Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  News pays     Contact   Qui sommes-nous ?     

Créer votre blog | Administrer votre blog |Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi 28 juillet 2012

____Droits Civiques IIème partie : "Notre jeunesse avait besoin de voir un homme noir surmonter les obstacles dans une arène intellectuelle" 06/01/2009 Malik Zulu Shabazz, président du New Black Panther Party s'exprimait au sujet de Barack Ob

Diplômé de la faculté de droit de l’université de Howard, activiste, avocat, militant et président depuis 2001 du "New Black Panther Party", Malik Zulu Shabazz a donné sa perception de Barack Obama dans une interview au site eurweb.com. A une question au sujet de ses sensations depuis la victoire de Barack Obama, Malik Zulu Shabbazz a répondu qu’il se "sentait bien" et qu’il irait à Washington à l’occasion de l’investiture de Barack Obama pour "organiser, recruter, faire du networking".

Evoquant l’autobiographie d’Obama "les rêves de mon père NDLR", il a déclaré : "J’ai aimé ce livre. Ce n’était pas vraiment mon type d’idéologie(...) mais ça m’a permis de découvrir le background de Barack et sa façon de penser. J’ai ressenti une expérience partagée avec lui en tant qu’animateur social, particulièrement en ce qui concerne les voyages et les moments où le combat est tellement difficile que les gens que vous aimez vous disent d’abandonner et de poursuivre des buts uniquement financiers. J’ai aimé le fait qu’il se soit intéressé à Huey Newton et au mouvement du black Power. J’ai aimé le fait qu’il choisisse Jeremiah Wright comme pasteur. C’était un bon livre. Barack est une source d’inspiration pour moi et je vois des points communs entre son 'voyage' et le mien."

Publicité



Malik Zulu Shabazz Malik Zulu Shabazz

Pour Malik Zulu Shabazz, l’Amérique n’est en rien une société post raciale : "la race est toujours un facteur pris en compte aux Etats-Unis. Mais l’élection d’Obama signifie que les Noirs peuvent faire ce qu’ils ont envie de faire, en dépit du racisme systémique. Notre jeunesse, qui a essentiellement pour modèles des sportifs et des artistes, avait besoin de voir un homme noir surmonter tous les obstacles dans une arène intellectuelle pour comprendre que nous pouvons en tant que peuple tout accomplir dans notre évolution dans ce monde."

A la question de savoir s’il était correct de critiquer Obama au sujet du conflit actuel dans la bande de Gaza alors qu’il n’avait pas encore pris ses fonctions, Malik Zulu Shabazz a déclaré :

© getty

"Obama n’a pas été silencieux au sujet de l’économie, ni des attaques à Mumbai, ou au sujet d’autres problèmes. Si Bush est un canard boîteux, alors Obama doit s’exprimer sur des sujets critiques qui seront sur son bureau le 21 janvier. Actuellement, Obama est pris entre deux feux. Il a déclaré son soutien à Israël pendant la campagne électorale, et maintenant se trouve dans une position où il risque d’être politiquement brûlé par ce soutien parcequ’Israël ne partage pas sa vision de réconciliation et de justice.

Ehud Barak, le ministre de la défense d’Israël et candidat aux élections présidentielles utilisent des déclarations précédentes d’Obama comme justifications partielles de ses attaques vicieuses et de ses actions désordonnées. Donc alors qu’Israël continue de bombarder et d’envahir illégalement Gaza, il n’est pas prématuré de notre part d’appeler Obama à prendre la position juste (...) Si Obama tient sa promesse de soutenir inconditionnellement Israël, ce que nous ne lui conseillons pas, il commencera à perdre la bonne volonté présente dans le monde entier et qui a rendue sa présidence si attractive pour les peuples les plus sombres et les plus opprimés de la planète. "

Bobby Seale, co-fondateur du mouvement des Black Panthers dans les années 60 Bobby Seale, co-fondateur du mouvement des Black Panthers dans les années 60 © getty

Evoquant le conflit entre le New Black Panthers Party et Bobby Seale (un des fondateurs des Black Panthers dans les années 60 NDLR), Malik Zulu Shabbaz a répondu aux critiques de ce dernier qui affirmait que la direction des New Black Panther n'était qu'une bande de "serviteurs du gouvernement", était raciste et soutenait Al Quaeda :

"Est ce que j'ai l'air de quelqu'un qui n'a pas étudié ? Est ce que j'ai l'air d'un raciste ? Dites moi quand j'ai supporté Al Quaeda un jour. Le problème de Bobby Seale c'est qu'il ne sait rien de moi et du nouveau parti des black panthers. Il veut tellement discréditer une nouvelle génération qu'il refuse tout dialogue et est donc très ignorant et se laisse déborder par l'émotion quand il discute à notre sujet. Bobby Seale sait également, à partir de son expérience personnelle, que qualifier quelqu'un de "serviteur du gouvernement" sans aucune preuve est une façon de faire qui relève du Cointelpro Conter Intelligence Program, un programme conçu pour discréditer et éliminer les Black Panthers dans les années 70 NDLR.

Bien qu'il persiste à diffamer le nouveau parti des Black Panthers, nous l'ignorerons parceque notre parti grandit tous les jours, et s'il ne comprend pas aujourd'hui, il comprendra peut-être demain. (...) Nous avons de bonnes relations avec les anciens Black Panthers partout aux Etats-Unis. Notre mouvement du black power changera la nature de la lutte aux Etats-Unis".

lire la suite

_____DROITS CIVIQUES "I have a dream", le discours complet de Martin Luther King 23/08/2003 ---- Stokely Carmichael (1941-1998), un leader du Black Power 13/07/2010 Militant convaincu de la cause afro-américaine et défenseur des intérêts africa

  • Discours prononcé par Martin Luther King le 28 Août 1963 lors de la marche de Washington

Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation.

Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Emancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité.

Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propre pays.

C’est pourquoi nous sommes venus ici aujourd’hui dénoncer une condition humaine honteuse. En un certain sens, nous sommes venus dans notre capitale nationale pour encaisser un chèque. Quand les architectes de notre République ont magnifiquement rédigé notre Constitution de la Déclaration d’Indépendance, ils signaient un chèque dont tout Américain devait hériter. Ce chèque était une promesse qu’à tous les hommes, oui, aux Noirs comme aux Blancs, seraient garantis les droits inaliénables de la vie, de la liberté et de la quête du bonheur.

Il est évident aujourd’hui que l’Amérique a manqué à ses promesses à l’égard de ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple Noir un chèque en bois, qui est revenu avec l’inscription “ provisions insuffisantes ”. Mais nous refusons de croire qu’il n’y a pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance, en notre pays. Aussi, sommes-nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous donnera sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.

Nous sommes également venus en ce lieu sacrifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants des demi-mesures. C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie. C’est l’heure d’émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale. C’est l’heure d’arracher notre nation des sables mouvant de l’injustice raciale et de l’établir sur le roc de la fraternité. C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. Il serait fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence du moment. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité.

1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel.

Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse.

Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui donne accès au palais de la justice : en procédant à la conquête de notre place légitime, nous ne devons pas nous rendre coupables d’agissements répréhensibles.

Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique.

Le merveilleux esprit militant qui a saisi la communauté noire ne doit pas nous entraîner vers la méfiance de tous les Blancs, car beaucoup de nos frères blancs, leur présence ici aujourd’hui en est la preuve, ont compris que leur destinée est liée à la nôtre. L’assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l’injustice doit être mené par une armée bi-raciale. Nous ne pouvons marcher tout seul au combat. Et au cours de notre progression il faut nous engager à continuer d’aller de l’avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière.

Il y a des gens qui demandent aux militants des Droits Civiques : “ Quand serez-vous enfin satisfaits ? ” Nous ne serons jamais satisfaits aussi longtemps que le Noir sera la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos corps, lourds de la fatigue des voyages, ne trouveront pas un abri dans les motels des grandes routes ou les hôtels des villes.

Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos enfants, même devenus grands, ne seront pas traités en adultes et verront leur dignité bafouée par les panneaux “ Réservé aux Blancs ”. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps qu’un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu’un Noir de New-York croira qu’il n’a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits et ne le serons jamais, tant que le droit ne jaillira pas comme l’eau, et la justice comme un torrent intarissable.

Je n’ignore pas que certains d’entre vous ont été conduis ici par un excès d’épreuves et de tribulations. D’aucuns sortent à peine d’étroites cellules de prison. D’autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d’être battus par les orages de la persécution et secoués par les bourrasques de la brutalité policière. Vous avez été les héros de la souffrance créatrice. Continuez à travailler avec la certitude que la souffrance imméritée vous sera rédemptrice.

Retournez dans le Mississippi, retournez en Alabama, retournez en Caroline du Sud, retournez en Georgie, retournez en Louisiane, retournez dans les taudis et les ghettos des villes du Nord, sachant que de quelque manière que ce soit cette situation peut et va changer. Ne croupissons pas dans la vallée du désespoir.

Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.

Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.

Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.

Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.

Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.

Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado ! Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !

Mais cela ne suffit pas.

Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie ! Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee ! Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne le cloche de la liberté !

Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”.



Stokely Carmichael

Stokely Carmichael est né le 29 juin 1941 à Port-of-Spain, dans la petite île caribéenne de Trinidad-et-Tobago. Son père Adolphus, charpentier, et sa mère Mabel, hôtesse de l’air, quittent le pays, laissent leur enfant avec sa grand-mère et tentent d’améliorer leur situation économique aux États-Unis.

En 1952, alors âgé de onze ans, il part avec ses trois sœurs et rejoint ses parents à New York, dans le quartier de Harlem. Il devient le seul noir de la bande d’enfants de sa rue. Plus tard il dira qu’il était « le bon petit nègre avec qui tout le monde était gentil ». Malgré le manque de ressources de ses parents, il parvient à intégrer certaines bonnes écoles du Bronx, où la famille s’est installée rapidement, comme la Bronx High School of Science. Son père meurt peu après son arrivée aux États-Unis. Plus tard, Carmichael dira de son père devenu chauffeur de taxi qu’il a payé un grand prix pour son émigration, et tout cela pour travailler pour sa mort et finir comme il avait commencé, « pauvre et noir ».

Après avoir refusé des bourses pour entrer dans des écoles blanches réputées, il part étudier la philosophie et la science politique à l’Université. Il découvre notamment les travaux du socialiste afro-américain Bayard Rustin. Et c’est lors de son entrée à l’Université de Howard à Washington que Stokely Carmichael a commencé à s’engager, rejoignant ainsi les actions d’étudiants qu’il avait admiré durant les années précédentes. Il a d’abord rejoint la branche locale du Comité de coordination des étudiants non-violents (Student Nonvsiolent Coordinating Committee, SNCC).

Publicité



Donnant un cours sur le panafricanisme Donnant un cours sur le panafricanisme

Lors de sa première année, il participe également à des « Freedom Rides » organisées par le CORE (Congress of Racial Equality) pour lutter contre la ségrégation dans les bus ou à des sits-in en Virginie ou en Caroline du Sud, ce qui lui vaut plusieurs arrestations et peines d’emprisonnement. Il a par exemple passé 49 jours dans la prison de Jackson, dans le Mississipi. Il avoue même avoir stoppé le décompte de ses arrestations au bout de la 32ème. Il a poursuivi son action dans le Sud du pays, et notamment en Alabama, où il a participé à la fondation du « Lowndes County Freedom Party ».

Contrairement aux militants noirs modérés, soutenant Martin Luther King, qui prônaient la non-violence comme un principe, Carmichael l’envisage plutôt comme une tactique. Lui ne revendiquait pas une simple intégration des Noirs-Américains dans un monde blanc mais plutôt une reconnaissance de la culture afro-américaine. Ceci ne l’a toutefois pas empêché de participer à la célèbre « Freedom March » organisée par Martin Luther King.

Il critique notamment ce qu’il appelle le « racisme institutionnel » qui sévit aux États-Unis dans les années 1960 à la fois dans les institutions publiques, les entreprises et les universités. D’après lui, il existe dans le pays « une incapacité collective d’une organisation à procurer un service approprié et professionnel à des individus en raison de leur couleur de peau, de leur culture ou de leur origine ethnique ».

Stokely Carmichael Stokely Carmichael

En 1967, il renonce à la direction du SNCC, qu’il occupait depuis 1965 à la suite du modéré John Lewis, et écrit, avec Charles Hamilton, un livre intitulé Black Power. Il rejoint alors le Black Panthers Party fondé en 1966 par Huey Newton et Bobby Seale. Ce parti, inspiré par l’action de Malcom X se rapproche très rapidement des idéologies marxiste et maoïste. Il critique à plusieurs reprises la guerre du Vietnam. Le magazine Time raconte notamment que lors d’un séjour à Cuba, il déclarait : « Nous ne voulons pas la paix au Vietnam, nous voulons que les Vietnamiens battent les États-Unis ».

En 1968, il devient maréchal puis Premier ministre honoraire des Black Panthers et voyage au Vietnam du Nord, en Chine, à Alger, Prague ou Paris. Il a notamment participé au Congrès « Dialectics of Liberation » à Londres et à la Conférence de la OLAS (Organizacion Latinoamericana de Solidaridad) à Cuba. Alors qu’il est accueilli à la Havane par Fidel Castro comme un héros révolutionnaire à qui le pays offre même l’asile, il annonce clairement ses intentions : « Nous sommes en train de préparer des groupes de guérilla urbaine pour la défense de nos villes. Il s’agira bientôt d’un combat à mort ». À son retour aux États-Unis, les autorités saisissent son passeport.

Son arrivée au sein des Blacks Panthers coïncide avec les problèmes de Huey Newton, emprisonné en octobre 1967 après avoir été accusé d’avoir tué un policier à Oakland. Sa présence crée très rapidement des dissensions au sein du mouvement. Notamment autour de la question de la possible présence de Blancs dans les manifestations des Blacks Panthers. Carmichael y est lui totalement hostile. Il critique ainsi l’alliance du Black Panthers Party avec le groupe à majorité blanche Peace and Freedom. Il préfère mettre en place un Black United Front censé unir tous les Noirs, de gauche comme de droite.

Miriam Makeba et Stokely Carmichael (à droite) en septembre 1968 Miriam Makeba et Stokely Carmichael (à droite) en septembre 1968 © afp/getty

Alors que la répression contre les Black Panthers s’étend, le parti fusionne avec le SNCC. L’orientation que prend le parti est de plus en plus radicale. Les arrestations de membres se multiplient et Newton demande à tous de défendre leur logement, par la violence s’il le faut. C’est également le concept de « black power » qui fait l’objet de nombreuses critiques. Certains y voyant l’annonce d’une guerre raciale anti-blanche très destructrice. Le magazine Time le décrivait ainsi comme un raciste à l’envers et « un pourvoyeur de négritude et de nihilisme ».

Marié à la chanteuse sud-africaine et militante anti-apartheid, Miriam Makeba, il déménage en 1969 en Guinée, donne quelques cours à l’Université de Conakry et devient conseiller du président Ahmed Sekou Touré. Quant à Makeba, elle devient représentante de la Guinée auprès de l’Organisation des Nations-Unies. Ce mariage a d’ailleurs scellé la rupture entre la chanteuse et les États-Unis puisque dès l’annonce de son union avec le leader du mouvement noir, plusieurs contrats et concerts ont été annulés. D’après Carmichael, le FBI suivait régulièrement le couple dans ses moindres déplacements. Carmichael et Makeba se séparent dès 1973.

Avant de partir en Guinée, il fonde une antenne américaine au « All-African People’s Revolutionary Party », un groupe panafricain établi un an plus tôt en Guinée. Convaincu par les idéaux socialistes et panafricanistes, Stokely Carmichael fait publier en 1971 un livre intitulé Stokely Speaks : Black Power Back to Panafricanism. Cet ouvrage marque l’apogée de sa vision internationaliste. D’après lui, la fin du racisme aux États-Unis devait aussi passer par la fin de l’impérialisme des grandes puissances internationales contre les pays du Sud, et plus particulièrement africains.

Lorsqu’il définit le « black power », Carmichael explique : « nous voulons le contrôle des institutions des communautés où nous vivons, et nous voulons contrôler la terre, et nous voulons arrêter l’exploitation des populations non-blanches à travers le monde ».

Il se marie avec Marlyatou Barry, une médecin guinéenne avec qui il finit par divorcer. En 1978, il change de nom et se fait appeler Kwame Ture, en hommage à deux figures de l’indépendance africaine, Kwame Nkrumah et Sekou Touré. À la mort de Sekou Touré, il est emprisonné à plusieurs reprises, et sans raison, par le régime militaire montant en Guinée.

Même si l’état de Trinidad-et-Tobago et le leader musulman Louis Farrakhan ont participé au financement de ses soins à Cuba, il meurt à l’âge de 57 ans d’un cancer de la prostate, à Conakry, le 15 novembre 1998. D’après lui, ce cancer aurait été introduit dans son corps par les « impérialistes américains » du FBI.

Son ami de longue date, Bob Brown dit de lui qu’il était un battant qui « a lutté toute sa vie. Il a lutté jusqu’à la dernière seconde de la dernière minute de la dernière heure de son dernier jour ». Son fils Bokabiro avouait lors de ses funérailles que son père aurait été très content de rester en Guinée. Stokely Carmichael repose donc aujourd’hui dans un cimetière de Conakry. En 2003, ses mémoires ont été publiées à titre posthume sous le titre « Ready for Revolution ».

Les fichiers du FBI concernant Stokely Carmichaël

http://foia.fbi.gov/foiaindex/carmichael_stokely.htm

Stokely Carmichael, alias Kwame Ture, vu ici le 23 janvier 1969, était l'ex Black Panther qui a inventé l'expression Black Power (photo AP)

Stokely Carmichael évoque le black power et la guerre du Vietnam sur le campus de la Florida A&M university le 16 avril 1967 (AP Photo/stf)

Stokely Carmichael aux côtés de Martin Luther King en juin 1966 lors de la marche contre la peur dans le Mississippi (Photo Flip Schulke/Corbis)

Quelques livres de Stokely Carmichael :

1967 : Black Power : The Politics of Liberation (Le Black Power : pour une politique de libération aux Etats-Unis)

1967 : Black Power and the third world

1971 : Stokely Speaks: From Black Power to Pan-Africanism

2003 (à titre posthume) : Ready For Revolution: The Life And Struggles Of Stokely Carmichael (kwame Ture)

23/03/2003



Le Black Panther Party fut crée par Huey P Newton et Bobby Seale en 1966 Par Paul Yange

Imprimer Envoyer à un ami Réagir Publicité



Les Black Panthers originaux (novembre 1966) : debout de gauche à droite : Elbert Howard, Huey P Newton, Sherman Forte et Bobby Seale ; accroupis : Reggie Forte et Little Bobby Hutton Les Black Panthers originaux (novembre 1966) : debout de gauche à droite : Elbert Howard, Huey P Newton, Sherman Forte et Bobby Seale ; accroupis : Reggie Forte et Little Bobby Hutton © virginia.edu

Les principaux acteurs :

Bobby Seale (né le 22 octobre 1936) est le co-fondateur du "Black Panther Party" pour l’autodéfense.

Eldridge Cleaver (1935-1998) est devenu l’un des "Panthers" les plus connus.

Little Bobby Hutton (1950-1968) fut le premier à rejoindre le parti nouvellement crée. Il mourut en 1968 dans le cadre du "Cointelpro" (il était âgé de 17 ans).

Stokely Carmichael (1941-1998) fut celui qui inventa le terme "Black Power".

David Hilliard fut impliqué dans toutes les activités majeures en tant que responsable du staff du Black Panther Party.

Hoover (1895-1972) & le FBI. Hoover déclara que les "Panthers" représentaient "la plus grande menace existante pour la sécurité intérieure des Etats-Unis" ; Hoover fut l’un des hommes les plus puissants des Etats-Unis et fut président du FBI pendant 48 ans de mai 1924 jusqu’à sa mort le 2 mai 1972. Il fut craint de tous les présidents qui se succédèrent à la Maison-Blanche pendant son règne.

Fred Hampton fonda la section "Black Panthers" de la ville de Chicago en 1968 à 20 ans. Charismatique et dévoué à la communauté noire de Chicago, il mis en place des actions sociales telles que les petits déjeuners et les soins médicaux gratuits pour les enfants défavorisés de la ville de Chicago. Exécuté dans son sommeil par le FBI dans le cadre du "Cointelpro" au cours de l'année 1969.

Publicité



Bobby Hutton, Bobby Seale, Eldridge Cleaver et Stokely Carmichael Bobby Hutton, Bobby Seale, Eldridge Cleaver et Stokely Carmichael

Le "Black Panther Party" pour l’autodéfense est crée en octobre 1966 par Huey Newton et Bobby Seale.

S’inspirant de Malcolm "X", se réclamant également du marxisme et du maoïsme, les "Panthers" croient à l’existence d’une classe de travailleurs dont l’unité dépasse les barrières de la couleur et s’allient avec d’autres groupes ou organisations représentant les minorités et les organisations révolutionnaires blanches. Leur programme en 10 points comporte une série de revendications politiques et sociale et réclame le droit à l’autodéfense.

Le 25 avril 1967, le premier exemplaire de "The Black Panthers", le journal du parti est distribué. Le mois suivant, les Panthers défilent dans les rues de Los Angeles afin de protester contre la tentative d’interdiction par l’Etat du port d’armes en public. Bobby Seale lit une déclaration de protestation. La police réagit aussitôt en l’arrêtant ainsi que 30 autres "Panthers".

En octobre 1967, Huey P Newton est arrêté pour avoir tué un policier d’Oakland. Eldridge Cleaver et les autres "Panthers" entament le mouvement "free Huey" qui leur demandera beaucoup d’énergie au cours des années suivantes, alors que le parti s’enracine en s’alliant avec divers groupes révolutionnaires.

Hoover fut président du FBI de 1924 jusqu'à sa mort en 1972 Hoover fut président du FBI de 1924 jusqu'à sa mort en 1972

C’est au cours de cette politique d’alliance que Stokely Carmichael est recruté par les "Panthers". Partisan du "black power", Carmichael est contre le fait que des blancs participent au "mouvement de libération des noirs" car ils "n’ont pas le même vécu que les noirs et ont un effet intimidant sur ceux-ci". Sa prise de position suscite des dissensions au sein des "Panthers". Au début de l’année 1968, après avoir vendu le livre rouge de "Mao" à des étudiants d’université afin d’acheter des armes, les "Panthers" rendent sa lecture obligatoire au sein du parti.

Pendant ce temps, le FBI sous la direction de J Edgar Hoover prépare un programme appelé Cointelpro (Counter Intelligence Program) qui a pour but de briser l’unité qui se répand entre les groupes révolutionnaires qui prennent exemple sur les "Panthers". Le FBI commencera un programme d’assassinats, suivi d’arrestations de masse et d’une guerre psychologique destinée à saper les "Panthers" et à les diviser.

D’après PBS / Le Monde Diplomatique

A suivre, "Comment le FBI a détruit les panthers"

La destruction des black panthers (2ème partie) 29/03/2003



Le "Cointelpro", mis en place par le FBI, contribuera à la destruction des panthers Par Paul Yange I Publicité



Fred Hampton leader des black panthers de Chicago assassiné à 21 ans Fred Hampton leader des black panthers de Chicago assassiné à 21 ans © pbs

Les trois années qui suivent sont dévastatrices pour les panthers. Le 6 avril 1968, un des "black panthers", Bobby Hutton, qui n’est âgé que de 17 ans et qui n’est pas armé est tué par la police au cours d’une fusillade.

En janvier 1969, le premier petit déjeuner gratuit mis en place par les panthers est lancé à Oakland. A la fin de l’année, les panthers ont nourri 10 000 enfants dans différentes villes du pays en leur offrant un petit déjeuner gratuit chaque jour avant qu’ils n’aillent à l’école.

Publicité



Huey P Newton, un des fondateurs des black panthers Huey P Newton, un des fondateurs des black panthers

A Chicago, Fred Hampton, le charismatique leader des panthers locaux dirige plusieurs programmes de mise en place des petits déjeuners, aide à créer un centre de soins médicaux gratuit, et lance un programme médical de porte à porte pour dépister l’anémie à hématies falsiforme, premier programme du genre dans le pays. Les actions de Hampton rencontrent un écho favorable auprès de la population et le nombre de membres de la section de Chicago augmente.

Le 4 décembre 1969 à 4 heures du matin, grâce aux informations d’un "indic" du FBI qui a infiltré les panthers de Chicago et qui est devenu le responsable de la sécurité de Fred Hampton, la police de Chicago lance un assaut sur l’appartement des panthers de Chicago. Hampton est assassiné dans son sommeil. Mark Clark, un autre panther est également assassiné dans son sommeil. Quatre panthers dormant dans le même appartement sont blessés. Hampton avait 21 ans lors de son exécution, Mark Clark 17 ans. 90 balles furent retrouvées dans l’appartement, une seule avait été tirée par un panther. Aucun policier ne fut inquiété alors que tous les panthers qui avaient survécu à l’assaut furent arrêtés pour tentative de meurtre.

Au cours de l’été 69, l’alliance entre les panthers et un autre groupe, le SNCC (Student Nonviolent Cordinating Comittee) commence à voler en éclats. Un des points de désaccord porte sur l’inclusion des "blancs" dans le combat de libération des minorités. Cette dispute conduit à un affrontement armé à l’université de Californie à Los Angeles au cours duquel deux panthers trouvent la mort.

En septembre, Huey Newton est condamné reconnu coupable de meurtre et condamné à 2 à 15 années de prison (il sera finalement libéré en 1970 pour vice de procédure).

Entre temps, en Novembre 1968, Catherine et Edlridge Cleaver ont fui les Etats-Unis et s’installent à Alger (après être passés par Cuba et Paris). Le Black Panther Party, bien que menacé par le FBI voit son audience croître (5000 membres et 45 succursales) ; le journal du parti s’écoule à plus de 100 000 exemplaires.

Stokely Carmichael Stokely Carmichael

En 69, Seale est arrêté et condamné à 4 ans de prison. En mars 1970, alors qu’il est toujours emprisonné, il publie "Seize The Time", l’histoire des panthers et de Huey Newton. Au cours de l’année 1970, 38 militants sont tués lors de raids organisés par les polices locales. Quelques mois plus tard, Geronimo Pratt, un des membres les plus en vue du Black Panther Party de Los Angeles est arrêté pour le meurtre d’une femme blanche alos que selon de multiples témoignages, il assistait à une réunion de son organisation à Oakland. Il sera finalement libéré en 1998 après avoir passé plus de 27 ans en prison.

Les querelles et dissensions fomentées par le Cointelpro au sein du Black Panther Party amplifie les divergences internes nées de l’affrontement entre le "ministre de la défense" qui est resté à Oakland, Huey Newton, et Eldridge Cleaver en exil à Alger. Certains des partisans de Cleaver fondent alors la Black Liberation Army (BLA) clandestine.

Fin 1971, le Black Panther Party se retrouve décimé par la répression, son audience diminue et ses dirigeants replient leurs actions sur leur base d’Oakland, en même temps qu’ils décident de réintégrer jeu politique "normal" en soutenant les candidats démocrates aux élections locales. Les militants radicaux les plus chevronnés sont soit mort, soit en exil, soit en prison. Un nouveau programme de contre-espionnage, "newkill", directement mis au point par Hoover et Nixon s’abattra sur les membres du BLA.

Le Cointelpro sera officiellement arrêté en 1971 après sa découverte fortuite par un groupe d’étudiants parti s’introduire dans un bureau du FBI.

Bobby Seale et H P Newton Bobby Seale et H P Newton

La Note envoyée par J Edgar Hoover à l’ensemble de ses agents, le 25 mars 1968 fut exécutée à la lettre : le Cointelpro devait "empêcher la coalition de groupes nationalistes noirs (...) empêcher la naissance d’un messie qui pourrait unifier et électriser le mouvement nationaliste noir (...) Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s’ils succombent à l’enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts". Une autre note datée du 3 avril, expose les termes de l’alternative. "Ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier (...) plutôt qu’un Noir qui ne pense qu’à détruire l’establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ?"

Eldridge Cleaver reviendra d’exil en 1975. Il rejoindra la secte Moon, fréquentera les milieux fondamentalistes et soutiendra Ronald Reagan. Il est décédé en 1998.

Stokely Carmichael s’exilera en Afrique en juillet 1969, démissionnera du "Black Panther Party" et prendra plus tard le nom de Kwame Touré (en hommage à Kwame Nkrumah et Sekou Touré). Il mourra en 1998 d’un cancer de la prostate.

Huey P Newton continua ses activités militantes au cours des années 70 et 80. Il fut abattu en 1989 lors d’une dispute avec un dealer de drogue.

lire la suite