____Existe-t-il un cycle de recyclage de couleurs pour la peau noire? Existe t-il un Français noir? Un Français sur papiers mais le sang qui circule dans tes veines n'est pas Français. « Les Noirs de France ne sont pas des victimes »
Par http://www.777-mafia.com/us/home, samedi 3 novembre 2012 à 15:19 :: __Code 3.6 The-dark-world.. "The world sinks" Ghost Recon Future Soldier - king of Dahomey. Meurtre, Mort, Détruire. Terra Nullius, Exosquelette, armure du guerrier du futur :: #4209 :: rss
Fantomax génie du mal
Il n'a pas parlé depuis des mois, mais Booba s'est livré dans Le Parisien. "En France, je ne me sens pas chez moi"
« Je suis noir, et forcément ça se voit. Du coup les Noirs que je croise à Paris m’appellent “ mon frère ”. Le sommesnous vraiment ? Qu’ont en commun un Antillais, un Sénégalais, et un Noir né dans le Xème arrondissement, sinon la couleur à laquelle ils se plaignent d’être constamment réduits ? J’oublie évidemment la généalogie qu’ils se sont forgée, celle du malheur et de l’humiliation – traite négrière, colonisation, conditions de vie des immigrés... Car par-delà la peau, ce qui les réunit, ce sont leurs sanglots.Je ne conteste pas les souffrances qu’ont subies et que subissent encore les Noirs. Je conteste la tendance à ériger ces souffrances en signes d’identité. Je suis né au Congo Brazzaville, j’ai étudié en France, j’enseigne désormais en Californie. Je suis noir, muni d’un passe-port français et d’une carte verte. Qui suis-je ? J’aurais bien du mal à le dire. Mais je refuse de me défi nir par les larmes et le ressentiment ».
Alain Mabanckou
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/02/04/pascal-blanchard-les-noirs-de-france-ne-sont-pas-des-victimes-228978
Existe t-il un Français noir? suite à une altercation avec un noir, et comme je suis un arabe bien sure? il m'a fait savoir qu'il est un Français et qu'il est chez lui, je lui ai répondu que c'est vrai tu es un Français sur papiers mais le sang qui circule dans tes veines n'est pas Français, j'ai tords de dire ça?
Meilleure réponse - Choisie par le demandeur oui, effectivement t'as eu tort de dire ça... pour moi on est tous ensemble sur un même bâteau appelé terre et ça qu'on soit black blanc beurre ou jaune ... et j'en oublie
c'est vexant de voir qu'un français ne se considère pas comme français mais comme robeux : tu es les deux à la fois, tout comme lui est français et noir... ça existe, j'en croise tous les jours dans la rue...!!!!!!!!!!
Par contre, par ta culture et tes orignies tu es arabe comme tu dis et moi, par ma culture et mes origines je suis marseillaise, mais je suis avant tout française et fière de l'être, c'est ta culture qui fait ta différence et qui a fait de toi ce que tu es aujourd'hui et non pas ta couleur de peau.
http://fr.answers.yahoo.com/question/
À propos Française d'origine Africaine ? euuu Il y a t-il un problème?
Noirs et Fière certes sa je ne peux le renier (ça se vois!) je sais d'ou je viens donc je ne peux que le revendiquer , La vie a fait que l'on me donne naissance sur le sol français et que ma vie sois sur le sol français lol j'y peux rien si je suis française ! MDR partageons nos idées avec sérieux mais humours car n'écouter pas se que certains crétins pense de la peaux noirs parce que"BLACK IS BEAUTYFUL"
« Les Noirs de France ne sont pas des victimes »
EXTRAIT :
C’est une histoire passionnante que « Noirs de France » nous invite à découvrir à partir de ce dimanche sur France 5. En trois épisodes, l’historien Pascal Blanchard et le réalisateur Juan Gélas nous racontent un siècle de présence noire en France.
Les images d’archives, saisissantes, et les témoignages de la nouvelle génération retracent les combats oubliés et rappellent le paradoxe d’une France à la fois terre de liberté et d’oppression. Pascal Blanchard, co-auteur du documentaire (qui a aussi signé le livre « La France noire », paru il y a peu), insiste sur la nécessité d’écrire cette histoire. Entretien.
De nombreuses personnalités interviennent dans ce documentaire. Avez-vous eu des refus ?
Un seul, Rama Yade. A l’époque, elle était au gouvernement. Elle m’avait dit qu’elle n’était pas noire, qu’elle ne voulait pas être perçue simplement comme noire. Il aurait justement été intéressant d’entendre cela.
Noirs de France (Archives du Sénat)
Pourquoi une histoire spécifique des Noirs de France ? Leur histoire n’est-elle pas celle de tous les immigrés ?
Non ! L’histoire d’un Chinois en France n’est pas celle d’un Japonais. Pourquoi à Paris, en 1932, y a-t-il 1400 Japonais SDF ? La réponse n’est pas à trouver dans l’histoire de l’immigration maghrébine.
Il n’y a aucun rapport entre ces immigrés, si ce n’est qu’ils viennent d’un autre pays pour s’installer en France.
Dans l’histoire de l’immigration, il y a toujours le contexte du départ, qui peut être motivé par des raisons économiques ou politiques. La perception dans la société d’accueil n’est pas la même pour un Sikh qui va en France ou en Angleterre.
On peut toujours raconter le grand mirage de l’histoire de l’immigration française, c’est très pertinent mais ça a déjà été fait et très bien fait – même si le plus souvent, l’histoire a été racontée à travers le prisme du travail ; on a oublié les combattants, les réfugiés, les enfants, ceux qui sont partis, qui n’ont pas fait souche. La France Noire Un premier livre volumineux, écrit par Pascal Blanchard et publié aux Editions de la Découverte, raconte trois siècle d’histoire noire en France. Richement illustré, il est indispensable pour comprendre notre histoire commune.
Vous racontez l’histoire des Africains, mais aussi celle des Antillais...
L’histoire coloniale induit une fracture au cœur de l’immigration. Le documentaire débute en 1889, avec les lois sur la nationalité, qui sépare :
les citoyens, ce qui inclut les hommes, les femmes, ceux qui ont eu la citoyenneté du bout des doigts, les Juifs, les Sénégalais, les Indiens ou les Antillais (mais ils n’ont pas le droit d’être mobilisés sous le drapeau) ;
les immigrés.
La France a besoin de bras, à l’inverse d’aujourd’hui, il y a un phénomène d’accélération de la naturalisation. On a besoin de construire, le pays est en mouvement. Entre 1914 et 1918, on compte près d’un million de naturalisations.
La loi de 1889 facilite l’octroi de la citoyenneté française, elle aurait pu s’appliquer aux indigènes, qui sont alors majoritaires (il y a plus de sujets de l’Empire français que de citoyens en France).
Mais non, ce ne sont pas des futurs citoyens, ce ne sont même pas des étrangers ! S’ils étaient des étrangers, ils pourraient être naturalisés mais non, ils vont être exclus du principe de la citoyenneté. Ces gens-là auront un autre statut. Ils sont indigènes. Ils ont tous les devoirs mais aucun droit.
A cela se superpose une vieille et longue histoire française qui s’appelle l’esclavage et qui ne concerne qu’un type de population : tu es noir, tu descends de l’esclave.
En 1777, quand la France de l’Ancien Régime fait son grand sondage, qu’elle compte les Noirs pour les contrôler, elle intègre totalement les Noirs des Mascareigne, les îles périphériques des Indes, des Seychelles...
La logique est celle de la colorisation de la peau, on n’est pas dans une distinction ethno-géographique. Tu es noir, tu es donc contrôlé par la police ; tu es noir, tu as un statut spécifique, je t’interdis le mariage métis : c’est cela qui crée une histoire spécifique.
Le documentaire regroupe une myriade de populations, c’est vrai, mais quand elles arrivent en France, elles ont un point commun : elles sont perçues comme noires. Et leur deuxième point commun, c’est qu’elles vont se revendiquer comme noires.
Image extraite de « Noirs de France » (Frank Horvat)
C’est une histoire spécifique, comme l’est celle des musulmans de France. Je pense au documentaire sur le sujet diffusé en 2010.
Je me distingue beaucoup de « Musulmans de France » parce que ce film commet une erreur : quand on immigre en France dans les années 20, et qu’on est un travailleur algérien, on ne se pense pas musulman.
Le problème, c’est qu’on n’y voit très peu de Noirs musulmans, de Pakistanais, de populations du Moyen Orient – les Libanais et les Egyptiens installés en France depuis le XIXe siècle. – ou les Chinois musulmans. Et il tronque l’histoire de l’islam en France.
Vous savez où a été construite la première mosquée de France ? Sur l’île de la Réunion. C’est davantage une histoire des Maghrébins que des musulmans.
Si on revient aux Noirs de France, on peut dire que la couleur de la peau a produit dans l’histoire des comportements, a produit des regards, a produit des cadres juridiques – quand Bonaparte expulse les Noirs en 1804 ou quand Louis XVI crée une police des Noirs.
Cette couleur a même été revendiquée comme une culture, comme une pensée politique avec des Nardal, Senghor, Césaire... Elle va devenir un emblème politique, le « mouvement noir ou nègre ». Le premier journal anticolonialiste dans les années 30 s’appelle « Le cri du Nègre »...
Vous montrez combien l’histoire des Noirs en France et aux Etats-Unis est différente. Ce qui explique sans doute qu’« Intouchables » a été perçu comme un film raciste aux Etats-Unis...
Il s’agit de l’interprétation américaine dans un contexte américain. Pour un Américain, c’est « La Case de l’oncle Tom » roman paru peu avant la guerre de Sécession et qui dénonce l’esclavage, ndlr version moderne. Les Américains ont quarante ans d’avance sur nous.
Regardez « Bamboozled », un film formidable de Spike Lee – il a fait un bide en France où il est sorti sous le titre The Very Black Show, ndlr. Les dix dernières minutes forment un petit documentaire, sans aucun commentaire, sur l’image du Noir dans le cinéma américain.
Ça commence par le film « Naissance d’une nation » de D.H. Griffith, le film emblématique de l’Amérique. Le film dure six heures, et il n’y a qu’une seule scène avec un Noir : il viole une Blanche. Et vous avez compris la place du Noir en Amérique à travers le cinéma.
Les Américains ont pris de l’avance sur nous, mais la France est complexe. D’un côté, on est un pays où sévit une discrimination, où il est difficile d’avoir un député noir ou asiatique, un Président je n’en parle même pas – ce que l’Amérique est capable de faire. De l’autre, les « personnalités préférées des Français » dans les sondages sont des métis, des Kabyles, des Noirs...
Le 12e régiment de tirailleurs sénégalais, venu pour les cérémonies du 14-Juillet, photographie de Meurice, 1939. (coll. Eric Deroo)
Pendant la guerre, les Noirs américains, jugés indignes de se battre, le feront finalement sous commandement français. Mais la France utilisait ses Noirs comme de la chair à canon, ce qui n’est pas plus digne...
Il y a deux façons de dire que les Noirs de France ont été de la chair à canon, mais c’est une interprétation politique.
On peut affirmer qu’ils ont été sacrifiés, parce qu’ils n’ont rien à voir avec un conflit qui opposait des nations hégémoniques en Europe.
Mais quantitativement, les régiments sénégalais n’ont pas eu plus de morts que les régiments corses, bretons, occitans. Il n’y a pas une volonté de détruire ou de tuer davantage.
Pourtant, la mémoire collective a retenu cette, parce que dans l’histoire de France, quand vous n’avez pas de place, vous prenez la place qu’il vous reste, celle des victimes de l’histoire.
Il faut savoir qu’à cette époque, les Noirs américains viennent en France parce qu’ils sont plus libres qu’aux Etats-Unis. Ils peuvent boire une bière en terrasse avec une femme blanche, avoir une carrière d’artiste, de boxeur, d’écrivain primé (le premier Goncourt en 1921 à René Maran)... On a le droit d’être un homme ou une femme libre.
Tout ça montre que les lignes de fracture sont complexes. On ne peut pas regarder l’Histoire avec manichéisme. La France, une puissance coloniale qui aurait pu n’être qu’une force d’oppression, a créé en son sein ces années-là un espace de liberté.
Encore aujourd’hui, il y a une mythologie de la France au sein des communautés noires américaines : 85% des consommateurs de cognac aux Etats-Unis sont noirs, on le voit dans les clips de rap américains.
Ça vient du souvenir de la fin de la Seconde Guerre mondiale : la plupart de ces soldats noirs, passés par les ports de La Pallice ou de Bordeaux, ont découvert le cognac. Ce n’était pas la boisson des latinos, des white, ils l’ont donc un peu pris comme emblème et transmis à leurs enfants.
Noirs de France (Gérard Bloncourt/Rue des Archives)
On redécouvre un siècle de lutte et pourtant, il y a cette image tenace des parents et grands-parents qui « baissaient la tête ». Pourquoi ?
On a affaire à un stéréotype positif. Comme on a laissé peu d’espace dans l’histoire de France aux populations afro-antillaises, elles ont occupé l’espace de la victime. Etre une victime, ça permet de revendiquer. C’est tout à fait légitime, ça permet de faire ce travail sur la mémoire de l’esclavage et la colonisation mais ça n’a pas été que ça.
Cet espace a conduit à ne même plus voir ce côté combattant. On n’imagine pas que certains soldats de la guerre de 14-18 ont choisi d’y aller, que dans les années 60, les pères de cette génération n’ont pas accepté la situation dans les foyers et les usines, ils se sont battus pour leurs droits.
Quand on interroge les militants de Mai 68 pour leur demander « où étaient les Noirs et les Arabes ? », ils sont incapables de vous répondre. Pourtant, sur les photos, on voit qu’ils sont dans les cortèges, tout à la fin. Même au sein du mouvement ouvrier, il a fallu se battre pour exister.
Cette histoire de lutte ne s’est pas écrite, ni dans les mémoires collectives ni dans celles des héritiers de cette histoire, parce que d’une certaine manière, ceux qui ont porté la mémoire de ces gens-là ont assimilé leur place de victime de l’Histoire.
Mais est-ce que cette histoire-là n’a pas été oubliée précisément parce que si, sur le papier, on est tous égaux, les Noirs sont cependant toujours victimes de discrimination ?
Une petite parabole pour vous répondre. J’ai emmené mon petit garçon à la Cité de l’immigration, ce prétendu musée qui nous raconte une jolie histoire qui n’a jamais existé.
Si vous voulez raconter l’histoire de France à un enfant, il faut l’emmener un peu à côté, Porte Dorée, devant un immense mur qui doit faire à peu près 40 mètres de long sur 15 mètres de haut et sur lequel sont peintes des fresques. Il y a les noms de tous ceux qui ont colonisé pour la France. Vous savez qui est le premier ? C’est Godefroy de Bouillon, roi de Jérusalem, en l’an 1000...
Cette histoire, vous voyez, est un peu ancienne, et notre génération commence à peine à l’écrire. Elle mérite d’être écrite, mais bien écrite. Il faut forcer les gens à regarder notre histoire commune autrement. L’histoire fabrique une identité nationale.
Je suis un républicain, je pense que l’histoire nous a produit, que c’est la Révolution française qui fait mes idées. Si l’histoire m’a produit à travers cela, la manière dont on raconte l’histoire, notamment l’histoire coloniale, doit faire partie de mon histoire commune aujourd’hui.
Dans votre film, Joey Starr dit : « Il aurait fallu que j’arrête de manger du piment, il fallait qu’on se francise. » Il est complètement français pourtant. Comment on en sort ?
Je pense que malheureusement, ou pas, on n’en sort pas complètement. Ce que dit Joey Starr, c’est qu’en abandonnant des spécificités culturelles, c’est un peu comme si tu te blanchissais la peau.
L’identité, c’est quelque chose qui s’accroche à vous. Ce n’est pas grave de vous demander d’où vous venez quand ce n’est pas stigmatisant. Le problème c’est quand on te pose la question quarante fois par jour, et qu’elle ne signifie pas « d’où tu viens » mais « de quelle brousse, de quel bled ».
Dans le sens inverse, la société s’est pimentée ; on mange de la banane et du riz en France, ce n’était pas le cas dans les années 30. Le métissage culturel est lent, mais il se poursuit.
C’est un des grands traits de notre société actuelle : allez vous promener dans un beau quartier à Bordeaux, Marseille ou Paris. A partir de 15h30, dans les squares, vous avez une société très nouvelle qui est en train de se créer : ce sont des femmes d’origine maghrébines, noires ou asiatiques qui gardent les enfants et les vieux. C’est pareil dans les hôpitaux. L’impact sociologique sera majeur dans cinquante ans. Extrait de « Noirs de France »
J’ai l’impression que dire « se franciser », c’est dire « s’embourgeoiser ».
Non, ce que Joey Starr veut dire, c’est qu’en permanence, on lui demande de faire disparaître ses codes, de disparaître. C’est ça la République française. C’est tout ce paradoxe, l’intégration est quasiment impossible !
Même avec des gens de gauche, il y a du boulot parce qu’ils ont une vision ethniciste de la nation. Le mot « diversité » n’est pas encore inscrit sur les frontispices de la République. Ça devrait pourtant être le quatrième mot de la République.
« Noirs de France » sort en DVD le 20 février
Les hommes politiques, de droite comme de gauche, vous disent : « C’est très difficile de faire émerger la diversité dans les partis. »
C’est leur phrase-clé pour expliquer pourquoi leur formation est composée d’hommes blancs.
Je leur demande pourquoi ils ne sont pas capables de faire ce que les politiques ont fait il y a un siècle : élire un vice-président de l’Assemblée nationale noir (Gerville Réache). Ils me répondent : « Vous êtes sûr ? »
Ils parlent de laïcité, mais le premier homme musulman élu au sein de la République est entré en djellaba au sein de l’Assemblée nationale française et à l’époque, ça n’a choqué personne. Est-ce que vous voyez combien nous avons régressé !
Il faut du temps pour faire avancer l’opinion ? Mais ce sont les politiques qui ont fait régresser l’opinion, parce qu’ils n’ont pas le courage de leurs aînés.
Difficile de faire élire des élus de la diversité ? Mais Monnerville ancien président du Sénat, ndlr s’est fait élire dans le Lot ! Il faut en permanence se battre contre nos propres élites.
Pascal Blanchard : « Les Noirs de France ne sont pas des victimes »
Zineb Dryef | Journaliste Rue89
Une série documentaire diffusée sur France 5 retrace l’histoire peu racontée des communautés noires en France, brisant au passage pas mal d’idées reçues. La bande-annonce de « Noirs de France »
C’est une histoire passionnante que « Noirs de France » nous invite à découvrir à partir de ce dimanche sur France 5. En trois épisodes, l’historien Pascal Blanchard et le réalisateur Juan Gélas nous racontent un siècle de présence noire en France.
Les images d’archives, saisissantes, et les témoignages de la nouvelle génération retracent les combats oubliés et rappellent le paradoxe d’une France à la fois terre de liberté et d’oppression. Pascal Blanchard, co-auteur du documentaire (qui a aussi signé le livre « La France noire », paru il y a peu), insiste sur la nécessité d’écrire cette histoire. Entretien.
De nombreuses personnalités interviennent dans ce documentaire. Avez-vous eu des refus ?
Un seul, Rama Yade. A l’époque, elle était au gouvernement. Elle m’avait dit qu’elle n’était pas noire, qu’elle ne voulait pas être perçue simplement comme noire. Il aurait justement été intéressant d’entendre cela.
Noirs de France (Archives du Sénat)
Pourquoi une histoire spécifique des Noirs de France ? Leur histoire n’est-elle pas celle de tous les immigrés ?
Non ! L’histoire d’un Chinois en France n’est pas celle d’un Japonais. Pourquoi à Paris, en 1932, y a-t-il 1400 Japonais SDF ? La réponse n’est pas à trouver dans l’histoire de l’immigration maghrébine.
Il n’y a aucun rapport entre ces immigrés, si ce n’est qu’ils viennent d’un autre pays pour s’installer en France.
Dans l’histoire de l’immigration, il y a toujours le contexte du départ, qui peut être motivé par des raisons économiques ou politiques. La perception dans la société d’accueil n’est pas la même pour un Sikh qui va en France ou en Angleterre.
On peut toujours raconter le grand mirage de l’histoire de l’immigration française, c’est très pertinent mais ça a déjà été fait et très bien fait – même si le plus souvent, l’histoire a été racontée à travers le prisme du travail ; on a oublié les combattants, les réfugiés, les enfants, ceux qui sont partis, qui n’ont pas fait souche. La France Noire Un premier livre volumineux, écrit par Pascal Blanchard et publié aux Editions de la Découverte, raconte trois siècle d’histoire noire en France. Richement illustré, il est indispensable pour comprendre notre histoire commune.
Vous racontez l’histoire des Africains, mais aussi celle des Antillais...
L’histoire coloniale induit une fracture au cœur de l’immigration. Le documentaire débute en 1889, avec les lois sur la nationalité, qui sépare :
les citoyens, ce qui inclut les hommes, les femmes, ceux qui ont eu la citoyenneté du bout des doigts, les Juifs, les Sénégalais, les Indiens ou les Antillais (mais ils n’ont pas le droit d’être mobilisés sous le drapeau) ;
les immigrés.
La France a besoin de bras, à l’inverse d’aujourd’hui, il y a un phénomène d’accélération de la naturalisation. On a besoin de construire, le pays est en mouvement. Entre 1914 et 1918, on compte près d’un million de naturalisations.
La loi de 1889 facilite l’octroi de la citoyenneté française, elle aurait pu s’appliquer aux indigènes, qui sont alors majoritaires (il y a plus de sujets de l’Empire français que de citoyens en France).
Mais non, ce ne sont pas des futurs citoyens, ce ne sont même pas des étrangers ! S’ils étaient des étrangers, ils pourraient être naturalisés mais non, ils vont être exclus du principe de la citoyenneté. Ces gens-là auront un autre statut. Ils sont indigènes. Ils ont tous les devoirs mais aucun droit.
A cela se superpose une vieille et longue histoire française qui s’appelle l’esclavage et qui ne concerne qu’un type de population : tu es noir, tu descends de l’esclave.
En 1777, quand la France de l’Ancien Régime fait son grand sondage, qu’elle compte les Noirs pour les contrôler, elle intègre totalement les Noirs des Mascareigne, les îles périphériques des Indes, des Seychelles...
La logique est celle de la colorisation de la peau, on n’est pas dans une distinction ethno-géographique. Tu es noir, tu es donc contrôlé par la police ; tu es noir, tu as un statut spécifique, je t’interdis le mariage métis : c’est cela qui crée une histoire spécifique.
Le documentaire regroupe une myriade de populations, c’est vrai, mais quand elles arrivent en France, elles ont un point commun : elles sont perçues comme noires. Et leur deuxième point commun, c’est qu’elles vont se revendiquer comme noires.
Image extraite de « Noirs de France » (Frank Horvat)
C’est une histoire spécifique, comme l’est celle des musulmans de France. Je pense au documentaire sur le sujet diffusé en 2010.
Je me distingue beaucoup de « Musulmans de France » parce que ce film commet une erreur : quand on immigre en France dans les années 20, et qu’on est un travailleur algérien, on ne se pense pas musulman.
Le problème, c’est qu’on n’y voit très peu de Noirs musulmans, de Pakistanais, de populations du Moyen Orient – les Libanais et les Egyptiens installés en France depuis le XIXe siècle. – ou les Chinois musulmans. Et il tronque l’histoire de l’islam en France.
Vous savez où a été construite la première mosquée de France ? Sur l’île de la Réunion. C’est davantage une histoire des Maghrébins que des musulmans.
Si on revient aux Noirs de France, on peut dire que la couleur de la peau a produit dans l’histoire des comportements, a produit des regards, a produit des cadres juridiques – quand Bonaparte expulse les Noirs en 1804 ou quand Louis XVI crée une police des Noirs.
Cette couleur a même été revendiquée comme une culture, comme une pensée politique avec des Nardal, Senghor, Césaire... Elle va devenir un emblème politique, le « mouvement noir ou nègre ». Le premier journal anticolonialiste dans les années 30 s’appelle « Le cri du Nègre »...
Vous montrez combien l’histoire des Noirs en France et aux Etats-Unis est différente. Ce qui explique sans doute qu’« Intouchables » a été perçu comme un film raciste aux Etats-Unis...
Il s’agit de l’interprétation américaine dans un contexte américain. Pour un Américain, c’est « La Case de l’oncle Tom » roman paru peu avant la guerre de Sécession et qui dénonce l’esclavage, ndlr version moderne. Les Américains ont quarante ans d’avance sur nous.
Regardez « Bamboozled », un film formidable de Spike Lee – il a fait un bide en France où il est sorti sous le titre The Very Black Show, ndlr. Les dix dernières minutes forment un petit documentaire, sans aucun commentaire, sur l’image du Noir dans le cinéma américain.
Ça commence par le film « Naissance d’une nation » de D.H. Griffith, le film emblématique de l’Amérique. Le film dure six heures, et il n’y a qu’une seule scène avec un Noir : il viole une Blanche. Et vous avez compris la place du Noir en Amérique à travers le cinéma.
Les Américains ont pris de l’avance sur nous, mais la France est complexe. D’un côté, on est un pays où sévit une discrimination, où il est difficile d’avoir un député noir ou asiatique, un Président je n’en parle même pas – ce que l’Amérique est capable de faire. De l’autre, les « personnalités préférées des Français » dans les sondages sont des métis, des Kabyles, des Noirs...
Le 12e régiment de tirailleurs sénégalais, venu pour les cérémonies du 14-Juillet, photographie de Meurice, 1939. (coll. Eric Deroo)
Pendant la guerre, les Noirs américains, jugés indignes de se battre, le feront finalement sous commandement français. Mais la France utilisait ses Noirs comme de la chair à canon, ce qui n’est pas plus digne...
Il y a deux façons de dire que les Noirs de France ont été de la chair à canon, mais c’est une interprétation politique.
On peut affirmer qu’ils ont été sacrifiés, parce qu’ils n’ont rien à voir avec un conflit qui opposait des nations hégémoniques en Europe.
Mais quantitativement, les régiments sénégalais n’ont pas eu plus de morts que les régiments corses, bretons, occitans. Il n’y a pas une volonté de détruire ou de tuer davantage.
Pourtant, la mémoire collective a retenu cette, parce que dans l’histoire de France, quand vous n’avez pas de place, vous prenez la place qu’il vous reste, celle des victimes de l’histoire.
Il faut savoir qu’à cette époque, les Noirs américains viennent en France parce qu’ils sont plus libres qu’aux Etats-Unis. Ils peuvent boire une bière en terrasse avec une femme blanche, avoir une carrière d’artiste, de boxeur, d’écrivain primé (le premier Goncourt en 1921 à René Maran)... On a le droit d’être un homme ou une femme libre.
Tout ça montre que les lignes de fracture sont complexes. On ne peut pas regarder l’Histoire avec manichéisme. La France, une puissance coloniale qui aurait pu n’être qu’une force d’oppression, a créé en son sein ces années-là un espace de liberté.
Encore aujourd’hui, il y a une mythologie de la France au sein des communautés noires américaines : 85% des consommateurs de cognac aux Etats-Unis sont noirs, on le voit dans les clips de rap américains.
Ça vient du souvenir de la fin de la Seconde Guerre mondiale : la plupart de ces soldats noirs, passés par les ports de La Pallice ou de Bordeaux, ont découvert le cognac. Ce n’était pas la boisson des latinos, des white, ils l’ont donc un peu pris comme emblème et transmis à leurs enfants.
Noirs de France (Gérard Bloncourt/Rue des Archives)
On redécouvre un siècle de lutte et pourtant, il y a cette image tenace des parents et grands-parents qui « baissaient la tête ». Pourquoi ?
On a affaire à un stéréotype positif. Comme on a laissé peu d’espace dans l’histoire de France aux populations afro-antillaises, elles ont occupé l’espace de la victime. Etre une victime, ça permet de revendiquer. C’est tout à fait légitime, ça permet de faire ce travail sur la mémoire de l’esclavage et la colonisation mais ça n’a pas été que ça.
Cet espace a conduit à ne même plus voir ce côté combattant. On n’imagine pas que certains soldats de la guerre de 14-18 ont choisi d’y aller, que dans les années 60, les pères de cette génération n’ont pas accepté la situation dans les foyers et les usines, ils se sont battus pour leurs droits.
Quand on interroge les militants de Mai 68 pour leur demander « où étaient les Noirs et les Arabes ? », ils sont incapables de vous répondre. Pourtant, sur les photos, on voit qu’ils sont dans les cortèges, tout à la fin. Même au sein du mouvement ouvrier, il a fallu se battre pour exister.
Cette histoire de lutte ne s’est pas écrite, ni dans les mémoires collectives ni dans celles des héritiers de cette histoire, parce que d’une certaine manière, ceux qui ont porté la mémoire de ces gens-là ont assimilé leur place de victime de l’Histoire.
Mais est-ce que cette histoire-là n’a pas été oubliée précisément parce que si, sur le papier, on est tous égaux, les Noirs sont cependant toujours victimes de discrimination ?
Une petite parabole pour vous répondre. J’ai emmené mon petit garçon à la Cité de l’immigration, ce prétendu musée qui nous raconte une jolie histoire qui n’a jamais existé.
Si vous voulez raconter l’histoire de France à un enfant, il faut l’emmener un peu à côté, Porte Dorée, devant un immense mur qui doit faire à peu près 40 mètres de long sur 15 mètres de haut et sur lequel sont peintes des fresques. Il y a les noms de tous ceux qui ont colonisé pour la France. Vous savez qui est le premier ? C’est Godefroy de Bouillon, roi de Jérusalem, en l’an 1000...
Cette histoire, vous voyez, est un peu ancienne, et notre génération commence à peine à l’écrire. Elle mérite d’être écrite, mais bien écrite. Il faut forcer les gens à regarder notre histoire commune autrement. L’histoire fabrique une identité nationale.
Je suis un républicain, je pense que l’histoire nous a produit, que c’est la Révolution française qui fait mes idées. Si l’histoire m’a produit à travers cela, la manière dont on raconte l’histoire, notamment l’histoire coloniale, doit faire partie de mon histoire commune aujourd’hui.
Dans votre film, Joey Starr dit : « Il aurait fallu que j’arrête de manger du piment, il fallait qu’on se francise. » Il est complètement français pourtant. Comment on en sort ?
Je pense que malheureusement, ou pas, on n’en sort pas complètement. Ce que dit Joey Starr, c’est qu’en abandonnant des spécificités culturelles, c’est un peu comme si tu te blanchissais la peau.
L’identité, c’est quelque chose qui s’accroche à vous. Ce n’est pas grave de vous demander d’où vous venez quand ce n’est pas stigmatisant. Le problème c’est quand on te pose la question quarante fois par jour, et qu’elle ne signifie pas « d’où tu viens » mais « de quelle brousse, de quel bled ».
Dans le sens inverse, la société s’est pimentée ; on mange de la banane et du riz en France, ce n’était pas le cas dans les années 30. Le métissage culturel est lent, mais il se poursuit.
C’est un des grands traits de notre société actuelle : allez vous promener dans un beau quartier à Bordeaux, Marseille ou Paris. A partir de 15h30, dans les squares, vous avez une société très nouvelle qui est en train de se créer : ce sont des femmes d’origine maghrébines, noires ou asiatiques qui gardent les enfants et les vieux. C’est pareil dans les hôpitaux. L’impact sociologique sera majeur dans cinquante ans. Extrait de « Noirs de France »
J’ai l’impression que dire « se franciser », c’est dire « s’embourgeoiser ».
Non, ce que Joey Starr veut dire, c’est qu’en permanence, on lui demande de faire disparaître ses codes, de disparaître. C’est ça la République française. C’est tout ce paradoxe, l’intégration est quasiment impossible !
Même avec des gens de gauche, il y a du boulot parce qu’ils ont une vision ethniciste de la nation. Le mot « diversité » n’est pas encore inscrit sur les frontispices de la République. Ça devrait pourtant être le quatrième mot de la République.
« Noirs de France » sort en DVD le 20 février
Les hommes politiques, de droite comme de gauche, vous disent : « C’est très difficile de faire émerger la diversité dans les partis. »
C’est leur phrase-clé pour expliquer pourquoi leur formation est composée d’hommes blancs.
Je leur demande pourquoi ils ne sont pas capables de faire ce que les politiques ont fait il y a un siècle : élire un vice-président de l’Assemblée nationale noir (Gerville Réache). Ils me répondent : « Vous êtes sûr ? »
Ils parlent de laïcité, mais le premier homme musulman élu au sein de la République est entré en djellaba au sein de l’Assemblée nationale française et à l’époque, ça n’a choqué personne. Est-ce que vous voyez combien nous avons régressé !
Il faut du temps pour faire avancer l’opinion ? Mais ce sont les politiques qui ont fait régresser l’opinion, parce qu’ils n’ont pas le courage de leurs aînés.
Difficile de faire élire des élus de la diversité ? Mais Monnerville ancien président du Sénat, ndlr s’est fait élire dans le Lot ! Il faut en permanence se battre contre nos propres élites. Infos pratiques Noirs de France Documentaire de Pascal Blanchard et Juan Gélas
Diffusé sur France 5, à partir du dimanche 5 février, à 22h05. Le DVD sort le 20 février. Sur le même sujet : exposition « Exhibitions, l'invention du sauvage », musée du Quai-Branly, jusqu'au au 3 juin ; « La France noire, Trois siècles de présences », de Pascal Blanchard. Acheter sur Fnac.com Aller plus loin
Fantomax
Fantomax répond à Fantomax génie du mal
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/02/04/pascal-blanchard-les-noirs-de-france-ne-sont-pas-des-victimes-228978
« Les Noirs de France ne sont pas des victimes ...
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