L' Avocat (4 fiches métier)
L' Avocat vu par le Cedies
Un minimum de 4 années d’études supérieures pour entamer une carrière juridique, 6 mois de cours complémentaires et 2 années de stage pour avoir accès à la profession d’avocat, et quelques années de plus pour voler de ses propres ailes…
les missions de l’avocat
1. obligation de défense : la mission première de l’avocat est d’assurer l’assistance juridique de ses clients. L’avocat représente en justice ses clients et y défend leurs intérêts. Il ne peut, en principe, refuser une cause.
2. le secret professionnel : un des attributs fondamentaux de la profession d’avocat. Il garantit la
liberté de l’individu et le bon fonctionnement de la justice.
3. le conseil : l’avocat donne son avis dans une matière spécifique lors de négociations de contrats,
d’arbitrage de conflits. L’avocat tente par la conciliation ou la transaction d’épargner le procès à son client . Mais il n’a pas le monopole de cette activité et la partage avec d’autres spécialistes comme les notaires, les experts comptables, les juristes d’entreprises…
4. les autres missions : suppléance d’un magistrat ; mandats de justice ; arbitrage.
la profession aujourd’hui
Tout comme le médecin ou l’architecte, l’avocat exerce une profession libérale et indépendante.
La loi du 10 août 1991 règle de manière précise les conditions d’accès à cette profession (voir annexe). Les avocats établis au Luxembourg sont réunis au sein d'une organisation professionnelle, le Barreau de Luxembourg. Pour être admis au Barreau, le candidat doit justifier de sa capacité professionnelle et de son honorabilité. Le nombre d’avocats pouvant s’installer dans un arrondissement n’est pas limité.
Généraliste avant tout
De par la loi, l'avocat est avant tout un généraliste. Mais que l'on choisisse de collaborer avec un gros cabinet d'affaires ou de " visser sa plaque " pour ouvrir sa propre étude, le métier revêt, au quotidien, des aspects très différents. Schématiquement, on distingue trois catégories d'avocats :
• les avocats "de proximité" qui règlent les problèmes de la vie quotidienne et les affaires familiales
• les avocats d'affaires, dont les principaux clients sont les entreprises
• et les pénalistes ou avocats d'assises qui occupent parfois le devant de la scène, bien qu'ils ne soient qu'une minorité.
Le métier d' Avocat au Sénégal
Le métier d' Avocat au Sénégal vu par Xibar
ME WAGANE FAYE : « L'AVOCAT NE MENT PAS...,
- Des homosexuels, il en existe chez les hautes personnalités de, l’Etat et les religieux ».
Maître Wagane Faye a 29 ans de barreau. Sans prétention, on ne pouvait pas trouver mieux pour évoquer des tabous sur la corporation. Lorsque nous le sollicitons pour un entretien, Me Wagane a dû jouer des coudes pour nous trouver une place dans son agenda. Et quand il nous reçoit chaleureusement à son cabinet sis la rue Vincens, superbement vertu d'un boubou Bazin vert sombre, le fin juriste ne déroge pas au formalisme. Présentation d'usage, échange de civilités, accord sur le libellé de l'entretien et vérification d'identité (on ne sait jamais). Ces préalables, une fois évacué, nous abordons le vif du sujet. Lisez plutôt !
L'homme de la rue juge l'avocat "menteur". selon vous est-ce que l'avocat serait vu à travers un prisme déformant ou ces accusations de l'homme de la rue auraient une part d'exactitude ?
Me Wagane Faye : Je pense qu'on ne peut pas dire l'accusation portée par l'homme de la rue sur les avocats. L'homme de la rue n'accuse pas l'avocat de menteur. L'homme de la rue peut à l'occasion d'une affaire qu'il a avec un avocat dire que l'avocat est malhonnête, c'est tout. Mais tel est malhonnête n'a rien à voir avec toute une corporation, pour dire que ce sont des menteurs. Un menteur, c'est celui qui dit des contre-vérités sciemment. Donc je réfute ce qualificatif de menteur s'agissant des avocats.
II n'y a pas que la rue qui formule des jugements défavorables à l'encontre des avocats. Montaigne, par exemple, vous qualifiait de "menteurs à gages" et La Bruyère vous accuse de "de déguiser la vérité, de citer faux, de calomnier".
Me W. F. : L'avocat, comme vous venez de le dire, peut-être qualifié de menteur par un intellectuel. Mais encore une fois, qu'il s'agisse de l'homme de la rue ou de l'intellectuel, dire que les avocats sont des menteurs, ou que les administrateurs civils sont des menteurs ou que les médecins sont des menteurs ou encore que les journalistes sont des menteurs sont des mots qu'on lance comme ça mais qui n'ont pas de contenu. On peut dire tel avocat m'a menti mais, de là à dire que les avocats sont des menteurs, je dis non ! que ce qualificatif vienne de l'homme de la rue ou d'un intellectuel, c'est tout comme.
La place de la moralité dans la profession d'avocat.
Me W. F. : Sur la moralité également, chacun se fait son idée. On dit que l'avocat défend toutes les causes même les causes les plus immorales. En règle générale, l'avocat qui prête serment défend tout. Chaque fois qu'il est en face de quelqu'un qui a besoin d'être défendu, il le défend. Récemment, j'ai suivi une émission à propos des homosexuels. Les avocats ont quand même l'art de faire la part des choses. Dire que telle chose est absolument mauvaise, qu'il faut la bannir, qu'il faut la brimer, quand on pousse la réflexion, on se rend compte que ce que l'homme fait souvent a des justifications. II y a des gens qui ne savent pas pourquoi ils sont devenus homosexuels. Est-ce tout à fait naturel ou non. Ce qui fait que vous trouvez des homosexuels dans toutes les catégories sociales. Chez les religieux, vous trouvez des homosexuels, chez les personnalités haut placées de l'Etat, vous trouvez des homosexuels. II faut analyser le phénomène au lieu de dire qu'ils sont ceci ou cela. Les avocats qui avaient défendu les homosexuels jusqu'à les faire sortir de prison, ils les ont défendus sur la base des textes. Ils avaient été emprisonnés sur la base de procès verbaux qui n'étaient pas conformes à la loi. C'est normal que l'avocat se base sur des textes que les députés ont votés pour obtenir des résultats. Les députés en votant la loi, ils n'ont pas dit sauf le cas d'homosexuels ou de ceci ou cela. La loi est la même pour tout le monde. II faut la respecter. Si on ne la respecte pas, le rôle de l'avocat est de voir où est-ce que la loi a été bafouée et en tirer profit pour celui qui lui a fait confiance pour assurer sa défense. Mais il y a des cas qui personnellement me répugnent. II m'est arrivé deux fois de refuser de défendre des gens parce que ce dont ils étaient accusés était abominable. Quand des cas heurtent ma conscience, je me retiens. Je dis non, très sincèrement, je ne peux pas défendre ce cas. Pour défendre quelqu'un, il faut être convaincu un peu de son côté moral, de son côté légal ou illégal. Si c'est une affaire absolument illégale, immorale, quand tu veux défendre, tu n'y vas pas avec toutes tes forces !...
Dans l'approche de la défense d'un client, est-ce que l'avocat se rassure préalablement si les accusations portées contre son client sont-elles fondées avant de s'engager à le défendre ?
Me W. F. : Non, l'avocat n'a pas à dire avant de me constituer, il faut que je sois sûr que ce dont un individu est accusé ou ce dont il est accusé est fondé. Le client vient te dire voici mes desiderata, ce que je veux. On m'accuse d'avoir assassiné. Je n'ai pas assassiné. Mais je reconnais avoir tué. Mais pour l'homme de la rue tuer ou assassiner, c'est kif-kif. L'avocat devant le juge se battra pour que le coup mortel sans intention soit retenu plus tôt que l'assassinat qui peut amener à la peine de mort dans les pays ou cette peine existe. En matière civile, celui qui vient demander à l'avocat de poursuivre Mr.X qui lui doit, je lui demande les documents sur la base desquels, il veut le poursuivre. S'il les a, il les donne, dans le cas contraire, il raconte les faits. Vous en tant qu'avocat, vous cherchez à savoir comment vous pouvez constituer, reconstituer, je ne dis pas pré constituer mais reconstituer des preuves. En matière pénale où toutes les preuves sont recevables, c'est plus simple. Finalement l'avocat à priori ne dit pas avant d'accepter de défendre, il faut que je vérifie si tu as raison. Tu peux ne pas avoir raison, mais l'avocat peut être utile par ce qu'il peut amoindrir le poids de la sanction.
Est-ce que le justiciable Sénégalais a des raisons de désespérer de sa justice ?
Me W. F. : Si vous comparez ce qui se passe au Sénégal à ce qui se passe ailleurs en Afrique, c'est un pas-degéant ici par rapport à ce que j'ai vu ailleurs. J'ai plaidé trois fois en Côte d'Ivoire, en Guinée Conakry, en France. Pour me limiter au cas de l'Afrique, le Sénégal sans être une justice parfaite a une justice crédibie que celle d'ailleurs.
La corruption dans le système judiciaire Sénégalais.
La corruption existe. Dans ce domaine également, toute proportion gardée, la corruption est moins développée au Sénégal que dans tous ces pays Africains où j'ai été. Ici quand même; c'est assez fin et quand elle est découverte, il y a des sanctions. Ailleurs, ce n'est pas le cas.
Votre collègue Me Doudou N'Doye a dénoncé l'anticonstitutionnalité de la procédure d'institution du vice-président. Partagez-vous son avis ?
Me W. F. : Me Doudou N'Doye a raison de considérer que le processus qui a abouti à l'institutionnalisation de vice-président n'est pas conforme à la constitution. Je ne sais pas si qui de droit déferrera cette loi auprès du Conseil constitutionnel ou pas. Si le Conseil constitutionnel, c'est mon avis, statue en toute liberté, sans pression, et se préoccupe de ne dire que le droit, cette loi sera déclarée anticonstitutionnelle, donc à écarter. Mais avant ce cas, il y a eu d'autres cas qui étaient aussi manifestes, malgré l'inutilité de ces réformes constitutionnelles, les juridictions qui avaient été saisies ont donné satisfaction au pouvoir exécutif. Donc sur le plan politique, les décisions qui sont souvent rendues me semblent moins conformes à la loi fondamentale que sur le plan purement civil ou du droit commun.
Pourquoi avoir choisi d'être avocat ?
Me W. F. : J'ai choisi le métier d'avocat car déjà tout jeune, je savais que compte tenu de mon caractère, je ne pouvais être qu'avocat ou enseignant. Le métier d'avocat est une profession libérale. Tu n'as aucun chef au-dessus de toi. Tu agis librement. Et c'est justement ce besoin de liberté qui fait que les avocats quand ils doivent par exemple prendre une fonction ministérielle, ils doivent démissionner ou se faire omettre au tableau jusqu'à ce que tu quittes la charge ministérielle. L'avocat peut-être député parce qu'un député n'est pas soumis à une hiérarchie.
C'est comme le professeur d'université qui peut-être député. Voilà pourquoi moi j'ai choisi d'être député. Ce n'est pas pour le goût du luxe. Ce n'est pas parce qu'on est avocat qu'on est riche. Au moins quand on est avocat, on est libre.
Vos déceptions et vos moments de joie
Me W. F. : Chaque fois que je tire quelqu'un d'affaire, c'est un moment de joie. Quelqu'un qui vient vous voir les larmes aux yeux et il sort avec le sourire, c'est un moment de plaisir. Les moments de déception, ça peut arriver quand dans une affaire que tu vois bel et bien que le droit est du côté de ton client et qu'au bout du compte, il perd son procès. Si évidemment tu es convaincu qu'il n'a pas perdu parce qu'il n'a pas été à la hauteur. L'issue d'un procès dépend de plusieurs facteurs. La compétence de l'avocat, la compétence et l'honnêteté du juge et son courage de se débarrasser de toutes les pressions. Quand ces conditions sont remplies, on peut rendre une bonne décision de justice.
La perte d'un procès, vous a-t-elle par moments affecter au point de vouloir jeter l'éponge ?
Me W. F. : Jamais ! Un avocat ne peut pas dire, je ne perds pas de procès. Tu en gagnes et tu en perds. Alors, ce n'est pas parce que je perds un procès que je jette l'éponge. Si c'était le cas, beaucoup d'avocats auraient jeté l'éponge. Quand vous perdez un procès en première instance, il y a les voies de recours. II y a l'appel et quand tu perds également, il y a les voies de cassation. Donc on persévère pour arriver au but qu'on croit devoir atteindre. Si maintenant, on ne l'atteint du tout pas au bout du rouleau, il n'y a que la Justine divine qui est réellement juste. Et que la justice humaine est tributeur d'erreur.
Les qualités qu'un avocat doit avoir pour être un « bon » avocat.
Me W. F. : Le bagage intellectuel est fondamental. Et l'ardeur au travail l'est tout aussi.
Le courage aussi est nécessaire. Pour défendre ton client, il faut du courage pour faire ton travail. II faut du courage pour pouvoir dire non aux amis, aux parents, aux beaux-parents qui veulent vous emmener dans une voie qui n'est pas conforme à l'engagement de l'avocat vis-àvis de son client.
Vos conseils aux jeunes aspirant à la profession d'avocat.
Me W. F. : II faudra bien se former et avoir du courage. Ça c'est fondamental. Étre intelligent, c'est bon, mais l'intelligence, ce n'est pas quelque chose qu'on force contrairement à l'ardeur au travail. Le courage, on peut la forger ou l'acquérir. Voilà un ensemble de facteurs qui s'ont indispensables. Et ceux qui aspirent à porter la robe d'avocat doivent veiller à les posséder.
Réalisé par Yacouba Diarra TRAORE
Source: Pic. Vendredi 29 Mai 2009
Fiche métier de l' Avocat
http://www.studya.com/formations_metiers/senegal/avocat.htm
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