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vendredi 9 novembre 2012

___Quels enfants allons-nous laisser au monde ? ou Quel monde allons nous laisser a nos enfants? Les enjeux du développement durable. (Pollution de l’air et de l’eau, disparition de nombreuses espèces animales et végétales, désertification, C-ozone…).

What kind of world do we want to leave to our children and grandchildren?

De même qu’on évoque trop souvent la question de savoir comment nous allons sauver la planète, alors qu’en définitive la planète s’en sortira fort bien sans nous (voire mieux au regard du risque d’explosions nucléaires multiples), de même il me paraît très vain de se demander quel monde nous allons laisser à nos enfants.

Je profite de cette vidéo de Bridget Kyoto pour nous interroger non pas sur quel monde nous allons laisser à nos enfants, mais bien de nous demander quels enfants nous allons laisser au monde :

Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?

On sait que le pétrole déclinera peu après 2015 (selon l’avis même d’un ancien expert de l’Agence internationale à l’énergie) et que depuis le rapport du club de Rome il y a 40 ans la croissance est un leurre. Pourtant, on ne nous propose comme solution que les mêmes recettes qui nous ont amené à cette situation. Einstein nous l’a pourtant dit :

On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré.

Puisque répéter les mêmes actions en espérant un résultat différent est l’apanage des fous ou des idiots, il faut bien admettre une bonne fois pour toute que les fous et les idiots que nous sommes, confortablement installés dans le déni pour ne pas céder à la panique, ne vont rien faire (ou arrêter de faire) pour éviter l’inévitable.

On peut donc craindre que le monde que nous allons laisser à nos enfants ne soit pas super agréable à vivre, et on va tout juste espérer qu’ils puissent au minimum bénéficier de la même chance que nous avons eu de ne pas connaître (de ce côté-ci de la planète en tout cas) des situations de guerres ou de famines. C’est pas gagné.

Bref, il ne faut donc pas compter sur notre génération ou celle de nos parents qui se sont gavées grave à crédit sur le futur. C’est la nouvelle génération qui va morfler !

Quels enfants allons-nous laisser au monde ?

Non content d’hypothéquer l’avenir de nos enfants, on se paie de surcroît le luxe de critiquer leur génération en la qualifiant de confort. Une manière détournée de ne pas évoquer nos responsabilités ? En tout cas, il est totalement affligeant d’oser regretter que les générations à venir se sauront pas s’adapter au moule défectueux qu’on leur lègue. J’ai envie de dire : bien joué les jeunes !

Franchement, qu’espérons-nous ? Notre système éducatif est à la ramasse, la plupart des enseignants désespèrent de leur métier et les autres des élèves. On semble ne vouloir assigner à l’éducation que la seule mission de préparer au monde du travail ! On se trompe lourdement. Chaque fois que j’entends certains vouloir rapprocher le monde de l’école et celui de l’entreprise, mon sang se glace : ne serions-nous que de la chair à entreprise ?

Le monde dans lequel nous vivons est complexe. Nous pouvons disposer d’informations sur tous les sujets que nous voulons, mais notre difficulté est de trier, de filtrer, et finalement de se faire sa propre opinion. Pourtant, on cherche à nous formater, à nous faire « rentrer dans le moule ». Or, ce n’est plus tant la transmission du savoir qui est primordiale, car le savoir est disponible plus que nécessaire. Ce qu’il nous faut, c’est développer notre esprit-critique, et exercer notre libre-arbitre.

C’est là que nos efforts doivent porter, car nous, notre génération et celle qui nous a précédée, nous ne sauverons pas le monde. L’avenir appartient aux générations à venir. Elle devront avoir confiance en elles. La seule façon de les aider à avoir un avenir, ce n’est pas de leur trouver du boulot, mais de les former du mieux que nous pourrons.

La seule question qui vaille est : quels enfants laisserons-nous au monde ?

http://jeffrenault.wordpress.com/2012/05/30/quels-enfants-allons-nous-laisser-au-monde/

II. Les enjeux du développement durable

Depuis la parution en 1987 du Rapport Brundtland (cf. annexe), l’expression « développement durable » s’est imposée et popularisée, au point de la retrouver aujourd’hui dans toutes les bouches. Cependant, cette utilisation parfois excessive du terme par les médias, les hommes politiques, ou encore les associations, a tendance à le banaliser et à en faire oublier les enjeux premiers. Il ne faut pas oublier que le concept de développement durable est né d’un constat démographique simple mais inquiétant : la population terrestre a connu une croissance exponentielle dans la deuxième moitié du XXème siècle. En effet, en 1965, 3,34 milliards d’humains vivent sur la Terre 9. Nous sommes aujourd’hui plus de 6,6 milliards 10, soit une augmentation d’environ 100% en 40 ans. Les prospectives démographiques considèrent par ailleurs comme très probable que nous soyons plus de 10 milliards avant le milieu du siècle. Quatre milliards d’humains supplémentaires, à nourrir, à chauffer, à loger … alors même que nos ressources naturelles s’appauvrissent de jour en jour.

Par ailleurs, si le niveau de vie d’une partie de l’humanité a certes évolué très rapidement lors des cinquante dernières années, la fracture Nord/Sud ne cesse de se creuser, condamnant jusqu’à présent une partie de la population terrestre à des conditions de vie extrêmes. D’autre part, en contrepartie de cette évolution trop rapide, les catastrophes naturelles ne cessent de se multiplier (cyclones, ouragans, tsunamis) tout comme les dégâts écologiques de plus en plus alarmants (pollution de l’air et de l’eau, disparition de nombreuses espèces animales et végétales, désertification, …).

A partir de ce constat global découlent de nombreuses questions, dont la première d’entre elles : quel monde allons-nous léguer à nos enfants ? A plus court terme, comment œuvrer pour un progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la planète ? Comment réduire la fracture Nord/Sud ? Comment favoriser le développement des pays moins développés alors que la planète pâtit du prélèvement effréné de ses ressources naturelles ?

C’est à ces questions qu’est censé répondre le développement durable. Mais comment ? En effet, l’ampleur de la tâche semble considérable, infinie. Le développement durable insiste alors sur la nécessité de concilier trois thèmes qui se sont trop longtemps ignorés : l’efficacité économique, l’équité sociale, et l’écologie. C’est ce triptyque qui fait tout à la fois l’originalité, le potentiel, et la difficulté du développement durable. En effet, il serait aisé de ne considérer que deux des trois aspects du développement durable. Cela est d’ailleurs souvent le cas : les pouvoirs publics et les médias, notamment, privilégient souvent les facettes économique et environnementale du concept, en laissant de côté son aspect social. Il s’agit au contraire d’équilibrer ce qu’on appelle les trois piliers du développement durable – en anglais les trois P (profit, people, planet) :

le progrès économique : objectif de croissance et d’efficacité économique la justice sociale : objectif d’équité sociale la préservation de l’environnement.

La mise en œuvre de politiques de développement durable est donc extrêmement complexe. Comme on l’a déjà dit, la dimension sociale a tendance à être écartée pour se concentrer exclusivement sur le problème – déjà épineux – de la confrontation entre économie et écologie. Pourtant, la dimension sociale du développement durable n’est en aucun cas un simple « supplément d’âme » du concept. Elle lui est au contraire essentielle : en effet, inégalités sociales et problèmes écologiques sont souvent liés. D’une part, certaines inégalités écologiques sont le reflet d’inégalités sociales : c’est le cas par exemple des problèmes d’accès à la nature, ou des différences d’exposition des populations à la pollution. D’autre part, les inégalités sociales ont également une composante écologique, la plupart du temps aggravante. Le cercle vicieux pauvreté/environnement dégradé est ainsi de plus en plus visible, notamment dans les grandes métropoles des pays en voie de développement. Ainsi, si la plupart des Etats se sont engagés à élaborer une stratégie nationale de développement durable après la Conférence de Rio, on peut aujourd’hui douter de l’efficacité de tels plans. En effet, le développement durable impose des changements structurels en profondeur que les Etats – au premier rang desquels les pays développés – ne semblent pas prêts à mettre en place.

Les Etats ne sont toutefois pas les seuls acteurs responsables. Le développement durable vise à inclure l’ensemble de la société, en se fondant sur un objectif d’intégration et de mise en cohérence des politiques sectorielles. Le développement durable implique en fait un traitement conjoint des effets économiques, sociaux et environnementaux de toute action humaine. Dans cette optique, il est indispensable de mettre en place des démarches à la fois multi-partenariales et interdisciplinaires, impliquant la coopération d’acteurs de disciplines différentes (économie, sociologie, écologie, …), de secteurs différents (transports, eau, déchets, milieux naturels, développement social, …), de milieux différents (entreprises, associations, administrations, syndicats, …) et agissant à des échelons territoriaux différents (international, national, régional, et local). Le développement durable repose donc sur une nouvelle forme de gouvernance, où tous les acteurs doivent se mobiliser.

Le chantier du développement durable est donc énorme 11. Il s’agit de traiter le même problème à tous les niveaux, dans tous les secteurs, et par tous les acteurs. Dans cette perspective, on peut comprendre que les militants du développement durable soient parfois traités d’utopistes ou de doux rêveurs. En effet, malgré l’apparent engouement autour du concept, il serait naïf de penser que l’apparition de la doctrine développement durable a résolu tous les problèmes. Le développement durable se heurte aujourd’hui à de nombreuses difficultés, notamment au niveau de sa mise en place. Rio a montré au monde des Etats enthousiastes, signataires dans leur grande majorité d’une Déclaration révolutionnaire ; mais qu’en est-il aujourd’hui ? Les principes sont certes mis en avant comme preuve de bonne volonté, mais les politiques publiques et les financements nécessaires ne suivent que peu voire pas du tout. Au niveau des entreprises, même constatation. Sur la scène internationale, alors que l’un des objectifs principaux, à la fois l’un des plus ambitieux et l’un des plus urgents, consistait à réduire la fracture Nord/Sud, cette dernière augmente au contraire constamment 12. Il semble que les décideurs actuels ne puissent penser à long terme. C’est probablement l’écueil le plus important du développement durable, qui est soumis, par son insertion dans des politiques publiques, à un rythme électoral rapide et à des exigences de court terme qui ne lui conviennent pas. La nécessité de donner rapidement satisfaction à l’opinion publique entrave aujourd’hui la progression du développement durable, considérablement éclipsé par des considérations environnementales, sociales, et surtout économiques, mais envisagées séparément.

Quel avenir a donc aujourd’hui le développement durable ? Il semblerait qu’il faille chercher du côté d’acteurs moins institutionnels ou moins habituels. La société civile semble tout particulièrement mobilisée dans ce domaine, par le biais de nombreuses associations et ONG. D’autre part, lorsque l’on se tourne vers des acteurs plus classiques en termes décisionnels, à savoir les pouvoirs publics, des institutions en quête de davantage de pouvoirs se sont récemment saisies du problème : les collectivités locales notamment, qui mettent progressivement en œuvre des Agenda 21 locaux ; mais aussi l’Union européenne, qui semble s’attacher de plus en plus nettement au développement durable depuis la fin des années 1990. Le projet Fondation de France s’attachant à mettre en relation les acteurs du développement durable des territoires ruraux européens, il nous paraît intéressant de présenter rapidement maintenant la prise en compte du développement durable au niveau communautaire.

9 Données provenant du site de l’ONU http://esa.un.org/unpp/p2k0data.asp 10 Pour suivre en direct l’évolution de la population mondiale, http://www.populationmondiale.com/ 11 Il suffit pour s’en rendre compte de lire la Table des Matières de l’Agenda 21. On peut par exemple la consulter sur la page Internet des Nations Unies consacrée à l’Agenda 21 http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action0.htm 12 Et ce malgré l’émergence de nouveaux pays industrialisés, notamment la Chine, qui ont connu un développement éclair – mais à quel prix environnemental et social. Les préceptes du développement durable paraissent ici bien éloignés des réalités actuelles.

http://europe-sustainable-development-actors-database.net/les-enjeux-du-developpement-durable

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___Que cherchons-nous ? l’homme est un composé d’esprit et de matière.. Quelle est la nature du réel ? de quoi la réalité est-elle faite, au-delà des apparences sensibles ? Le mystère de l’union esprit et matière! intelligence artificielle

Le cerveau, objet technologique (2/8) : Le plus complexe non-ordinateur du monde



Comprendre le fonctionnement du cerveau est l'un des enjeux de la convergence des technologies à la fois parce qu'il est devenu un objet de technologie, mais également parce l'étude de son fonctionnement permet d'envisager des technologies pour dépasser ses limites. C'est ce que va essayer de nous faire comprendre Rémi Sussan dans ce dossier d'InternetActu.

On imagine trop souvent le cerveau comme l'organe central supervisant le corps entier. Un organe enfermé dans une boite (crânienne), recevant des nouvelles du monde via les sens et communiquant ses dictats au corps (qui n'est pour lui qu'un appendice secondaire, mais bien utile) pour effectuer des actions. Dans une perspective informatique, le cerveau serait le processeur qui est capable à tout moment de consulter sa mémoire, tandis que les organes sensoriels sont les périphériques d'entrée et le corps dans son ensemble le périphérique de sortie.

Qu'est-ce qui, dans cette description, correspond à la réalité biologique ? En gros, rien.

Le mystère de l'incarnation

D'abord, finissons-en avec la machine à penser enfermée dans une boite. Notre esprit est incarné. Nous pensons avec notre corps. Nous percevons en agissant. L'expérience des chatons de Held et Hein, qui date de 1958, en reste un exemple frappant, malgré son ancienneté. Les chercheurs ont pris un groupe de chatons peu après la naissance et les ont enfermés dans le noir. Une heure par jour, ils les sortaient à la lumière, mais le groupe était divisé. Une première équipe devait se déplacer dans la pièce en tirant une carriole miniature. Les autres chatons se tenaient dans la carriole, immobiles. Au bout de quelques jours, les animaux furent libérés. Le premier groupe, celui des "pilotes", n'eut aucun problème à s'adapter au monde extérieur, mais les chats "passagers" restèrent comme aveugles : parce qu'ils n'avaient pas pu interagir avec le monde extérieur, ils ne pouvaient donner du sens à leurs perceptions visuelles. Comme l'explique Francisco Varela dans L'inscription corporelle de l'esprit :"voir des objets ne consiste pas à en extraire des traits visuels, mais à guider visuellement l'action dirigée vers eux."

Un autre exemple particulièrement éclairant est issu des recherches d'Umberto Castiello (.pdf), professeur de psychologie à l'université de Padoue. Celui-ci a démontré que nous avons tendance à esquisser les gestes de préhension d'un objet situé dans notre champ visuel, même si nous n'avons pas l'intention de le prendre dans nos mains. Pour cela, l'équipe de recherche a examiné la manière dont on prend une cerise sur une table, puis ensuite comment on prend une pomme. De façon évidente, l'écart entre les doigts de la main est plus large lorsqu'on saisit la pomme que la cerise ! Mais là où les choses deviennent bizarres, c'est lorsque la pomme et la cerise se trouvent toutes les deux sur une table et qu'on demande au sujet de prendre la cerise. L'écart entre ses doigts sera alors plus large que nécessaire, comme si la seule présence de la pomme obligeait les doigts à s'écarter. Comme l'explique Chris Frith dans son livre Making up the Mind: "l'action nécessaire pour saisir la cerise interfère avec mon action d'attraper la pomme."

Les exemples de ce genre sont multiples. Ils suffisent à montrer que la différence entre les "entrées" et les "sorties" est loin d'être aussi claire qu'on pourrait le penser. Dans l'expérience des chatons, la "sortie" (l'action musculaire) détermine "l'entrée" (la vision). Dans le second cas, "l'entrée" perturbe la "sortie" (le mouvement des doigts).

Ces constats ouvrent la porte à de nouvelles méthodes d'éducation. Selon le Boston Globe, Susan Goldin-Meadow, professeur de psychologie à l'université de Chicago, a découvert que les enfants ayant des problèmes mathématiques s'en tiraient mieux s'ils réfléchissaient en gesticulant. De même, un acteur se remémorera mieux le texte qu'il doit apprendre s'il le fait en bougeant. Aristote, qui enseignait la philosophie en marchant, avait-il déjà entrevu l'existence de ce rapport entre le corps et l'esprit ?

Comme Angeline Lillard, professeur de psychologie à l'université de Virginie, l'a expliqué au Boston Globe, un tel type de recherche validerait les méthodes d'une pédagogue comme Maria Montessori, où les enfants apprennent la lecture, l'écriture ou les mathématiques par la manipulation systématique d'objets : "nos cerveaux ont évolué pour nous aider à vivre dans un environnement dynamique, à y naviguer, y trouver la nourriture et échapper aux prédateurs. Il n'a pas évolué pour nous aider à écouter quelqu'un, assis sur une chaise dans une salle de classe, puis à régurgiter l'information."

On peut se demander cependant si les enfants qui ont des capacités manuelles limitées ou des problèmes visio-spatiaux, comme ceux qui ont tendance à la dyspraxie, ne se trouveraient pas, eux, handicapés par un tel type d'enseignement. Peut-être ne suffit-il pas de remplacer une méthode "universelle" par une autre ?

On aperçoit là une question qui pose le problème de la neurodiversité, une notion sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir.

La mémoire n'est pas la mémoire

Nous n'avons pas de disque dur interne. Se rappeler, c'est recréer.

Et nous ne nous souvenons pas d'un évènement, nous nous rappelons la dernière fois que nous nous en sommes souvenus, ce qui est bien différent. C'est que semble montrer la fameuse expérience "d'effacement des souvenirs" de Nader, Schafe et LeDoux. On a dressé des rats à associer deux stimuli, dans la bonne tradition pavlovienne : par exemple un bruit de cloche et une stimulation électrique. Puis on a laissé mariner les malheureuses bêtes pendant 45 jours, afin de les laisser bien intégrer cette association dans la "mémoire à long terme". Ensuite, on a réactivé le souvenir en utilisant le premier des deux stimuli. Immédiatement après, on a introduit dans le cerveau du rat un produit chimique effaçant la mémoire à court terme. Le rat était donc incapable de se souvenir de ce dernier évènement. Pourtant, après l'expérience on découvrit que les rats étaient amnésiques. Ils avaient oublié l'association entre les deux stimuli, faites 45 jours plus tôt. En supprimant leur dernier souvenir, les rongeurs avaient perdu la trace de leur souvenir plus lointain.

Pour Jonah Lehrer, journaliste à Seed Magazine et auteur du brillant Proust was a neuroscientist, ce genre d'expérience confirme l'intuition de Proust qui considérait la mémoire non comme un entrepôt d'informations statiques mais comme une constante réactivation et recréation de l'expérience. Comme il l'explique, "cela nous montre que chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, la structure neuronale de la mémoire est délicatement transformée en un processus nommé reconsolidation (Freud appelait ce processus Nachtraglichkeit ou "rétroaction"). La mémoire est altérée en l'absence du stimulus original, elle est de moins en moins concernée par ce dont vous vous souvenez et de plus en plus par vous-même".

Une telle "mémoire créative" est bien sûr aux antipodes de l'archivage d'un disque dur, ou de techniques comme le lifelogging, et donc d'une part de la question de l'identité numérique. Si la mémoire est une création constante, en quoi puis-je être considéré comme étant identique à "mes traces" ? Si mon expérience subjective diverge radicalement de l'accumulation de données concernant mon passé, le risque de ces pratiques ne serait-il pas, non de nous faire perdre la mémoire, comme le craignent certains, mais plus subtilement (et plus dangereusement) d'asservir notre psyché un modèle de la mémoire radicalement opposé à notre mode d'être et surtout non créatif, non stimulant pour le fonctionnement du cerveau ?

On a parlé de l'importance du corps dans la perception. Mais il jouerait aussi son rôle dans la mémoire. En effet une récente étude affirme que la posture corporelle peut influencer fortement le rappel de certains souvenirs. Ceux-ci parviendraient effectivement plus vite à la mémoire si la position adoptée leur correspond. Par exemple, il est plus difficile de se remémorer sa participation à un match de basket si on est assis le dos bien droit sur une chaise, les mains sur la table.

Il existe bien d'autres manières d'évoquer les différences entre le cerveau biologique et les ordinateurs. Voici une une liste qui insiste sur des points différents de ceux abordés ici.

Reste le problème du processeur, de l'unité centrale. Comment raisonnons-nous ? Comment prenons-nous des décisions ? Sur ce point encore, nous divergeons radicalement de l'ordinateur. Nous ne sommes pas des programmes informatiques La rationalité est loin d'être le facteur déterminant de nos pensées et de nos actes, ainsi que nous allons le voir dans la prochaine partie.

Rémi Sussan

PS : Bien entendu, et cet avertissement vaut pour tous les exemples donnés dans ce dossier, il est très difficile de dire que ces expériences "prouvent" quoi que ce soit. Nous ne sommes pas dans le domaine de la physique nucléaire, où les mesures sont très précises. Avec l'humain, on est beaucoup plus dans le flou : la qualité du groupe test, le type d'interprétation adoptée, les méthodes mathématiques utilisées pour les statistiques, tout cela joue fortement dans les résultats obtenus. Il faut donc prendre toutes ces recherches avec une certaine distance. Et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'IRM ne constitue en rien, du moins pour l'instant, un facteur objectif "irréfutable".

Téléchargement de l'esprit

  • intelligence artificielle

Le téléchargement de l'esprit (Mind uploading en anglais) est une technique hypothétique qui pourrait permettre de transférer un esprit d'un cerveau à un ordinateur, en l'ayant numérisé au préalable. Un ordinateur pourrait alors reconstituer l'esprit par la simulation de son fonctionnement, sans que l'on ne puisse distinguer un cerveau biologique « réel » d'un cerveau simulé1.


  • intelligence artificielle

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Fondements théoriquesLes neurosciences et le courant scientifique du béhaviorisme ou comportementalisme (qui concerne aussi bien les spécialistes du langage que les psychologues) considèrent que des fonctions importantes telles que l'apprentissage, la mémorisation, la conscience, ne sont que les manifestations des processus physiques et électrochimiques à l’œuvre dans le cerveau. À ce titre, ces fonctions sont gouvernées par les lois de la physique. Bien que ce point soit historiquement contesté par plusieurs courants philosophiques, de nombreux chercheurs tels que Ray Jackendoff pour la linguistique par exemple, considèrent que les facultés cognitives sont soumises aux lois de la physique; Christof Koch et Giulio Tononi ont publiés dans la revue IEEE Spectrum un article dans lequel ils affirment :

« la conscience est une part de la nature. Nous pensons qu'elle ne dépend que des mathématiques et de la logique, ainsi que des lois mal connues de la physique, de la chimie et de la biologie; il n'y a rien de magique ou d'un autre monde dans cela2. »

Ainsi le concept de téléchargement de l'esprit repose sur une philosophie mécaniste et sa vision matérielle de l'esprit, déniant ainsi toute considération vitaliste de la vie humaine et de la conscience.

De nombreux scientifiques des disciplines de l'informatique et des neurosciences ont prédit que les ordinateurs seraient capable de reproduire la conscience. Outre Koch et Tononi2, Douglas Hofstadter3, Jeff Hawkins3, Marvin Minsky4, Randal A. Koene5, and Rodolfo Llinas6. ont également pris position allant en ce sens. Selon eux si une machine offre une capacité de traitement suffisante, elle doit pouvoir servir de substrat pour le chargement d'une copie d'un modèle cognitif extrait depuis un cerveau.

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En intelligence artificielle

Super-Ordinateur IBM utilisé à Madrid pour le sous projet Blue Brain espagnol Cajal Blue BrainMême si le principe relève très largement de la science fiction, en théorie, le téléchargement des structures neuronales d'un individu dans un système numérique pourrait permettre de simuler le fonctionnement cognitif d'un individu. Les obstacles à franchir pour atteindre ce type de fonctionnalité sont néanmoins innombrables et très difficiles à résoudre.

Il conviendrait en effet de disposer d'un modèle computationnel cognitif fiable (c'est-à-dire un système logique susceptible de reproduire le fonctionnement d'un cerveau humain). Certaines recherches vont dans ce sens tel le projet NeuroSpin qui par imagerie cérébrale tente de comprendre certains aspects du modèle cognitif du cerveau humain. La découverte des mécanismes cérébraux ne suffit pas. Il conviendrait également de disposer d'un cerveau synthétique susceptible de recevoir le modèle cognitif. Le projet Blue Brain, littéralement « cerveau bleu », a pour objectif de créer un cerveau synthétique par processus d’ingénierie inverse. Fondé en mai 2005 à l'École Polytechnique de Lausanne en Suisse, ce projet étudie l'architecture et les principes fonctionnels du cerveau en partenariat avec IBM.

Le plus ardu des problèmes posé par une tentative de sauvegarde de l'organisation d'un cerveau humain serait celle de la récupération du modèle cérébral d'un individu. À ce jour, aucune technologie n'est en mesure de numériser la complexité du cerveau. Ce dernier contient plus de 100 milliards de cellules nerveuses appelées neurones, toutes reliées individuellement avec leurs voisines par l'intermédiaire des axones et des dendrites. Les signaux échangés entre les terminaisons de ces connexions dites synaptiques sont encore mal connus et reposent sur des échanges à la fois chimiques et électriques.

Néanmoins, plusieurs théoriciens ont présentés des modèles de cerveau artificiel qui cherchent à estimer la puissance de calcul et de stockage qui serait nécessaire pour mener à bien une simulation du cerveau complète ou partielle. Ces modèles considèrent tous qu'il faudrait des décennies avant que la technologie ne permette de tester ces modèles, en admettant par ailleurs que la Loi de Moore s'applique toujours7,

Dans la culture et la philosophieLa question de la reproduction des mécanismes du cerveau humain par une machine est un sujet étudié par les philosophes. Cette question est soulevée par la question de la dualité de l'esprit. En philosophie, le dualisme se réfère à une vision de la relation matière-esprit fondée sur l'affirmation que les phénomènes mentaux possèdent des caractéristiques qui sortent du champ de la physique8. Néanmoins, la culture et en particulier la littérature de science fiction n'ont pas hésité à explorer le concept de transfert de la personnalité d'un individu dans une machine.

LittératureLa numérisation de l'esprit humain est un des concepts clé de La Cité des permutants de Greg Egan. La technique retenue par Egan est que les fonctions physiologiques du cerveau sont tout simplement modélisées par ordinateur tout comme pourrait l'être un mécanisme de montre. Le principal problème est que la capacité de calcul est tellement énorme que ces êtres numériques vivent dans un monde 17 fois plus lent que le vrai monde. Dans ce roman, un scientifique effectue des tests pour savoir si une personne numérique perçoit le fait que le processus de simulation peut être fragmenté en plusieurs lieux, voire être exécuté à l'envers.

Dans le roman libre d'anticipation Autonomy Project de Jean-Michel Smith, une communauté de chercheurs déviants / hackers dans la lignée de la communauté des logiciels libres parvient à transférer une conscience humaine dans un dispositif technologique s'apparentant à un ordinateur. L'esprit ainsi transféré parvient à continuer de vivre sans son corps physique. Il est ainsi possible de faire des clones de ces consciences, ce qui ne va pas toujours sans poser des problèmes. Dans La Grande Rivière du ciel de Gregory Benford, les esprits des morts sont numérisés pour être utilisés comme conseillers auprès des vivants, suivant la qualité de la récupération ils peuvent s'approcher d'une personne véritable (aspect), ou n'être que des versions diminuées (visages). Dans la nouvelle Le Dernier Fantôme, cette technique, et l'immortalité qu'elle assure, condamne à la solitude perpétuelle le fantôme du dernier homme à n'en avoir pas bénéficié.

Dans le roman de science fiction La Possibilité d'une île de Michel Houellebecq, elle est mentionnée comme un composant de la technique permettant de vivre, jeune, plusieurs vies successives avec un corps et un esprit identiques.

Dans la saga de L'Aube de la nuit de Peter F. Hamilton (qui se passe au XXVIe siècle), une sous-espèce s'est formée dans le genre humain : les Edénistes. Contrairement aux Adamistes (le reste de l'humanité), ils se reproduisent avec des matrices biotechnologiques et ils ont créé des habitats biotech en orbite, dotés d'une immense strate neurale dans laquelle ils téléchargent leur mémoire après leur mort. Dans le roman de science-fiction Calculating God de Robert J. Sawyer, des civilisations extra-terrestres abandonnent complètement la vie matérielle au profit de leur numérisation.

Dans la saga de John Scalzi (Le Vieil Homme et la Guerre, Les Brigades fantômes et La Dernière Colonie), l'esprit humain est téléchargé sur des ordinateurs avant d'être retransféré vers un nouveau corps.

Dans la saga Les Cantos d'Hypérion, de Dan Simmons, un principe de voyage spatial très rapide repose entièrement sur la destruction du corps sous l'effet de l'accélération des vaisseaux et sa régénération avec téléchargement de la mémoire du voyageur.

FilmsDe nombreux films de science fiction utilisent le concept de téléchargement de l'esprit.

Ghost in the Shell utilise le concept de « Ghost » pour parler d'une personnalité numérique. Dans ce film d'animation elles sont victimes de piratage informatique de la part du « Puppet Master ».

Le concept des films Matrix et ses suites a recours en permanence à des opérations de téléchargement de l'esprit. Passé virtuel (The Thirteenth Floor) est entièrement basé sur une idée de téléchargement de l'esprit.

À la télévisionDans la série Stargate SG-1, on trouve plusieurs occurrences de téléchargements d'esprit.

L'épisode Révélations voit l'esprit de Thor, le commandant suprême de la flotte Asgard, téléchargé dans l'ordinateur du vaisseau d'Anubis.

Dans l'épisode Vaisseau fantôme (Lifeboat), les passagers d'un vaisseau sont transportés en hibernation, leur métabolisme ralenti et leur esprit « sauvegardé » dans l'ordinateur du vaisseau pour éviter que l'esprit ne souffre de l'état du corps. Mais lorsque le vaisseau se crashe, leurs esprits incapables de retrouver leur corps originel s'incarnent tous dans une même personne.

Dans l'épisode Transfert (Holiday), les personnages voient leurs esprits tranférés d'un corps à l'autre par une méthode peut-être similaire.

Dans la série télévisée BattleStar Galactica, l'esprit des Cylons est téléchargé dans un nouveau corps après leur mort, via un vaisseau de résurrection. Dans la série dérivée Caprica, on apprend que l'esprit du premier Cylon créé provient d'un humain.

Dans la série d'animation Code Lyoko, les personnages sont « virtualisés » et pénètrent dans l'ordinateur par ce procédé.

Jeu vidéoDans Deus Ex, JC Denton a la possibilité de fusionner avec l'intelligence artificielle Helios.

Dans EVE Online, un joueur qui meurt voit son esprit scanné et téléchargé dans un clone.

Dans Perfect Dark, Joanna télécharge la personnalité du Dr Carol depuis un ordinateur.

Dans Portal 2, GLaDOS est en partie basée sur Caroline, la secrétaire du directeur d'Aperture Science.

  • Computationnalisme


Le cerveau humain, simple machine à effectuer des calculs ?Le computationnalisme est une théorie fonctionnaliste en philosophie de l'esprit qui, pour des raisons méthodologiques, conçoit l'esprit comme un système de traitement de l'information et compare la pensée à un calcul (en anglais, computation1) et, plus précisément, à l'application d'un système de règles. Par computationnalisme, on entend la théorie développée en particulier par Hilary Putnam et Jerry Fodor2, et non le cognitivisme en général.

Le terme a été proposé par Hilary Putnam en 1961, et développé par Jerry Fodor dans les années 1960 et 19702. Cette approche a été popularisée dans les années 1980, en partie parce qu'elle répondait à la conception chomskyenne du langage comme application de règles, et aussi parce que ce modèle computationnaliste était présupposé, selon Fodor, par les sciences cognitives et les recherches sur l'intelligence artificielle.

En anglais, la computation se réfère à la calculabilité, c'est-à-dire au fait de passer d'une entrée à une sortie par le biais d'un algorithme déterminé. Le computationnalisme n'est pas une thèse ontologique sur la nature de l'esprit : il ne prétend pas que toute pensée se réduit à un calcul de ce style, mais qu'il est possible d'appréhender certaines fonctions de la pensée selon ce modèle, qu'elles soient conscientes ou infraconscientes (par exemple les processus de vision, selon l'approche des neurosciences computationnelles développé par David Marr au début des années 19802).

En termes de doctrine, le computationnalisme peut être caractérisé comme une synthèse entre le réalisme intentionnel et le physicalisme2. Le premier affirme l'existence et la causalité des états mentaux, et prend en compte les attitudes propositionnelles, c'est-à-dire la manière dont le sujet se comporte à l'égard d'une proposition (« je crois que x », « je pense que p », etc.). Le second affirme que toute entité existante est une entité physique. Le computationnalisme se présentait ainsi comme alternative à l'éliminativisme matérialiste, qui refusait l'existence de toute entité mentale2. Deux noyaux théoriques ont aussi été essentiels à la formation de la théorie computationnaliste : d'une part, le formalisme mathématique développé au début du XXe siècle, qui permet en gros de concevoir les mathématiques comme la manipulation de symboles à partir de règles formelles (axiomatique d'Hilbert) ; d'autre part, la calculabilité (et la machine de Turing). À l'aide de ces deux ensembles théoriques, on peut passer du noyau sémantique à la simple syntaxe mathématique, et de celle-ci à l'automatisation, sans jamais nier l'existence de la sémantique (c'est-à-dire du sens).

Le computationnalisme a été la cible de diverses critiques, en particulier de John Searle, Hubert Dreyfus, ou Roger Penrose, qui tournaient toutes autour de la réduction de la pensée et/ou de la compréhension à la simple application d'un système de règles. À la fin des années 1980, il a été concurrencé par un nouveau modèle cognitif, le connexionnisme2. Celui-ci vise à montrer qu'on peut expliquer le langage de la pensée sans faire appel à un raisonnement gouverné par un système de règles, comme le fait le computationnalisme2.



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Combiner le réalisme intentionnel avec le physicalismeOutre l'analogie de la pensée avec la ratiocination (ou calcul), le fonctionnalisme est lié à une « théorie représentative de l'esprit »2, qui stipule l'existence des attitudes propositionnelles : les croyances et les désirs sont ainsi une relation entre un sujet pensant et les représentations symboliques du contenu de ces états2. Ainsi, croire que le chat est sur le fauteuil, c'est adopter une attitude propositionnelle distincte (celle de la croyance) de l'attitude qui consiste à souhaiter que le chat soit sur le fauteuil ; dans les deux cas, la représentation symbolique mentale (« le chat sur le fauteuil ») conserve la même valeur sémantique, mais l'attitude propositionnelle (croire ou vouloir) diffère2. L'approche computationnaliste considère que les états mentaux sont des représentations, au sens où ils sont composés de représentations symboliques ayant des propriétés sémantiques et syntaxiques, à l'instar des symboles utilisés dans la calculabilité mathématique2. Il repose donc sur l'affirmation selon laquelle les attitudes propositionnelles impliquent des représentations symboliques2. En ceci, il s'oppose à l'éliminativisme matérialiste, qui dénie toute existence aux entités mentales2.

La théorie de la représentation de Jerry Fodor, formulée dans sa conception du « mentalais » ou du langage de la pensée, se distingue toutefois des théories classiques de la représentation (Hobbes, Descartes, etc.) en ce que les représentations ne sont pas assimilées à des images, mais à des symboles2,3.

Outre cette théorie représentative, le computationnalisme soutient aussi une théorie causale des états mentaux : les états mentaux sont reliés entre eux par le principe de causalité4. Au cœur de cette théorie, on trouve ainsi la possibilité de formuler, sous forme exclusivement syntaxique, au sens mathématique du terme, le contenu sémantique des états mentaux, et ensuite de lier la syntaxe au principe de causalité.

En d'autres termes, on appréhende la pensée en tant que système de règles à appliquer. Cela pose un premier problème philosophique, dans la mesure où concevoir la pensée de cette façon peut conduire à confondre une régularité empirique, qui obéit à une règle, à l'application de cette règle2. Ou encore : ce n'est pas parce qu'un comportement est régulier qu'il obéit à une norme2.

Cette théorie semble donc opérer un amalgame entre le concept de cause et celui de raison : comment penser que nos représentations mentales s'enchaînent uniquement sur un processus causal ? N'est-ce pas faire fi du caractère normatif qu'elles possèdent, et d'abord du fait que nous les évaluons en fonction d'un « standard de validité » (par exemple le critère de la vérité) 2?

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Formalisme et calculabilité :

De la sémantique au mécanismeC'est par le biais, d'une part, du formalisme mathématique, développé à la fin du XIXe siècle par Gauss, Peano, Frege et Hilbert, et d'autre part de la calculabilité, que le computationnalisme traite ce problème2. En effet, le formalisme réussit, en élaborant une axiomatique, à exclure ou à codifier les intuitions sémantiques du mathématicien (par exemple l'intuition à la source du postulat sur la parallèle d'Euclide2). Le formalisme considère ainsi, en grossissant le trait, que les mathématiques existent en dehors de toute intention et de toute pensée. Ils fonctionnent à l'aide de symboles qui demandent à être manipulés selon des règles formelles.

Le deuxième aspect mathématique décisif dans la théorie computationnaliste, c'est la définition des fonctions calculables par Alan Turing, en 1936. En élaborant le modèle abstrait de la machine de Turing, celui-ci montrait que toute opération n'impliquant que des schémas syntaxiques pouvait être dupliqué mécaniquement2. On parle aussi de la thèse de Church-Turing5.

Ainsi, la formalisation mathématique montre comment les propriétés sémantiques des symboles peuvent parfois être codés selon des règles syntaxiques, tandis que la machine de Turing montre comment la syntaxe peut être relié à un processus causal, qui permet de concevoir un mécanisme capable d'évaluer toute fonction formalisable. La formalisation relie la sémantique à la syntaxe, et la machine de Turing la syntaxe au mécanisme2.

Le computationnalisme pouvait en outre s'appuyer sur la « révolution cognitiviste » opérée en linguistique par Chomsky2.

La linguistique générative de Chomsky affirme ainsi qu'à partir d'un système de règles limité, nous pouvons comprendre une infinité d'énoncés ; ce qui implique, à son tour, que l'on peut concevoir une infinité de pensées2. Selon Jerry Fodor (1975), la compétence linguistique théorisée par Chomsky conduisait à postuler un langage de la pensée (« mentalais »)2.

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L'algorithme, transformation de l'input en outputLa théorie fonctionnaliste comporte ainsi trois types de spécifications :

les spécifications d’entrées (input), les spécifications qui stipulent le genre de choses qui causent les états mentaux chez les personnes ; les spécifications des états internes qui décrivent les interactions causales des états mentaux ; les spécifications de sorties (output) qui disent quels genres d’action ou de comportements sont causés par les états mentaux.

On passe des input aux output par le biais d'un algorithme. C'est le principe de base d'une machine de Turing ou même d'une machine à compteurs, modèle abstrait de calculabilité qui est concrétisé, par exemple, par un distributeur de cannettes : celui-ci réagit aux inputs (on lui donne 50 centimes ou 1 euro), et, en fonction de ceux-ci, délivre la cannette ou attend plus de monnaie4. La calculabilité permet ainsi d'identifier la classe des fonctions informatiques pouvant être calculées à l'aide d'un algorithme. Ces fonctions sont des ensembles d'instructions réalisant une certaine tâche : on parle aussi parfois de « routine » (rote procedure).

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Fonctionnalisme, matérialisme, physicalisme et le problème des qualiaDans cette mesure, le fonctionnalisme, selon Hilary Putnam (1992), n'est pas nécessairement un matérialisme : les états mentaux peuvent être accrochés à différents supports, que ce soit le cerveau ou le hardware et le software d'un ordinateur, ou tout autre support4. Sur la différence entre fonctionnalisme et matérialisme, et la possibilité d'adopter une théorie dualiste tout en maintenant le fonctionnalisme, Laberge (ibid.) cite Hilary Putnam, « La nature des états mentaux », in Les Études philosophiques, juillet/septembre 1992, p.323-335.</ref>.

Ainsi, même si la pensée s'appuie sur un support matériel (le cerveau), on peut alors l'étudier sans se soucier de ce support (contrairement à une certaine approche matérialiste voire réductionniste courante dans les neurosciences) : une même idée peut en effet être exprimée sur des supports physiques très différents (par la voix, sur papier, sur un mur, sur un ordinateur, etc.) Toutefois, dans la mesure où le principe de causalité est le plus souvent associé à la matière, la plupart des fonctionnalistes sont aussi matérialistes4.

Dans cette mesure, le fonctionnalisme s'apparente à un behaviorisme méthodologique : contrairement au behaviorisme ontologique, il n'affirme pas qu'il n'y a pas d'états mentaux. Mais, de même que le behaviorisme méthodologique, il laisse de côté les aspects subjectifs, qualitatifs, des états mentaux (ou qualia), c'est-à-dire l'ensemble des expériences subjectives qui peut faire l'objet, par exemple, d'un poème ou d'une déclaration amoureuse, ou du simple fait d'aimer telle couleur. On parle ainsi de « fonctionnalisme de la boîte noire »4.

Toutefois, la thèse de Putnam a été attaquée par John Searle, l'un des critiques les plus importants du computationnalisme. Selon lui, non seulement il est impossible, comme le prétend Putnam, de concilier le fonctionnalisme avec un dualisme à propos des états mentaux et des états physiques (dualisme pensée/cerveau), mais la tentative même du computationnalisme de concilier l'intentionnalisme réalisme avec le physicalisme est voué à l'échec. En effet, « le fonctionnaliste insiste pour qu’on comprenne bien qu’il ne dit pas qu’une croyance est un état mental irréductible qui, en plus a les relations causales qui sont les siennes, mais plutôt qu’une croyance ne consiste qu’en ce qu’elle a ces relations causales6. ».

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L'hypothèse du mécanisme digitalL'hypothèse du « mécanisme digital » a été développée par Bruno Marchal5, en y adjoignant 2 hypothèses d'une autre nature 7:

d'une part, la these de Church, pierre d'angle de l'informatique théorique, d'autre part, ce qu'il appelle le realisme arithmétique,c'est-à-dire le fait que la verité arithmétique est intrinsèque, "d'une ontologie non substantielle", dixit Marchal.

C'est cette conjonction de 3 hypothèses que Bruno Marchal nomme "computationnalisme", mais qui n'est pas admise comme telle par tous les tenants du computationnalisme. Il s'agit en effet à la fois d'une thèse ontologique forte, selon laquelle la conscience pourrait survivre avec un cerveau artificiel (de même qu'elle survit avec un rein artificiel), et d'une thèse logique faible, dans la mesure où il faut pour cela une description d'un état instantané du cerveau et que Marchal ne pose aucune restriction sur celle-ci. En d'autres termes, il est possible qu'il faille connaître l'état quantique de tout l'univers pour obtenir une telle description adéquate du cerveau5. Les systèmes de téléportation utilisés par la science-fiction, et repris en tant qu'expérience de pensée sur le problème de l'identité personnelle (voir par ex. Derek Parfit, 1984), utiliseraient une telle hypothèse.

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Critiques de l'hypothèse computationnalisteDiverses critiques ont été adressées à la théorie computationnaliste, qui tournent toutes autour de la question des règles. En effet, le computationnalisme postule qu'on peut assimiler la pensée à un système d'application de règles, ce qui permet en retour d'identifier des fonctions informatiques complexes comme étant un équivalent de pensée. Ces critiques ne sont pas forcément fatales au computationnalisme, mais en limitent l'extension à certains processus déterminés de pensée, qui pourraient être modalisés selon un système de règles.

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Qu'est-ce qui est calculable ?

Une critique ancienne provient de John Lucas (1961), qui affirme que le théorème d'incomplétude de Gödel pose des problèmes insurmontables à l'analogie esprit/machine8. Cet argument a été développé par Roger Penrose, selon qui un mathématicien humain est capable de comprendre plus et de démontrer plus que ce qui est simplement calculable2. Cela a fait l'objet de nombreux débats (David Lewis, Solomon Feferman, etc2.).

Un autre argument a été formulé par Hubert Dreyfus dans What Computers Can't Do (1972)2. Fin connaisseur de Heidegger et de la phénoménologie, Dreyfus souligne ainsi la différence centrale qui distingue le processus cognitif utilisé lorsqu'un novice apprend une compétence et lorsqu'un expert agit. Ainsi, un joueur d'échec débutant applique un système de règles (par exemple, avancer le pion de deux cases ou occuper le centre). Mais un champion d'échecs n'applique pas de règles : il « voit » le « coup juste »2. L'application de règles, au cœur du computationnalisme, serait ainsi le propre des processus cognitifs limités2. Il est difficile, en particulier, de transformer une compétence experte en algorithme, lorsque cette compétence tire ses ressources d'une connaissance générale étrangère au domaine du problème visé2.

Les tentatives visant à construire des réseaux connectionnistes, ou celle de Rodney Brooks visant à construire une intelligence artificielle simple sur le modèle des insectes, sont une réponse partielle aux objections de Dreyfus2. Ce dernier considère en effet ces tentatives comme plus prometteuses, et pense que la théorie de Walter Freeman répond à certaines formulations de Merleau-Ponty à propos de l'apprentissage d'une compétence2. Il reste toutefois sceptique, considérant dans What Computers Still Can't Do (1992) qu'on ne fait que donner une chance, méritée, d'échouer, au connexionnisme2.

Il faut toutefois souligner que, si la théorie computationnaliste a souvent été interprétée comme visant à rendre compte de l'ensemble, ou presque, des processus cognitifs, y compris les processus infraconscients tels que la vision (David Marr), selon Jerry Fodor (1984 et 2000), seuls les « raisonnements modulaires », par opposition aux « raisonnements globaux », sont susceptibles d'être appréhendés par ce modèle2. Dans The Mind Doesn't Work That Way (2000), Fodor affirme dès l'introduction qu'il n'avait jamais imaginé qu'on puisse interpréter sa théorie de façon à croire qu'elle rendrait compte de la pensée en général2.

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Peut-on assimiler calculabilité et compréhension ?Article détaillé : Chambre chinoise. L'une des plus puissantes objections a été formulée par John Searle (1980), à travers l'expérience de pensée de la chambre chinoise, qui se veut une réponse au test de Turing. Il s'agit de se demander si la calculabilité (computation) peut suffire à expliquer la compréhension2. Par son test, Turing visait à substituer à la question « les machines peuvent-elles penser ? » la question de savoir si elles peuvent réussir un examen, appelé « jeu de l'imitation », dans lequel les personnes examinées doivent déterminer, sur le seul fondement des réponses qu'on leur donne, si leur interlocuteur invisible est une personne ou une machine (voir le programme ELIZA)2.

Or, Searle affirme qu'on ne peut extrapoler de la réussite au test de Turing la possibilité de penser. L'expérience de la chambre chinoise est simple : il suffit d'imaginer qu'on enferme une personne dans une salle, et qu'il ne puisse communiquer à l'extérieur qu'à l'aide de symboles chinois, langue qu'il ne comprend pas. Un cahier stipulant certaines règles de manipulation de ces symboles lui est fourni. Il s'agit ainsi de l'équivalent du test de Turing : ce dispositif imite un ordinateur digital qui reçoit des input symboliques et les transforme en output symboliques à l'aide d'un système de règles, qui peuvent être appliquées à des informations non-sémantiques, qui seraient exclusivement syntaxiques ou symboliques2. Or, Searle conclut qu'on ne peut évidemment pas parler d'une compréhension, puisqu'on a stipulé dès le départ que la personne ne comprenait pas le chinois ; ce qui ne l'empêchait pas de communiquer adéquatement à l'aide du système de règles2. On ne peut donc que simuler la compétence linguistique par une machine, mais non pas la dupliquer2.

Deux lignes de réponse ont été adressées à l'objection de Searle. Certains sont allés jusqu'à définir la compréhension en termes fonctionnalistes : puisque le dispositif de la Chambre chinoise fonctionne, il faut dire qu'il suffit à la compréhension2. L'autre type de réponse concède que Searle a raison, mais tente de complexifier le schéma en ajoutant de nouveaux traits, par exemple la possibilité d'apprendre de nouvelles règles, la faculté d'interagir avec son environnement, etc., qui permettrait de parler d'une compréhension véritable, et non d'une simple simulation2. Searle a alors adapté son argument pour prendre en compte ces nouvelles facultés, tout en continuant à nier qu'une machine ne puisse faire autre chose que simuler la compréhension2.

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L'alternative connexionnisteArticle détaillé : Connexionnisme.

À la fin des années 1980, l'approche connexioniste a commencé à concurrencer le computationnalisme, dont le principal titre de légitimité, selon Fodor, était qu'il était la seule théorie apte à rendre compte de l'évolution des sciences cognitives et des modèles implicites utilisés par celles-ci2. Le connexionnisme tente d'élaborer des modèles de compréhension des processus cognitifs qui ne passent pas par le simple usage et application de règles2. Précédé par quelques travaux innovateurs de Wiener et de Rosenblatt, l'approche connexionniste a surgi sur la scène philosophique avec la publication de l'ouvrage de Rumelhart et McClelland, Parallel Distributed Processing (1986)9.

Techniquement, la différence entre les deux approches réside surtout dans le fait que la première est intrinsèquement séquentielle et la seconde fait une très grande part au parallélisme des opérations. Dans les deux cas sont bien entendu appliqués des systèmes de règles, sans quoi il ne resterait rien à étudier.

Donald Knuth suggère que le conscient est de nature séquentielle (nous ne pouvons analyser clairement qu'une chose à la fois) et l'inconscient de nature parallèle. Il y voit une raison du grand succès de la programmation chez les nerds, qui sont mal à l'aise face aux phénomènes ne relevant pas de la pure logique.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Computationnalisme

Par la science, nous cherchons comment fonctionne le monde. Dans notre jeunesse, nous nous cherchons, nous cherchons celui ou celle que nous serons. Nous cherchons à connaître notre « mission » dans la vie…

Ou plus simplement, comment nous pourrons être heureux tout en étant utiles aux autres. Nous cherchons notre place, même petite, à l’intérieur du grand réseau de l’humanité et du monde.

En d’autres mots, nous cherchons à donner un sens à notre vie. Car il est clair que la simple intendance (l’entretien de notre corps) ne pourra y parvenir.

Le corps est comme une voiture, un véhicule : il sert à nous déplacer. Et l’on n’imagine mal quelqu’un astiquant sans cesse sa voiture sans jamais l’utiliser. Qu’est-ce qui compte le plus, lors d’un accident : la voiture ou celui qui la conduit ? Si le conducteur s’en sort sans trop de dommage, peu importe l’état de la voiture. Mais l’inverse n’aurait pas de sens.

Le corps de l’homme est un outil irremplaçable et beaucoup plus précieux que n’importe quelle automobile, mais un outil tout de même, pour l’esprit immatériel qui l’habite. Et la mission de l’esprit ne se limite pas à entretenir le corps, comme il le ferait d’un véhicule. Sinon, il faudrait se demander qui est l’outil et qui est le maître.

Donner un sens à notre vie, cela seul peut mettre notre esprit en mouvement. Un esprit éveillé vit pleinement chaque étape de sa vie sur terre, sans craindre la mort. Car il sait qu’elle n’est qu’un passage sur son chemin. Il vit les pieds sur terre, tout en gardant le cap sur un but plus grand.

Que cherchons-nous ? D’abord, une transcendance (une manière d’aller au-delà de soi) qui commence par l’altruisme, par l’amour des autres, mais pas seulement des humains. Tout y passe, les animaux, les plantes, les grains de sable, la pluie, la lune et l’univers au grand complet. Car la beauté du monde est déjà une preuve que l’univers n’est pas le fruit d’un hasard aveugle.

Mais qu’est-ce que cela signifie, tout aimer de la Création, si ce n’est d’aimer son Créateur ? Et quelle meilleure façon de lui rendre son amour qu’en aimant à notre tour tout ce qu’il a créé ? Ainsi, l’amour est une grande roue qui tourne et nous entraîne vers le haut… vers l’origine de tout amour.

Normand Charest

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Cours esprit et matière : et si l'esprit n'était qu'une illusion ? Que penser du matérialisme scientifique ?

page créée le 1/06/2010




Résumé: il s'agit de se demander ce que vaut la représentation populaire mais aussi philosophique, de l'homme comme composé d'un corps et d'un esprit; je précise que je fais ici comme si corps et matière étaient la même chose, ce qui ne va pas de soi ! Pour interroger la notion de matière, cf. cours esprit et matière et cours perception





- cours conscience

- cours Descartes, Méditations Métaphysiques














INTRODUCTION

- question ontologique : quelle est la nature du réel ? de quoi la réalité est-elle faite, au-delà des apparences sensibles ?

- existe-t-il bien deux genres de réalité distincts ? En moi mais aussi en général, dans le monde ? Ou bien n’est-ce qu’une illusion ?

I- Le dualisme : il existe deux sortes de réalités distinctes, et autonomes…

Intuitivement, on croit qu’il existe deux principes distincts dans la réalité, mais surtout en nous ; on répond à la question de savoir de quoi nous sommes faits, de manière dualiste : nous croyons que nous possédons à la fois un esprit et un corps, il y a d’un côté l’âme, l’esprit, de l’autre le corps, la matière.

L’esprit (spiritus) Le corps siège des états mentaux de toute sorte = penser, imaginer, sentir ; tout ce qui se passe dans notre tête = intériorité. Se définit par opposition à la matière, ie, comme immatériel… et par conséquent, éternel. n’est que l’habitacle provisoire de l’esprit qui s’en échappe à la mort.

  • Pourquoi croyons-nous cela ?

A- la "psychologie populaire" ou "psychologie du sens commun"

Nos explications psychologiques ordinaires supposent que nos croyances, désirs, intentions et autres états mentaux sont des causes de nos comportements et entretiennent les uns avec les autres des relations causales. La plupart d’entre nous croyons que ces états mentaux sont d’une nature différente de celle corps et de ses activités : les états mentaux sont conscients alors que le corps et ses activités ne le sont pas.

Le spirituel et le matériel semblent avoir des propriétés plutôt différentes et sans doute irréconciliables. Les évènements mentaux ont une qualité subjective qui leur est associée, alors que les évènements physiques n’en ont évidemment pas. Par exemple, qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on se brûle le doigt ? A quoi ressemble le ciel bleu ? A quoi ressemble une musique agréable ? Les philosophes appellent qualia ces aspects subjectifs de l’esprit. Il y a quelque chose à quoi ressemble une couleur, une brûlure, et ainsi de suite ; les qualia interviennent dans ces évènements mentaux. L’argument est alors que ces qualia semblent particulièrement difficiles à ramener à quoi que ce soit de physique.

B- Descartes : un dualisme exacerbé Descartes radicalise la distinction « populaire »

  • 1) « Je pense, j’existe »

Fondement indubitable de toute connaissance : l’ego, le « je pense ». Douter c’est penser ; je ne puis en douter. Donc cette pensée est réelle. Par conséquent le je qui pense est réel.

2) Conséquence : que suis-je ? une chose qui pense, une âme, un esprit, une conscience (cf. Seconde Méditation)

a) je suis une chose qui pense

L'esprit qui doute s'appréhende lui-même et se met devant le verbe exister : "moi donc à tout le moins, ne suis-je pas quelque chose » ? Pour répondre à cela il essaie divers sujets, les choses, son corps, etc., mais à chaque fois, de bonnes raisons font lever un point d'interrogation. Il pose "je suis" et essaie tous les attributs possibles en se demandant si le "je" peut subsister sans eux Résultat : la pensée seule ne peut être détachée de moi

  • b) qu'est ce qu'une chose pensante?

"Une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent".

Descartes, Discours de la Méthode, IVe partie.

Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je n'étais point, et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très certainement que j'étais, au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste de ce que j'avais jamais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été, je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est.







3) le corps, pure extériorité mécanique (la thèse du corps-machine)

Qu’est-ce le corps si on veut le concevoir de manière claire et distincte ? Le corps est une substance étendue en longueur, largeur, et profondeur. D’où la conception du corps vivant mécaniste : le corps est une machine, un assemblage de pièces et de rouages, comme une horloge n’est rien d’autre qu’un ensemble formé seulement de roues et d’engrenages.

  • Bilan : le dualisme cartésien

l’âme ou l’esprit est une substance pensante (simple, n’occupant aucun espace assignable, indivisible)

On ne peut couper une idée en deux !



le corps ou la matière est une substance étendue (divisible, sans pensée ni intériorité) ; la matière : ce qui est susceptible d’occuper un étendue et de subir des mouvements.

On peut ainsi concevoir la moitié d’un corps ou le ¼ d’un corps



Unité, identité Sujet, ipséité, ie, dotée d’unité centrale : l’âme est un sujet, car

- elle peut rapporter tous ses actes à elle-même, comme un centre ou point fixe ;

- elle est toute entière en chacun de ses actes

-elle est la même tout au long de la durée



Aucune unité, aucune identité réelle : ainsi deux morceaux de corps sont le même corps

Pas d’unité centrale : pas présent en chacune de ses parties, caractère discontinu (unité de composition, d’assemblage, de fonction)



l’âme ou l’esprit, est du côté de la liberté ; l’esprit a la capacité d’initier des mouvements sans être causé par rien du tout (ainsi je peux prendre l’initiative de me jeter d’un train juste pour prouver que je suis libre, sans que rien ne m’y contraigne). Le corps est du côté du déterminisme, de la nécessité

Cette représentation du corps ne cessera de hanter l’imaginaire occidental

- Cf. le corps pour la médecine : on répare le corps, on opère des greffes…

- La distinction médecine généraliste et psychanalyse/ psychologie : on va mal quelque part dans le corps, on voit un médecin du corps… on va mal quand on est « déprimé », quand l’âme est triste, on va voir un médecin de l’ « âme »

II- Les difficultés du dualisme

  • 1) l’homme est un composé d’esprit et de matière

a) Problème : Le corps ne m’est pas extérieur comme n’importe quelle chose du monde ! Nous faisons constamment l’expérience des relations entre les deux

Exemples de relations causales :

(1) un événement corporel (se piquer) a pour effet un événement mental (ressentir une douleur)

(2) Un événement mental (penser : « c’est l’heure de se lever ») est la cause d’un événement corporel (se lever)

Exemples d’imbrication totale :

cf. expériences diverses de la douleur, de la faim, du toucher, de la fatigue, etc.

- la douleur : le « je » regarde-t-il le corps souffrant comme un objet jeté à distance de lui ? Non, le « je » n’est pas hors du corps, il est en et avec lui ! C’est bien la totalité de mon être qui souffre, ce n’est pas moi ET mon corps, c’est moi en tant que totalité incarnée, être de fusion …

b) l’union vécue chez Descartes Descartes était conscient de ces problèmes :

Descartes, Abrégé des Méditations Métaphysiques, 1647

« L’âme de l’homme est réellement distincte du corps et toutefois (…) elle lui est si étroitement conjointe et unie qu’elle ne compose que comme une même chose avec lui »







Descartes, Méditations Métaphysiques, VI

La nature m’enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire. Mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui. Car, si cela n’était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu’une chose qui pense, mais j’apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau.





Ainsi, nous ne constatons pas mais nous éprouvons ce qui affecte mon corps. Nous n’enregistrons pas la douleur, la soif, la faim, comme le ferait le pilote qui consulte les cadrans de son tableau de bord, elles sont vécues au plus profond de notre être. Au-delà de la dualité conçue, il y a l’unité vécue ; l’union des deux substances n’est pas simple juxtaposition mais fusion. Entre l’âme et le corps, mêlés au point de ne plus faire qu’un, l’interaction est intime et permanente, le corps agit sur l’âme et l’âme agit sur le corps. Il a d’ailleurs affirmé l’unité particulière et réelle du corps humain

2) Comment expliquer dans ce cadre l’interaction des deux substances ? Comment expliquer que deux réalités sans commune mesure ni point de contact peuvent s’influencer l’une l’autre ?

Comment mes volontés, processus immatériels, pourraient-ils se traduire en gestes, ie, en mécanismes, en réalités matérielles et spatiales ?

Comment expliquer également les émotions (passions de l’âme) ie, que l’âme subisse les effets du corps ?

Comment se peut-il que l'expérience consciente puisse mettre en mouvement un corps, i.e. un objet matériel doté de propriétés physico-chimiques ?

Comment peut-on vouloir être la cause du fonctionnement de nos neurones et de la contraction de nos muscles, de sorte qu'ils réalisent ce que nous nous proposons de faire ?

a) la solution cartésienne

Dans le Traité des passions de l’âme, Descartes dit que l'union se situe dans la glande pinéale, au centre du cerveau. Sorte de carrefour où se rencontrent les deux ordres de réalité, par lequel les esprits animaux (minuscules corpuscules circulant dans le sang) arrivent au cerveau, puis repartent dans le corps. La causalité esprit/corps est donc possible : elle s'effectue dans la glande pinéale.




Descartes, Traité des passions de l’âme, article 37 : « Comment il paraît qu’elles sont toutes causées par quelque mouvement des esprits »

Et parce que le semblable arrive en toutes les autres passions, à savoir, qu’elles sont principalement causées par les esprits contenus dans les cavités du cerveau, en tant qu’ils prennent leur cours vers les nerfs qui servent à élargir ou étrécir les orifices du coeur, ou à pousser diversement vers lui le sang qui est dans les autres parties, ou, en quelque autre façon que ce soit, à entretenir la même passion : on peut clairement entendre de ceci pourquoi j’ai mis ci-dessus en leur définition qu’elles sont causées par quelque mouvement des esprits.






Statut des passions : se situent aux confins de l’âme et du corps : elles relèvent des choses dont nous faisons l’expérience en nous-mêmes (ce sont des pensées) mais pourtant, elles ne sont pas produites par l’âme, mais par le corps. Si ce sont bien des pensées, elles se distinguent donc des pensées créées par l’âme même, à savoir, les « volontés ».

Cause immédiate ou prochaine : mouvement de la glande pinéale qui se situe au centre du cerveau

Cause de ce mouvement = esprits animaux

Cause (la plus lointaine dans l’ordre du vécu mais première dans l’ordre chronologique) de ce mouvement : un objet qui agit sur nos sens

Descartes parle d’une institution naturelle entre les mouvements des esprits animaux, qui nous disposent à nous comporter ou à agir de telle façon Rles passions disposent notre âme à vouloir les choses auxquelles elles préparent le corps. La nature a institué un mouvement des esprits animaux qui se communique, à telle occasion, à la glande pinéale, et agite l’âme de la façon requise… Une passion est associée par nature ou habitude à un certain mouvement des esprits animaux, qui va se déclencher pour causer en l’âme une réaction appropriée dans telle circonstance.

Cf. la peur : la vue d’une chose effrayante nous dispose ou nous incite à fuir. Plus exactement :

1- perception d’un objet effrayant : processus physiologique qui 2- met en mouvement un processus physiologique supplémentaire 3- ce qui conduit au comportement caractéristique de la peur : événement mental causé par un 3e processus physiologique

Mais disposer ou incliner n’est pas nécessiter : il y a ainsi la possibilité pour l’âme de changer ces associations (dissocier une passion d’une volonté et l’associer à une autre).

Conséquence quant au dualisme cartésien : il stipule certes la distinction et l’indépendance des substances, mais l’union des deux en l’homme

b) Problème : comment l’interaction est-elle possible ?

-Cela ne fait que déplacer le problème :

Si la glande est corporelle, comment l’âme immatérielle peut-elle agir sur elle ? Si âme et corps sont deux réalités distinctes, ayant des caractères bien spécifiques et complètement différents, alors, on ne voit pas comment il peut y avoir interaction; cela reste quand même un mystère. Comment peut-on affirmer sans absurdité que quelque chose d'immatériel puisse avoir un effet matériel; et vice-versa?

Ainsi, pour Descartes, quand je veux lever la main, ce qui cause le mouvement du corps, ce n'est pas vraiment quelque chose de corporel ou d'inscrit dans le fonctionnement corporel; mais c'est un acte de la volonté qui cause ce mouvement, c’est-à-dire, quelque chose qui n'est qu'une propriété de la substance mentale immatérielle que je suis (c’est-à-dire, de l'esprit). Cela revient à introduire une rupture dans le processus causal, faire intervenir quelque chose de mystérieux, dont on ne sait pas comment il peut bien avoir quelque efficace dans monde physique (car : il va de soi que seules des entités physiques peuvent normalement entrer en interaction)

- le lieu même de l’interaction n’est pas très clair

Par exemple, le fait de se brûler les doigts cause de la douleur. Apparemment, il y a une chaîne d’événements, partant de la brûlure de la peau, conduisant à la stimulation des terminaisons nerveuses, puis à un (ou plusieurs) événements ayant lieu dans un endroit particulier du cerveau, pour finalement terminer par la sensation de douleur.

Mais la douleur n’est pas supposée être localisable. Alors, où est-ce que l’interaction a lieu ? On se retrouve avec une relation causale très étrange. La cause est localisée en un lieu donné, mais l’effet n’est localisé nulle part.

- Comment l’interaction se produit-elle ?

l’idée même d’un mécanisme expliquant le lien entre le mental et le physique serait, au mieux, très étrange. En effet, comparons-le à un mécanisme que l’on comprend.

Prenons une relation causale très simple, comme par exemple ce qui se produit lorsque la bille blanche cogne la bille noire au billard américain, et la fait aller dans le trou. Ici, on peut dire que la bille blanche a une certaine quantité de mouvement quand sa masse traverse la table de billard à une certaine vitesse, puis que cette quantité de mouvement est transférée à la bille noire, qui se dirige alors vers le trou.

Comparons maintenant cette situation avec ce qui se produit dans le cerveau, où l’on voudrait qu’une décision entraîne le déclenchement de certains neurones et ainsi entraîner le mouvement de mon corps.

L’intention « Je vais traverser la pièce » est un événement mental et, en tant que tel, ne possède aucune propriété physique comme une force. Si elle n’a pas de force, alors comment pourrait-elle entraîner le déclenchement d’un quelconque neurone ? Est-ce par magie ? Comment quelque chose ne possédant aucune propriété physique pourrait-il avoir le moindre effet physique ?

A cela, on pourrait répondre de la manière suivante : « en effet, il y a quelque chose de mystérieux dans la manière dont l’interaction entre le mental et le physique a lieu. Mais le fait qu’il y ait quelque chose de mystérieux ne signifie pas que l’interaction n’a pas lieu. Simplement, il y a une interaction, qui a lieu entre deux sortes d’événements totalement différents. »

Transition : bref, si la matière nous paraît être une évidence (encore que, cf. Descartes et son malin génie), mais l’esprit ne serait-il pas après tout qu’une illusion ? ne serait-il pas qu’une manière commode de parler, due à l’ignorance où nous sommes des véritables causes ?

III- le matérialisme : ne serais-pas qu'un corps ?

Définition : tout est matière. L’esprit est soit une illusion, soit un certain degré de matière, soit de la matière « tout court ».

A- le matérialisme de Marx : l’esprit est l’effet ou le résultat de processus matériels économiques

Les conditions matérielles de la société déterminent notre mode de pensée, mais aussi tout ce qu’on attribue à l’esprit en général (la morale, politique, le droit, la religion, l’art, la philosophie).

Conditions matérielles = forces économiques et sociales.

Exemple : dans l’Antiquité, la connaissance était considérée comme théorique : on ne s’occupait pas de ses applications pratiques. Ce mode de pensée est lié à l’organisation de la vie quotidienne sur le plan économique. Seuls les esclaves travaillaient, donc, l’efficacité était dévaluée, au profit de la pensée pure

détermine Matière (ou conditions de vie « matérielles ») = infrastructure Esprit = superstructure conditions de production (ressources naturelles = climat, matières premières) moyens de production (outils, appareils, machines) rapports de production (répartition du travail, statut des propriétaires) Les idées, pensées, la culture, l’art, la politique, le droit, la religion, etc., ne sont que le reflet de l’infrastructure Est le reflet de

C’est la matière, ou ses transformations, qui transforme(nt) l’histoire, pas les idées ou pensées des hommes.. Cependant, on parle de matérialisme « dialectique » : cela signifie que la superstructure, même si elle ne peut avoir de vie autonome, peut à son tour influencer l’infrastructure.

B- le matérialisme contemporain : l’esprit est l’effet ou le résultat de processus cérébraux

C’est un matérialisme scientifique, qui règne dans ce qu’on appelle les « sciences cognitives » : ces sciences ont pour but d’appliquer à l’esprit les méthodes d’investigation des sciences de la nature (il s’agit donc de naturaliser l’esprit).

1) origines de cette nouvelle science (neuropsychologie)

- Gall, père de la phrénologie, qui a localisé les facultés mentales : pour lui, chaque fonction mettait en jeu une structure cérébrale spécifique, dont le volume était d’autant plus important que la faculté correspondante était développée. D’où sa théorie des bosses du crâne, mais aussi son principal apport : l’idée de la localisation des facultés mentales

- en 1861, Broca nous expose le cas de Mr Leborgne, qui pouvait dire seulement « Tan » mais comprenait ce qu’on lui disait ; on a découvert une atteinte de l’hémisphère gauche.

- Le cas célèbre de Phinéas Cage décrit par Damasio dans L’erreur de Descartes :

P. Gage était un ouvrier en bâtiment ; en 1848, lors d’une explosion, une barre de métal d’un diamètre de plus de 2,5 cm traversa sa boîte crânienne, détruisant les aires d’association de ses lobes frontaux. Avant cet accident, il était connu comme un homme décent et consciencieux ; après, il fut décrit comme infantile et irrévérencieux. Il était incapable de contrôler ses impulsions et se livrait constamment à des planifications qu’il abandonnait ensuite.

Cas qui montre bien l’impact des lésions du lobe frontal et temporal sur la personnalité (lésions qui entraînent des changements de comportement constituant la personnalité des individus- la personnalité renvoyant à la fois à ce qui fait la réputation d’une personne, la façon qu’on a de la percevoir, et aux attributs psychologiques durables qui créent cette réputation).

Damasio en a déduit que le cortex joue le rôle d’inhibiteur des émotions. C’est lui qui nous évite d’être l’esclave perpétuel de nos pulsions et impulsions. Lobe frontal = lieu de contrôle de soi. Si un cerveau lésé peut créer une âme lésée, alors c’est que nous n’en sommes pas responsables ! La personnalité réside dans le cerveau, pas dans l’âme ! Une part de la personnalité serait innée et certaines personnes sont nées avec des tendances à se comporter de manière antisociale ou indifférente envers autrui.

2) le réductionnisme esprit et cerveau

cf. Changeux, L'homme neuronal, 1983 : il n’y a pas d'"esprit", mais que des neurones. Ou encore : l’esprit est identique au cerveau.

Il s'agit d'un "matérialisme éliminativiste": les phénomènes mentaux ne sont rien d'autre que des phénomènes physiques; les termes mentaux ordinaires ne désignent rien de réel, et ne sont qu'un mythe que nous projetons sur les structures de notre comportement. Par là, on est censé se débarrasser définitivement du dualisme interactionniste, c’est-à-dire, de l’idée d'une substance mentale qui aurait des effets physiques.

Dans une telle perspective, l'explication psychologique peut être considérée comme scientifiquement redondante par rapport à l'explication physique, même si elle est commode en pratique.

Exemple : comment explique-t-on les maux de l’adolescence quand on est neuropsychologue ?

Nouvel Observateur, 15-21 septembre 2005 (Sur les travaux du neurologue Giedd)

Pourquoi les adolescents ne raisonnent-ils pas comme les adultes, s’ils ont les mêmes cellules grises ? Pourquoi passent-ils leur temps à se mettre en danger, à changer de personnalité, à s’identifier à des desperados ou à écouter les Spice Girls ? Bref, comment expliquer qu’un cerveau mature produise une conduite immature ? Longtemps, la science a recouvert cette question d’un voile pudique. Faute de pouvoir ouvrir la boïte noire du cerveau adolescent, on se rabattait sur les explications psychologiques. On imaginait que la situation particulière du jeune, à la fois sur les plans physiologique, mental et social, l’empêchait d’avoir l’attitude raisonnable que ses neurones auraient dû lui dicter. On sait désormais qu’il n’en est rien : le cerveau des adolescents n’est pas plus achevé que leur corps ! Et son développement incomplet aide à comprendre bien des aspects du comportement et de l’état d’esprit propres à cet âge charnière. (…) au cours de l’enfance et l’adolescence, la densité de matière grise varie de manière importante, commençant par augmenter pour ensuite diminuer progressivement. (…) Le développement du cerveau obéit à deux principes antagonistes : « le premier est la surproduction. Le cerveau produit plus de cellules et de connexions qu’il ne peut en survivre, grâce à une abondance de nutriments, de facteurs de croissance et d’espace disponible dans le crâne. Cette surproduction est suivie d’une élimination par la compétition féroce à laquelle se livrent les cellules et les connexions. Seul un petit pourcentage d’entre elles vont survivre et gagner ». (…) le lobe frontal, que l’on considère souvent comme le « centre de décision » du cerveau (…) est impliqué dans la planification, la stratégie, l’organisation, la mobilisation de l’attention, la concentration. « En gros, c’est la partie du cerveau qui nous distingue le plus de la bête, dit Giedd. C’est celle qui a changé le plus au cours de l’évolution humaine, qui nous permet de faire de la philosophie, de penser sur la pensée ou de nous interroger sur notre place dans l’univers… Pendant l’adolescence, cette partie n’est pas terminée. Ce n’est pas que les ados soient stupides ou incapables. Mais il est en quelque sorte injuste d’attendre d’eux qu’ils aient des niveaux adultes d’organisation ou de prise de décision avant que leur cerveau soit achevé ».

Courrier International, n° 717, 29 juillet au 18 août 2004 (idem)

La dernière zone cérébrale à subir l’élagage neuronal et à trouver sa forme et ses dimensions adultes est le cortex préfrontal, siège de ce qu’on appelle les fonctions exécutives Rprévoir, se fixer des priorités, organiser ses pensées, réprimer ses pulsions, peser les conséquences de ses actes. En d’autres termes, la dernière partie du cerveau à se développer est celle qui est capable de prendre une décision de ce type : « je finis mes devoirs, je descends la poubelle et ensuite j’enverrai un texto à mes copains pour aller au cinéma ». (…) « à partir du moment où nous avons commencé à savoir très précisément où et quand les modifications cérébrales se produisaient, nous avons pu élucider le mystère : le problème est simplement que la partie du cerveau qui responsabilise les ados n’est pas encore finie de se développer ».

Nouvel Observateur, 15-21 septembre 2005-12-12 (L. Rotenberg, psychothérapeute, spécialiste de l’adolescence)

Ces progrès apportent un enrichissement incontestable. Ainsi, en France, des recherches menées à Ste Anne ont permis de voir que dans la dépression il y a des régions du cerveau qui ne fonctionnent pas, et que lorsqu’on administre un antidépresseur, une partie des cellules inactives sont restimulées. C’est intéressant de visualiser de telles données, auxquelles on n’avait pas accès quand le seul moyen d’observer le cerveau était l’examen post mortem. Mais en même temps ces travaux ne nous disent pas comment il faut traiter un patient dépressif. Je me méfie d’une conception du tout biologique qui aboutirait à surexploiter les résultats scientifiques. (…) C’est une des tendances actuelles dans les milieux psychiatriques. Pour ma part, j’appartiens à une génération où l’on essaie de tenir compte de tous les éléments. Je trouverais absurde de ne pas m’intéresser aux nouveaux développements scientifiques, mais la référence à la psychanalyse, à des notions de base comme le complexe d’OEdipe, reste valable.








Mais que vaut ce matérialisme ?

IV- Critiques du matérialisme : la réduction de l’esprit à la matière n’est pas tenable

A-Critiques d’ordre logique

comment l’esprit peut-il venir de la matière ? qu’est-ce qui dans la matière peut aboutir à la création de l’esprit ? la matière peut-elle penser ?

si on a besoin de recourir au concept d’esprit pour expliquer les comportements humains, alors pourquoi ne correspondrait-il à rien ?

Ainsi, ne se moquerait-on pas du physicien qui prétendrait rendre compte d’un match de football en terme de corps en mouvements, définis par leurs masse et leur vitesse ?)

la science ne peut vraiment objectiver l’esprit ou prouver que l’esprit est matériel et n’est que le nom que nous donnons à des phénomènes dotés pour nous (humains) d’importance.

Cf. techniques d’imagerie cérébrale (tomographie à émission de positrons) : elles peuvent nous faire voir (donc localiser) la zone du cerveau mise en branle quand nous pensons, faisons des calculs logiques, jouons d’un instrument de musique, etc. Mais pas ce à quoi nous pensons, et surtout, ce qu’est la pensée (comment elle naît, etc.)

On peut faire ici la distinction cause et condition : par exemple, le piano produit de la musique : dira-t-on alors que le piano est la cause et la musique l’effet ?

Le piano est un moyen, ce sans quoi quelque chose (la musique) ne peut être réalisé (condition) La cause c’est ce qui produit l’existence et qui rend raison.

La cause de la musique (par exemple du 21ème concerto de Mozart) c’est sa pensée, son génie.

De même, le corps, ou le cerveau, est la condition de l’esprit, mais n’en saurait être la cause (et donc, que l’esprit, s’il doit avoir une assise corporelle, n’y est pas réductible).

Bergson, L’âme et le corps, coll. Profil, pp. 67-68 ; 71

Celui qui pourrait regarder à l’intérieur d’un cerveau en pleine activité, suivre le va-et-vient des atomes et interpréter tout ce qu’ils font, celui-là saurait sans doute quelque chose de ce qui se passe dans l’esprit, mais il en saurait peu de chose. Il en connaîtrait tout juste ce qui est exprimable en gestes, attitudes et mouvements du corps, ce que l’état d’âme contient d’action en voie d’accomplissement, ou simplement naissante : le reste lui échapperait. Il serait, vis-à-vis des pensées et sentiments qui se déroulent à l’intérieur de la conscience, dans la situation du spectateur qui voit distinctement tout ce que les acteurs font sur la scène, mais n’entend pas un mot de ce qu’ils disent. Sans doute, le va-et-vient des acteurs, leurs gestes et attitudes, ont leur raison d’être dans la pièce qu’ils jouent ; et si nous connaissons le texte, nous pouvons prévoir à peu près le geste ; mais la réciproque n’est pas vraie, et la connaissance des gestes ne nous renseigne que fort peu sur la pièce, parce qu’il y a beaucoup plus dans une fine comédie que les mouvements par lesquels on la scande.

L’activité cérébrale est à la vie mentale ce que les mouvements du bâton du chef d’orchestre sont à la symphonie. La symphonie dépasse de tous côtés les mouvements qui la scandent ; la vie de l’esprit déborde de même la vie cérébrale…







B-Critique d’ordre éthique : le matérialisme nie la liberté et détruit la notion de responsabilité

Cf. analyse de Damasio à propos de Phinéas Cage : on n’a donc finalement plus aucun mérite quand on agit moralement (d’ailleurs que veut dire ici agir « moralement » ?) ; et on est malade plutôt qu’immoral, quand on agit de manière non morale… Cf. explication scientifique de l’adolescence : quand on agit correctement on n’a aucun mérite, et quand on agit mal ce n’est pas de notre faute !

C- Dépassement du matérialisme et du dualisme : le monisme de Spinoza : l’unité de l’être humain

Le corps et l’esprit ne sont-ils pas qu’une seule et même chose, vue sous deux aspects différents … ? Tout état de l’homme sera simultanément mouvement dans le corps et idée dans l’âme.

Spinoza Ethique, III, 2, Scholie. Traduction B. Pautrat, Paris, le Seuil, 1988

L’esprit et le corps, c’est une seule et même chose, qui se conçoit sous l’attribut tantôt de la pensée, tantôt de l’étendue. D’où vient que l’ordre ou enchaînement des choses est un, qu’on conçoive la nature sous l’un ou l’autre de ces attributs, par conséquent que l’ordre des actions et passions de notre corps va par nature de pair avec l’ordre des actions et passions de notre esprit : ce qui ressort également de la manière dont nous avons démontré la proposition 12 de la deuxième partie. Or, encore que les choses soient telles qu’il ne reste pas de raison de douter, j’ai pourtant peine à croire que, à moins de prouver la chose par l’expérience, je puisse induire les hommes à examiner cela d’une âme égale, tant ils sont fermement persuadés que c’est sous le seul commandement de l’esprit que le corps tantôt se meut, tantôt est en repos, et fait un très grand nombre de choses qui dépendent de la seule volonté de l’esprit et de l’art de penser. Et, de fait, ce que peut le corps, personne jusqu’à présent ne l’a déterminé, càd l’expérience n’a appris à personne jusqu’à présent ce que le corps peut faire par les seules lois de la nature en tant qu’on la considère seulement comme corporelle, et ce qu’il ne peut faire, à moins d’être déterminé par l’esprit. Car personne jusqu’à présent n’a connu la structure du corps si précisément qu’il en pût expliquer toutes les fonctions pour ne rien dire ici du fait, que, chez les bêtes, on observe plus d’une chose qui dépasse de loin la sagacité humaine, et que les somnambules, dans leurs rêves, font un très grand nombre de choses qu’ils n’oseraient faire dans la veille ; ce qui montre assez que le corps lui-même par les seules lois de sa nature, peut bien des choses qui font l’admiration de son esprit. Ensuite, personne ne sait de quelle façon ou par quels moyens, l’esprit meut le corps, ni combien de degrés de mouvement il peut attribuer au corps, et à quelle vitesse il peut le mouvoir. D’où suit que, quand les hommes disent que telle ou telle action du corps naît de l’esprit, qui a un empire sur le corps, ils ne savent ce qu’ils disent, et ils ne font qu’avouer en termes spécieux qu’ils ignorent sans l’admirer la vraie cause de cette action. Mais ils vont dire, qu’ils sachent ou non par quels moyens l’esprit meut le corps, que pourtant ils savent d’expérience que si l’esprit n’était pas apte à penser, le corps serait inerte. QU’ensuite ils savent d’expérience qu’il est au seul pouvoir de l’esprit tant de parler que de se taire, et bien d’autres choses qui, par suite, dépendent à ce qu’ils croient du décret de l’esprit. Mais pour ce qui touche au premier point, je leur demande si l’expérience n’enseigne pas aussi que, si le corps, inversement, est inerte, l’esprit en même temps est inapte à penser ? Car, quand le corps repose dans le sommeil, l’esprit en même temps que lui demeure endormi, et n’a pas le pouvoir de penser comme dans la veille. Ensuite, tout le monde a, je crois, fait l’expérience que l’esprit n’est pas toujours également apte à penser sur le même objet ; mais que, selon que le corps est plus apte à ce que s’excite en lui l’image de tel ou tel objet, ainsi l’esprit est plus apte à contempler tel ou tel objet. Mais ils vont dire que des seules lois de la nature considérée seulement en tant que corporelle, il ne peut pas se faire que l’on puisse déduire les causes des édifices, des peintures et des choses de ce genre, qui se font par le seul art des hommes, et que le corps humain à moins d’être déterminé et guidé par l’esprit, ne serait pas capable d’édifier un temple. Mais j’ai déjà montré, quant à moi, qu’ils ne savent pas ce que peut le corps, ou ce qu’on peut déduire de la seule contemplation de sa nature, et qu’ils ont l’expérience d’un très grand nombre de choses qui se font par les seules lois de la nature et qu’ils n’auraient jamais cru pouvoir se faire, sauf sous la direction de l’esprit, comme sont celles que font les somnambules en dormant, et qu’ils admirent eux-mêmes quand ils sont éveillés








1) Le contexte

But de l’Ethique : connaître la nature humaine, afin de bâtir sur une elle la véritable morale (pas d’idéalisme). Connaissance rationnelle, discursive (modèle mathématique).

Spinoza affirme dans l’Ethique (surtout dans le livre II) l’unité du corps et de l’esprit. L’homme est A LA FOIS étendue/ matière, et pensée/ esprit.

Ne nous y trompons pas : c’est une philosophie unitaire de l’existant humain, pas la somme de deux réalités différentes. L’esprit ne sera pas ajouté au corps pour l’animer, le mettre en mouvement (ce qu’on a encore chez Aristote ?)

La conséquence en sera une théorie de l’affectivité originale par rapport à la tradition qui le précède, puisque cette affectivité sera le fondement de la nature humaine, et de la morale (cf. « le désir est l’essence de l’homme »).

Modèle de la réalité : une seule nature, spirituelle et matérielle, qui n’est autre que Dieu (théorie de l’immanence : « deus sive natura) ; cette Substance se manifeste sous une infinité d’attributs, qui sont ses manières d’être. L’étendue et la pensée sont dans ce contexte deux expressions distinctes d’une même substance. A l’intérieur de cette nature (l’homme est une partie de cette nature), on a l’être humain, qui se caractérise par l’unité corps/ esprit, et par le désir.

Pour bien comprendre ce que signifie cette unité esprit-corps, suivons son raisonnement. Dans l’Ethique II, 11, nous avons la description de la réalité effective de l’esprit (ie, pas d’une idée).

Qu’est-ce que l’esprit humain ?

2) L'esprit humain est l’idée d’une chose singulière existant en acte.

Traduction :

- Esprit =idée = pas concept mais activité de penser=activité de conscience (pas âme !)

- cette activité de penser, cette idée, a un objet

- cf. Husserl : « toute conscience est conscience de quelque chose » (rapport à quelque chose d’autre qu’elle-même)

a) pas d’autonomie, pas de substantialité de l’esprit : l’esprit ou activité de conscience est toujours rapport au monde extérieur

b) premier objet de cette conscience/ esprit : le corps (le sien)

Le rapport au monde extérieur s’appuie donc toujours sur le lien étroit idée/ corps. Le contenu principal de la conscience est son corps. L’esprit humain EST la conscience du corps. Je suis conscience de mon corps.

c) Ça ne veut pas dire que l’esprit serait le reflet passif du corps mais que l’esprit est la même chose que le corps mais en un langage différent (cf. notion de parallélisme)

L’esprit va enchaîner des connaissances, va désirer ; le corps, lui, va enchaîner des mouvements.

Parallélisme : pas de relation de production, de relation causale : mais identité, ie, quand il y a des événements dans le corps, il y a des événements dans l’esprit. Un seul événement s’exprime de deux manières.

d) Comment ça fonctionne ? Quelles sont leurs relations ?

Tout événement du corps est perçu par l’esprit.

Perçu, c’est-à-dire pas compris, pas connu : ce rapport peut être mal compris, mal interprété.

En soi, l’esprit perçoit tous les événements du corps ; comment ? Par les idées des affections du corps.

Idées = conscience des modifications du corps.

Affection = pas relatif à l’affectivité mais désigne une transformation, un mouvement, du corps (des humeurs, du sang)

Autrement dit, la conscience perçoit le corps par la conscience interprétative des événements du corps.

Exemple : un ulcère de l’estomac ne sera conscient que quand il entrera en crise ; l’ulcère va être conscient ; sous quelle forme ? sous la forme d’une brûlure, qui est l’idée, la conscience, d’un événement qui se passe dans l’estomac, et qui n’est pas une brûlure mais un processus chimique.

On voit bien ici que l’événement physique est autre dans le vécu psychique… Une modification du corps est perçue par une interprétation.

Bref : la conscience est toujours conscience des événements du corps, et cette conscience, ou, les idées des affections du corps sont d’abord confuses. (Evénements : pas oxygénation, digestion ? En tout cas événements de la vie de tous les jours….). Nous n’avons une conscience claire ni des événements organiques, ni des événements affectifs…

Ce qui signifie que la conscience n’est pas forcément claire, n’est pas forcément connaissance (réflexion claire qui comprend ce qui se passe, comment, et pourquoi).

Par contre, toute affection du corps peut être connue, devenir un concept clair. Ie : la conscience confuse de notre quotidien peut devenir l’objet d’une connaissance. (Avoir une idée de l’idée !)

Avantages : nouvelle médecine ? un corps, non plus objet mais sujet ?

Cf. phénomènes placebo et nocebo

- maladie de Parkinson : faire croire au malade qu’on lui injecte de la dopamine sous forme de cachet stimulerait probablement les derniers neurones capables d’en fabriquer, et supprime (momentanément au moins) les tremblements

- les quelques cas de guérison de cancers à Lourdes s’expliquent par un état d’extase mystique qui déclencherait une production massive de substances anticancéreuses

- les pensées négatives d’un patient peuvent contrecarrer l’évolution d’une maladie

Cf. méthode Meizières en kiné… = le corps sujet !

Conclusion

Il nous paraît donc abusif de se débarrasser de l’esprit, mais avouons pourtant que nous ne savons toujours pas vraiment ce qu’il peut être précisément !

On peut même retourner la critique scientifique de l’esprit contre leur croyance en l’existence de la matière : la matière existe-t-elle vraiment ? Comment en être si sûr après tout ?

Cf. Descartes et l’expérience du morceau de cire : la matière n’est pas si concrète que ce que l’on pourrait croire ! N’est-elle pas un concept qui nous permet de réunir entre elles de multiples sensations ? Si on la perçoit, n’y a-t-il pas tout un travail de l’esprit ?

http://www.philocours.com/cours/cours-espritmat.htm

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____DIEU(x). Ce que l'Homme espère de la mort, ce n'est pas Dieu mais la possible perpétuation de l'esprit au-delà du corps. Comment Dieu est-il né ? « Et avant Dieu, qu’est-ce qu’il y avait ? » Qui est Dieu – Qui proclame-t-il être ?

Ce que l'Homme espère de la mort, ce n'est pas Dieu mais la possible perpétuation de l'esprit au-delà du corps. Cet espoir-là ne fait pas vivre, il aide à mourir. Romain Guilleaumes (Reliefs & Digestifs)

Plus grand monde ne veut aujourd'hui croire en Dieu, mais beaucoup s'obstinent à croire en l'existence du bonheur et de l'amour éternel, combien plus improbables encore... Romain Guilleaumes (L'Amanite humanoïde)

Lorsque Dieu a créé l'homme et la femme, il a bêtement oublié d'en déposer le brevet si bien que, maintenant, le premier imbécile venu peut en faire autant. George Bernard Shaw

C'est la foi même qui est Dieu. Emile Chartier, dit Alain

Quand un philosophe croit rencontrer Dieu, c'est toujours là où il entendait démontrer son inexistence et l'omnipotence de l'Homme. Romain Guilleaumes (Salmigondis)

Oh ! Dieu, ne me soumets pas à la tentation. Je trouverai le chemin tout seul. Rita Mae Brown

Avec Dieu, ce qu'il y a de terrible, c'est qu'on ne sait jamais si ce n'est pas un coup du diable... Jean Anouilh

Une femme est un spectacle offert par les dieux. Bernard Maris

Quand une fille dit deux mots de bon sens et qu'on l'écoute, c'est que Dieu est là. Jean Anouilh

Si Dieu avait voulu qu'on soit courageux, pourquoi nous a-t-il donné des jambes ? Bill Murray

Le désert, c'est Dieu sans les hommes. Honoré de Balzac

Dieu est le seul être qui, pour régner, n'ait même pas besoin d'exister. Charles Baudelaire

Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous en faisons. Albert Einstein

Faire son devoir tous les jours, et se fier à Dieu pour le lendemain. Charles Baudelaire

La question n'est pas de savoir si Dieu existe ou non. Mais plutôt : qui est-Il, et à quoi joue-t-Il ? Hubert Reeves

Ce que nous appelons hasard, c'est peut-être la logique de Dieu. Georges Bernanos

Ne souhaite pas trouver Dieu ailleurs que partout. André Gide

C'est Dieu qui a créé le monde, mais c'est le Diable qui le fait vivre. Tristan Bernard

Respecter les érudits, c'est respecter Dieu. Hazrat Ali

Je voudrais que l'intelligence fût reprise au démon et rendue à Dieu. Jean Cocteau

Faites de l'argent votre Dieu et il vous damnera comme le diable. Henry Fielding

Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant. René Descartes

Il me semble parfois que Dieu, en créant l'homme, ait quelque peu surestimé ses capacités. Oscar Wilde

Il paraît que ce serait l'esprit, la conscience, voire le rire qui fait l'homme. Et si c'était, seule, la croyance en Dieu ? Ce credo qui distingue le bien du mal, notions ignorées de l'animal... Bernard Willems-Diriken, dit Romain Guilleaumes

La superstition est plus injurieuse à Dieu que l'athéisme. Denis Diderot

C'est plus facile d'avoir chacun son dieu, ça permet d'être Dieu soi-même. Jacques Attali

L'homme n'a inventé Dieu qu'afin de pouvoir vivre sans se tuer. Fedor Dostoïevski

Dieu pleure. Le vrai. A cause du faux. Qui dirige le monde. Isabelle Sorente

"Tu ne tueras point" contraint à l'impuissance un Dieu contrit d'avoir créé cet homme qui saccage le paradis terrestre. Romain Guilleaumes

Discourir sur l'inexistence de Dieu, c'est faire beaucoup d'honneur au néant ou deviner son erreur. Romain Guilleaumes

Dieu. Créateur de l'univers auquel on impute les torts de l'humanité et que l'on charge de satisfaire nos passions. Bernard Willems-Diriken, dit Romain Guilleaumes

Servir est la vocation de la religion. Servir Dieu ou les hommes, parfois ; servir les religieux, souvent. Bernard Willems-Diriken, dit Romain Guilleaumes

L'enfer est un lieu dont Dieu est absent. Partout où Dieu n'est plus, l'enfer a vaincu. Romain Guilleaumes

Dans une éternité et un infini qui sont fermés à jamais aux êtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le néant et pour le tout. Jean d'Ormesson

Dans un monde aussi incohérent, l'existence de Dieu ne serait pas une chose plus folle que la non-existence de Dieu. Georges Duhamel

La question de l'existence de Dieu demeure intimement liée à celle de la finalité de l'existence même de l'homme. Jean-Paul II

Je respecte trop l'idée de Dieu pour le rendre responsable d'un monde aussi absurde. Georges Duhamel

Quand nous nous mettons à prier, nous avons l'impression que nous prenons l'initiative. Mais la prière est toujours une initiative de Dieu en nous. Jean-Paul II

Nul ne peut servir deux maîtres. Ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. Les Evangiles (Matthieu, VI, 24)

L'erreur de l'homme d'aujourd'hui est de vivre "comme si Dieu n'existait pas". André Frossard

Toujours, Dieu révèle les hommes. L'agnostique démontre son intelligence en acceptant son ignorance, le dévot et l'athée ne peuvent en dire autant. Romain Guilleaumes

Dieu ne parvient que par sa pitié à distinguer le sacrifice du suicide. Jean Giraudoux

L'histoire du monde est celle d'une interminable querelle de l'homme avec son Dieu, ou avec l'idée qu'il s'en fait. André Frossard

Dieu ne t'apparaît pas en personne mais en action. Gandhi

La conscience de l'homme c'est la pensée de Dieu. Victor Hugo

Au fond, Dieu veut que l'homme désobéisse. Désobéir c'est chercher. Victor Hugo

Les sciences sont des fouilles faites dans Dieu. Victor Hugo

L'idée de Dieu n'a pas encore péri sous les impitoyables coups de butoir de l'intelligence, de l'analyse, de la raison, de la critique et de la science. C'est un signe ! Oui, mais un signe de son existence ou de la constance du désespoir humain ? Bernard Willems-Diriken, dit Romain Guilleaumes

La distance entre vous et Dieu est la même qu'entre vous et vous-mêmes. Sathya Sai Baba

Dieu est le plus court chemin du zéro à l'infini, dans un sens ou dans l'autre. Alfred Jarry

Que chacun aille à Dieu par le chemin qui lui plaît. Voltaire

Dieu est le lieu où je ne me souviens pas du reste. Joseph Joubert

On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d'hommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est un dieu. Jean Rostand

Supprimez le conditionnel et vous aurez détruit Dieu. Boris Vian

Dieu punit l'homme de ses fautes en le laissant vivre. Xavier Forneret

Si les triangles faisaient un dieu, ils lui donneraient trois côtés. Charles de Montesquieu

Je n'aime point Dieu parce que je ne le connais pas, ni mon prochain parce que je le connais. Charles de Montesquieu

Dieu ne nous remplit qu'autant que nous sommes vides. Henry Millon de Montherlant

Les âmes sont les idées de Dieu. Gérard de Nerval

Dieu n'a pas besoin de l'existence ; c'est bien plutôt l'existence qui a besoin de Dieu. Emile Chartier, dit Alain

On est bien forcé de croire au doigt de Dieu, quand on voit comme il se l'est mis dans l'oeil. Germain Nouveau

Dieu reste muet, si seulement nous pouvions convaincre l'être humain d'en faire autant. Woody Allen

Je ne sais si je crois en Dieu. Mais, tout au moins suis-je sûr, grâce à l'histoire qui me recueille, de croire en ceux qui de tout temps et partout ont cru en Lui. Robert Aron

Dieu, ce dépotoir de nos rêves. Jean Rostand

Dieu entend mieux un sanglot qu'un appel. Saint Augustin

La forêt, c'est encore un peu du Paradis perdu. Dieu n'a pas voulu que le premier jardin fût effacé par le premier péché. Marcel Aymé

Un peu de foi éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène. Francis Bacon

Que m'importe que Dieu n'existe pas. Dieu donne à l'homme de la divinité. Antoine de Saint-Exupéry

L'absence c'est Dieu. Dieu, c'est la solitude des hommes. Jean-Paul Sartre

Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre. Voltaire

Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. Voltaire

Mais si le Diable parle parfois, Dieu se tait, toujours. Il faut trouver les réponses seul. René Barjavel

Quand les églises prétendent que Dieu n'est ni montrable ni démontrable, elles ne démontrent que l'ignorance où elles sont tombées. René Barjavel

Tout homme en sait autant que Dieu. Mais il ignore ce qu'il sait. René Barjavel

Dieu serait injuste si nous n'étions pas coupables. Charles Baudelaire

L'homme ne peut s'éclairer par Dieu; c'est par l'homme qu'on essaiera d'éclairer Dieu. Simone de Beauvoir

Mais que foutait Dieu, avant la création ? Samuel Beckett

Le corps humain est le tombeau des dieux. Emile Chartier, dit Alain

Les dieux existent : c'est le diable. Jean Cocteau

Qui est Dieu ? Je ne puis penser à une réponse meilleure que : Celui qui est. Saint Bernard de Clairvaux

Quand un mortel s'emploie à sa perte, les dieux viennent l'y aider. Eschyle

C'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement. La Bible

Celui qui craint le Seigneur n'a peur de rien ; il ne tremble pas, car Dieu est son espérance. La Bible

Nier Dieu et croire en l'Homme, c'est le sacre de l'arrogance et de la suffisance. Romain Guilleaumes

Je pardonne à Dieu mes offenses. Maurice Blanchard

Plus on approche de Dieu, plus on est seul. C'est l'infini de la solitude. Léon Bloy

Impossible de parler de Dieu sans prononcer aussitôt une quantité invraisemblable de bêtises. On ne peut rien dire de Dieu, seulement parler avec lui, en lui. Christian Bobin

On a sans doute de bonnes raisons pour ne pas croire en Dieu ; mais il en faut de meilleures pour le dire. Louis de Bonald

Etre amoureux, c'est se créer une religion dont le dieu est faillible. Jorge Luis Borges

L'amour excessif de Dieu implique la haine de l'homme. Alain Bosquet

Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes. Bossuet

Quand Dieu efface, c'est qu'il s'apprête à écrire. Bossuet

Si tu ne trouve pas Dieu en toi, laisse-le où il se trouve... Joë Bousquet

Dieu n'existe pas, mais il faut faire semblant d'y croire. Cela Lui fait tellement plaisir... Philippe Bouvard

Si Dieu n'existe pas, je plains ceux qui, pour conquérir là-haut un paradis hypothétique, ont transformé ici-bas leur vie en un enfer de contraintes et de renoncements. Philippe Bouvard

Dieu a dit aux hommes de se débrouiller, et c'est ce que les professeurs de philosophie appellent liberté. Robert Brasillach

On ne peut pas bien vivre en sachant que l'homme n'est rien et que la face de Dieu est affreuse. Albert Camus

Dieu nie le monde, et moi je nie Dieu ! Vive rien puisque c'est la seule chose qui existe ! Albert Camus

Le monde est mal fait parce que Dieu l'a créé tout seul. Il aurait consulté deux ou trois amis, le monde serait parfait. Alfred Capus

La recherche de Dieu est une entreprise toute personnelle. Alexis Carrel

Dieu s'exprime à travers toutes choses, le diable seulement à travers l'homme. Paul Carvel

Un athée qui, s'occupant de son système, pense à Dieu, vaut mieux qu'un théiste qui n'y pense jamais. Casanova

En chacun de nous, c'est Dieu qui pédale et le diable qui fait de la roue libre. Gilbert Cesbron

Pour beaucoup, Dieu est une sorte d'oncle d'Amérique dont on espère vaguement qu'il se manifestera au moment même où on ne l'espérait plus. Gilbert Cesbron

L'échec, toujours essentiel, nous dévoile à nous-mêmes, il nous permet de nous voir comme Dieu nous voit, alors que le succès nous éloigne de ce qu'il y a de plus intime en nous et en tout. Emil Cioran

Il tombe sous le sens que Dieu était une solution, et qu'on n'en trouvera jamais une aussi satisfaisante. Emil Cioran

Plus les hommes s'éloignent de Dieu, plus ils avancent dans la connaissance des religions. Emil Cioran

Tout désespoir est un ultimatum à Dieu. Emil Cioran

Dieu a fait l'homme, le péché l'a contrefait. Paul Claudel

Dieu nous pense. Il ne pense pas à nous. Jean Cocteau

Dieu voulut résumer les charmes de la femme En un seul, mais qui fût le plus essentiel, Et mit dans son regard tout l'infini du ciel. François Coppée

Dieu n'impose à chaque homme que ce qu'il peut porter. Le Coran

Redoute l'imprécation de l'opprimé, car entre elle et Dieu ne s'interpose aucun voile. Le Coran

Quand Dieu s'est aperçu qu'il était dans la nature de l'homme d'être inconstant, il a créé les femmes en surnombre. Jean Delacour

Au Paradis, on est assis à la droite de Dieu : c'est normal, c'est la place du mort. Pierre Desproges

Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine. Pierre Desproges

Dieu aima les oiseaux et inventa les arbres. L'homme aima les oiseaux et inventa les cages. Jacques Deval

L'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne; on tremble plutôt qu'il y en ait un. Denis Diderot

Aimer un être, c'est le voir comme Dieu a voulu qu'il soit. Fedor Dostoïevski

Si Dieu n'existe pas, tout est permis. Fedor Dostoïevski

Attends pour nier Dieu qu'on ait bien prouvé qu'il n'existe pas ! Alexandre Dumas, fils

Quand on voit la vie telle que Dieu l'a faite, il n'y a qu'à le remercier d'avoir fait la mort. Alexandre Dumas, fils

Dieu pêche les âmes à la ligne, Satan les pêche au filet. Alexandre Dumas, fils

«Hasard» est le nom que Dieu prend quand il ne veut pas qu'on le reconnaisse. Albert Einstein

Non, je ne peux croire en un Dieu qui exige des sacrifices humains. Je ne crois pas en un Dieu qui détruit la vie d'une femme pour sauver l'âme d'un homme. Jostein Gaarder

Il est bien plus difficile qu'on ne croit de ne pas croire à Dieu. André Gide

L'homme est plus intéressant que les hommes ; c'est lui et non pas eux que Dieu a fait à son image. Chacun est plus précieux que tous. André Gide

L'athée est Dieu qui joue à cache-cache avec Lui-même. Sri Aurobindo Gose

Peut-être Dieu est-il cela : l'âme des mots. Henri Gougaud

Si Dieu cessait de pardonner une seconde, notre terre volerait en éclats. Julien Green

Celui qui cherche Dieu l'a déjà trouvé. Graham Greene

Nier Dieu, c'est se priver de l'unique intérêt que peut avoir la mort. Sacha Guitry

Le grand acte de foi, c'est lorsque l'homme décide qu'il n'est pas Dieu. Oliver Holmes

Dieu a fait deux dons à l'homme : l'espérance et l'ignorance. L'ignorance est le meilleur des deux. Victor Hugo

L'âme, le coeur et l'esprit, c'est la trinité qui est dans l'unité de l'homme comme dans l'unité de Dieu. Victor Hugo

L'oeil ne voit bien Dieu qu'à travers les larmes. Victor Hugo

Lorsque nous cherchons Dieu, l'amour dit : par ici ! Victor Hugo

Toutes les religions ont raison au fond et tort dans la forme. Texte : Dieu. Traducteur, trahisseur. Une religion est un traducteur. Victor Hugo

Dieu est innocent de la toute-puissance dont on a voulu l'accabler. Albert Jacquard

Je crois au Dieu qui a fait les hommes, et non au Dieu que les hommes ont fait. Alphonse Karr

L'impossibilité où je suis de prouver que Dieu n'est pas me découvre son existence. Jean de La Bruyère

Dieu a permis, pour punir l'homme du péché originel, qu'il se fît un dieu de son amour-propre pour en être tourmenté dans toutes les actions de sa vie. La Rochefoucauld

Que Dieu préfère les imbéciles, c'est un bruit que les imbéciles font courir depuis dix-neuf siècles. François Mauriac

Un théologien a le droit d'affirmer qu'il sait comment Dieu juge une hérésie, non comment il juge ceux qui professent cette hérésie. François Mauriac

Tout être humain est un obstacle pour qui tend à Dieu. Henry Millon de Montherlant

Dieu n'est pas l'éternité, il n'est pas l'infini, mais il est éternel et infini. Il n'est ni la durée ni l'espace, mais il a existé de tout temps et sa présence est partout. Isaac Newton

Dieu a aussi son enfer: c'est son amour des hommes. Friedrich Nietzsche

Dieu est le nom de la conscience des hommes. Lorsque la foi s'éloigne, la morale s'égare. Romain Guilleaumes

La Terre est une leçon de choses pour les dieux en herbe. «Si vous salopez votre boulot, leur dit-on, vous obtiendrez quelque chose dans ce genre.» Carl Sagan

C'est une loi naturelle que la qualité l'emporte sur la quantité. Ainsi un Dieu succéda aux dieux et l'humanité décline en proliférant. Romain Guilleaumes

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Questions Essentielles Comment Dieu est-il né ?

Voilà une question que nous nous sommes tous posés quand nous étions enfants. « Et avant Dieu, qu’est-ce qu’il y avait ? ».

Bien prétentieux est celui qui prétend répondre à une telle question. Il s’agit d’un mystère : c’est-à-dire d’une vérité qu’on peut comprendre un peu, mais jamais parfaitement. Même au ciel, lorsque le voile sera levé, les mystères sur l’infinité de Dieu et tous ses attributs resteront infiniment plus grands que notre petite intelligence. Nous l’admirerons. Nous en jouirons. Mais nous ne pourrons jamais en faire le tour et nous dire : « Ça y est ! J’ai tout compris ! ». Dieu ne se laisse pas piéger dans nos concepts.

Dire que Dieu n’est pas né, c’est dire qu’il est infini, qu’il n’a pas de limites : ni dans le temps, ni dans l’espace, ni dans l’existence. Rien ni personne ne l’a créé. Il a toujours été. Il est le seul être qui réalise en lui la plénitude de ce que nous appelons « être ». C’est sans doute pour cela qu’il se présente à Moïse comme « Celui qui est » (Ex 3, 14).

La tradition de l’Eglise nous enseigne que l’infinité de Dieu doit susciter de la part des hommes une sainte « crainte » (tremendum) : c’est-à-dire un immense sentiment de respect.

Mais ce n’est pas tout. La Révélation nous a appris une autre vérité sur Dieu, qui contrebalance la première : Dieu est né en se faisant homme.

Les Evangiles nous enseigne que Jésus est vraiment Dieu. Il a prouvé sa divinité par de nombreux miracles. Il a reconnu publiquement sa divinité à plusieurs reprises. Sa résurrection a apporté la preuve absolue de sa nature divine.

La naissance du Christ nous révèle un autre mystère sur Dieu : il n’est pas un terrible Dieu justicier, mais un Père plein d’amour pour ses enfants. Sinon, pourquoi aurait-il choisi de naître dans une étable, parmi les bêtes et les plus pauvres ? Ne voulait-il pas rompre l’image d’un Dieu qui ne serait que puissance et colère ?

La tradition de l’Eglise nous enseigne que l’amour de Dieu doit susciter de la part des hommes une sainte « fascination » (fascinens) : c’est-à-dire un immense sentiment d’adoration.

http://qe.catholique.org/qui-est-dieu/12207-comment-dieu-est-il-ne

Qui est Dieu – Qui proclame-t-il être ?

Qui est Dieu ? Il a été décrit de toutes les manières, depuis une force vitale impersonnelle jusqu’à un Créateur magnanime, personnel et tout-puissant. Il a été appelé par beaucoup de noms, y compris « Zeus, » « Jupiter, » « Brahma, » « Allah, » « Ra, » « Odin, » « Ashur, » « Izanagi, » « Viracocha, » « Ahura Mazda, » et « le Grand Esprit » parmi d’autres.

Par certains il est vu comme la « Mère Nature » et par d’autres comme le « Dieu Père ». Mais qui est-il réellement ? Qui proclame-t-il être ?

  • Qui est Dieu – le Dieu Père ou la « Mère Nature »

Qui est Dieu ? Qu’a-t-il révélé sur lui-même ? Pour commencer, chaque fois qu’il se réfère à lui-même en terme parental, il se définie toujours comme « Père », jamais comme « Mère ». Il s’appelle lui-même un « Père pour Israël » 1. Dans un cas précis, lorsque ses « enfants » étaient particulièrement irrespectueux envers lui, il leur a dit :

« Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si je suis père, où est l'honneur qui m'est dû ? Si je suis maître, où est la crainte qu'on a de moi ? »2

Ses prophètes l’ont reconnu comme Père en disant : « Cependant, ô Éternel, tu es notre père ; Nous sommes l'argile, et c'est toi qui nous as formés, nous sommes tous l'ouvrage de tes mains.» 3 et « N'avons-nous pas tous un seul père ? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? »4 Jamais Dieu ne se réfère à lui-même en tant que “Mère” et jamais est-il appelé ainsi par les prophètes auxquelles il a parlé. Appeler Dieu « Mère Nature », c’est l’équivalent d’appeler votre père terrestre « Maman ».

Qui est Dieu – Qu’est-ce qui est important pour lui ?

Qui est Dieu en termes d’attributs moraux ? Qu’est-ce que Dieu a à dire sur lui-même à cet égard ? Il dit qu’il aime par-dessus tout la justice et la droiture … « Ainsi parle l'Éternel : Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le fort ne se glorifie pas de sa force, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie D'avoir de l'intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l'Éternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre ; car c'est à cela que je prends plaisir, dit l'Éternel. » 5 « Car moi, l'Éternel, j'aime la justice, je hais la rapine avec l'iniquité… » 6

La justice et l’équité sont très importantes pour Dieu. Mais il en est de même pour la grâce et la miséricorde. De la même manière que Dieu tient chaque être comme responsable, chacun en ce qui concerne sa propre vie, il étend et manifeste également sa grâce envers le pécheur repentant. Il promet que : « Si le méchant revient de tous les péchés qu'il a commis, s'il observe toutes mes lois et pratique la droiture et la justice, il vivra, il ne mourra pas. Toutes les transgressions qu'il a commises seront oubliées ; il vivra, à cause de la justice qu'il a pratiquée.

Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l'Éternel. N'est-ce pas qu'il change de conduite et qu'il vive ?... Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l'Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez. » 7

Par « mort » Dieu ne se réfère pas à la mort physique à laquelle nous pourrions penser. Mais plutôt, Dieu se réfère à quelque chose qui va se passer dans l’éternité, après notre mort physique. Les Ecritures, se réfèrent à cet évènement comme « la seconde mort »8. La première mort nous sépare de nos corps et nous fait sortir hors de ce monde. La seconde mort est différente. Elle nécessite aussi une séparation, mais c’est la séparation d’un groupe de personnes par rapport à un autre groupe. Les justes et ceux qui sont pardonnés d’un côté et les impurs et les non-repentants de l’autre. Les deux groupes seront jugés séparément.

Ceux du premier groupe seront récompensés en fonction du bien qu’ils auront fait. Ils ne seront pas jugés pour leurs mauvaises actions, puisqu’ils ont été pardonnés par Dieu. Ceux du second groupe seront jugés en fonction du mal qu’ils auront fait. Et leurs bonnes actions ne pourront pas les empêcher de recevoir leur condamnation. Dieu dit : « Si le juste se détourne de sa justice et commet l'iniquité, et meurt pour cela, il meurt à cause de l'iniquité qu'il a commise. Si le méchant revient de sa méchanceté et pratique la droiture et la justice, il fera vivre son âme. S'il ouvre les yeux et se détourne de toutes les transgressions qu'il a commises, il vivra, il ne mourra pas…. Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l'Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez. » 9 C’est ainsi que Dieu fera que la justice l’emporte mais que la miséricorde soit offerte aux humbles et aux repentants.

Dieu a pourvu pour ceux qui veulent se repentir, il a prévu un moyen pour expier les péchés de ceux qui veulent être justifiés devant Dieu. Il a envoyé un « Messie », un Serviteur qui a souffert de son plein gré et est mort d’une mort ignominieuse pour payer pour les péchés de ceux qui se repentiraient et qui placeraient leur confiance en lui. L’Ecriture dit : « Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l'Éternel ?... Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé ; et nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l'Éternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous….Il a plu à l'Éternel de le briser par la souffrance... Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité et prolongera ses jours ; et l'œuvre de l'Éternel prospérera entre ses mains. A cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards ; par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d'hommes, et il se chargera de leurs iniquités. C'est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands ; il partagera le butin avec les puissants, parce qu'il s'est livré lui-même à la mort, et qu'il a été mis au nombre des malfaiteurs, parce qu'il a porté les péchés de beaucoup d'hommes, et qu'il a intercédé pour les coupables. »10 Apprenez plus au sujet du Messie !

http://www.allaboutgod.com/french/qui-est-dieu.htm

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____La vie aime le chaud, mais pas trop.. Imaginez la Terre d’il y a 250 millions d’années, à la limite du Permien et du Trias.

Imaginez la Terre d’il y a 250 millions d’années, à la limite du Permien et du Trias. S’y déroule une crise biologique, provoquée par des épanchements volcaniques gigantesques, visibles aujourd’hui dans les plaines de Sibérie, a montré Vincent Courtillot (Institut de Physique du Globe de Paris). C’est la plus sévère extinction d’espèces connue dans l’histoire de la vie, provoquée entre autres par le violent effet de serre déclenché par le gaz carbonique émis par les volcans.

La Terre de cet épisode dramatique diffère de la nôtre&#8202;: les terres émergées sont unies en un mégacontinent, la Pangée, qui s’étend du nord au sud de la planète. Et un océan, la Paleo-Tethis, occupe l’essentiel des tropiques. Or cet océan, entre les 30e parallèles nord et sud, est un vaste désert, une «dead zone», affirme une équipe internationale (Yadong Sun et al., Science du 19 octobre) durant au moins un million d’années. Pourquoi&#8202;? Trop chaud.

L’ensemble du globe a connu une hausse brutale du thermomètre, permettant à des espèces tropicales de vivre non loin des pôles. Mais les tropiques ont dépassé les limites admises par la plupart des êtres vivants. Les eaux de surface ont affiché des températures de 36&#8202;°C, voire en une occasion proche des 40&#8202;°C, tandis que les terres émergées tropicales montaient à plus de 50&#8202;°C. Menace sur la diversité du plancton

Aucune simulation par ordinateur du climat futur réchauffé par nos émissions de gaz à effet de serre ne promet une catastrophe de cette ampleur. Une étude parue dans Science, (Mridul K. Thomas et al., 26 octobre) montre que la hausse des températures océaniques va certes faire «glisser» vers les pôles les écosystèmes planctoniques. Mais que va-t-il se passer sous les tropiques, dans les eaux les plus chaudes&#8202;? A l’échelle du 21e siècle, une diminution de 40% de la diversité du phytoplancton – &#8202;la base de la chaîne alimentaire marine &#8202;– qui pourrait provoquer une diminution de la biomasse totale et un affaiblissement des écosystèmes. Le changement climatique serait trop rapide au regard du processus darwinien de sélection et adaptation, susceptible de provoquer l’émergence de nouvelles espèces par mutations génétiques. Si, à plus long terme, la vie planctonique peut se rétablir, elle risque de ne pas suivre le rythme imposé par l’homme et ses émissions de gaz à effet de serre pour le siècle en cours. Le méthane du riz

Ces émissions sont aujourd’hui sur la trajectoire la plus forte des scénarios envisagés par les climatologues. De nouvelles découvertes de gaz et de pétrole, comme l’amélioration des technologies d’exploitation, peuvent donner lieu à des émissions de gaz carbonique largement suffisantes pour provoquer le pire des scénarios étudiés par les climatologues. Et d’autres peuvent s’y ajouter. Une étude (K.J van Groeningen et al., Nature climate change, 21 octobre) montre que la culture du riz, dans les conditions climatiques prévues pour la fin du siècle, dégagerait 30% de méthane (un gaz à effet de serre) de plus que dans le climat actuel. Or, pour nourrir deux milliards d’hommes supplémentaires, il faudra bien cultiver plus de riz. Par Sylvestre Huet, le 6 novembre 2012

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____L'Univers est-il ordre immuable ou n'est-il que chaos? L' humain est-il au centre de l'univers ? l'Univers est-il infini ?

Ha Ca réincarné Questions résolues Autre question »

L'Univers est-il ordre immuable ou n'est-il que chaos?

Voilà ce qui se passe (enfin se passait il y a des millions d'années, le temps que l'image nous parvienne) dans la constellation des antennes. Deux galaxies se sont rentré dedans. Au lieu de belles spirales lumineuses, ça donne une espèce de grande saucisse cosmique faite de gaz, de poussières, de millions et de millions d'étoiles avec leurs planètes... Yen a partout, dans tous les sens, c'est du propre...

Dieu oserait-il se soumettre à l'alcootest?

Tenez, l'image vaut le coup : http://sciences.blogs.liberation.fr/.a/6…

LA STRUCTURE DE L'UNIVERS

La partie de l'Univers accessible à l’œil nu est bien limitée puisque nous voyons à peine la galaxie d'Andromède, qui est pourtant notre proche voisine, alors que les milliards d'autres galaxies qui peuplent l'Univers ne sont observables qu'au travers de grands télescopes munis de détecteurs beaucoup plus sensibles que l'oeil.

Que nous ont appris les télescopes ?

Les galaxies sont réparties en groupes, ou amas, eux-mêmes regroupés en superamas. Cette structure en poupée gigogne semble d'ailleurs s'arrêter là. Tout récemment, on a découvert qu'il y avait de vastes zones de l'Univers vides de toute galaxie et on a trouvé de grandes structures filamentaires suivant lesquelles les galaxies étaient réparties comme une chaîne. Parfois, même, ces filaments semblent courir à la surface d'énormes bulles.

On s'oriente maintenant vers l'idée d'une structure en éponge à grande échelle suivant laquelle il y aurait effectivement de vastes zones vides de galaxies, avec une distribution continue de galaxies autour de ces espaces vides. Il ne s'agirait pas pour autant d'un gruyère car les zones vides, tout comme les zones pleines, auraient une continuité entre elles, exactement comme dans une éponge.

Simuler l'Univers (NASA)

L'Univers est-il immuable ?

A l'échelle humaine, on ne voit rien changer. Les galaxies dans le ciel ont la même disposition et, bien qu'elles tournent sur elles-mêmes à des vitesses de rotation de plusieurs centaines de kilomètres par seconde à leur périphérie, elles sont si grandes et si lointaines que cette rotation ne change pas leur aspect de manière significative pendant des millénaires. Seule la mesure directe de la vitesse permet donc de prendre conscience des mouvements dans les galaxies.

L'Univers lui-même n'a pas une structure figée mais, là encore, seules les mesures de vitesse permettent de s'en rendre compte. Mais comment peut-on mesurer ces vitesses ?

Comment mesurer les vitesses des astres ?

L'effet Doppler-Fizeau est bien connu en acoustique. Lorsqu'un véhicule vient vers nous en émettant un son à une certaine fréquence (véhicule actionnant un avertisseur sonore, par exemple), il va à la rencontre des ondes qu'il émet (et qu'on peut imaginer comme une série de vagues concentriques lorsque le véhicule est au repos). Le son nous paraît plus aigu qu'il n'est en réalité car, en raison du déplacement du véhicule, nous percevons des séries de vagues plus serrées qu'elles ne le sont à l'origine. A l'inverse, une fois que le véhicule est passé à côté de nous et s'éloigne, le son apparaît plus grave car le véhicule abandonne alors derrière lui les vagues sonores qui nous apparaissent ainsi plus étalées qu'elles ne le sont à l'origine.

Ce phénomène est identique pour la lumière qui est un phénomène vibratoire (à la différence près que les ondes lumineuses se propagent sans support, contrairement aux ondes acoustiques qui ont besoin de l'air pour se propager). Les ondes lumineuses émises par un astre s'approchant de nous vont donc nous apparaître avec une longueur d'onde plus courte qu'en réalité, ce qui correspond à un décalage des couleurs vers le bleu (les différentes couleurs correspondent à des longueurs d'ondes différentes des ondes lumineuses, du violet-bleu jusqu'au rouge dans l'ordre croissant de longueur d'onde). A l'inverse, un astre s'éloignant de nous nous apparaîtra avec un décalage vers le rouge. L'application de l'effet Doppler montre que vous pouvez ainsi, en toute bonne foi, voir un feu de signalisation vert alors qu'il est rouge pour peu que votre vitesse soit assez grande en arrivant au carrefour. Votre excès de vitesse devra être toutefois assez considérable puisqu'il vous faudra pour cela atteindre environ 100 000 km/s, c'est-à-dire un tiers de la vitesse de la lumière !

Toutefois, l'effet Doppler ne nous permet de mesurer que la vitesse radiale d'un astre, c'est-à-dire la vitesse suivant la ligne de visée. Il nous manque donc la composante de vitesse tangentielle, celle qui correspond au déplacement apparent de l'astre observé dans le ciel et reste donc impossible à mesurer pour les objets lointains (tout au moins à l'échelle humaine).

Il faut aussi préciser que les étoiles visibles dans le ciel et les galaxies voisines de la nôtre ont des vitesses trop faibles pour que l'effet Doppler provoque un décalage de couleur perceptible à l'oeil. Ainsi, les étoiles que nous voyons rouges ne sont pas en train de s'éloigner mais sont réellement de couleur rouge, de même que les étoiles bleues ne sont pas en train de se rapprocher mais sont réellement de couleur bleue. La mesure de leur décalage de couleur est très délicate et nécessite un appareillage spécial.

La mesure de l'effet Doppler se fait essentiellement à partir de spectres des astres observés. Un spectre est le résultat de la décomposition de la lumière d'un astre en ses différentes composantes et, donc, en ses différentes couleurs. La comparaison avec un spectre d'étalonnage d'un objet immobile permet de mesurer le déplacement relatif du spectre de l'astre observé. En général, on regarde le décalage des raies dans le spectre (les raies spectrales), chaque raie ayant une couleur caractéristique et correspondant à un élément constitutif de l'astre observé. Les appareils placés derrière les télescopes et permettant d'obtenir des spectres d'astres s'appellent des spectrographes.

D'autres techniques de mesure de l'effet Doppler sont également utilisées en astronomie, fondées notamment sur les interférences lumineuses, comme l'interféromètre de Pérot et Fabry inventé à Marseille au début du siècle et essayé la première fois en 1914 à l'Observatoire de Marseille pour mesurer les vitesses du gaz dans la nébuleuse d'Orion.

On peut noter d'autres applications de l'effet Doppler dans la vie courante, comme la mesure de la vitesse des véhicules par radar ou encore la mesure de la vitesse du sang dans les vaisseaux sanguins, ce qui permet de localiser des rétrécissements éventuels (pour conserver le débit, la vitesse du sang est alors localement plus élevée).

L' humain est-il au centre de l'univers ? (NASA)

Dans les années 1920 à 1930, l'astronome Hubble a constaté que toutes les galaxies avaient leurs spectres décalés vers le rouge et ce d'autant plus nettement qu'elles étaient plus lointaines; autrement dit, les galaxies s'éloignent de nous d'autant plus vite qu'elles sont plus lointaines. L'interprétation la plus simple, qui s'est d'ailleurs largement confirmée depuis, est que l'Univers est en expansion. L'Univers est né il y a 10 milliards à 15 milliards d'années dans une vaste "explosion", qu'on appelle souvent le Big-Bang (on devrait dire le Grand Boum en français), et les parties d'Univers qui ont été "éjectées" avec la vitesse la plus grande sont maintenant les plus lointaines. Cela explique bien pourquoi une galaxie a une vitesse de fuite d'autant plus grande qu'elle est plus éloignée.

Pourtant, un problème philosophique se posait. On croyait en avoir fini avec ce vieux principe d'anthropomorphisme qui veut que l'homme soit au centre de tout. On avait fini par comprendre que la Terre tournait autour du Soleil et non pas l'inverse, on avait ensuite vu que le Soleil lui-même était loin du centre galactique et qu'il lui tournait autour, mais voilà que, tout d'un coup, on se retrouvait au centre de l'explosion d'où l'on voyait fuir toutes les galaxies, au centre de l'Univers lui-même...

En fait, chaque galaxie voit toutes les autres s'éloigner et pourtant aucune n'est au centre. On peut, pour mieux comprendre cela, donner une image simplifiée mais parlante. Imaginons un Univers constitué par la surface d'un ballon de baudruche; sur sa surface sont placés des points représentant des galaxies (c'est donc un Univers à deux dimensions plongé dans notre Univers à trois dimensions). Si on gonfle ce ballon de baudruche, on voit tout de suite que les points s'éloignent tous les uns des autres sans pour autant qu'il y en ait un privilégié, chacun voit tous les autres s'éloigner de lui. Le point initial, quant à lui, ne fait même plus partie de l'Univers considéré, réduit ici à la surface du ballon. D'autre part, on a affaire à un Univers fini (son étendue n'est pas infinie, elle correspond à la surface du ballon) et sans borne (c'est-à-dire qu'on peut se promener partout, en faire tout le tour sans jamais rencontrer de mur ou d'obstacle sur son chemin). Eh bien, notre Univers est certainement comme cela, fini mais sans borne. Quant à imaginer réellement sa structure, c'est autre chose car, en extrapolant l'image précédente, il faudrait imaginer un Univers à trois dimensions qui se gonflerait dans un Univers à quatre dimensions... On peut décrire le phénomène mathématiquement par des équations mais se le représenter dans la tête est une autre paire de manches.

L'Univers est-il réellement tel qu'on le voit ?

Compte tenu de la vitesse finie de la lumière (300 000 km/s), les galaxies lointaines qu'on aperçoit ne sont déjà plus à l'endroit observé et, surtout, n'ont sûrement plus actuellement l'aspect qu'on leur voit. En effet, lorsqu'un objet est situé à des milliards d'années-lumière, cela veut dire qu'on reçoit aujourd'hui seulement la lumière émise il y a des milliards d'années. C'est une façon de remonter le temps, car plus on regarde des objets éloignés et plus on les voit jeunes, autrement dit, plus on se rapproche de la naissance de l'Univers. En regardant suffisamment loin dans l'Univers, on devrait donc pouvoir observer la lueur de l'explosion originelle!

Cette dernière reste malheureusement inaccessible car on ne peut pas remonter plus loin que le moment où la matière et le rayonnement, intimement mêlés au départ dans une boule opaque très dense et très énergétique, se sont physiquement séparés. La lumière a alors pu enfin s'échapper de la boule mais elle apparaît si décalée vers les courtes longueurs d'onde par l'effet Doppler dû à l'expansion qu'on la perçoit sous forme de rayonnement radio. On capte de tous les points de l'Univers le rayonnement caractéristique correspondant à cette séparation. C'est un rayonnement en ondes radio de très courte longueur d'onde, ultime témoin de la formation de l'Univers, découvert par Penzias et Wilson en 1964, ce qui leur a valu le prix Nobel de physique en 1978.

Ce rayonnement a été baptisé rayonnement cosmologique à 3 K (degrés Kelvin) car il est caractéristique d'un corps à cette température.

L'Univers était, en fait, beaucoup plus chaud (aux environs de 3 000 degrés) lors du découplage matière-rayonnement mais l'effet Doppler résultant de l'expansion a décalé le rayonnement correspondant des longueurs d'ondes visibles aux longueurs d'ondes radio.

Qu'est-ce qu'un quasar ?

Les galaxies les plus lointaines qu'on puisse observer sont vues, nous l'avons dit, alors qu'elles étaient relativement jeunes. Au-delà d'une certaine limite, on ne voit plus de galaxies (en grande partie d'ailleurs à cause du fait que le rayonnement qui nous parvient devient trop faible pour être détecté), mais des quasars. Ce nom vient du raccourci de l'anglais quasi stellar car, sur les images prises avec des grands télescopes, ces objets apparaissent comme des étoiles et non comme des galaxies. Rapidement, on s'est aperçu que ces objets n'étaient pas des étoiles mais des objets très lointains, plus lointains que les galaxies; et, surtout, compte tenu de leur éloignement, des objets intrinsèquement très brillants.

On pense actuellement qu'il s'agit de galaxies jeunes, ou peut-être même en formation, que nous voyons dans une phase d'activité importante, notamment au niveau de leur noyau.

L'Univers sera-t-il toujours en expansion ?

L'expansion de l'Univers se fait à la suite de l'impulsion originelle donnée par le Big-Bang, elle se perpétue donc sur la lancée. La force de gravitation due à la masse des milliards de galaxies constituant l'Univers va donc peut-être avoir raison un jour de cette expansion, du moins la ralentira-t-elle. S'il y a suffisamment de masse dans l'Univers, on pourra même avoir renversement de la tendance et contraction de l'Univers jusqu'à repasser par un point ultime de contraction qui pourra amener ensuite à un nouveau Big Bang. L'Univers aurait alors des cycles perpétuels d'expansion-contraction.

Pour l'instant, si l'on s'en tient à l'estimation de masse qu'on peut faire à partir de la matière visible dans l'Univers, il n'y a pas assez de masse pour ralentir l'expansion (on dit souvent pour "fermer" l'Univers). Celui-ci est donc "ouvert" et condamné à une expansion infinie. Tout se diluera donc progressivement et ce sera la mort lente par refroidissement généralisé.

Mais toutes les découvertes récentes amènent à découvrir de la masse qui était jusque-là sous des formes indétectables: on est donc constamment en train de réviser à la hausse la quantité de matière présente dans l'Univers. On est encore loin d'arriver à la valeur correspondant à la fermeture de l'Univers, mais rien ne dit qu'on n'y arrivera pas. Par exemple, il suffirait que le neutrino ait une masse, même très modeste, pour " fermer " l'Univers, tant les neutrinos sont nombreux. Mais, pour l'instant, on n'a pu donner que des limites supérieures à cette masse. La physique des particules apportera peut-être bientôt, grâce à l'étude de l'infiniment petit, la réponse à ce problème qui touche à l'infiniment grand.

En cas de fermeture de l'Univers, il faudrait s'attendre qu'un jour il se recontracte et que sa densité et sa température augmentent jusqu'à provoquer un nouveau Big-Bang. Ce serait alors la mort dans un enfer de feu et de flammes.

On voit qu'il n'y a aucun moyen d'y échapper, dans un cas comme dans l'autre. Mais, de toute façon, nous avons plusieurs dizaines de milliards d'années pour prendre toutes nos dispositions...

Et avant le Big-Bang ?

Y avait-il quelque chose avant le Le Big-Bang: Même si l'on admet l'hypothèse d'un Univers cyclique avec expansion-contraction, ce cycle a bien dû commencer un jour... On arrive là dans le domaine de la philosophie. Ce qui rassurera certains, c'est que Dieu a ainsi toujours sa place, même au milieu des théories scientifiques les plus évoluées...

Le satellite Hipparcos a catalogué plus de 100 000 étoiles : position, parallaxe, déplacement. Les mesures de parallaxe ont permis de mesurer les distances des étoiles jusqu'à 20 000 années lumière. Ces données ont conduit à réévaluer l'âge de l'univers désormais estimé entre 10 et 13 milliards d'années. Ces valeurs se rapprochent de celles prévues par les cosmologistes : entre 9 et 12 milliards d'années.

http://spt06.chez.tiscali.fr/home.htm

03/06/2005.

Propos recueillis par Élisa Brune

1 E. Gausmann et al., Classical and Quantum Gravity, 18, 1, 2001.

2 R. Lehoucq et al, A&A, 363, 1, 2000.

3 N.J. Cornish et al., Classical and Quantum Gravity, 15, 2657, 1998.

4 J.-P. Luminet, La Recherche, p. 511, avril 1983. ASTROPHYSIQUE Jean-Pierre Luminet : l'Univers est-il infini ?

Einstein voulait un Univers fini et statique. Sans régler la question du fini ou de l'infini, la théorie de l'expansion a apparemment mis fin au paradigme de l'Univers statique. Mais qu'en est-il réellement ? L'étude attentive des formes d'espace possibles permet de construire un modèle testable d'après lequel notre Univers est beaucoup plus petit que nous le pensons.

LA RECHERCHE : Vous vous intéressez aux caractéristiques globales de l'Univers : sa forme, sa taille, sa structure. Est-ce que ce sont des questions que l'on peut se poser scientifiquement ?

JEAN-PIERRE LUMINET : A l'heure actuelle, oui. Il est vrai que pendant longtemps ces sujets sont restés de l'ordre de la spéculation philosophique. Les observations scientifiques se bornaient plutôt à mesurer les distances et les grandeurs des objets qui peuplent l'Univers. Entreprise fascinante d'ailleurs, et ponctuée d'étonnants épisodes dont je raconte certains dans mes romans scientifiques. Mais ce n'est qu'à partir de la relativité générale, en 1917, que l'on peut légitimement parler de l'Univers entier en tant qu'objet de mesure. D'une part parce que la théorie de la relativité générale fait appel à des géométries non euclidiennes* pour décrire l'espace tel qu'il est façonné par la gravitation. Or, qui dit géométrie non euclidienne dit courbure, et qui dit courbure pose la question de la taille de l'Univers. D'autre part, on récolte depuis cette époque de nombreuses observations cosmologiques, comme la fuite apparente des galaxies et le rayonnement de fond*, qui traduisent des propriétés globales du Cosmos. Dès lors, beaucoup de cosmologistes font le pari de considérer l'Univers comme un objet d'étude à part entière.

Pour Einstein, l'Univers est courbé, mais pas n'importe comment. D'où tire-t-il les caractéristiques qu'il attribue à l'Univers ?

JEAN-PIERRE LUMINET : De considérations pratiques et esthétiques. Les équations de la relativité générale ne peuvent pas être résolues dans toute leur généralité. Il faut les simplifier en posant certaines hypothèses. Pour la cosmologie, les deux hypothèses les plus courantes sont l'homogénéité et l'isotropie. C'est-à-dire que la matière est en moyenne répartie de manière uniforme et qu'il n'y a pas de direction privilégiée dans l'Univers.

Ces deux hypothèses sont compatibles avec les observations disponibles (pour de très grandes échelles spatiales du moins) et elles simplifient considérablement les calculs. Mais il reste encore une infinité de solutions possibles. C'est là qu'intervient le sens pratique. Einstein voulait un Univers fini, parce que c'était la seule façon d'éviter les paradoxes que l'on rencontre dès que l'on introduit une valeur infinie dans les calculs. En outre, il avait aussi une vision esthétique, liée au voeu de relier la description du niveau local à celle du niveau global dans les sciences physiques. Un Univers infini aurait ruiné cette ambition, car l'infini est sans commune mesure avec le fini, et tout espoir de relier les deux niveaux aurait donc disparu. Autre hypothèse encore : Einstein considérait que l'Univers devait être statique, en vertu d'une esthétique plutôt culturelle celle-là, issue de la tradition philosophique aristotélicien- ne dans laquelle baignait l'Occident et qui voulait que l'Univers ait toujours existé tel qu'il est, immuable et éternel. Espace fini et Univers statique, telles sont donc les deux hypothèses qui ont conduit Einstein à sélectionner le modèle de l'hypersphère, c'est-à-dire une géométrie non euclidienne de courbure positive.

Qu'appelez-vous topologie cosmique ?

JEAN-PIERRE LUMINET : C'est l'étude des formes d'espace - des espèces d'espace, aurait dit Georges Perec - qui correspondent toutes à une même description locale. Je considère que la question de la géométrie se pose à quatre niveaux différents. De même que la surface de la mer paraît lisse vue d'avion, ondulée vue d'un paquebot et chaotique vue à la nage, l'espace physique se décrit comme courbé à grande échelle (celle de la relativité générale), euclidien à moyen- ne échelle (la nôtre) et probablement fluctuant à l'échelle microscopique (on n'a pas encore atteint une finesse suffisante pour en être sûr). Mais ce qui nous intéresse ici est une échelle encore plus élevée, celle de l'Univers tout entier. Eh bien, la structure décrite par une solution donnée des équations d'Einstein peut parfaitement s'insérer dans plusieurs modèles complètement différents au niveau de leur topologie. Tout comme la mer qui paraît lisse vue d'avion pourrait s'insérer indifféremment dans plusieurs contextes globaux qui ne modifient pas ses propriétés (piscine géante, mer fermée, océan, simulation...).

Précisons d'abord que l'hypersphère statique imaginée par Einstein en 1917 a fait long feu. La découverte de l'expansion de l'Univers a mis fin au paradigme de l'Univers statique. D'autres solutions aux équations d'Einstein, dynamiques celles-là, furent découvertes indépendamment par Alexandre Friedmann et par Georges Lemaître. Ceux-ci considèrent trois familles d'espaces : les espaces euclidiens (à courbure nulle), les espaces sphériques (à courbure positive) et les espaces hyperboliques (à courbure négative). Physiquement parlant, cette courbure dépend de la densité moyenne de matière dans l'Univers. En outre, ces espaces changent de taille au cours du temps : soit ils se dilatent perpétuellement (on parle d'Univers ouvert), soit ils se dilatent puis se contractent (on parle d'Univers fermé). Les observations actuelles tendent à prouver que la courbure n'est pas très grande (donc que l'espace est proche d'être euclidien, ou « plat » comme disent les Anglo-Saxons), et que l'expansion se poursuivra éternellement, en s'accélérant d'ailleurs au cours du temps. L'espace plat à expansion accélérée est en passe de devenir le modèle cosmologique « standard » !

Pourquoi parlez-vous d' « espaces euclidiens », au pluriel ?

JEAN-PIERRE LUMINET : Parce que, de tous les espaces tridimensionnels à courbure nulle, l'espace euclidien de notre vie quotidienne n'est que le plus simple. Il y en a beaucoup d'autres. Pour être précis, il y en a dix-huit en tout. Et chacun de ces espaces est compatible avec le modèle standard. En effet, une solution particulière des équations d'Einstein (par exemple le modèle plat) correspond à une métrique donnée, c'est-à-dire qu'elle fixe la définition des distances dans l'espace, mais beaucoup de topologies respectent cette métrique particulière. Ce qui nous trompe, c'est que nous envisageons toujours un espace monoconnexe, c'est-à-dire constitué d'un seul tenant, alors qu'il peut très bien présenter une structure cristallographique, apparemment compartimentée. Je m'explique.

Une topologie est définie par une forme de base et des opérations mathématiques qui décrivent comment on reproduit cette forme de base. Prenez un cube par exemple. Appliquez une opération mentale qui consiste à faire coïncider chaque carré de surface avec le carré opposé. Cela signifie que si vous vous déplacez dans le cube et que vous en sortez par un point, vous entrez à nouveau dans le même cube par la face opposée.

Bien que l'espace physique soit limité dans un volume égal à celui du cube, vous avez créé un espace mathématique fini et sans bord dans lequel vous pouvez voyager indéfiniment. Si vous changez la définition de l'opération mentale, par exemple en faisant coïncider deux faces contiguës, vous changez de topologie, vos trajets vont être modifiés, mais vous restez toujours dans la même métrique.

L'Univers pourrait-il avoir une structure répétitive?

JEAN-PIERRE LUMINET : Bien sûr ! C'est ce que j'appelle l'Univers chiffonné. Selon cette hypothèse, nous ne serions pas dans un Univers aussi grand que celui observé, mais dans une cellule plus petite à travers laquelle les rayons lumineux bouclent plusieurs fois, tout comme le voyageur dans le cube. Vous trouverez peut-être bizarre qu'une transformation mathématique apparemment arbitraire corresponde à une opération physiquement réalisable. C'est pourtant ce qui arrive très concrètement sur un cylindre, quand vous revenez à votre point de départ alors que vous avez marché toujours tout droit. Du point de vue de la métrique, le cylindre n'est pas différent du plan. Du point de vue de la topologie, en revanche, le cylindre et le plan n'ont rien à voir.

La topologie multiconnexe (c'est-à-dire qui répète une forme de base) de l'Univers n'est pas un jeu de l'esprit, mais une extension possible des propriétés connues et faciles à comprendre sur des surfaces. Reprenons le cylindre, et deux points placés à sa surface. Un rayon lumineux qui relie ces deux points peut emprunter une foule de chemins différents. Un chemin direct, un chemin qui fait un tour du cylindre, un chemin qui fait deux tours du cylindre, etc. De nouveau, on peut extrapoler à trois dimensions et comprendre que dans tous les signaux lumineux que nous recevons de l'espace, il y en a peut-être de nombreux qui proviennent de la même source et qui ont emprunté des chemins différents.

Votre Univers chiffonné fait penser à une galerie des glaces cosmique !

JEAN-PIERRE LUMINET : Exactement. Si vous entrez dans une pièce tapissée de miroirs sur ses six côtés, vous aurez l'illusion d'un espace infini dans toutes les directions. C'est peut-être ce qui nous arrive avec l'Univers. La seule différence, c'est que dans la galerie des glaces, le rayon lumineux est réfléchi par le miroir, tandis que dans l'Univers chiffonné, il traverse la « paroi » et vous revient par une direction quelconque, déterminée par la topologie des lieux. Cela impliquerait que chaque objet cosmique (chaque galaxie, par exemple) devrait nous apparaître en plusieurs exemplaires, un seul étant direct (selon le trajet lumineux le plus court), les autres étant des images fantômes observables dans différentes régions du ciel.

J'ai mentionné que si la courbure était nulle, on avait dix-huit topologies possibles. Chacune découle d'un choix sur la forme de base et sur le type d'opérations mathématiques qui la duplique. Mais dans le cas où la courbure serait positive - et cette hypothèse est favorisée par les récentes observations - il existe une infinité de topologies possibles, dont l'hypersphère chère à Einstein n'est que la plus simple. Avec mon équipe, nous avons récemment entrepris l'étude complète de ces espaces sphériques et nous avons montré que, compte tenu des contraintes observationnelles, il reste environ 3 000 topologies à courbure positive candidates pour décrire la structure globale de l'Univers 1.

Quel est l'intérêt fondamental d'un tel modèle, mis à part son aspect fascinant pour l'imagination ?

JEAN-PIERRE LUMINET : C'est qu'il aborde de front l'une des deux lacunes fondamentales de la relativité générale. Cette théorie, si puissante soit-elle, est d'abord incomplè- te dans le domaine des très petites échelles. Il faut y incorporer les préceptes de la physique quantique pour tenter de mettre au point une théorie de la gravitation quantique - tentative qui est en cours depuis quatre-vingts ans. Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est que la relativité générale est incomplète également à l'échelle supérieure, puisqu'elle ne décrit pas toutes les propriétés de l'Univers. Comme on l'a vu, une seule métrique peut s'accommoder de toutes sortes de formes globales différentes. La topologie n'est pas incluse dans les équations d'Einstein. La raison profonde en est que les équations de la relativité générale sont des équations aux dérivées partielles, ce qui signifie précisément que l'on ne fait que décrire localement l'évolution des systèmes. Le rêve qui consiste à essayer de lier le local au global n'a jamais été concrétisé dans aucune théorie physique. C'est pourquoi je pense qu'il est incontournable de se poser la question du niveau global. Entendons-nous bien, il s'agit d'un saut d'échelle. Le modèle de l'Univers chiffonné ne remplace pas les modèles dits de Big Bang, il les englobe.

Et qu'en est-il des vérifications expérimentales ? Sont-elles possibles ?

JEAN-PIERRE LUMINET : Non seulement elles sont possibles, mais elles sont déjà en cours. Après des années de recherches purement théoriques, nous voyons enfin arriver le moment où il devient possible de détecter par l'observation ce qu'on appelle le signal topologique. Il faut d'abord savoir que la tentative d'identifier individuellement des objets cosmiques à travers leurs images fantômes n'est guère réaliste. Sans connaître la topologie au départ, il est impossible de reconnaître des images disséminées n'importe où, provenant d'époques différentes, d'orientations différentes - sauf si l'Univers est vraiment très petit, ce qui ne semble pas être le cas. Mais il existe deux autres voies d'approche, et elles sont statistiques. La première est baptisée la cristallographie cosmique et été développée dans mon équipe. Elle consiste à repérer des corrélations statistiques dans la distribution des objets célestes lointains. Si la topologie de l'Univers est multiconnexe, il doit y avoir une sorte de rythme dans la composition du ciel, des répétitions de structures analogues aux répétitions d'atomes observées dans les cristaux... sauf qu'il s'agirait d'un cristal spatio-temporel dont les unités lointaines sont des images déformées et anciennes des unités plus proches 2.

L'autre méthode a été initialement développée aux Etats-Unis 3 et est actuellement perfectionnée au sein de mon équipe. Elle se base sur des corrélations à repérer dans le fond diffus cosmologique, autrement dit dans les cartes détaillées des fluctuations de température du rayonnement fossile. Là aussi, on devrait voir apparaître des motifs caractéristiques, sous forme de paires de cercles, liés au fait que si l'Univers réel est plus petit que l'Univers observable, il présente nécessairement des duplications d'informations. Pour cette méthode de recherche, deux satellites vont être d'une importance capitale : le satellite américain Map, qui commence à être opérationnel, et le satellite européen Planck, qui sera lancé dans cinq ans.

Quel est l'accueil réservé à l'Univers chiffonné par la communauté des astrophysiciens ? Quand vous suggérez que l'Univers réel est plus petit que l'Univers observable, il s'agit d'un renversement de perspective qui pourrait en chiffonner plus d'un !

JEAN-PIERRE LUMINET : Oui, mais n'est-ce pas ainsi que doit fonctionner la science ? Certains sont enthousiastes, d'autres curieux, d'autres encore franchement critiques. En France, nous ne sommes qu'une poignée à travailler sur ce sujet, et je dois dire que nous avons beaucoup plus de succès auprès des mathématiciens et des physiciens qu'auprès des cosmologistes. C'est un phénomène probablement lié à certains blocages structurels dans la recherche française. A l'étranger, le domaine de la topologie cosmique est très bien accepté. Nous travaillons avec des Américains et des Brésiliens, et il y a une cinquantaine de chercheurs actifs dans le monde entier. Le domaine est actuellement en pleine expansion, comme le montrent le nombre croissant d'articles publiés chaque mois et l'éclatement en plusieurs spécialités. Les mathématiciens sont particulièrement séduits par notre approche et certains se disent prêts à se lancer dans la cosmologie qui, avant cela, les intéressait peu. C'est donc paradoxalement quand les cosmologistes nous trouvent trop imaginatifs que les mathématiciens commencent à nous trouver sérieux. Mais je ne m'inquiète pas trop. Il faut laisser le temps aux idées de faire leur chemin, et surtout aux moyens techniques d'apporter des réponses concrètes. Quand j'ai théorisé les « crêpes stellaires » il y a une quinzaine d'année, c'est-à-dire les déformations soudaines des étoiles sur le point d'être englouties par un trou noir, il n'existait aucun moyen de vérification expérimentale 1. Ce n'est qu'aujourd'hui que des confirmations sont apportées par les observations. De la même façon, les mirages gravitationnels ont fait sourire au début et sont maintenant universellement acceptés. Ces mirages engendrent des illusions d'optique, des déformations du réel, provoquées par la présence d'une masse sur le trajet des rayons lumineux, mais qui restent locales, c'est-à-dire limitées à un objet cosmique. L'Univers chiffonné, lui, est un mirage global, à l'échelle de l'Univers tout entier. C'est bien normal qu'il surprenne un peu !

Propos recueillis par Elisa Brune

http://www.larecherche.fr/content/actualite/article?id=5949

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___ Origines. L'esprit, la vie, la matière. De la matière à la vie : la chimie ? la chimie ! Comment la matière moléculaire devient-elle matière vivante? D’où vient la matière? Comment est apparue la vie? Comment a émergé la conscience?

La vie dans la matière

Le rôle de l'espace en biologie

L'origine d'un concept

À l'origine du concept de « matière noire », résident d'abord des observations qui tendent à montrer que nos modèles sont incomplets, voire inexacts. Dès les années 1930, des astronomes ont relevé des incohérences : la vitesse de déplacement de certaines galaxies (au moins celles de l'amas du Coma et de la Vierge) était plus grande que celle escomptée ; plus récemment, des anomalies dans la vitesse de déplacement des sondes spatiales ont été signalées.

Un constat qui ne peut avoir que deux explications : soit certaines des constantes de la théorie en vigueur sont fausses ; soit les galaxies observées sont plus massives que prévues : elles seraient composées en grande partie d'une substance invisible et inconnue. Une matière noire qui, d'après les calculs, serait cinq fois plus abondante que la matière visible, celle-là même qui a été utilisée pour établir les modèles physiques en vigueur. Détecter l'inconnu

Il faut dire qu'en la matière, la tâche est ardue. Car, même lorsque les chercheurs s'accordent sur l'idée qu'une substance invisible emplirait l'Univers, ils se chamaillent sur la nature potentielle de cette dernière : s'agit-il d'une matière classique (protons, neutrons ou autres particules répertoriées) mais invisible ? Ou d'une matière inconnue ? Et si tel est le cas, de quel type de particules pourrait-il s'agir ? Plusieurs hypothèses, concurrentes ou non, coexistent. Et parmi elles, se trouve celle des WIMPs (Weakly Interacting Massive Particles), des particules nées de l'imagination des physiciens théoriciens qui, comme leur nom l'indique, seraient massives mais n'interagiraient quasiment pas avec la matière. Une caractéristique qui forcément complique le travail des chercheurs puisque justement ces derniers ne disposent que de matière pour détecter ces objets inconnus. Des lors, comment faire ? Trois approches, un même but

Trois approches ont été imaginées pour mettre en évidence l'existence d'une matière noire.



La première, c'est d'observer la voûte céleste dans l'espoir d'y trouver des traces indirectes de matière noire ;



la deuxième, plus hardie, c'est de chercher à en fabriquer dans un accélérateur de particules comme celui du CERN ;



la dernière, non moins gaillarde, c'est de détecter, à l'aide de détecteurs appropriés, les particules de matière noire. C'est l'approche de DAMA, d'Edelweiss et du CDMS.

Comment la matière moléculaire devient-elle matière vivante?

http://www.canalacademie.com/ida1310-De-la-matiere-a-la-vie-la-chimie-la-chimie.html

D’où vient la matière&#8201;? Comment est apparue la vie&#8201;? Comment a émergé la conscience&#8201;? Trois questions fondamentales auxquelles nombre de chercheurs tentent d’apporter des réponses. Aucune solution précise n’a encore été trouvée. Mais les scientifiques prétendent souvent que, s’il n’est pas encore possible de rendre compte de tous les détails, le scénario global de l’origine de l’esprit, de la vie et de la matière est désormais établi. C’est contre cette prétention que se dresse l’essayiste et mathématicien David Berlinski.




Dans ce livre, il ne cherche nullement à proposer un scénario alternatif ni ne fait, comme cela se pratique parfois outre-Atlantique, appel à Dieu là où la science rencontre des difficultés. Son propos consiste à montrer pourquoi le scénario des origines avancé par les scientifiques relève davantage du vœu pieux que de la théorie bien établie. S’il est dommage que son argumentation soit un peu trop cursive, et discutable en certains endroits, il est incontestable que le scepticisme qui anime cet essai est un utile antidote contre le triomphalisme de certains scientifiques.

http://www.scienceshumaines.com/origines-l-esprit-la-vie-la-matiere_fr_22820.html

Voilà un mystère qui nous échappe encore, même avec notre arsenal technologique! En effet, dans son évolution, la particule élémentaire, devient un organisme vivant, puis un organisme pensant, forme la plus complexe que nous connaissons : l'être humain. Comment sommes-nous passés de la matière moléculaire pour arriver bien plus tard au génie d'Einstein ? Cette évolution permanente ne se limite pas à notre simple planète Terre...

La matière en elle-même est incroyable ! Elle a la propriété de s’organiser toute seule : À l'origine de l'univers on retrouve l'hydrogène, le carbone et l'azote (HCN). On retrouve des molécules d'acides cyanidriques (HCN) partout dans le domaine interstellaire. Lorsque ces « ingrédients » s'assemblent sous un dosage différent et forment cinq molécules associées d'HCN on obtient l'une des lettres de notre alphabet génétique... Nous ne sommes finalement qu'un agrégat de molécules, qui savamment dosées, donnent les êtres vivants que nous sommes aujourd'hui !

Ecoutez sans plus tarder la conférence de Jean-Marie Lehn, réalisée à Besançon le 22 décembre 2006, et organisée par le pôle Pasteur alimentation innovation santé de la fondation Science et culture alimentaire.

En savoir plus sur :

- Jean-Marie Lehn, Prix Nobel de chimie en 1987, membre de l'Académie des sciences - Retrouvez ici ! notre émission En habit vert avec Jean-Marie Lehn, sur son parcours

- Ecoutez ici ! notre émission Point de mire sur la fondation sciences et culture alimentaire avec Hervé This.

(...)

Philosophie de l'esprit La vie est issue de la non vie

gagarineL’ignorance et la simplicité sont toujours monotones : avant le renouvellement de la philosophie, les auteurs, quoique nés dans des siècles différents, écrivoient tous sur le même ton. Helvetius

En page précédente, nous avons établi le lien entre l'esprit humain et l'esprit du vivant initial*

  • Le vivant initial compris comme la première forme vivante ( la bactérie).

Continuons à présent « l'enquête en paternité » de cet organe pensant. Le vivant décline du non vivant

La vie n'est pas apparue par l'opération du Saint Esprit si l'on peut dire. Tous les éléments nécessaires à son éclosion existaient déjà bien avant elle. Autrement dit, la vie était « potentielle » dans le non vivant.

La plupart des versions proposées par la science à ce sujet, vont d'ailleurs, dans ce sens.

Les explications scientifiques les plus courantes, attribuent en effet la naissance de la vie, à la non vie. A l'assemblage de plusieurs molécules (hydrogène, ammoniac, eau condensée) soumis au rayonnement du soleil.

Que cet amalgame moléculaire ait nidifié dans la « soupe primitive » l'océan ou un contexte argileux, le principe est identique. Son origine se situe dans la « non vie ».

Autrement dit : Le vivant est le fruit d'une influence atomique sur un amalgame de composé atomique ... Il apparaît alors comme une construction issue de la matière.



Atome, quarks, vie et amour A l'origine du mouvement dessin d'un quarks styliséL'esprit

La vie se distingue de la non-vie par le mouvement.

La toute première forme de vie s'est donc distinguée de la non-vie par un mouvement.

Ce premier mouvement, ne peut être initié par un mouvement antérieur, un mouvement antécédent. La première manifestation de vie ne peut pas être issue d'une autre manifestation de vie.

Donc, la première « intention » de mouvement se situe forcément dans la matière inerte.

Une « intention » ne peut être qu'immaterielle.

Actuellement la plus petite identité immatérielle agissante, se situe dans l'atome. Ce sont les particules élémentaires*.

  • nous choisirons le quarks pour symboliser cette immatérialité agissante.

L'esprit, sous une forme simple, est déjà présent dans la matière.

L'esprit sophistiqué de l'homme, commande aux actions sophistiquées de l'homme. L'esprit instinctif de l'animal commande aux actions instinctives de l'animal. L'esprit basique de la bactérie commande aux actions basiques de la bactérie, et l'esprit simple des quarks, commande aux actions simples des quarks*

  • qui au final permettent à la matière, à l'univers et aux choses, de garder leurs formes, de ne pas s'écrouler.

L'esprit est donc déjà présent dans l'immatérialité de la matière.

Autrement dit, tout est déjà présent dans l'atome y compris l'esprit.

Par déclinaison, l'esprit humain décline forcément de cette « minuscule identité immatérielle agissante située dans l'atome ». Notre esprit est le fils de l'esprit qui organise l'atome. Qui contraint ce dernier à persister dans sa forme atomique*.

  • Comme notre esprit nous contraint à persister dans sa forme vivante, par delà notre volonté


L'atome domine le neurone L'oxygène de la vie parcours d'un photonLes étapes de l'esprit

En preuve par l'absurde, on pourrait imaginer l'esprit comme étant le fils du neurone. Mais il faudrait alors différencier la vie entre l'animal et le végétal. il faudrait exclure ce dernier du royaume du vivant et faire débuter la vie bien après sa naissance*.

  • le neurone apparaissant bien après la naissance de la vie.

Si nous considérons qu'il existe plusieurs formes d'esprit dans l'univers, nous devons alors distinguer ses diverses formes. Il y a en effet, une grande différence entre l'esprit agitant l'électron, celui de la bactérie, du reptile, du bonobo ou de l'humain.

Disons simplement qu'à chaque étape de son évolution, l'esprit s'enrichit de possibilités supplémentaires.



À la base, il y a l'esprit initial. Ce dernier intime au quarks, à l'électron, « l'ordre » de s'agiter pour constituer la matière.



Et au sommet, il y a l'esprit extatique, qui anime et meut le sage.

Selon ce principe, l'ancêtre de notre esprit se trouve déjà au sein de la matière, dans l'atome. L'autorité de l'atome

D'ailleurs, en termes d'importance dans l'ordre des « pouvoirs », l'atome est supérieur au neurone puisque :



C'est le système atomique qui maintient en vie le système neuronal et non l'inverse.



La concentration anormale de calcium provoque, par exemple, la dégénérescence du neurone.



L'influence des composés atomiques comme le magnésium, les ions, les molécules, le potassium, ou les radicaux libres, est fondamentale dans le fonctionnement neuronal.



Tout ce que nous mangeons, buvons, respirons, autrement dit, tout le vital de notre existence, se réduit finalement (pour nos organes) à un composé d'atomes et de molécules (oxygène, hydrogène, magnésium, etc,).



Cette énergie atomique, ces molécules, gèrent la vie et la mort du neurone.



Elles actionnent notre structure créatrice de concepts et d'actions (nos neurones*)

  • neurones qui sans l'action de cette énergie resteraient inertes.


L'atome, moteur de l'esprit La non-vie, patron de la vie blakeLe quarks, c'est dieu

En somme, l'intimité immatérielle de l'atome, est le véritable « animateur » du cerveau humain.

L'esprit initial est le véritable « patron » de notre esprit.

Autrement dit, l'énergie primitive* est le « véritable dirigeant »de la création et de l'être humain.

  • l'esprit qui anime l'atome, le quark.

Cette énergie, en activant - ou pas - notre cerveau, décide de la vie ou de la mort de l'être humain.

Dans ce sens, l'atome (non-vie) est bien l'unique élément indispensable de la vie.

Et l'intimité immatérielle de cet atome (qu'on le nomme X, dieu ou le quarks) est le véritable père de notre esprit.

http://mecaniqueuniverselle.net/amour-atome/esprit-quarks.php

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logo Automates IntelligentsBiblionet : Gilbert Chauvet La vie dans la matière Le rôle de l'espace en biologie

Champs Flammarion 1998 Notes par Jean-Paul Baquiast - 22/07/01

Cette fiche de lecture s'imposait suite à l'entretien avec Gilbert Chauvet sur France Culture, dont nous publions un condensé détaillé dans le même numéro. Les personnes voulant approfondir les travaux de ce scientifique peuvent en effet, outre la lecture de ses publications dans les revues spécialisées, lire son fondamental "Traité de physiologie théorique" en 3 tomes, publié chez Masson (dont il existe une version mise à jour en anglais chez Pergamon Press), mais surtout un ouvrage beaucoup plus abordable, "La Vie dans la Matière". Observons d'emblée que ce dernier, présenté par l'auteur comme un petit livre, comprend 280 pages très denses, qui ne peuvent s'absorber en un jour, tout au moins lorsque l'on n'est pas familier de ces questions.

"La Vie dans la Matière" date de 1998. Les connaissances évoluant vite dans de tels domaines, la lecture du livre doit nécessairement être complétée des propos de l'auteur relatés dans l'entretien que nous publions. Par contre, le retour au livre s'impose pour mieux comprendre des points de vue qui, dans l'entretien, pourront paraître un peu elliptiques.

Pour notre part, nous n'allons pas reprendre les éclairages apportés par l'entretien au livre, mais proposer quelques commentaires de profane en nous mettant à la place de lecteurs généralistes.

Le rôle de l'espace en biologie

Le livre aborde la question traditionnelle consistant à distinguer l'ordre du biologique de celui de la matière physique. Un organisme biologique superpose aux processus physiques des processus d'une très grande complexité, aboutissant à ces résultats paradoxaux soulignés depuis longtemps, le maintien de la stabilité ou homéostasie chez les organismes, l'accroissement de la diversité des solutions chez les espèces, des performances adaptatives constamment renouvelées pour faire face aux changements environnementaux.

La première question que l'on peut se poser en ouvrant l'ouvrage est cependant de savoir quel en est exactement le sujet. En quoi, sous un titre relativement banal, se distingue-t-il par son originalité. Selon nous, il s'agit d'entreprendre une œuvre immense, encore pratiquement sans précédents de cette ambition : proposer un modèle mathématique de l'organisme vivant, considéré comme un ensemble de fonctions physiologiques intégrées (ayant trait au fonctionnement de l'organisme). Les fonctions, correspondant aux organes et à leurs sous-ensembles jusqu'au niveau des constituants primaires de la cellule, sont en nombre considérable, que ce soit chez un organisme relativement simple, comme le ver ou l'amibe, ou dans un organisme complexe comme l'homme. L'objectif du scientifique sera donc de trouver un ou des principes d'organisation communs, permettant de décrire de façon identique la grande variété des solutions existant dans la nature.

Pourquoi faire ce travail ? Pour répondre précisément à la question fondamentale : en quoi le biologique se distingue-t-il du physique ? En quoi un organisme vivant travaille-t-il de façon différente d'une machine ? Comment peut-il se stabiliser en auto-associant des fonctions, ce qui chez une machine augmente au contraire les risques d'instabilité, l'architecture la plus simple, en mécanique, étant en général la meilleure. On conçoit bien que, sur le plan philosophique comme pour tout ce qui concerne les interventions, médicales ou autres, portant sur le vivant, disposer d'un outil de modélisation commun permettant de schématiser l'ensemble des fonctions du vivant, c'est-à-dire finalement le rôle de chacune des structures composant celui-ci, constitue le premier pas indispensable à toute approche scientifique. Mais la difficulté apparaît quand il s'agit de passer d'une description littéraire des phénomènes (la complexité, l'auto-organisation, l'équilibre loin de l'équilibre…), à des formulations mathématiques. Celles-ci ont, de tous temps, été considérées comme trop réductrices pour s'appliquer à la vie - faute à tout le moins qu'existent des méthodes mathématiques encore à découvrir offrant un pouvoir descriptif suffisant sans être abusivement simplificateur.

La double formation, mathématique et biologique de l'auteur (dont on ne saurait trop admirer l'étendue du cursus et des connaissances) lui permet de s'attaquer à ce défi. Il utilise un double formalisme, la théorie des graphes et celle des champs, couramment pratiquées en physique, mais dont, nous semble-t-il, il est le précurseur en biologie (tout au moins dans l'université française). Le lecteur non-mathématicien n'aura pas besoin d'entrer dans le détail des formules de la dynamique pour comprendre la démarche de Gilbert Chauvet. Un système vivant, que ce soit un système relativement simple comme celui constitué par deux neurones interagissant, ou un organisme complet, est généralement analysé sur le plan de la structure, telle qu'elle apparaît sous le microscope ou le scalpel. Or, cette analyse n'est pas mathématisable. Elle relève de la description littéraire, à laquelle excellent les anatomistes. Si on considère par contre que si les organes se sont associés, au cours de l'évolution, pour constituer un organisme, c'est parce qu'ils avaient quelque chose à échanger, et si on représente mathématiquement les modalités de cet échange, un début de langage commun devient possible.

Le cœur de la présentation proposée par Gilbert Chauvet est qu'il faut admettre que les échanges entre organes (contrairement encore une fois à ce qui se passe entre les rouages d'une machine) ne sont pas locaux et ne sont pas réversibles. Ils ne sont pas locaux en ce sens que l'interaction se fait à distance, par l'intermédiaire de la diffusion d'un produit actif émis par une source (par exemple une glande endocrine) à destination d'une ou plusieurs cibles situées ailleurs dans l'organisme (par exemple d'autres glandes, des nerfs, des muscles, etc. ). Ils ne sont pas réversibles, en ce sens que le produit émis ne revient jamais à son point de départ, mais déclenche toute une série d'actions et de réactions (de type incitation-inhibition) qui façonnent l'histoire de l'organisme dans son environnement. De plus, ces actions et réactions, tout au moins dans l'organisme sain, ne déterminent pas un comportement global instable ou erratique (que l'auteur appelle du nom curieux d' "orgatropie" ou tendance à explorer tout le champ des possibilités d'organisation). Au contraire, elles maintiennent un état stable de "néguorgatropie" ou homéostasie.

Sur le plan mathématique, la théorie des graphes permet de représenter l'action exercée (à distance, répétons le, et de façon irréversible) d'un organe sur l'autre. L'accumulation des observations physiologiques de détail, déjà réalisée ou à réaliser, donnera un véritable buisson de graphes qui, aussi compliqué qu'il puisse paraître, sera plus utilisable pour étudier les actions et réactions, activations-inhibitions, ou simuler l'effet de telle modification, que des descriptions purement littéraires.

Plus surprenante pour la profane est l'utilisation de la théorie des champs. On est habitué à voir mentionner celle-ci en physique, pour décrire les interactions matière-énergie, où une formalisation rigoureuse paraît possible, sous réserve des contraintes de la mécanique quantique, ou de celles de la relativité générale en ce qui concerne la gravité. Mais il n'y a que des avantages, en effet, à la transposer dans le domaine de la biologie, pour représenter la diffusion d'un médiateur quelconque, par exemple un neurotransmetteur ou une hormone, d'une source émettrice vers un organe utilisateur (que l'on appellera alors un puits). La portée de l'action, la variation de densité du produit, la vitesse de diffusion et autres caractéristiques du champ biochimique ainsi crée peuvent effectivement être symbolisées par les équations de la dynamique de ce que Gilbert Chauvet appelle le système biologique formel. Il s'agit évidemment de champs multiples où la formalisation mathématique permettra d'introduire un peu d'ordre afin de faire apparaître certains effets globaux, notamment en matière de maintien ou perte de l'homéostasie, d'intervention réparatrice, etc.

Ajoutons que la non-localité des échanges au sein du système vivant oblige à définir non seulement une géométrie mais aussi une topologie (changement de continuité dans le passage d'une structure à l'autre, qui ne s'impose pas en physique) des sites biologiques actifs et réactifs, autour d'une hiérarchie fonctionnelle d'ensemble. Ceci explique en partie le sous-titre du livre : "le rôle de l'espace en biologie".

Il est évident que ces quelques phrases n'épuisent pas la richesse du livre, concernant les nombreuses conséquences pouvant être déduites de telles approches, et permettant de comprendre les divers aspects des phénomènes vitaux : embryogenèse, physiologie de l'organisme adulte, vieillissement mais aussi évolution d'une espèce à une autre. L'auteur ne cache pas cependant que son travail n'en est qu'à ses débuts. Il faudrait intégrer les multiples études existants dans des domaines différents, en mener d'innombrables autres portant sur l'ensemble du monde du vivant, pour obtenir des modèles mathématiques significatifs du phénomène biologique, afin de mieux situer son apparition dans le monde physique, et ses perspectives d'évolution. Sans doute alors d'ailleurs, outre le manque de spécialistes, la puissance et la pertinence des outils mathématiques actuellement disponibles, même avec l'aide des ordinateurs, ne permettraient-ils pas de rendre compte de la diversité des interactions. On se trouve donc en face d'un programme scientifique quasi-illimité, que l'auteur souhaiterait voir traiter avec les mêmes moyens que la génomique. En effet, les applications multiples potentielles, notamment dans le domaine de la santé, lui paraissent en justifier le financement.

Pour la suite, on se reportera aux propos de Gilbert Chauvet sur France Culture, relatés dans le résumé que nous en donnons, pour mieux comprendre les mises à jour de l'ouvrage qu'il ferait aujourd'hui, en cas de réédition.

Applications possibles

Ajoutons pour notre part quelques commentaires personnels, au regard des perspectives pouvant plus particulièrement intéresser nos lecteurs, qui ne sont pas tous des biologistes, même quand ils s'intéressent à la vie artificielle.

- Un premier point nous paraît susceptible de mériter examen : comment les outils méthodologiques présentés ici pour décrire l'intégration physiologique au sein d'un organisme vivant individuel pourraient-ils être réutilisés pour décrire un organisme social ? On conçoit aisément que celui-ci, même dans le cas où il ressemble beaucoup à un organisme individuel (une ruche par exemple) et à plus forte raison quand il s'agit d'une société, animale ou humaine, plus ou moins touffue, présente une complexité ou en tous cas une variabilité plus grande encore que celle d'un organisme. Les fonctions sont moins individualisées ou plus diffuses, les médiateurs (que l'on pense aux contenus comportementaux ou langagiers) sont multiples, les effets de champs sont bien plus difficilement observables, les topologies varient sans doute beaucoup plus souvent selon des changements environnementaux incessants. Néanmoins, si l'on s'attache à la persistance de la structure sociale, de type homéostasique, qui est une caractéristique souvent ignorée des individus constituant cette structure, on devrait pouvoir retrouver les opérateurs vectoriels et de champs utilisés pour décrire l'organisme individuel. Ceci est d'ailleurs la cas dans certaines études s'efforçant à donner une forme mathématique à divers phénomènes sociaux relativement standards, dans le domaine de l'économie par exemple. Mais on est loin de l'approche véritablement scientifique, généralisée, qui s'imposerait pour mieux comprendre les phénomènes relevant des sciences humaines et sociales dans leur ensemble. Les représentants de ces dernières crieraient évidemment au réductionnisme, mais si des outils mathématiques (encore à créer pour la plupart) permettent de décrire la vie (par exemple le fonctionnement du cerveau) sans réductionnisme, ils pourraient tout aussi bien le faire en matière politique et sociale.

- Une deuxième question, d'un tout autre ordre, concerne la possibilité d'utiliser les algorithmes que les physiologistes intégrateurs comme Gilbert Chauvet appliquent au vivant, afin de réaliser des automates simulant le plus exactement possible les solutions biologiques. Comme on l'a vu à propos des projets de vie ou de conscience artificielles, la méthode généralement envisagée, pour des raisons de facilité, consistera à mettre en concurrence darwinienne des systèmes ou réseaux massivement multi-agents, dont les agents relationnels (aspectuels pour reprendre le terme de Alain Cardon) ou les agents morphologiques prendront en compte les modifications de l'environnement avec pour résultat d'y adapter le système d'une façon optimale.

Cette question rejoint un point que Gilbert Chauvet a peu abordé…mais il ne pouvait pas tout faire à la fois…celui des processus évolutionnaires darwiniens ayant, depuis les premières molécules réplicatives, conduit à une évolution buissonnante, reposant sur le cycle hasard-nécessité, et ayant permis les auto-associations génératrices de stabilité caractéristiques des organismes actuels. On sait que l'ouvrage très remarqué de Kupiec et Sonigo réserve une part immense à la compétition darwinienne et à l'"égoïsme" pour l'accès aux ressources, tant dans l'évolution des espèces, via les génomes, que dans de nombreux autres domaines infra-génomiques, comme la localisation spécifique des cellules et la mise en place des fonctions au cours de l'embryogenèse (concept d'onto-phylogenèse). Il nous semble que les deux approches sont complémentaires. Ce que l'onto-phylogenèse produit doit pouvoir avantageusement être décrit dans les formalismes vectoriels et de champs proposés par Gilbert Chauvet.

Si ceci était exact, il serait (relativement) facile de réaliser des organismes artificiels complexes, non pas en copiant graphe par graphe et champ par champ ce que fait la nature, mais en utilisant les méthodes de la programmation évolutionnaire, à partir d'espaces d'évolution simulant grossièrement les performances que l'on attendra de générations successives d'automates soumises à telles ou telles contraintes.

Voir aussi Entretien : Gilbert Chauvet (Emission "Continents sciences", France Culture, 28 juin 2001)

http://www.gilbert-chauvet.com/viematiereai.htm

Matière noire : les mauviettes restent bien cachées

LE MONDE |

Vous n'ignorez sans doute plus rien du boson de Brout-Englert-Higgs (ou boson de Higgs). Vous savez que c'est cette particule élémentaire, tout juste découverte, qui prodigue leur masse à toutes les autres. Et vous n'ignorez pas que c'était la dernière pièce du puzzle de la physique des particules. Ce serait donc la fin de l'histoire : les physiciens auraient tout compris de la masse des choses.

Hélas ! - ou heureusement -, il n'en est rien. Un bref communiqué du laboratoire de Gran Sasso (Italie), publié samedi 21 juillet, le rappelle : la masse de l'univers va donner encore quelques décennies de fil à retordre à la science. Les chercheurs de la collaboration internationale Xenon annoncent en effet que leur expérience n'est pas parvenue à mettre en évidence les Weakly Interacting Massive Particles (WIMPs) - ces particules suspectées de former l'énigmatique matière noire. Les mauviettes (traduction française de "Wimps") sont encore bien cachées.

Cataclysme épistémologique

Pour comprendre, il faut revenir aux années 1930 et à la mesure de la rotation des galaxies : celles-ci tournent trop vite au regard de la matière visible en leur sein. C'est-à-dire que si elles étaient formées des seules étoiles et des nuages de gaz interstellaires, elles se disloqueraient. Il leur manque beaucoup de masse - environ les quatre cinquièmes - pour que la gravitation contrecarre l'accélération centrifuge, qui tend à les écarteler.

La matière noire est née. On ne la voit ni ne l'éprouve, mais elle doit être là.

Epineux problème, pour lequel le boson de Higgs n'est d'aucun secours. Pour le résoudre, les physiciens imaginent que cette matière énigmatique et invisible puisse être composée de particules (les fameuses mauviettes) qui baignent discrètement notre monde. Elles traversent en permanence la matière normale - celle qui compose le monde visible (êtres, objets, astres, etc.) - sans interagir avec elle. Sans jamais la heurter.

Jamais ? Pas tout à fait. En fonction de la "taille" de ces mauviettes et de leur énergie, il y a toujours une petite probabilité qu'elles touchent le noyau d'un atome du monde visible. Sous le massif du Gran Sasso, bien à l'abri du rayonnement dont le cosmos nous arrose, les physiciens ont donc placé un cylindre de 65 kg de xénon, bardé de capteurs capables de détecter le flash lumineux infinitésimal produit par le choc entre une mauviette et un noyau d'atome de ce gaz rare.

Résultat : bien que plus sensible que les autres expériences analogues (Edelweiss, CDMS), Xenon ne perçoit aucun événement qui se distingue du "bruit de fond".

Mais la physique en a vu d'autres. Un détecteur plus sensible - formé d'une tonne de xénon - doit ainsi être prochainement installé sous le Gran Sasso. Si ce nouveau détecteur ne voit toujours aucune mauviette, on sera alors tout proche d'un cataclysme épistémologique de grande magnitude. Les physiciens n'auront d'autres alternatives que de songer à démonter pièce par pièce des pans entiers de leur discipline. Et de trouver, ensuite, un moyen de tout remonter.

Stéphane Foucart

  • Les conditions nécéssaires à l'apparition de la vie

http://www.syti.net/UniversEquilibre.html



Pour les scientifiques, l'apparition de la vie sur une planète résulte d'une propention naturelle de la matière à s'organiser en structures de plus en plus complexes, lorsque certaines conditions favorables sont réunies.

Ces conditions sont celles d'un équilibre, d'une zone tempérée entre les extrêmes, entre le trop chaud et le trop froid, le trop massif et le trop léger, entre le trop lointain et le trop proche de l'étoile.

Il y a donc une zone orbitale propice à la vie autour de nombreuses étoiles, d'où la probabilité très élevée que la vie puisse exister sur de nombreuses autres planètes dans l'univers.










Condition n°1: La masse de l'étoile

Les étoiles géantes ont une longévité inférieure à 1 milliard d'année. Elles meurent donc avant que des formes de vie intelligentes n'aient eu le temps de se dèvelopper. De même, les étoiles de masse 10 fois inférieure au soleil ne parviennent pas à "s'allumer" (c'est à dire à démarrer le processus de fusion thermonucléaire qui fait la différence entre une étoile et une planète). Les étoiles moyennes comme le Soleil sont donc les plus favorables.

Condition n°2: La masse de la planète

La masse de la planète détermine la composition de l'atmosphère. La gravité sélectionne les atomes retenus sur la planète, et ceux qui peuvent s'échapper vers l'espace.

Si la planète est trop massive, elle retient intégralement les gaz les plus légers comme l'hydrogène et l'hélium, ce qui crée une atmosphère à base de méthane ou d'amoniac, comme sur Jupiter, Saturne, Uranus ou Neptune.

Si la planète n'est pas assez massive, elle laisse échapper l'hydrogène mais aussi les gaz plus lourds indispensables à la vie comme l'oxygène, ainsi que l'eau qui va s'évaporer dans l'espace. De telles planètes dépourvues d'atmosphère sont exposée sans protection à la radioactivité solaire, aux ultra-violets, ainsi qu'au bombardement des météorites. Dans le système solaire, Mercure est un exemple de ce type de planète.




Mercure: trop petite

Terre: OK

Jupiter: trop grosse





Condition n°3: La distance par rapport à l'étoile

La distance par rapport à l'étoile détermine la quantité reçue de rayonnement solaire. Elle conditionne donc:



La température, qui détermine la présence ou non d'eau liquide, indispensable pour le développement de la vie.



La lumière disponible pour les végétaux



La quantité reçue de rayonnements nocifs à la vie et à la stabilité de l'ADN (ultra-violets, rayons gamma)

Si la Terre avait été plus près du Soleil de 4%, son sort aurait été celui de Vénus: une fournaise. Si elle avait été plus éloignée de 1 ou 2%, sa destinée aurait été celle de Mars, une planète glacée. La bande d'espace favorable à la vie autour d'une étoile est donc relativement étroite.




Venus: trop chaud

Terre: OK

Mars: trop froid





Condition n°4: La composition de la planète

Eau, oxygène, carbone, fer, font partie des éléments indispensables à la vie telle que nous la connaissons sur Terre, c'est à dire basée sur la chimie du carbone et de l'eau.

Mais il n'est pas exclu que des formes de vie différentes puissent se développer à partir d'autres éléments chimiques, comme par exemple le silicium, ou le méthane.

La composition interne de la planète et de son noyau va également déterminer la présence ou l'absence d'une magnétosphère, dont l'effet est de protéger la planète des rayonnements dangereux en provenance de l'espace et du soleil. Sur Terre, la magnétosphère est générée par les mouvements du fer en fusion, au coeur de notre planète.




Condition n°5: Les lois physiques de la matière et de l'univers

Si les planètes et les étoiles peuvent exister, c'est d'abord grâce aux lois physiques de notre univers, ainsi qu'au "bon dosage" de ses composants.

Ainsi, notre monde n'existerait pas si il n'y avait pas eu initialement un peu plus de matière que d'antimatière. L'univers que nous connaissons est en effet la matière restante après l'anihilation réciproque des masses de matière et d'antimatière, dans les premiers instants de l'univers.

De même, si la vitesse d'expansion initiale de l'univers avait été plus faible, la phase de nucléosynthèse primordiale aurait duré plus longtemps. Si elle avait duré quelques millions d'années au lieu de quelques minutes, notre univers serait ajourd'hui entièrement constitué d'atomes lourds. Un univers de métal, stable et stérile.

De manière générale, les forces physiques fondamentales (gravitation, force électromagnétique, forces nucléaires électro-forte et électro- faible) et les constantes universelles (vitesse de la lumière, constante de Planck, constante de gravitation...) sont idéalement réglés pour permettre l'apparition de la vie.

Les scientifiques ont calculé que si l'on modifie un tant soit peu les valeurs de ces constantes, l'univers n'aurait pu permettre l'apparition de la vie.

L'astrophysicien Trinh Xuan Thuan résume les choses ainsi: "L'univers a été réglé très précisément pour l'émergence de la vie et de la conscience. Le réglage initial est d'une virtuosité époustouflante: on pourrait le comparer à l'habileté d'un archer qui réussirait à planter sa flèche au milieu d'une cible carrée de 1 centimètre de coté, éloignée de 15 milliards d'années-lumière"...










THEMES ASSOCIES




Dimensions dans l'univers

Quelques données de base concernant l'univers, la matière, et la vie biologique




Voyage dans le système solaire

Un voyage vers des mondes étranges et radicalement différents de la Terre...




Chronologie de l'évolution

Toute l'évolution de l'univers, de la vie et de l'homme en un seul coup d'oeil sur un diagramme du temps...




Matière fractale

En images, les dimensions imbriquées de la matière et de l'univers, de l'infiniment grand à l'infiniment petit.




Embryogénèse

Le commencement de notre vie résume en accéléré toute l'histoire de l'évolution...




Le Tao, philosophie de l'équilibre

Un voyage visuel dans le Tao, une philosophie chinoise de l'équilibre inspirée par l'observation de la nature.




Bipolarités

Les bipolarités antagonistes ou complémentaires, qui régissent notre état intérieur et notre relation au monde.




Bibliographie

Quelques livres initiatiques pour répondre à quelques questions essentielles: D'où venons-nous? Qui sommes-nous? Où allons-nous?...

Pourquoi l’Homme existe ?



C'est une théorie qu'on n'évoque rarement, si ce n'est jamais. Pourtant, n'est-ce pas logique ? Cette démarche n'est ni scientifique, ni philosophique, encore moins spirituelle. Elle pose simplement la question.



Pourquoi l’Homme existe-il ?




Cette malheureuse question a tendance à être délaissée aux religions qui y voient l’intervention divine, aux sectes qui y voient l’intervention de petits hommes verts ou bien aux groupements philosophiques (non moins sectaires) qui y voient la quête de certains concepts tels que le bien, la vie, le bonheur... N’est-il donc pas permis de voir un sens pragmatique, logique à notre existence ?



Pour ce faire, commençons par le commencement : au centre du jardin d’Eden, trônait un pommier, dont les fruits n’étaient pas tout à fait mûrs.

   Pourquoi le pommier a-t-il des pommes ?

Il ne peut se mouvoir, or il veut se reproduire. Quelle bonne astuce alors d’enrober ses graines dans des enveloppes sucrées et les présenter au bout de ses branches à la faune affamée ! L’animal bien rassasié ira alors se soulager de ses besoins naturels à quelques lieux de là, créant alors un parfais engrais pour la graine ainsi éjectée. Voilà l’habile moyen qu’à imaginer l’arbre pour reproduire son patrimoine génétique à plusieurs kilomètres à la ronde sans avoir à soulever la moindre racine.



Avant nous, les dinosaures, pourquoi ?




Dame nature s’est entêtée, dans un premier temps, à créer une faune et une flore toujours plus gigantesque. Dans quel but ? Pourquoi ces immenses oiseaux effilés, à l’épaisse cuirasse d’écaille, comme conçu pour aller franchir l’atmosphère ?



Puis par un fait toujours non résolu, dame nature à soudainement effacer son tableau pour explorer une autre voie : place maintenant à de petits êtres chétifs, mais effroyablement dopés en neurones.



Aboutissement darwinisme de cette voie : l’Homme, dans toute sa complexité. Dénoué d’atouts physiques (il faut se l’avouer) mais terriblement efficace avec sa boite crânienne surdéveloppée aux commandes de 10 doigts agiles. Seule option de survie : utiliser les éléments de son environnement en complément de sa faiblesse physique.



Un Mac Gyver sommeille en chacun de nous. Ainsi l’Homme créa l’outil et plus tard, il puisa dans les ressources que lui offrait généreusement la terre pour se construire des outils gigantesques, jusqu’à être capable à son tour de franchir l’atmosphère.



Si l’homme est si supérieur, pourquoi est-il aussi instable ?



Paradoxe de l’homme : s’il est sans conteste le plus avancé des animaux, il en est aussi le plus bestial. Inutile d’énumérer les exemples. L’homme maltraite sa planète comme il se maltraite lui même. Pourquoi ne parvient-il pas à trouver une stabilité, une harmonie avec lui même et avec la nature ? Pourquoi notre intelligence se conjugue-t-elle avec les sentiments les plus vils ? La réponse se trouve en fait dans la question : le progrès de l’homme passe par sa bestialité, par son besoin primaire de compétition. Les guerres n’ont jamais été que de formidables accélérateurs de progrès technique et un moyen instinctif de l’Homme de limiter sa surpopulation.



Si l’Homme atteignait cette harmonie tant souhaitée, il cesserait finalement de progresser techniquement. Et s’il n’y parvient pas, c’est donc qu’il n’est pas conçu pour vivre en harmonie.



Au fond, l’Homme est un pionnier sadomasochiste destiné à souffrir pour progresser. La véritable question est : jusqu’où devra-t-il aller ?



Quel est le rêve de l’Homme ?



Le bonheur, carpe diem, jouir de chaque instant ? Joli concept, malheureusement nous ne sommes pas conçus pour ça. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer un chat : lui dans son extrême paresse et dans la limite de ses capacités intellectuelles, il jouit de chaque instant. Mais nous Homme à la matière grise bien trop complexe, nous ne pouvons nous empêcher d’alterner les moments de jouissance et ceux de mal-être. Et quand bien même le plus sage des Hommes parvenait à mener une vie de pleine jouissance, l’inévitable échéance de la mort viendrait hanter les derniers moments de ce bonheur trop parfait.



Parvenir à l’osmose avec le divin ? Cela ne serait-ce pas justement l’illusion que s’est bâtit notre matière grise pour pallier la précédente frustration ?



Non, l’homme a commencé à rêver lorsqu'il s’est dressé sur ses deux membres inférieurs et qu’il a forcé sur ses cervicales pour contempler la beauté d’un ciel étoilé dans une nuit de demi-lune.



Plus que tout, c’est ce qui nous différencie des animaux. Ces derniers collent à la terre. Même les oiseaux qui ont le privilège de voler dans les airs ont toujours le bec pointé vers la terre. Nous ne sommes pas les seuls à utiliser des outils et à maîtriser notre environnement : la fourmi ou les abeilles le font tout aussi bien, à leur échelle. Mais observer les astres n’intéresse nul autre animal que l’Homme.



D’ailleurs si l’on étudie l’histoire de l’évolution pensante de l’Homme, dans ses multiples et différentes civilisations, l’astronomie est l’unique fil conducteur qui s’en dégage. Certains hommes y voyaient leurs dieux, d’autres y voient leur destin zodiacal... mais outre le mysticisme, l’astronomie est la plus ancienne des sciences et le véritable indice d’avancement d’une civilisation.



De nos jours, qu’est-ce qui symbolisa mieux la guerre froide si ce n’est la course vers la Lune entre les 2 superpuissances américaine et soviétique ?



Le rêve, la nature, le but, le destin de l’homme est dans les étoiles.



Conclusion



Revenons à notre arbre et ses fruits : celui ci, bien que dénué du moindre neurone, est parvenu à mettre au point une technique hautement ingénieuse pour coloniser son environnement.



Prenons maintenant une plus grande échelle : la Terre elle même. Après une folie des grandeurs infructueuse, celle ci a décidé de développer de petits êtres très (trop ?) ingénieux capables de puiser dans ses réserves souterraines pour créer des outils dont la Nature, seule, aurait été incapable de mettre au point.



La Terre a consentit à un énorme sacrifice en développant ces êtres : pour évoluer, ceux ci anéantissent toute la faune et la flore ambiante. Ne les accablons pas, c’est dans leur gènes. Et il est probable que leur évolution acharnée les amènera à épuiser la Terre et la laisser à l’état d’un caillou poussiéreux.



Mais après tout, un arbre n’est-il pas destiné fatalement à dépérir et mourir ? Seul compte la reproduction de son patrimoine. C’est la seule logique de la Nature. C’est la seule logique de la Terre, qui évolue dans un environnement à plus grande échelle : le cosmos.



L’Homme, fondamentalement progressiste et rêveur, a été conçu dans l’unique but de transmettre le patrimoine génétique de la Terre par delà les étoiles. Sa mission est d’essaimer les astres, à la manière d’une abeille cosmique.



Est-ce une coïncidence que la planète la plus proche de nous, Mars, soit potentiellement adaptée à accueillir la vie ? Dans quelques siècles, l’Homme sera parvenu à coloniser Mars et y aura importé la faune et la flore de la Terre (du moins, ce qu’il en restera). Or il existe des milliards de planètes telles que Mars.



Bien sûr l’Homme devra largement dépasser son stade primitif actuel pour concevoir un jour les outils qui lui permettront d’atteindre ces planètes lointaines. Impossible à imaginer pour le moment. Mais l’homo erectus aurait-il put imaginer qu’un jour il ferait le tour de son caillou en quelques heures et dans les airs, à bord d’un airbus 380 de 500 tonnes (et avec un peu de chance, en première classe) ?



Alors pourquoi l’Homme existe-il ? Nul besoin de se remuer les méninges sur des concepts métaphilosophiques ou d’y voir l’intervention d’un grand schtroumpf cosmique : l’Homme est un simple fruit, et il est encore loin d’être mûr.



Dernière modification par No. ; 23/06/2007 à 15h28. Motif: faute d'accord

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___Pourquoi l'air est invisible ? Matière noire ou masse cachée.. Les galaxies baigneraient alors dans un halo plus ou moins sphérique. Puisqu'elle est pour l'instant invisible, la masse cachée est appelée: matière noire.

Pourquoi l'air est invisible ?

Le côté obscur de la matière noire |

il ne l'est pas sinon tu ne verrais rien ce que tu vois, l'écran par exemple, c'est de la lumière, une onde qui, se diffuse de proche en proche, atome àprès atome, particule après particule jusqu'à tes yeux.. ce que tu vois n'est qu'un echo de la réalité physique



L'écho de la réalité physique me plaît assez bien pour mon imagination sans limite !

Les galaxies baigneraient alors dans un halo plus ou moins sphérique. Puisqu'elle est pour l'instant invisible, la masse cachée est appelée: matière noire.

Depuis 50 ans, l'astrophysique bute sur le problème de la masse cachée. 90% de l'univers serait de la matière noire ou masse manquante. Quelle est la nature de cette masse cachée? Comment est-elle répartie? Comment s'est-elle formée? Autant de questions que la science essaie de comprendre. Pour rechercher dans cette page, sinon voir "recherche" dans le menu déroulant . L'orthographe et les accents ont de l'importance.



Problème



Les estimations de cette masse cachée repose sur un principe très simple. La composition de l'Univers est connue, tout au moins dans sa partie visible. Nous trouvons des galaxies et des molécules composées d'atomes et de particules. Tous sont en mouvement. Leur cinématique et dynamique sont connus grâce à la gravitation, qui est régie par les lois de Newton.



Pour déterminer la masse du Soleil, nous partons d'une planète qui est soumise à sa force centrifuge et à l'attraction du Soleil. La force centrifuge est proportionnelle au carré de la vitesse. L'attraction solaire est proportionnelle à la masse du Soleil et à l'inverse du carré de la distance Soleil-planète. Les orbites étant pratiquement circulaires, il est facile de déterminer la masse du Soleil. Voilà qui explique pourquoi, plus une planète est proche du Soleil, plus sa vitesse orbitale est rapide. Le champ gravitationnel est de plus en plus important à l'approche du Soleil. Il faut donc un accroissement de la force centrifuge pour contre-balancer cette force.



Dans une galaxie, le même principe est appliqué. En prenant une étoile se déplaçant comme toutes ses sœurs dans le sens de la rotation de la galaxie, on détermine sa composante de vitesse. Ainsi connaissant sa distance au centre de la galaxie, sa masse peut être calculée. Il en est de même pour les nuages moléculaires répartis entre les étoiles. C'est ainsi que les scientifiques peuvent déterminer la vitesse de rotation d'une galaxie, par la connaissance de la répartition des masses. Or les calculs montrent que 90% est cachée, pour rendre compte de la vitesse de rotation de toutes les galaxies.



Il semble que la masse manquante se trouve répartie beaucoup plus à l'extérieur des galaxies. Les galaxies baigneraient alors dans un halo plus ou moins sphérique. Puisqu'elle est pour l'instant invisible, la masse cachée est appelée: matière noire.



Les galaxies se regroupent en amas. Elles peuvent être des centaines. On peut aussi analyser la dynamique du groupe. Elles y ont un mouvement désordonné, mais en appliquant un coefficient de dispersion, il a été possible de déterminer que le carré de cette dispersion est proportionnel à la masse de l'amas. C'est en appliquant ce principe en 1933, que Fred Zwicky compris que la masse des amas Virgo et Coma n'était pas suffisante pour les retenir par leur attraction. Il y aurait 90% de matière noire dans les amas.



La mesure, en rayonnement X, des atomes des gaz chauds (ce qui traduit leur vitesse) contenus dans les amas confirma qu'ils possèdent 10 fois plus de masse cachée.



Les lentilles gravitationnelles, que sont les amas, dévient la lumière d'une source lointaine. Or, l'analyse de cette déviation a permis de confirmer que la masse des amas est 10 fois supérieure.



Cosmologie



La dynamique et la géométrie de l'Univers ne pourront être expliquées que lorsque la matière noire aura été trouvée. Selon la valeur de la masse manquante, la densité critique variera vers un sens fini ou infini. La valeur de la densité critique W est voisine de 2.10 - 29g/cm3 (en gros 3 atomes d'hydrogène / m3). L'atmosphère en contient 1.1025au m³. W se calcule à partir de la constante de Hubble H, qui exprime la vitesse d'expansion de l'Univers.



Les modèles du big-bang définissent avec succès la création les noyaux d'atomes des premiers éléments. Or, avec une constante cosmologique L nulle, ceci implique une valeur limite de la densité critique W entre 0,01 et 0,2 (sous forme de baryons). La masse visible contribue pour 0,01 à la valeur de W , donc il doit exister de la matière noire sous forme baryonique. Les baryons sont des particules lourdes: neutron, proton, etc ...Ils sont formés de 3 quarks. Ainsi, l'Univers a des dimensions infinies, son expansion est éternelle et la courbure de l'espace est négative.



Pour une densité critique W=1,000 000 cela signifierait qu'il existe une matière noire constituée de particules exotiques que nous ne connaissons pas. Cette masse manquante serait alors dispersée à l'extérieur des galaxies et des amas. W=1,000 000 cela signifierait qu'il existe une matière noire constituée de particules exotiques que nous ne connaissons pas. Cette masse manquante serait alors dispersée à l'extérieur des galaxies et des amas.



Aujourd'hui, la notion d'inflation expliquerait que par le passé, l'Univers aurait connu une phase d'expansion très rapide avant la première seconde. Cela imposerait un Univers "plat" et sans courbure visible, ce qu'aurait démontré l'expérience Boomerang.



Nature de la matière noire



Aujourd'hui, nous n'en savons rien. Les objets qui la composent n'émettent, ni n'absorbent aucun rayonnement. Ces objets ne sont pas massifs, sinon leur influence gravitationnelle aurait été détectée. Peut-être des objets intermédiaires entre étoiles et planètes (Naines brunes)? Mais il en faudra beaucoup. De récentes mesures montrent que leur nombre n'est pas suffisant dans le halo galactique. Une grande partie de la matière noire pourrait être constituée de baryons.



La découverte de l'énergie du vide a relancé le débat vers une autre voie. Des particules ayant une durée de vie très courte, naîtraient et disparaîtraient aussitôt. Elles seraient donc indétectables. Mais leur énergie subsisterait, emplissant ainsi le cosmos.



Et si la masse manquante était non baryonique ? Cette hypothèse est envisagée, mais quelles sont ces particules lourdes ? D'autre part nous savons que le neutrino à une légère masse (0,1 eV). Mais il faudrait qu'elle atteigne plus 10 eV. On parle d' Axions. Ce sont des particules arbitraires qui furent créés lors d'une théorie sur l'interaction forte et dont la masse serait comprise entre 10-5 à 10-3. Il y a aussi les Cosmions, les Wimps (weakly interactive massive particles) toutes imaginées pour intervenir dans un rôle cosmologique. Il y a aussi les monopôles magnétiques ("aimants" à un pôle), des agrégats de quarks, les cordes cosmiques (de longueur infinie pour un diamètre infiniment petit).



L'imagination fertile des scientifiques cherche toujours 90% de l'Univers.



Août 2000: Et si c'était de l'hydrogène moléculaire H2 ? Voir NGC 891 à la rubrique IMAGES.



Cartographie de la matière noire




la matière noire a été cartographiée Portion agrandie du ciel observé au Chili.

C'est la première fois que la matière noire a été cartographiée dans une région significative du ciel que l'on pensait être dépourvue de matière. Pour ce travail, les scientifiques des labos de la Bell ont utilisé les lentilles gravitationnelles qui provoquent la distorsion de la lumière de galaxies situées à 145 000 al.



La théorie de la relativité générale prédit que la gravité dévie la lumière. La matière noire crée des faibles lentilles gravitationnelles qui déforment les galaxies d'arrière-plan. En analysant ces déformations sur un millier de galaxies, les chercheurs sont capables d'obtenir la distribution de la matière noire sur de larges régions du ciel. C'est le seul moyen actuel, à la disposition du monde scientifique. Leurs résultats sont reproduits dans le magazine NATURE, du 11 mai 2000.



Test des bases de la Cosmologie



Ces mesures permettent aux physiciens de tester les prédictions sur le destin ultime de l'Univers. Pour W < 1, l'Univers se dilatera indéfiniment, pour W=1, il stagne et pour W>1, il se contractera pour retourner vers la singularité. Mais aujourd'hui, cette 3e solution est pratiquement abandonnée. Les mesures du télescope spatial tendent vers W=0,3.



Se basant sur leurs observations, Wittman et ses collègues excluent le scénario cosmologique bien-connu dans lequel il y aurait suffisamment de matière pour que l'Univers arrête son expansion. A la place, ils pensent que l'Univers contient une certaine quantité d'énergie du vide, causant une expansion rapide dans le temps.



La figure ci-dessous montre une vue schématique d'une lentille gravitationnelle occasionnée par une structure de grande masse. Les rayons lumineux, issus de 2 galaxies lointaines, proches les uns des autres, sont projetés sur le ciel en suivant des chemins similaires et en subissant des déflexions gravitationnelles identiques, provoquées par la concentration de matière noire.

une vue schématique d'une lentille gravitationnelle



L'orientation apparente des galaxies est ainsi corrélée sur une échelle angulaire inférieure à quelques degrés. La corrélation d'ellipticité de la masse des champs gravitationnels et des galaxies lointaines donne un écart angulaire. Cette corrélation sur les galaxies lointaines révèle une distribution statistique de la matière noire sur une grande échelle. Ceci est un diagnostic capital pour la compréhension de la cosmologie.



Une caméra mesure la distorsion cosmique.



Les astrophysiciens utilisent une caméra qui fut conçue pour mesurer la distorsion cosmique des images. Elles proviennent de 145 000 galaxies lointaines prises avec le télescope Blanco de 4 m de l'observatoire interaméricain du National Science Foundation. Il est situé sur le Cerro Tololo au Chili. Ils sont arrivés à maîtriser les erreurs introduites dans les images, notamment celles causées par la turbulence de l'atmosphère, en utilisant un millier d'étoiles lointaines.



La distorsion cosmique introduit certaines similitudes dans les images des galaxies d'arrière-plan, qui apparaissent proches dans le ciel. La lumière de telles galaxies passent à travers des volumes de matière noire et se trouve déviée par la gravité de la masse cachée. Le codage de cette distorsion instruit sur la distribution de la masse cachée.



Les chercheurs sont maintenant capables d'élaborer un processus automatique d'analyse des milliers d'images et de décoder la distribution de la matière noire. La forme des galaxies d'arrière-plan se trouve étirée ce qui accroît la difficulté de traitement. Des milliers de galaxies sont nécessaires pour obtenir une valeur moyenne de la forme provoquée par la distorsion.






Un avenir brillant pour la matière noire



La technique mûrit rapidement a déclaré l'un des chercheurs Anthony Tyson. A l'avenir des études similaires vont être entreprises sur des dizaines de millions de galaxies pour voir comment la masse est distribuée à travers l'univers et comment elle évolue avec le temps. Des mesures sont programmées en les combinant avec le rayonnement du fond cosmique qui est le résidu du big-bang, l'explosion qui créa le monde et qui l'on trouve partout de façon homogène, selon Cobe.




la chaleur intense qui a rempli l'univers http://cmb.phys.cwru.edu/boomerang/



Cette image montre la chaleur intense qui a rempli l'univers juste après le Big-bang. Aujourd'hui il reste la structure du rayonnement fossile du fond cosmique (CMB: cosmic microwawe background). C'est le satellite COBE (Cosmic Background Explorer) qui le mit en évidence en 1991. Il a cartographié tout le ciel avec une grande sensibilité, mais avec une résolution angulaire faible. Une nouvelle expérience vient de se dérouler: BOOMERANG, avec une résolution 35 fois meilleure que COBE et couvrant 3% du ciel.



C'est très intéressant de comparer la matière noire avec ce qu'était l'univers lorsqu'il était plus jeune. Si cela réussit, alors la cosmologie aura résolu son problème le plus épineux.



Contribution du CFHT

distribution de la matière noire http://www.cfht.hawaii.edu/News/Lensing/Images/banner.jpg






Une équipe internationale d'astronomes basés en France a obtenu la première distribution de la matière noire dans une large partie du ciel. L'équipe a utilisé le télescope Canada-France-Hawaï (CFHT) pour obtenir des images haute résolution avec la caméra large champ qui analyse 200 000 galaxies lointaines. Ils ont obtenu l'image de la distorsion provoquée par la matière noire. Pour la première fois les cosmologistes obtiennent leur première ouverture sur une explication du rôle possible joué par la masse cachée dans l'évolution de l'Univers.



L'équipe de 13 membres est dirigée par Yannick Mellier de l'Institut d'Astrophysique de Paris et de l'Observatoire de Paris. Elle draine un large éventail d'experts, incluant des cosmologistes, des astrophysiciens, des statisticiens, des spécialistes du traitement d'images et de l'instrumentation provenant de France, d'Allemagne, du Canada et des Etats-Unis.

arcs gravitationnels de l'amas Abell 370 http://www.cfht.hawaii.edu/Science/Astros/Imageofweek/ciw210200.html



Yannick Mellier fut le premier avec Bernard Fort à avoir découvert en 1985 (il était étudiant) les premiers arcs gravitationnels de l'amas Abell 370 (Baleine) avec le CFHT.

retour aux marées gravitationnelles



La matière noire est l'un des problèmes les plus mystérieux que la science moderne connaisse d'autant plus qu'elle constitue 90% de la masse de l'Univers. Sa composition et sa distribution sont inconnues. Sa connaissance nous permettra de comprendre l'évolution du Cosmos. Le dr Ludovic van Waerbeke du CITA (Institut Canadien pour les Théories Astrophysique) à Toronto explique que les cosmologistes essaient de bâtir des théories pour comprendre l'évolution de l'Univers et des galaxies, pourquoi des grands vides et des amas de galaxies en filaments et plaques. Ils voudraient savoir quel est le destin de l'Univers. Se contractera-t-il, se dilatera-t-il indéfiniment ou bien stagnera-t-il ? Bref sans connaissance de la masse cachée, il est impossible dans savoir plus.



Pour tester leur modèle, ils doivent passer par la simulation. Mais en ne voyant que 10% de la matière, il est difficile de juger de la précision du modèle. C'est pour cela que l'équipe utilise la caméra panoramique CFH12K pour observer une surface équivalente à 10 fois la pleine Lune (2 degrés-carré). Yannick Mellier et son équipe ont pu analyser la déformation de 200 000 galaxies lointaines. Ils ont pu établir une première carte, certes imprécise, de la distribution de la matière noire. Ce résultat est non seulement une prouesse technique, mais aussi une avancée importante en astronomie et cosmologie. Il apparaît que les galaxies s'étendent d'une manière cohérente sur de larges portions du ciel. L'effet mesuré est faible, mais la précision du résultat ne laisse peu de doute que la distorsion soit occasionnée par la gravitation de la masse cachée. Les résultats ont été partiellement confirmés par 2 équipes, l'une américaine et l'autre anglaise.



Les résultats fournissent immédiatement quelques contraintes dans l'amplitude de la densité de fluctuations de la matière noire pendant la première seconde, peut-être plus importantes. Mais ils démontrent surtout, la faisabilité d'une cartographie à grande échelle.



Yannick Mellier espère aller plus loin. Actuellement il travaille, avec ses équipes du CEA, du HIA au Canada et du CFHT, sur la Mégacam. Elle sera installée sur le CFHT en 2002. Constituée de 36 capteurs CCD (charge coupled device), elle couvrira un champ 3 fois plus grand qu'actuellement sur un spectre allant de l'ultra-violet à l'infra-rouge. Avec ses 18000 x 18000 pixels (points), elle sera la plus grande caméra panoramique du monde. La quantité d'informations est telle, qu'un centre de traitement d'images a été construit spécialement à l'Institut d'Astrophysique de Paris (TERAPIX).






Sondage de l'Univers



En haut à gauche, nous voyons une image complète du champ de vision de la caméra panoramique. Le cercle indique la taille de la Pleine Lune. Le cadre montre la surface élargie de la zone indiquée sur le ciel. Il a fallu 8 zones identiques (8 heures d'exposition pour chacune) pour mener à bien ce travail.



A droite, l'image montre un groupe de galaxie au premier plan. En arrière plan se trouvent des galaxies lointaines, trahies par des formes elliptiques minuscules.



A gauche, une petite fraction de l'image de droite. On y voit une centaine de galaxies lointaines. La surface totale de l'image de droite en contient 200 000.



Déflexion de la lumière émise par des galaxies lointaines.



La simulation a permis de se rendre compte de la distorsion cohérente de l'Univers à grande distance. Nous voyons la position possible des galaxies à des distances supérieures au milliard d'années-lumière. La matière noire se répartit en long filaments. Sur l'image ci-dessous, plus la brillance est élevée, plus la densité (c'est-à-dire, plus il y a de matière noire) est supérieure aux régions sombres.



La masse cachée est concentrée le long de filaments comme sur une toile d'araignée, avec aux intersections une densité de grands amas. Sur le fond du volume sont représentées 3 galaxies lointaines (disques bleus). La ligne jaune représente la lumière, issue de ces galaxies, se propageant à travers l'espace. En l'absence de matière, le faisceau se propage en ligne droite, mais en présence de masse cachée, les rayons sont déviés par l'effet gravitationnel de la matière noire ( les brisures de la ligne jaune illustre le passage de la lumière à travers les amas de masse cachée). La lumière issue des galaxies lointaines rencontre rarement des concentrations de masse qui la dévie fortement pour rendre visible la distorsion. Au lieu de cela, de petites quantités de photons subissent une série de petites déflexions telles qu'on les observe sur le volume ci-dessus et sont vues comme des images de toutes les galaxies dans une petite surface du ciel, toutes, proches les unes des autres, comme le montre la simulation. Elles sont toutes légèrement allongées dans une direction commune déterminée par la distribution de la matière noire le long de lignes de visée particulières.

Cette vue montre ce que voit un observateur sur la face avant du volume ci-dessus. Il voit la lumière des galaxies (en bleu) passée à travers le volume où se trouve la masse cachée. Il peut voir les galaxies, mais pas les filaments de matière noire, quel que soit le télescope utilisé. Toutefois, il peut remarquer que les galaxies sont allongées dans une direction moyenne. Elles sont étendues parallèlement aux filaments. Cet effet est la conséquence des lentilles gravitationnelles qui étirent le faisceau de lumière d'une galaxie, comme la Lune étire la Terre. En mesurant le distorsion des images des galaxies lointaines, on peut voir la matière noire. Le but ultime de l'équipe française est de cartographier la masse cachée avec la nouvelle caméra Mégacam.



http://www.cfht.hawaii.edu/News/Lensing/#IC



Vision sur la matière noire

La vue de gauche est similaire à celle ci-dessus à la différence que les structures sont affichées avec les zones noires correspondant à une forte densité (plus de matière). La vue de droite représente un recouvrement de la figure de gauche avec la carte de la gravitation causée par de larges structures de matières cachées. La longueur de chaque ligne rouge indique la "force" de la gravitation convergente. L'orientation de chacune des lignes indique la direction de la gravitation convergente: c'est perpendiculaire aux filaments de matière noire, les images de la galaxie s'étendent le long d'une direction perpendiculaire à ces lignes.



En construisant la carte de ces lignes par l'observation de centaines de milliers de galaxies sur de larges portions du ciel (cette image ne couvre que 5 x 5 degrés-carré), les scientifiques seront capables de dresser une carte de la matière noire dans l'Univers.



Ce sont des sortes de neutrinos de masse mv ,inventés par les physiciens dans le but de comprendre la masse cachée de l'Univers. Ces particules apparaissent dans les scénarios de supersymétrie. Pour le photon, ils sont les "photinos".



Ils sont disparus au cours de la première seconde, mais les physiciens cherchent à calculer leur densité résiduelle. Leur potentiel chimique serait nul (wimps = antiwimps).



La section efficace d'annihilation des wimps s est environ mv2/mz4 où mv est la masse du wimp et mz la masse du boson Z des interactions faibles, si mv<mz. Le calcul donne que la masse requise de mv pour obtenir une densité de wimps égale à la densité critique est légèrement supérieur à 1 GeV. Ces particules recherchées de façon très active n'ont pas encore étaient aperçues. Les chercheurs comptent beaucoup sur le nouvel accélérateur (LHC) en construction au CERN à Genève pour leur en dire plus. retour Wimps, Boomerang



Nouveau rapport du 1 octobre 2000



Un article publié dans la dernière édition de Astronomical Journal appuie, avec vigueur, la théorie controversée qui rejette l'hypothèse de la Matière noire composant l'univers, en laquelle croient la plupart des scientifiques.



Dans l'édition d'octobre, l'astronome Stacy Mc Gaugh de l'université du Maryland détaille les prédictions sur le rayonnement fossile du fond cosmique qu'il a faites l'année dernière et qui se sont avérées exactes par la suite. Ce fond diffus cosmologique est un rayonnement très faible que les scientifiques croient être un reste de l'énergie libérée pendant le Big Bang. Les mesures du fond cosmique assorties des prédictions de MC Gaugh furent rapportées dans la revue Nature en mars 2000, par des scientifiques qui ont mené l'opération Boomerang.



Les précisions sur ces prédictions, écrit Mc Caugh, indiquent que l'univers est entièrement constitué de matière ordinaire. Cela contredit radicalement le fait que les 90% de l'univers seraient constitués de matière invisible, dite Matière noire et qu'elle serait constituée de particules autres que les protons, neutrons et autres, qui constituent la matière ordinaire.



Mc Gaugh de déclarer: "Ce que je prédisais correctement dans un article de Astronomical Journal, en octobre 1999, c'est l'amplitude du second pic par rapport au premier, dans le spectre du fond diffus."



Evolution depuis Boomerang



En mars 2000, quand les résultats furent publiés, plusieurs cosmologistes se réjouirent publiquement que la position du premier pic dans le spectre du fond diffus cosmologique indiquée un univers "plat", une clé de l'inflation, un des principes importants de la cosmologie moderne. Cependant, les cosmologistes étaient intrigués par la faible amplitude du second pic, il ne collait pas avec ce qu'ils s'étaient attendus de voir, selon le principe clé de la théorie de la Matière noire.



"D'autre part, l'amplitude du 2e pic était précisément celle que j'attendais si la Matière noire n'existait pas. " déclara Mc Gaugh. Accordant à Mc Gaugh, la base, pour sa prédiction exacte, dans une petite théorie alternative connue appelée MOND, pour modified Newtonian dynamics (dynamique newtonienne modifiée). "Jusqu'en 1994, j'étais comme la plupart des astronomes et je ne pensais pas beaucoup à MOND" dit-il. "Mais à cette date, un problème surgit dans mes données sur les courbes de rotation de la faible brillance de surface des galaxies. Les données n'avaient pas de sens dans le contexte de la Matière noire. Je martelais ma tête contre les murs pendant plusieurs mois, essayant de trouver un sens à cela, lorsque par chance j'ai assisté à un exposé par Moti Milgrom, le physicien israélien qui concevait MOND.



"Sans savoir où j'en étais ou bien avec quel problème je me débattais, il trouva une série de prédictions sur la manière dont se comporte la faible brillance de surface des galaxies auxiliaires, dans MOND. Tout ce qui est si confus dans le contexte de la Matière noire, était en fait une prédiction de MOND."



Pour Mc Gaugh, c'est un exemple classique d'une sorte d'hypothèse testant ce qui forme les bases de la science. Pour lui, avec le cas des prédictions de MOND, la vérité apparaît: la Matière noire n'existe pas.

Voir aussi les mesures de WMAP de février 2003



Nous savons depuis le février 2003 que ces mesures ont été affinées. L'âge de l'Univers est maintenant connu à 1% soit: 13,7 milliards d'années. Ensuite l'Univers est plat et il est en expansion rapide.

Docs: Bell Labs - CFHT - CEA - IAP - C&E - NASA - Première seconde: H. Reeves

http://www.physics.ucsb.edu/~boomerang/papers/debernardis00.pdf

Auteurs: L. Van Waerbeke (CITA), Y. Mellier (IAP, obs Paris), T. Erben (MPA), JC Cuillandre (CFHT), F. Bernardeau (CEA Saclay), R. Maoli (IAP), E. Bertin (IAP, Obs Paris), H.J. Mc Cracken (LAS), O. Le Fevre (LAS), B. Fort (IAP), M. Dantel-Fort (Obs Paris), B. Jain (JHU), P. Schneider (MPA






Energie noire, une chimère ?



L'énergie noire serait une chimère : c'est l'une des interprétations possibles des données issues du satellite XMM-Newton, qui a enregistré le rayonnement X émis par les amas galactiques lointains. Une équipe internationale, à laquelle appartiennent des chercheurs du CNRS*, publiera prochainement ces travaux dans la revue Astronomy & Astrophysics.



Des amas galactiques sèment le doute. Les amas de galaxies sont des « rassemblements » qui regroupent plusieurs milliers de galaxies dans un périmètre de quelques millions d'années-lumière. L'une des caractéristiques des amas, mise en évidence par l'observation dans le domaine X, est la présence de grandes quantités de gaz chaud, à des températures de 10 à 100 millions de degrés. Le pourcentage de ce gaz chaud par rapport à la masse totale reste-il constant d'un amas à l'autre... et d'une époque à l'autre de l'Univers ?



Récemment, le satellite XMM-Newton, de l'Agence Spatiale Européenne (ESA), a enregistré les rayons X en provenance d'amas lointains et notamment de leurs parties les plus externes (les plus représentatives). Lorsque ce rayonnement a été émis, l'Univers avait à peu près la moitié de son âge actuel, il y a sept milliards d'années environ. Les chercheurs ont comparé la fraction de gaz chaud par rapport à la masse totale dans les amas lointains (anciens) et dans les amas très proches (contemporains). Ils montrent que cette fraction n'a guère changé au cours du temps. C'est très troublant : derrière une banalité apparente, ces observations nécessitent une profonde révision des hypothèses, sans que les chercheurs sachent exactement lesquelles déclare Rachida Sadat **.



Comme les données de XMM l'indiquent, les scientifiques ont postulé que la fraction de gaz chaud reste la même dans les amas lointains et les amas proches. Puis ils ont cherché les modèles d'Univers qui vérifient ce postulat. Selon la plupart des cosmologistes, l'Univers serait constitué à 70% d'énergie noire, dont la force de répulsion accélérerait son expansion. Il existe de nombreux arguments, souvent indirects, en faveur de cette énergie. Mais dans cette étude, seul un Univers sans énergie noire permet de vérifier le postulat initial. Ce qui infirmerait l'existence de cette énergie noire. L'année dernière (2004), un résultat toujours obtenu à partir des amas lointains, par une méthode indépendante, avait déjà semé des doutes sur l'existence de cette énergie. La question reste ainsi ouverte.



Les chercheurs envisagent également une seconde interprétation. Les modèles cosmologiques qu'ils ont testés ont la gravitation pour « moteur ». Si d'autres processus astrophysiques sont intervenus dans l'histoire des amas, le test qui infirme l'existence de l'énergie noire n'est plus valide. On sait déjà que le gaz des amas a probablement été réchauffé, peut-être par des particules issues de supernovae. Mais, dans l'état actuel de nos connaissances, ce réchauffement n'a pas été suffisamment énergétique pour modifier notablement la structure des amas. D'autres effets, plus importants, et inconnus, pourraient pourtant avoir eu lieu. Il faudrait alors revoir drastiquement les scénarios de formation des amas, et laisser ainsi la part belle à l'énergie noire

  • Laboratoire d'astrophysique Tarbes et Toulouse de l'Observatoire Midi-Pyrénées (CNRS/Université Paul Sabatier), Centre d'étude spatiale des rayonnements de l'Observatoire Midi-Pyrénées (CNRS/Université Paul Sabatier), Institut d'astrophysique spatiale (CNRS/Université Paris XI), Observatoire de Haute-Provence (CNRS).


** Premier auteur de l'article cité en référence.







COBE: http://space.gsfc.nasa.gov/astro/cobe/cobe_home.html

Matière noire et Mond: http://www.infoscience.fr/articles/articles_aff.php3?Ref=502

http://nedwww.ipac.caltech.edu.level5/Sept01/Milgrom/Milgrom_contents.html

La gravitation temporaliste: http://www.ifrance.com/decalagespectral/mtneuflagravitationtemporaliste.htm

La page de Mond http://www.astro.umd.edu/~ssm/mond/faq.html

Mond http://members.rogers.com/mercy/

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____PEUT-ON DISTINGUER L’ESPRIT DE LA MATIERE ? ® Ce n’est pas l’homme qui raconte le monde mais le monde qui se raconte au travers de l’une de ses modalités, la pensée humaine.

PEUT-ON DISTINGUER L’ESPRIT DE LA MATIERE ?

Par Mme Lefebvre



Introduction

On distingue communément la matière de l’esprit par la propriété, pour l’une d’être tangible et d’occuper une étendue et la propriété pour l’autre d’être immatérielle, ce qui revient à les considérer comme deux substances de natures totalement différentes. Mais est-on en droit de distinguer l’esprit de la matière au point de les considérer comme deux substances indépendantes?

· D’un côté, si l’esprit et la matière sont deux substances totalement distinctes, supposition « dualiste », il paraît illogique d’attribuer de la force à un objet, car on a plutôt tendance à l’attribuer à la volonté, donc à l’esprit ; pourtant cette hypothèse, comme nous le verrons, s’impose pour comprendre certains mouvements. D’autre part, en ce qui concerne l’être humain, comment comprendre l’union de l’âme et du corps ? Comment une substance immatérielle peut-elle agir sur une substance immatérielle, et inversement ?

· D’un autre côté, si l’esprit et la matière ne forment qu’une seule substance, doit-on considérer que tout est matière ou que la matière n’est qu’une vue de l’esprit ?

® Dans l’hypothèse où tout serait matière, ne faut-il pas, par exemple, supposer l’existence du vide pour comprendre le mouvement, donc l’existence de quelque chose d’immatériel ? Quant à la pensée, la connaissance du fonctionnement du cerveau suffit-elle à rendre compte de ce que l’on pense ? Le « matérialisme » ne semble donc pas avoir réponse à toutes nos questions.

® Si à l’inverse, la matière n’était qu’une vue de l’esprit, comment comprendre, par exemple, que je me fasse mal en me cognant sur un mur ? Cette hypothèse semble donc aller à l’encontre du sens commun.

® Comment faut-il donc différencier l’esprit de la matière pour sortir de ces contradictions ? C’est le problème auquel nous tâcherons de proposer une solution après avoir développé les implications de ces trois manières de distinguer l’esprit de la matière.




Développement

1) L’esprit et la matière constituent deux substances non seulement différentes, mais séparées.

Dans la langue courante, les termes de substance et de matière sont confondues : une substance est une matière possédant des propriétés particulières : par exemple, l’huile est une substance grasse, onctueuse et inflammable. Mais le terme de substance désigne également, à propos d’un livre, par exemple, l’essentiel de son contenu. Ce terme désigne, en philosophie, les qualités permanentes et considérées comme essentielles d’une chose par opposition à ses qualités changeantes, le support permanent des qualités changeantes.

Descartes définit la substance de toute matière par trois propriétés : être étendue, divisible et muable, c’est à dire capable de changer d’état, de passer, par exemple, de l’état solide à l’état liquide.

Quant à l’esprit, sa substance réside dans la faculté de penser, c’est à dire de s’interroger et de raisonner en vue de distinguer le vrai de faux. La pensée n’a aucune étendue ; elle ne peut donc ni être divisible, ni être muable.

® La substance de l’esprit et celle de la matière sont donc de nature opposée.




· Conséquences de ce dualisme en physique : Comme Descartes ne retient de la matière que le fait d’être étendue, il traduit les mouvements des corps en problèmes de géométrie afin d’en expliquer les lois. Il ne les conçoit pas en termes de relations de forces. Mais devant la clarté du principe d’inertie, Descartes doit bien s’incliner. Aussi est-il obligé, afin de sauver le dualisme, de faire appel à une explication d’ordre métaphysique : la force d’inertie qui explique la résistance au mouvement des choses immobiles est la volonté de Dieu. Le dualisme ne permet pas non plus de penser la force gravitationnelle : Descartes explique la chute des corps par un mouvement tourbillonnaire de toute la matière de l’univers qui emporte la terre et la lune parallèlement à l’équateur et qui a pour effet de faire tomber les corps vers le centre de la terre. Or la conséquence d’un tel mouvement serait que les corps tomberaient perpendiculairement à l’axe de la terre et non pas en convergeant vers le centre de la terre. Donc le dualisme conduit Descartes à commettre une erreur de raisonnement.

·. Conséquence en ce qui concerne l’union de l’âme et du corps chez l’être humain. Si l’esprit et le corps sont deux substances de nature distincte, comment comprendre l'union de l'âme et du corps ? On constate pourtant que le corps agit sur l’esprit : la douleur, la fièvre, les émotions, la faim, la soif, la fatigue troublent la réflexion. On constate également que l’esprit agit sur le corps : je peux contrôler mes émotions, supporter la douleur au point de l’oublier. Descartes imagine bien que les sensations du corps produisent un influx qui monte par l’intermédiaire des nerfs jusqu’au cerveau ou elles deviennent des représentations. Mais comment une sensation corporelle peut-elle devenir une idée ? Descartes a bien conscience de cette difficulté. Mais plutôt que de renoncer au dualisme, il préfère conclure que notre esprit est trop faible pour comprendre. L’union de l’esprit et du corps n’est donc plus une contradiction ; mais elle reste inexplicable. On peut supposer que Descartes ne reconnaîtrait pas que les neurosciences expliquent l’action de penser. Il jugerait que ce sont les règles de la méthode et non pas les mécanismes cérébraux qui expliquent ce qu’est la pensée. Pourtant, sans cerveau, il ne peut y avoir de pensée.




1) L’hypothèse matérialiste.

· Conséquence en physique : Le matérialisme postule que l’univers n’est constitué que d’une seule substance, la matière puisque ce qui est immatériel est invisible et que c’est alors une vue de l’esprit de supposer l’existence d’une substance immatérielle. Or les matérialistes n’admettent comme preuve que l’expérience. Aucune observation ne peut attester l’existence d’une substance immatérielle ; donc ils préfèrent se passer d’une supposition que l’on ne peut pas prouver par l’expérience.

Or la matière n’est pas divisible à l’infini mais que les corps sont constitués « d’atomes », c’est à dire de très petites corpuscules insécables. Les corps se forment et se désagrègent en raison d’une agitation perpétuelle des atomes qui n’a ni commencement ni fin ; ils ne peuvent se mouvoir que dans le vide. Mais comme il n’est pas question d’affirmer l’existence d’une chose invisible et que le vide est invisible, les matérialistes supposent le vide alors qu’ils ont horreur de faire des suppositions sans preuves.

D’autre part, ils considèrent que les atomes sont insécables car si l’on pouvait diviser la matière à l’infini, on arriverait à des particules si infiniment petites qu’elles en seraient quasi immatérielles et il deviendrait impensable que quelque chose naisse de quasiment rien. C’est donc en vertu d’un raisonnement théorique et non pas de l’observation que les matérialistes conçoivent les atomes comme étant insécables, alors qu’ils ne jurent que par l’observation. D’autre part, sans la pure supposition de l’existence possible de choses invisibles à l’œil nu, les instruments d’observation de ce que l’œil ne perçoit pas n’auraient jamais pu être inventés, lesquels permettent en retour de prouver par l’expérience que les atomes sont sécables…

· conséquences à propos de l’esprit : La pensée n’est pour les matérialistes qu’une propriété de certains corps. Ce postulat appliqué à l’étude actuelle du cerveau, conduirait à dire que la connaissance de la pensée équivaut à celle des mécanismes du cerveau. Or la connaissance du cerveau correspondant à la pensée « j’adore les chats » n’explique pas que j’ai pensé cela plutôt qu’autre chose. Ce que je pense à partir d’une observation est un événement imprévisible qui est de l’ordre du sens et non pas d’une explication mécanique. Or nous nous déterminons en fonction de ce qui a du sens pour nous et non pas en fonction des effets mécaniques d’une perception.




2) Et si la matière n’existait pas ?

·. Dans la physique classique, la masse d’un corps fut toujours associe à une substance matérielle indestructible. La théorie de la relativité a montré que la masse n’a rien à voir avec une substance quelconque, mais est une « forme de l’énergie ».La découverte de l’électron, du proton et du neutron avait suggéré qu’il serait possible de réduire la totalité de la matière à l’agencement de trois particules élémentaires, mais l’histoire de la physique ne s’est pas terminée là. La découverte de nombreuses sub-particules a complètement ruiné l’espoir de ramener à quelques uns les constituants fondamentaux de la matière. Ce n’est pas que leur découverte ouvre une série indéfinie, c’est l’idée même de composant ultime qui est remise en cause ; de même que se voit remise en cause l’idée présente dans l’attitude naturelle selon laquelle il existe de la matière solide. Il vaut mieux la considérer comme étant un « champ d’énergie pure ».

Moyennant quoi, au lieu de considérer que la matière peut devenir de l’énergie, c’est au contraire l’énergie qui est susceptible de devenir provisoirement de la matière. Le terme de matière ne fait que dénommer un certain état de l’énergie.

.· Quant à la science, force est de reconnaître que sa croyance selon laquelle la nature possède une réalité « objective », indépendante de nos perceptions sensorielles et nos moyens d’investigation est une illusion ; croire que le monde serait tel qu’il est , même si il n’y avait aucun observateur humain pour le poser est une illusion. Le physicien Heisenberg pose un principe d’incertitude : « ce que nous observons n’est pas la nature elle-même, mais la nature exposée à notre méthode d’investigation ». Cela signifie que l’observateur n’est pas extérieur à ce qu’il observe : à l’échelle de l’infiniment petit, l’observation modifie les phénomènes observés. On ne peut donc pas séparer l’esprit qui observe et les phénomènes énergétiques observés.




Conclusion.

Alors, de quelle manière peut-on distinguer l’esprit de la matière ? Selon l’approche dualiste comme selon l’approche matérialiste, matière et esprit sont différenciées de façon si radicale que le réel en devient impensable. La physique quantique sort de cette impasse en abandonnant la notion de matière au profit du seul concept d’énergie et en ne séparant pas l’observateur de la chose observée.

Qu’est-ce donc alors que le réel ? Le philosophe Spinoza avait déjà renvoyé dos à dos le dualisme et le matérialisme. Le réel n’est autre que la Nature qui se pense elle-même tantôt en terme de matière, tantôt en terme d’esprit. La matière et l’esprit ne sont que deux façons de parler du réel.

® Ce n’est pas l’homme qui raconte le monde mais le monde qui se raconte au travers de l’une de ses modalités, la pensée humaine.

http://etablissements.ac-amiens.fr/0601863z/matieres/philosophie/lefebvre/corriges/distinguerespr

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