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lundi 9 juillet 2012

____Les relations diplomatiques et culturelles entre Musulmans d'Espagne et Musulmans d'Orient au temps des Nasrides.. musulmans qui ont fui l’Andalousie vaincue avec la chute de Grenade qui se sont réfugié en Afrique du nord. ORIGINE DES BERBERES,

ORIGINE DES BERBERES, Culture, Histoire et régions du Maroc

L’ORIGINE DES BERBÈRES Gabriel CAMPS

Islam : société et communauté. Anthropologies du Mahgreb, sous la direction de Ernest Gellner, les Cahiers C.R.E.S.M, Éditions CNRS, Paris, 1981.

Connus depuis l’antiquité pharaonique sous les noms de Lebu, Tehenu, Temehu, Meshwesh, les Berbères subsistent dans un immense territoire qui commence à l’ouest de l’Égypte. Actuellement des populations parlant le berbère habitent dans une douzaine de pays africains, de la Méditerranée au sud du Niger, de l’Atlantique au voisinage du Nil.

Mais cette région qui couvre le quart Nord-Ouest du continent n’est pas entièrement berbérophone, loin de là ! Aujourd’hui, dans cette région, l’arabe est la langue véhiculaire, celle du commerce, de la religion, de l’État, sauf dans la marge méridionale, du Sénégal au Tchad où la langue officielle est le français. Ainsi, les groupes berbérophones sont isolés, coupés les uns des autres et tendent à évoluer d’une manière divergente. Leur dimension et leur importance sont très variables. Les groupes kabyle en Algérie, Braber et Chleuh au Maroc représentent chacun plusieurs centaines de milliers d’individus tandis que certains dialectes, dans les oasis, ne sont parlés que par quelques dizaines de personnes. C’est la raison pour laquelle les cartes d’extension de la langue berbère n’ont pas grande signification. Le territoire saharien couvert par les dialectes touareg (tamahaq) en Algérie, Libye, Mali et Niger est immense mais les nomades berbérophones qui le parcourent et les rares cultivateurs de même langue ne doivent guère dépasser le nombre de 250 ou 300 000. Ils sont à peine plus nombreux que les habitants du Mzab qui occupent dans le Sahara septentrional, un territoire mille fois plus exigu. Le bloc kabyle est dix fois plus peuplé que la région aurasienne, plus vaste, où est parlé un dialecte berbère différent.

En fait il n’y a aujourd’hui ni une langue berbère, dans le sens où celle-ci serait le reflet d’une communauté ayant conscience de son unité, ni un peuple berbère et encore moins une race berbère. Sur ces aspects négatifs tous les spécialistes sont d’accord… et cependant les Berbères existent.

  • Légendes antiques et modernes sur les origines des Berbères


Hercule et les calembours Du Caucase à L'atlantide

  • Les données de l'anthropologie

  • L'homo sapiens du Maghreb
  • Les protoméditerranéens capsiens mangeurs d'escargots
  • La mise en place des paléo-berbères
  • Les données linguistiques
  • Petit lexique
  • Quelques sites

LÉGENDES ANTIQUES ET MODERNES SUR LES ORIGINES DES BERBÈRES

Hercule et les calembours

Rares sont les peuples comme les Berbères dont les origines ont été recherchées avec autant de constance et d’imagination. Dès la plus haute Antiquité, des récits circulaient dans les milieux savants et chez les mythographes sur les origines des habitants de l’Afrique. Le plus connu, parce que des générations de lycéens pâlirent sur les pages du De Bello Jugurthino, nous est rapporté par Salluste.

La légende des origines perse et mède

Les premiers habitants de l’Afrique furent, dit Salluste, les Gétules et les Libyens, gens grossiers et barbares qui se nourrissaient de la chair des bêtes sauvages ou de l’herbe des prés, à la façon des troupeaux. Plus tard, des Mèdes, des Arméniens et des Perses conduits par Hercule en Espagne, passèrent en Afrique et se mêlèrent, les premiers avec les Libyens, les Perses avec les Gétules. Tandis que les Mèdes et Libyens, bientôt confondus sous le nom de Maures, eurent de bonne heure des villes et échangèrent des produits avec l’Espagne, les Gétules et les Perses condamnés à une vie errante, prirent le nom de Nomades. Cependant la puissance de ces derniers s’accrut rapidement, et sous le nom de Numides, ils conquirent tout le pays jusqu’au voisinage de Carthage.

Cette légende, Salluste n’en revendique nullement la paternité ; il dit même qu’elle est contraire à la tradition la plus répandue (et que nous ne connaissons pas) mais qu’elle est, en revanche, admise par les indigènes. Il la rapporte d’après une traduction qui lui aurait été faite des livres puniques du roi Hiempsal (libri punici qui regis Hiempsalis dicebantur).

De la première époque, antérieure à Hercule, ou plus exactement Melqart, le dieu phénicien qui fut assimilé au fils d’Alcmène, Salluste donne le cliché habituel par lequel l’érudit moyen dépeint, à tort, les temps primitifs. Ces Libyens et Gétules, chasseurs et cueilleurs, sont bien évidemment des peuples de la Préhistoire que Salluste, ou plutôt Hiempsal, rejette dans les temps mythiques. Il nous faut cependant retenir l’existence de deux éléments de population dans l’Afrique la plus archaïque. Quel fait permettait d’établir cette distinction sinon une différence dans les genres de vie née elle-même des conditions géographiques et par conséquent de la localisation de ces peuples ? Or, de l’avis unanime des historiens anciens et modernes, les Gétules étaient des nomades dont on trouve les traces évanescentes depuis les rives de l’Océan jusqu’au golfe des Syrtes. Pour les écrivains classiques, étaient généralement qualifiés de Gétules tous les nomades méridionaux distincts des Éthiopiens et des Garamantes. Les Gétules étant nomades on en déduit que les Libyens d’Hiempsal, ceux qui "eurent de bonne heure des villes" étaient les ancêtres des sédentaires.

Cette distinction élémentaire, et banale, avait été faite bien avant Hiempsal ou Salluste puisque le père de l’Histoire lui-même, Hérodote (IV, 181, 186, 191), après avoir décrit une longue suite de peuplades depuis l’Égypte jusqu’au lac Triton, précisait :

"Je viens d’indiquer les Libyens nomades qui habitent le long de la mer. Au-dessus d’eux, à l’intérieur des terres, se trouve la Libye des bêtes sauvages... Mais au couchant du Lac Tritonis (c’est-à-dire au Nord étant donné l’orientation incorrecte attribuée à la côte à partir des territoires carthaginois) les Libyens ne sont plus nomades et n’ont plus les mêmes coutumes... ce sont des Libyens cultivateurs... Ils ont des maisons et sont appelés Maxyes". Dans un raccourci assez simpliste mais exact, Hérodote oppose "la Libye orientale (où) habitent les nomades (qui) est basse et sablonneuse jusqu’au fleuve Triton, et celle à l’occident de ce fleuve, habitée par les cultivateurs (qui) est très montagneuse, très boisée... ".

Cette dernière phrase a une portée considérable car elle n’est pas applicable au seul territoire carthaginois du Sahel qui est particulièrement plat, mais à la totalité de l’Afrique du Nord, le pays de l’Atlas.

Le Triton qui s’identifie au golfe de Gabès est donc une limite géographique importante, particulièrement nette et précise dans l’esprit d’Hérodote, qui marque le partage entre les Nomades et les cultivateurs habitant des maisons.

C’est encore par les grands chotts tunisiens que les géographes font aujourd’hui aboutir la limite méridionale de l’Afrique du Nord ; la coïncidence serait curieuse si elle n’était précisément dictée par la nature.

Mais que viennent faire les Perses, les Mèdes et les Arméniens dans le récit des origines numides et maures ? Certes il est traditionnel, dans les textes antiques, que l’origine des peuples soit située en Orient et que des Orientaux soient impliqués dans le peuplement de la Libye occidentale, cela répond à un cliché habituel. Mais pourquoi les Perses et les Mèdes qui, Grecs et Latins le savaient bien, ne pouvaient être considérés comme des peuples de navigateurs? Revoyons de plus près le texte de Salluste : "Les Mèdes, les Perses et les Arméniens qui faisaient partie (de l’armée d’Hercule mort en Espagne) passèrent en Afrique sur des vaisseaux et occupèrent les pays voisins de notre mer. Les Perses s’établirent plus loin que les autres, du côté de l’Océan... peu à peu ils se fondirent par des mariages avec les Gétules". La localisation méridionale des prétendus Perses nous apporte paradoxalement l’explication de leur présence inattendue dans la partie occidentale de la Maurétanie, celle que les Romains nommèrent Maurétanie Tingitarie, dans le Maroc actuel. De nombreux auteurs grecs ou romains, Strabon, Pline citant Polybe, Pomponius Mela, Ptolémée, le géographe anonyme de Ravenne, Priscien de Césarée recopiant Denys le Périégète et bien d’autres que J. Desanges a patiemment relus, font connaître dans le Sud du Maroc, vraisemblablement entre l’Atlas, le Draa et le Guir deux peuplades, les Pharusiens et les Perorsi. La ressemblance entre les noms et une localisation très voisine ont fait admettre à certains auteurs, S. Gsell en particulier, qu’il s’agissait d’un seul et même peuple.

Ce n’est pas sûr, mais il est en revanche, tout à fait admissible que l’analogie ou l’homonymie factice entre Pharusii, Perorsi et Persae soit à l’origine de la prétendue arrivée des Perses en Maurétanie. De fait, Pline l’Ancien rappelle incidemment que les Pharusii, qu’il nomme parfois Perusii, sont les descendants des Perses conduits par Hercule aux limites occidentales du monde habité (V, 46).

Un autre calembour, mode de pensée analogique dont les auteurs de l’Antiquité étaient très friands, explique de même la présence des Mèdes en Afrique. De nombreuses tribus paléoberbères portaient, dans l’Antiquité, le nom de Mazices. Il s’agit en fait du nom que les Berbères se donnent eux-mêmes Imazighen (au singulier Amazigh.). Ce nom a été transcrit par les étrangers sous des formes variées : Meshwesh par les Égyptiens, Mazyes et Maxyes par les Grecs, Mazices et Madices par les Latins. Au XIVe siècle, le grand historien lbn Khaldoun explique qu’une branche des Berbères, les Branès, descend de Mazigh. Que certains habitants de l’Afrique antique aient déjà placé quelque ancêtre Mazigh ou Madigh en tête de leur généalogie ne saurait étonner puisqu’ils se sont, de tous temps, donné ce nom. De cette appellation viendrait donc l’apparition des Mèdes, ancêtres des Maures, en compagnie des Perses devenus les Pharusiens.

Quant aux Arméniens, leur présence légendaire doit s’expliquer par une semblable analogie avec quelque tribu paléoberbère dont le nom n’a malheureusement pas été conservé, à moins que l’on rapproche arbitrairement ces prétendus Arméniens de l’obscure tribu des Ourmana qui, au temps d’Ibn Khaldoun, c’est-à-dire au milieu du XIVe siècle, nomadisait dans la partie orientale du Maghreb.

Origines cananéennes

Bien plus illustre est le récit, nettement plus récent puisqu’il date du VIe siècle de notre ère, que nous donne Procope sur l’origine des Maures, terme générique qui, à l’époque, désignait tous les Africains qui avaient gardé leurs traditions et leur genre de vie en dehors de la culture citadine développée par Rome. Selon Procope, la conquête de la Terre Promise par Josué avait provoqué le départ des peuples qui occupaient le littoral. Ceux-ci, après avoir tenté de s’établir en Égypte qu’ils trouvèrent trop peuplée, se dirigèrent vers la Libye qu’ils occupèrent jusqu’aux Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar) en fondant un grand nombre de villes. Procope précise : Leur descendance y est restée et parle encore aujourd’hui la langue des Phéniciens. Ils construisirent aussi un fort en Numidie, au lieu où s’élève la ville de Tigisis. Là, près de la grande source, on voit deux stèles de pierre blanche portant gravée en lettres phéniciennes et dans la langue des Phéniciens, une inscription dont le sens est : " nous sommes ceux qui avons fui loin de la face du brigand Jésus (= Josué) fils de Navé " (II, 10, 22).

Procope avait accompagné en Afrique le général byzantin Bélisaire et son successeur Solomon qui combattirent dans la région de Tigisis, au Sud de Cirta (Constantine) ; il avait vraisemblablement vu ou pris connaissance de l’existence de stèles puniques ou plus sûrement libyques. Cette région (Sigus, Sila, Tigisis) est précisément riche en grandes stèles, parfois véritables menhirs sculptés portant des dédicaces libyques. Ces énormes pierres (dont deux sont aujourd’hui au Musée de Constantine), supports d’inscriptions mystérieuses ou mal comprises de pauvres clercs de Numidie centrale, sont peut-être à l’origine du récit "historique" de Procope.

Ce récit s’appuie aussi sur une autre donnée dont nous trouvons la trace, un siècle plus tôt, dans une lettre de Saint Augustin. "Demandez – écrit-il –, à nos paysans qui ils sont : ils répondent en punique qu’ils sont des Chenani. Cette forme corrompue par leur accent ne correspond-elle pas à Chananaeci (Cananéens) ?".

On a longtemps discuté sur le fait que les paysans africains voisins d’Hippone aient encore parlé le punique au Ve siècle de notre ère, plus d’un demi millénaire après la destruction de Carthage. C. Courtois (1950) s’était demandé si par l’expression "punice" Saint Augustin ne voulait pas désigner un dialecte berbère. Ses arguments n’emportèrent pas la conviction, et comme Ch. Saumagne (1953) et A. Simon (1955), je crois que Saint Augustin faisait réellement allusion à un dialecte sémitique. Bien qu’aucun texte ne vienne appuyer cette hypothèse, il est fort admissible que les Phéniciens aient eux-mêmes introduit le nom de Cananéens en Afrique. Plusieurs savants pensent même, comme A. di Vitta (1971), que le récit de Procope doit s’expliquer par le souvenir confus de la plus ancienne expansion phénicienne en Occident qui précéda largement la fondation de Carthage.

Autres origines légendaires de l’Antiquité

Elle n’est pas la seule que nous ait transmise l’Antiquité. S. Gsell, grâce à son incomparable érudition, a eu le mérite de les classer. Retenons les principales : selon Strabon, les Maures étaient des Indiens venus en Libye sous la conduite de l’inévitable Héraklès ; nous verrons que certains auteurs modernes ont voulu appuyer cette origine légendaire d’arguments scientifiques. Une origine orientale plus proche est proposée, pour les Gétules, par l’historien juif Flavius Joseph. Commentant le chap. X de la Genèse, il affirme tranquillement que l’un des fils de Koush, Euilas est le père des Euilaioi "qui sont aujourd’hui appelés Gaitouloi : Gétules". D’autres étymologies aussi fantaisistes parsèment le récit de Flavius Joseph : ainsi Ophren, petit fils d’Abraham, serait allé conquérir la Libye ; ses descendants auraient donné le nom d’Afrique au pays.

Mais d’autres origines leur sont prêtées, surtout chez les auteurs grecs ; ainsi Hérodote dit que les Maxyes, qu’on peut identifier à des Berbères sédentaires, cultivateurs, se prétendaient descendre des Troyens. En écho à cette tradition si répandue dans le monde classique, répondent plusieurs assertions : Hécatée mentionne une ville de Cubos fondée par les Ioniens auprès d’Hippou Akra, l’actuelle Bône-Annaba. Dans la même région était située la ville de Meschela qui était, selon Diodore de Sicile, une création grecque.

Ainsi Plutarque, qui s’inspire vraisemblablement de Juba II, le savant roi de Maurétanie contemporain de l’empereur Auguste, dit que Héraklès, toujours lui ! avait laissé, dans le Nord de la Maurétanie Tingitane, des Olbiens et des Mycéniens. Or Ptolémée cite parmi les peuples de cette contrée les Muceni dont le nom semble bien être à l’origine de cette autre légende.

Légendes médiévales sur les origines des Berbères

Les historiens du Moyen Age, par de nombreux traits, conservent cette mode de pensée antique et, en Orientaux étroitement asservis au système patriarcal, sont particulièrement friands de généalogies interminables aussi ont-ils donné ou répété de nombreuses légendes sur les origines des Berbères. lbn Khaldoun, le plus grand d’entre eux, a consacré un chapitre entier de sa volumineuse Histoire des Berbères aux multiples généalogies que des écrivains de langue arabe, qui étaient souvent d’origine berbère, ont présentées avant lui. Tous donnent une origine orientale aux différentes fractions. La plus courante se rattache à celle déjà relatée par Procope. El Bekri les fait chasser de Syrie-Palestine par les Juifs, après la mort de Goliath. Il s’accorde avec El Masoudi pour les faire séjourner très peu de temps en Égypte. Selon d’autres, les Berbères seraient les descendants de Goliath (Djolouta). Or il n’est pas sans intérêt de noter que Goliath et Aguelid, qui veut dire roi dans les dialectes berbères du Nord, sont deux noms de la même famille. Ifricos, fils de Goliath, les aurait conduits en Afrique qui lui doit son nom (Ifrîqiya).

Ibn Khaldoun lui-même prend fermement position en faveur de ce qu’il appelle "le fait réel, fait qui nous dispense de toute hypothèse… : les Berbères sont les enfants de Canaan, fils de Cham, fils de Noé, ainsi que nous l’avons déjà énoncé en traitant des grandes divisions de l’espèce humaine. Leur aïeul se nommait Mazigh ; leurs frères étaient les Gergéséens (Agrikech) ; les Philistins, enfants de Casluhim, fils de Misraïrn, fils de Cham, étaient leurs parents. Le roi, chez eux, portait le titre de Goliath (Djalout). Il y eut en Syrie, entre les Philistins et les Israélites, des guerres rapportées par l’histoire, et pendant lesquelles les descendants de Canaan et les Gergéséens soutinrent les Philistins contre les enfants d’Israël. Cette dernière circonstance aura probablement induit en erreur la personne qui représenta Goliath comme Berbère, tandis qu’il faisait partie des Philistins, parents des Berbères. On ne doit admettre aucune autre opinion que la nôtre ; elle est la seule qui soit vraie et de laquelle on ne peut s’écarter" (traduction de Slane).

Malgré cette objurgation d’lbn Khaldoun, nous devons également tenir compte, car elle n’est pas sans conséquence, d’une autre opinion qu’il nous rapporte avec précision : "Tous les généalogistes arabes s’accordent à regarder les diverses tribus berbères dont j’ai indiqué les noms, comme appartenant réellement à cette race ; il n’y a que les Sanhadja et les Ketama dont l’origine soit pour eux un sujet de controverse. D’après l’opinion généralement reçue, ces deux tribus faisaient partie des Yéménites qu’lfricos établit en Ifrikia lorsqu’il eut envahi ce pays.

D’un autre côté, les généalogistes berbères prétendent que plusieurs de leurs tribus, telles que les Louata, sont Arabes et descendent de Himyer ..."

Du Caucase à l’Atlantide Les auteurs modernes, européens, ont longtemps été très partagés sur les origines des Berbères. Ils se sont montrés, tout en affectant d’appuyer leurs hypothèses d’arguments scientifiques, autant, sinon plus, imaginatifs que leurs prédécesseurs antiques ou médiévaux.

Au cours du XIXe siècle et encore au début du nôtre, les explications et propositions diverses peuvent s’ordonner suivant deux types de recherches, les unes sont d’ordre philologique et présentées surtout par les érudits allemands, les secondes sont archéologiques ou anthropologiques et sont l’œuvre de Français.

Cananéens ou Indiens?

Philologues et orientalistes, s’appuyant les uns sur les récits grecs et latins, les autres sur des textes arabes, ont cherché à étayer l’origine orientale par des arguments nouveaux. Movers accorde toute créance aux récits de Salluste et de Procope. Il estime que les Cananéens fugitifs seraient passés en Afrique sur les vaisseaux des Phéniciens et, se mêlant aux Libyens primitifs qu’ils auraient initiés à l’agriculture, seraient devenus les Libyphéniciens que mentionnent plusieurs textes antiques. Nous avons vu, qu’à l’époque actuelle, certains auteurs, comme A. di Vitta, pensent effectivement que la tradition cananéenne conserve le souvenir estompé d’une expansion antérieure à la fondation de Carthage.

Le développement de l’égyptologie favorisa également la tradition orientale car plusieurs savants ont cru que les Hyksos, originaires d’Asie mineure et de Syrie, chassés d’Égypte, se réfugièrent en partie en Afrique et se seraient mêlés aux Libyens.

Kaltbrunner et Ritter apportent, eux, les "preuves" à l’appui de l’origine indienne des Maures proposée par Strabon ; ainsi selon eux le nom de Berbère est analogue à celui des Warlevera, très anciens occupants du Dekkan. Le port de Berbera, en Somalie, les Barabra (singulier Berberi) qui habitent entre la première et la quatrième cataracte sur le Nil, et le toponyme Berber au Soudan leur semblent autant de jalons linguistiques entre le sous-continent Indien et le Maghreb.

Une origine grecque ou égéenne a été, en revanche, vigoureusement défendue par le Dr Bertholon dans les premières années du XXe siècle. Il recensa avec une totale imprudence les noms et les mots berbères qui, selon lui, auraient une racine grecque ou préhellénique. En collaboration avec E. Chantre, il rédigea un volumineux ouvrage sur les Recherches anthropologiques dans la Berbérie orientale (1913) où il appuie d’arguments anthropologiques, voire ethnologiques, son opinion sur les origines de ces populations. Bravement les auteurs osent écrire : La céramique berbère se divise en trois grandes classes

céramique grossière à la main rappelant celle des dolmens, particulière surtout aux tribus de la grande race dolichocéphale ; son aire d’extension est celle de cet élément ethnique ; céramique à la main rappelant les modèles primitifs de la mer Égée… Cette céramique correspond avec la répartition des populations comprenant une proportion appréciable de dolichocéphales de petite taille; Céramique au tour, ornée par incisions, origine Gerba, pays de brachycéphales, a essaimé à Nabeul puis à Tunis, d’inspiration cypriote, moins archaïque que la précédente (p. 560). Voilà à quelles étranges conclusions aboutissent des recherches reposant sur des présupposés et la certitude d’une permanence absolue des types humains et des techniques à travers les millénaires !

Berbères, Gaulois et dolmens

La recherche des origines aurait dû, semble-t-il, tirer un bénéfice plus sûr du développement de l’Archéologie en Afrique du Nord, et particulièrement de la fouille des monuments funéraires mégalithiques si nombreux en Algérie orientale et en Tunisie centrale. Hélas ! dans ce domaine, plus encore qu’ailleurs, les préjugés ethniques, voire nationaux, devaient engendrer les pires erreurs. Les dolmens nord-africains attirèrent très tôt l’attention des voyageurs européens. Shaw, dès le milieu du XVIIIe siècle, signalait ceux de Beni Messous près d’Alger. En 1833 le capitaine Rozet les décrit sous le nom de "monuments druidiques voisins de Sidi Ferruch". Le chirurgien Guyon fut le premier en 1846 à y entreprendre des fouilles. Dans le compte rendu très sérieux qu’il présenta à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres il écrit : "ils ont tout à fait l’aspect des monuments druidiques que j’ai vus à Saumur et sur d’autres points de la France. Aussi quelques archéologues les attribuent aux Gaulois qui servaient dans les armées romaines, mais on serait tout aussi autorisé à les rapporter aux Vandales…".

Le désir de retrouver, de part et d’autre de la Méditerranée, les mêmes faits archéologiques, expliquait et justifiait en quelque sorte la présence "celtique" puis française en Algérie. Cela paraît encore chez l’un des meilleurs archéologues et arabisants du Second Empire, L. Ch. Feraud qui commence ses recherches en 1860. Trois ans plus tard il entreprend, avec le paléontologue anglais Christy (celui-là même qui, avec E. Lartet, commençait l’exploration préhistorique de la vallée de la Vézère), les fouilles de la vaste nécropole mégalithique de Ras el Aïn Bou Merzoug, dans le voisinage de Constantine et acquiert la conviction que les dolmens sont les tombeaux des "Gallo-romains" établis en Afrique.

À cette époque héroïque de l’archéologie préhistorique tous les arguments, même les plus spécieux, étaient présentés pour affirmer l’origine celtique, donc française, des dolmens algériens. En 1862 paraissait, dans la série des célèbres Guides Joanne, l’itinéraire historique et descriptif de l’Algérie de L. Piesse. À la page 71 de cet opuscule on trouve une description sommaire des dolmens de Beni Messous attribués à une "légion armoricaine". "Cette hypothèse, ajoute L. Piesse, peut s’appuyer sur une inscription tumulaire trouvée à Aumale. On y lit qu’un nommé Gargilius, tribun, commandant des vexillaires et d’un corps indigène était aussi chef d’une cohorte bretonne, décurion d’Auzia et de Rusguniae en l’année 263 de l’ère chrétienne ... ". Or Gargilius Martialis avait, en réalité, commandé la première cohorte des Astyres dans la province de Bretagne (c’est-à-dire la Grande Bretagne) avant de venir en Afrique où il périt sous les coups des Bavares révoltés. On voit que les rapprochements proposés par L. Piesse n’étaient qu’une amusante suite de contresens.

Origines nordiques

Progressivement se développa l’idée que les dolmens étaient antérieurs aux Celtes ou Gaulois, mais cette opinion chronologiquement plus exacte ne s’accompagna pas d’un examen plus attentif des faits. Ainsi, A. Bertrand (1863) comme grand nombre de ses contemporains, croit à l’existence d’un "peuple des dolmens" progressivement chassé d’Asie, de l’Europe septentrionale, des îles Britanniques puis de Gaule et d’Espagne pour venir s’établir en Afrique du Nord. Dans le même courant d’opinion, H. Martin, s’appuyant sur les découvertes de l’égyptologie naissante qui faisait connaître, parmi les peuplades libyennes qui attaquèrent l’Égypte au temps de Mineptah et de Ramsès III, des Tamahous blonds, explique que des "Gaulois" ayant franchi les Pyrénées et traversé l’Espagne auraient conquis l’Afrique du Nord et implanté la civilisation mégalithique avant de s’attaquer à l’Égypte.

La présence indiscutable des populations ou plutôt d’individus blonds aux yeux clairs dans plusieurs régions montagneuses proches du littoral et actuellement berbérophones accrédita longtemps la légende d’une origine nordique de ces peuples : européens constructeurs de mégalithes pour les uns, Gaulois mercenaires de Carthage pour les autres (on sait, ne serait-ce que par la lecture de Salambô, à défaut de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, le rôle tenu par les Gaulois dans la guerre des Mercenaires contre Carthage, entre les deux premières guerres puniques), Gallo-romains enrôlés dans les légions de l’Empire pour d’autres, ou bien encore descendants des pirates francs qui au IIIe siècle fréquentaient les parages du détroit de Gibraltar, Vandales enfin qui, après un siècle de domination ne pouvaient avoir disparu sans laisser de traces dans la population. N’allait-on pas jusqu’à retrouver dans le nom d’une obscure fraction, les Germana (ou Djermana), le souvenir de ces Germains réfugiés en Petite Kabylie après leur défaite ?

D’autres arguments anthropologiques vinrent s’agglutiner aux divagations historico-archéologiques ; ainsi J. Bourguignat reconnaît, à la suite de l’anthropologue Pruner-Bey que les dolmens de Roknia étaient l’œuvre de tribus berbères mêlées d’Égyptiens et de Nègres "dominés par une race d’Arias descendant d’Italie en Sicile et de Sicile en Afrique" (1868).

Berbères, Ibères et Sumériens

Dans les recherches des origines européennes des Berbères la Péninsule ibérique a la préférence. Certaines identités toponymiques troublantes entre les deux rives du Détroit, noms de fleuves et de villes – récemment J. Desanges vient d’en donner un précieux inventaire – appuient cette argumentation. Des rapprochements, infiniment plus fragiles avec la langue basque permettent de rappeler que Berbères et Ibères sont aussi proches par l’onomastique que par la géographie. Comme l’Antiquité connaissait des Ibères au Caucase, qui pourraient eux-mêmes être les ancêtres des Ibères d’Occident, voici une autre origine possible des Berbères : une philologie de l’à peu près, expliquait aussi sérieusement, à l’aide de rapprochements des plus fantaisistes, que les Berbères descendaient des… Sumériens !

Tour à tour ont été évoqués l’Orient pris globalement (Mèdes et Perses), la Syrie et le pays de Canaan, l’inde et l’Arabie du Sud, la Thrace, la Mer Égée et l’Asie mineure, mais aussi l’Europe du Nord, la Péninsule ibérique, les îles et la Péninsule italiennes… Il est sûrement plus difficile de rechercher les pays d’où ne viennent pas les Berbères

Il est vrai que pour d’autres littérateurs pseudo-scientifiques, la question trouve facilement sa solution : les Berbères sont tout simplement les derniers Atlantes. Les "preuves" ne manquent pas : l’Atlantide était située dans la partie de l’Océan proche de la Libye, les Canaries en sont les débris. Les premiers habitants de ces îles, les Guanches, ne parlaient-ils pas le berbère ?

LES DONNÉES DE L’ANTHROPOLOGIE La formation de la population berbère, ou plus exactement des différents groupes berbères, demeure une question très controversée parce qu’elle fut mal posée. Les théories diffusionnistes ont tellement pesé depuis l’origine des recherches que toute tentative d’explication reposait traditionnellement sur des invasions, des migrations, des conquêtes, des dominations. Et si les Berbères ne venaient de nulle part ?

Plutôt que de rechercher avec plus ou moins de bonheur de vagues ressemblances de tous ordres et d’amalgamer des données de significations différentes, voire contradictoires, ne vaut-il pas mieux commencer par examiner les Berbères eux-mêmes et les restes humains ultérieurs à l’époque historique, époque ou, nous le savons, la population actuelle s’était déjà mise en place ?

En un mot nous devons logiquement accorder la primauté à l’Anthropologie. Mais celle-ci ne permet pas aujourd’hui de définir la moindre originalité "berbère" dans l’ensemble de la population sud méditerranéenne. Ce qui permet aujourd’hui encore de mentionner des groupes berbères dans le quart nord-ouest de l’Afrique est d’autre qualité, culturelle plus que physique. Parmi ces données culturelles la principale demeure la langue.

Nous examinerons donc successivement les données de l’Anthropologie et celles de la linguistique.

L’Homo sapiens du Maghreb L’Homme atérien

Sans rechercher les origines mêmes de l’homme en Afrique du Nord, nous devons cependant remonter allègrement les millénaires pour comprendre comment s’est constitué le peuplement de cette vaste région actuellement pincée entre le Désert et la Méditerranée. Plaçons-nous au début de l’époque qu’en Europe les préhistoriens nomment Paléolithique supérieur : à ce moment vit déjà au Maghreb un homme de notre espèce, Homo sapiens sapiens, plus primitif que son contemporain européen, l’Homme de Cro-Magnon et qui est l’auteur de l’Atérien, culture dérivée du Moustérien. Cet homme atérien découvert à Dar es Soltan (Maroc) présente suffisamment d’analogies avec l’homme moustérien du Djebel Irhoud pour qu'on puisse admettre qu’il en soit issu. Plus intéressante encore est la reconnaissance d’une filiation entre cet homme atérien et son successeur, connu depuis fort longtemps au Maghreb sous le nom d’Homme de Mechta el-Arbi.

Origines de l’homme de Mechta el-Arbi

L’Homme de Mechta el-Arbi est un cromagnoïde ; il en présente les caractères physiques dominants : la grande taille (1,74 m en moyenne pour les hommes), la forte capacité crânienne (1650 cc), la disharmonie entre la face large et basse, aux orbites de forme rectangulaire plus larges que hautes, et le crâne qui est dolichocéphale ou mésocéphale.

À ses débuts, l’Homme de Mechta el-Arbi est associé à une industrie, nommée Ibéromaurusien, qui occupait toutes les régions littorales et telliennes. L’Ibéromaurusien, contemporain du Magdalénien et de l’Azilien européens, a déjà les caractères d’une industrie épipaléolithique en raison de la petite taille de ses pièces lithiques. Ce sont très souvent de petites lamelles dont l’un des tranchants a été abattu pour former un dos. Ces objets étaient des éléments d’outils, des sortes de pièces détachées dont l’agencement dans des manches en bois ou en os procurait des instruments ou des armes efficaces.

Traditionnellement, on pensait que l’Homme de Mechta el-Arbi, cousin de l’Homme de Cro-Magnon, avait une origine extérieure. Les uns imaginaient les Hommes de Mechta el-Arbi, venus d’Europe, traversant l’Espagne et le détroit de Gibraltar pour se répandre à la fois au Maghreb et aux îles Canaries dont les premiers habitants, les Guanches, avaient conservé l’essentiel de leurs caractères physiques avant de se mêler aux conquérants espagnols.

D’autres pensaient que l’Homme de Mechta el-Arbi descendait d’Homo Sapiens apparu en Orient (Homme de Palestine) et que de ce foyer originel s’étaient développées deux migrations. Une branche européenne aurait donné l’Homme de Cro-Magnon, une branche africaine aurait mis en place l’Homme de Mechta el-Arbi.

Origine orientale, origine européenne, deux éléments d’une alternative que nous avons déjà reconnue dans les récits légendaires de l’Antiquité ou dans les explications fantaisistes de l’époque moderne et qui se retrouve dans les hypothèses scientifiques actuelles. Malheureusement l’une et l’autre présentaient de grandes anomalies qui les rendaient difficilement acceptables. Ainsi la migration des Hommes de Cro-Magnon à travers l’Espagne ne peut être jalonnée ; bien mieux, les crânes du Paléolithique supérieur européen ont des caractères moins accusés que leurs prétendus successeurs maghrébins. Les mêmes arguments peuvent être opposés à l’hypothèse d’une origine proche orientale des Hommes de Mechta el-Arbi : aucun document anthropologique entre la Palestine et la Tunisie ne peut l’appuyer. De plus, nous connaissons les habitants du Proche-Orient à la fin du Paléolithique supérieur, ce sont les Natoufiens, de type proto-méditerranéen, qui diffèrent considérablement des Hommes de Mechta el-Arbi. Comment expliquer, si les Hommes de Mechta el-Arbi ont une ascendance proche orientale, que leurs ancêtres aient quitté en totalité ces régions sans y laisser la moindre trace sur le plan anthropologique ?

Reste donc l’origine locale, sur place, la plus simple (c’est la raison pour laquelle sans doute on n’y croyait guère !) et, aujourd’hui la plus évidente depuis la découverte de l’Homme atérien. Les anthropologues spécialistes de l’Afrique du Nord comme D. Ferembach et M.C. Chamla, admettent aujourd’hui une filiation directe, continue, depuis les néandertaliens nord-africains (Hommes du Djebel Irhoud) jusqu’aux Cromagnoïdes que sont les Hommes de Mechta el-Arbi. L’Homme atérien de Dar es Soltane serait l’intermédiaire mais qui aurait déjà acquis les caractères d’Homo sapiens sapiens.

Le type de Mechta el-Arbi va s’effacer progressivement devant d’autres hommes, mais sa disparition ne fut jamais complète. Ainsi trouve-t-on encore 8% d’hommes mechtoïdes parmi les crânes conservés des sépultures protohistoriques et puniques (Chamla, 1976). De l’époque romaine, dont les restes humains ont longtemps été dédaignés par les archéologues "classiques", on connaît encore quelques crânes de l’Algérie orientale qui présentent des caractères mechtoïdes. Du type de Mechta el-Arbi il subsiste encore quelques très rares éléments dans la population actuelle qui, dans sa quasi totalité, appartient aux différentes variétés du type méditerranéen : quelques sujets méso ou dolichocéphales à face basse, de taille élevée, et au rapport cranio-facial dysharmonique, rappellent les principaux caractères des Hommes de Mechta el-Arbi. Ils représentent tout au plus 3 % de la population au Maghreb ; ils sont nettement plus nombreux dans les îles Canaries.

Les Protoméditerranéens Capsiens mangeurs d’escargots On ne peut cependant placer l’Homme de Mechta el-Arbi parmi les ancêtres directes des Berbères.

Apparition des Méditerranéens

À partir du VIIIe millénaire, on voit apparaître dans la partie orientale du Maghreb (nous sommes complètement ignorants de ce qui se passait au même moment, sur le plan anthropologique, dans les confins de l’Égypte et de la Libye), un nouveau type d’Homo sapiens qui a déjà les caractères de certaines populations méditerranéennes actuelles. Il est aussi de taille élevée (1,75 m pour les hommes de Medjez II, 1,62 m pour les femmes), mais il se distingue de l’Homme de Mechta el-Arbi par une moindre robustesse, un rapport crânio-facial plus harmonique puisque à un dolichocrâne correspond une face haute et plus étroite, les orbites sont plus carrées et le nez plus étroit. Les reliefs osseux de ce nouveau type humain sont atténués, l’angle de la mâchoire, en particulier, n’est pas déjeté vers l’extérieur, il n’y a donc pas extroversion des gonions comme disent les anthropologues. Or ce caractère est très fréquent, sinon constant chez les Hommes de Mechta.



(a) "Crâne de Taza" : Type Ibéromaurusien, composé en grande partie de sapiens à l'aspect "cromagnoïde". (b) "Hommes de Medjez" : Type capsien, considéré comme Proto-Méditerranéen. Images extraites de l'article Prothèse dentaire préhistorique ostéo-implantée




Ce type humain a reçu le qualificatif de Protoméditerranéen. Des groupes anthropologiquement très proches se retrouvent, à la même époque ou un peu avant en Orient (Natoufiens) et dans divers pays de la Méditerranée où ils semblent issus du type de Combe Capelle (appelé en Europe centrale Homme de Brno) qui est distinct de l’Homme de Cro-Magnon. Aussi D. Ferembach suppose l’existence en Orient, au Paléolithique supérieur, d’un homme proche de Combe Capelle.

Manifestement l’Homme de Mechta el-Arbi n’a pu donner naissance aux hommes protoméditerranéen. Ceux-ci, qui vont progressivement le remplacer, apparaissent d’abord à l’Est, tandis que les Hommes de Mechta el-Arbi sont encore, au Néolithique, les plus nombreux dans l’Ouest du pays. Cette progression d’Est en Ouest indique bien qu’il faut chercher au-delà des limites du Maghreb, l’apparition de ce type humain protoméditerranéen. Un consensus général de tous les spécialistes. anthropologues et préhistoriens, se dégage aujourd’hui pour admettre qu’il est venu du Proche-Orient.

On peut, à la suite de M.C. Chamla, reconnaître parmi les Protoméditerranéens deux variétés La plus fréquente, sous type de Médjez II, au crâne élevé, est orthognate, le second, moins répandu, celui de l’Aïn Dokkara, à voûte crânienne plus basse, est parfois prognate, sans toutefois présenter les caractères négroïdes sur lesquels on avait à tort attiré l’attention.

La civilisation capsienne

Ces hommes sont porteurs d’une industrie préhistorique qui a reçu le nom de Capsien, du nom antique de Gafsa (Capsa) auprès de laquelle furent reconnus pour la première fois les constituants de cette culture. Le Capsien couvre une période moins longue que l’Ibéromaurusien ; elle s’étend du VIIIe au Ve millénaire.

Grâce au grand nombre de gisements plaisamment nommés escargotières et à la qualité des fouilles qui y furent conduites, on a une connaissance satisfaisante des Capsiens et de leurs activités. On peut, dans leur cas, parler d’une civilisation dont les nombreux faciès régionaux reconnus à travers la Tunisie et l’Algérie révèlent certains traits constants. Sans nous appesantir sur l’industrie de pierre caractérisée par des outils sur lames et lamelles à bord abattu, des burins, des armatures de formes géométriques (croissants, triangles, trapèzes), nous rappellerons qu’elle est fort belle, remarquable par les qualités du débitage, effectué parfois au cours du Capsien supérieur par pression, ce qui donne des lamelles normalisées. Elle est remarquable également par la précision de la retouche sur des pièces d’une finesse extraordinaire, comme par exemple les micro-perçoirs courbes dits de l’Aïn Khanga. Mais le Capsien possède d’autres caractères qui ont pour l’archéologue et l’ethnologue une importance plus grande, je veux parler de ses œuvres d’art. Elles sont les plus anciennes en Afrique et on peut affirmer qu’elles sont à l’origine des merveilles artistiques du Néolithique. Elles sont même, et ceci est important, à l’origine de l’art berbère. Il y a un tel air de parenté entre certains de ces décors capsiens ou néolithiques et ceux dont les Berbères usent encore dans leurs tatouages, tissages et peintures sur poterie ou sur les murs, qu’il est difficile de rejeter toute continuité dans ce goût inné pour le décor géométrique, d’autant plus que les jalons ne manquent nullement des temps protohistoriques jusqu’à l’époque moderne.



(Image: Logan Museum)







Les premiers Berbères

Sur le plan anthropologique les hommes capsiens présentent si peu de différence avec les habitants actuels de l’Afrique du Nord, Berbères et prétendus Arabes qui sont presque toujours des Berbères arabisés, que les archéologues négligèrent de conserver les squelettes découverts dans les escargotières car ils croyaient qu’il s’agissait d’intrus inhumés à une époque récente dans les buttes que constituent les gisements. Un de ces crânes séjourna même un certain temps dans le greffe du tribunal d’une petite ville d’Algérie orientale, Ain M’Lila, car on avait cru à l’inhumation clandestine de la victime d’un meurtre

Quoi qu’il en soit nous tenons, avec les Protoméditerranéens capsiens, les premiers Maghrébins que l’on peut, sans imprudence, placer en tête de la lignée berbère. Cela se situe il y a quelque 9 000 ans ! Certes tout concorde à faire admettre, comme nous l’avons dit ci-dessus, que ces Capsiens ont une origine orientale. Rien ne permet de croire à une brusque mutation des Mechtoïdes en Méditerranéens alors que les Natoufiens du Proche Orient dont les caractères anthropologiques affirmés antérieurement aux Capsiens sont du même groupe humain qu’eux et dans leur civilisation on peut retrouver certains traits culturels qui s’apparentent au Capsien.

Mais cette arrivée est si ancienne qu’il n’est pas exagéré de qualifier leurs descendants de vrais autochtones. Cette assertion est d’autant plus recevable qu’il ne subsiste que quelques traces des premiers occupants Mechtoïdes. Il est même troublant de constater que si Protoméditerranéens et Mechta el-Arbi ont pendant longtemps cohabité dans les mêmes régions, puisque ces derniers ont survécu jusqu’au Néolithique, même dans la partie orientale que fut "capsianisée" plus tôt, ils ne se sont pas métissés entre eux. L’atténuation des caractères mechtoïdes que l’anthropologue constate chez certaines populations antérieures à l’arrivée des Protoméditerranéens, ne peut s’expliquer que par une évolution interne répondant au phénomène général de gracilisation. De même, les Protoméditerranéens les plus robustes ou les plus archaïques ne présentent aucun caractère mechtoïde et les plus évolués s’écartent encore davantage de ce type.

La mise en place des Paléo-Berbères Si nous passons aux temps néolithiques il n’est pas possible de saisir un changement notable dans l’évolution anthropologique du Maghreb. On note la persistance du type de Mechta el-Arbi dans l’Ouest et même sa progression vers le Sud le long des côtes atlantiques tandis que le reste du Sahara, du moins au Sud du Tropique du Cancer, est alors uniquement occupé par des négroïdes. Les Protoméditerranéens s’étendent progressivement. Arrivés à l’aube des temps historiques nous constatons que les hommes enterrés dans les tumulus et autres monuments mégalithiques sont du type méditerranéen quelle que soit leur localisation, sauf dans les régions méridionales où des éléments négroïdes sont discernables. Le Maghreb s’est donc, sur le plan anthropologique "méditerranéisé" sinon déjà berbérisé.

Méditerranéens robustes et Méditerranéens graciles

Mais une autre constatation s’impose immédiatement : certains de ces Méditerranéens sont de stature plus petite, leurs reliefs musculaires plus effacés, les os moins épais, en un mot, leur squelette est plus gracile. A vrai dire, les différences avec les Protoméditerranéens ne sont pas tranchées : il existe des formes de passage et de nombreuses transitions entre les Méditerranéens robustes et les Méditerranéens graciles. De plus, il n’y a pas eu élimination des uns par les autres puisque ces deux sous-types de la race méditerranéenne subsistent encore aujourd’hui. Les premiers forment le sous-type atlanto-méditerranéen bien représenté en Europe depuis l’Italie du Nord jusqu’en Galice le second est appelé ibéro-insulaire qui domine en Espagne du Sud, dans les îles et l’Italie péninsulaire.

En Afrique du Nord, ce sous-type est très largement répandu dans la zone tellienne, en particulier dans les massifs littoraux, du Nord de la Tunisie, en Kabylie, au Rif dans le Nord du Maroc, tandis que le type robuste s’est mieux conservé chez les Berbères nomades du Sahara (Touareg) dans les groupes nomades arabisés de l’Ouest (Regueibat), chez les Marocains du Centre et surtout du Sud (Ait Atta, Chleuh). Mais les deux variétés coexistent jusqu’à nos jours dans les mêmes régions. Ainsi en Kabylie d’après une étude récente de M.C. Chainla, le type méditerranéen se rencontre dans 70 % de la population mais se subdivise en trois sous-types : l’ibéro-insulaire dominant caractérisé par une stature petite à moyenne, à face très étroite et longue, l’atlanto-méditerranéen également bien représenté, plus robuste et de stature plus élevée, mésocéphale, un sous-type "saharien", moins fréquent (15 %) de stature élevée, dolicocéphale à face longue.

Un second élément qualifié d’alpin en raison de sa brachycéphalie, sa face courte et sa stature peu élevée, représente environ 10 % de la population, mais M.C. Chainla répugne à les confondre avec des Alpins véritables et songe plutôt à une variante "brachycéphalisée" du type méditerranéen.

Un troisième élément à affinités arménoïdes, de fréquence égale au précédent, se caractérise par une face allongée associée à un crâne brachycéphale.

En quantités infimes s’ajoutent à ce stock quelques individus conservant des caractères mechtoïdes, quelques métis issus d’un élément négroïde plus ou moins ancien et des sujets à pigmentation claire de la peau, des yeux et des cheveux.

Complexité et variabilité

Cet exemple montre la diversité du peuplement du Maghreb. Mais nous ne sommes plus au temps où la typologie raciale était le but ultime de la recherche anthropologique. Il était alors tentant d’assimiler les "types" ou "races" à des groupes humains venant s’agglutiner, au cours des siècles, à un ou plusieurs types plus anciens. Les recherches modernes, dans le monde entier, ont montré combien l’homme était, dans son corps infiniment plus malléable et sensible aux variations et particulièrement à l’amélioration des conditions de vie. La croissance de la taille, au cours des trois dernières générations, est un phénomène général largement ressenti et connu de l’opinion publique mais, aussi, facilement mesurable grâce aux archives des bureaux de recrutement. En moins d’un siècle la stature moyenne des Français a gagné 7 cm, ce qui est considérable et ne s’explique ni par une invasion ni par l’émigration systématique des hommes de petite taille. Cette croissance est due à l’amélioration des conditions de vie, à une alimentation plus riche et surtout à la disparition des travaux pénibles chez les enfants et adolescents. De fait, cette croissance de la stature est inégale entre les nations et, à l’intérieur de celle-ci, entre les régions en relation directe avec les développements économiques. Ainsi, entre 1927 et 1958, en quelques années, la stature moyenne à Tizi-Ouzou (Kabylie, Algérie) est passée de 164,6 cm à 167,4 cm alors que dans la région voisine plus deshéritée de Lakhdaria (ex. Palestro), de 1880 à 1958, l’augmentation ne fut que de 1,2 cm et ne semble pas significative.

D’autres travaux ont montré que la forme du crâne variait par "dérive génétique" comme disent les biologistes sans qu’il soit possible de faire appel au moindre apport étranger pour expliquer ce phénomène. Des variations séculaires ont pu être mises en lumière en France, ainsi les Auvergnats, de tendance dolichocéphale au Moyen Age, Sont devenus brachycéphales ; leur crâne s’est raccourci et élargi sans que la moindre invasion de la "race" alpine d’Europe centrale ait pu modifier la composante humaine du Massif central.

Cette malléabilité, cette sensibilité aux facteurs extérieurs tels que les conditions de vie et une orientation imprévisible due au hasard de la génétique paraissent à bien des anthropologues modernes, suffisantes pour faire l’économie de nombreuses et mythiques migrations et invasions dans la constitution des populations historiques. De nos jours l’évolution sur place paraît plus probable.

Ainsi M.C. Chamla explique l’apparition de la variété ibéro-insulaire à l’intérieur du groupe méditerranéen africain par le simple jeu de la gracilisation. Aucune différence de forme n’apparaît entre les crânes des époques capsienne, protohistorique et moderne ; seules varient les dimensions et dans un sens général qui est celui de la gracilisation.

Une Constante pression venue de l’Orient

Les Protoméditerranéens capsiens constituent certes le fond du peuplement actuel du Maghreb, mais le mouvement qui les amena, dans les temps préhistoriques, du Proche-Orient en Afrique du Nord, ne cessa à aucun moment. Ils ne sont que les prédécesseurs d’une longue suite de groupes, certains peu nombreux, d’autres plus importants. Ce mouvement, quasiment incessant au cours des millénaires, a été, pour les besoins de la recherche archéologique ou historique, sectionné en "invasions" ou "conquêtes" qui ne sont que des moments d’une durée ininterrompue.

Après les temps capsiens, en effet, au Néolithique, sont introduits animaux domestiques, moutons et chèvres dont les souches sont exotiques et les premières plantes cultivées qui sont elles aussi d’origine extérieure : ces animaux et ces plantes ne sont pas arrivés seuls, même si les hommes qui les introduisirent pouvaient être fort peu nombreux. A cette époque la plus grande partie du Sahara était occupée par des pasteurs négroïdes. Il est possible que chassés par l’assèchement intervenu après le IIIe millénaire, certains groupes se soient déplacés vers le Nord et aient atteint le Maghreb. Certains sujets négroïdes ont été reconnus dans les gisements néolithiques du Sud Tunisien, et au IVe siècle avant J.C., Diodore de Sicile connaît encore des populations semblables aux Éthiopiens (c’est-à-dire des gens de peau noire) dans le Tell tunisien, dans l’actuelle Kroumirie. Mais cet apport proprement africain semble insignifiant par rapport au mouvement insidieux mais continu qui se poursuit à l’Age des Métaux lorsque apparaissent les éleveurs de chevaux, d’abord "Équidiens", conducteurs de chars, puis cavaliers qui conquirent le Sahara en asservissant les Éthiopiens. Ces cavaliers, les historiens grecs et latins les nommeront Garamantes à l’Est, Gétules au Centre et à l’Ouest. Leurs descendants, les Berbères sahariens, dominèrent longtemps les Haratins qui semblent bien être les héritiers des anciens Éthiopiens.

Au cours même de la domination romaine, puis vandale et byzantine, nous devinons de longs glissements de tribus plus ou moins turbulentes à l’extérieur du Limes romain puis dans les terres mêmes de ce qui avait été l’Empire. Ainsi la confédération que les Romains nomment Levathae (prononcer Leouathae), et qui était au IVe siècle en Tripolitaine, se retrouve au Moyen Age, sous le nom de Leuata, entre l’Aurès et l’Ouarsenis. Ces Louata appartiennent avec de nombreuses autres tribus au groupe Zénète, le plus récent des groupes berbérophones dont la langue se distingue assez nettement de celle des groupes plus anciens que l’on pourrait nommer Paléo-berbères. Les troubles provoqués par l’irruption zénète s’ajoutant aux convulsions politiques, religieuses et économiques que subirent les provinces d’Afrique, favorisèrent grandement les entreprises conquérantes des Arabes. Quatre siècles plus tard, la succession des invasions bédouines, des Beni Hilal, Solaym, Maqil, ne sont elles aussi, que des moments, retenus par l’Histoire parce qu’elles eurent des conséquences catastrophiques, d’un vaste mouvement qui débuta une dizaine de millénaires plus tôt.

Les apports méditerranéens

Si la population du Maghreb a conservé, vis-à-vis du Proche-Orient, une originalité certaine, tant physique que culturelle, c’est qu’un second courant, nord-sud celui-ci, tout en interférant avec le premier, a marqué puissamment de son empreinte ces terres d’Occident.

Ce courant méditerranéen s’est manifesté dès le Néolithique. Le littoral du Maghreb connaît alors les mêmes cultures que les autres régions de la Méditerranée occidentale, les mêmes styles de poterie. Tandis qu’au Sud du détroit de Gibraltar apparaissent des techniques aussi caractéristiques que le décor "cardial" fait à l’aide d’une coquille de mollusque marin, style européen qui déborde sur le Nord du Maroc, à l’Est se répandent les industries en obsidienne venues des îles italiennes. En des âges plus récents, la répartition de monuments funéraires, comme les dolmens et les hypogées cubiques, ne peut s’expliquer que par un établissement permanent d’un ou plusieurs groupes méditerranéens venus d’Europe. Cet apport méditerranéen proprement dit a eu certes plus d’importance culturelle qu’anthropologique. Mais si certains éléments culturels peuvent, pour ainsi dire, voyager tout seuls, les monuments et les rites funéraires me paraissent trop étroitement associés aux ethnies pour qu’on puisse imaginer que la construction de dolmens ou le creusement d’hypogées aient pu passer le détroit de Sicile et se répandre dans l’Est du Maghreb sans que des populations assez cohérentes les aient apportés avec elles.

Sans réduire la primauté fondamentale du groupe protoméditerranéen qui est continental, originaire de l’Est et qui connut des enrichissements successifs, on ne doit pas négliger pour autant ces apports proprement méditerranéens, plus récents, moins importants sur le plan anthropologique, mais plus riches sur le plan culturel.

C’est de l’interférence de ces deux éléments principaux auxquels s’ajoutèrent des apports secondaires venus d’Espagne et du Sahara que sont nées, au cours des siècles, la population et la civilisation rurale du Maghreb.

LES DONNÉES LINGUISTIQUES L’apport des études linguistiques ne peut être négligé dans un essai de définition des origines berbères dans la mesure où la langue est aujourd’hui le caractère le plus original et le plus discriminant des groupes berbères disséminés dans le quart nord-ouest du continent africain.

Une indispensable prudence

Les idiomes berbères adoptent et "berbérisent" facilement nombre de vocables étrangers : on y trouve des mots latins, arabes (parfois très nombreux on compte jusqu’à 35 % d’emprunts lexicaux à l’arabe, en kabyle), français, espagnols… Il semble que le libyque était tout aussi perméable aux invasions lexicales, surtout en onomastique.

On doit par conséquent se montrer très prudent devant les rapprochements aussi nombreux qu’hasardeux proposés entre le berbère et différentes langues anciennes par des amateurs ou des érudits trop imprudents. D’après Bertholon le libyque aurait été un dialecte hellénique importé par les Thraces ; d’autres y voient des influences sumériennes ou touraniennes. Plus récemment l’archétype basque a été mis en valeur, avec des arguments à peine moins puérils. Les amateurs du début du siècle croyaient, en effet, pouvoir fonder leurs apparentements en constituant de longues listes de termes lexicaux parallélisés à ceux de la langue de comparaison. De tels rapprochements sont faciles, on peut ainsi noter de curieuses convergences de vocabulaire aussi bien avec les dialectes amérindiens qu’avec le finnois.

Ces dévergondages intellectuels expliquent l’attitude extrêmement prudente des berbérisants qui, inconsciemment sans doute, désireraient que soit reconnue l’originalité intrinsèque du berbère. Cette attitude va même jusqu’à douter parfois de la parenté entre le berbère et le libyque, ou, plus exactement, leur prudence est telle qu’ils voudraient être bien sûrs que la langue transcrite en caractères libyques fût une forme ancienne du berbère.

Cette attitude plus que prudente apparaît dans un texte célèbre d’A. Basset : "En somme la notion courante du berbère, langue indigène et seule langue indigène jusqu’à une période préhistorique... repose essentiellement sur des arguments négatifs, le berbère ne nous ayant jamais été présenté comme introduit, la présence, la disparition d’une autre langue indigène ne nous ayant jamais été clairement attestées" (La langue berbère. L’Afrique et l’Asie, 1956).

Les inscriptions libyques

Malgré leur nombre et un siècle de recherches, les inscriptions libyques demeurent en grande partie indéchiffrées. Comme le signalait récemment S. Chaker (1973), cette situation est d’autant plus paradoxale que les linguistes disposent de plusieurs atouts : des inscriptions bilingues puniques-libyques et latines-libyques, et la connaissance de la forme moderne de la langue ; car, si nous n’avons pas la preuve formelle de l’unité linguistique des anciennes populations du Nord de l’Afrique, toutes les données historiques, la toponymie, l’onomastique, le lexique, les témoignages des auteurs arabes confirment la parenté du libyque et du berbère. En reprenant l’argument négatif dénoncé par A. Basset, mais combien déterminant à mon avis, si le libyque n’est pas une forme ancienne du berbère on ne voit pas quand et comment le berbère se serait constitué.

Les raisons de l’échec relatif des études libyques s’expliquent, en définitive, assez facilement : les berbérisants, peu nombreux, soucieux de recenser les différents parlers berbères n’ont guère, jusqu’à présent, apporté une attention soutenue au libyque dont les inscriptions stéréotypées ne sont pas, à leurs yeux, d’un grand intérêt. En revanche, les amateurs ou les universitaires non berbérisants, qui s’intéressaient à ces textes en raison de leur valeur historique ou archéologique, n’étaient pas armés pour cette étude.

Enfin le système graphique du libyque, purement consonantique, se prête mal à une reconstitution intégrale de la langue qu’il est chargé de reproduire.

L’apparentement du berbère

Cependant l’apparentement du berbère avec d’autres langues, géographiquement voisines fut proposé très tôt ; on peut même dire dès le début des études. Dès 1838, Champollion, préfaçant le Dictionnaire de la langue berbère de Venture de Paradis, établissait une parenté entre cette langue et l’Égyptien ancien. D’autres, plus nombreux, la rapprochaient du sémitique. Il fallut attendre les progrès décisifs réalisés dans l’étude du Sémitique ancien pour que M. Cohen proposât, en 1924, l’intégration du berbère dans une grande famille dite Chamito-Sémitique qui comprend en outre l’Égyptien (et le Copte qui en est sa forme moderne), le Couchitique et le Sémitique. Chacun de ces groupes linguistiques a son originalité, mais ils présentent entre eux de telles parentés que les différents spécialistes finirent par se rallier à la thèse de M. Cohen.

Ces parallélismes ne sont pas de simples analogies lexicales ; ils affectent la structure même des langues comme le système verbal, la conjugaison et l’aspect trilitère des racines, bien qu’en berbère de nombreuses racines soient bilitères, mais cet aspect est du à une "usure" phonétique particulièrement forte en berbère et que reconnaissent tous les spécialistes. Ce sont ces phénomènes d’érosion phonétique qui, en rendant difficiles les comparaisons lexicales avec le Sémitique, ont longtemps retenu les Berbérisants dans une attitude "isolationniste" qui semble aujourd’hui dépassée.

Quoi qu’il en soit, la parenté constatée à l’intérieur du groupe Chamito-sémitique entre le berbère, l’égyptien et le sémitique, ne peut que confirmer les données anthropologiques qui militent, elles aussi, en faveur d’une très lointaine origine orientale des Berbères.

Laboratoire d’anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale


Lexique (rédaction Mondeberbere.com, d’après l’encyclopédie Hachette) Brachycéphale. Dont le crâne arrondi est presque aussi large que long, en parlant d’une personne ou d’un animal. "Tête ronde". Capsien (de Capsa, nom antique de Gafsa). Se dit d’une culture préhistorique de l’Afrique du Nord, qui correspond à la fin du Paléolithique supérieur européen. Synonyme gétulien. Dolichocéphale / dolicrâne. Dont le crâne est allongé dans le sens antéropostérieur, en parlant de l’homme. "Tête longue". Orthognate. Voir Prognathe. Prognathe. Qui a une ou des mâchoire(s) proéminente(s) (par opp. à orthognate). Liens (rédaction Mondeberbere.com) Le site de Mechta el Arbi (Logan Museum) Prothèse dentaire préhistorique ostéo-implantée

http://www.yabiladi.com/forum/origine-berberes-6-4978859.html

http://www.mondeberbere.com/histoire/camps/origines.htm

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____Pourquoi les sionistes aiment la charia islamique? Quand aux arabes qu auraient colonisés le Maghreb, aux dernières nouvelles, c’était les musulmans qui ont fui l’Andalousie vaincue avec la chute de Grenade qui se sont réfugié en Afrique du nord.

C’est vrai quoi il serait temps d’essayer de comprendre pourquoi ceux qui prétendent incarner la démocratie, la laïcité, la liberté pour les femmes et qui nous envoient faire la guerre pour cela, aiment tant la charria islamique? Vous y comprenez quelque chose vous?



Regardez cette vidéo pourtant elle est claire non?





Et oui les sionistes après avoir déboulonnée le tyran sanguinaire Kadhafi (sanguinaire pour qui au fait? Son peuple était le peuple d’Afrique le plus développé), défendent à la place un régime qui proclame ouvertement la charia comme en Tunisie ou en Égypte.




Allez voir ce blog qui a suivi toute l’affaire Libyenne notamment et vous vous demanderez comment nos armées occidentales ont-elles pu soutenir des bouchers racialistes pour faire plaisir aux sionistes: ICI



D’ailleurs c’est le juif suprême lui-même, celui qui a décidé de la guerre pour notre beau pays, qui le dit:




C’est en tant que juif que j’ai participé à l’aventure en Libye. J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom, au sionisme et à Israël.



C’est clair non? Mais pire encore, parce que le sioniste est un fourbe, un lâche et un menteur, voici ce qu’il déclare devant les journalistes TV quelques jours après:





Il retire toutes ses références au sionisme et à SON pays Israël, mais en plus il dit que c’est en tant que PATRIOTE FRANCAIS qu’il l’a fait! BHL un patriote français! On croit rêver ou bien on a mal entendu, lui qui avait pourtant déclaré dans un journal officiel:




Je suis un cosmopolite résolu. J’aime le métissage et je déteste le nationalisme. Je ne vibre pas à « la Marseillaise ». J’espère que le cadre national sera un jour dépassé.



Alors pourquoi lui l’arrogant sioniste n’assume plus sa verve anti-française à la gloire d’Israël voir de l’empire américain? Est-ce que la révolte des juifs américains face au sionisme débridé lui a mis la puce à l’oreille? Il serait temps que les juifs patriotes se lèvent pour dire stop au sionisme et montrer ainsi leur attachement à leur patrie de naissance, de culture. Car nul ne peut vivre sans racines et il est illusoire de se sentir appartenant au monde sans accepter ses racines.



Bref c’est le problème des juifs et ils devront le résoudre un jour ou l’autre. Peut-être en 2012? C’est en tout cas à ce choix que mène la création de l’état d’Israël pour les juifs? Quelle nation défendront-ils en priorité? Quels intérêts nationaux protégeront-ils? Il faudra un jour qu’ils le disent clairement car les intérêts du grand Israël divergeront clairement des intérêts français par exemple.



Mais on peut élargir encore la question, pourquoi l’empire américaino-sioniste aime-t-il autant les dictatures arabes, les vraies, les salafistes, les wahhabites, les djihadistes (cf. Ben Laden), comme l’Arabie saoudite, le Yémen ou le Qatar? Et pourquoi s’attaque-t-il à des leaders ayant imposé la laïcité dans leur pays avec la protection des minorités religieuses comme en Libye, en Irak, en Syrie voir en Iran où les juifs se jugent plutôt bien traités (contrairement aux antisionistes en Israël qui se veut pourtant être un phare de lumière pour le monde…). Alors où est la cohérence?




C'est plus clair comme ça?





Il n’y a aucune cohérence…sauf si l’on adhère à la stratégie du chaos instauré par le choc de civilisations Occident – Orient sur la base d’un choc religieux. L’ennemi futur étant l’Islam il faut à tout prix le diaboliser et soudoyer dans le même temps une frange islamiste dure pour créer une partition à l’intérieur même de l’Islam. C’est le cas entre les sunnites et les chiites ce qui explique pourquoi l’Iran est isolé et tant haï par la communauté arabe plutôt sunnite.




L’empire americano-sioniste joue de ces haines pour modeler ces régimes monarchiques à sa convenance pour pouvoir exploiter les matières premières et dégager des voies d’accès aux pipelines en toute sécurité.



Mais dans le même temps il faut “pacifier” les régimes arabes pour qu’ils acceptent la domination amercano-sioniste dans la région et surtout ne s’opposeront pas au projet de grand Israël qui est le véritable projet sioniste. C’est bien pourquoi ils n’accepteront jamais la reconnaissance d’un état palestinien et que tout cela n’est qu’une pantalonnade diplomatique pour amuser l’opinion publique occidentale.




Voyez donc les conséquences militaires territoriales que cette expansion doit entraîner. Voyez donc bien que cela ne pourra se passer que par la force militaire et donc qu’il vaudra mieux avoir avec soi l’opinion publique de la “communauté internationale” et que pour cela il vaudra mieux avoir des régimes islamistes durs en face, pourtant alliés au début mais qui ne le seront plus à la fin…



Ainsi va le sionisme, sa propagande et ses mensonges.

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____Vivre pour la vérité consciente en terre d'afrikéa; Afrique Islamophobie et racisme: « les chrétiens persécutés parce que garantie du pluralisme que le totalitarisme musulman de Boko Haram et Al-Qaïda veut annihiler »

Le terme « islamophobie » est un néologisme qui désigne la peur et les préjugés à l'encontre de l'islam1

et par la suite la peur et le rejet des personnes de confession musulmane2,

3. L'islamophobie réfère à l'hostilité envers l’Islam, ou à une attitude considérée comme discriminatoire à l'encontre des personnes de religion musulmane, et par amalgame, des résidents d'origine maghrébine ou arabe4.



Le terme « islamophobie » s'est formé à partir du mot « islam » et du suffixe « phobie », qui dérive de phobos (φόβος), « peur », « effroi » en grec ancien. En français, le terme « phobie » qui relève du champ psychique peut signifier : dans son sens le plus fort (médical) :



« Symptôme prévalent des névroses obsessionnelles, caractérisé par une réaction d'angoisse ou une répulsion ressentie devant le même objet, la même personne ou une situation bien déterminée »




— Le Trésor de la Langue Française informatisé ; de manière atténuée sur le plan du comportement psychique et émotionnel



« Aversion très vive, irraisonnée ou peur instinctive. »




— Le Trésor de la Langue Française informatisé.



Historique de l'usagemodifier



Selon la journaliste Caroline Fourest, « le mot “islamophobie” ... a pour la première fois été utilisé en 1979, par les mollahs iraniens »5, une affirmation qui sera reprise par Pascal Bruckner6.



Le journaliste Alain Gresh, ainsi que les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed contestent cette version7,8, notant entre autres une utilisation de l'expression « délire islamophobe » dès 1925 en France9. Le terme « islamophobie » était même apparu dès 1910 dans l'ouvrage d'Alain Quellien La politique musulmane dans l’Afrique Occidentale Française10, ainsi que dans d'autres publications de la même époque11, comme l'ouvrage de Maurice Delafosse Haut-Sénégal-Niger publié en 191212.



Mais son usage se répandit dans le langage commun essentiellement à partir des attentats du 11 septembre 2001, qui, revendiqués par des musulmans affirmant agir au nom de l’islam13, provoquèrent des actes de rétorsion envers des musulmans dans plusieurs pays, principalement occidentaux7.





La construction du néologisme à partir du suffixe "phobie" est critiquée car elle associe la notion d'idéologie et son corollaire démocratique : le débat, à un concept de maladie mentale14,15,16. Anne-Marie Le Pourhiet a analysé la tendance de certains à « qualifier de "phobie" (homophobie, lesbophobie, handiphobie, islamophobie, judéophobie, mélanophobie, etc.) toute expression d'une opinion contraire à leurs prétentions ou revendications. ... on comprend bien qu'il s'agit de traiter le dissident en malade dont l'accompagnement psychiatrique devrait sans doute être recommandé en parallèle à la répression pénale »17,18. Ainsi, la répression de l’expression d’opinion en la qualifiant de maladie mentale est une méthode qui a été employée par l’Union soviétique à l’époque de Brejnev pour réprimer la dissidence et enfermer arbitrairement des opposants19. Néanmoins, Caroline Fourest soutient que le mot homophobie (et par extension lesbophobie, xénophobie, handiphobie ou mélanophobie) n'a rien à voir avec le terme islamophobie (et donc par extension judéophobie) car le premier stigmatise une phobie envers des individus pour ce qu'ils sont, ce qui constitue un racisme, et le dernier confond la haine des musulmans pour ce qu'ils sont, et l'hostilité envers une croyance, une religion, une idéologie, qui relève de la liberté d'expression20.







Le terme d'islamophobie recouvre plusieurs significations. Au sens le plus strict, il est employé pour désigner la haine envers l'islam, comme par exemple quand le journal Le Reflet21 utilise le terme islamophobie pour désigner des attaques sataniques et intolérables contre l'Islam lors de l'affaire des caricatures de Mahomet. Mais le terme désigne également une attitude jugée xénophobe, dans les pays occidentaux, à l'encontre des musulmans et par amalgame, des résidents et nationaux d'origine arabe ou maghrébine4.



Pour Thomas Deltombe22« En fonction des définitions possibles des mots utilisés, on doit bien distinguer deux positions : l'islamophobie de type raciste (« musulman » comme catégorie ethnique) ou xénophobe (l'islam comme élément « étranger ») et la critique légitime des dogmes religieux, quels qu'ils soient. »



En pratique les concepts d'islamophobie et de racisme sont liés et difficiles à dissocier. Une étude du Runnymede Trust utilise le terme islamophobique pour caractériser un certain point de vue sur la religion musulmane, puis considère que l'islamophobie est source de danger pour la communauté musulmane et finalement pour l'ensemble de la société23.



Inversement, des inscriptions visant l'islam ont été qualifiées de « racisme le plus inadmissible qui soit » par le président de la République française, en fonction en 2008, Nicolas Sarkozy24.



Pour Doudou Diène, rapporteur spécial des Nations unies, le terme islamophobie se « réfère à une hostilité non fondée et à la peur envers l’islam, et en conséquence la peur et l’aversion envers tous les musulmans ou la majorité d’entre eux. Il se réfère également aux conséquences pratiques de cette hostilité en termes de discrimination, préjugés et traitement inégal dont sont victimes les musulmans (individus et communautés) et leur exclusion des sphères politiques et sociales importantes. Ce terme a été inventé pour répondre à une nouvelle réalité: la discrimination croissante contre les musulmans qui s’est développée ces dernières années. » 25





Le concept d'islamophobie, ainsi que le terme lui-même, ont été critiqués sur plusieurs aspects. Des opposants au concept soulignent que le terme mélange la critique d'une religion à celle de ses adeptes réf. nécessaire. D'autres, constatant que le terme "islam" recouvre des réalités extrêmement variées (dogmes religieux, zones géographiques, populations, etc.), estiment que l'islamophobie peut ouvrir la voie au pur et simple racismeréf. nécessaire.



Didier Delaveleye, pour le MRAX, déclare26 « En voilà un qui est au hit-parade des mots problèmes : l’islamophobie. Ce terme s’est imposé aujourd’hui pour désigner l’hostilité spécifique vis-à-vis de la population de religion ou d’origine musulmane. Toutefois, cette simple définition pose déjà un problème puisque littéralement, l’islamophobie ne désigne pas la crainte du musulman, mais la crainte d’une religion particulière, l’islam. »


  • Censure de la critique religieusemodifier


C'est dans le sens de rejet de la religion musulmane ou de certaines de ses formesréf. nécessaire que l'islamophobie est revendiquée : « Ce terme d'islamophobie n'exprime rien d'autre que le dégoût et le rejet de l'islam en tant que religion, en tant que système de pensée totalisant. L'islamophobie c'est le rejet de l'islam, pas le rejet des musulmans ni le rejet des arabes ou des maghrébins. » déclare le site atheisme.org27 « Les lecteurs d'atheisme.org qui se reconnaissent dans l'opposition radicale aux religions sont vivement encouragés à se déclarer publiquement islamophobes afin de créer un mouvement courageux de contestation de cette religion qui ne vaut pas mieux que les autres. » 28.



Claude Imbert, membre du Haut Conseil à l'intégration (HCI), fondateur et éditorialiste de l'hebdomadaire Le Point, affirme le 24 octobre 2003 sur la chaîne LCI29 : « Moi, je suis un peu islamophobe. ... Nous avons le droit de combattre le racisme, d’accepter une pratique paisible de l’islam. Et j’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam - je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes - en tant que religion apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme et en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe ».



Il existe en France, et de façon générale dans le monde occidental, une longue tradition de critique de la religion. La figure de Voltaire, champion français de la liberté d'expression, est souvent évoquée dans les débats (par Alexandre del Valle30, Claude Imbert, Alain Gresh…). Cette tradition se retrouve dans des formes variées, allant de la simple critique philosophique ou sociologique, jusqu'à des formes très militantes de lutte contre toute forme de religion, héritières des grands débats anticléricaux du début du XXe siècle.



Pour les tenants de cette tradition, la critique de la religion est légitime, et doit pouvoir s'effectuer dans un cadre légal. Ils dénoncent pour cette raison l'usage du terme « islamophobie », soulignant le risque que, par le recours la condamnation active de cette attitude, il soit finalement mis en place de facto une censure ayant pour effet d'interdire toute critique envers l'islam, sous couvert de lutte contre la discrimination. Une telle censure serait contraire aux traditions démocratiques, qui autorisent toutes les opinions sur tous les sujets, y compris religieux.



Cette critique, exprimée par exemple par le Conseil de l'Europe, ne s'adresse pas tant à l'islam en tant que tel qu'à l'intégrisme musulman, et finalement pas tant à l'intégrisme musulman qu'à tous les intégrismes religieux, ce qui permet de sortir du débat « pour ou contre l'islam, l'islam est-il dangereux ? » que suscite parfois le thème de la « lutte contre l'islamophobie ». Pour Caroline Fourest en effet, le monde dont rêvent les intégristes musulmans ressemble à s'y méprendre à celui dont rêvent les intégristes juifs et chrétiens. La critique du terme « islamophobie » relève ainsi d'une lutte contre la tendance qu'auraient ces intégristes de mettre leur religion à l'abri de la critique, s'appuyant notamment sur la lutte contre le blasphème.



Le terme et ses équivalents dans différentes langues est d'un usage controversé dans certains pays comme la France. Tandis que certains mouvements et institutions l'utilisent dans le monde occidental, d'autres le récusent et considèrent son usage comme problématique.



Éric Conan, journaliste de la revue L’Express, estime que le terme relève de la « guerre des mots »31, qui serait prise dans une véritable lutte idéologique et guerre au sein de l'islam lui-même, où l'islamisme en sous-main tendrait à imposer un point de vue contraire à la tendance strictement religieuse de l'islam, ainsi qu'à sa tendance libérale.



Selon la journaliste Caroline Fourest, c'est Tariq Ramadan qui a apporté au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) le concept de lutte contre l'islamophobie pour faire condamner le blasphème et les critiques de l'islam en France. Pour Caroline Fourest et Fiammetta Venner, fondatrices de la revue ProChoix et auteures de Tirs croisés32 : « le mot “islamophobie” a été pensé par les islamistes pour piéger le débat et détourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphème. Il est urgent de ne plus l’employer pour combattre à nouveau le racisme et non la critique laïque de l’islam. »33,34. Selon elles, le terme était utilisé pendant la révolution iranienne de l'ayatollah Khomeiny33 ; puis les mollahs et par la suite tous les groupes fondamentalistes ont utilisé ce terme pour fustiger les femmes qui résistent aux prescriptions de la charia, pour justifier en 1990 la fatwa contre l'écrivain Salman Rushdie, pour condamner à mort Taslima Nasreen et plusieurs autres intellectuels musulmans pour des écrits jugés blasphématoires35. Selon elles, le terme est toujours utilisé par le régime iranien pour condamner toute production artistique jugée blasphématoire, comme l'accusation d'islamophobie lancé en 2007 par Mehdi Halhor contre le dessin animé Persépolis, réalisé notamment par Marjane Satrapi.



L'affirmation de Caroline Fourest selon laquelle le mot serait une création des « islamistes » est toutefois contestée, notamment par des militants du MRAP qui notent que les premières occurrences attestées de ce terme se trouvent dans des ouvrages français, écrits ou dirigés par des artisans de la politique coloniale de la France au début du XXe siècle (tel le gouverneur de l'Afrique occidentale française François Joseph Clozel)12, que l'on peut donc difficilement accuser d'être des islamistes36.



Selon l'intellectuel américain Edward Said, le terme « islam », tel qu'il est utilisé par les médias et les « experts », recouvre des réalités politiques, sociales, géographiques extrêmement variées (et parfois contradictoires)37.



Le journaliste Alain Gresh du Monde diplomatique estime quant à lui au sujet de l'usage du terme qu'« il est vrai que certains musulmans peuvent brandir l'islamophobie pour bannir toute critique de l'islam, cela ne doit pas nous décourager : la judéophobie ou l'antisémitisme est aussi utilisé par certains pour interdire toute critique de la politique israélienne. Faut-il bannir l'usage de ces mots pour autant ? »7. Outre la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), les laïques en général et les défenseurs de la laïcité sont opposés à l'usage du terme au nom de la défense des principes de la liberté d'expression inscrits dans la Constitution et dans les Déclarations des droits de l'homme38.



Le Mouvement des musulmans laïques de France (MMLF) avec Kebir Jbil soutient qu’« en Iran et au Soudan, pour éliminer les musulmans progressistes, il suffit de les qualifier d’islamophobes. Ainsi, ce terme ne désigne pas un racisme, mais stigmatisme toutes celles et tous ceux qui résistent à l’islam radical et archaïque. »



Pour Dominique Sopo, le concept d'islamophobie est "extrêmement problématique" car il est susceptible "de réinstaurer le délit de blasphème dans les ordres juridiques"39.





Une partie de l'opinion publique identifie l'islam ou l'islamisme radical aux Arabes. Dans son rapport de mars 2008, l’Observatoire de l’OCI sur l’islamophobie estime que celle-ci a pris récemment de l'ampleur dans les pays occidentaux. Il se peut qu'il fasse référence à la période qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 à New York et/ou les attentats du 7 juillet 2005 à Londres40.



L'islamophobie est-elle assimilable au racisme ? Le terme est dénoncé par de nombreuses personnes et associations comme permettant de qualifier de raciste, qui donc tombe sous le coup de la loi, les critiques formulées à l’encontre de l’islam.



Plusieurs responsables d'associations en France, comme à la Ligue française des droits de l'homme, refusent d'utiliser le terme.



L'usage du terme constituerait également une transformation indue de la lutte antiraciste, comme l'affirme par exemple le site athéisme.org, pour qui le MRAP assure désormais la défense de l'islam, ceci au nom de la lutte contre l'islamophobie et quitte à délaisser la lutte contre le racisme41.



Le congrès du MRAP du 5 décembre 2004 a été l'occasion de débats houleux au sujet de l'islamophobie. Beaucoup de militants ont considéré qu'il y avait un risque d'une dérive vers la défense du cléricalisme musulman. La ligne actuelle du mouvement y a été approuvée à une majorité de 131 voix pour, 83 contre et 46 abstentions.



La raison de l'opposition à l'usage du terme est explicitement énoncée lors du désaccord entre le MRAP et le syndicat d'enseignants, Unsa-Education, qui comme d'autres syndicats et organisations laïques, telle la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), ont refusé la demande du MRAP en faveur de l'usage du terme "islamophobie", et ce, à l'occasion de la "semaine d'éducation contre le racisme à l'école (21-26 mars 2005)".



En France, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) remet en mars 2004 un rapport au premier ministre où on peut lire « certains courants intégristes tentent d'obtenir la requalification du racisme anti-maghrébin en "islamophobie" pour mieux tirer bénéfice des frustrations, jouer sur les replis identitaires religieux de la population d'origine maghrébine et faire du religieux le critère absolu de différenciation, de partage »42.



L'extrême-gauche antiraciste et tiers-mondiste, a également été critiquée, et altermondialistes face aux mouvements musulmans Pascal Bruckner interprète ainsi l'assimilation au racisme : Il s'agit donc de réhabiliter le délit d'opinion afin de clouer le bec aux contradicteurs et déplacer la question du plan intellectuel au plan pénal, toute objection ou réticence étant immédiatement passible de poursuites. ... Or l'assimilation de l'esprit d'examen avec le racisme est trompeuse sachant que celui-ci s'adresse aux personnes en tant qu'elles existent et pour ce qu'elles sont, le Juif, le Noir, l'Arabe, autant la discussion critique porte sur de notions mobiles, variables, les idées, les dogmes, les principes, toujours susceptibles de transformations. 43.



Le Haut Conseil à l'Intégration Français rappelle qu'« en République, la critique de la religion, comme de toutes les convictions, est libre, est constitutionnellement garantie et fait partie de la liberté d’opinion et d’expression, et ne saurait être assimilée au racisme et à la xénophobie ».



Certains refusent l'assimilation au racisme qui est parfois faite, expliquant que l'islam se choisit, à l'inverse des origines ethniques. Des observateurs et analystes, qui contestent l'emploi du terme, considèrent que cette notion contribue à propager un amalgame entre "religion", "ethnie", et "culture", amalgame qui contribue à transformer la crainte initiale en racisme.



Ceux qui utilisent le terme soulignent au contraire que l'étiquette "musulman" est souvent imposée de l'extérieur (par les discours politiques ou médiatiques) sans que la question soit explicitement posée à ceux qui peuvent, ou non, se considérer comme tels. C'est ce qui se passe par exemple, lorsqu'il est dit que "la communauté musulmane compte, en France, cinq millions de membres". Ce type de proposition, où la foi religieuse individuelle disparaît derrière une catégorisation éthnicisante, favorise les glissements sémantiques entre, par exemple, "arabes", "musulmans" et, par suite, "islamistes". Ainsi peut se développer, sous couvert d'une critique de la foi et des dogmes religieux, ce que le sociologue Saïd Bouamama appelle "un racisme respectable"44.



Vincent Geisser, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM/CNRS) est l'auteur du livre très controversé La Nouvelle Islamophobie45. L'ouvrage, plaidoyer en faveur de l'adoption du terme d'"islamophobie" en France. Selon lui, celle-ci « s'ancre très profondément dans la mémoire de l'Algérie coloniale ». Pour Vincent Geisser (chercheur CNRS et enseignant) 46 « elle l'islamophobie constitue bien un racisme antimusulman ». C'est dans ce sens qu'elle est dénoncée en France47 Tout comme l'anti-sémitisme, l'islamophobie incite à des profanations24.



Selon certains, il convient de respecter la différence entre ce qui relève de l'islam et ce qui relève du racisme, et entre ce qui relève de l'islam et ce qui relève de l'islamisme : mouvement politique radical au nom de l'islam. Ce que soutiennent les musulmans qualifiées d'« éclairés » Malek Chebel48, Fethi Benslama et bien d'autres.

(AFP) –ROME — Les chrétiens sont persécutés dans plusieurs régions d’Afrique « parce qu’ils sont une garantie du pluralisme que le totalitarisme musulman » de Boko Haram et Al-Qaïda « veut annihiler », a affirmé lundi le ministre italien de la Coopération, Andrea Riccardi, un catholique militant.

Une attaque à la bombe et des tirs pendant deux services religieux à Kano (nord du Nigeria) ont fait environ vingt morts dimanche, et une attaque à la grenade pendant une messe à Nairobi a fait un mort et une quinzaine de blessés. Dans une interview au quotidien Corriere della Sera, le professeur Riccardi, historien des religions et fondateur de la Communauté catholique Sant’Egidio proche du Vatican, relève que « beaucoup de musulmans (en Afrique) sont préoccupés par les attaques contre les chrétiens ».

Il ne faut « pas faire de généralisations » sur l’islam et les menaces islamistes en Afrique, qui ne touchent que quelques régions, Nigeria, Sahel, Corne de l’Afrique, tient-il à souligner.

« Dans le nord du Nigeria, on veut contraindre à l’exode la minorité chrétienne. Parce que les chrétiens sont modérés, acceptent la confrontation, dialoguent, qu’ils sont une garantie de pluralisme que le totalitarisme musulman veut annihiler ». Quant au Kenya, « on assiste à une contagion de la crise somalienne », dit-il. « Le XXIe siècle est plus que jamais un siècle du martyre. Egalement là où il n’y a pas de violences religieuses, on attaque les chrétiens parce qu’ils sont modérés et représentent un ancrage gratuit et sûr d’humanité », a souligné M. Riccardi. Le ministre italien évoque aussi l’Irak « où est en cours une épuration des chrétiens, un nettoyage ethnique qui vise, à travers des assassinats systématiques, à les obliger à abandonner les terres qu’ils ont toujours habitées ».

Du coup, « on peut comprendre la peur qu’ont les chrétiens en Syrie, même s’ils risquent ensuite d’apparaître comme des amis d’Assad » (le président Bachar al-Assad), estime-t-il.

Dans le Printemps arabe, « les partis musulmans religieux ont désormais l’hégémonie sur la protestation », ajoute M. Riccardi. « Notre espérance est qu’ils réussissent à concilier (leurs idées, ndlr) avec la démocratie : les choses semblent aller dans cette direction pour le moment », souligne-t-il, en relevant que beaucoup dépendra de l’évolution de l’Egypte.

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___Pourquoi l'Islam, religion de paix, est-il systématiquement attaqué ? parce que certains musulmans n'ont pas compris que c'est une religion de paix et qu'ils en font un instrument de guerre, d'injustice, de totalitarisme.

Effectivement la finalité de la société islamique est la paix. L’Islam veut que le croyant s’adresse au croyant par la formule « Paix sur vous », comme si tout musulman disait à son coreligionnaire quand il le rencontre : « Paix sur toi , ne craints de moi aucune agression et ne redoute de moi aucun mal ». Cette insistance à divulguer la paix aboutit nécessairement à l’amour et à la sécurité.

LIBERTE, Droit, LAICITE, LIBERTE DE CULTE

S'attaquer à l'islam c'est permettre aux entités de corruption de foisonner et leur donner la liberté de détruire la vie et enterrer les bonnes moeurs et le sens de l'humanité

Ainsi, les musulmans n’ont pas le droit d’être des agresseurs et la guerre en Islam n’est imposée qu’en cas d’agression et donc de défensive. la structure sociale en Occident n’est pas équilibrée et tend à démanteler les liens entre les époux qui résultent à la destruction du mariage. Ce résultat était facile à prévoir : en Occident, les fréquentations mixtes sont libres à l’excès, la consommation d’alcool est répandue et le manque de pudeur de certaines femmes contribue à l’adultère, mais les hommes sont aussi responsables. Cela est une chose aisée pour ceux qui ne craignent pas Dieu. Dans tous ces pays, la formule est la suivante : hommes, femmes, alcool, nudité, fréquentations libres, ayant pour résultat la destruction du mariage, des enfants illégitimes et malheureux. L'Islam est attaqué par méchanceté et haine, parceque que l’islam interdit les fréquentations libres, prône l’interdiction de l’alcool, et la préservation de la pudeur, ayant pour résultat la protection du mariage, des enfants légitimes et heureux, les jeux du hasard, etc... .



Que les ennemis de l'islam sachent que cette religion universelle remplit tous les besoins humains concernant la vie familiale, sociale, économique et politique et dont la ligne de conduite est restée intacte depuis des centaines d’années et est appropriée à tout temps et en tous lieux , appelle au respect des droits des père et mère, des voisins, des proches parents, etc. encourage la pratique de tout bien et met en garde contre tout mal et la véracité de l’Islam n’est pas atteinte par les fautes commises par ceux qui le suivent dues à leur ignorance ou à la mauvaise compréhension de ses textes.

tout conquérant est attaqué, et puis les attaques dont tu parles ne font que consolider l'islam car il y a parmi les non musulmans des gens qui ne sont pas haineux et ces attaques les poussent à voir eux mêmes ce qu'est véritablement l'islam et sont généralement subjugués par ce qu'ils découvrent... @Maroufla : lire est une chose nécessaire mais parfois pas suffisante pour comprendre et interpréter...

parce que certains musulmans n'ont pas compris que c'est une religion de paix et qu'ils en font un instrument de guerre, d'injustice, de totalitarisme. Il paraît même que, dans certains pays musulmans, tu n'as pas le droit de choisir ta religion ou de choisir le prénom que tu veux pour tes enfants. Il y a des listes officielles! Si, si, je te jure. Et le pire, c'est que la grande majorité des bons musulmans ne disent rien. C'est le problème: le jour où les imams, dans leur sermon du vendredi, diront que les extremistes sont des criminels qui iront en enfer et mettront à la porte des mosquées les intégristes, l'Islam ne sera plus attaqué. Les chrétiens d'aujourd'hui s'attaquent au pape, à l'opus dei et à tous les intégristes mais les musulmans ferment lamentablement leurs gueules, incapables de critiquer ceux qui salissent leur religion.

Pourquoi l'Islam, religion de paix, est-il systématiquement attaqué ? Parce que tout simplemenent on veut cacher la vérité, puisque il est la religion de paix, et la "paix" est l'opposé de la violence et la térreur, donc, les innemis de l'islam ont choisie quelques versets qui parlent dans l'ensemble de djihad contre l'ennemie ( armée contre armée bien sur), donc ils ont endoctriner les pseudos-musulmans ignorants, et ont creer le terrorisme, ensuite ils ont déclencher une guerre médiatique en imputanbt tout cela à l'islam, pour diaboliser cette religion universelle qui ne corespond pas à leurs passions diabolique mondaine..Le plus béte encore c'est quand on confond musulman et islamiste extrémiste, si on considère que tout les musulmans sont islamistes (ignorants endoctrinés par les innemis de l'islam sans qu'ils sachent), cela veut dire que moi musulmane je suis térroriste c'est du n'importe quoi. Avant de lancer des jugements sur l'autre il faut bien ce renseigner sur la chose, et non pas consommer seulement l'information érronée.

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___Livre : "La couleur dans la peau, ce que voit l'inconscient" de Sabine Belliard. Écrit par Sabine Belliard, une psychologue-psychanalyste d'origine antillaise, chercheure à l'Université Paris 7. D'abord que veut dire couleur de la peau?

Livre : "La couleur dans la peau, ce que voit l'inconscient" de Sabine Belliard 08/07/2012



Récemment publié, ce livre offre une manière nouvelle, très juste et particulièrement intéressante, de traiter de la question de la couleur de la peau



Par Patricia Contion



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La Couleur dans la peau, de Sabine Belliard




"La couleur de la peau; ce que voit l'inconscient" vient d'être publié, aux éditions Albin Michel. Écrit par Sabine Belliard, une psychologue-psychanalyste d'origine antillaise, chercheure à l'Université Paris 7, ce livre offre une manière toute nouvelle, très juste et particulièrement intéressante, de traiter de la question de la couleur de la peau.

D'abord que veut dire couleur de la peau? Toute peau humaine a une couleur: objectivement aucune n'est véritablement "blanche" ou "noire"; pourquoi réserver le terme "couleur" aux personnes noires? De nombreux mots encore très présents notamment aux Antilles (mots surprenants et renvoyant au registre de l'animalité et des croisements d'espèces), sont hérités de l'histoire coloniale et infiltrent fortement notre façon de penser.

L'auteure montre comment ces mots, utilisés pour désigner l'autre à la couleur de peau différente, parlent souvent à notre place; en même temps que nous les utilisons nous sommes pris dans une manière de penser qui d'emblée limite notre perception de l'autre et de nous-même. Sabine Belliard remarque que dans les familles métisses, chez les couples mixtes, ce vocabulaire est rarement repris pour parler des personnes aimées : les enfants métis parlent de parents, frères et sœurs "marron", "crème", "foncé", "clair" etc... ils emploient rarement des phrases du type : "ma mère est noire, mon père est blanc, ma sœur (plus foncée) est noire et moi (plus clair) je suis blanc".



Une famille métisse : l'actrice Victoria Rowell et ses deux enfants biologiques Jasper et Maya




Ils ont le sentiment que cela attaque leur unité familiale de parler de leurs intimes avec ces mots réducteurs de la vie sociale. Si le mot Nègre est très utilisé et avec fierté aux Antilles (en référence à la Négritude de Césaire et Senghor) il ne se limite pas pour autant aux seules personnes noires de peau: "il y a des négresses blanches" (de culture Nègre et blanches de peau) explique ainsi une des personnes interviewée par l'auteure.

Le plus important, montre très bien Sabine Belliard, c'est que la "couleur" de la peau est DANS la peau. Quelle que soit sa teinte, la peau renvoie ainsi tous les humains aux relations, peau à peau de leur histoire; au toucher de la mère et du père lors des soins corporels, aux caresses (ou aux coups) qu'elle a reçus... C'est tout sauf neutre dans la psychologie humaine que la peau soit un organe des sens, le tactile : la "couleur" de la peau de l'autre est inconsciemment pensée en lien avec ce que cette peau a pu vivre dans le passé, avec le caractère possible aussi de la personne qui la porte.



Si le mot Nègre est très utilisé et avec fierté aux Antilles (en référence à la Négritude de Césaire et Senghor) il ne se limite pas pour autant aux seules personnes noires de peau





Un regard très vite teinté d'une fantasmatique de type sexuel va être mobilisé face à l'autre à la peau différente. Très vite, observe l'auteure, quand on écoute les individus parler de leur couleur de peau et de celle des autres, la question sort discrètement d'une référence au culturel où au social, comme par exemple le cas de ces hommes et femmes qui ne peuvent simplement pas "toucher" aux partenaires qui leur rappellent trop (de même teinte que ce dernier) un de leurs parents Noir ou Blanc...



© whitehouse.gov




Chacun, montre l'auteure en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, utilise la question de la couleur de la peau en fonction de ce qu'il est. S'il est vrai que cette utilisation peut parfois être, pour certaines personnes, d'un immédiat rejet raciste, elle peut également être complètement fluide, être mise au service des rivalités, des besoins de reconnaissance, des enjeux personnels du moment, des désirs de chacun.

Ce livre est courageux car s'il ne nie pas l'histoire et les souffrances qu'ont pu vivre les Noirs dans l'histoire et notamment pendant l'esclavage (l'auteure montre d'ailleurs avec des exemples concrets comment un racisme existe encore aux Antilles de la part de certains descendants d'esclavagistes qui sont restés sur l'île, appelés békés) il nous confronte en même temps aux limites possibles de notre propre regard sur ces questions de couleur de peau.



Chacun, montre l'auteure en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, utilise la question de la couleur de la peau en fonction de ce qu'il est





Quelle que soit notre origine, africains, antillais, européens, le regard de l'autre perçoit immédiatement notre différence de teinte de peau. Être regardé comme Un Blanc ou Un Noir etc. en passant à côté de la personne, ou pire, être incapable de la regarder en "sautant par dessus son visage comme on saute par dessus une flaque d'eau" (une des personnes qui raconte son histoire dans le livre le dit comme cela) a des effets psychiques nous dit l'auteure.




Comment nous sentons-nous quand notre visage est évité par un autre humain auquel nous allions adresser la parole, demander quelque chose, dans la vie quotidienne? Même si nous pouvons faire comme si les choses ne nous touchaient pas, même si rien n'est dit à ce sujet, quel impact discret ces situations répétées peuvent-elles avoir en nous? Ce livre nous amène à percevoir, que nous soyons regardés ou que nous regardions l'autre dont la peau diffère de la nôtre, l'effet que le racisme ordinaire peut avoir.

La peau est ce qui sert de frontière entre soi et l'autre: toucher à la peau c'est toucher au psychique. Sabine Belliard rapporte ainsi les témoignages de personnes qui expliquent comment c'est profondément et psychiquement qu'elles ont été touchées par ces regards, ou plutôt ces absences de regards auxquels elles ont pu être confrontées. On comprend comment le visage (qui affiche pour chacun aussitôt sa couleur de peau) est précieux et que la teinte de la peau de chacun ne doit pas empêcher de pouvoir le regarder, lui refléter naturellement, spontanément, son visage... Ces échanges apparemment anodins ont un rôle essentiel.

Nous noterons qu'avoir une peau Blanche ne met pas à l'abri de ces vécus particuliers: le livre montre que tout être humain est particulièrement sensible, sinon vulnérable, à la manière dont sa peau va être appréhendée dans la relation. Jamais les mécanismes psychiques œuvrant au sein de la relation regardé-regardant (quand l'appréhension de l'autre est raciste) n'avaient été mis en évidence et analysés de cette manière et avec autant de finesse. Ce livre est donc une première et je le recommande à tous ceux qui souhaitent pouvoir penser plus librement les questions de la couleur de la peau et de racisme.

Patricia Contion est spécialiste de la littérature antillaise



http://www.grioo.com/ar,livre_la_couleur_dans_la_peau_ce_que_voit_l_inconscient_de_sabine_belliard,22701.html

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____Terra nullius est une locution latine signifiant « territoire sans maître ». Si tu enseignes à ce nègre à lire, il n'y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l'esclavage Frederick Douglass

Frederick Douglass (1818-1895), esclave autodidacte devenu consul des Etats-Unis

18/04/2004



esclave, Frederick Douglass brisa ses chaînes pour devenir porte-parole de la lutte contre l'esclavage, membre de la société abolitionniste, éditeur de journal, puis consul des Etats-Unis




http://www.grioo.com/info2313.html



Par Paul Yange






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Frederick Douglass






Frederick Douglass

Frederick Douglass fut l'un des leaders noirs américains les plus importants du 19ème siècle. Né Frederic Augustus Washington Bailey vers 1818, il est le fils d’une esclave noire et probablement de son maître blanc. Sa mère décède alors qu’il n’a que 7 ans. Il vit à la campagne, sur la plantation de son maître. Son destin prend un tour nouveau lorsque son maître décide de le laisser partir vivre à Baltimore avec un certain Hugh Auld. A Baltimore, le très jeune Douglass est "stupéfait par la bonté de sa nouvelle maîtresse" qui est une femme au bon cœur. "Elle ne jugeait pas inconvenant qu’un esclave la regardât de face" écrira t-il plus tard.



Comment un homme, six ans seulement après être sorti de ses chaînes, et qui n’était jamais allé à l’école pouvait-il parler avec une telle éloquence - avec une telle précision de langage et puissance de pensée ?



Liberator, 1844

Peu de temps après son arrivée chez les Auld, Mme Auld avait commencé à enseigner l’alphabet à Douglass. Dès qu'il l’eut appris, Mme Auld l’aida à épeler des mots de trois ou quatre lettres. Malheureusement pour Douglass, c’est à ce moment que M Auld se rendit compte que sa femme apprenait l’alphabet à un esclave, et lui interdit d’en apprendre davantage : "Si tu donnes le doigt à un nègre, il te prendra le bras. Un nègre ne doit savoir qu’une chose : obéïr à son maître- faire ce qu’on lui dit de faire. Le savoir gâterait le meilleur nègre du monde. Or si tu enseignes à ce nègre (Douglass NDLR) à lire, il n’y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l’esclavage. Il deviendra aussitôt incontrôlable et sans valeur pour son maître" (...)

Sous l'influence de son mari, Mme Auld adopta donc le comportement caractéristique des possesseurs d’esclaves et son comportement à l’égard de Douglass changea. Mais les paroles de Auld avaient été une révélation pour Douglass qui comprit que l’apprentissage de la lecture était peut-être sa voie de salut. "Je comprenais à présent ce qui avait constitué pour moi une difficulté insondable- à savoir l'aptitude de l'homme Blanc à asservir l'homme noir. C’était un grand pas que j'appréciai hautement. Désormais je voyais la route menant de l’esclavage à la liberté."



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Anna Murray Douglass 1ère épouse de Frederick Douglass




Douglass prit donc la résolution de continuer son apprentissage de la lecture seul. Il demeurera sept ans dans la famille de Hugh Auld et réussit pendant cette période à achever son apprentissage de la lecture. Il avait constaté à son arrivée à Baltimore que "l’esclave des villes était presqu’un homme libre par rapport à l’esclave des campagnes (..) Il reste un vestige de respect, un sentiment de honte qui contribue beaucoup à réprimer les pulsions de cruauté atroce si couramment exprimées sur la plantation (...) chaque propriétaire d’esclaves de la ville veille à ce qu’on dise qu’il nourrit bien ses esclaves".

Dans cette atmosphère, Douglass se lia d’amitié avec les petits garçons blancs qu’il rencontrait dans les rues et grâce à leur aide, obtenue en différents moments et différents endroits, pu terminer son apprentissage de la lecture. Douglass découvrit parallèlement un livre, "The colombian Orator" dans lequel il tomba sur un discours appelé "le discours de Sheridan " qui provoqua chez lui un nouveau tourment : je pensais parfois que la lecture tenait en effet davantage de la malédiction que de la bénédiction. Elle m’avait offert un aperçu de ma misérable condition sans son remède " dira t-il.

Si tu enseignes à ce nègre à lire, il n'y aura plus moyen de le tenir. Cela le rendra à jamais inapte à l'esclavage



Hugh Auld, maître de Frederick Douglass, à sa femme

Douglass était de plus en plus obsédé par sa condition. Il commença à s'intéresser à l’abolitionnisme, mot qu'il apprit à connaître en écoutant des conversations autour de lui. Douglass décida également d’apprendre à écrire, ce qu'il parvint à faire après plusieurs années d’apprentissage et de patience. Nous sommes approximativement en 1834. Au cours de l’année 1836, Douglass tenta de s'évader, mais la tentative d’évasion échoua après qu’elle ait été découverte au mois d'avril. Il passa une semaine en prison, puis fut libéré par Thomas Auld qui le renvoya à Baltimore.

Il décida de travailler à nouveau pour les Auld, puis conclut un accord avec Hugh Auld qui l'autorisa à travailler partiellement à son compte et à payer la location de la chambre dans laquelle il vivait. Parallèlement, Douglass rencontra Anna Murray qui deviendra sa femme. L'accord entre Douglass et Auld fonctionna correctement, mais une fois, Douglass fut incapable de payer Auld. Furieux, ce dernier rompit le contrat. Douglass pris la résolution de s'enfuir sous un délai de trois semaines. (Il avait commencé à fréquenter des Noirs libres à Baltimore et savait qu’il pouvait s'enfuir par bateau) Il emprunta de l’argent à Anna, puis se rendit à Philadelphie par train, puis par bateau (il voyageait sous l'identité d’un de ses amis, un noir libre de Baltimore). Arrivé à Philadelphie, Douglass ne s'y sentait pas en sécurité (les chasseurs d’esclaves fugitifs existaient) et partit pour New-York où il arriva finalement le 4 septembre 1838. Un nouveau monde s’offrait à lui. Quelques semaines plus tard, il devait s'installer à New Bedford dans le Massachusetts avec son épouse (qu'il avait rencontré à Baltimore et épousé à New-York) sous son nouveau nom, Frederick Douglass.



William Lloyd Garrison © pbs.org




Continuant à se battre pour améliorer son éducation, Douglass rejoignit de nombreuses organisations à New Bedford, et se mit à fréquenter les réunions des abolitionnistes. Il s’abonna à l’hebdomadaire de William Lloyd Garrison, (un abolitionniste blanc très actif) "The Liberator". En 1841 il vit Garrison s'exprimer lors d’un discours à l’occasion de la réunion annuelle de la "Bristol Anti-Slavery Society". Douglass fut impressionné par ce discours. Garrison de son côté fut également impressionné par Douglass, qu’il cita dans "The Liberator".

Plusieurs jours plus tard, Douglass devait prendre la parole lors d’un discours à l’occasion de la convention annuelle "l’Anti Slavery Society" à Nantucket. Douglass était debout sur le podium, tremblant de nervosité. Devant lui se tenaient en effet la fine fleur des abolitionnistes qui s’étaient déplacés à Nantucket. Agé de seulement 23 ans, Douglass surmonta sa nervosité et prononça avec une grande éloquence un discours émouvant sur l’esclavage.

tuer un esclave, ou toute personne de couleur, dans le comté de Talbot dans l'Etat de Maryland n'est pas tenu pour un crime (...) M. Thomas Lanman, de St-Michael, a tué deux esclaves, dont l'un avec une hache, en la lui plantant dans la cervelle. Il avait coutume de se vanter d’avoir commis cet acte atroce et sanguinaire



Frederick Douglass

Un correspondant ayant assisté au discours de Frederick Douglass écrivit que les cœurs les plus durs avaient été percés et les cœurs les plus froids avaient fondu devant tant d'éloquence. Avant qu'il ne quitte la réunion, "l’Anti Slavery Society" demanda à Douglass de devenir conférencier pour la Société lors des trois années à venir. C’était le début d’une carrière de porte-parole et "speaker" qui allait continuer tout au long sa vie. Il devint un membre important du mouvement abolitionniste, capable par la puissance de son discours d'édifier les foules et d'imprimer dans les esprits toute l'inhumanité du sort réservé aux Noirs. Douglass se prononça contre le "retour" de certains esclaves libres en Afrique car il considérait que les Etats-Unis étaient la vraie patrie des esclaves. Il fit la tournée des Etats du Nord, racontant sa vie d’ex esclave et les atrocités commises au nom de l’esclavage. Toutefois, progressivement, certaines personnes se mirent à douter que Douglass fut un ex-esclave : comment quelqu’un qui n’avait jamais été à l’école, qui avait connu l’esclavage, pouvait-il s’exprimer avec une telle éloquence et une telle pertinence quelques années seulement après avoir brisé ses chaînes ?



The North Star, le journal fondé par Frederick Douglass




Malgré la peur d'être reconnu au travers des détails biographiques qu’il donnait, Douglass décida d’écrire et publier son autobiographie "Narrative of the life of Frederick Douglass, an American slave, written by himself". Le livre devint un best-seller aux Etats-Unis et les éditions européennes se vendaient également très bien. C’était en 1845. Trois années plus tard, en 1848, après une série de conférences en Angleterre, en Irlande et en Ecosse, Douglass publia le premier numéro du "North Star", un hebdomadaire de 4 pages à Rochester, New-York où il s’était installé avec sa femme Anna et ses quatre enfants. (A la suite de ses conférences, deux de ses amis anglais avaient réunis assez d’argent pour acheter sa liberté (esclave en fuite, Douglass était toujours susceptible d’être arrêté dans les Etats pratiquant encore l’esclavage). Le 5 décembre 1846 Hugh Auld signa les papiers déclarant le jeune homme de 28 ans libre…(Douglass apprécia le geste même si en tant qu’abolitionniste il ne reconnaissait pas le droit de Hugh Auld à être son "propriétaire").

Nos journaux sont défigurés par les horreurs atroces du lynchage. Le phénomène n'est plus seulement local, mais national, n'est plus confiné au Sud, mais a envahi le Nord



Frederick Douglass, The lessons of the Hour

Douglass débuta ensuite une carrière d’éditeur. Après des débuts difficiles, le "North Star" commença à s’autofinancer. Il avait surmonté sa période difficile grâce à l’aide de Julia Griffiths, une amie blanche anglaise de Douglass qui avait récolté assez d’argent pour contribuer au lancement du journal. Ce dernier vivra jusqu’en 1863 (il aura changé de nom en 1851 pour s’appeler le "Frederick Douglass' paper"). Ce journal symbolisait la capacité des Noirs à atteindre tout but qu’ils se fixaient. Ce journal avait permis à Douglass d’être plus indépendant vis à vis des abolitionnistes et de devenir l'éditeur du journal noir le plus connu des Etats-Unis.

Un scandale éclatera en 1848 lorsque Julia Griffiths commencera à travailler aux côtés de Douglass s’occupant des finances de son journal, organisant ses tournées et devenant sa plus proche collaboratrice. Les habitants de Rochester s’habituèrent à voir le porte parole noir et la jeune femme blanche marcher bras dessus dessous dans les rues de la ville. Les rumeurs se répandirent d’autant plus rapidement que Griffiths habitait dans la maison de Douglass et de son épouse. En 1852 Griffiths quitta la maison de Douglass pour lui éviter d’autres embarras. Elle demeura une proche associée de Douglass jusqu’à son retour en Angleterre en 1855.



Douglass (5ème en partant de la droite) en compagnie du 23ème président des Etats-Unis Benjamin Harrison assiste à une cérémonie avec le maire et des vétérans de la guerre de secéssion




Depuis qu'il l'avait rencontré en 1841, William Lloyd Garrison, le leader abolitionniste blanc avait été le mentor de Douglass. Mais leurs vues commencèrent à diverger. Garrison représentait la branche la plus radicale du spectre abolitionniste et pensait que les Etats-Unis devaient se dissoudre, et que la constitution américaine était pro-esclavagiste. Après sa tournée européenne et le lancement de son journal, les vues de Douglass commencèrent à évoluer : il devenait plus indépendant et plus pragmatique. En 1851, Douglass déclara lors d'une réunion à Syracuse dans l'Etat de New-York qu’il ne pensait pas que la constitution américaine était pro-esclavagiste et qu’elle pouvait même être appliquée "de façon à favoriser l’émancipation, particulièrement dans les endroits étant sous la juridiction exclusive du gouvernement fédéral". Douglass ne prônait pas non plus la partition des Etats-Unis pensant qu'elle isolerait les esclaves du Sud. Ces divergences idéologiques menèrent à un clash entre Douglass et Garrison qui continua jusqu’à la guerre de sécession malgré les efforts de leurs relations communes comme Harriet Beecher Stowe pour les réconcilier.

Au cours des années 1850, Douglass commença à soutenir de plus en plus ouvertement le droit des esclaves à se libérer par la violence, publia sa seconde autobiographie intitulée "My bondage and my freedom". Le 4 juillet 1852, il prononça un discours resté fameux dans lequel il stigmatisait "la supercherie que constitue cette fête nationale qui dissimule l’ignominie des pratiques esclavagistes". En 1858 il séjourna chez l'abolitionniste blanc John Brown qui sera pendu un an plus tard pour avoir essayé de s’emparer d’une fabrique d’armes fédérale afin d’armer des esclaves noirs et de provoquer leur insurrection.

Douglass est obligé de s’enfuir car il a échangé une correspondance avec Brown qui lui avait demandé de participer au plan, ce qu’il avait refusé. Il effectua une série de conférences pendant six mois en Angleterre avant de revenir en 1860 suite à la mort de sa fille Annie. Il soutint la candidature d’Abraham Lincoln pendant la campagne présidentielle, appella les Noirs à s’engager au côté de l’Union au début de la guerre de sécession, recruta plus de 100 soldats pour le régiment noir, mais protesta contre les discriminations frappant les soldats noirs au sein de l’armée.



Frederick Douglass




En 1865 l’esclavage fut aboli par le XIIIè amendement de la constitution américaine. En 1866 , Douglass réclame le droit de vote pour les esclaves, soutenu par la Société anti-esclavagiste. En 1869, il se félicite du vote du XVè amendement accordant les droits civiques aux gens "de couleur". Il s'installe à Washington après l'incendie criminel de sa maison de Rochester, est pendant 4 ans Marshall du district de Columbia, publie en 1881 sa troisième autobiographie intitulée "The Life and Times of Frederick Douglass".

Après la mort de sa femme Anna en 1882 des suites d’une longue maladie, Douglass épouse Helen Pitts son ancienne secrétaire blanche, puis visite des pays comme la France, l’Italie, l’Egypte, la Grèce en compagnie d’Helen. En 1883, un recul des droits des Noirs est observé puisque la cour suprême a annulé la loi sur les droits civiques interdisant la discrimination contre les Noirs dans des lieux publics. En 1889, Douglass est nommé Consul général en Haïti, mais démissionne suite à l’annexion du Môle Saint-Nicolas par les Etats-Unis. En 1894, il prononce son dernier grand discours "The Lessons of the Hour", une amère analyse du lynchage, qui est à l’époque une pratique horriblement banale aux Etats-Unis. Il décède le 20 février 1895 à Cedar Hill et est enterré à Rochester. Ainsi mourut Frederick Douglass, esclave qui avait réussi à devenir par sa ténacité et son intelligence l'une des figures marquantes de l'abolitionnisme aux Etats-Unis.








Vidéo : mini biographique de Frederick Douglass

http://www.grioo.com/info2313.html

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