l'ordre chronologique : son beau-fils Eugène de Beauharnais comme vice-roi d'Italie, sa sur Elisa comme princesse de Lucques et Piombino, son frère Louis comme roi de Hollande, son beau-frère Murat, comme grand-duc de Berg puis comme roi de Naples, Joseph comme roi de Naples puis comme roi d'Espagne, Jérôme comme roi de Westphalie, son beau-fils Eugène, comme héritier présomptif d'un grand-duché de Francfort qu'il crée en 1810. Il ne faut pas croire que Napoléon a ainsi créé des trônes dans le seul but d'obliger sa famille. S'il l'a fait, c'est qu'il était animé par la conviction qu'aucun Français n'appliquerait mieux que ses frères les principes du système continental et, en même temps, n'accepterait plus facilement de se soumettre à la politique hégémoniale de la France. C'est ainsi que Napoléon finira par détrôner son frère Louis roi de Hollande, quand il en aura assez de voir que celui-ci se montre plus disposé à défendre les intérêts de ses sujets hollandais que ceux de la politique napoléonienne, quand il se convaincra que le Blocus continental serait mieux appliqué si le pays était réuni à l'Empire. À l'intérieur des États du système familial, il y a par la volonté de Napoléon une tendance à l'unification des lois et des peuples, comme à la simplification de la géographie politique. Les principes français y pénètrent plus ou moins profondément : le code égalitaire, la laïcisation de l'État, l'abolition du régime féodal, plus ou moins poussée, mais rarement aussi parfaitement qu'en France, sauf en ce qui concerne l'abolition de la dîme. Partout sur ordre de l'Empereur s'exécutent de grands travaux publics : routes, ports, etc. Liés à la France par d'étroites alliances offensives et défensives, par une sujétion militaire et souvent fiscale, leur indépendance nominale masque mal la réalité, c'est-à-dire la domination de l'Empereur. Il faut dire que les constitutions que reçurent ces États ne furent pas rédigées sur place mais imposées depuis Paris.













Au-delà des États du système familial, il y avait la Confédération suisse dont Bonaparte avait reçu le titre de médiateur en 1802. Il laissait une large autonomie aux cantons et ne leur demandait que des soldats, des impôts et l'application des lois douanières françaises. Depuis 1806, Napoléon était protecteur de la Confédération du Rhin. En 1803, il avait déjà considérablement réduit le nombre des États allemands, le faisant passer de 296 à moins de 50. En 1806, à sa demande, 16 États allemands s'étaient séparés de l'Empire germanique, qui sera dissous peu après, et avaient formé entre eux une Confédération du Rhin qui finira par regrouper 40 États, c'est-à-dire tous les États allemands à l'exception de l'Autriche et de la Prusse. Tous les États membres s'étaient engagés, par traité, à fournir des contingents aux armées de Napoléon et à entretenir les troupes françaises stationnées sur leur territoire. C'était d'ailleurs la même chose pour les États du système familial.

Dans cette confédération du Rhin, entreront trois États du système familial, le grand-duché de Berg, confié à Murat puis, en fait à Napoléon lui-même qui, à partir de 1808, exercera la régence durant la minorité du nouveau grand-duc, Charles-Bonaparte, frère aîné du futur Napoléon III, le royaume de Westphalie, confié à Jérôme, enfin le grand-duché de Francfort donné à l'archevêque Dalberg, primat de Germanie mais qui, à la mort de celui-ci, devait revenir au prince Eugène. Il faut insister sur deux de ces États : le grand-duché de Berg et le royaume de Westphalie car il entra exactement dans les vues de Napoléon de les utiliser, pour convaincre les autres États allemands de la supériorité du système français et les inciter à l'adopter chez eux.

Après l'écrasement de la Prusse en 1806, on entend souvent Napoléon parler de « conquêtes morales » dont il est convaincu qu'elles devraient suivre les conquêtes militaires. Il décida alors d'ériger le grand-duché de Berg et le royaume de Westphalie en « états modèles », le terme est de lui. À propos de leur administration il écrira à Roederer, secrétaire d'État pour le duché de Berg : « cette administration doit être l'École normale des autres états de la Confédération du Rhin ». Ce qui voulait dire que les États modèles, copie de l'Empire dans l'Allemagne soumise à Napoléon, devaient apprendre, par l'exemple, aux autres États à se moderniser. Le 5 novembre 1807, quand il envoie la constitution du royaume de Westphalie à Jérôme, il y joint une lettre destinée à celui-ci, dans laquelle il rappelle que dans le nouvel État, souverain et gouvernement doivent se soumettre à la constitution, que leur devoir consiste à diriger le pays selon les principes de liberté, d'égalité et de justice, et à se soucier du bien-être du peuple : « ... cette manière de gouverner sera une barrière plus puissante, pour vous séparer de la Prusse, que l'Elbe, que les places fortes et que la protection de la France. Quel peuple voudra retourner sous le gouvernement arbitraire prussien, quand il aura goûté les bienfaits d'une administration sage et libérale ? ».

Autre passage de cette lettre : « ... les bienfaits du code Napoléon, la publicité des procédures, l'établissement des jurys, seront autant de caractères distinctifs de votre monarchie. Et s'il faut vous dire ma pensée tout entière, je compte plus sur leurs effets, pour l'extension et le raffermissement de votre monarchie, que sur le résultat des plus grandes victoires. Il faut que vos peuples jouissent d'une liberté, d'une égalité, d'un bien-être inconnus aux peuples de la Germanie, et que ce gouvernement libéral produise, d'une manière ou d'une autre, les changements les plus salutaires au système de la Confédération... ». La méthode des États-modèles est là pour nous rappeler qu'en dehors du système familial Napoléon ne chercha jamais à imposer, mais plutôt à convaincre. Un bon exemple, le Code civil ; on ne connaît qu'un seul cas, en dehors des États du système familial, où il l'imposa, ce fut dans le grand-duché de Varsovie.

Les États modèles ont-ils réussi dans leur mission ? Oui et non. Oui, lorsque l'on voit, qu'à l'époque, la bureaucratie réformatrice des États de la Confédération du Rhin, et aussi l'administration prussienne, ont considéré le royaume de Westphalie ou le grand-duché de Berg, comme l'exemple de ce qu'il fallait faire. Les réformateurs des États du sud de l'Allemagne ont tous tourné leurs regards vers le modèle westphalien. Par exemple, ils adoptèrent de nombreuses dispositions de sa constitution ou bien organisèrent leurs finances à l'image des siennes. Même les réformes de l'État prussien s'inspirèrent elles aussi de l'État-modèle westphalien. Il existe, par exemple, un rapport direct entre l'émancipation des Juifs en Westphalie et leur émancipation en Prusse.

Et pourtant, l'on peut également dire que la politique suivie dans les États-modèles de Berg et de Westphalie a échoué. En effet, après les défaites de Russie, les deux premiers États allemands qui se soulevèrent sur les arrières des débris de l'armée prussienne, plusieurs mois avant les défaites de l'automne 1813 en Saxe, furent précisément le royaume de Westphalie et le grand-duché de Berg. Personne dans ces deux États ne bougea pour défendre le régime napoléonien : ni les paysans, ni les artisans, ni les commerçants, ni la noblesse. Tout simplement parce que la lourdeur de la domination française avait fini par faire oublier les bienfaits apportés par le système continental.

Conduite par Napoléon lui-même dans les pays annexés à l'Empire, imposée par lui à ses frères dans les États du système familial, provoquée ailleurs à son imitation, la politique de transformation de l'État et de la société, là où elle fut engagée, car elle ne le fut pas partout, le fut par des princes qui pensaient que cela accroîtrait l'efficacité de leur pouvoir et leur permettrait de satisfaire plus facilement aux exigences militaires et économiques de la France.

À l'intérieur des États du système familial il y eut, de par la volonté de Napoléon, une simplification de la carte politique mais surtout une tendance très nette à l'unification des lois et des peuples, ce qui était l'un des objectifs du système continental.

En dehors des États du système familial, les transformations de l'État et de la société furent plus ou moins poussées car Napoléon ne pouvait agir que par la pression diplomatique, si bien que, nulle part, il y eut adoption intégrale du modèle français. On le voit bien à propos du Code civil. Dans les États non annexés à la France, il ne fut pleinement appliqué que dans le royaume d'Italie (encore sans le divorce), le royaume de Westphalie, les Provinces Illyriennes, les grands-duchés de Berg, de Francfort et de Varsovie. Non sans avoir subi d'importantes retouches, il le fut dans le royaume de Naples et dans le grand-duché de Bade. Résumons, hors du système familial, seuls le grand-duché de Varsovie et celui de Bade ont donc adopté le Code civil.

En effet, là où Napoléon ne gouvernait pas personnellement ou par un napoléonide interposé, il était tenu à des ménagements et son action était plus ou moins profonde. En exagérant un peu, on pourrait dire que plus Napoléon se montrait exigeant en fournitures de soldats ou en matière d'observation du Blocus continental et moins il était porté à imposer des réformes. Obligée à des ménagements, l'action de Napoléon fut donc moins profonde qu'il l'eût sans doute souhaité.

Il y eut des États, comme par exemple le royaume de Saxe ou les deux duchés de Mecklembourg qui ne se transformèrent absolument pas. Les États qui se transformèrent le plus furent ceux, comme la Bavière, par exemple, qui avaient déjà commencé à le faire à l'époque du despotisme éclairé. Là où les princes s'intéressèrent à la réforme de l'État ce fut pour adopter, à l'exemple français, un système renforçant leur pouvoir et rendant leur administration plus efficace, d'où la création d'une administration centrale avec ministres, Conseil d'État, etc. D'où la mise sur pied d'administrations centrales et spécialisées : Ponts-et-Chaussées, Eaux-et-Forêts, Contributions directes et indirectes, etc. Cela entraîna la création d'un corps de fonctionnaires payés, nommés et révoqués par l'État ainsi que la réforme du recrutement de l'armée sur la base de la conscription. Il y eut réforme de la justice avec l'institution de tribunaux hiérarchisés et l'introduction du système du jury. La réforme fiscale fut marquée par la simplification du système des impôts, la fixation d'une meilleure assiette, l'abolition des privilèges fiscaux de la noblesse et du clergé, la liquidation de la dette publique par la vente des biens de l'Église. Ainsi, peu à peu, là où les États se réformèrent, disparurent les privilèges et les particularismes, l'administration fut centralisée, uniformisée, simplifiée, spécialisée.

Là où elle fut ébauchée, la réforme de la société fut infiniment moins profonde que celle de l'État. Contrairement à une idée encore très répandue, le Code civil, il faut le répéter, fut bien loin, d'être adopté partout. Seul le servage fut aboli à peu près complètement partout. Il ne subsistera guère qu'en Russie, où l'on sait qu'au début de la campagne, Napoléon, dans l'espoir d'amener plus facilement le tsar à conclure la paix, avait décidé de ne pas émanciper les serfs mesure qui, peut-être, lui eût permis d'avoir le peuple russe à ses côtés. La dîme ne sera maintenue que dans le grand-duché de Francfort. En ce qui concerne les corvées et les redevances féodales et seigneuriales, on alla de leur abolition totale, comme dans les pays annexés ou le royaume d'Italie, jusqu'à leur maintien absolu comme en Wurtemberg, en passant par l'obligation d'un rachat total ou simplement partiel. Partout, en revanche, le clergé fut réduit au droit commun, presque partout ses biens furent confisqués et les couvents totalement supprimés ou considérablement réduits en nombre.

Cette politique qui tendait à rapprocher le plus possible les institutions politiques et sociales de celles de la France ne fut souhaitée et encouragée par Napoléon que dans les États européens à qui il avait imposé d'être ses alliés, car cette Europe du système continental est aussi celle du système d'alliances napoléonien. Ces alliances qui unissaient la France à chacun des États du système familial, à la Confédération du Rhin, à la Confédération suisse, avaient toutes été conclues à la suite de négociations diplomatiques suivies par la signature de traités, mais de traités ressemblant fort à ceux que les puissances occidentales imposèrent à la Chine au XIXe siècle et que les Chinois appelèrent des traités inégaux, dans la mesure où il existait un incontestable déséquilibre des forces en faveur de l'un des négociateurs.

Ces alliances faisaient de toute guerre dans laquelle serait impliqué l'un des signataires, une affaire commune à tous. Cela voulait dire que la France assurait seule la direction diplomatique de l'alliance, qu'il n'y avait jamais, ni sommet des chefs d'États, ni conférence des ministres des Affaires étrangères ou des ambassadeurs. Napoléon faisait savoir à ses alliés qu'il allait entrer en guerre et ceux-ci étaient priés de bien vouloir mettre à sa disposition les contingents militaires convenus. Jamais, par exemple, Napoléon ne consulta ses alliés du système : Italiens, Allemands, Suisses, Polonais, ni ceux hors du système : Prussiens et Autrichiens sur l'opportunité de la guerre de 1812 contre la Russie. Il décida, ils obéirent.

Il n'y avait pas de conversations d'états-majors, ni de commandement intégré. Les généraux étrangers n'étaient absolument pas admis à la préparation des plans de campagne. Leurs troupes, même avec leurs propres uniformes, leur propre encadrement, étaient toutes incorporées dans des corps d'armée français, sous le commandement d'un maréchal ou d'un général français. Jusqu'en 1814, le royaume d'Italie dut ainsi fournir 218.000 hommes, celui de Naples 60.000, l'Espagne 15.000 en permanence, la Confédération du Rhin 120.000, la Suisse 10.000, la Hollande 36.000 et il faudrait encore ajouter les 90.000 Polonais. Disons qu'en gros, alors que l'Empire, c'est-à-dire la vieille France et les pays annexés, dut fournir environ 2.200.000 hommes, les États du système continental en apportèrent au moins, 550.000.

Intégration hégémoniale dans le domaine diplomatique et militaire mais aussi, et cela est plus inattendu, dans le domaine social. En effet Napoléon financera la politique sociale qu'il menait à l'intérieur de son empire à l'aide de ressources fournies par les États du système familial. On sait qu'à partir de la fin de 1805., Napoléon ne cacha plus son intention d'instaurer, dans son Empire, une noblesse de titre et non de race. Dans une première étape, il créa, en faveur des membres de sa famille des principautés et des grands fiefs dont l'assise territoriale était située hors de France. C'est ainsi, par exemple, qu'Elisa reçut, successivement, les principautés de Piombino et de Lucques. Au cours de l'année 1806, Napoléon érigea douze provinces du royaume d'Italie en duchés, grands fiefs de l'Empire français : Dalmatie (Soult), Istrie (Bessières), Frioul (Duroc), Cadore (Champagny), Bellune (Victor), Conegliano (Moncey), Trévise (Mortier), Feltre (Clark), Bassano (Maret), Vicence (Caulaincourt), Padoue (Arrighi), Rovigo (Savary) ; six fiefs dans le royaume de Naples, deux principautés : celle de Bénévent (Talleyrand), et Ponte-Corvo (Bernadotte) et quatre duchés : Gaëte (Gaudin), Otrante (Fouché), Reggio (Oudinot), Tarente (Macdonald), trois fiefs dans les États de Parme et de Plaisance : les trois duchés de Plaisance (Lebrun), Parme (Cambacérès), Guastalla (Pauline Bonaparte), dans la principauté de Piombino, un duché de Massa et Carrare (Régnier). Ces duchés ne consistaient qu'en un titre et à des revenus qui lui étaient attachés, par exemple 100.000 francs de rente annuelle pour les ducs d'Istrie et de Dalmatie. Toutes les rentes attachées à des grands fiefs situés dans le royaume d'Italie, devaient être payées par le budget de celui-ci, ce qui représentait pour lui une charge annuelle de 800.000 F or par an. Quant aux fiefs, situés ailleurs que dans le royaume d'Italie, leur rente était assise sur les revenus de Biens Nationaux affectés à cet effet et qui n'étaient pas vendus. Par exemple, dans la principauté de Lucques et Piombino, des biens nationaux d'une valeur de millions de francs, assuraient les 200.000 F de rente annuelle attachée au duché de Massa et Carrare.

Napoléon se réserva également une partie des revenus des États du système : familial pour servir des rentes en faveur de personnages titrés ou non, de généraux, d'officiers ou de soldats qu'il voulait récompenser, bref pour doter les uns et les autres aux frais de ses alliés. Par exemple, dans le royaume d'Italie, les revenus des Monts-de-piété, et du Montenapoleone, à la fois caisse des dépôts et banque d'État durent, constituer des rentes annuelles à concurrence de 1.200.000 F pour récompenser des militaires français que l'Empereur désignerait. Pour le même motif, le service de rentes, la principauté de Lucques et Piombino, le royaume de Naples, le duché de Parme, durent prévoir sur leur budget une somme annuelle, respectivement de 200.000, un million et 800.000 francs. Enfin dans les États italiens du système familial, dans le royaume de Westphalie, dans les grands-duchés de Berg et de Varsovie, on établit en tout environ 6.000 dotations-rentes, d'un revenu annuel total de 30 millions de francs (la plupart variaient entre 500 et 15.000 F) destinées là encore à récompenser des militaires français et qui étaient assises sur les revenus de biens nationaux qui, pour ce motif, furent soustraits de la vente.

L'Europe du système continental fut encore plus assujettie à la France dans le domaine économique qu'elle ne l'était politiquement, diplomatiquement, militairement et socialement. Mais alors que les fournitures d'hommes et de subsides, l'assignation de rentes et de dotations avaient toujours fait l'objet des négociations entre la France et les autres États, les mesures économiques imposées par Napoléon le furent sans discussions préalables. Comme cette politique d'intégration économique hégémoniale s'est appliquée aussi bien dans l'Europe du système continental que dans celle du Blocus continental, il importe, maintenant, de présenter celle-ci.

L'Europe du Blocus continental est plus vaste que celle du système puisqu'elle comprend, théoriquement, tous les États du continent. Les « adhésions » au Blocus s'étalèrent du 27 novembre 1806, date à laquelle la ville libre de Hambourg décida d'appliquer le décret de Berlin, au 17 novembre 1810 qui vit la Suède en faire autant. Entre temps avaient adhéré : la Russie, la Prusse, l'Autriche, le Danemark. Certains États eurent une attitude fluctuante : on vit, par exemple, l'Autriche adhérer en janvier 1808, puis se retirer de facto au moment de la cinquième coalition, puis adhérer à nouveau après la paix de Schoenbrunn (14 octobre 1809).

À l'intérieur de cet ensemble, Napoléon a conçu non pas l'organisation économique du vieux continent mais celle des rapports économiques entre la France et tous les autres États, en fonction de deux objectifs bien différents et, en partie, contradictoires ; deux objectifs hérités du Directoire. Le premier, qui n'était autre que le système continental dans ses aspects économiques, tendait à assurer la suprématie de l'économie française en lui réservant une sorte de monopole sur les marchés européens, aux dépens s'il le fallait de l'économie des États du continent, ceux-ci étant véritablement considérés comme des colonies de la France destinés à lui fournir des matières premières et à absorber les produits de son industrie. Le second objectif économique que Napoléon voulait atteindre tendait à associer tous les États continentaux à la guerre qu'il menait contre l'industrie et le commerce de l'Angleterre, dans le but de contraindre celle-ci à une paix qu'il ne parvenait pas à lui imposer par les armes. Le Blocus continental visait à lui en fournir les moyens.

Le Blocus continental a permis d'esquisser, plus que de réaliser, une union économique du continent, dirigée certes contre l'Angleterre mais qui, avant tout, devait jouer au bénéfice de l'économie française. Napoléon exigeait, de ses associés, des efforts et des sacrifices pour soutenir sa lutte contre la puissance économique anglaise mais sans renoncer à subordonner les intérêts de leurs propres économies à ceux de l'économie française. À cause de cette ambiguïté, il devait décevoir bon nombre d'Européens et, finalement, échouer. Avant la mise en place du Blocus continental, le 21 novembre 1806, Napoléon poursuivit la politique qu'il avait héritée du Directoire, mais avec infiniment plus d'efficacité. Il appliqua, dans toute sa rigueur, la loi du 31 octobre 1796, déjà évoquée et qui, sous le prétexte de prohiber ceux originaires d'Angleterre, frappait tous les produits fabriqués venant de l'étranger même des pays neutres ou alliés de la France. Deux États allemands alliés : la Saxe et le duché de Berg furent particulièrement atteints par ces mesures. Par la contrainte diplomatique, certains États comme la Turquie ou le Portugal furent tenus, sans réciprocité, d'accorder la clause de la nation la plus favorisée aux marchandises françaises. Seuls les produits fabriqués français pouvaient être admis dans le royaume d'Italie. Par la pression diplomatique, toujours, certains États alliés ou neutres furent contraints à fermer leurs frontières aux marchandises anglaises : ce fut le cas de la Hollande, de l'Espagne, du Portugal, du royaume de Naples et même, en 1805, de la Prusse qui, pourtant était hors du système continental. À plusieurs reprises, la neutralité de certains États fut violée par les armées françaises qui les envahirent pour faire la chasse aux produits anglais. Ce fut, en particulier, le cas des villes hanséatiques. Pour les mêmes raisons, Gênes fut annexée à la France, Joseph placé sur le trône de Naples, Louis sur celui de Hollande.

À aucun moment, Napoléon n'envisagea d'établir, entre les États du système continental, ses alliés sur le plan diplomatique et militaire, une union douanière, sorte de marché commun ou de zone de libre échange avant la lettre. Il maintint toujours, en France, un système prohibitionniste qui jouait même contre ses alliés. En revanche, il empêchait ses mêmes États de frapper les produits français de taxes trop lourdes, c'est ce qui arriva par exemple avec le royaume d'Italie, l'Espagne de Joseph, le royaume de Naples de Murat. Il n'hésita pas à imposer des traités de commerce « inégaux » à certains États alliés. Le royaume de Naples, par exemple, ne pouvait expédier son coton que vers la France, de même le royaume d'Italie avec sa soie brute et ses excédents de blé et de riz. Il fut interdit à la Suisse, à la Bavière, au royaume d'Italie, pourtant alliés de la France, de venir s'approvisionner en soie brute dans le Piémont devenu français, celui-ci devant réserver sa production à la soierie lyonnaise. Napoléon usa aussi de la contrainte pour empêcher les États satellites de faire court-circuit dans le système continental. Il s'opposa toujours à la conclusion d'accords économiques entre ses alliés. C'est ainsi qu'il interdit au grand-duché de Berg de vendre les produits de son industrie dans la péninsule italienne, chasse-gardée de l'industrie française. En 1808, il obligea la Bavière et le royaume d'Italie à rompre un traité de commerce qu'ils avaient signé car il craignait que, par l'intermédiaire de la Bavière, n'entrent en Italie des produits industriels de Saxe ou d'autres régions de l'Allemagne qui auraient pu concurrencer les produits français. Il empêcha, pour les mêmes raisons, le Wurtemberg de signer un accord commercial avec le royaume d'Italie. Donc, même à l'intérieur de l'Europe du système continental, Napoléon ne chercha pas à construire un grand marché unique, une union économique, au contraire, tous ses efforts tendirent à assurer une position dominante à l'économie française.

Dans l'Europe du Blocus continental, la politique française resta la même. On doit définir le Blocus continental, annoncé par le décret de Berlin du 21 novembre 1806, comme l'ensemble des mesures politiques, militaires, diplomatiques, prises unilatéralement par Napoléon pour amener l'Europe à appliquer aux marchandises anglaises les mesures de prohibition dont elles étaient déjà l'objet en France. C'était l'extension à tout le continent, mais sans consultation des pays intéressés, de la législation douanière en usage auparavant à l'intérieur d'un seul. Les États européens ne furent pas davantage associés à l'élaboration des décrets qui, de 1808 à 1810, vinrent compléter celui de Berlin ­p; ils n'eurent donc d'autre issue que de s'y associer de plein gré ou par la contrainte. Il se trouve que, pour développer cette politique anti-anglaise, Napoléon pouvait s'appuyer sur les aspirations d'une large fraction de l'opinion publique continentale, depuis longtemps hostile à l'Angleterre, surtout dans les pays en voie d'industrialisation comme la Prusse, la Saxe, etc. Avant le décret de Berlin, de nombreux ouvrages ou articles de revues de politique et d'économie politique avaient été publiés en Allemagne pour dénoncer l'hégémonie commerciale, le monopole industriel et la tyrannie maritime de l'Angleterre. Même le philosophe Fichte qui devait, plus tard, se révéler, un des plus farouches adversaires de Napoléon y était allé de sa plume en 1804/1805. Il se trouvait que ces sentiments anti-anglais s'accompagnaient, presque toujours, du souhait de voir la France prendre la tête d'une coalition économique contre la Grande-Bretagne. Donc, au départ, Napoléon rencontrait une large approbation dans sa lutte économique contre l'Angleterre. Il devait, malheureusement, gâcher cette chance.

Tout d'abord il voulut agir seul, sans consulter ceux qu'il appelait à lutter à ses côtés. Cette coalition anti-anglaise entre la France et les autres États du continent ne fut dotée d'aucune institution, ni délibérante, ni d'exécution, puisque les décisions et leurs mises en application dépendaient de l'Empereur et de lui seul. Il tenta d'imposer, à tous les états, l'application aux produits de l'industrie et du commerce anglais, le régime dont ils étaient l'objet en France, c'est-à-dire la prohibition et, à partir de la mise en application du décret de Fontainebleau (18 octobre 1810), la destruction, par le feu, de tous les produits fabriqués qui viendraient à être saisis. Pour le reste, chaque État organisait son commerce extérieur à sa guise à la condition, toutefois, de ne pas prendre de mesures défavorables aux produits français. S'il n'y eut jamais d'union douanière, il y eu du moins, dès le décret de Berlin, une législation douanière commune contre les produits anglais, dans les pays qui adhérèrent au Blocus continental et dans ceux occupés par les soldats, voire les douaniers napoléoniens. Napoléon, en particulier, s'obstina à traiter les produits industriels venant des pays participant au Blocus, comme s'ils étaient des produits anglais. Bref, il demandait aux autres des sacrifices, sans leur offrir de compensations en retour. Il se refusa, toujours, à prendre en considération les intérêts économiques vitaux des nations autres que la France. Le Blocus continental pouvait enrichir les nations européennes ­p; en fait bien des Européens firent fortune grâce à lui ­p; mais le système continental, lui, dans ses aspects économiques tendait à les étouffer sans les enrichir. De même que, politiquement, Napoléon voulut « s'entourer de vassaux et non d'alliés, dans le domaine économique il ne connaissait pas d'amis mais seulement des tributaires ». Dans ces conditions, il est facile de comprendre que bien des États répugnèrent à appliquer le Blocus dans toute sa rigueur ; Napoléon devait en faire l'expérience même avec les membres de sa famille qu'il avait installés sur un trône. Ce front commun anti-britannique, trop souvent, ne devait être qu'une fiction. C'est sous la pression diplomatique accompagnée souvent de la menace d'intervention militaire que la plupart des récalcitrants : l'Espagne, l'Autriche, la Prusse, la Suède se soumirent aux décisions de l'Empereur. On vit même Napoléon installer des douaniers français en territoire neutre : ainsi dans les villes hanséatiques en 1806, puis en Poméranie suédoise, dans les duchés de Mecklembourg, dans les États du Pape avant leur annexion. Les troupes françaises furent parfois conduites à lancer de vastes razzias dans les territoires soupçonnés d'abriter des marchandises anglaises de contrebande. La plus spectaculaire eut lieu en novembre 1810, à Francfort, les Rothschild furent parmi les victimes. Plus d'un État soupçonné de tiédeur dans l'application du Blocus y perdit son indépendance : les États du Pape, annexés en 1808, la Hollande, les territoires hanséatiques et certaines principautés de l'Allemagne du nord incorporés en 1810, la Catalogne enlevée à l'Espagne en 1812.

Toutes ces mesures, de même que la pénurie et la cherté des marchandises entraînées par le Blocus, rendirent celui-ci très impopulaire et d'autant plus que l'on sentait bien que Napoléon n'avait en vue que les intérêts de l'économie française. Par exemple, avant d'être annexées à l'Empire, les villes hanséatiques : Brême, Hambourg, Lübeck, avaient été contraintes de n'accepter que les produits industriels français et de refuser l'entrée de leur territoire aux produits fabriqués allemands. Napoléon appelait donc le continent à s'unir contre l'économie britannique et, dans le même temps, faisait tout pour assurer la prépondérance de l'économie française. Dans ces conditions, il n'était pas nécessaire de faire de l'Europe une vaste zone de libre échange bien protégée, à l'extérieur, contre la concurrence britannique. Le besoin d'une monnaie commune, voire simplement celui d'un système unifié des poids et mesures ne se faisait pas sentir. Il y avait d'un côté, l'immense France napoléonienne, bien protégée à ses frontières par une législation douanière prohibitionniste, à l'intérieur de laquelle les marchandises circulaient librement, et de l'autre, il y avait le reste de l'Europe, pourvoyeur de l'Empire français en matières premières et débouché pour les produits de son économie. Cette Europe qui faisait face à l'Empire français restait cloisonnée par des lignes de douanes protectionnistes, Napoléon s'opposant à tout projet d'union douanière entre ses différents États. Ni union économique entre la France et les autres, ni union économique entre les États constituant le reste de l'Europe, mais une hégémonie économique de la France, non accompagnée d'une intégration économique au sens que nous pourrions aujourd'hui donner à ce terme : tel était donc, en ce domaine, le bilan de l'uvre napoléonienne que l'on pourrait caractériser d'une formule : « assujettissement organisé de l'économie des États européens aux intérêts de l'économie française ».

Faut-il pour autant condamner, d'un strict point de vue européen, tous les aspects de la politique napoléonienne ? Absolument pas. Et cela pour plusieurs raisons, disons qu'elle a laissé des traces profondes et ensuite qu'elle a transmis des leçons pour l'avenir. L'héritage napoléonien n'est pas mince. Il ne fait aucun doute que l'effort d'uniformisation par la modernisation, entrepris par Napoléon a été, en gros, apprécié par les peuples. On peut dire qu'en 1814, ceux-ci ont voulu se débarrasser des charges que faisait peser sur eux la domination napoléonienne tout en conservant les avantages qu'elle avait apportés. Ainsi dans les pays vassalisés comme la Bavière, le Wurtemberg, les souverains ne sont-ils pas revenus sur les réformes politiques et sociales qu'ils avaient accordées à leurs peuples, à l'exemple napoléonien. Dans les pays qui avaient été confiés à des princes français, à l'exception de l'Espagne et du royaume de Naples, les nouveaux souverains, après 1815, n'ont pas touché aux réformes de l'époque napoléonienne. Dans les pays annexés qui ont été enlevés à la France pour la ramener à ses frontières de 1789, les nouveaux maîtres, à l'exception du pape, ont fait de même. Ainsi, dans une large partie de l'Europe, cette uniformisation des institutions et des structures sociales, notamment l'abolition du régime féodal a-t-elle survécue à l'éphémère domination napoléonienne, ce qui à plus ou moins long terme devait entraîner, partout, la disparition de l'Ancien Régime, même s'il fallut souvent attendre un peu plus de trente ans pour que cela arrive.

Bon gré mal gré, la domination napoléonienne a également donné naissance à l'idée qu'il pouvait exister une unité économique européenne. Les États européens ont alors commencé à sentir que des liens économiques pouvaient les rattacher les uns aux autres. Napoléon a ouvert des brêches dans bien des murailles qui entravaient le commerce international et, par là-même, il a été le précurseur d'une évolution ultérieure. Sauf en ce qui concerne le sucre et le café, les Européens s'habituèrent à se passer des marchandises britanniques, à se passer aussi des marchés d'outre-mer qui, au XVIIIe siècle avaient permis le prodigieux développement du grand commerce international. Ils comprirent aussi qu'il était également possible d'améliorer les échanges entre les différentes régions économiques du continent. Malgré l'égoïsme économique de Napoléon, son époque vit s'installer une solidarité entre les différentes nations européennes. Les Anglais ne s'y trompèrent pas qui finirent, dans leurs statistiques, par désigner toute l'Europe, y compris la Turquie, par l'expression, « continent soumis au Blocus ». Les Européens soumis à la loi du Blocus furent astreints à une utilisation aussi rationnelle que possible des matières premières et des débouchés que leur laissaient l'exclusion des produits anglais et la fermeture des mers. Ils prirent conscience qu'il pouvait exister entre eux une communauté très réelle des intérêts et ce, malgré, l'égoïsme français dont ils étaient les victimes.

La domination napoléonienne a aussi laissé des infrastructures qui matérialisaient sur le terrain cette communauté d'intérêts et qui, ultérieurement, favoriseront le développement économique de bien des pays d'Europe. En raison de la paralysie croissante des liaisons maritimes, les communications par voie continentale prirent toute leur importance : les fleuves et les routes remplacèrent les mers. C'est alors que, de 1804 à 1831, fonctionna la première institution internationale chargée d'organiser la navigation rhénane. C'est de l'époque napoléonienne que date le projet d'un canal entre la Baltique et la mer du Nord, il devait relier Lübeck à Hambourg, puis être prolongé jusqu'au Rhin et à la Meuse. On commença à le creuser en Rhénanie française entre Meuse et Rhin, mais la crise économique de 1811 arrêta les travaux. Il appartiendra à l'Empire allemand de réaliser la liaison Rhin-Elbe-Oder et la liaison Baltique et mer du Nord. La fermeture des mers poussa aussi à l'amélioration du réseau routier. C'est à l'époque napoléonienne que fut construite la nouvelle route longeant la rive gauche du Rhin, que furent ouverts dans les Alpes, le Mont-Cenis, le Simplon, le Mont-Genèvre que, le long de la Méditerranée, fut tracée la corniche reliant la France à l'Italie. À travers les Provinces Illyriennes, fut construite une route qui devait servir au transport des cotons d'Orient entre Salonique et Trieste. Il s'y ajouta la route Napoléon, le long du littoral dalmate entre Doubrovnik et Cattaro. Toutes ces routes balkaniques devaient, jusqu'à l'avènement des chemins de fer, rappeler les douaniers de Napoléon et l'éphémère domination économique de la France à l'époque du système continental.

Enfin la politique napoléonienne a laissé des leçons. Elle a d'abord enseigné ce qu'il ne fallait pas faire : tenter une union des puissances européennes au profit d'une seule et pratiquer, sous le couvert d'une alliance, une politique d'exploitation de ses partenaires. Elle a enseigné que, pour être solide, cette entente devait être réalisée entre pays ayant atteint à peu près le même stade de développement, faute de quoi, elle risquait d'installer l'hégémonie des plus forts sur les plus faibles. Ensuite la politique napoléonienne eut le mérite de montrer quels avantages pouvait apporter la constitution d'un immense marché comme celui que formait l'Empire des 130 départements, à l'intérieur duquel les marchandises circulaient librement et qui était, à ses frontières, bien protégé contre la concurrence étrangère par un tarif douanier hautement protectionniste. Ces deux aspects devaient influencer profondément la pensée économique après, la chute de Napoléon, le Zoollverein allemand, presque immédiatement, le Marché commun de l'Europe des Six, beaucoup plus tard, devaient sortir de ces réflexions, à l'origine plus ou moins lointaine desquelles on trouve les expériences vécues à l'époque napoléonienne. Cela ne doit pas faire oublier le fait que les soldats et les douaniers de Napoléon ne firent pas l'Europe. On peut dire au contraire que le régime d'occupation militaire, de protectorat, d'exploitation économique que Napoléon imposa aux pays européens a suscité, considérablement développé, parfois poussé à leur extrême fanatisme, des patriotismes nationaux jusqu'alors à peine esquissés. Les soulèvements de l'Espagne, du Tyrol, ceux qui secouèrent le nord de l'Allemagne en 1809 et 1813, en fournissent la preuve. Pour avoir voulu réaliser à sa façon, sous son autorité et à l'avantage exclusif de la France, une Europe homogène et unie Napoléon a rendu, pour longtemps, difficile, la tâche des constructeurs d'une Europe unie de son plein gré, mais il leur a rendu service en leur montrant qu'ils devaient impérativement tenir compte de l'existence des patries et de leurs aspirations légitimes.




Roger Dufraisse, agrégé d'Histoire, élève diplômé de la IVe section (Sciences Historiques et Philologiques) de l'École Pratique des Hautes Études avec une thèse consacrée à « la contrebande sur le Rhin de 1798 à 1814 ». Principales fonctions occupées : Directeur d'Études à la IVe section de l'École Pratique des Hautes Études, Historiographie allemande moderne et contemporaine. Membre de la fondation de l'Historisches Kolleg de Munich. Missions de recherche à l'Université de Berlin (1990). Principales publications : Napoléon. Correspondance politique. Édition avec appareil critique et commentaires, Paris, 1970. Grands notables du premier Empire : Sarre, Mont-Tonnerre, Rhin-et-Moselle, Roër, Paris 1970. Napoléon, Paris 1987, Coll. « Que sais-je ? », édit. allemande : « Napoleon, Revolutionär und Monarch », Munich 1994. Die Deutschen und Napoleon im 20. Jahrhundert, Munich 1991. L'Allemagne à l'époque napoléonienne. Questions d'histoire politique, économique et sociale, Bonn-Berlin 1992 (Grand prix de la Fondation Napoléon, 1992).







Bibliographie sommaire



Léon-E Halkin, Napoléon contre l'Europe dans Napoléon et l'Europe, Bruxelles, 1961 (Commission Internationale pour l'enseignement de l'Histoire), pp. 119-124. Marcel Dunan, La véritable place de Napoléon dans l'Histoire de l'Europe, dans Napoléon et l'Europe, ouvr. cité, pp. 139-152. Helmut Berding, Napoleonische Herrschafts-und Gesellschaftspolitik im Königreich Westfalen, 1806-1813, Göttingen, 1973. Roger Dufraisse, Régime douanier, blocus, système continental : essai de mise au point, dans Revue d'Histoire Economique et Sociale, XLIVe volume, 1966, n° 4, pp. 518-543. Napoleonische Wirtschaftspolitik und die Wirtschaft der Rheinbündstaaten, dans Reformen in rheinbündischen Deutschland (Eberhard Weis, édit), Schriften des Historischen Kollegs ; Kolloqium 4, München, 1984, pp. 75-98. L'intégration économique de l'Europe sous Napoléon Ier, dans Revue de l'Institut Napoléon, n° 412, 1984, pp. 33-44. Die "hegemoniale" Integrations Europas unter Napoleon I., dans Wirtschaftliche und politische Integration in Europe im 19. und 20. Jahrhundert (Helmut Berding édit.), Göttingen, 1984, pp. 33-44. Le rôle de l'Italie dans la politique napoléonienne, dans Il principato napoleonico dei Baciocchi (1805-1814). Reforma dello Stato e Società. Atti del Convegno internazionale (Lucca 10-12 Maggio 1984) a cura de Vito Tirelli, Lucca, 1986, pp. 41-75. Blocus continental, dans Dictionnaire Napoléon, publié sous la direction de Jean Tulard, Paris, 1987, pp. 219-239. Monika Senkovska-Gluck : Les donataires de Napoléon, dans La France à l'époque napoléonienne, Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, tome XVII, juillet-septembre 1970, pp. 680-693. Rainer Wohlfeil, Napoleonische Modellstaaten, dans Napoleon I. und die Staatenwelt seiner Zeit. Im Auftrag der Ranke Gesellschaft-Vereinigung für Geschichte im öffentlichen Leben und des Militärgeschichtlic (Wolfgang von Groote édit.) Freiburg/B., 1969, pp. 33-59 hen Forschungsantes.

« Les Amis de Napoléon III » Société historique fondée en 1966 par Maurice Veillet Président d'honneur : S.A. le prince Murat Président : Bernard Petit 20, avenue du Général-de-Gaulle, 78290 Croissy-sur-Seine

  • 2/Pourquoi Hitler admirait Napoléon


http://raphael.afrikblog.com/archives/2007/04/12/4609397.html



Pourquoi Hitler admirait Napoléon








L’amour des Français pour Napoléon est bien connu. Différents sondages le place parmi les personnalités historiques qu’ils préfèrent. Depuis plus d’un siècle, les historiens de la République et les hommes politiques n’ont de cesse de le glorifier contribuant ainsi à le populariser.



Mais depuis quatre ou cinq ans, la belle machine de propagande semble manquer d’entrain. Tout le monde sait que pour la grandeur de la France – et aussi pour sa gloire personnelle – Napoléon s’était lancé avec violence dans la conquête de l’Europe. Mais aujourd’hui, plusieurs pays européens - notamment l’Espagne qui a souffert des massacres napoléoniens - se permettent de le rappeler aux français. Ainsi, de temps à autre, certains Allemands ne se privent pas de signaler à la France que Napoléon est un dictateur au même titre que Hitler. Aux français qui leur reprochent de célébrer la grandeur historique de leur dictateur, les groupuscules allemands nostalgiques du Führer répondent qu’ils ont Hitler et les Français Napoléon. Quelle injure ! Et les Espagnols n’oublient pas que leur guerre d’indépendance fut livrée contre Napoléon qui voulait installer son grand frère sur le trône d’Espagne. Chez eux, la toile de Goya, Tres de Mayo, qui relate la boucherie napoléonienne à Madrid est aussi célèbre que Guernica de Picasso.



Voilà donc Napoléon de plus en plus controversé au moment où l’Europe recherche plus de cohésion et des idéaux à partager.



Cependant, il me semble que ce n’est point le rapprochement de l’expansionnisme et la volonté de puissance de Napoléon de ceux de Hitler qui met le plus mal à l’aise historiens et hommes politiques français. S’il est vrai que les autres Européens se permettent sans ménagement de dire aux Français que leur idole est un dictateur sanguinaire comme tout autre, il me semble que le plus beau coup porté au petit homme vient surtout d’un courageux fils de la France. En effet, avec la publication de son livre Le Crime de Napoléon, Claude Ribble a révélé à la face de la France ce que tous les historiens et hommes politiques de l’hexagone ont caché au peuple depuis toujours. Désormais, le commun des français commence à se poser des questions. Grâce à Claude Ribble, les Français commencent à se demander si les Allemands n’ont pas raison de leur dire qu’ils doivent aussi avoir honte de leur dictateur.

Napoléon le bourreau des noirs inspire Hitler

En effet, avant Hitler, Napoléon a commis l’impardonnable. Franchement, que resterait-il aujourd’hui de la renommée de Hitler et de l’histoire même de la seconde guerre mondiale si celle-ci s’était limitée à des tueries sur les différents fronts ? Je crois sincèrement que très vite les romans et les manuels d’histoire en auraient fait le tour, et l’opinion publique les aurait déjà classées comme un objet du passé qui ne doit pas interférer dans le présent. Mais si cette guerre et son acteur principal restent très vivants aujourd’hui encore dans la mémoire collective, c’est parce que des hommes, des femmes et des enfants ont été convoyés dans des lieux précis pour être gazés, pour connaître en masse une mort certaine. Cette guerre reste un événement affreux dans l’histoire de l’Humanité parce que des hommes, des femmes et des enfants ont été victimes d’un « programme » établi par les autorités supérieures d’une armée d’état. Et c’est véritablement le fait essentiel qui reste collé à Hitler comme un crime impardonnable.



Dès lors, on peut dire que, si Hitler était un fervent admirateur de Napoléon, ce n’était point pour son expédition en Egypte ni pour le code civil français dont il aurait été l’inspirateur, ni pour le charme des couleurs vives de l’uniforme de son armée. Son admiration pour Napoléon tient à son génie d’avoir inventé les chambres à gaz en Haïti et en Guadeloupe. Cette planification de la mort infligée aux noirs, et rapportée dans de nombreux récits des contemporains du petit dictateur, a séduit Hitler. Celui-ci tenait là, dans cette invention simple et radicale, la clef finale de son combat contre des gens qu’il n’aimait pas mais qui ne portaient pas des armes pour lui offrir le plaisir de les défaire. Napoléon Bonaparte est donc de ce point de vue le père spirituel de Hitler. D’ailleurs, en 1940, le Führer est venu méditer longuement sur la tombe de son idole à Paris, aux invalides. Il a même poussé le zèle jusqu’à y faire inhumer, la même année, le fils de Napoléon, François Bonaparte (connu sous le nom de Napoléon II, « l’aiglon ») comme cadeau à la France.



Mais combien de Français, combien d’Africains savent-ils cela ? Depuis toujours, les historiens français nous ont fait croire que c’est la volonté de puissance et les conquêtes de Napoléon qui ont séduit Hitler. Il m’a fallu lire le livre de Claude Ribbe pour comprendre que cette admiration reposait sur l’invention d’une méthode diabolique ignorée jusqu’alors : confiner des hommes, des femmes et des enfants dans un espace et les asphyxier. Comme dirait Christophe Colomb, « c’est simple, mais il fallait y penser. »

Raphaël ADJOBI



Posté par St_Ralph à 22:51 - Actualités françaises - Commentaires 37 - Rétroliens 0 - Permalien #





Un dictateur sanguinaire qui admirait un autre.

L’Europe doit prendre ses responsabilités.Alors que le génocide juif ou arménien a été reconnu à raison par le parlement européen comme crime contre l’Humanité, aucune proclamation de principe n’est intervenue concernant l’esclavage des noirs pour lequel les Européens ont une responsabilité majeure. Il est temps de réparer cette injustice. Le parlement européen doit voter un texte clair dénonçant l’esclavage comme crime contre l’Humanité.



Posté par kaizersoze14, 27 avril 2007 à 04:26



Bétise totale



Comment pouvait-vous comparer Napoléon à Hitler? On ne peut comparer que ce qui est comparable là en l'occurence on a 2 hommes complétement différents, de provenance différentes, d'époque différente, de contexte différent...Vous pourrez toujours descréditer Napoléon aux yeux du monde mais jamais vous ne réussirez à le descréditer aux yeux des Français fiers de LEUR héros qui restera à jamais dans leur coeur et dans leur mémoire.A présent monsieur de grâce taisez-vous et laissez les historiens c'est à dire ceux qui savent dequoi ils parlent faire leur métier et arrêter de calomnier ainsi un si grand Homme.



Posté par La Bédoyère, 21 mai 2007 à 00:28



Les critères du grand homme...



Quels sont les éléments qui font un grand homme ? Lorsque vous aurez la réponse à cette question, je vous serai reconnaissant de me le faire savoir. Un histoirien n'est pas par définition impartial. On peut même affirmer que toute narration est partiale. Le seul point de vue de l'histoire qui serait impartial serait celui qui présenterait tous les aspects du personnage dont on dresse le portrait. N'invoquez pas l'histoire comme la vérité absolue. Il y a des histoires qui sont enseignées durant des décennies comme des vérités et qui se retrouvent un jour sous un autre éclairage qui les révèle fausses.



Posté par St-Ralph, 03 juillet 2007 à 20:10



C'est désespérant



Je viens de lire le livre de Claude Ribbe, que je salue bien bas, et je suis atterré par les commentaires ci-dessus. Non, je ne trouve pas que Napoléon soit un "grand homme", et on ne peut pas mettre en balance le code civil avec les massacres abominables, atroces et hallucinants qu'il a perpétré. Cet homme n'a certainement pas oeuvré pour le bien de l'humanité, et en sachant utiliser le processus révolutionnaire pour son bien propre, pour son pouvoir et enrichissement personnel, il a simplement réussi à inverser le processus de liberté et d'humanisation en cours. Pour ma part, il faudrait démolir toutes ses statues, débaptiser ses rues, et reconnaitre ouvertement ses crimes contre l'humanité, le condamner à titre posthume, et ainsi de suite. Que dirait-t-on si les allemands avaient des "rues Hitler", des statues, des associations d'amis, ou si les espagnols en faisaient autant avec Franco, les italiens avec Mussolini, etc... Oui, je crois que définitivement, on ne peut pas avoir pour "héros" un individu aussi abject et abominable que ce lui-là. Je suis dégouté par tous ces français blancs (et je le suis moi-même), bien pensants et moutonniers, et qui sont accrochés à cette image de héros napoléonien Tant qu'on continuera à adorer de telles idoles scabreuses, macabres et pour tout dire démoniaques, on ne réussira pas à faire mieux. La bête immonde court toujours, et elle n'est vraiment pas loin, hélas. Puissions nous un jour ouvrir enfin les yeux... avant qu'il ne soit définitivement trop tard pour nous tous, les êtres humains Shalom, Peace, Salam, Shanti, Paix



Posté par kohinoor, 14 février 2008 à 21:09



Je suis sensible à ta réaction Kohinoor



Je suis comme toi convaincu qu'il convient de faire la lumière sur Napoléon. Il serait bon que la France accepte enfin de mettre en balance ce qu'il a fait de bien et ce qu'il a fait d'affreux afin que chacun puisse se faire une idée juste de son hstoire. C'est effectivement inadmissible qu'en france l'on cultive le culte de Napoléon alors que les mêmes Français (hommes politiques, journalistes et bien des citoyens) refusent aux Allemands la même chose pour Hitler. Tu as tout à fait réaison Kohinoor.



Posté par St-Ralph, 13 juin 2008 à 11:00



quel amalgame!!!



comment peut-on comparer Napoléon avec Hitler, je trouve ca pour ma part d'une mauvaise foi assez impressionnante. Il fut un véritable génie politique et militaire, partie de rien il devint empereur des Français et de la quasi totalité de l'europe, il avait un rêve d'union entre les étas d'Europe à l'instar de Charlemagne et dans la ligné de l'Empire romain, il apporta la stabilité à son pays qui était avant son arrivé ravagé par les prussiens et à la merci des nations ultra conservatrice qui l'encerclait. La France sans la grandeur que napoléon lui à conféré n'aurait jamais pu valider les aquis de sa Révolution. De plus le rapport de napoléon à l'esclavage ne suffit pas à faire de lui un monstre, au regard des mentalités et des priorités de son temps la question n'était pas des plus importante n'en déplaise à certain. Il à rebatit une nation déchut pour cela il mérite notre admiration eternelle point barre.



Posté par Murat, 02 décembre 2008 à 21:33



Napoléon, plus grand homme de tous les temps



Je suis à 100 % d'accord avec Murat et la bedoyère,pourquoi aurait on honte d'un homme dont si peu aimait la France autant que lui ? N'oubliez qu'en 1821, avant de mourir Napoléon ne cessait de répéter France, France, France, ce furent ses derniers mots, il aimait énormément son pays et les Français, il est normal qu'on le lui rende. la France n'a jamais été aussi puissante que quand il était là, on devrait surtout avoir honte de ceux qui l'ont vendu en 40 aux boches (non j'ai pas honte de dire ce mot). Autre chose, ce n'est pas Napoléon lui-même qui a crée toutes ces guerres, la France était déjà en guerre en 1792 (bataille de Verdun et Valmy notamment), il n'a fait que défendre son pays contre ceux qui n'acceptaient pas les idées révolutionnaires de la France comme la Prusse, l'Autriche et la Russie (j'en oublie sans doute). Son génie militaire et politique l'a rapidement monté au sommet du pouvoir et il a largement eu raison de le faire sinon nous aurions connu un "Sedan" bien plus tôt et plus catastrophique que celui de 1870. En ce qui concerne Hitler, je suis vraiment choqué que des Français le comparent à Napoléon, venant d'un Allemand ça ne me choque pas du tout car ça montrerait leur mauvaise foie, mais d'un Français c'est assez choquant. Cette pourriture a détruit notre pays, l'a rabaissé et humilié, la France est le seul pays de la seconde guerre mondiale à avoir été effondrée, sur tous les plans, aucun pays comme la France n'a eu autant de séquelles. Napoléon a fait tout l'inverse, il l'a amené au sommet de sa puissance, a valorisé la langue française (alors qu'Hitler voulait la détruire), il voulait même faire une seule langue européenne (le français bien évidemment ^^). Certes Napoléon et Hitler avaient des points communs, comme l'envie de puissance et de supériorité aux autres nations, mais cela fait il de ses deux hommes deux frères jumeaux ? Je n'en suis pas du tout convaincu, déjà et je le répète, l'un aimait la France, l'autre l'Allemagne... ce qui fait une différence énorme. Ah un autre différence entre eux aussi, Napoléon avait le génie, Hitler avait la chance. Je m'explique : Napoléon gagnait ses victoires par surprise sur l'ennemi, amenant une nouvelle façon de combattre qui n'avait jamais été exploité, surprendre son adversaire en lui faisant croire que tout est gagné pour lui (c'est une de ses principales stratégies il en a sûrement eu d'autres mais je ne les ai pas en tête). Hitler a eu de la chance dès son arrivée au pouvoir en 1933. Son pays n'a aucune armée (du fait par le traité de Versailles), il suffit qu'un pays comme la France lui déclare la guerre et il est vite cuit ... En 1939, toute son armée est en pologne, la France a déclaré la guerre 2 jours auparavant, elle envisage de lancer une offensive mais ne franchit la frontière outre-rhin que de 8 kilomètres laissant la Wermatch libre de s'occuper des Polonais avant de faire demi tour et d'attendre les Allemands envahir les Ardennes que l'Etat major français jugeaient infranchissables ... mon œil ! Ce sont des exemples pour montrer à quel point les 2 homes étaient différents sur le plan militaire et politique. Dernière chose (je sais je suis long mais je suis un passionné de ce sujet) : A t'on retrouvé des sortes de camp de concentration en France datant des années 1800 où en gazait les prisonniers ?



Posté par Greg, 13 décembre 2008 à 17:57



bravo greg



C clair que ses deux homme nn rien avoir l un defandait son pays contre les conplo des autre et l autre revait de dextermination . Je vous rapelle que hitler sa principal envi etait de se debarasee des juif et des bolchevique ect se qui piai le reich occupai son espace et etait un obstaque a la germainisation du monde pour hitler la cosse de cette guerre et napoleon etait en guerre avec les anglai en 1803 quand deux an apres l autriche et la russie salia avec l angleterre pour se debarasee de nous. Je ne dit pas que les francais non pas fait de crime Mai ses dans toute les guerre de tous les coter ses la guerre sa change les gens on ne peut pas juger avant dans avoir fait une. Hitler tuai des juif dans des camp malgrer c que les allemand ou les espagnol il n y a aucune trace de camp dextermination napoleonnien il raconte ses rago pour con soi mit a leur nivo par raport a franco et hitler voila moi je suis fiere de napoleon un grand meneur d homme qui proteger son pays et la rendu plus puissant que jaimais



Posté par lasbeute, 24 décembre 2008 à 11:01



" Voilà donc Napoléon de plus en plus controversé au moment où l’Europe recherche plus de cohésion et des idéaux à partager. "

Quel idiot! Qui est le pere de l'Union Européenne à ton avis? Qui en a formulé l'idée et les principes de base en premier? Qui a dit que déjà, du temps de sa puissance, toute guerre entre européens était déjà une guerre civile? Qui a promu l'ascencion par le merite et les talents? Qui a rétabli l'ordre dans un pays ravagé par les haines fratricides heritéees de la Révolution et a battu et rebattu toutes les puissances qui declaraient la guerre à ces principes voulant les contenir et rétablir l'Ancien régime basé sur les privileges? Qui a promulgué le code civil, le code pénal, le code du commerce? A fondé la Banque de France? crée les lycées, le bac, l'université moderne?Qui a remis les compteurs des finances dans le vert apres une gestion catastrophique sous le Directoire quand la France mourrait presque de faim? Et je ne vous demande meme pas qui a été Fêté tour à tour par Stendhal, Hugo, Beethoven et meme par ses ennemis de son vivant ou meme maintenant qui commémorent encore chaque année ses plus grandes batailles?

Je pourrais continuer encore et encore et encore et encore car -et c'est une derniere pour la route- sur qui a-t-on écrit plus de livres que de jours ecoulés depuis sa mort?



Posté par Byron, 25 décembre 2008 à 11:58



" Voilà donc Napoléon de plus en plus controversé au moment où l’Europe recherche plus de cohésion et des idéaux à partager. "

Quel idiot! Qui est le pere de l'Union Européenne à ton avis? Qui en a formulé l'idée et les principes de base en premier? Qui a dit que déjà, du temps de sa puissance, toute guerre entre européens était déjà une guerre civile? Qui a promu l'ascencion par le merite et les talents? Qui a rétabli l'ordre dans un pays ravagé par les haines fratricides heritéees de la Révolution et a battu et rebattu toutes les puissances qui declaraient la guerre à ces principes voulant les contenir et rétablir l'Ancien régime basé sur les privileges? Qui a promulgué le code civil, le code pénal, le code du commerce? A fondé la Banque de France? crée les lycées, le bac, l'université moderne?Qui a remis les compteurs des finances dans le vert apres une gestion catastrophique sous le Directoire quand la France mourrait presque de faim? Et je ne vous demande meme pas qui a été Fêté tour à tour par Stendhal, Hugo, Beethoven et meme par ses ennemis de son vivant ou meme maintenant qui commémorent encore chaque année ses plus grandes batailles?

Je pourrais continuer encore et encore et encore et encore car -et c'est une derniere pour la route- sur qui a-t-on écrit plus de livres que de jours ecoulés depuis sa mort?



Posté par Byron, 25 décembre 2008 à 12:24



Bien sûr !



Bien sûr que cette énumération ne vise qu'à flatter légocentrisme français. Hors de nos frontières, qui est Napoléon sinon un dictateur sanguinaire, un arriviste. Avez-vous déjà entendu citer hors de nos frontières le nom de Napoléon comme un bienfaiteur de l'humanité ? Un initiateur de pensée ? Quand on passe sa vie à passer les êtres humains par l'épée, on ne mérite pas le titre de bienfaiteur. On ne l'est qu'aux yeux de ceux à qui profite le crime. Cela est bien connu.



Posté par St-Ralph, 25 février 2009 à 19:43



Napoléon mieux qu'Hitler ?? non !!!



Je suis entièrement daccord avec ce texte, même sans avoir lut le fameux livre dont vous parler, depuis mes années de collège je n'ai cessé de montrer du doigt ce "faux héros" des français, je vis en france mais je suis Portugais, ce qui me permet de rester lucide face à ce sujet et de ne pas me laisser "corrompre" par le nationalisme Français.

Je tiens aussi a dire que, pour ma part, j'estime que Hitler était un grand homme, attention, je ne parle pas de ses actions sur "la solution finale" comme il disait, mais sur le point de vue stratégique et militaire.

Pour revenir à Napoléon, et ceux qui ne juge pas la comparaison fiable, voila une comparaison plus simple :

Napoléon :

A développer les frontière françaises jusqu'en Russie ou il s'est fait refoulé par les armées du tsar en raison d'un manque d'approvisionnement des troupes Françaises et de leurs tenues aucunement adaptées à l'hiver russe.

Est entré en guerre contre la totalité des pays d'Europe durant son "mandat".

A accéder au pouvoir par un coup d'état

A tué près de 3 millions de russes, noirs, homosexuels et opposants politiques.

A hériger des monuments à sa gloire et non a celui de la france (l'arc de triomphe de Paris est, comme l'indique son nom, un arc avec toute les victoires (donc triomphes) de Napoléon.

Hitler :

A développer les frontière Allemandes jusqu'en Russie ou il s'est fait refoulé par les armées de Staline en raison d'un manque d'approvisionnement des troupes Allemandes et de leurs tenues aucunement adaptées à l'hiver russe.

Est entré en guerre contre la moitié des pays d'Europe durant son "mandat".

A acceder au pouvoir par voie électorale (le putch => coup d'état <= n'ayant pas réussi, c'est par la politique réelle qu'il entre au pouvoir au coté du marechal Hindenbourg, pour ensuite le remplacer à sa mort, en 1933.

A tué près de 6 millions de juifs, homosexuels, noirs, tziganes et opposants politiques.

En conclusion, je reviendrais sur ce que j'ai dit plus haut : Hitler était un grand homme du point de vue militaire et stratégique, vous me direz qe je suis fou et nazi, mais je vous rassure, ce n'est pas le cas. Maintenant, si je vous dis que Napoléon était un grand homme au point de vue militaire et stratégique, vous me direz que cest bien et bien vrai.

Et repensez maintenant a la comparaison que j'ai fait de leurs actes ... ils ont fait la même chose, pire encore : Hitler l'a fait selon ses idéaux, car il en était persuadé (lire "la mort est mon métier" pour comprendre pourquoi Hitler haïssait les juifs, il n'est pas né comme ça ...) Alors que Napoléon l'a fait par simple cupidité, pour s'enrichir en expropriant ces "futurs morts" de leurs terres, et pour ne pas risquer une révolte. Alors qu'hitler avait une totale confiance en son peuple et voulait le faire briller en ne laissant sur les terres conquises que la race dite Aryenne



Posté par didiasp, 09 mars 2009 à 10:17



Une analyse que j'apprécie.



Merci Didiaps pour ton intervention claire et précise. On accorde trop rapidement le titre de grand homme à Napoléon alors qu'on le refuse à Hitler. Et pourtant, comme tu le fais remarquer si bien, les dégâts qu'ils ont causés sont comparables. Beaucoup de Français manquent de recul par rapport à Napoléon parce qu'ils refusent de lire autre chose que ce que leur propose l'état français et ses historiens officiels. Ils refusent d'admettre que l'histoire est par définition un point de vue parcellaire et orientée.



Posté par St-Ralph, 26 mars 2009 à 13:53



Petite miseau point.



On ne peut occunment comparer ls dégats des uerres napoléonienne avec la seconde guerre mondiale qui a fait 60 millions de morts! De plus loin d'être un odieux antisémite Napoléon et pltot une sorte debienfateur pour eux. En effet avant son accession au trône ls juifs 'étaient même pas de vrai citoyen, lors dela campagne d'Italie il ordonna ui même de retirer au juifs l bonet et le brassart jaune qu'ils étaient obligé de porter afin de le remplacer par la cocade ricolor des citoyens français. Ils leur accorda ls êe droits que nous alorsqu'ils n'avaient jusque là pas droit de porter un nom de famille et vivaient par endroit parqués ds des ghettos.Ensuite je voulais quand même rappeller au passage que depuis la Révolution les pays limitrophes n'ont eu de cesse de nous attaquer afin de rétablir la monarchie, les guerres Napoléoniennes sont avant tout des guerres de protection, de plus les velleités de conquétes Anglaise à l'époque sont tout aussi comparable, si Napoléon n'avait pas était là l'Angleterre n'aurait pas attendu le début du XXém siécle pour asservir des peuples entiers. Si on étudit l'Histoire on s'aperçoit que la seul différence entre Napoéon et le reste des chefs d'états d'Europe c'est que lui...il gagne c'est tout. Et enfin faudrait qu'Austerlitz soit un jour de fête national!!!



Posté par Murat, 11 juin 2009 à 02:03



Lien intéressant



Voici un article qui apporte sa contribution sur la connaissance de Napoléon ou du moins comme d'autres le voient.

http://napoleon-grand-criminel.skynetblogs.be/post/5860126/nbsp



Posté par St-Ralph, 19 juillet 2009 à 17:06



Je pense moi aussi qu'on ne peut raisonnablement pas comparer deux personnages historique qui ont vécus à des époques si différentes. Napoléon à fait la guerre pour s'opposer à des coalitions visant à rétablir la monarchie en France( donc, à "effacer" la révolution). Hitler à fait la guerre par vengeance (pour laver l'affront de 14-1, pour asseoir la domination du peuple allemand sur l'europe. Les conquêtes faites suite aux victoires de Napoléon ont avant tout servies à consolider une situation favorable, affaiblissant les dites coalitions. Napoléon a cherché la paix par des traités, tous rompus par l'ennemi...

En ce qui concerne les crimes politiques, il est indéniables qu'hitler à éliminé systématiquement tous ses opposants et tous ceux qui pouvaient le gêner, même parmis ses "amis". Le seul crime de ce genre que l'on peut imputer à Napoléon,c'est l'exécution du duc d'Enghein qu'il croyait vouloir attenter à sa vie... Il l'a d'ailleurs reconnu comme êtant un grand regret... Hitler n'a jamais pardonné à ceux qui l'on trahi, Napoléon a pardonné à tous les généraux qui l'on trahi à sa première abdication. Hitler a planifié l'extermination du peuple juif, du peuple tzigane, des homosexuels...causant plus de 6 millions de morts parmis les civils. Napoléon a rétabli l'esclavage, aboli quelques années auparavant par la révolution : peut-être que l'abolition posait des problèmes de fonctionnement ? peut-être que l'idée d'abolir l'esclavage était trop révolutionnaire pour l'époque ? l'esclavage n'était-il pas courant à cette époque ? Cette décision de rétablir l'esclavage a sans doute entraînée des exactions, causée la mort de beaucoup de personnes du peuple noir refusant d'être à nouveau asservis, mais ce ne sont certainement là que conséquences malheureuses... Hitler à poussé son oeuvre macabre jusqu'au quasi-anéantissement de son peuple, Napoléon a renoncé à son pouvoir pour préserver son peuple...

Si vous condamnez Napoléon pour la guerre, alors condamnez tous les régnants de son époques et d'avant. Si vous le comdamnez pour le rétablissement de l'esclavage, faites encore de même...



Posté par ced60, 19 août 2009 à 00:14



Une comparaison est toujours possible...



La comparaison entre deux personnages ayant vécu à des époques différentes est toujours possible et même très intéressante. Il suffit de savoir sous quel angle cette comparaison se fait.

Il est ici question d'une même volonté de part et d'autre et d'une même méthode : volonté d'exterminer un groupe "ethnique" et le gazage. Dans les deux cas, les preuves existent. Lisez le livre de Claude Ribbe "Le crime de Napoléon". Ce livre est construit avec des documents d'archives qui sont la propriété de la France. Il n'y a pas un seul historien qui peut se permettre de dire que ces archives n'existent pas.

Se cultiver en cachant une partie des éléments historiques existants s'est se tromper soi-même. Ne nous trompons pas et ne laissons pas les historiens de l'état nous tromper.



Posté par St-Ralph, 23 août 2009 à 00:39



Analyse OBJECTIVE de la comparaison Hitler / Napoléon



J'aimerais tout d'abord clarifier les choses. Je suis un historien suisse, de ce fait je pourrais vous apporter un point de vue scientifique et objectif sur le débat.



Posté par Napo, 27 octobre 2009 à 15:55



Article ridicule qui révèle l'ignorance et le parti pris idéologique de l'auteur, dans une grille de lecture antiraciste du XXIe siècle.

Premièrement, Napoleon a mis fin à dix ans de guerre civile, qui tournait à l'extermination du peuple français par le peuple français. Cette période est aussi appelée "La Terreur". L'auteur de l'article se permettrait-il de nier cet évènement, à la manière des négationnistes ?

Deuxièmement, toutes les guerres napoléoniennes à l'exception de la campagne d'Egypte sont des guerres défensives, où la France révolutionnaire devait se défendre contre toute l'Europe monarchique coalisée. Là encore, l'auteur de l'article fait passer Napoleon pour un conquérant sanguinaire alors qu'il n'a fait que défendre la France face à des pays qui lui ont déclaré la guerre.

Troisièmement, Napoléon n'avait pas une philosophie racialiste, identitaire, puisque de toute façon cette idéologie est née au milieu du XIXe siècle avec les philosophes romantiques allemands. Napoléon a lui même souffert d'intolérance et de haine parce qu'il était corse.Et à l'époque les français n'aimaient pas les corses. La différence que l'on peut noter entre un colonisé comme Bonaparte et un noir d'aujourd'hui, c'est que Bonaparte ne s'est jamais victimisé et il est devenue plus français que les français, jusqu'à francisé son nom, qui sonnait trop italien.

Quatrièmement, qui a abolit l'esclavage ? les européens ou les africains ? Esclavage je le rappelle qui ne se définit pas qu'à travers la traite négrière.L'esclavage c'est vieux comme la préhistoire.

Conclusion:

L'Afrique aurait bien besoin d'un Napoleon Bonaparte, pour mettre fin aux guerres civiles, ethniques, religieuses. L'Afrique aurait bien besoin d'une révolution républicaine, d'un code civil, et d'un ordre du mérite et du travail. Malheureusement, les africains continuent de pleurnicher sur le passé, sur leur couleur de peau, et sur les pauvres victimes qu'ils sont.

L'auteur de l'article ferait bien de relire l'ascension de Napoleone di Buonaparte et espérer qu'un jour, un africain vienne à copier son incroyable destin.



Posté par Bonaparte_25, 14 juillet 2010 à 14:32



''*Bonjour Bonaparte II



Eh bien, quand on défend son homonyme et parent, il est normal que l'on soit hargneux. Je te comprends tout à fait. Sache cependant que l'histoire ne s'écrit pas avec des sentiments mais avec des faits. Ecrire un code civil ne vous innocente pas des crimes commis. Il ne suffit pas d'avoir un joli chapeau et se faire tirer le portrait par des centaines de personnes pour que tous ceux que vous avez passé par la lame de l'épée soient considérés comme des imbéciles et vous un dieu. 12 avril 2007

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lundi 9 juillet 2012

____Les relations diplomatiques et culturelles entre Musulmans d'Espagne et Musulmans d'Orient au temps des Nasrides.. musulmans qui ont fui l’Andalousie vaincue avec la chute de Grenade qui se sont réfugié en Afrique du nord. ORIGINE DES BERBERES,

ORIGINE DES BERBERES, Culture, Histoire et régions du Maroc

L’ORIGINE DES BERBÈRES Gabriel CAMPS

Islam : société et communauté. Anthropologies du Mahgreb, sous la direction de Ernest Gellner, les Cahiers C.R.E.S.M, Éditions CNRS, Paris, 1981.

Connus depuis l’antiquité pharaonique sous les noms de Lebu, Tehenu, Temehu, Meshwesh, les Berbères subsistent dans un immense territoire qui commence à l’ouest de l’Égypte. Actuellement des populations parlant le berbère habitent dans une douzaine de pays africains, de la Méditerranée au sud du Niger, de l’Atlantique au voisinage du Nil.

Mais cette région qui couvre le quart Nord-Ouest du continent n’est pas entièrement berbérophone, loin de là ! Aujourd’hui, dans cette région, l’arabe est la langue véhiculaire, celle du commerce, de la religion, de l’État, sauf dans la marge méridionale, du Sénégal au Tchad où la langue officielle est le français. Ainsi, les groupes berbérophones sont isolés, coupés les uns des autres et tendent à évoluer d’une manière divergente. Leur dimension et leur importance sont très variables. Les groupes kabyle en Algérie, Braber et Chleuh au Maroc représentent chacun plusieurs centaines de milliers d’individus tandis que certains dialectes, dans les oasis, ne sont parlés que par quelques dizaines de personnes. C’est la raison pour laquelle les cartes d’extension de la langue berbère n’ont pas grande signification. Le territoire saharien couvert par les dialectes touareg (tamahaq) en Algérie, Libye, Mali et Niger est immense mais les nomades berbérophones qui le parcourent et les rares cultivateurs de même langue ne doivent guère dépasser le nombre de 250 ou 300 000. Ils sont à peine plus nombreux que les habitants du Mzab qui occupent dans le Sahara septentrional, un territoire mille fois plus exigu. Le bloc kabyle est dix fois plus peuplé que la région aurasienne, plus vaste, où est parlé un dialecte berbère différent.

En fait il n’y a aujourd’hui ni une langue berbère, dans le sens où celle-ci serait le reflet d’une communauté ayant conscience de son unité, ni un peuple berbère et encore moins une race berbère. Sur ces aspects négatifs tous les spécialistes sont d’accord… et cependant les Berbères existent.

  • Légendes antiques et modernes sur les origines des Berbères


Hercule et les calembours Du Caucase à L'atlantide

  • Les données de l'anthropologie

  • L'homo sapiens du Maghreb
  • Les protoméditerranéens capsiens mangeurs d'escargots
  • La mise en place des paléo-berbères
  • Les données linguistiques
  • Petit lexique
  • Quelques sites

LÉGENDES ANTIQUES ET MODERNES SUR LES ORIGINES DES BERBÈRES

Hercule et les calembours

Rares sont les peuples comme les Berbères dont les origines ont été recherchées avec autant de constance et d’imagination. Dès la plus haute Antiquité, des récits circulaient dans les milieux savants et chez les mythographes sur les origines des habitants de l’Afrique. Le plus connu, parce que des générations de lycéens pâlirent sur les pages du De Bello Jugurthino, nous est rapporté par Salluste.

La légende des origines perse et mède

Les premiers habitants de l’Afrique furent, dit Salluste, les Gétules et les Libyens, gens grossiers et barbares qui se nourrissaient de la chair des bêtes sauvages ou de l’herbe des prés, à la façon des troupeaux. Plus tard, des Mèdes, des Arméniens et des Perses conduits par Hercule en Espagne, passèrent en Afrique et se mêlèrent, les premiers avec les Libyens, les Perses avec les Gétules. Tandis que les Mèdes et Libyens, bientôt confondus sous le nom de Maures, eurent de bonne heure des villes et échangèrent des produits avec l’Espagne, les Gétules et les Perses condamnés à une vie errante, prirent le nom de Nomades. Cependant la puissance de ces derniers s’accrut rapidement, et sous le nom de Numides, ils conquirent tout le pays jusqu’au voisinage de Carthage.

Cette légende, Salluste n’en revendique nullement la paternité ; il dit même qu’elle est contraire à la tradition la plus répandue (et que nous ne connaissons pas) mais qu’elle est, en revanche, admise par les indigènes. Il la rapporte d’après une traduction qui lui aurait été faite des livres puniques du roi Hiempsal (libri punici qui regis Hiempsalis dicebantur).

De la première époque, antérieure à Hercule, ou plus exactement Melqart, le dieu phénicien qui fut assimilé au fils d’Alcmène, Salluste donne le cliché habituel par lequel l’érudit moyen dépeint, à tort, les temps primitifs. Ces Libyens et Gétules, chasseurs et cueilleurs, sont bien évidemment des peuples de la Préhistoire que Salluste, ou plutôt Hiempsal, rejette dans les temps mythiques. Il nous faut cependant retenir l’existence de deux éléments de population dans l’Afrique la plus archaïque. Quel fait permettait d’établir cette distinction sinon une différence dans les genres de vie née elle-même des conditions géographiques et par conséquent de la localisation de ces peuples ? Or, de l’avis unanime des historiens anciens et modernes, les Gétules étaient des nomades dont on trouve les traces évanescentes depuis les rives de l’Océan jusqu’au golfe des Syrtes. Pour les écrivains classiques, étaient généralement qualifiés de Gétules tous les nomades méridionaux distincts des Éthiopiens et des Garamantes. Les Gétules étant nomades on en déduit que les Libyens d’Hiempsal, ceux qui "eurent de bonne heure des villes" étaient les ancêtres des sédentaires.

Cette distinction élémentaire, et banale, avait été faite bien avant Hiempsal ou Salluste puisque le père de l’Histoire lui-même, Hérodote (IV, 181, 186, 191), après avoir décrit une longue suite de peuplades depuis l’Égypte jusqu’au lac Triton, précisait :

"Je viens d’indiquer les Libyens nomades qui habitent le long de la mer. Au-dessus d’eux, à l’intérieur des terres, se trouve la Libye des bêtes sauvages... Mais au couchant du Lac Tritonis (c’est-à-dire au Nord étant donné l’orientation incorrecte attribuée à la côte à partir des territoires carthaginois) les Libyens ne sont plus nomades et n’ont plus les mêmes coutumes... ce sont des Libyens cultivateurs... Ils ont des maisons et sont appelés Maxyes". Dans un raccourci assez simpliste mais exact, Hérodote oppose "la Libye orientale (où) habitent les nomades (qui) est basse et sablonneuse jusqu’au fleuve Triton, et celle à l’occident de ce fleuve, habitée par les cultivateurs (qui) est très montagneuse, très boisée... ".

Cette dernière phrase a une portée considérable car elle n’est pas applicable au seul territoire carthaginois du Sahel qui est particulièrement plat, mais à la totalité de l’Afrique du Nord, le pays de l’Atlas.

Le Triton qui s’identifie au golfe de Gabès est donc une limite géographique importante, particulièrement nette et précise dans l’esprit d’Hérodote, qui marque le partage entre les Nomades et les cultivateurs habitant des maisons.

C’est encore par les grands chotts tunisiens que les géographes font aujourd’hui aboutir la limite méridionale de l’Afrique du Nord ; la coïncidence serait curieuse si elle n’était précisément dictée par la nature.

Mais que viennent faire les Perses, les Mèdes et les Arméniens dans le récit des origines numides et maures ? Certes il est traditionnel, dans les textes antiques, que l’origine des peuples soit située en Orient et que des Orientaux soient impliqués dans le peuplement de la Libye occidentale, cela répond à un cliché habituel. Mais pourquoi les Perses et les Mèdes qui, Grecs et Latins le savaient bien, ne pouvaient être considérés comme des peuples de navigateurs? Revoyons de plus près le texte de Salluste : "Les Mèdes, les Perses et les Arméniens qui faisaient partie (de l’armée d’Hercule mort en Espagne) passèrent en Afrique sur des vaisseaux et occupèrent les pays voisins de notre mer. Les Perses s’établirent plus loin que les autres, du côté de l’Océan... peu à peu ils se fondirent par des mariages avec les Gétules". La localisation méridionale des prétendus Perses nous apporte paradoxalement l’explication de leur présence inattendue dans la partie occidentale de la Maurétanie, celle que les Romains nommèrent Maurétanie Tingitarie, dans le Maroc actuel. De nombreux auteurs grecs ou romains, Strabon, Pline citant Polybe, Pomponius Mela, Ptolémée, le géographe anonyme de Ravenne, Priscien de Césarée recopiant Denys le Périégète et bien d’autres que J. Desanges a patiemment relus, font connaître dans le Sud du Maroc, vraisemblablement entre l’Atlas, le Draa et le Guir deux peuplades, les Pharusiens et les Perorsi. La ressemblance entre les noms et une localisation très voisine ont fait admettre à certains auteurs, S. Gsell en particulier, qu’il s’agissait d’un seul et même peuple.

Ce n’est pas sûr, mais il est en revanche, tout à fait admissible que l’analogie ou l’homonymie factice entre Pharusii, Perorsi et Persae soit à l’origine de la prétendue arrivée des Perses en Maurétanie. De fait, Pline l’Ancien rappelle incidemment que les Pharusii, qu’il nomme parfois Perusii, sont les descendants des Perses conduits par Hercule aux limites occidentales du monde habité (V, 46).

Un autre calembour, mode de pensée analogique dont les auteurs de l’Antiquité étaient très friands, explique de même la présence des Mèdes en Afrique. De nombreuses tribus paléoberbères portaient, dans l’Antiquité, le nom de Mazices. Il s’agit en fait du nom que les Berbères se donnent eux-mêmes Imazighen (au singulier Amazigh.). Ce nom a été transcrit par les étrangers sous des formes variées : Meshwesh par les Égyptiens, Mazyes et Maxyes par les Grecs, Mazices et Madices par les Latins. Au XIVe siècle, le grand historien lbn Khaldoun explique qu’une branche des Berbères, les Branès, descend de Mazigh. Que certains habitants de l’Afrique antique aient déjà placé quelque ancêtre Mazigh ou Madigh en tête de leur généalogie ne saurait étonner puisqu’ils se sont, de tous temps, donné ce nom. De cette appellation viendrait donc l’apparition des Mèdes, ancêtres des Maures, en compagnie des Perses devenus les Pharusiens.

Quant aux Arméniens, leur présence légendaire doit s’expliquer par une semblable analogie avec quelque tribu paléoberbère dont le nom n’a malheureusement pas été conservé, à moins que l’on rapproche arbitrairement ces prétendus Arméniens de l’obscure tribu des Ourmana qui, au temps d’Ibn Khaldoun, c’est-à-dire au milieu du XIVe siècle, nomadisait dans la partie orientale du Maghreb.

Origines cananéennes

Bien plus illustre est le récit, nettement plus récent puisqu’il date du VIe siècle de notre ère, que nous donne Procope sur l’origine des Maures, terme générique qui, à l’époque, désignait tous les Africains qui avaient gardé leurs traditions et leur genre de vie en dehors de la culture citadine développée par Rome. Selon Procope, la conquête de la Terre Promise par Josué avait provoqué le départ des peuples qui occupaient le littoral. Ceux-ci, après avoir tenté de s’établir en Égypte qu’ils trouvèrent trop peuplée, se dirigèrent vers la Libye qu’ils occupèrent jusqu’aux Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar) en fondant un grand nombre de villes. Procope précise : Leur descendance y est restée et parle encore aujourd’hui la langue des Phéniciens. Ils construisirent aussi un fort en Numidie, au lieu où s’élève la ville de Tigisis. Là, près de la grande source, on voit deux stèles de pierre blanche portant gravée en lettres phéniciennes et dans la langue des Phéniciens, une inscription dont le sens est : " nous sommes ceux qui avons fui loin de la face du brigand Jésus (= Josué) fils de Navé " (II, 10, 22).

Procope avait accompagné en Afrique le général byzantin Bélisaire et son successeur Solomon qui combattirent dans la région de Tigisis, au Sud de Cirta (Constantine) ; il avait vraisemblablement vu ou pris connaissance de l’existence de stèles puniques ou plus sûrement libyques. Cette région (Sigus, Sila, Tigisis) est précisément riche en grandes stèles, parfois véritables menhirs sculptés portant des dédicaces libyques. Ces énormes pierres (dont deux sont aujourd’hui au Musée de Constantine), supports d’inscriptions mystérieuses ou mal comprises de pauvres clercs de Numidie centrale, sont peut-être à l’origine du récit "historique" de Procope.

Ce récit s’appuie aussi sur une autre donnée dont nous trouvons la trace, un siècle plus tôt, dans une lettre de Saint Augustin. "Demandez – écrit-il –, à nos paysans qui ils sont : ils répondent en punique qu’ils sont des Chenani. Cette forme corrompue par leur accent ne correspond-elle pas à Chananaeci (Cananéens) ?".

On a longtemps discuté sur le fait que les paysans africains voisins d’Hippone aient encore parlé le punique au Ve siècle de notre ère, plus d’un demi millénaire après la destruction de Carthage. C. Courtois (1950) s’était demandé si par l’expression "punice" Saint Augustin ne voulait pas désigner un dialecte berbère. Ses arguments n’emportèrent pas la conviction, et comme Ch. Saumagne (1953) et A. Simon (1955), je crois que Saint Augustin faisait réellement allusion à un dialecte sémitique. Bien qu’aucun texte ne vienne appuyer cette hypothèse, il est fort admissible que les Phéniciens aient eux-mêmes introduit le nom de Cananéens en Afrique. Plusieurs savants pensent même, comme A. di Vitta (1971), que le récit de Procope doit s’expliquer par le souvenir confus de la plus ancienne expansion phénicienne en Occident qui précéda largement la fondation de Carthage.

Autres origines légendaires de l’Antiquité

Elle n’est pas la seule que nous ait transmise l’Antiquité. S. Gsell, grâce à son incomparable érudition, a eu le mérite de les classer. Retenons les principales : selon Strabon, les Maures étaient des Indiens venus en Libye sous la conduite de l’inévitable Héraklès ; nous verrons que certains auteurs modernes ont voulu appuyer cette origine légendaire d’arguments scientifiques. Une origine orientale plus proche est proposée, pour les Gétules, par l’historien juif Flavius Joseph. Commentant le chap. X de la Genèse, il affirme tranquillement que l’un des fils de Koush, Euilas est le père des Euilaioi "qui sont aujourd’hui appelés Gaitouloi : Gétules". D’autres étymologies aussi fantaisistes parsèment le récit de Flavius Joseph : ainsi Ophren, petit fils d’Abraham, serait allé conquérir la Libye ; ses descendants auraient donné le nom d’Afrique au pays.

Mais d’autres origines leur sont prêtées, surtout chez les auteurs grecs ; ainsi Hérodote dit que les Maxyes, qu’on peut identifier à des Berbères sédentaires, cultivateurs, se prétendaient descendre des Troyens. En écho à cette tradition si répandue dans le monde classique, répondent plusieurs assertions : Hécatée mentionne une ville de Cubos fondée par les Ioniens auprès d’Hippou Akra, l’actuelle Bône-Annaba. Dans la même région était située la ville de Meschela qui était, selon Diodore de Sicile, une création grecque.

Ainsi Plutarque, qui s’inspire vraisemblablement de Juba II, le savant roi de Maurétanie contemporain de l’empereur Auguste, dit que Héraklès, toujours lui ! avait laissé, dans le Nord de la Maurétanie Tingitane, des Olbiens et des Mycéniens. Or Ptolémée cite parmi les peuples de cette contrée les Muceni dont le nom semble bien être à l’origine de cette autre légende.

Légendes médiévales sur les origines des Berbères

Les historiens du Moyen Age, par de nombreux traits, conservent cette mode de pensée antique et, en Orientaux étroitement asservis au système patriarcal, sont particulièrement friands de généalogies interminables aussi ont-ils donné ou répété de nombreuses légendes sur les origines des Berbères. lbn Khaldoun, le plus grand d’entre eux, a consacré un chapitre entier de sa volumineuse Histoire des Berbères aux multiples généalogies que des écrivains de langue arabe, qui étaient souvent d’origine berbère, ont présentées avant lui. Tous donnent une origine orientale aux différentes fractions. La plus courante se rattache à celle déjà relatée par Procope. El Bekri les fait chasser de Syrie-Palestine par les Juifs, après la mort de Goliath. Il s’accorde avec El Masoudi pour les faire séjourner très peu de temps en Égypte. Selon d’autres, les Berbères seraient les descendants de Goliath (Djolouta). Or il n’est pas sans intérêt de noter que Goliath et Aguelid, qui veut dire roi dans les dialectes berbères du Nord, sont deux noms de la même famille. Ifricos, fils de Goliath, les aurait conduits en Afrique qui lui doit son nom (Ifrîqiya).

Ibn Khaldoun lui-même prend fermement position en faveur de ce qu’il appelle "le fait réel, fait qui nous dispense de toute hypothèse… : les Berbères sont les enfants de Canaan, fils de Cham, fils de Noé, ainsi que nous l’avons déjà énoncé en traitant des grandes divisions de l’espèce humaine. Leur aïeul se nommait Mazigh ; leurs frères étaient les Gergéséens (Agrikech) ; les Philistins, enfants de Casluhim, fils de Misraïrn, fils de Cham, étaient leurs parents. Le roi, chez eux, portait le titre de Goliath (Djalout). Il y eut en Syrie, entre les Philistins et les Israélites, des guerres rapportées par l’histoire, et pendant lesquelles les descendants de Canaan et les Gergéséens soutinrent les Philistins contre les enfants d’Israël. Cette dernière circonstance aura probablement induit en erreur la personne qui représenta Goliath comme Berbère, tandis qu’il faisait partie des Philistins, parents des Berbères. On ne doit admettre aucune autre opinion que la nôtre ; elle est la seule qui soit vraie et de laquelle on ne peut s’écarter" (traduction de Slane).

Malgré cette objurgation d’lbn Khaldoun, nous devons également tenir compte, car elle n’est pas sans conséquence, d’une autre opinion qu’il nous rapporte avec précision : "Tous les généalogistes arabes s’accordent à regarder les diverses tribus berbères dont j’ai indiqué les noms, comme appartenant réellement à cette race ; il n’y a que les Sanhadja et les Ketama dont l’origine soit pour eux un sujet de controverse. D’après l’opinion généralement reçue, ces deux tribus faisaient partie des Yéménites qu’lfricos établit en Ifrikia lorsqu’il eut envahi ce pays.

D’un autre côté, les généalogistes berbères prétendent que plusieurs de leurs tribus, telles que les Louata, sont Arabes et descendent de Himyer ..."

Du Caucase à l’Atlantide Les auteurs modernes, européens, ont longtemps été très partagés sur les origines des Berbères. Ils se sont montrés, tout en affectant d’appuyer leurs hypothèses d’arguments scientifiques, autant, sinon plus, imaginatifs que leurs prédécesseurs antiques ou médiévaux.

Au cours du XIXe siècle et encore au début du nôtre, les explications et propositions diverses peuvent s’ordonner suivant deux types de recherches, les unes sont d’ordre philologique et présentées surtout par les érudits allemands, les secondes sont archéologiques ou anthropologiques et sont l’œuvre de Français.

Cananéens ou Indiens?

Philologues et orientalistes, s’appuyant les uns sur les récits grecs et latins, les autres sur des textes arabes, ont cherché à étayer l’origine orientale par des arguments nouveaux. Movers accorde toute créance aux récits de Salluste et de Procope. Il estime que les Cananéens fugitifs seraient passés en Afrique sur les vaisseaux des Phéniciens et, se mêlant aux Libyens primitifs qu’ils auraient initiés à l’agriculture, seraient devenus les Libyphéniciens que mentionnent plusieurs textes antiques. Nous avons vu, qu’à l’époque actuelle, certains auteurs, comme A. di Vitta, pensent effectivement que la tradition cananéenne conserve le souvenir estompé d’une expansion antérieure à la fondation de Carthage.

Le développement de l’égyptologie favorisa également la tradition orientale car plusieurs savants ont cru que les Hyksos, originaires d’Asie mineure et de Syrie, chassés d’Égypte, se réfugièrent en partie en Afrique et se seraient mêlés aux Libyens.

Kaltbrunner et Ritter apportent, eux, les "preuves" à l’appui de l’origine indienne des Maures proposée par Strabon ; ainsi selon eux le nom de Berbère est analogue à celui des Warlevera, très anciens occupants du Dekkan. Le port de Berbera, en Somalie, les Barabra (singulier Berberi) qui habitent entre la première et la quatrième cataracte sur le Nil, et le toponyme Berber au Soudan leur semblent autant de jalons linguistiques entre le sous-continent Indien et le Maghreb.

Une origine grecque ou égéenne a été, en revanche, vigoureusement défendue par le Dr Bertholon dans les premières années du XXe siècle. Il recensa avec une totale imprudence les noms et les mots berbères qui, selon lui, auraient une racine grecque ou préhellénique. En collaboration avec E. Chantre, il rédigea un volumineux ouvrage sur les Recherches anthropologiques dans la Berbérie orientale (1913) où il appuie d’arguments anthropologiques, voire ethnologiques, son opinion sur les origines de ces populations. Bravement les auteurs osent écrire : La céramique berbère se divise en trois grandes classes

céramique grossière à la main rappelant celle des dolmens, particulière surtout aux tribus de la grande race dolichocéphale ; son aire d’extension est celle de cet élément ethnique ; céramique à la main rappelant les modèles primitifs de la mer Égée… Cette céramique correspond avec la répartition des populations comprenant une proportion appréciable de dolichocéphales de petite taille; Céramique au tour, ornée par incisions, origine Gerba, pays de brachycéphales, a essaimé à Nabeul puis à Tunis, d’inspiration cypriote, moins archaïque que la précédente (p. 560). Voilà à quelles étranges conclusions aboutissent des recherches reposant sur des présupposés et la certitude d’une permanence absolue des types humains et des techniques à travers les millénaires !

Berbères, Gaulois et dolmens

La recherche des origines aurait dû, semble-t-il, tirer un bénéfice plus sûr du développement de l’Archéologie en Afrique du Nord, et particulièrement de la fouille des monuments funéraires mégalithiques si nombreux en Algérie orientale et en Tunisie centrale. Hélas ! dans ce domaine, plus encore qu’ailleurs, les préjugés ethniques, voire nationaux, devaient engendrer les pires erreurs. Les dolmens nord-africains attirèrent très tôt l’attention des voyageurs européens. Shaw, dès le milieu du XVIIIe siècle, signalait ceux de Beni Messous près d’Alger. En 1833 le capitaine Rozet les décrit sous le nom de "monuments druidiques voisins de Sidi Ferruch". Le chirurgien Guyon fut le premier en 1846 à y entreprendre des fouilles. Dans le compte rendu très sérieux qu’il présenta à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres il écrit : "ils ont tout à fait l’aspect des monuments druidiques que j’ai vus à Saumur et sur d’autres points de la France. Aussi quelques archéologues les attribuent aux Gaulois qui servaient dans les armées romaines, mais on serait tout aussi autorisé à les rapporter aux Vandales…".

Le désir de retrouver, de part et d’autre de la Méditerranée, les mêmes faits archéologiques, expliquait et justifiait en quelque sorte la présence "celtique" puis française en Algérie. Cela paraît encore chez l’un des meilleurs archéologues et arabisants du Second Empire, L. Ch. Feraud qui commence ses recherches en 1860. Trois ans plus tard il entreprend, avec le paléontologue anglais Christy (celui-là même qui, avec E. Lartet, commençait l’exploration préhistorique de la vallée de la Vézère), les fouilles de la vaste nécropole mégalithique de Ras el Aïn Bou Merzoug, dans le voisinage de Constantine et acquiert la conviction que les dolmens sont les tombeaux des "Gallo-romains" établis en Afrique.

À cette époque héroïque de l’archéologie préhistorique tous les arguments, même les plus spécieux, étaient présentés pour affirmer l’origine celtique, donc française, des dolmens algériens. En 1862 paraissait, dans la série des célèbres Guides Joanne, l’itinéraire historique et descriptif de l’Algérie de L. Piesse. À la page 71 de cet opuscule on trouve une description sommaire des dolmens de Beni Messous attribués à une "légion armoricaine". "Cette hypothèse, ajoute L. Piesse, peut s’appuyer sur une inscription tumulaire trouvée à Aumale. On y lit qu’un nommé Gargilius, tribun, commandant des vexillaires et d’un corps indigène était aussi chef d’une cohorte bretonne, décurion d’Auzia et de Rusguniae en l’année 263 de l’ère chrétienne ... ". Or Gargilius Martialis avait, en réalité, commandé la première cohorte des Astyres dans la province de Bretagne (c’est-à-dire la Grande Bretagne) avant de venir en Afrique où il périt sous les coups des Bavares révoltés. On voit que les rapprochements proposés par L. Piesse n’étaient qu’une amusante suite de contresens.

Origines nordiques

Progressivement se développa l’idée que les dolmens étaient antérieurs aux Celtes ou Gaulois, mais cette opinion chronologiquement plus exacte ne s’accompagna pas d’un examen plus attentif des faits. Ainsi, A. Bertrand (1863) comme grand nombre de ses contemporains, croit à l’existence d’un "peuple des dolmens" progressivement chassé d’Asie, de l’Europe septentrionale, des îles Britanniques puis de Gaule et d’Espagne pour venir s’établir en Afrique du Nord. Dans le même courant d’opinion, H. Martin, s’appuyant sur les découvertes de l’égyptologie naissante qui faisait connaître, parmi les peuplades libyennes qui attaquèrent l’Égypte au temps de Mineptah et de Ramsès III, des Tamahous blonds, explique que des "Gaulois" ayant franchi les Pyrénées et traversé l’Espagne auraient conquis l’Afrique du Nord et implanté la civilisation mégalithique avant de s’attaquer à l’Égypte.

La présence indiscutable des populations ou plutôt d’individus blonds aux yeux clairs dans plusieurs régions montagneuses proches du littoral et actuellement berbérophones accrédita longtemps la légende d’une origine nordique de ces peuples : européens constructeurs de mégalithes pour les uns, Gaulois mercenaires de Carthage pour les autres (on sait, ne serait-ce que par la lecture de Salambô, à défaut de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, le rôle tenu par les Gaulois dans la guerre des Mercenaires contre Carthage, entre les deux premières guerres puniques), Gallo-romains enrôlés dans les légions de l’Empire pour d’autres, ou bien encore descendants des pirates francs qui au IIIe siècle fréquentaient les parages du détroit de Gibraltar, Vandales enfin qui, après un siècle de domination ne pouvaient avoir disparu sans laisser de traces dans la population. N’allait-on pas jusqu’à retrouver dans le nom d’une obscure fraction, les Germana (ou Djermana), le souvenir de ces Germains réfugiés en Petite Kabylie après leur défaite ?

D’autres arguments anthropologiques vinrent s’agglutiner aux divagations historico-archéologiques ; ainsi J. Bourguignat reconnaît, à la suite de l’anthropologue Pruner-Bey que les dolmens de Roknia étaient l’œuvre de tribus berbères mêlées d’Égyptiens et de Nègres "dominés par une race d’Arias descendant d’Italie en Sicile et de Sicile en Afrique" (1868).

Berbères, Ibères et Sumériens

Dans les recherches des origines européennes des Berbères la Péninsule ibérique a la préférence. Certaines identités toponymiques troublantes entre les deux rives du Détroit, noms de fleuves et de villes – récemment J. Desanges vient d’en donner un précieux inventaire – appuient cette argumentation. Des rapprochements, infiniment plus fragiles avec la langue basque permettent de rappeler que Berbères et Ibères sont aussi proches par l’onomastique que par la géographie. Comme l’Antiquité connaissait des Ibères au Caucase, qui pourraient eux-mêmes être les ancêtres des Ibères d’Occident, voici une autre origine possible des Berbères : une philologie de l’à peu près, expliquait aussi sérieusement, à l’aide de rapprochements des plus fantaisistes, que les Berbères descendaient des… Sumériens !

Tour à tour ont été évoqués l’Orient pris globalement (Mèdes et Perses), la Syrie et le pays de Canaan, l’inde et l’Arabie du Sud, la Thrace, la Mer Égée et l’Asie mineure, mais aussi l’Europe du Nord, la Péninsule ibérique, les îles et la Péninsule italiennes… Il est sûrement plus difficile de rechercher les pays d’où ne viennent pas les Berbères

Il est vrai que pour d’autres littérateurs pseudo-scientifiques, la question trouve facilement sa solution : les Berbères sont tout simplement les derniers Atlantes. Les "preuves" ne manquent pas : l’Atlantide était située dans la partie de l’Océan proche de la Libye, les Canaries en sont les débris. Les premiers habitants de ces îles, les Guanches, ne parlaient-ils pas le berbère ?

LES DONNÉES DE L’ANTHROPOLOGIE La formation de la population berbère, ou plus exactement des différents groupes berbères, demeure une question très controversée parce qu’elle fut mal posée. Les théories diffusionnistes ont tellement pesé depuis l’origine des recherches que toute tentative d’explication reposait traditionnellement sur des invasions, des migrations, des conquêtes, des dominations. Et si les Berbères ne venaient de nulle part ?

Plutôt que de rechercher avec plus ou moins de bonheur de vagues ressemblances de tous ordres et d’amalgamer des données de significations différentes, voire contradictoires, ne vaut-il pas mieux commencer par examiner les Berbères eux-mêmes et les restes humains ultérieurs à l’époque historique, époque ou, nous le savons, la population actuelle s’était déjà mise en place ?

En un mot nous devons logiquement accorder la primauté à l’Anthropologie. Mais celle-ci ne permet pas aujourd’hui de définir la moindre originalité "berbère" dans l’ensemble de la population sud méditerranéenne. Ce qui permet aujourd’hui encore de mentionner des groupes berbères dans le quart nord-ouest de l’Afrique est d’autre qualité, culturelle plus que physique. Parmi ces données culturelles la principale demeure la langue.

Nous examinerons donc successivement les données de l’Anthropologie et celles de la linguistique.

L’Homo sapiens du Maghreb L’Homme atérien

Sans rechercher les origines mêmes de l’homme en Afrique du Nord, nous devons cependant remonter allègrement les millénaires pour comprendre comment s’est constitué le peuplement de cette vaste région actuellement pincée entre le Désert et la Méditerranée. Plaçons-nous au début de l’époque qu’en Europe les préhistoriens nomment Paléolithique supérieur : à ce moment vit déjà au Maghreb un homme de notre espèce, Homo sapiens sapiens, plus primitif que son contemporain européen, l’Homme de Cro-Magnon et qui est l’auteur de l’Atérien, culture dérivée du Moustérien. Cet homme atérien découvert à Dar es Soltan (Maroc) présente suffisamment d’analogies avec l’homme moustérien du Djebel Irhoud pour qu'on puisse admettre qu’il en soit issu. Plus intéressante encore est la reconnaissance d’une filiation entre cet homme atérien et son successeur, connu depuis fort longtemps au Maghreb sous le nom d’Homme de Mechta el-Arbi.

Origines de l’homme de Mechta el-Arbi

L’Homme de Mechta el-Arbi est un cromagnoïde ; il en présente les caractères physiques dominants : la grande taille (1,74 m en moyenne pour les hommes), la forte capacité crânienne (1650 cc), la disharmonie entre la face large et basse, aux orbites de forme rectangulaire plus larges que hautes, et le crâne qui est dolichocéphale ou mésocéphale.

À ses débuts, l’Homme de Mechta el-Arbi est associé à une industrie, nommée Ibéromaurusien, qui occupait toutes les régions littorales et telliennes. L’Ibéromaurusien, contemporain du Magdalénien et de l’Azilien européens, a déjà les caractères d’une industrie épipaléolithique en raison de la petite taille de ses pièces lithiques. Ce sont très souvent de petites lamelles dont l’un des tranchants a été abattu pour former un dos. Ces objets étaient des éléments d’outils, des sortes de pièces détachées dont l’agencement dans des manches en bois ou en os procurait des instruments ou des armes efficaces.

Traditionnellement, on pensait que l’Homme de Mechta el-Arbi, cousin de l’Homme de Cro-Magnon, avait une origine extérieure. Les uns imaginaient les Hommes de Mechta el-Arbi, venus d’Europe, traversant l’Espagne et le détroit de Gibraltar pour se répandre à la fois au Maghreb et aux îles Canaries dont les premiers habitants, les Guanches, avaient conservé l’essentiel de leurs caractères physiques avant de se mêler aux conquérants espagnols.

D’autres pensaient que l’Homme de Mechta el-Arbi descendait d’Homo Sapiens apparu en Orient (Homme de Palestine) et que de ce foyer originel s’étaient développées deux migrations. Une branche européenne aurait donné l’Homme de Cro-Magnon, une branche africaine aurait mis en place l’Homme de Mechta el-Arbi.

Origine orientale, origine européenne, deux éléments d’une alternative que nous avons déjà reconnue dans les récits légendaires de l’Antiquité ou dans les explications fantaisistes de l’époque moderne et qui se retrouve dans les hypothèses scientifiques actuelles. Malheureusement l’une et l’autre présentaient de grandes anomalies qui les rendaient difficilement acceptables. Ainsi la migration des Hommes de Cro-Magnon à travers l’Espagne ne peut être jalonnée ; bien mieux, les crânes du Paléolithique supérieur européen ont des caractères moins accusés que leurs prétendus successeurs maghrébins. Les mêmes arguments peuvent être opposés à l’hypothèse d’une origine proche orientale des Hommes de Mechta el-Arbi : aucun document anthropologique entre la Palestine et la Tunisie ne peut l’appuyer. De plus, nous connaissons les habitants du Proche-Orient à la fin du Paléolithique supérieur, ce sont les Natoufiens, de type proto-méditerranéen, qui diffèrent considérablement des Hommes de Mechta el-Arbi. Comment expliquer, si les Hommes de Mechta el-Arbi ont une ascendance proche orientale, que leurs ancêtres aient quitté en totalité ces régions sans y laisser la moindre trace sur le plan anthropologique ?

Reste donc l’origine locale, sur place, la plus simple (c’est la raison pour laquelle sans doute on n’y croyait guère !) et, aujourd’hui la plus évidente depuis la découverte de l’Homme atérien. Les anthropologues spécialistes de l’Afrique du Nord comme D. Ferembach et M.C. Chamla, admettent aujourd’hui une filiation directe, continue, depuis les néandertaliens nord-africains (Hommes du Djebel Irhoud) jusqu’aux Cromagnoïdes que sont les Hommes de Mechta el-Arbi. L’Homme atérien de Dar es Soltane serait l’intermédiaire mais qui aurait déjà acquis les caractères d’Homo sapiens sapiens.

Le type de Mechta el-Arbi va s’effacer progressivement devant d’autres hommes, mais sa disparition ne fut jamais complète. Ainsi trouve-t-on encore 8% d’hommes mechtoïdes parmi les crânes conservés des sépultures protohistoriques et puniques (Chamla, 1976). De l’époque romaine, dont les restes humains ont longtemps été dédaignés par les archéologues "classiques", on connaît encore quelques crânes de l’Algérie orientale qui présentent des caractères mechtoïdes. Du type de Mechta el-Arbi il subsiste encore quelques très rares éléments dans la population actuelle qui, dans sa quasi totalité, appartient aux différentes variétés du type méditerranéen : quelques sujets méso ou dolichocéphales à face basse, de taille élevée, et au rapport cranio-facial dysharmonique, rappellent les principaux caractères des Hommes de Mechta el-Arbi. Ils représentent tout au plus 3 % de la population au Maghreb ; ils sont nettement plus nombreux dans les îles Canaries.

Les Protoméditerranéens Capsiens mangeurs d’escargots On ne peut cependant placer l’Homme de Mechta el-Arbi parmi les ancêtres directes des Berbères.

Apparition des Méditerranéens

À partir du VIIIe millénaire, on voit apparaître dans la partie orientale du Maghreb (nous sommes complètement ignorants de ce qui se passait au même moment, sur le plan anthropologique, dans les confins de l’Égypte et de la Libye), un nouveau type d’Homo sapiens qui a déjà les caractères de certaines populations méditerranéennes actuelles. Il est aussi de taille élevée (1,75 m pour les hommes de Medjez II, 1,62 m pour les femmes), mais il se distingue de l’Homme de Mechta el-Arbi par une moindre robustesse, un rapport crânio-facial plus harmonique puisque à un dolichocrâne correspond une face haute et plus étroite, les orbites sont plus carrées et le nez plus étroit. Les reliefs osseux de ce nouveau type humain sont atténués, l’angle de la mâchoire, en particulier, n’est pas déjeté vers l’extérieur, il n’y a donc pas extroversion des gonions comme disent les anthropologues. Or ce caractère est très fréquent, sinon constant chez les Hommes de Mechta.



(a) "Crâne de Taza" : Type Ibéromaurusien, composé en grande partie de sapiens à l'aspect "cromagnoïde". (b) "Hommes de Medjez" : Type capsien, considéré comme Proto-Méditerranéen. Images extraites de l'article Prothèse dentaire préhistorique ostéo-implantée




Ce type humain a reçu le qualificatif de Protoméditerranéen. Des groupes anthropologiquement très proches se retrouvent, à la même époque ou un peu avant en Orient (Natoufiens) et dans divers pays de la Méditerranée où ils semblent issus du type de Combe Capelle (appelé en Europe centrale Homme de Brno) qui est distinct de l’Homme de Cro-Magnon. Aussi D. Ferembach suppose l’existence en Orient, au Paléolithique supérieur, d’un homme proche de Combe Capelle.

Manifestement l’Homme de Mechta el-Arbi n’a pu donner naissance aux hommes protoméditerranéen. Ceux-ci, qui vont progressivement le remplacer, apparaissent d’abord à l’Est, tandis que les Hommes de Mechta el-Arbi sont encore, au Néolithique, les plus nombreux dans l’Ouest du pays. Cette progression d’Est en Ouest indique bien qu’il faut chercher au-delà des limites du Maghreb, l’apparition de ce type humain protoméditerranéen. Un consensus général de tous les spécialistes. anthropologues et préhistoriens, se dégage aujourd’hui pour admettre qu’il est venu du Proche-Orient.

On peut, à la suite de M.C. Chamla, reconnaître parmi les Protoméditerranéens deux variétés La plus fréquente, sous type de Médjez II, au crâne élevé, est orthognate, le second, moins répandu, celui de l’Aïn Dokkara, à voûte crânienne plus basse, est parfois prognate, sans toutefois présenter les caractères négroïdes sur lesquels on avait à tort attiré l’attention.

La civilisation capsienne

Ces hommes sont porteurs d’une industrie préhistorique qui a reçu le nom de Capsien, du nom antique de Gafsa (Capsa) auprès de laquelle furent reconnus pour la première fois les constituants de cette culture. Le Capsien couvre une période moins longue que l’Ibéromaurusien ; elle s’étend du VIIIe au Ve millénaire.

Grâce au grand nombre de gisements plaisamment nommés escargotières et à la qualité des fouilles qui y furent conduites, on a une connaissance satisfaisante des Capsiens et de leurs activités. On peut, dans leur cas, parler d’une civilisation dont les nombreux faciès régionaux reconnus à travers la Tunisie et l’Algérie révèlent certains traits constants. Sans nous appesantir sur l’industrie de pierre caractérisée par des outils sur lames et lamelles à bord abattu, des burins, des armatures de formes géométriques (croissants, triangles, trapèzes), nous rappellerons qu’elle est fort belle, remarquable par les qualités du débitage, effectué parfois au cours du Capsien supérieur par pression, ce qui donne des lamelles normalisées. Elle est remarquable également par la précision de la retouche sur des pièces d’une finesse extraordinaire, comme par exemple les micro-perçoirs courbes dits de l’Aïn Khanga. Mais le Capsien possède d’autres caractères qui ont pour l’archéologue et l’ethnologue une importance plus grande, je veux parler de ses œuvres d’art. Elles sont les plus anciennes en Afrique et on peut affirmer qu’elles sont à l’origine des merveilles artistiques du Néolithique. Elles sont même, et ceci est important, à l’origine de l’art berbère. Il y a un tel air de parenté entre certains de ces décors capsiens ou néolithiques et ceux dont les Berbères usent encore dans leurs tatouages, tissages et peintures sur poterie ou sur les murs, qu’il est difficile de rejeter toute continuité dans ce goût inné pour le décor géométrique, d’autant plus que les jalons ne manquent nullement des temps protohistoriques jusqu’à l’époque moderne.



(Image: Logan Museum)







Les premiers Berbères

Sur le plan anthropologique les hommes capsiens présentent si peu de différence avec les habitants actuels de l’Afrique du Nord, Berbères et prétendus Arabes qui sont presque toujours des Berbères arabisés, que les archéologues négligèrent de conserver les squelettes découverts dans les escargotières car ils croyaient qu’il s’agissait d’intrus inhumés à une époque récente dans les buttes que constituent les gisements. Un de ces crânes séjourna même un certain temps dans le greffe du tribunal d’une petite ville d’Algérie orientale, Ain M’Lila, car on avait cru à l’inhumation clandestine de la victime d’un meurtre

Quoi qu’il en soit nous tenons, avec les Protoméditerranéens capsiens, les premiers Maghrébins que l’on peut, sans imprudence, placer en tête de la lignée berbère. Cela se situe il y a quelque 9 000 ans ! Certes tout concorde à faire admettre, comme nous l’avons dit ci-dessus, que ces Capsiens ont une origine orientale. Rien ne permet de croire à une brusque mutation des Mechtoïdes en Méditerranéens alors que les Natoufiens du Proche Orient dont les caractères anthropologiques affirmés antérieurement aux Capsiens sont du même groupe humain qu’eux et dans leur civilisation on peut retrouver certains traits culturels qui s’apparentent au Capsien.

Mais cette arrivée est si ancienne qu’il n’est pas exagéré de qualifier leurs descendants de vrais autochtones. Cette assertion est d’autant plus recevable qu’il ne subsiste que quelques traces des premiers occupants Mechtoïdes. Il est même troublant de constater que si Protoméditerranéens et Mechta el-Arbi ont pendant longtemps cohabité dans les mêmes régions, puisque ces derniers ont survécu jusqu’au Néolithique, même dans la partie orientale que fut "capsianisée" plus tôt, ils ne se sont pas métissés entre eux. L’atténuation des caractères mechtoïdes que l’anthropologue constate chez certaines populations antérieures à l’arrivée des Protoméditerranéens, ne peut s’expliquer que par une évolution interne répondant au phénomène général de gracilisation. De même, les Protoméditerranéens les plus robustes ou les plus archaïques ne présentent aucun caractère mechtoïde et les plus évolués s’écartent encore davantage de ce type.

La mise en place des Paléo-Berbères Si nous passons aux temps néolithiques il n’est pas possible de saisir un changement notable dans l’évolution anthropologique du Maghreb. On note la persistance du type de Mechta el-Arbi dans l’Ouest et même sa progression vers le Sud le long des côtes atlantiques tandis que le reste du Sahara, du moins au Sud du Tropique du Cancer, est alors uniquement occupé par des négroïdes. Les Protoméditerranéens s’étendent progressivement. Arrivés à l’aube des temps historiques nous constatons que les hommes enterrés dans les tumulus et autres monuments mégalithiques sont du type méditerranéen quelle que soit leur localisation, sauf dans les régions méridionales où des éléments négroïdes sont discernables. Le Maghreb s’est donc, sur le plan anthropologique "méditerranéisé" sinon déjà berbérisé.

Méditerranéens robustes et Méditerranéens graciles

Mais une autre constatation s’impose immédiatement : certains de ces Méditerranéens sont de stature plus petite, leurs reliefs musculaires plus effacés, les os moins épais, en un mot, leur squelette est plus gracile. A vrai dire, les différences avec les Protoméditerranéens ne sont pas tranchées : il existe des formes de passage et de nombreuses transitions entre les Méditerranéens robustes et les Méditerranéens graciles. De plus, il n’y a pas eu élimination des uns par les autres puisque ces deux sous-types de la race méditerranéenne subsistent encore aujourd’hui. Les premiers forment le sous-type atlanto-méditerranéen bien représenté en Europe depuis l’Italie du Nord jusqu’en Galice le second est appelé ibéro-insulaire qui domine en Espagne du Sud, dans les îles et l’Italie péninsulaire.

En Afrique du Nord, ce sous-type est très largement répandu dans la zone tellienne, en particulier dans les massifs littoraux, du Nord de la Tunisie, en Kabylie, au Rif dans le Nord du Maroc, tandis que le type robuste s’est mieux conservé chez les Berbères nomades du Sahara (Touareg) dans les groupes nomades arabisés de l’Ouest (Regueibat), chez les Marocains du Centre et surtout du Sud (Ait Atta, Chleuh). Mais les deux variétés coexistent jusqu’à nos jours dans les mêmes régions. Ainsi en Kabylie d’après une étude récente de M.C. Chainla, le type méditerranéen se rencontre dans 70 % de la population mais se subdivise en trois sous-types : l’ibéro-insulaire dominant caractérisé par une stature petite à moyenne, à face très étroite et longue, l’atlanto-méditerranéen également bien représenté, plus robuste et de stature plus élevée, mésocéphale, un sous-type "saharien", moins fréquent (15 %) de stature élevée, dolicocéphale à face longue.

Un second élément qualifié d’alpin en raison de sa brachycéphalie, sa face courte et sa stature peu élevée, représente environ 10 % de la population, mais M.C. Chainla répugne à les confondre avec des Alpins véritables et songe plutôt à une variante "brachycéphalisée" du type méditerranéen.

Un troisième élément à affinités arménoïdes, de fréquence égale au précédent, se caractérise par une face allongée associée à un crâne brachycéphale.

En quantités infimes s’ajoutent à ce stock quelques individus conservant des caractères mechtoïdes, quelques métis issus d’un élément négroïde plus ou moins ancien et des sujets à pigmentation claire de la peau, des yeux et des cheveux.

Complexité et variabilité

Cet exemple montre la diversité du peuplement du Maghreb. Mais nous ne sommes plus au temps où la typologie raciale était le but ultime de la recherche anthropologique. Il était alors tentant d’assimiler les "types" ou "races" à des groupes humains venant s’agglutiner, au cours des siècles, à un ou plusieurs types plus anciens. Les recherches modernes, dans le monde entier, ont montré combien l’homme était, dans son corps infiniment plus malléable et sensible aux variations et particulièrement à l’amélioration des conditions de vie. La croissance de la taille, au cours des trois dernières générations, est un phénomène général largement ressenti et connu de l’opinion publique mais, aussi, facilement mesurable grâce aux archives des bureaux de recrutement. En moins d’un siècle la stature moyenne des Français a gagné 7 cm, ce qui est considérable et ne s’explique ni par une invasion ni par l’émigration systématique des hommes de petite taille. Cette croissance est due à l’amélioration des conditions de vie, à une alimentation plus riche et surtout à la disparition des travaux pénibles chez les enfants et adolescents. De fait, cette croissance de la stature est inégale entre les nations et, à l’intérieur de celle-ci, entre les régions en relation directe avec les développements économiques. Ainsi, entre 1927 et 1958, en quelques années, la stature moyenne à Tizi-Ouzou (Kabylie, Algérie) est passée de 164,6 cm à 167,4 cm alors que dans la région voisine plus deshéritée de Lakhdaria (ex. Palestro), de 1880 à 1958, l’augmentation ne fut que de 1,2 cm et ne semble pas significative.

D’autres travaux ont montré que la forme du crâne variait par "dérive génétique" comme disent les biologistes sans qu’il soit possible de faire appel au moindre apport étranger pour expliquer ce phénomène. Des variations séculaires ont pu être mises en lumière en France, ainsi les Auvergnats, de tendance dolichocéphale au Moyen Age, Sont devenus brachycéphales ; leur crâne s’est raccourci et élargi sans que la moindre invasion de la "race" alpine d’Europe centrale ait pu modifier la composante humaine du Massif central.

Cette malléabilité, cette sensibilité aux facteurs extérieurs tels que les conditions de vie et une orientation imprévisible due au hasard de la génétique paraissent à bien des anthropologues modernes, suffisantes pour faire l’économie de nombreuses et mythiques migrations et invasions dans la constitution des populations historiques. De nos jours l’évolution sur place paraît plus probable.

Ainsi M.C. Chamla explique l’apparition de la variété ibéro-insulaire à l’intérieur du groupe méditerranéen africain par le simple jeu de la gracilisation. Aucune différence de forme n’apparaît entre les crânes des époques capsienne, protohistorique et moderne ; seules varient les dimensions et dans un sens général qui est celui de la gracilisation.

Une Constante pression venue de l’Orient

Les Protoméditerranéens capsiens constituent certes le fond du peuplement actuel du Maghreb, mais le mouvement qui les amena, dans les temps préhistoriques, du Proche-Orient en Afrique du Nord, ne cessa à aucun moment. Ils ne sont que les prédécesseurs d’une longue suite de groupes, certains peu nombreux, d’autres plus importants. Ce mouvement, quasiment incessant au cours des millénaires, a été, pour les besoins de la recherche archéologique ou historique, sectionné en "invasions" ou "conquêtes" qui ne sont que des moments d’une durée ininterrompue.

Après les temps capsiens, en effet, au Néolithique, sont introduits animaux domestiques, moutons et chèvres dont les souches sont exotiques et les premières plantes cultivées qui sont elles aussi d’origine extérieure : ces animaux et ces plantes ne sont pas arrivés seuls, même si les hommes qui les introduisirent pouvaient être fort peu nombreux. A cette époque la plus grande partie du Sahara était occupée par des pasteurs négroïdes. Il est possible que chassés par l’assèchement intervenu après le IIIe millénaire, certains groupes se soient déplacés vers le Nord et aient atteint le Maghreb. Certains sujets négroïdes ont été reconnus dans les gisements néolithiques du Sud Tunisien, et au IVe siècle avant J.C., Diodore de Sicile connaît encore des populations semblables aux Éthiopiens (c’est-à-dire des gens de peau noire) dans le Tell tunisien, dans l’actuelle Kroumirie. Mais cet apport proprement africain semble insignifiant par rapport au mouvement insidieux mais continu qui se poursuit à l’Age des Métaux lorsque apparaissent les éleveurs de chevaux, d’abord "Équidiens", conducteurs de chars, puis cavaliers qui conquirent le Sahara en asservissant les Éthiopiens. Ces cavaliers, les historiens grecs et latins les nommeront Garamantes à l’Est, Gétules au Centre et à l’Ouest. Leurs descendants, les Berbères sahariens, dominèrent longtemps les Haratins qui semblent bien être les héritiers des anciens Éthiopiens.

Au cours même de la domination romaine, puis vandale et byzantine, nous devinons de longs glissements de tribus plus ou moins turbulentes à l’extérieur du Limes romain puis dans les terres mêmes de ce qui avait été l’Empire. Ainsi la confédération que les Romains nomment Levathae (prononcer Leouathae), et qui était au IVe siècle en Tripolitaine, se retrouve au Moyen Age, sous le nom de Leuata, entre l’Aurès et l’Ouarsenis. Ces Louata appartiennent avec de nombreuses autres tribus au groupe Zénète, le plus récent des groupes berbérophones dont la langue se distingue assez nettement de celle des groupes plus anciens que l’on pourrait nommer Paléo-berbères. Les troubles provoqués par l’irruption zénète s’ajoutant aux convulsions politiques, religieuses et économiques que subirent les provinces d’Afrique, favorisèrent grandement les entreprises conquérantes des Arabes. Quatre siècles plus tard, la succession des invasions bédouines, des Beni Hilal, Solaym, Maqil, ne sont elles aussi, que des moments, retenus par l’Histoire parce qu’elles eurent des conséquences catastrophiques, d’un vaste mouvement qui débuta une dizaine de millénaires plus tôt.

Les apports méditerranéens

Si la population du Maghreb a conservé, vis-à-vis du Proche-Orient, une originalité certaine, tant physique que culturelle, c’est qu’un second courant, nord-sud celui-ci, tout en interférant avec le premier, a marqué puissamment de son empreinte ces terres d’Occident.

Ce courant méditerranéen s’est manifesté dès le Néolithique. Le littoral du Maghreb connaît alors les mêmes cultures que les autres régions de la Méditerranée occidentale, les mêmes styles de poterie. Tandis qu’au Sud du détroit de Gibraltar apparaissent des techniques aussi caractéristiques que le décor "cardial" fait à l’aide d’une coquille de mollusque marin, style européen qui déborde sur le Nord du Maroc, à l’Est se répandent les industries en obsidienne venues des îles italiennes. En des âges plus récents, la répartition de monuments funéraires, comme les dolmens et les hypogées cubiques, ne peut s’expliquer que par un établissement permanent d’un ou plusieurs groupes méditerranéens venus d’Europe. Cet apport méditerranéen proprement dit a eu certes plus d’importance culturelle qu’anthropologique. Mais si certains éléments culturels peuvent, pour ainsi dire, voyager tout seuls, les monuments et les rites funéraires me paraissent trop étroitement associés aux ethnies pour qu’on puisse imaginer que la construction de dolmens ou le creusement d’hypogées aient pu passer le détroit de Sicile et se répandre dans l’Est du Maghreb sans que des populations assez cohérentes les aient apportés avec elles.

Sans réduire la primauté fondamentale du groupe protoméditerranéen qui est continental, originaire de l’Est et qui connut des enrichissements successifs, on ne doit pas négliger pour autant ces apports proprement méditerranéens, plus récents, moins importants sur le plan anthropologique, mais plus riches sur le plan culturel.

C’est de l’interférence de ces deux éléments principaux auxquels s’ajoutèrent des apports secondaires venus d’Espagne et du Sahara que sont nées, au cours des siècles, la population et la civilisation rurale du Maghreb.

LES DONNÉES LINGUISTIQUES L’apport des études linguistiques ne peut être négligé dans un essai de définition des origines berbères dans la mesure où la langue est aujourd’hui le caractère le plus original et le plus discriminant des groupes berbères disséminés dans le quart nord-ouest du continent africain.

Une indispensable prudence

Les idiomes berbères adoptent et "berbérisent" facilement nombre de vocables étrangers : on y trouve des mots latins, arabes (parfois très nombreux on compte jusqu’à 35 % d’emprunts lexicaux à l’arabe, en kabyle), français, espagnols… Il semble que le libyque était tout aussi perméable aux invasions lexicales, surtout en onomastique.

On doit par conséquent se montrer très prudent devant les rapprochements aussi nombreux qu’hasardeux proposés entre le berbère et différentes langues anciennes par des amateurs ou des érudits trop imprudents. D’après Bertholon le libyque aurait été un dialecte hellénique importé par les Thraces ; d’autres y voient des influences sumériennes ou touraniennes. Plus récemment l’archétype basque a été mis en valeur, avec des arguments à peine moins puérils. Les amateurs du début du siècle croyaient, en effet, pouvoir fonder leurs apparentements en constituant de longues listes de termes lexicaux parallélisés à ceux de la langue de comparaison. De tels rapprochements sont faciles, on peut ainsi noter de curieuses convergences de vocabulaire aussi bien avec les dialectes amérindiens qu’avec le finnois.

Ces dévergondages intellectuels expliquent l’attitude extrêmement prudente des berbérisants qui, inconsciemment sans doute, désireraient que soit reconnue l’originalité intrinsèque du berbère. Cette attitude va même jusqu’à douter parfois de la parenté entre le berbère et le libyque, ou, plus exactement, leur prudence est telle qu’ils voudraient être bien sûrs que la langue transcrite en caractères libyques fût une forme ancienne du berbère.

Cette attitude plus que prudente apparaît dans un texte célèbre d’A. Basset : "En somme la notion courante du berbère, langue indigène et seule langue indigène jusqu’à une période préhistorique... repose essentiellement sur des arguments négatifs, le berbère ne nous ayant jamais été présenté comme introduit, la présence, la disparition d’une autre langue indigène ne nous ayant jamais été clairement attestées" (La langue berbère. L’Afrique et l’Asie, 1956).

Les inscriptions libyques

Malgré leur nombre et un siècle de recherches, les inscriptions libyques demeurent en grande partie indéchiffrées. Comme le signalait récemment S. Chaker (1973), cette situation est d’autant plus paradoxale que les linguistes disposent de plusieurs atouts : des inscriptions bilingues puniques-libyques et latines-libyques, et la connaissance de la forme moderne de la langue ; car, si nous n’avons pas la preuve formelle de l’unité linguistique des anciennes populations du Nord de l’Afrique, toutes les données historiques, la toponymie, l’onomastique, le lexique, les témoignages des auteurs arabes confirment la parenté du libyque et du berbère. En reprenant l’argument négatif dénoncé par A. Basset, mais combien déterminant à mon avis, si le libyque n’est pas une forme ancienne du berbère on ne voit pas quand et comment le berbère se serait constitué.

Les raisons de l’échec relatif des études libyques s’expliquent, en définitive, assez facilement : les berbérisants, peu nombreux, soucieux de recenser les différents parlers berbères n’ont guère, jusqu’à présent, apporté une attention soutenue au libyque dont les inscriptions stéréotypées ne sont pas, à leurs yeux, d’un grand intérêt. En revanche, les amateurs ou les universitaires non berbérisants, qui s’intéressaient à ces textes en raison de leur valeur historique ou archéologique, n’étaient pas armés pour cette étude.

Enfin le système graphique du libyque, purement consonantique, se prête mal à une reconstitution intégrale de la langue qu’il est chargé de reproduire.

L’apparentement du berbère

Cependant l’apparentement du berbère avec d’autres langues, géographiquement voisines fut proposé très tôt ; on peut même dire dès le début des études. Dès 1838, Champollion, préfaçant le Dictionnaire de la langue berbère de Venture de Paradis, établissait une parenté entre cette langue et l’Égyptien ancien. D’autres, plus nombreux, la rapprochaient du sémitique. Il fallut attendre les progrès décisifs réalisés dans l’étude du Sémitique ancien pour que M. Cohen proposât, en 1924, l’intégration du berbère dans une grande famille dite Chamito-Sémitique qui comprend en outre l’Égyptien (et le Copte qui en est sa forme moderne), le Couchitique et le Sémitique. Chacun de ces groupes linguistiques a son originalité, mais ils présentent entre eux de telles parentés que les différents spécialistes finirent par se rallier à la thèse de M. Cohen.

Ces parallélismes ne sont pas de simples analogies lexicales ; ils affectent la structure même des langues comme le système verbal, la conjugaison et l’aspect trilitère des racines, bien qu’en berbère de nombreuses racines soient bilitères, mais cet aspect est du à une "usure" phonétique particulièrement forte en berbère et que reconnaissent tous les spécialistes. Ce sont ces phénomènes d’érosion phonétique qui, en rendant difficiles les comparaisons lexicales avec le Sémitique, ont longtemps retenu les Berbérisants dans une attitude "isolationniste" qui semble aujourd’hui dépassée.

Quoi qu’il en soit, la parenté constatée à l’intérieur du groupe Chamito-sémitique entre le berbère, l’égyptien et le sémitique, ne peut que confirmer les données anthropologiques qui militent, elles aussi, en faveur d’une très lointaine origine orientale des Berbères.

Laboratoire d’anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale


Lexique (rédaction Mondeberbere.com, d’après l’encyclopédie Hachette) Brachycéphale. Dont le crâne arrondi est presque aussi large que long, en parlant d’une personne ou d’un animal. "Tête ronde". Capsien (de Capsa, nom antique de Gafsa). Se dit d’une culture préhistorique de l’Afrique du Nord, qui correspond à la fin du Paléolithique supérieur européen. Synonyme gétulien. Dolichocéphale / dolicrâne. Dont le crâne est allongé dans le sens antéropostérieur, en parlant de l’homme. "Tête longue". Orthognate. Voir Prognathe. Prognathe. Qui a une ou des mâchoire(s) proéminente(s) (par opp. à orthognate). Liens (rédaction Mondeberbere.com) Le site de Mechta el Arbi (Logan Museum) Prothèse dentaire préhistorique ostéo-implantée

http://www.yabiladi.com/forum/origine-berberes-6-4978859.html

http://www.mondeberbere.com/histoire/camps/origines.htm

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____La démocratie est-elle sous-jacente dans l’histoire occidentale ?

Cette question se pose au monde à l’heure où les nations occidentales, par le truchement des organisations qu’elles dirigent, s’octroient le droit d’ingérence dans les affaires souveraines des Etats, dans le but officiel de soutenir les velléités démocratiques des peuples opprimés. La réponse à cette question parait de prime abord évidente, surtout lorsqu’on admet qu’Athènes, l’antique cité grecque et donc européenne fut le berceau de la démocratie. L’Occident ne se serait-elle pas naturellement approprié ses valeurs ? Pourquoi donc cette question ? Malgré cet à priori qui tombe aujourd’hui sous le sens, il n'en est rien au regard des entorses faites aux valeurs de la démocratie par les nations championnes mêmes de sa promotion dans le monde. Ainsi l'intolérance religieuse en Occident (islamophobie), les nationalismes exacerbés portés par leurs mouvements d’extrême droite, la xénophobie, l'institutionnalisation des racismes, les problèmes des libertés et d’égalité en droit en Occident, le mélange des genres entre l’église et l’Etat (incompatible avec le principe démocratique de la laïcité), les guerres menées par les pays donneurs de leçon mais violant leurs propres résolutions onusiennes, les impérialismes sous des prétextes fallacieux comme celui de la lutte contre le terrorisme, susceptibles de justifier le retour d'ascenseur sous forme d'attentats contre les cibles occidentales, etc.



Sur le plan pratico-pratique, quel que soit la nation occidentale considérée, les valeurs démocratiques y sont très superficielles et reposent souvent sur un caractère polymorphe, perverti. Ainsi lors d’un référendum en 2005, 53% d’Irlandais, 55% de Français et 61% de Hollandais s’opposèrent au projet de Constitution européenne. Estimant que le peuple n’avait pas « correctement voté », sa volonté fut ignorée et contournée. Evidemment que ces pays ne possèdent pas le monopole de ces procédés opposés aux principes de la démocratie qui décrètent que « le peuple seul est souverain. » En effet, nombre de pays européens dont le Danemark, le Portugal, etc., suspendirent le référendum prévu, sachant que leurs citoyens désapprouveraient de même. Deux années plus tard, les représentants des Etats membres se réunirent à Lisbonne et imposèrent le Traité, supposé modifié, sans qu’il soit jamais encore soumis au peuple. Est-ce bien démocratique ?



Au regard de ces écarts et déviations, de la crise institutionnelle et de gouvernance d'une part, et en reconsidérant toutes les formes de lobbyings et de dictatures (culturelle, économique, politique, etc.) imposées par les régimes dits démocratiques d’autre part, ainsi que la marche déséquilibrée du monde contemporain, répondre à la question de savoir si la démocratie est sous-jacente dans l’histoire occidentale ne va plus de soi. Car l’Occident apparaît de plus en plus comme « une civilisation qui ruse avec ses principes » (A. Césaire). Pour être valable cependant, notre réponse à cette question devra être éprouvée empiriquement, historiquement dans le cas d’espèce. D’où l’analyse de l’histoire occidentale sur le « temps long » (Braudel).

La « démocratie » : une réinvention universelle.



D’emblée, soulignons qu’avant la Grèce, au tout début de l’aventure humaine, existait la démocratie. Ses valeurs étaient au fondement des civilisations sumériennes (Irak), des sociétés des chasseurs-cueilleurs (comme les Pygmées de la forêt équatoriale actuelle), des royaumes de la vallée de l’Indus ou Inde ancienne (Vaísali, Mahajanapadas), des Etats antiques de Gopala, (Bengale), de Sambasrai (Afghanistan), de Sabarcae (Pakistan), au sein des tribus primitives amérindiennes, etc. La déclaration universelle sur la démocratie en parle comme d’un « idéal universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes à tous les peuples qui composent la communauté mondiale. » Donc, loin d’être une invention grecque, la démocratie est une aspiration universelle qui s’impose naturellement aux hommes. Aucun peuple ne peut s'arroger son invention. Pour ce qui est formellement attesté, c’est néanmoins en Grèce que pour la première fois elle aurait été appliquée à des communautés complexes.



L’histoire situe son règne à Athènes entre le début du 5ème siècle et 338 avant notre ère, année où Athènes, affaiblie, perdit définitivement son indépendance, sa constitution étant abolie en - 322. L’on remarquera que la démocratie ne subsista dans la Grèce antique que moins de deux siècles de sorte que l’on n’en parlait plus au début de l’ère chrétienne. Durant cette ère, « le souvenir des cités grecques avait totalement disparu », même s’il eut quelques assimilations, notamment dans les cités italiennes de la Renaissance (cf. : Le Prince, Makiavel). C’est sous une forme radicalement différente, objet d’une falsification grossière et d’une application édulcorée, mensongère, que la démocratie sera réinventée plus de deux millénaires après dans l’Amérique du 19ème siècle. Dans un mémorable discours en 1863, Abraham Lincoln, l’un des pères fondateurs de cette démocratie réinventée, plutôt représentative, reprenait la vieille formule de Périclès qui célèbre « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Pour Pierre Rosanvallon , il faut justement attendre ce siècle-là pour que l’usage même du mot se répande dans le langage courant. Et en tant que système de gouvernement en Europe, ce n’est que récemment, dans la seconde moitié du 20ème siècle et à la faveur de la recherche de la paix suite aux guerres mondiales (SDN, ONU, OTAN, etc.), que la démocratie sera redécouverte. Comment expliquer cet effacement millénaire des principes du « pouvoir au peuple » ?

Obstacles millénaires à l’enracinement de la démocratie en Occident.



Fragmentée et hétérogène, l’Europe est le terrain de jeu des envahisseurs pendant la plus grande partie de son histoire de l’ère chrétienne, notamment depuis le 5ème siècle. « Les Huns, les Avars, les Magyars, les Tatars, les Mongols et les peuplades turques arrivent de l'est, les Vikings du nord, les conquérants musulmans du sud », explique l’historien britannique Eric Hobsbawm . Pressés de tous les côtés, dans ces déchirements et cet éclatement de l’Europe « westphalienne », du fait des guerres internes et externes sur une période s’étalant sur plus d’un millénaire et demi, et même après la mise en place des cités-nations qui ne verront le jour sur le territoire situé entre l’Oural et Gibraltar qu’après la défaite turque aux portes de Vienne en 1683, il est impossible de parler d’Etat en Europe, et encore moins de nation démocratique. L’Europe ne retrouve un semblant de stabilité politique qu’après la révolution française qui s’achève en 1799, à la veille du 19ème siècle. Or, affirmation pour le moins absurde, le pouvoir n’était point entre les mains du peuple dans le système aristocratique qui domina en Occident durant ces longs siècles d’hiver démocratique.



Durant les 9 dixièmes de l’ère chrétienne donc, l’Europe connaît une instabilité qui n’offre pas l’occasion de construire des États forts. Pour commencer, pendant un demi-millénaire, la domination des Phéniciens, premiers colonisateurs au monde, dé-configure le sud de l'Europe . Partant de la Syrie, du Liban et de la Palestine, ils colonisent la Tunisie, l’Égypte, Tanger, l’Espagne, la Sicile. A la fin de leur domination suite à la destruction de Carthage par Rome en 146, c'est encore une famille phénicienne (Liban) qui impose la dynastie de Septime Severe à Rome durant la fin du 2ème siècle. Passons sur le sac de Rome en 410 par le Wisigoths. En réalité, ce sont les Vandales, peuple germanique d’origine scandinave, qui tiennent l’Europe en otage durant les 5 premiers siècles. Ils envahissent la Gaule (407), la Galice, la Bétique (Espagne, 409), l’Afrique romaine, les Îles de la méditerranée (Sicile, etc.), avant d’être conquis par les Byzantins (533). Au début, le règne instable des Byzantins profite dans un premier temps aux Bulgares qui pénètrent dans les Balkans et Lombarde (Italie), puis dans un second temps aux Arabes (depuis le Yémen aussi) qui arrivent en Afrique du nord où ils prennent Carthage (695), occupent le Maghreb et font replier encore plus les Noirs dans l’hinterland continental, traversent la méditerranée pour poursuivre leurs conquêtes. Pénétrant aussi l’hinterland européen, ils prennent possession des terres basques, de Bordeaux, etc., soumettent une partie de ces peuples à l’Islam. Ce n’est qu’à Poitiers en 732 qu’ils seront stoppés. La Grande Mosquée de Cordoue en Andalousie est aujourd’hui encore une des traces de l’invasion séculaire des Arabes qui occupent le sud de l’Europe pendant des siècles.



Dès 793, c’est au tour des navigateurs et guerriers Vikings, édificateurs de Dublin venus de Scandinavie. Ils effectuent des raids, pillent et massacrent tout sur leur passage, déstabilisent le continent européen depuis les villes côtières d’Irlande et les Île du nord-est de l’Angleterre jusqu’aux confins du continent. Ils occupent et dominent l'Europe occidentale et centrale jusqu’en Russie. Partout ils sèment la terreur, brulent Paris en 856. A la même période, les nomades Avars venus d’Asie font des incursions régulières, saccagent l’est de l’Europe dès 799, jusqu’en Croatie.

Pour continuer dans le « temps long » (Fernand Braudel) de cette histoire des barbaries où la démocratie est littéralement relayée aux calendes grecques depuis des siècles, la Dalmatie connaîtra ses guerres ravageuses, s'en suivra celles des envahisseurs Francs, de Charlemagne, celles sur la Lotharingie, la Bretagne. Il y aura le siège de Paris par les Normands, la bataille de Clontarf en 1014 qui marque la fin de la domination des Vikings et le début des batailles pour les successions en Irlande. L’union de la Croatie blanche et Pannonienne en 925 et son intégration à la Hongrie en 1102 sont finalement perçues comme des alliances stratégiques afin d'être plus forts face aux envahisseurs durant ces siècles de barbarie.

Après les grandes invasions barbares (3ème au 5ème siècle) et celles du haut Moyen-âge (5ème au 10ème siècle), l’intolérance religieuse des Européens durant le bas Moyen-âge (10ème au 15ème) est véhiculée par les papes successifs (Urbain II, III et IV, Innocent III et IV, Grégoire VIII, IX et X, etc.), qui tentent d’unifier l’Europe autour de la chrétienté. Cette intolérance est relayée par les chefs militaires et les monarques les plus puissants qui, foulant au pied le principe démocratique de la laïcité (officiellement jusqu’en 1905 en France), font allégeance au pape. Outre Godefroi de Bouillon, ces meneurs sont Philippes-Auguste, Saint-Louis, (rois de France, Richard Cœur de Lion (roi d’Angleterre), Fréderic 1er Barberousse (Empereur du Saint-Empire Romain Germanique), etc.




Avec la bénédiction papale, les réactions enthousiastes engendrent de formidables coalitions européennes de très vaste ampleur entre 1095 et 1292. Les expéditions des armées des croisés sont abominables et déstabilisent l’Europe et le Moyen-Orient. Les armées de Chevaliers, de Teutons, d’Hospitaliers et de Templiers prennent activement part aux huit croisades. Celles-ci mobilisent les populations entières par dizaines de milliers qui partent de tous les quatre coins d’Europe jusqu’aux confins de la Russie pour le Moyen-Orient : Jérusalem, Damas (et toute la Syrie), Beyrouth (et tout le Liban), Bethleem, Samarie, l’Irak, l’Iran, Chypre, Crête, Byzance, Constantinople, l’Egypte, Tripoli, Carthage). Au départ, croix sur le dos, les croisés ont pour but de contrôler la Terre sainte et Jérusalem afin de récupérer le Saint-Sépulcre et libérer ainsi « le tombeau du Christ » des mains des « infidèles » musulmans à qui ils portaient la divine parole. Par la suite les croisades seront l’occasion d'expéditions de pillages, le sac des villes traversées, le massacre des hommes, le viol des femmes, le vol des richesses des populations musulmanes, juives et même chrétiennes de ces régions à qui ils livrent les guerres au nom de la chrétienté.



Entre temps, dès 1237, sous le Roi universel Gengis Khan, les Mongols ou « Hordes d’Or », peuples d’Asie à l’origine d’un des plus grands empires de tous les temps (couvrant l’Asie centrale, la Birmanie, l’Indonésie, la Chine, la Russie, le Moyen-Orient), écraseront les Ukrainiens, les Polonais, les Hongrois, les Autrichiens, etc. A l’intérieur de l’Europe, quand ce ne sont pas les invasions étrangères, ce sont les guerres internes entre Français, Anglais, Germains, Romains, etc. Ainsi, en sera-t-il des Français vaincus par les Flamands à Courtrai en 1302. Ou encore la guerre de cent ans qui se poursuit de 1337 à 1453 sur le sol français.



Sorte de retour des croisades quelques décennies plus tard, c’est au tour des Musulmans de mener les djihads avec de fréquentes invasions sur les terres d’Europe ., en commençant par la Grèce, puis la Bulgarie, la Roumanie, etc., jusqu’aux portes de Viennes en Autriche à la fin du 17ème siècle comme nous le mentionnions supra. Partie de la péninsule ibérique (Espagne), la Reconquista chrétienne contre les Musulmans aura lieu parallèlement, depuis le 8ème siècle d’ailleurs jusqu’à la prise de Grenade en 1492. Dès cette date, s’ajouteront aux massacres d’une Europe éloignées des principes démocratiques, les génocides des esclavagistes et des colons depuis les indigènes d’Amérique (Indiens) jusqu’aux nègres d’Afrique en passant par les Jaunes d’Asie, tous des termes qui rappellent le racisme occidental qui proclame avec Gobineau qu’« il n’est d’histoire que blanche ».

Le point fort des ces guerres saintes sera la chute de Constantinople. Donc, même si Byzance chute en 1453, les Ottomans ne seront défaits que 230 ans après. Ces siècles d’instabilités sociétales et de cruautés humaines n’offrent aucune occasion de réflexion critique sur les modèles de gouvernance et feront dire à Castoriadis, avec raison d’ailleurs, que contrairement à ce qu’affirmait Marx, l’histoire de l’humanité n’est pas l’histoire des luttes des classes mais bien celle des barbaries , en tout cas ces points les plus marquants.



En général, c’est le règne de la monarchie absolue en Occident, des aristocraties et des cités-nations qui ne connaissent pas la démocratie. Les successions sont héréditaires au sein de quelques familles de souverains qui prennent la tête des États-nations européens comme on le remarquera aujourd’hui encore où nombre de familles royales descendent toutes d’ancêtres communs et restent au pouvoir jusqu’à leur mort (Belgique, Angleterre, Danemark, Pays-Bas, Norvège, Suède, Espagne, Liechtenstein, voire Monaco et Luxembourg, etc.). Après les siècles de croisades et de djihads, ce sont ceux des hérésies et des inquisitions catholiques absolument inhumaines. On pratique officiellement la chasse aux sorcières que l’on brule vives sur les buchers, la pendaison (haute et courte) sur l’échafaud, la guillotine.

Loin d’être celle des valeurs de la démocratie, l’époque médiévale et même de la Renaissance (1450-1600) en Occident est bien celle de l’intolérance religieuse, de l’antisémitisme. Les Juifs sont partout pourchassés pour être tués, tandis que le système de servage avec son mode d’exploitation est la règle dans les seigneuries. C’est d’ailleurs en cherchant des échappatoires à leurs risques et périls que les premiers serfs fugitifs deviendront des artisans dans les bourgs tout autour des seigneuries. Vendant les objets d’art de leurs fabrications aux nobles d’autres contrées, ces bourgeois vont s'enrichir et manipuler les serfs restés au service de leurs maîtres anoblis pour qu’advienne la révolution française qu’ils détourneront à leur compte.



Démocratie : la grande illusion occidentale.



Ainsi donc, parler des valeurs qui fondent la démocratie comme étant occidentales est une grosse méconnaissance des faits historiques quand on sait par exemple que bien avant les Européens, la tolérance religieuse, une importante valeur démocratique, était pratiquée par les Ottomans et les Chinois, les seuls à accueillir les Juifs expulsés par les intégristes chrétiens de la Castille (Espagne), du Portugal, puis d’autres États d’Europe dès le 14ème et jusqu’au 18ème siècle, voire au 20ème (l'affaire Dreyfus, la Solution Finale). Plus grande puissance européenne d’alors (les États-nations se forment à partir du 14ème/15ème siècle jusqu’au 19ème), l’Espagne n’avait pas les valeurs démocratiques que s’approprie l’Europe aujourd’hui.

A voir tout le rififi autour de la burqa, indicateur d'une islamophobie profonde, il ne fait aucun doute que la tolérance fait défaut à l’Europe actuelle. Comment s’en étonner si, comme l’explique l’historien Hobsbawm, « ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que les institutions et les valeurs en question se sont répandues, au moins théoriquement, à travers toute l'Europe. »



Supra nous parlions de semblant de stabilité au cours des années 1800 car même après les Lumières et les révolutions, l’Europe connaîtra encore de longues périodes de crises et de guerres d’une cruauté désespérante. Les rois et les empereurs ont droit de vie et de mort sur leurs sujets et règnent jusqu’à leur mort. En 1802, après la révolution, Napoléon par exemple se fait proclamer Consul à vie, puis Empereur ; et le restera jusqu’à sa défaite en 1815 à Waterloo (Belgique) par les troupes britanniques de Wellington et prussiennes de Blücher. Même après, crimes contre l’humanité et guerres, y compris coloniales, seront fréquents, l’Europe étant comme le rappelait Césaire, « comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire. » (Discours, op. cit.).




Au 20ème siècle, des régimes autoritaires s’accaparent du pouvoir et l'Europe postindustrielle du capitalisme mur connaitra encore le stalinisme, le salazarisme, le fascisme, le nazisme, le franquisme, etc., ainsi que l’expliquait Mitterrand aux Chef d'États Africains dans son discours de La Baule en 1990 : « il nous a fallu deux siècles pour tenter de mettre de l'ordre, d'abord dans notre pensée et ensuite dans les faits, avec des rechutes successives ; et nous vous ferions la leçon ? »

C’est récemment, après la deuxième guerre mondiale, après les décolonisations en Afrique, en 1965, il n’y a même pas un demi-siècle donc, que la France par exemple aura son premier Chef d’Etat élu à peu près démocratiquement, au suffrage universel sans discrimination de genre : Charles De Gaule (Vème République), vainqueur face à Mitterrand que nous avons tous connu. Même dans l’exemple démocratique souvent cité de la Suisse actuelle où, intolérance religieuse caractéristique, l’on a récemment organisé un referendum pour l’interdiction des minarets (pourquoi pas aussi des clochers ?) et l’expulsion des migrants reconnus coupables d’un crime, parmi lequel s’inclut une banale fraude sociale, les femmes n’auront le droit de vote qu’en 1971. Quant au vote des étrangers qui vivent et travaillent légalement dans quasi tous les pays d’Occident, il est encore loin d’être programmé sur la table des discussions. En France, sans l’avis du peuple, Sarkozy lui tout seul a réitéré son refus et son gouvernement se vante de son nouveau quota de 30.000 expulsions d’étrangers par an.

Partout, l’on assiste à une régression mentale que les peuples de l’antiquité eux-mêmes n’ont pas connue. Loin de construire les murs pour empêcher l’arrivée des étrangers, l’hospitalité était une tradition grecque, une valeur caractéristique de leur démocratie, comme le témoigne le conte épique de L'Iliade. Or de nos jours, des prisons pour étrangers qualifiées de « centres fermés » se comptent par centaines à travers l’Occident barricadé dans des fortifications le long de ces frontières. Les traitements dégradants et la répression qui y ont cours ne sont finalement qu’anecdotiques devant tant d’autres injustices récurrentes. A cela, l’on se justifie : l’Occident « ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » Sont-ce là les valeurs de la démocratie ?



Sur le sujet, toute critique est censurée car « La France, tu l’aimes ou tu la quittes. » Qu’en est-on de la liberté d’expression qui avait cours dans ce marché-lieu de rassemblement de l’antique Athènes, l’agora ? Quid de la protection de la vie privée ? En Angleterre, en France, aux USA, dans toutes les « démocraties », les scandales des écoutes illégales sont récurrentes, bien que contraires aux principes démocratiques. La xénophobie et le racisme sous-jacents prennent les oripeaux de nationalisme qui connaissent une avancée inquiétante. Dans son œuvre « Printemps dans un jardin de fou », Henri-Frédéric Blanc assène : « le fascisme n’a pas été pulvérisé. Il a été intériorisé et il ressort un peu partout, partout un peu. » Témoins la montée de l’extrême droite : 10% en France, 12% en Bulgarie, 14,8% en Hongrie, 17% au Pays-Bas, 17,1% en Belgique, 22,4% en Norvège ! S’étonnera-t-on des attentats perpétrés par un croisé des temps modernes à Oslo il y a quelques semaines ?



Devant la nouvelle « invasion musulmane » qui justifierait l’islamophobie actuelle, il y a longtemps que l'Europe, jusqu'aux mouvements extrémistes de droite, a fait volte face pour condamner désormais non seulement le négationnisme et la traditionnelle complaisance à l'égard de l'antisémitisme, mais aussi toute critique à l'égard d'Israël, Etat dont malgré le caractère clairement voyou, est, dans la position stratégique de son isolement géographique de l’Occident d’où parsema sa diaspora, contraint d’accepter d'être en retour l'avant-garde des Occidentaux en Orient, chez les Arabes.

Il faut savoir, comme l’expliquait la vice-présidente de la Commission européenne au début des révoltes arabes, que même « tout au long du XXe siècle, notre avancée vers la démocratie libérale a été chaotique et lente. L'Union européenne elle-même a émergé des cendres de plusieurs conflits ayant ravagé notre continent et qui ont montré les conséquences dramatiques de l'échec de la démocratie. Si on ajoute le bilan mitigé des empires européens, il est clair que l'UE doit faire preuve d'humilité vis-à-vis de ses partenaires. »



Dans l’Europe dans parle Mme Ashton, peuples et élus n’ont aucun pouvoir. A l’ombre des seuls grands états dont les dirigeants jouent les oligarques, il y a des décennies que la Commission européenne ne joue plus le rôle majeur que lui reconnaissent les traités. Elle est même devenue sans objet l’année dernière avec la nomination d’un président du Conseil, poste fabriqué par Sarkozy et Merkel, qui, avec la « crise de la dette », viennent d’inventer aussi, toujours unilatéralement, le Gouvernement économique de la zone Euro. Évidemment que l’Occident n’a pas de leçon démocratique à donner au reste du monde. En parlant de l’émergence de l’UE « des cendres de plusieurs conflits ayant ravagé » l’Europe, Ashton pense sans doute au nazisme et la seconde guerre mondiale. Pour très longtemps encore, l’humanité se souviendra avec effroi du « Combat » mené par Hitler et du niveau inégalé de barbarie atteint par ce führer arrivé « démocratiquement » au pouvoir. Cet exemple achève à lui seul de montrer qu’« aucune démocratie n'est à l'abri d'une poussée autoritaire, même en Europe », comme le souligne Bertrand Badié, professeur à Sciences Po (Paris). »

Comme on le constate, au contraire des valeurs qui dominent aujourd’hui sur ce continent, ce sont les marxismes-léninismes, les nationalismes, voire les racismes qui de loin devançaient l’idéologie d’ensemble le siècle dernier encore. Même en Amérique où l’on est théoriquement en avance sur l’Europe en ce qui concerne la pratique de la démocratie (De Tocqueville), c’est l’esclavage qui a dominé durant la grande partie de l’histoire de cette première république moderne ; les femmes blanches n’y obtiendront le droit de vote qu’en 1920 quand Rosa Park, une femme noire n’a pas, en 1955, le droit de s’asseoir sur un siège d’autobus parce que la loi le réserve aux seuls Blancs. Cette pseudo-démocratie n’octroie pas encore la plus importante valeur à ces citoyens, celle de l’égalité des droits, et le Ku Klux Klan sème toujours la terreur. On sait que Martin Luther King qui revendiquait l’égalité entre les Blancs et les Noirs sera assassiné à Memphis en 1968, tout récemment donc, plus d’un siècle après le discours de Lincoln. Dans l’Europe de cette époque où l’illusion démocratique était déjà évidente, l’un des slogans les plus durs entendus chez les soixante-huitards étaient : « La dictature, c’est ferme ta gueule ; la démocratie, c’est cause toujours. » Faut-il rappeler qu’Obama est le seul président américain qui n’est pas « pur blanc » ? Et il restera seul dans sa catégorie pendant des décennies. Et un tel évènement est impensable en Europe ; quid du Vatican ?

Comment expliquer raisonnablement ces réalités politiques occidentales actuelles opposées aux principes de la démocratie autrement que par le fait que ses valeurs ne sont pas sous-jacentes dans l’histoire des champions de sa promotion dans le monde ? Pour l’historien Eric Hobsbawm , en Europe « les valeurs qui fondèrent les États modernes avant l’ère des révolutions furent celles des monarchies absolues et mono idéologiques. »

D’évidence donc, la « démocratie » ou ce qui en tient lieu aujourd’hui n’est profondément enracinée nulle part. Elle n’existe que dans une certaine superficialité, n’ayant été réinventée il n'y a que quelques décennies. L’historien insiste : « Les "valeurs européennes" sont un mot d'ordre de la seconde moitié du XXe siècle.» La légitimité de ces valeurs restant encore à construire, il va sans dire que la démocratie a déjà elle-même besoin d’être enracinée et approfondie en Occident, avant d’être imposée à coups de canons ailleurs, avec le chaotique succès obtenu en Irak depuis les braises éventées entre Chiites, Sunnites et Kurdes. Et demain, la Libye ! Que l’Occident assimile d’abord sa leçon de démocratie ! Car comment donner ce qu’on n’a pas ? Où a-t-elle jamais pu apporter la démocratie ? Où ?


  • 1- Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris, 2004, Ed. Présence Africaine, p. 7.

  • 2- Gaston Lavergne, La démocratie dans l’histoire, Site Internet : www.esplanade.org/democratie.
  • 3- Pierre Rosanvallon, L’histoire du mot démocratie à l’époque moderne, dans Situation de la démocratie, Gallimard-Seuil, 1993, pp. 11-29.

  • 4- Eric Hobsbawm, L’Europe : mythe, histoire, réalité, Le Monde, Paris, 24 septembre 2008.

  • 5- Warwick Ball, Out of Arabia, Phoenicians, Arabs and discovery of Europe, East & West Publishing, nov. 2009.

  • 6- Précisons néanmoins que le choc des civilisations est une idéologie anhistorique. Au 3è siècle, au moment de la célébration du millénaire de Rome, l’empereur romain Philippe n'était autre que le fils d'un cheikh arabe de Syrie, tandis qu'au 10ème siècle, au moment de l'apogée de l’Andalousie, le calife Abderrahman III, qui fut le souverain de ce vaste empire Arabes était un Occidental aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Comme on le voit, la ligne de fracture est mince entre l'Orient et l'Occident tant les influences sont réciproques. A propos des emprunts culturels, notons avec intérêt que les premiers colonisateurs furent phéniciens, d'abord autour de la Méditerranée et des rives atlantiques. L'alphabet Grec elle-même tire son origine de la Phénicie, qui colonisa l'Europe. Cette origine Asiatique est d’ailleurs reconnue historiquement par les Grecs et les Romains.Cornélius Castoriadis, La montée de l’insignifiance, In Carrefour des labyrinthes 4, Ed. Du Seuil, Paris, 1988

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____La place l'islam au coeur du débat africain. Ce n'est pas l'extrême droite qui s'exprime mais un peuple ouvert, simplement soucieux de préserver ses principes et son mode de vie.

la cohabitation avec l'islam sera le défi à résoudre pour l'Europe du XXI e siècle. La religion n'est pas en cause, ni la respectable dévotion musulmane que tout croyant ne peut qu'admirer.

Ce qui s'avoue quand la parole se libère&#8201;: la cohabitation avec l'islam sera le défi à résoudre pour l'Europe du XXI e siècle. La religion n'est pas en cause, ni la respectable dévotion musulmane que tout croyant ne peut qu'admirer. C'est, en revanche, la construction politique qui accompagne ce culte, dont les textes de référence ne différencient pas le spirituel du temporel, qui préoccupe les démocraties. Elles voient leurs règles utilisées par des néofondamentalistes pour tenter d'ébranler la laïcité. Pourquoi feindre encore de ne rien remarquer&#8201;?

Un même panurgisme, qui assure à Copenhague que l'Occident est seul coupable du réchauffement climatique, refuse d'analyser la tentation totalitaire portée par cette conception d'une société soumise. Au nom de la non-discrimination, ce système est exempté de responsabilité dans la crise existentielle qui traverse l'Europe. Le débat sur l'identité, que le conformisme refuse, serait devenu "un déversoir et un défouloir" selon Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité. Ce risque existe peut-être, tant les peuples perdent patience. Mais ce serait attiser les exaspérations que de refuser de poser des limites à l'islam en France.



La rapide émergence de ce tabou, que le vote suisse contre les minarets a achevé de briser, oblige à dire les choses. Or le déni, qui fut celui de bien des dirigeants face à la montée du communisme puis du nazisme, se retrouve chez ceux qui ne veulent pas voir les avancées de l'islamisme, dont l'idéologie rétrograde s'infiltre dans des cités majoritairement musulmanes, au nom du différentialisme défendu par les belles âmes. Une confuse référence à la suprématie coranique devient déjà, pour certains Français, le prétexte à ne plus obéir aux lois de la République. S'en accommoder, au prétexte de ne "stigmatiser" personne&#8201;?



L'apaisement est brandi par le politiquement correct, qui récuse les conflits et sacralise les minorités. Dimanche, Hervé Morin, ministre de la Défense, a justifié cette attitude. Elle vaut à la secrétaire d'État, Nadine Morano, d'être accablée de critiques pour avoir dit attendre "du jeune musulman français qu'il aime son pays, qu'il trouve un travail, qu'il ne parle pas verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers". Les censeurs, qui veulent y entendre des propos "nauséabonds" annonçant, allons-y, un retour de Vichy, se bousculent depuis pour réclamer la suspension du débat national. Vite, remettre les têtes dans le sable...




Silence ambigu

Nicolas Sarkozy, en recentrant le débat sur l'islam (Le Monde, 9 décembre) a opportunément rappelé "l'humble discrétion" qui oblige le chrétien, le juif ou le musulman "à se garder de toute ostentation et de toute provocation". Le parallèle outrancier que soutient une partie de la gauche entre la situation des musulmans de France et celle des juifs sous l'Occupation illustre sa confusion. Même les religieux ont admis l'enjeu. "Le dernier arrivé doit s'adapter aux règles collectives", reconnaît Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. "La balle est dans notre camp, c'est à nous musulmans d'expliquer, de combattre l'extrémisme", confirme Fouad Alaoui, président de l'Union des organisations islamiques de France. Les donneurs de leçons entendent-ils&#8201;?



La première vertu du débat est d'avoir convaincu, semble-t-il, ces représentants de leur responsabilité. Celle-ci consiste à corriger la caricature que l'intégrisme est en train de donner à leur communauté. À ceux qui, comme Hamid Zanaz (L'Impasse islamique, Les Éditions libertaires), disent ne guère croire en une "révolution mentale" pouvant promouvoir un "islam libéral", il appartient à ces Français issus de l'immigration d'apporter les signes de leur acceptation de la laïcité et de ses règles égalitaires. Le peuple iranien, qui aspire à la démocratie en affrontant la théocratie, ne prend-il pas ce chemin&#8201;?



Alors que les députés s'apprêtent à légiférer sur l'interdiction de la burqa dans des lieux publics, il devrait revenir aux musulmans de défendre cette mesure. Il serait utile de les entendre fixer les limites de la pratique religieuse à la seule sphère privée. Face aux incursions du néofondamentalisme, qui exige des cantines séparées et des salles de prière dans les entreprises, qui y récuse des femmes et réclame des jours fériés, qui impose sa loi dans des hôpitaux et veut des horaires séparés dans les piscines, l'actuel silence de nos compatriotes est ambigu. Leur demander de se désolidariser d'un intégrisme sclérosé n'est pas leur faire injure. C'est même l'exact contraire.





Un débat qui gêne

Au nom de la diversité, concept censé représenter la nouvelle richesse de la France, l'islam politique instrumentalise des exigences religieuses pour asseoir sa visibilité, singulièrement dans les banlieues. Même le Hezbollah islamiste a été autorisé à tenir une conférence, samedi dernier, à la Sorbonne, symbole de l'humanisme français. Continuer à nier ce qui crève les yeux&#8201;? Un constat&#8201;: ceux qui réclament l'arrêt du débat sont les mêmes qui, comme Dominique de Villepin, se sont fait les chantres de "&#8201;la dimension islamique de l'Europe". C'est leur monde rêvé qui est aujourd'hui jugé par les Français. Il sera difficile de les faire taire.




Avantage au FN&#8201;?

Cette libre parole favorisa-t-elle le FN&#8201;? Rien n'est moins sûr. Ce n'est pas l'extrême droite qui s'exprime mais un peuple ouvert, simplement soucieux de préserver ses principes et son mode de vie.

http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2009/12/bloc-notes-la-place-de-lislam.html

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____Pourquoi les sionistes aiment la charia islamique? Quand aux arabes qu auraient colonisés le Maghreb, aux dernières nouvelles, c’était les musulmans qui ont fui l’Andalousie vaincue avec la chute de Grenade qui se sont réfugié en Afrique du nord.

C’est vrai quoi il serait temps d’essayer de comprendre pourquoi ceux qui prétendent incarner la démocratie, la laïcité, la liberté pour les femmes et qui nous envoient faire la guerre pour cela, aiment tant la charria islamique? Vous y comprenez quelque chose vous?



Regardez cette vidéo pourtant elle est claire non?





Et oui les sionistes après avoir déboulonnée le tyran sanguinaire Kadhafi (sanguinaire pour qui au fait? Son peuple était le peuple d’Afrique le plus développé), défendent à la place un régime qui proclame ouvertement la charia comme en Tunisie ou en Égypte.




Allez voir ce blog qui a suivi toute l’affaire Libyenne notamment et vous vous demanderez comment nos armées occidentales ont-elles pu soutenir des bouchers racialistes pour faire plaisir aux sionistes: ICI



D’ailleurs c’est le juif suprême lui-même, celui qui a décidé de la guerre pour notre beau pays, qui le dit:




C’est en tant que juif que j’ai participé à l’aventure en Libye. J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom, au sionisme et à Israël.



C’est clair non? Mais pire encore, parce que le sioniste est un fourbe, un lâche et un menteur, voici ce qu’il déclare devant les journalistes TV quelques jours après:





Il retire toutes ses références au sionisme et à SON pays Israël, mais en plus il dit que c’est en tant que PATRIOTE FRANCAIS qu’il l’a fait! BHL un patriote français! On croit rêver ou bien on a mal entendu, lui qui avait pourtant déclaré dans un journal officiel:




Je suis un cosmopolite résolu. J’aime le métissage et je déteste le nationalisme. Je ne vibre pas à « la Marseillaise ». J’espère que le cadre national sera un jour dépassé.



Alors pourquoi lui l’arrogant sioniste n’assume plus sa verve anti-française à la gloire d’Israël voir de l’empire américain? Est-ce que la révolte des juifs américains face au sionisme débridé lui a mis la puce à l’oreille? Il serait temps que les juifs patriotes se lèvent pour dire stop au sionisme et montrer ainsi leur attachement à leur patrie de naissance, de culture. Car nul ne peut vivre sans racines et il est illusoire de se sentir appartenant au monde sans accepter ses racines.



Bref c’est le problème des juifs et ils devront le résoudre un jour ou l’autre. Peut-être en 2012? C’est en tout cas à ce choix que mène la création de l’état d’Israël pour les juifs? Quelle nation défendront-ils en priorité? Quels intérêts nationaux protégeront-ils? Il faudra un jour qu’ils le disent clairement car les intérêts du grand Israël divergeront clairement des intérêts français par exemple.



Mais on peut élargir encore la question, pourquoi l’empire américaino-sioniste aime-t-il autant les dictatures arabes, les vraies, les salafistes, les wahhabites, les djihadistes (cf. Ben Laden), comme l’Arabie saoudite, le Yémen ou le Qatar? Et pourquoi s’attaque-t-il à des leaders ayant imposé la laïcité dans leur pays avec la protection des minorités religieuses comme en Libye, en Irak, en Syrie voir en Iran où les juifs se jugent plutôt bien traités (contrairement aux antisionistes en Israël qui se veut pourtant être un phare de lumière pour le monde…). Alors où est la cohérence?




C'est plus clair comme ça?





Il n’y a aucune cohérence…sauf si l’on adhère à la stratégie du chaos instauré par le choc de civilisations Occident – Orient sur la base d’un choc religieux. L’ennemi futur étant l’Islam il faut à tout prix le diaboliser et soudoyer dans le même temps une frange islamiste dure pour créer une partition à l’intérieur même de l’Islam. C’est le cas entre les sunnites et les chiites ce qui explique pourquoi l’Iran est isolé et tant haï par la communauté arabe plutôt sunnite.




L’empire americano-sioniste joue de ces haines pour modeler ces régimes monarchiques à sa convenance pour pouvoir exploiter les matières premières et dégager des voies d’accès aux pipelines en toute sécurité.



Mais dans le même temps il faut “pacifier” les régimes arabes pour qu’ils acceptent la domination amercano-sioniste dans la région et surtout ne s’opposeront pas au projet de grand Israël qui est le véritable projet sioniste. C’est bien pourquoi ils n’accepteront jamais la reconnaissance d’un état palestinien et que tout cela n’est qu’une pantalonnade diplomatique pour amuser l’opinion publique occidentale.




Voyez donc les conséquences militaires territoriales que cette expansion doit entraîner. Voyez donc bien que cela ne pourra se passer que par la force militaire et donc qu’il vaudra mieux avoir avec soi l’opinion publique de la “communauté internationale” et que pour cela il vaudra mieux avoir des régimes islamistes durs en face, pourtant alliés au début mais qui ne le seront plus à la fin…



Ainsi va le sionisme, sa propagande et ses mensonges.

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____Vivre pour la vérité consciente en terre d'afrikéa; Afrique Islamophobie et racisme: « les chrétiens persécutés parce que garantie du pluralisme que le totalitarisme musulman de Boko Haram et Al-Qaïda veut annihiler »

Le terme « islamophobie » est un néologisme qui désigne la peur et les préjugés à l'encontre de l'islam1

et par la suite la peur et le rejet des personnes de confession musulmane2,

3. L'islamophobie réfère à l'hostilité envers l’Islam, ou à une attitude considérée comme discriminatoire à l'encontre des personnes de religion musulmane, et par amalgame, des résidents d'origine maghrébine ou arabe4.



Le terme « islamophobie » s'est formé à partir du mot « islam » et du suffixe « phobie », qui dérive de phobos (&#966;&#972;&#946;&#959;&#962;), « peur », « effroi » en grec ancien. En français, le terme « phobie » qui relève du champ psychique peut signifier : dans son sens le plus fort (médical) :



« Symptôme prévalent des névroses obsessionnelles, caractérisé par une réaction d'angoisse ou une répulsion ressentie devant le même objet, la même personne ou une situation bien déterminée »




— Le Trésor de la Langue Française informatisé ; de manière atténuée sur le plan du comportement psychique et émotionnel



« Aversion très vive, irraisonnée ou peur instinctive. »




— Le Trésor de la Langue Française informatisé.



Historique de l'usagemodifier



Selon la journaliste Caroline Fourest, « le mot “islamophobie” ... a pour la première fois été utilisé en 1979, par les mollahs iraniens »5, une affirmation qui sera reprise par Pascal Bruckner6.



Le journaliste Alain Gresh, ainsi que les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed contestent cette version7,8, notant entre autres une utilisation de l'expression « délire islamophobe » dès 1925 en France9. Le terme « islamophobie » était même apparu dès 1910 dans l'ouvrage d'Alain Quellien La politique musulmane dans l’Afrique Occidentale Française10, ainsi que dans d'autres publications de la même époque11, comme l'ouvrage de Maurice Delafosse Haut-Sénégal-Niger publié en 191212.



Mais son usage se répandit dans le langage commun essentiellement à partir des attentats du 11 septembre 2001, qui, revendiqués par des musulmans affirmant agir au nom de l’islam13, provoquèrent des actes de rétorsion envers des musulmans dans plusieurs pays, principalement occidentaux7.





La construction du néologisme à partir du suffixe "phobie" est critiquée car elle associe la notion d'idéologie et son corollaire démocratique : le débat, à un concept de maladie mentale14,15,16. Anne-Marie Le Pourhiet a analysé la tendance de certains à « qualifier de "phobie" (homophobie, lesbophobie, handiphobie, islamophobie, judéophobie, mélanophobie, etc.) toute expression d'une opinion contraire à leurs prétentions ou revendications. ... on comprend bien qu'il s'agit de traiter le dissident en malade dont l'accompagnement psychiatrique devrait sans doute être recommandé en parallèle à la répression pénale »17,18. Ainsi, la répression de l’expression d’opinion en la qualifiant de maladie mentale est une méthode qui a été employée par l’Union soviétique à l’époque de Brejnev pour réprimer la dissidence et enfermer arbitrairement des opposants19. Néanmoins, Caroline Fourest soutient que le mot homophobie (et par extension lesbophobie, xénophobie, handiphobie ou mélanophobie) n'a rien à voir avec le terme islamophobie (et donc par extension judéophobie) car le premier stigmatise une phobie envers des individus pour ce qu'ils sont, ce qui constitue un racisme, et le dernier confond la haine des musulmans pour ce qu'ils sont, et l'hostilité envers une croyance, une religion, une idéologie, qui relève de la liberté d'expression20.







Le terme d'islamophobie recouvre plusieurs significations. Au sens le plus strict, il est employé pour désigner la haine envers l'islam, comme par exemple quand le journal Le Reflet21 utilise le terme islamophobie pour désigner des attaques sataniques et intolérables contre l'Islam lors de l'affaire des caricatures de Mahomet. Mais le terme désigne également une attitude jugée xénophobe, dans les pays occidentaux, à l'encontre des musulmans et par amalgame, des résidents et nationaux d'origine arabe ou maghrébine4.



Pour Thomas Deltombe22« En fonction des définitions possibles des mots utilisés, on doit bien distinguer deux positions : l'islamophobie de type raciste (« musulman » comme catégorie ethnique) ou xénophobe (l'islam comme élément « étranger ») et la critique légitime des dogmes religieux, quels qu'ils soient. »



En pratique les concepts d'islamophobie et de racisme sont liés et difficiles à dissocier. Une étude du Runnymede Trust utilise le terme islamophobique pour caractériser un certain point de vue sur la religion musulmane, puis considère que l'islamophobie est source de danger pour la communauté musulmane et finalement pour l'ensemble de la société23.



Inversement, des inscriptions visant l'islam ont été qualifiées de « racisme le plus inadmissible qui soit » par le président de la République française, en fonction en 2008, Nicolas Sarkozy24.



Pour Doudou Diène, rapporteur spécial des Nations unies, le terme islamophobie se « réfère à une hostilité non fondée et à la peur envers l’islam, et en conséquence la peur et l’aversion envers tous les musulmans ou la majorité d’entre eux. Il se réfère également aux conséquences pratiques de cette hostilité en termes de discrimination, préjugés et traitement inégal dont sont victimes les musulmans (individus et communautés) et leur exclusion des sphères politiques et sociales importantes. Ce terme a été inventé pour répondre à une nouvelle réalité: la discrimination croissante contre les musulmans qui s’est développée ces dernières années. » 25





Le concept d'islamophobie, ainsi que le terme lui-même, ont été critiqués sur plusieurs aspects. Des opposants au concept soulignent que le terme mélange la critique d'une religion à celle de ses adeptes réf. nécessaire. D'autres, constatant que le terme "islam" recouvre des réalités extrêmement variées (dogmes religieux, zones géographiques, populations, etc.), estiment que l'islamophobie peut ouvrir la voie au pur et simple racismeréf. nécessaire.



Didier Delaveleye, pour le MRAX, déclare26 « En voilà un qui est au hit-parade des mots problèmes : l’islamophobie. Ce terme s’est imposé aujourd’hui pour désigner l’hostilité spécifique vis-à-vis de la population de religion ou d’origine musulmane. Toutefois, cette simple définition pose déjà un problème puisque littéralement, l’islamophobie ne désigne pas la crainte du musulman, mais la crainte d’une religion particulière, l’islam. »


  • Censure de la critique religieusemodifier


C'est dans le sens de rejet de la religion musulmane ou de certaines de ses formesréf. nécessaire que l'islamophobie est revendiquée : « Ce terme d'islamophobie n'exprime rien d'autre que le dégoût et le rejet de l'islam en tant que religion, en tant que système de pensée totalisant. L'islamophobie c'est le rejet de l'islam, pas le rejet des musulmans ni le rejet des arabes ou des maghrébins. » déclare le site atheisme.org27 « Les lecteurs d'atheisme.org qui se reconnaissent dans l'opposition radicale aux religions sont vivement encouragés à se déclarer publiquement islamophobes afin de créer un mouvement courageux de contestation de cette religion qui ne vaut pas mieux que les autres. » 28.



Claude Imbert, membre du Haut Conseil à l'intégration (HCI), fondateur et éditorialiste de l'hebdomadaire Le Point, affirme le 24 octobre 2003 sur la chaîne LCI29 : « Moi, je suis un peu islamophobe. ... Nous avons le droit de combattre le racisme, d’accepter une pratique paisible de l’islam. Et j’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam - je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes - en tant que religion apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme et en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe ».



Il existe en France, et de façon générale dans le monde occidental, une longue tradition de critique de la religion. La figure de Voltaire, champion français de la liberté d'expression, est souvent évoquée dans les débats (par Alexandre del Valle30, Claude Imbert, Alain Gresh…). Cette tradition se retrouve dans des formes variées, allant de la simple critique philosophique ou sociologique, jusqu'à des formes très militantes de lutte contre toute forme de religion, héritières des grands débats anticléricaux du début du XXe siècle.



Pour les tenants de cette tradition, la critique de la religion est légitime, et doit pouvoir s'effectuer dans un cadre légal. Ils dénoncent pour cette raison l'usage du terme « islamophobie », soulignant le risque que, par le recours la condamnation active de cette attitude, il soit finalement mis en place de facto une censure ayant pour effet d'interdire toute critique envers l'islam, sous couvert de lutte contre la discrimination. Une telle censure serait contraire aux traditions démocratiques, qui autorisent toutes les opinions sur tous les sujets, y compris religieux.



Cette critique, exprimée par exemple par le Conseil de l'Europe, ne s'adresse pas tant à l'islam en tant que tel qu'à l'intégrisme musulman, et finalement pas tant à l'intégrisme musulman qu'à tous les intégrismes religieux, ce qui permet de sortir du débat « pour ou contre l'islam, l'islam est-il dangereux ? » que suscite parfois le thème de la « lutte contre l'islamophobie ». Pour Caroline Fourest en effet, le monde dont rêvent les intégristes musulmans ressemble à s'y méprendre à celui dont rêvent les intégristes juifs et chrétiens. La critique du terme « islamophobie » relève ainsi d'une lutte contre la tendance qu'auraient ces intégristes de mettre leur religion à l'abri de la critique, s'appuyant notamment sur la lutte contre le blasphème.



Le terme et ses équivalents dans différentes langues est d'un usage controversé dans certains pays comme la France. Tandis que certains mouvements et institutions l'utilisent dans le monde occidental, d'autres le récusent et considèrent son usage comme problématique.



Éric Conan, journaliste de la revue L’Express, estime que le terme relève de la « guerre des mots »31, qui serait prise dans une véritable lutte idéologique et guerre au sein de l'islam lui-même, où l'islamisme en sous-main tendrait à imposer un point de vue contraire à la tendance strictement religieuse de l'islam, ainsi qu'à sa tendance libérale.



Selon la journaliste Caroline Fourest, c'est Tariq Ramadan qui a apporté au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) le concept de lutte contre l'islamophobie pour faire condamner le blasphème et les critiques de l'islam en France. Pour Caroline Fourest et Fiammetta Venner, fondatrices de la revue ProChoix et auteures de Tirs croisés32 : « le mot “islamophobie” a été pensé par les islamistes pour piéger le débat et détourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphème. Il est urgent de ne plus l’employer pour combattre à nouveau le racisme et non la critique laïque de l’islam. »33,34. Selon elles, le terme était utilisé pendant la révolution iranienne de l'ayatollah Khomeiny33 ; puis les mollahs et par la suite tous les groupes fondamentalistes ont utilisé ce terme pour fustiger les femmes qui résistent aux prescriptions de la charia, pour justifier en 1990 la fatwa contre l'écrivain Salman Rushdie, pour condamner à mort Taslima Nasreen et plusieurs autres intellectuels musulmans pour des écrits jugés blasphématoires35. Selon elles, le terme est toujours utilisé par le régime iranien pour condamner toute production artistique jugée blasphématoire, comme l'accusation d'islamophobie lancé en 2007 par Mehdi Halhor contre le dessin animé Persépolis, réalisé notamment par Marjane Satrapi.



L'affirmation de Caroline Fourest selon laquelle le mot serait une création des « islamistes » est toutefois contestée, notamment par des militants du MRAP qui notent que les premières occurrences attestées de ce terme se trouvent dans des ouvrages français, écrits ou dirigés par des artisans de la politique coloniale de la France au début du XXe siècle (tel le gouverneur de l'Afrique occidentale française François Joseph Clozel)12, que l'on peut donc difficilement accuser d'être des islamistes36.



Selon l'intellectuel américain Edward Said, le terme « islam », tel qu'il est utilisé par les médias et les « experts », recouvre des réalités politiques, sociales, géographiques extrêmement variées (et parfois contradictoires)37.



Le journaliste Alain Gresh du Monde diplomatique estime quant à lui au sujet de l'usage du terme qu'« il est vrai que certains musulmans peuvent brandir l'islamophobie pour bannir toute critique de l'islam, cela ne doit pas nous décourager : la judéophobie ou l'antisémitisme est aussi utilisé par certains pour interdire toute critique de la politique israélienne. Faut-il bannir l'usage de ces mots pour autant ? »7. Outre la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), les laïques en général et les défenseurs de la laïcité sont opposés à l'usage du terme au nom de la défense des principes de la liberté d'expression inscrits dans la Constitution et dans les Déclarations des droits de l'homme38.



Le Mouvement des musulmans laïques de France (MMLF) avec Kebir Jbil soutient qu’« en Iran et au Soudan, pour éliminer les musulmans progressistes, il suffit de les qualifier d’islamophobes. Ainsi, ce terme ne désigne pas un racisme, mais stigmatisme toutes celles et tous ceux qui résistent à l’islam radical et archaïque. »



Pour Dominique Sopo, le concept d'islamophobie est "extrêmement problématique" car il est susceptible "de réinstaurer le délit de blasphème dans les ordres juridiques"39.





Une partie de l'opinion publique identifie l'islam ou l'islamisme radical aux Arabes. Dans son rapport de mars 2008, l’Observatoire de l’OCI sur l’islamophobie estime que celle-ci a pris récemment de l'ampleur dans les pays occidentaux. Il se peut qu'il fasse référence à la période qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 à New York et/ou les attentats du 7 juillet 2005 à Londres40.



L'islamophobie est-elle assimilable au racisme ? Le terme est dénoncé par de nombreuses personnes et associations comme permettant de qualifier de raciste, qui donc tombe sous le coup de la loi, les critiques formulées à l’encontre de l’islam.



Plusieurs responsables d'associations en France, comme à la Ligue française des droits de l'homme, refusent d'utiliser le terme.



L'usage du terme constituerait également une transformation indue de la lutte antiraciste, comme l'affirme par exemple le site athéisme.org, pour qui le MRAP assure désormais la défense de l'islam, ceci au nom de la lutte contre l'islamophobie et quitte à délaisser la lutte contre le racisme41.



Le congrès du MRAP du 5 décembre 2004 a été l'occasion de débats houleux au sujet de l'islamophobie. Beaucoup de militants ont considéré qu'il y avait un risque d'une dérive vers la défense du cléricalisme musulman. La ligne actuelle du mouvement y a été approuvée à une majorité de 131 voix pour, 83 contre et 46 abstentions.



La raison de l'opposition à l'usage du terme est explicitement énoncée lors du désaccord entre le MRAP et le syndicat d'enseignants, Unsa-Education, qui comme d'autres syndicats et organisations laïques, telle la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), ont refusé la demande du MRAP en faveur de l'usage du terme "islamophobie", et ce, à l'occasion de la "semaine d'éducation contre le racisme à l'école (21-26 mars 2005)".



En France, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) remet en mars 2004 un rapport au premier ministre où on peut lire « certains courants intégristes tentent d'obtenir la requalification du racisme anti-maghrébin en "islamophobie" pour mieux tirer bénéfice des frustrations, jouer sur les replis identitaires religieux de la population d'origine maghrébine et faire du religieux le critère absolu de différenciation, de partage »42.



L'extrême-gauche antiraciste et tiers-mondiste, a également été critiquée, et altermondialistes face aux mouvements musulmans Pascal Bruckner interprète ainsi l'assimilation au racisme : Il s'agit donc de réhabiliter le délit d'opinion afin de clouer le bec aux contradicteurs et déplacer la question du plan intellectuel au plan pénal, toute objection ou réticence étant immédiatement passible de poursuites. ... Or l'assimilation de l'esprit d'examen avec le racisme est trompeuse sachant que celui-ci s'adresse aux personnes en tant qu'elles existent et pour ce qu'elles sont, le Juif, le Noir, l'Arabe, autant la discussion critique porte sur de notions mobiles, variables, les idées, les dogmes, les principes, toujours susceptibles de transformations. 43.



Le Haut Conseil à l'Intégration Français rappelle qu'« en République, la critique de la religion, comme de toutes les convictions, est libre, est constitutionnellement garantie et fait partie de la liberté d’opinion et d’expression, et ne saurait être assimilée au racisme et à la xénophobie ».



Certains refusent l'assimilation au racisme qui est parfois faite, expliquant que l'islam se choisit, à l'inverse des origines ethniques. Des observateurs et analystes, qui contestent l'emploi du terme, considèrent que cette notion contribue à propager un amalgame entre "religion", "ethnie", et "culture", amalgame qui contribue à transformer la crainte initiale en racisme.



Ceux qui utilisent le terme soulignent au contraire que l'étiquette "musulman" est souvent imposée de l'extérieur (par les discours politiques ou médiatiques) sans que la question soit explicitement posée à ceux qui peuvent, ou non, se considérer comme tels. C'est ce qui se passe par exemple, lorsqu'il est dit que "la communauté musulmane compte, en France, cinq millions de membres". Ce type de proposition, où la foi religieuse individuelle disparaît derrière une catégorisation éthnicisante, favorise les glissements sémantiques entre, par exemple, "arabes", "musulmans" et, par suite, "islamistes". Ainsi peut se développer, sous couvert d'une critique de la foi et des dogmes religieux, ce que le sociologue Saïd Bouamama appelle "un racisme respectable"44.



Vincent Geisser, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM/CNRS) est l'auteur du livre très controversé La Nouvelle Islamophobie45. L'ouvrage, plaidoyer en faveur de l'adoption du terme d'"islamophobie" en France. Selon lui, celle-ci « s'ancre très profondément dans la mémoire de l'Algérie coloniale ». Pour Vincent Geisser (chercheur CNRS et enseignant) 46 « elle l'islamophobie constitue bien un racisme antimusulman ». C'est dans ce sens qu'elle est dénoncée en France47 Tout comme l'anti-sémitisme, l'islamophobie incite à des profanations24.



Selon certains, il convient de respecter la différence entre ce qui relève de l'islam et ce qui relève du racisme, et entre ce qui relève de l'islam et ce qui relève de l'islamisme : mouvement politique radical au nom de l'islam. Ce que soutiennent les musulmans qualifiées d'« éclairés » Malek Chebel48, Fethi Benslama et bien d'autres.

(AFP) –ROME — Les chrétiens sont persécutés dans plusieurs régions d’Afrique « parce qu’ils sont une garantie du pluralisme que le totalitarisme musulman » de Boko Haram et Al-Qaïda « veut annihiler », a affirmé lundi le ministre italien de la Coopération, Andrea Riccardi, un catholique militant.

Une attaque à la bombe et des tirs pendant deux services religieux à Kano (nord du Nigeria) ont fait environ vingt morts dimanche, et une attaque à la grenade pendant une messe à Nairobi a fait un mort et une quinzaine de blessés. Dans une interview au quotidien Corriere della Sera, le professeur Riccardi, historien des religions et fondateur de la Communauté catholique Sant’Egidio proche du Vatican, relève que « beaucoup de musulmans (en Afrique) sont préoccupés par les attaques contre les chrétiens ».

Il ne faut « pas faire de généralisations » sur l’islam et les menaces islamistes en Afrique, qui ne touchent que quelques régions, Nigeria, Sahel, Corne de l’Afrique, tient-il à souligner.

« Dans le nord du Nigeria, on veut contraindre à l’exode la minorité chrétienne. Parce que les chrétiens sont modérés, acceptent la confrontation, dialoguent, qu’ils sont une garantie de pluralisme que le totalitarisme musulman veut annihiler ». Quant au Kenya, « on assiste à une contagion de la crise somalienne », dit-il. « Le XXIe siècle est plus que jamais un siècle du martyre. Egalement là où il n’y a pas de violences religieuses, on attaque les chrétiens parce qu’ils sont modérés et représentent un ancrage gratuit et sûr d’humanité », a souligné M. Riccardi. Le ministre italien évoque aussi l’Irak « où est en cours une épuration des chrétiens, un nettoyage ethnique qui vise, à travers des assassinats systématiques, à les obliger à abandonner les terres qu’ils ont toujours habitées ».

Du coup, « on peut comprendre la peur qu’ont les chrétiens en Syrie, même s’ils risquent ensuite d’apparaître comme des amis d’Assad » (le président Bachar al-Assad), estime-t-il.

Dans le Printemps arabe, « les partis musulmans religieux ont désormais l’hégémonie sur la protestation », ajoute M. Riccardi. « Notre espérance est qu’ils réussissent à concilier (leurs idées, ndlr) avec la démocratie : les choses semblent aller dans cette direction pour le moment », souligne-t-il, en relevant que beaucoup dépendra de l’évolution de l’Egypte.

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___Pourquoi l'Islam, religion de paix, est-il systématiquement attaqué ? parce que certains musulmans n'ont pas compris que c'est une religion de paix et qu'ils en font un instrument de guerre, d'injustice, de totalitarisme.

Effectivement la finalité de la société islamique est la paix. L’Islam veut que le croyant s’adresse au croyant par la formule « Paix sur vous », comme si tout musulman disait à son coreligionnaire quand il le rencontre : « Paix sur toi , ne craints de moi aucune agression et ne redoute de moi aucun mal ». Cette insistance à divulguer la paix aboutit nécessairement à l’amour et à la sécurité.

LIBERTE, Droit, LAICITE, LIBERTE DE CULTE

S'attaquer à l'islam c'est permettre aux entités de corruption de foisonner et leur donner la liberté de détruire la vie et enterrer les bonnes moeurs et le sens de l'humanité

Ainsi, les musulmans n’ont pas le droit d’être des agresseurs et la guerre en Islam n’est imposée qu’en cas d’agression et donc de défensive. la structure sociale en Occident n’est pas équilibrée et tend à démanteler les liens entre les époux qui résultent à la destruction du mariage. Ce résultat était facile à prévoir : en Occident, les fréquentations mixtes sont libres à l’excès, la consommation d’alcool est répandue et le manque de pudeur de certaines femmes contribue à l’adultère, mais les hommes sont aussi responsables. Cela est une chose aisée pour ceux qui ne craignent pas Dieu. Dans tous ces pays, la formule est la suivante : hommes, femmes, alcool, nudité, fréquentations libres, ayant pour résultat la destruction du mariage, des enfants illégitimes et malheureux. L'Islam est attaqué par méchanceté et haine, parceque que l’islam interdit les fréquentations libres, prône l’interdiction de l’alcool, et la préservation de la pudeur, ayant pour résultat la protection du mariage, des enfants légitimes et heureux, les jeux du hasard, etc... .



Que les ennemis de l'islam sachent que cette religion universelle remplit tous les besoins humains concernant la vie familiale, sociale, économique et politique et dont la ligne de conduite est restée intacte depuis des centaines d’années et est appropriée à tout temps et en tous lieux , appelle au respect des droits des père et mère, des voisins, des proches parents, etc. encourage la pratique de tout bien et met en garde contre tout mal et la véracité de l’Islam n’est pas atteinte par les fautes commises par ceux qui le suivent dues à leur ignorance ou à la mauvaise compréhension de ses textes.

tout conquérant est attaqué, et puis les attaques dont tu parles ne font que consolider l'islam car il y a parmi les non musulmans des gens qui ne sont pas haineux et ces attaques les poussent à voir eux mêmes ce qu'est véritablement l'islam et sont généralement subjugués par ce qu'ils découvrent... @Maroufla : lire est une chose nécessaire mais parfois pas suffisante pour comprendre et interpréter...

parce que certains musulmans n'ont pas compris que c'est une religion de paix et qu'ils en font un instrument de guerre, d'injustice, de totalitarisme. Il paraît même que, dans certains pays musulmans, tu n'as pas le droit de choisir ta religion ou de choisir le prénom que tu veux pour tes enfants. Il y a des listes officielles! Si, si, je te jure. Et le pire, c'est que la grande majorité des bons musulmans ne disent rien. C'est le problème: le jour où les imams, dans leur sermon du vendredi, diront que les extremistes sont des criminels qui iront en enfer et mettront à la porte des mosquées les intégristes, l'Islam ne sera plus attaqué. Les chrétiens d'aujourd'hui s'attaquent au pape, à l'opus dei et à tous les intégristes mais les musulmans ferment lamentablement leurs gueules, incapables de critiquer ceux qui salissent leur religion.

Pourquoi l'Islam, religion de paix, est-il systématiquement attaqué ? Parce que tout simplemenent on veut cacher la vérité, puisque il est la religion de paix, et la "paix" est l'opposé de la violence et la térreur, donc, les innemis de l'islam ont choisie quelques versets qui parlent dans l'ensemble de djihad contre l'ennemie ( armée contre armée bien sur), donc ils ont endoctriner les pseudos-musulmans ignorants, et ont creer le terrorisme, ensuite ils ont déclencher une guerre médiatique en imputanbt tout cela à l'islam, pour diaboliser cette religion universelle qui ne corespond pas à leurs passions diabolique mondaine..Le plus béte encore c'est quand on confond musulman et islamiste extrémiste, si on considère que tout les musulmans sont islamistes (ignorants endoctrinés par les innemis de l'islam sans qu'ils sachent), cela veut dire que moi musulmane je suis térroriste c'est du n'importe quoi. Avant de lancer des jugements sur l'autre il faut bien ce renseigner sur la chose, et non pas consommer seulement l'information érronée.

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___Pourquoi le Nigeria, le Tchad, le Mali, le soudan s'embrase-t-il ?› Attaques d'islamistes présumés dans le nord de l'afrique? POURQUOI DEUX RELIGIONS INCOMPATIBLES DEBOUCHE T'-IL SUR UNE GUERRE DE RELIGIONS?

Pourquoi le Nigeria s'embrase-t-il ?

Le Monde.fr avec AFP | 21.06.2012 à 16h21 • Mis à jour le 21.06.2012 à 16h21

Par Anna Benjamin

De nouveaux heurts entre musulmans et chrétiens frappent le Nigeria depuis le dimanche 17 juin.

Une insurrection armée, conduite par le groupe islamiste Boko Haram, est accusée depuis plusieurs mois de vouloir déclencher sciemment une guerre de religion. Mais cela fait des années déjà qu'émeutes et attentats secouent le pays.




QUI S'AFFRONTE DANS CES VIOLENCES ?



Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, compte autant de chrétiens que de musulmans. Si la mixité y est officiellement la règle, le pays est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétienne, zone la plus riche grâce aux revenus du pétrole. Depuis quelques années, des troubles religieux ont éclaté entre les deux communautés, essentiellement dans le nord du pays, provoquant des milliers de morts.



Depuis mi-2009, le pays est quasi quotidiennement touché par des attaques, attribuées pour la plupart au groupe islamiste Boko Haram. Elles visent essentiellement les membres des forces de sécurité, les responsables gouvernementaux et les lieux de culte chrétiens.



Dans le Nord, les membres des différentes confessions vivent désormais dans des quartiers séparés, et se sont organisés en milices.



Lire le cadrage : "Le Nigeria face au spectre d'une guerre de religion"






POURQUOI CES VIOLENCES RESSURGISSENT-ELLES ?





On assiste d'abord à une radicalisation de l'islam dans le nord du pays. Certains Etats de cette région du nord du Nigeria ont adopté officiellement la charia entre 1999 et 2001, mais dans les faits, celle-ci n'est pas appliquée aussi strictement que les islamistes le voudraient. Il y a donc des revendications religieuses.



Le pétrole est la principale ressource financière du pays. C'est l'Etat fédéral qui décide des répartitions. Historiquement, le Nord a toujours été déshérité. Il existe donc une forte demande de rééquilibrage économique, qui est instrumentalisée par un noyau d'extrémistes religieux.



Enfin, l'élection en avril 2011 de Goodluck Jonathan à la présidence du pays a renforcé les tensions. Il est chrétien et vient de la région du Delta où se trouvent les principales régions pétrolières.



Lire l'entretien : "Au Nigeria, 'Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile'"



Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement et spécialiste du Nigeria, explique, lui, que ces tensions sont loin de se réduire à des critères ethniques et religieux : "Il s'agit d'une façon 'facile' d'envoyer un signal au pouvoir. Dans le Nord du Nigeria, lorsque l'on veut s'en prendre à un des symboles du pouvoir, on attaque les chrétiens."



Lire l'entretien : "Le Nigeria n'est pas dans une situation à l'Ivoirienne"






QU'EST-CE QUE BOKO HARAM ?





Les attentats contre les chrétiens sont revendiqués par l'organisation islamiste Boko Haram. "Allah nous a donné la victoire dans les attaques lancées contre des églises dans les villes de Kaduna et de Zaria qui ont provoqué la mort de nombreux chrétiens et membres des forces de sécurité", a déclaré le 18 juin dans un message électronique Abu Qaqa, porte-parole du groupe islamiste et auteur de précédentes revendications.



Lire les faits : "Boko Haram revendique les attentats antichrétiens au Nigeria"



Cette secte, dont le nom signifie en langue haoussa "l'éducation occidentale est un péché", veut imposer un Etat islamique dans le nord du pays, avec une stricte application de la charia.



A ses débuts en 2004, le groupe était essentiellement composé de diplômés de l'université et de personnes ayant rompu avec leur milieu social d'origine, classe aisée ou classe moyenne. Deux cents membres avaient alors établi un camp près de la frontière avec le Niger, dans le village de Kanamma, dans l'Etat de Yobe (nord-est), surnommé "Afghanistan".



Lire l'éclairage : "Boko Haram, la secte qui veut imposer un Etat islamique"



Mais aujourd'hui, les liens de la secte semblent dépasser les frontières du Nigeria. Le mouvement se réclame des talibans afghans et est soupçonné de liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaida (AQMI).



Lire l'éclairage : "Les liens troubles entre Boko Haram et AQMI au Nigeria"






Y A-T-IL UNE INTENSIFICATION DES ATTAQUES ?




Boko Haram avait lancé en 2009 une insurrection sous l'autorité de leur ex-dirigeant Mohammed Yusuf à Maiduguri. L'armée avait brutalement réprimé le soulèvement et environ huit cents personnes avaient été tuées. La mosquée ayant servi de quartier général au mouvement avait été rasée et leur chef, tué.



Mais le groupe continue de lancer des raids meurtriers visant policiers, militaires, hommes politiques ainsi que responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie. Depuis mi-2010, la secte a même élargi son champ d'action. Active essentiellement dans le nord, elle s'étend désormais dans d'autres régions, notamment à Jos, dans le centre. En décembre 2010, la ville avait été le théâtre d'une série d'attentats revendiqués par Boko Haram qui avaient fait quelque quatre-vingts morts.



Lire les faits: "Regain de tension interreligieux et intercommunautaires au Nigeria"



QU'ENVISAGE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ?





Dans son ensemble, la communauté internationale condamne ces violences. La haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a affirmé en janvier 2012 que le groupe islamiste Boko Haram pourrait être reconnu coupable de "crimes contre l'humanité" si la justice montre qu'il a commis des attaques systématiques contre la population.



Lire les faits : "L'ONU évoque des 'crimes contre l'humanité' au Nigeria"



Les Etats-Unis envisagent, eux, d'assister l'armée nigériane dans sa lutte contre ce groupe islamiste. "Il s'agit d'une question interne récurrente au sein du gouvernement des Etats-Unis", a déclaré le 6 juin, le secrétaire d'Etat américain chargé des affaires africaines, Johnnie Carson.



Lire les faits : "Washington envisage d'assister le Nigeria contre Boko Haram"

Le Soudan du Sud, qui a dit que ce serait facile ?

Le Monde.fr | 09.07.2012 à 08h59 • Mis à jour le 09.07.2012 à 08h59

Par Hilde F. Johnson, représentante spéciale du Secrétaire général de L'ONU pour le Soudan du Sud.





Les connaisseurs en crises multiples doivent avoir savouré la première année du Soudan du Sud comme un Etat indépendant. Ils indiqueront aux défis innombrables du pays : la violence inter-communautaire endémique qui a provoqué la mort de centaines de personnes ; l'arrêt brusque de production de pétrole après une détérioration dans les relations avec son voisin du nord, le Soudan ; l'accompagnement d'une série de mesures de rigueur economique dures ; les allégations de corruption ; les hostilités frontalières avec le Soudan qui ont faille poussé les deux pays au bord d'une guerre totale. Personne n'a dit que ce serait facile. Mais loin des titres de presse couvrant des crises militaires, politiques, économiques et humanitaires, la Mission de Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) a tranquillement mais systématiquement accompagné les Soudanais du Sud et s'est associeé à eux pour affronter les défis majeurs du nouvel Etat.



Depuis son établissement le 8 juillet 2011, la mission a non seulement pris l'action décisive pour sauver les vies des civils, mais a retroussé ses manches pour soutenir des programmes d'un Etat moderne, le développement d'institutions et de gouvernance démocratiques. La MINUSS est mandatée pour protéger des civils "sous la menace imminente de violence physique." Son plus grand test s'est produit dans l'Etat de Jonglei, où les jeunes armés du groupe ethnique le Lou Nuer se sont rassemblé vers la fin de l'année dernière pour lancer des attaques de vengeance contre la communauté Murle.



Un rapport approfondie des droits de l'homme publié par la mission le mois dernier, indique que la MINUSS a tres tôt alerté le gouvernement du Soudan du Sud du movement de Lou Nuer avant son arrivée dans le centre de la communaute Murle en décembre dernier. La mission a alors mobilisé et ensuite déployé plus de la moitié de ses casques bleus dans la zone de l'attaque, Pibor. Des milliers de vies ont été sauvées par ses actions décisives et protectrices effectuées ensemble avec les forces armées du Soudan du Sud.



Ailleurs, dans les zones frontalières, les officiers de liaison militaires de la mission ont examiné et ont vérifié les violations rapportées de droit humanitaire international, en confirmant les bombardements répétés d'objectifs civils à l'intérieur du Sud-Soudan par des avions du Soudan en mars et avril. Une telle évidence a permis au Conseil de Sécurité d'appeler à une halte immédiate de toutes les attaques et a aidé à provoquer une cessation de facto d'hostilités le long de la frontière avec le Soudan.



Mais en plus du travail militaire entrepris, La MINUS s'est aussi concentrée sur des activités touchant à la construction de l'Etat. Nous avons préconisé la revue de la constitution du Soudan du Sud qui a permis la nomination de la Commission d'Examen Constitutionnelle Nationale. Ce processus est une occasion unique pour la construction de nation du Soudan du Sud car il fourni un forum pour toutes les communautés de toutes les conditions sociales. Cela ne devrait pas être oublié.



Comme chef de la mission de maintien de la paix, j'ai vivement recommandé aux dirigeants du Parti du Mouvement populaire pour la Liberation du Soudan du Sud et aux partis politiques d'opposition d'adopter une approche inclusive à l'élaboration d'une d'un projet de loi sur les partis politiques et la loi électorale. Aussi, l'Assemblée législative nationale a unanimement passé plus tard les deux projets de loi de législation. Ces processus sont essentiels pour construire une base pour une démocratie et un pluralisme politique au Soudan du Sud.



La sécurité et le secteur de la justice sont une autre pierre angulaire dans n'importe quel processus de construction d'un Etat moderne. Avec la PNUD, la MINUSS a soutenu les services de police du Soudan du Sud dans l'enregistrement de plus de 37 000 officiers. Ceci est essentiel pour la réforme et la professionnalisation de la police. À travers le pays, des centaines de policiers de L'ONU travaillent étroitement avec leurs homologues du Soudan du Sud pour développer l'îlotage. De plus, la MINUSS a facilité des missions de juges dans les villes éloignées du Soudan du Sud. Nous avons aussi fourni la formation aux officiers de l'armée sur le droit international et le respect des droits de l'homme.



La MINUSS est activement engagée dans la prévention de conflit et sa réduction. Pour promouvoir le processus de paix dans Jonglei, l'Etat le plus grand et le plus volatil du pays, la mission a opéré 1900 vols afin de faciliter les missions de leaders de l'Eglise, des représentants gouvernementaux et des représentants communautaires. Le processus a contribué à une réduction significative de la violence. La paix durable dans Jonglei est essentielle pour la stabilité au Soudan du Sud.



La tâche de construire une nation viable à partir de zero est particulièrement difficile quand le nouveau pays est, selon l'expression du président Salva Kiir Mayardit, "à la fin de chaîne de développement économique" et "au bas" de tous les indices de développement humain. En plus de cela ce sont les crises qui vont probablement aussi arriver en deuxième année de l'Etat souverain du Soudan du Sud . La mission continuera à supporter le Soudan du Sud dans ses moments de crises et nous renouvelons notre engagement de rester dans le pays le plus nouveau du monde.

Hilde F. Johnson, représentante spéciale du Secrétaire général de L'ONU pour le Soudan du Sud.

Washington envisage d'assister le Nigeria contre Boko Haram

Le Monde.fr avec AFP | 06.06.2012 à 10h54 • Mis à jour le 06.06.2012 à 10h54

Les Etats-Unis envisagent d'assister l'armée nigériane dans sa lutte contre le groupe islamiste Boko Haram. "Il s'agit d'une question interne récurrente au sein du gouvernement des Etats-Unis", a déclaré le secrétaire d'Etat américain chargé des affaires africaines, Johnnie Carson, à l'issue de deux journées d'intenses discussions avec des responsables nigérians dans la capitale américaine.



L'administration "tente de prendre une décision qui soit à la fois appropriée, sensée et utile", a-t-il ajouté. Washington n'a pas encore décidé de placer ou non le groupe sur sa liste noire des organisations terroristes.



PARTENARIAT ÉVENTUEL AVEC L'ARMÉE NIGÉRIANE



Des troupes nigérianes ont lancé une opération mardi dans un bastion du groupe islamiste à Maiduguri, dans le Nord, où des explosions et des tirs pouvaient toujours être entendus plus de trois heures après le début de leur intervention, ont indiqué des habitants. Maiduguri est considérée comme le berceau du groupe islamiste, qui se réclame des talibans afghans. L'armée a déclaré, mercredi, avoir tué au moins 16 militants de Boko Haram lors de cette opération.



Les discussions qui se sont tenues à Washington, dans le cadre de la commission binationale Etats-Unis–Nigeria, ont notamment porté sur la gouvernance et la coopération en matière de sécurité. Les Etats-Unis "sont prêts à étudier un éventuel partenariat avec l'armée nigériane", a indiqué lundi le numéro deux du département d'Etat américain, William Burns, à l'ouverture des débats, sans plus de précisions.

"Nous sommes tous inquiets des scènes de violences qui se répètent dans plusieurs régions du Nigeria et qui menacent de réduire à néant les avancées du pays", a-t-il ajouté.

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____MUDIAMBO Malongui Sartre, "Orphée noir", et le mouvement de la negritude. "la race ne devait pas être utilisée pour justifier le paternalisme et l’élitisme des Africains-américains et des Antillais en Afrique".

Sartre, "Orphée noir", et le mouvement de la negritude 23/03/2003



Reactions d'un groupe d'étudiants à l'introduction de Sartre dans un cours sur le panafricanisme



Par Paul Yange




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Manthia Diawara




Au début de son livre, "En quête d’Afrique", Manthia Diawara, professeur de littérature et de cinéma à New-York (Columbia) raconte la réaction d’un groupe d’étudiants à l’introduction du livre de Jean-Paul Sartre au cours "Introduction au panafricanisme".

Ouvrant son cours sur le livre de WEB Dubois "le monde et l’Afrique" (The World & Africa), (Du Bois fut un intellectuel afro-américain influent et un panafricaniste, voir la rubrique "Hommes illustres") Diawara se rendit compte que les réactions des étudiants au livre de Du Bois étaient agressives.

Un étudiant remis en cause l’idée même de panafricanisme en disant que "les africains étaient très différents d’un bout à l’autre du vaste continent et que les afro-américains comme les américains blancs étaient totalement ignorants des réalités africaines". Un autre accusa Du Bois et les autres panafricains de nourrir les mêmes intentions coloniales que les blancs, ajoutant que "la race ne devait pas être utilisée pour justifier le paternalisme et l’élitisme des Africains-américains et des Antillais en Afrique".



Jean Paul Sartre




Pour Diawara, les idées de Du Bois sur l’unité raciale sont particulièrement intéressantes si elles sont étudiées avec d’autres théories raciales et remises en perspective temporelle et spatiale avec elles : ces autres théories sont le nationalisme, la négritude, le mouvement afrocentriste, la thèse sartrienne du racisme antiraciste comme point de départ pour combattre le colonialisme et le paternalisme.

Diawara voulait savoir ce qu’il adviendrait de l’idée centrale de panafricanisme si elle était enseignée comme participant de l’histoire d’idées souvent contradictoires et pas seulement comme une succession d’événements et de figures historiques.

Le texte de Sartre "Orphée Noir" avait été écrit comme préface à "l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de la langue française", parue en 1948 sous la direction de Leopold Sedar Senghor. C’est l’essai le plus célèbre sur le mouvement de la négritude définissant notamment le concept pour le public occidental.

D’après Diawara, "Orphée Noir" a servi de révélations idéologiques traversant son groupe d’étudiants. Certains se sentaient galvanisés par l’appel de Sartre à une lutte commune au nom de l’humanisme universel alors que d’autre pensaient que ce mouvement vers l’universel vidait de sa substance la lutte noire, c’est à dire que Sartre diluait la signification de la négritude.



En quête d'Afrique




Le dernier jour de son cours, Diawara repris le sujet de "l’Orphée noir" de Sartre et demanda aux étudiants s’ils pensaient que cette œuvre avait sa place dans un cours sur le panafricanisme. Le débat fut aussi animé qu’au premier jour car la plupart des étudiants n’avaient pas changé de position, mais ils étaient devenus moins hostiles.

Cependant, au milieu du débat, une étudiante avoua qu’elle avait choisi le cours en raison du nom de Diawara qui "faisait" africain. "Tous les autres cours sur les Noirs et l’Afrique étaient enseignés par des professeurs blancs" dit-elle. Elle ne leur faisait pas confiance et avait voulu étudier avec un véritable africain pour voir. "et alors" demanda Diawara avec une pointe d’agacement. L’étudiante répondit : "Oh maintenant je comprends que les Blancs ne sont pas tous identiques. Avec plus de professeurs noirs comme vous, je ne ressens plus de méfiance vis-à-vis des professeurs blancs et de leur connaissance de l’Afrique. Je suis contente que vous nous ayez fait lire Sartre".

D'après Manthia Diawara, En quête d'Afrique, Editions Présence Africaine



http://www.grioo.com/info171.html

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____Le créateur du premier annuaire africain de Montréal explique les motivations de son projet/// Guy pascal Zambou lance le tout premier annuaire Africain au Canada

Guy pascal Zambou lance le tout premier annuaire Africain au Canada 05/07/2012



Le créateur du premier annuaire africain de Montréal explique les motivations de son projet



Par Roger Toguem



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Guy Pascal Zambou (photo serge Lerus)




Journal Intégr’action (jourci) : Bonjour Pascal ZAMBOU, Vous aviez procédé le 30 juin dernier au lancement du tout premier annuaire africain de Montréal dans la grande salle du 6767 au Centre Communautaire de côte-Des-Neiges à Montréal (Québec). Qu'est ce qui vous auriez motivé à créer cet annuaire?

Pascal Zambou : En décidant de créer l'annuaire africain, nous avions à cœur de contribuer à notre manière au renforcement de la visibilité de l’Afrique à Montréal, cette Afrique qui rayonne dans la métropole à travers plusieurs facettes malheureusement encore très peu connues du grand public.

Il nous a paru nécessaire de combler un vide, et actuellement nous nous réjouissons de l’accueil qui a été réservé à cette œuvre qui connaît du succès non seulement au niveau des communautés africaines, mais aussi au niveau des montréalais de divers horizons géographiques.

Pouviez-vous nous présenter cet annuaire ?

L'annuaire africain de Montréal que nous avons le plaisir de mettre à la disposition du grand public est un ouvrage qui répertorie l’ensemble des ressources africaines que l’on retrouve à Montréal, réparties sous plusieurs catégories dont les restaurants, l’art, la culture, les médias, les représentations diplomatiques, les associations et le secteur des services. Au delà des adresses qui permettent au lecteur de retrouver facilement ce dont il a besoin, l’annuaire renferme également une foule de renseignements et de conseils pratiques sur plusieurs questions auxquelles de nombreux résidents montréalais sont régulièrement confrontés dans leur vie quotidienne.



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Quel rapprochement faites-vous avec le bottin africain lancé à la même circonstance?

Le bottin africain et plus précisément le site www.bottinafricain.com, est la version électronique de l’annuaire, et se veut un complément à la version papier. Nous y avons en effet pensé parce que plusieurs personnes qui étaient au courant du projet d’annuaire nous l’ont demandé, évidement parce que nous sommes à l’ère des nouvelles technologies, et qu’il faut savoir en tirer profit.

Quel regard jetez-vous sur le potentiel entrepreneurial des Africains au Québec et au Canada?

En jetant un regard sur la situation qui prévaut à Montréal, la réalisation de l’annuaire nous a permis de recenser de nombreux africains qui sont actifs dans le domaine des affaires, notamment dans les secteurs de la restauration, de la coiffure, des commerces, et de divers services que sont le transport, la finance, l’assurance, l’immobilier, l’expertise-conseil. Nous avons été particulièrement impressionnés par l’esprit d’entreprise et le dynamisme dont font preuve de nombreux montréalais d’origine africaine pour apporter leur contribution au rayonnement économique de leur pays d’accueil.

Comparé toutefois aux communautés juives, italiennes ou chinoises par exemple, il est évident que la contribution des montréalais d’origine africaine demeure marginale en matière d’entreprenariat. Il est à espérer que dans les prochaines années ils sauront capitaliser leur potentiel et de nombreuses opportunités qui existent localement en termes de formation, de mentorat, de financement et de réseautage, pour occuper leur véritable place non seulement dans l’environnement économique de Montréal, mais aussi dans l’ensemble du Québec, voire du Canada.



© Serge Lerus




Comment envisagez-vous la prochaine édition 2013 de cet annuaire?

L’enthousiasme des lecteurs autour de la première édition nous interpelle et nous fait prendre conscience de l’ampleur de la tâche qui nous attend par rapport à la prochaine édition.

Cet enthousiasme est tel que nous enregistrions déjà des réservations d’espaces publicitaires pour l’édition qui paraîtra en 2013.En même temps, c’est avec plaisir que notre équipe de rédaction accueille de la part des lecteurs, des suggestions qui vont dans le sens de l’amélioration du contenu de la deuxième édition.

Et dans la perspective de cette prochaine édition, j’encourage tous les résidents africains du grand Montréal, à nous faire parvenir des informations sur leurs services, commerces, associations ou organisations.

Pascal Guy ZAMBOU est le directeur de la firme de consultation AfriExperts International basé à Montréal au Canada.

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___Livre : "La couleur dans la peau, ce que voit l'inconscient" de Sabine Belliard. Écrit par Sabine Belliard, une psychologue-psychanalyste d'origine antillaise, chercheure à l'Université Paris 7. D'abord que veut dire couleur de la peau?

Livre : "La couleur dans la peau, ce que voit l'inconscient" de Sabine Belliard 08/07/2012



Récemment publié, ce livre offre une manière nouvelle, très juste et particulièrement intéressante, de traiter de la question de la couleur de la peau



Par Patricia Contion



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La Couleur dans la peau, de Sabine Belliard




"La couleur de la peau; ce que voit l'inconscient" vient d'être publié, aux éditions Albin Michel. Écrit par Sabine Belliard, une psychologue-psychanalyste d'origine antillaise, chercheure à l'Université Paris 7, ce livre offre une manière toute nouvelle, très juste et particulièrement intéressante, de traiter de la question de la couleur de la peau.

D'abord que veut dire couleur de la peau? Toute peau humaine a une couleur: objectivement aucune n'est véritablement "blanche" ou "noire"; pourquoi réserver le terme "couleur" aux personnes noires? De nombreux mots encore très présents notamment aux Antilles (mots surprenants et renvoyant au registre de l'animalité et des croisements d'espèces), sont hérités de l'histoire coloniale et infiltrent fortement notre façon de penser.

L'auteure montre comment ces mots, utilisés pour désigner l'autre à la couleur de peau différente, parlent souvent à notre place; en même temps que nous les utilisons nous sommes pris dans une manière de penser qui d'emblée limite notre perception de l'autre et de nous-même. Sabine Belliard remarque que dans les familles métisses, chez les couples mixtes, ce vocabulaire est rarement repris pour parler des personnes aimées : les enfants métis parlent de parents, frères et sœurs "marron", "crème", "foncé", "clair" etc... ils emploient rarement des phrases du type : "ma mère est noire, mon père est blanc, ma sœur (plus foncée) est noire et moi (plus clair) je suis blanc".



Une famille métisse : l'actrice Victoria Rowell et ses deux enfants biologiques Jasper et Maya




Ils ont le sentiment que cela attaque leur unité familiale de parler de leurs intimes avec ces mots réducteurs de la vie sociale. Si le mot Nègre est très utilisé et avec fierté aux Antilles (en référence à la Négritude de Césaire et Senghor) il ne se limite pas pour autant aux seules personnes noires de peau: "il y a des négresses blanches" (de culture Nègre et blanches de peau) explique ainsi une des personnes interviewée par l'auteure.

Le plus important, montre très bien Sabine Belliard, c'est que la "couleur" de la peau est DANS la peau. Quelle que soit sa teinte, la peau renvoie ainsi tous les humains aux relations, peau à peau de leur histoire; au toucher de la mère et du père lors des soins corporels, aux caresses (ou aux coups) qu'elle a reçus... C'est tout sauf neutre dans la psychologie humaine que la peau soit un organe des sens, le tactile : la "couleur" de la peau de l'autre est inconsciemment pensée en lien avec ce que cette peau a pu vivre dans le passé, avec le caractère possible aussi de la personne qui la porte.



Si le mot Nègre est très utilisé et avec fierté aux Antilles (en référence à la Négritude de Césaire et Senghor) il ne se limite pas pour autant aux seules personnes noires de peau





Un regard très vite teinté d'une fantasmatique de type sexuel va être mobilisé face à l'autre à la peau différente. Très vite, observe l'auteure, quand on écoute les individus parler de leur couleur de peau et de celle des autres, la question sort discrètement d'une référence au culturel où au social, comme par exemple le cas de ces hommes et femmes qui ne peuvent simplement pas "toucher" aux partenaires qui leur rappellent trop (de même teinte que ce dernier) un de leurs parents Noir ou Blanc...



© whitehouse.gov




Chacun, montre l'auteure en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, utilise la question de la couleur de la peau en fonction de ce qu'il est. S'il est vrai que cette utilisation peut parfois être, pour certaines personnes, d'un immédiat rejet raciste, elle peut également être complètement fluide, être mise au service des rivalités, des besoins de reconnaissance, des enjeux personnels du moment, des désirs de chacun.

Ce livre est courageux car s'il ne nie pas l'histoire et les souffrances qu'ont pu vivre les Noirs dans l'histoire et notamment pendant l'esclavage (l'auteure montre d'ailleurs avec des exemples concrets comment un racisme existe encore aux Antilles de la part de certains descendants d'esclavagistes qui sont restés sur l'île, appelés békés) il nous confronte en même temps aux limites possibles de notre propre regard sur ces questions de couleur de peau.



Chacun, montre l'auteure en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, utilise la question de la couleur de la peau en fonction de ce qu'il est





Quelle que soit notre origine, africains, antillais, européens, le regard de l'autre perçoit immédiatement notre différence de teinte de peau. Être regardé comme Un Blanc ou Un Noir etc. en passant à côté de la personne, ou pire, être incapable de la regarder en "sautant par dessus son visage comme on saute par dessus une flaque d'eau" (une des personnes qui raconte son histoire dans le livre le dit comme cela) a des effets psychiques nous dit l'auteure.




Comment nous sentons-nous quand notre visage est évité par un autre humain auquel nous allions adresser la parole, demander quelque chose, dans la vie quotidienne? Même si nous pouvons faire comme si les choses ne nous touchaient pas, même si rien n'est dit à ce sujet, quel impact discret ces situations répétées peuvent-elles avoir en nous? Ce livre nous amène à percevoir, que nous soyons regardés ou que nous regardions l'autre dont la peau diffère de la nôtre, l'effet que le racisme ordinaire peut avoir.

La peau est ce qui sert de frontière entre soi et l'autre: toucher à la peau c'est toucher au psychique. Sabine Belliard rapporte ainsi les témoignages de personnes qui expliquent comment c'est profondément et psychiquement qu'elles ont été touchées par ces regards, ou plutôt ces absences de regards auxquels elles ont pu être confrontées. On comprend comment le visage (qui affiche pour chacun aussitôt sa couleur de peau) est précieux et que la teinte de la peau de chacun ne doit pas empêcher de pouvoir le regarder, lui refléter naturellement, spontanément, son visage... Ces échanges apparemment anodins ont un rôle essentiel.

Nous noterons qu'avoir une peau Blanche ne met pas à l'abri de ces vécus particuliers: le livre montre que tout être humain est particulièrement sensible, sinon vulnérable, à la manière dont sa peau va être appréhendée dans la relation. Jamais les mécanismes psychiques œuvrant au sein de la relation regardé-regardant (quand l'appréhension de l'autre est raciste) n'avaient été mis en évidence et analysés de cette manière et avec autant de finesse. Ce livre est donc une première et je le recommande à tous ceux qui souhaitent pouvoir penser plus librement les questions de la couleur de la peau et de racisme.

Patricia Contion est spécialiste de la littérature antillaise



http://www.grioo.com/ar,livre_la_couleur_dans_la_peau_ce_que_voit_l_inconscient_de_sabine_belliard,22701.html

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____Terra nullius est une locution latine signifiant « territoire sans maître ». Si tu enseignes à ce nègre à lire, il n'y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l'esclavage Frederick Douglass

Frederick Douglass (1818-1895), esclave autodidacte devenu consul des Etats-Unis

18/04/2004



esclave, Frederick Douglass brisa ses chaînes pour devenir porte-parole de la lutte contre l'esclavage, membre de la société abolitionniste, éditeur de journal, puis consul des Etats-Unis




http://www.grioo.com/info2313.html



Par Paul Yange






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Frederick Douglass






Frederick Douglass

Frederick Douglass fut l'un des leaders noirs américains les plus importants du 19ème siècle. Né Frederic Augustus Washington Bailey vers 1818, il est le fils d’une esclave noire et probablement de son maître blanc. Sa mère décède alors qu’il n’a que 7 ans. Il vit à la campagne, sur la plantation de son maître. Son destin prend un tour nouveau lorsque son maître décide de le laisser partir vivre à Baltimore avec un certain Hugh Auld. A Baltimore, le très jeune Douglass est "stupéfait par la bonté de sa nouvelle maîtresse" qui est une femme au bon cœur. "Elle ne jugeait pas inconvenant qu’un esclave la regardât de face" écrira t-il plus tard.



Comment un homme, six ans seulement après être sorti de ses chaînes, et qui n’était jamais allé à l’école pouvait-il parler avec une telle éloquence - avec une telle précision de langage et puissance de pensée ?



Liberator, 1844

Peu de temps après son arrivée chez les Auld, Mme Auld avait commencé à enseigner l’alphabet à Douglass. Dès qu'il l’eut appris, Mme Auld l’aida à épeler des mots de trois ou quatre lettres. Malheureusement pour Douglass, c’est à ce moment que M Auld se rendit compte que sa femme apprenait l’alphabet à un esclave, et lui interdit d’en apprendre davantage : "Si tu donnes le doigt à un nègre, il te prendra le bras. Un nègre ne doit savoir qu’une chose : obéïr à son maître- faire ce qu’on lui dit de faire. Le savoir gâterait le meilleur nègre du monde. Or si tu enseignes à ce nègre (Douglass NDLR) à lire, il n’y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l’esclavage. Il deviendra aussitôt incontrôlable et sans valeur pour son maître" (...)

Sous l'influence de son mari, Mme Auld adopta donc le comportement caractéristique des possesseurs d’esclaves et son comportement à l’égard de Douglass changea. Mais les paroles de Auld avaient été une révélation pour Douglass qui comprit que l’apprentissage de la lecture était peut-être sa voie de salut. "Je comprenais à présent ce qui avait constitué pour moi une difficulté insondable- à savoir l'aptitude de l'homme Blanc à asservir l'homme noir. C’était un grand pas que j'appréciai hautement. Désormais je voyais la route menant de l’esclavage à la liberté."



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Anna Murray Douglass 1ère épouse de Frederick Douglass




Douglass prit donc la résolution de continuer son apprentissage de la lecture seul. Il demeurera sept ans dans la famille de Hugh Auld et réussit pendant cette période à achever son apprentissage de la lecture. Il avait constaté à son arrivée à Baltimore que "l’esclave des villes était presqu’un homme libre par rapport à l’esclave des campagnes (..) Il reste un vestige de respect, un sentiment de honte qui contribue beaucoup à réprimer les pulsions de cruauté atroce si couramment exprimées sur la plantation (...) chaque propriétaire d’esclaves de la ville veille à ce qu’on dise qu’il nourrit bien ses esclaves".

Dans cette atmosphère, Douglass se lia d’amitié avec les petits garçons blancs qu’il rencontrait dans les rues et grâce à leur aide, obtenue en différents moments et différents endroits, pu terminer son apprentissage de la lecture. Douglass découvrit parallèlement un livre, "The colombian Orator" dans lequel il tomba sur un discours appelé "le discours de Sheridan " qui provoqua chez lui un nouveau tourment : je pensais parfois que la lecture tenait en effet davantage de la malédiction que de la bénédiction. Elle m’avait offert un aperçu de ma misérable condition sans son remède " dira t-il.

Si tu enseignes à ce nègre à lire, il n'y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l'esclavage



Hugh Auld, maître de Frederick Douglass, à sa femme

Douglass était de plus en plus obsédé par sa condition. Il commença à s'intéresser à l’abolitionnisme, mot qu'il apprit à connaître en écoutant des conversations autour de lui. Douglass décida également d’apprendre à écrire, ce qu'il parvint à faire après plusieurs années d’apprentissage et de patience. Nous sommes approximativement en 1834. Au cours de l’année 1836, Douglass tenta de s'évader, mais la tentative d’évasion échoua après qu’elle ait été découverte au mois d'avril. Il passa une semaine en prison, puis fut libéré par Thomas Auld qui le renvoya à Baltimore.

Il décida de travailler à nouveau pour les Auld, puis conclut un accord avec Hugh Auld qui l'autorisa à travailler partiellement à son compte et à payer la location de la chambre dans laquelle il vivait. Parallèlement, Douglass rencontra Anna Murray qui deviendra sa femme. L'accord entre Douglass et Auld fonctionna correctement, mais une fois, Douglass fut incapable de payer Auld. Furieux, ce dernier rompit le contrat. Douglass pris la résolution de s'enfuir sous un délai de trois semaines. (Il avait commencé à fréquenter des Noirs libres à Baltimore et savait qu’il pouvait s'enfuir par bateau) Il emprunta de l’argent à Anna, puis se rendit à Philadelphie par train, puis par bateau (il voyageait sous l'identité d’un de ses amis, un noir libre de Baltimore). Arrivé à Philadelphie, Douglass ne s'y sentait pas en sécurité (les chasseurs d’esclaves fugitifs existaient) et partit pour New-York où il arriva finalement le 4 septembre 1838. Un nouveau monde s’offrait à lui. Quelques semaines plus tard, il devait s'installer à New Bedford dans le Massachusetts avec son épouse (qu'il avait rencontré à Baltimore et épousé à New-York) sous son nouveau nom, Frederick Douglass.



William Lloyd Garrison © pbs.org




Continuant à se battre pour améliorer son éducation, Douglass rejoignit de nombreuses organisations à New Bedford, et se mit à fréquenter les réunions des abolitionnistes. Il s’abonna à l’hebdomadaire de William Lloyd Garrison, (un abolitionniste blanc très actif) "The Liberator". En 1841 il vit Garrison s'exprimer lors d’un discours à l’occasion de la réunion annuelle de la "Bristol Anti-Slavery Society". Douglass fut impressionné par ce discours. Garrison de son côté fut également impressionné par Douglass, qu’il cita dans "The Liberator".

Plusieurs jours plus tard, Douglass devait prendre la parole lors d’un discours à l’occasion de la convention annuelle "l’Anti Slavery Society" à Nantucket. Douglass était debout sur le podium, tremblant de nervosité. Devant lui se tenaient en effet la fine fleur des abolitionnistes qui s’étaient déplacés à Nantucket. Agé de seulement 23 ans, Douglass surmonta sa nervosité et prononça avec une grande éloquence un discours émouvant sur l’esclavage.

tuer un esclave, ou toute personne de couleur, dans le comté de Talbot dans l'Etat de Maryland n'est pas tenu pour un crime (...) M. Thomas Lanman, de St-Michael, a tué deux esclaves, dont l'un avec une hache, en la lui plantant dans la cervelle. Il avait coutume de se vanter d’avoir commis cet acte atroce et sanguinaire



Frederick Douglass

Un correspondant ayant assisté au discours de Frederick Douglass écrivit que les cœurs les plus durs avaient été percés et les cœurs les plus froids avaient fondu devant tant d'éloquence. Avant qu'il ne quitte la réunion, "l’Anti Slavery Society" demanda à Douglass de devenir conférencier pour la Société lors des trois années à venir. C’était le début d’une carrière de porte-parole et "speaker" qui allait continuer tout au long sa vie. Il devint un membre important du mouvement abolitionniste, capable par la puissance de son discours d'édifier les foules et d'imprimer dans les esprits toute l'inhumanité du sort réservé aux Noirs. Douglass se prononça contre le "retour" de certains esclaves libres en Afrique car il considérait que les Etats-Unis étaient la vraie patrie des esclaves. Il fit la tournée des Etats du Nord, racontant sa vie d’ex esclave et les atrocités commises au nom de l’esclavage. Toutefois, progressivement, certaines personnes se mirent à douter que Douglass fut un ex-esclave : comment quelqu’un qui n’avait jamais été à l’école, qui avait connu l’esclavage, pouvait-il s’exprimer avec une telle éloquence et une telle pertinence quelques années seulement après avoir brisé ses chaînes ?



The North Star, le journal fondé par Frederick Douglass




Malgré la peur d'être reconnu au travers des détails biographiques qu’il donnait, Douglass décida d’écrire et publier son autobiographie "Narrative of the life of Frederick Douglass, an American slave, written by himself". Le livre devint un best-seller aux Etats-Unis et les éditions européennes se vendaient également très bien. C’était en 1845. Trois années plus tard, en 1848, après une série de conférences en Angleterre, en Irlande et en Ecosse, Douglass publia le premier numéro du "North Star", un hebdomadaire de 4 pages à Rochester, New-York où il s’était installé avec sa femme Anna et ses quatre enfants. (A la suite de ses conférences, deux de ses amis anglais avaient réunis assez d’argent pour acheter sa liberté (esclave en fuite, Douglass était toujours susceptible d’être arrêté dans les Etats pratiquant encore l’esclavage). Le 5 décembre 1846 Hugh Auld signa les papiers déclarant le jeune homme de 28 ans libre…(Douglass apprécia le geste même si en tant qu’abolitionniste il ne reconnaissait pas le droit de Hugh Auld à être son "propriétaire").

Nos journaux sont défigurés par les horreurs atroces du lynchage. Le phénomène n'est plus seulement local, mais national, n'est plus confiné au Sud, mais a envahi le Nord



Frederick Douglass, The lessons of the Hour

Douglass débuta ensuite une carrière d’éditeur. Après des débuts difficiles, le "North Star" commença à s’autofinancer. Il avait surmonté sa période difficile grâce à l’aide de Julia Griffiths, une amie blanche anglaise de Douglass qui avait récolté assez d’argent pour contribuer au lancement du journal. Ce dernier vivra jusqu’en 1863 (il aura changé de nom en 1851 pour s’appeler le "Frederick Douglass' paper"). Ce journal symbolisait la capacité des Noirs à atteindre tout but qu’ils se fixaient. Ce journal avait permis à Douglass d’être plus indépendant vis à vis des abolitionnistes et de devenir l'éditeur du journal noir le plus connu des Etats-Unis.

Un scandale éclatera en 1848 lorsque Julia Griffiths commencera à travailler aux côtés de Douglass s’occupant des finances de son journal, organisant ses tournées et devenant sa plus proche collaboratrice. Les habitants de Rochester s’habituèrent à voir le porte parole noir et la jeune femme blanche marcher bras dessus dessous dans les rues de la ville. Les rumeurs se répandirent d’autant plus rapidement que Griffiths habitait dans la maison de Douglass et de son épouse. En 1852 Griffiths quitta la maison de Douglass pour lui éviter d’autres embarras. Elle demeura une proche associée de Douglass jusqu’à son retour en Angleterre en 1855.



Douglass (5ème en partant de la droite) en compagnie du 23ème président des Etats-Unis Benjamin Harrison assiste à une cérémonie avec le maire et des vétérans de la guerre de secéssion




Depuis qu'il l'avait rencontré en 1841, William Lloyd Garrison, le leader abolitionniste blanc avait été le mentor de Douglass. Mais leurs vues commencèrent à diverger. Garrison représentait la branche la plus radicale du spectre abolitionniste et pensait que les Etats-Unis devaient se dissoudre, et que la constitution américaine était pro-esclavagiste. Après sa tournée européenne et le lancement de son journal, les vues de Douglass commencèrent à évoluer : il devenait plus indépendant et plus pragmatique. En 1851, Douglass déclara lors d'une réunion à Syracuse dans l'Etat de New-York qu’il ne pensait pas que la constitution américaine était pro-esclavagiste et qu’elle pouvait même être appliquée "de façon à favoriser l’émancipation, particulièrement dans les endroits étant sous la juridiction exclusive du gouvernement fédéral". Douglass ne prônait pas non plus la partition des Etats-Unis pensant qu'elle isolerait les esclaves du Sud. Ces divergences idéologiques menèrent à un clash entre Douglass et Garrison qui continua jusqu’à la guerre de sécession malgré les efforts de leurs relations communes comme Harriet Beecher Stowe pour les réconcilier.

Au cours des années 1850, Douglass commença à soutenir de plus en plus ouvertement le droit des esclaves à se libérer par la violence, publia sa seconde autobiographie intitulée "My bondage and my freedom". Le 4 juillet 1852, il prononça un discours resté fameux dans lequel il stigmatisait "la supercherie que constitue cette fête nationale qui dissimule l’ignominie des pratiques esclavagistes". En 1858 il séjourna chez l'abolitionniste blanc John Brown qui sera pendu un an plus tard pour avoir essayé de s’emparer d’une fabrique d’armes fédérale afin d’armer des esclaves noirs et de provoquer leur insurrection.

Douglass est obligé de s’enfuir car il a échangé une correspondance avec Brown qui lui avait demandé de participer au plan, ce qu’il avait refusé. Il effectua une série de conférences pendant six mois en Angleterre avant de revenir en 1860 suite à la mort de sa fille Annie. Il soutint la candidature d’Abraham Lincoln pendant la campagne présidentielle, appella les Noirs à s’engager au côté de l’Union au début de la guerre de sécession, recruta plus de 100 soldats pour le régiment noir, mais protesta contre les discriminations frappant les soldats noirs au sein de l’armée.



Frederick Douglass




En 1865 l’esclavage fut aboli par le XIIIè amendement de la constitution américaine. En 1866 , Douglass réclame le droit de vote pour les esclaves, soutenu par la Société anti-esclavagiste. En 1869, il se félicite du vote du XVè amendement accordant les droits civiques aux gens "de couleur". Il s'installe à Washington après l'incendie criminel de sa maison de Rochester, est pendant 4 ans Marshall du district de Columbia, publie en 1881 sa troisième autobiographie intitulée "The Life and Times of Frederick Douglass".

Après la mort de sa femme Anna en 1882 des suites d’une longue maladie, Douglass épouse Helen Pitts son ancienne secrétaire blanche, puis visite des pays comme la France, l’Italie, l’Egypte, la Grèce en compagnie d’Helen. En 1883, un recul des droits des Noirs est observé puisque la cour suprême a annulé la loi sur les droits civiques interdisant la discrimination contre les Noirs dans des lieux publics. En 1889, Douglass est nommé Consul général en Haïti, mais démissionne suite à l’annexion du Môle Saint-Nicolas par les Etats-Unis. En 1894, il prononce son dernier grand discours "The Lessons of the Hour", une amère analyse du lynchage, qui est à l’époque une pratique horriblement banale aux Etats-Unis. Il décède le 20 février 1895 à Cedar Hill et est enterré à Rochester. Ainsi mourut Frederick Douglass, esclave qui avait réussi à devenir par sa ténacité et son intelligence l'une des figures marquantes de l'abolitionnisme aux Etats-Unis.








Vidéo : mini biographique de Frederick Douglass

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____Pourquoi l'Afrique fut elle conquise au 19 ème siècle ? Behanzin (1844-1906), roi du Dahomey acheta des fusils et des canons à des marchands allemands et se constitua une armée de 15 000 hommes afin de resister à la pression etrangère sur son royaume

Pourquoi l'Afrique fut elle conquise au 19 ème siècle ? 16/05/2003

Hiram S Maxim, inventeur de la mitrailleuse Maxim qui donna un avantage décisif aux européens lors de la conquête de l'Afrique



La supériorité technologique donna un avantage décisif aux européens lors de la conquête de l'Afrique



Par Paul Yange









Hiram S Maxim, inventeur de la mitrailleuse Maxim qui donna un avantage décisif aux européens lors de la conquête de l'Afrique




En 1880, seules quelques régions nettement circonscrites de l’Afrique étaient sous domination directe des européens. En 1914, excepté l’Ethiopie et le Liberia, l’Afrique entière est divisée et occupée par les puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Portugal, Belgique, Espagne et Italie) et le colonialisme s’y installe. Divers facteurs objectifs permettent d’expliquer le processus de conquête et d’occupation de l’Afrique.

Les conflits inter africains (alors qu’à la même époque l’Europe jouissait d’une certaine stabilité) divisèrent les forces de ces Etats alors que les européens pouvaient mobiliser leurs troupes de manière presqu’exclusive à leur conquête d’outre mer.

Grâce au travail des missionnaires et des explorateurs, les européens en savaient plus sur l’Afrique (géographie, économie, ressources, forces et faiblesses des Etats) que les africains n’en savaient sur l’Europe. De plus, du fait des progrès de la technologie médicale, (emploi prophylactique de la quinine contre la malaria), les européens redoutaient beaucoup moins l’Afrique qu’avant le milieu du 19è siècle. Ajoutons à cela que les ressources financières des Etats européens étaient largement supérieures à celles des Etats africains.



Exterminez toutes ces brutes de Sven Lindqvist




Tandis que les Etats européens pouvaient dépenser des millions de livres pour leurs conquêtes, les Etats africains ne soutenaient pas la comparaison. L’avènement de la révolution industrielle en Europe et de ses progrès techniques ( Le Bateau à vapeur par exemple, découvert par l’américain Robert Fulton permis aux européens de pénétrer à l’intérieur du continent africain, et de transporter notamment leur armement par ce moyen) accentua de façon décisive l'avantage des européens.

Là où les européens employaient des armées professionnelles et bien entraînées, la plupart des Etats africains mobilisaient des individus pour leurs besoins offensifs et leurs besoins défensifs. De plus au terme de la convention de Bruxelles (1890), les Etats européens décidèrent de ne plus vendre aucune arme aux africains, ce qui laissa les africains avec des fusils démodés ou un armement traditionnel très inférieur à l’armement européen (1)

L’écrivain suédois Sven Lindqvist (2) a parfaitement montré de quelle façon parmi tous les facteurs précedemment cités, l’avantage technologique dans le domaine de l'armement se révéla être un avantage décisif pour les européens dans la conquête de l’Afrique :

Jusqu’au milieu du XIXè siècle, les armes à feu du "tiers monde" pouvaient se mesurer à celles de l’Europe. L’arme standard était un fusil, chargé par le canon, à canon lisse qui était également fabriqué par les forgerons de village en Afrique. Mais la portée de ces fusils ne dépassait pas 100 mètres, il fallait une minute pour les recharger, 3 fois sur 10 le coup ne partait pas et sous la pluie, l’arme cessait de fonctionner. Un archer tirait plus vite, plus loin et avec une plus grande précision. Il était seulement inférieur dans sa capacité à percer les blindages.




La plus grande résistance africaine de l'histoire fut écrasée lors de la bataille d'Omdurman au Soudan



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C’est pour cela que les guerres coloniales de la première moitié du XIXè siècle furent longues et coûteuses. Même avec une armée de 100 000 hommes en Algérie, les français progressaient lentement puisque les armes d’infanterie des deux camps étaient comparables. En 1853, les britanniques commencèrent à remplacer leurs anciens fusils par des fusils Enfield, qui étaient efficaces jusqu’à 500 mètres et qui tiraient plus vite parce que la balle était contenue dans une cartouche en papier. La Prusse remplaça ses fusils à chargement par le canon par des fusils à chargement par la culasse. L’arme fut testée en 1866 à la bataille de Sadowa (les Prussiens allongés tiraient 7 coups avec leurs fusils Dreyse tandis que les autrichiens debout tiraient 1 coup, l’issue de la bataille était évidente).

Après différents progrès dans le domaine de l’armement, avec une concurrence entre Etats européens, les britanniques adoptèrent en 1869 le martini henry, une arme de la nouvelle génération (rapide, précise, insensible à l’humidité et aux secousses), les français produisirent alors le fusil Gras, les allemands le Mauser.

Puis, un peu plus tard, une nouvelle génération d’armes, les fusils à répétition, fit son apparition. En 1884, le français Vieille inventa la poudre sans fumée (ou poudre blanche) qui permettait aux soldats de rester invisibles lorsqu’ils tiraient. La mitrailleuse Maxim, fabriquée par Hiram S maxim fit son apparition. C était une arme facile à porter et qui tirait onze coups à la seconde. Les Britanniques équipèrent rapidement leurs troupes d’armes automatiques qui furent employées contre les Ashanti en 1874 et les Egyptiens en 1884.



Behanzin (1844-1906), roi du Dahomey acheta des fusils et des canons à des marchands allemands et se constitua une armée de 15 000 hommes afin de resister à la pression etrangère sur son royaume




A la même époque, grâce à la bessemérisation et d’autres processus, l’acier était si bon marché qu’on pouvait l’employer pour la fabrication d’armes sur une grande échelle. Par contre en Afrique, les forgerons et les armuriers locaux n’étaient plus capables de fabriquer des copies des armes nouvelles. Ils ne disposaient pas du matériau requis, l’acier industriel. A la fin des années 90, la "révolution" des fusils était achevée. Tous les soldats pouvaient tirer sans être découverts, par tous les temps, 15 coups durant 15 secondes sur des cibles situées jusqu’à 1 kilomètre. L’avènement de la balle dum-dum (1897) à Ogive cisaillée en croix provoquant des blessures graves et guérissant très mal constitua le parfait complément à l’amélioration des fusils. Son utilisation fut prohibée entre Etats "civilisés" par la convention de La Haye en 1899.

La puissance technologique des pays européens par le moyen de leur armement se manifesta complètement lors de la bataille d’Omdurman le 2 septembre 1898, au Soudan. La plus grande résistance africaine fut écrasée : 11 000 soudanais furent tués tandis que les britanniques ne perdirent que 48 hommes. Quasiment aucun des 16 000 soudanais blessé n’avait survécu. Winston Churchill, alors correspondant de guerre pour un journal anglais, trouvait le plan des soudanais bien pensé, sauf sur un point essentiel : il sous estimait de façon fatale l’armement moderne.

Winston Churchill, cité par Sven Lindqvist : "Ainsi s’acheva la bataille d’Omdurman, la plus éclatante victoire jamais remportée par les armes de la science sur les barbares. En cinq heures, la plus forte armée de sauvages jamais dressée contre une puissance européenne moderne avait été détruite et dispersée sans guère de difficultés, avec en comparaison peu de risques et des pertes insignifiantes pour les vainqueurs".

(1) Histoire generale de l'Afrique, editions Presence Africaine Unesco (2) Sven Lindqvist, "exterminez toutes ces brutes", editions le serpent à plumes, 1999





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