Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  News pays     Contact   Qui sommes-nous ?     

Créer votre blog | Administrer votre blog |Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi 25 mars 2010

________Ces dictateurs qui ont piégé la franc-maçonnerie: « Si Dieu tue un riche, il tue un ami ; s’il tue un pauvre, il tue une canaille » proclame le romancier ivoirien Ahmadou Kourouma, dans sa critique des dictatures africaines(1).

Histoire complexe et souvent douloureuse que celle de la franc-maçonnerie en terre noir-africaine. Infiltrée par les réseaux affairistes, inféodée aux dictatures en place, l’institution qui prône l’idéal de fraternité a bien du mal à faire entendre sa voix. Derrière ce constat affligeant, des maçonnes et maçons africains œuvrent pour que justice et égalité deviennent une réalité. Eclairage sur une franc-maçonnerie source d’incompréhensions.

« Si Dieu tue un riche, il tue un ami ; s’il tue un pauvre, il tue une canaille » proclame le romancier ivoirien Ahmadou Kourouma, dans sa critique des dictatures africaines(1). Goût du pouvoir sans limites, ignorance des populations civiles, culte de l’apparence, sont les attributs de la grande majorité pour ne pas dire de l’intégralité des dirigeants africains passés et présents. Denis Sassou N’Guesso et Pascal Lissouba, au Congo Brazzaville, Omar Bongo et son fils Ali au Gabon, François Bozizé en République Centrafricaine, Idriss Déby au Tchad, tous se sont illustrés dans des guerres fratricides, perpétrant massacres et désolations. Et tous sont francs-maçons, ont vécu le rituel si symbolique du passage sous le bandeau lors de l’initiation, qui doit permettre à l’homme de renaître et devenir meilleur. Le constat est amer et les interrogations multiples. Alors que la maçonnerie occidentale a insufflé démocratie, émancipation des hommes et accroissement des libertés, la maçonnerie africaine, n’aurait-elle engendré que des potentats sanguinaires, trahissant les valeurs de l’institution même qui les a accueillis ? Faut-il parler d’échec et ignorer les maçonnes et maçons africains qui cherchent à instaurer plus d’humanité et de valeurs citoyennes dans leur pays ? Comprendre la maçonnerie africaine, ses particularités, et son imbrication dans le politique, c’est d’abord remonter aux origines de son implantation.

La colonisation et l’émergence d’une maçonnerie « paternaliste »

Dès le XIXème siècle, les grandes puissances européennes, surtout la France et la Grande-Bretagne convoitent le continent africain. La colonisation, au-delà des arguments économiques évidents, avec la mainmise et l’exploitation des richesses locales est perçue comme un acte civilisateur des populations. Cette vision sera partagée par de grands humanistes, défenseurs des droits de l’homme, Jules Ferry et Léon Gambetta pour ne citer qu’eux. Mais elle pose d’emblée les bases d’un paternalisme, où situation dominante de ceux qui savent, les blancs, sur les ignorants, les indigènes. La franc-maçonnerie qui apparait alors sur le continent africain suivra assez naturellement cette tendance. Le 9 mai 1781, une première loge voit le jour, la Respectable Loge Saint-Jacques des vrais amis rassemblés, à l’orient de Saint-Louis du Sénégal. Ce sera ensuite la création de loges au Maroc, en Tunisie, à Madagascar, en Guinée, au Congo(2).



L'intégralité de cet article est disponible dans le n°3 de franc-maçonnerie magazine, en vente

  • chez votre marchand de journaux.

lire la suite

________Toussaint Louverture Pierre-Dominique 20 mai 1743, mort le 7 avril 1803 à la La Cluse-et-Mijoux, est le plus grand dirigeant de la Révolution haïtienne, et par la suite est devenu gouverneur de Saint-Domingue (le nom d'Haïti à l'époque).

Pierre-Dominique Toussaint Louverture, né le 20 mai 1743, mort le 7 avril 1803 à la La Cluse-et-Mijoux, est le plus grand dirigeant de la Révolution haïtienne, et par la suite est devenu gouverneur de Saint-Domingue (le nom d'Haïti à l'époque).






Origine et jeunesse: Son grand-père, Gaou-Guinou, aurait été de naissance africaine, au Dahomey, d'une famille royale Arada. Déporté à Saint-Domingue, son père Hippolyte Gaou fut vendu comme esclave au gérant de l'habitation du Comte de Bréda, dans la plantation de qui Toussaint naquit, dans la province du Nord, près du Cap-Français. Son maître, M. Baillon de Libertat, était relativement humain. Il encouragea Toussaint à apprendre à lire et à écrire et en fit son cocher et le commandeur (c'est à dire le contremaître) de l'habitation. Toussaint, malgré une petite taille et une laideur qui lui valait le surnom de Fatras-Bâton, gagna une réputation d'excellent cavalier et de docteur feuille, maîtrisant la médecine par les plantes. Il épousa une femme libre du prénom de Suzanne dont il eut deux fils : Isaac et Placide.

Toussaint fut affranchi en 1776, à l'âge de 33 ans. Selon les archives coloniales, il loua une ferme de café d'une quinzaine d'hectares avec treize esclaves.

La Révolution française provoqua d'énormes répercussions dans l'île : Dans un premier temps, les grands Blancs envisagèrent l'indépendance, les petits blancs revendiquèrent l'égalité avec les premiers et les gens de couleur libres, l'égalité avec les précédents. En août 1791, les esclaves de la plaine du Nord se révoltèrent. Toussaint Bréda devint aide-de-camp de Georges Biassou, commandant des esclaves qui, réfugiés dans la partie espagnole de l'île, s'allièrent à ceux-ci en 1793 pour renverser les français esclavagistes. Toussaint fut initié à l'art de la guerre par les militaires espagnols. A la tête d'une troupe de plus de trois mille hommes, il remporta en quelques mois plusieurs victoires. On le surnomma dès lors Louverture. Il devint général des armées du roi d'Espagne. Le 29 août 1793, Toussaint lança sa proclamation où il se présentait comme le leader noir : "Frères et amis. Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. je veux que la liberté et l'égalité règnent à saint-Domingue. Je travaille à les faire exister. Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec moi l'arbre de l'esclavage. Votre très humble et très obéissant serviteur, Toussaint Louverture, Général des armées du roi, pour le bien public"

Mais il excita la jalousie de ses chefs, Jean-François et Biassou, qui fomentèrent un complot dont il échappa, mais où il perdit son jeune frère Jean-Pierre. Le peu d'attention que lui montrèrent les espagnols acheva de le convaincre que ceux-ci n'entendaient pas abolir l'esclavage.

Les commissaires de la République française, Léger-Félicité Sonthonax et Etienne Polverel, étaient en effet arrivés à Saint-Domingue en septembre 1792 pour garantir les droits des gens de couleur. Saint-Domingue était envahi par la marine britannique et les troupes espagnoles, auxquels s'étaient ralliés de nombreux blancs royalistes. Le 29 août 1793, le même jour que la proclamation de Toussaint, Sonthonax émancipa l'ensemble des esclaves pour que ceux-ci se joignent à la Révolution. Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Constituante ratifiait cette décision en abolissant l'esclavage dans tous les territoires de la République française.

Le général de la République:

Par l'intermédiaire du général en chef Etienne Laveaux, les commissaires tentèrent de convaincre Toussaint de rejoindre la République. Ce n'est que le 5 mai 1794, que Toussaint effectua une volte-face. L'armée sous son commandement — qui comptait des soldats noirs, mulâtres et même quelques blancs — défit en quinze jours ses anciens alliés espagnols et enleva une dizaine de villes. En un an, il refoula les Espagnols à la frontière orientale de l'île et vainquit les troupes de ses anciens chefs qui leur étaient restés fidèles. En juillet 1795, la Convention, l'éleva au grade de général de brigade. En mars 1796, il sauva Laveaux, malmené pour sa rigueur lors d'une révolte de mulâtres au Cap. En récompense, celui-ci le nomma son Lieutenant Général de la colonie de Saint-Domingue. Le Directoire l'éleva au grade de général de division en août 1796.

La marche vers le pouvoir absolu:

Son talent n'était pas que militaire. Partout où il passait, il confirmait l'émancipation des esclaves. Il organisait la remise en marche des plantations en invitant les colons à revenir, y compris ceux qui avaient combattu contre la République, et ce, malgré l'avis des représentants de l'autorité française. La lutte contre les Britanniques fut plus difficile. Toussaint ne put les déloger du Nord et de l'Ouest. Au Sud, le général mulâtre André Rigaud les contenait courageusement, mais sans les repousser. Le retour de Sonthonax comme commissaire civil en mai 1796 constitua une ombre à l'ambition de Toussaint de diriger seul. Il réussit en septembre 1796 à faire élire Lavaux et Sonthonax comme députés auprès du Directoire afin des les renvoyer en métropole : le premier dès octobre, le second en août 1797. Pour rassurer la France, il envoya ses deux fils étudier à Paris. Grâce aux armes arrivées avec la commission de 1796, Toussaint disposait d'une armée de 51 000 hommes (dont 3 000 blancs). Il reprit la lutte contre les Britanniques et connut quelques succès, mais pas décisifs. Fatigués d'une telle résistance, les Britanniques se décidèrent à négocier. Toussaint sut éloigner des négociations le dernier commissaire civil Julien Raimond, comme le dernier général en chef Hédouville, arrivé en mars 1798. Le 31 août 1798, les Britanniques abandonnèrent St Domingue. Pour se débarrasser d'Hédouville, Toussaint alerta les noirs du Nord. Le général ayant ordonné le désarmement des noirs, ceux-ci se révoltèrent le 16 octobre 1798, obligeant Hédouville à rembarquer précipitamment pour la métropole avec de nombreux blancs.

Délivré de tout contrôle, Toussaint se tourna contre son rival, le chef des mulâtres Rigaud. Profitant d'un incident, il le provoqua. Rigaud engagea les hostilités en juin 1799. Toussaint, secondé par Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe vainquit ses troupes en un an au prix d'un bain de sang. Décidé à remettre l'économie sur pieds, Toussaint publia le 12 octobre 1800 un réglement de culture introduisant le travail forcé des noirs sur les plantations. Il y eut de nombreux mécontentements. A la fin octobre, les noirs du Nord se révoltèrent, allant jusqu'à égorger les blancs. En quelques jours, Toussaint dispersa les révoltés et fit fusiller 13 meneurs, dont son propre neveu, le général Moïse. Pour rallier les blancs à sa cause, il rappela les émigrés et fit du catholicisme la religion officielle. Puis, voulant unifier l'île, il se tourna vers la partie espagnole de l'île qu'il conquit en un mois, en janvier 1801. Le 9 mai 1801 il proclama une constitution autonomiste qui lui donnait les pleins pouvoirs à vie.

La chute:

Napoléon Bonaparte, dont le pouvoir en France s'accroissait, était désireux de restaurer la domination des colons français afin de faire refleurir l'économie sucrière. Une armée de 25 000 hommes sous la direction de son beau-frère, le général Leclerc, fut envoyée à Saint-Domingue en décembre 1801 pour faire tenir la promesse de Toussaint de rétablir les colons et, officieusement, rétablir l'esclavage. Toussaint n'était pas dupe. Il mena une guerre de repli, brûlant les villes devant l'arrivée des troupes françaises fin janvier 1802. Leclerc vainquit les troupes de Dessalines, puis celles de Christophe. Ayant ramené avec lui les enfants de Toussaint, il les lui envoya, en signe d'apaisement. Le 2 mai 1802, Toussaint offrit sa reddition contre sa liberté et l'intégration de ses troupes dans l'armée française.

Leclerc ne s'en tint pas là. Capturé par ruse le 7 juin 1802, Toussaint fut envoyé en France avec sa famille. A son embarquement, il prédit : "En me renversant, on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la liberté des nègres. Celui-ci repoussera par les racines, parce qu'elles sont profondes et nombreuses." Il fut enfermé au Fort de Joux dans les montagnes du Jura, la plus froide région de France. Il y mourut le 7 avril 1803.

Les Français ne réussirent pas à rétablir l'esclavage à Saint-Domingue. Grâce à la puissance militaire construite sous Toussaint, les noirs triomphèrent sur eux à la bataille de Vertières en 1803. Le 1er janvier 1804, leur nouveau chef, Jean-Jacques Dessalines, proclama l'indépendance du pays qu'il baptisa de son nom indien : Haïti.

Source : Pierre PLUCHON : Toussaint Louverture - Paris, Fayard 1989

lire la suite

_____Cheikh Anta Diop (1923-1986) |historien et anthropologue sénégalais. Il a défendu avec vigueur une vision du monde connue sous le nom d'afrocentrisme,

Cheikh Anta Diop (1923-1986) est un historien et anthropologue sénégalais. Il a défendu avec vigueur une vision du monde connue sous le nom d'afrocentrisme, qui met l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Il est considéré comme l'un des plus grands historiens de l'Afrique bien que son œuvre ne soit pas entièrement acceptée dans les milieux scientifiques.

L'homme et l'œuvre

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Diourbel (Sénégal). A l'âge de 23 ans, il part à Paris pour étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard. Il adopte très rapidement un point de vue spécifiquement africain face à la vision européenne dominante de l'époque pour laquelle les Africains sont des peuples sans passé.

En 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte ancienne était peuplée d'Africains noirs et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas à rassembler un jury pour examiner cette thèse. Elle rencontre pourtant un grand écho sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1955.

Diop, qui adopte un ton volontiers polémique, met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d'approche. Il s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote et Strabon pour démontrer que les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Des données d'ordre ethnologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l'amènent à affirmer que la culture égyptienne doit plus aux cultures d'Afrique noire qu'à celles du Proche-Orient. Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, présente de nombreuses similarités avec la langue égyptienne antique.

En parallèle, Diop milite en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au Laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France.

Diop devient l'un des historiens les plus controversés de son époque. Il obtient finalement son doctorat en 1960, mais seulement avec la mention honorable, ce qui en pratique l'empêche d'enseigner en France. Il revient au Sénégal où l'Université de Dakar, qui porte aujourd'hui son nom, ne lui attribuera pas de poste de professeur avant 1981. Il poursuit alors ses recherches dans le cadre de l'université. Il prend la tête d'un laboratoire de radiocarbone où il tente de déterminer la couleur de peau des anciens Égyptiens par des observations au microscope.

Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Il rédige le chapitre consacré aux origines des anciens Égyptiens. Dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte son point de vue à celui des principaux spécialistes mondiaux. Le rapport final du colloque reconnaît le grand intérêt des éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la langue égyptienne ancienne et les langues africaines. En revanche il reste un désaccord sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne : principalement composé de Noirs pour Diop, mixte selon d'autres experts. Si Diop a eu une vision trop monolithique de l'origine nègre de la civilisation égyptienne (d'après la majorité des égyptologues actuels), il est essentiel de rappeler le contexte dans lequel ont été faites ses recherches et notamment ses premiers travaux. Ce contexte peut expliquer la vigueur et le caractère «entier» des thèses de Diop. En effet, dans les années 1950, le degré de racisme et le biais européocentriste des historiens étaient très marqués, selon Diop et ses partisans.

Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986.

Postérité de l'œuvre de Cheikh Anta Diop

L'idée d'une Égypte ancienne noire avait déjà été avancée par d'autres auteurs, mais l'œuvre de Cheikh Anta Diop est fondatrice dans la mesure où elle a considérablement approfondi l'étude du rôle de l'Afrique noire dans les origines de la civilisation. Elle a donné naissance à une école d'égyptologie africaine en inspirant par exemple Théophile Obenga et Molefi Kete Asante. Diop a participé à l'élaboration d'une conscience africaine libérée de tout complexe face à la visioneuropéenne du monde. Ses travaux et son parcours sont aujourd'hui une référence constante des intellectuels africains, plus encore peut-être que Léopold Sédar Senghor auquel Diop a reproché d'avoir aliéné la négritude en la basant sur un type de raison différent de la raison européenne.

La communauté scientifique, tout en reconnaissant que Diop a eu le mérite de libérer la vision de l'Égypte ancienne de son biais européocentriste, reste partagée sur nombre de ses conclusions. Certains chercheurs africains contestent l'insistance de Diop sur l'unité culturelle de l'Afrique noire et sur ses origines égyptiennes. Beaucoup estiment que son approche pluridisciplinaire et polémique l'amène à des rapprochements sommaires dans certains domaines comme la linguistique, ou que ses thèses entrent en contradiction avec les enseignements de l'archéologie et de l'histoire de l'Afrique et en particulier de l'Égypte. De fait, ses travaux ne sont pas considérés comme une source fiable par la plus grande partie des historiens actuels, et suscitent l'intérêt sur le plan de l'historiographie de l'Afrique et non sur celui de la connaissance de son passé. Sur le plan linguistique, il a initié l'étude diachronique des langues africaines et a défriché l'histoire africaine pré-coloniale (hors période pré-égyptienne largement commentée).

Cependant, des découvertes archéologiques et scientifiques récentes ont confirmé certaines hypothèses formulées par Diop. Sur le site de Blombos ont été exhumées les plus anciennes œuvres d'art jamais trouvées. Elles datent de 70 000 avant J.C. De même, le site de Kerma livre chaque année de nouvelles surprises et les travaux du suisse Charles Bonnet ont prouvé l'originalité et l'antériorité de la civilisation de Kerma par rapport à la civilisation égyptienne. Il ne s'agit pas ici de démontrer l'origine exclusivement noire de la civilisation égyptienne (vision polémique et sans doute excessive de Diop). Non, il s'agit du message principal de Diop souvent oublié dans les débats : l'Afrique a une histoire riche et a largement contribué à l'origine des civilisations et des techniques puisque l'homme moderne (Homo Sapiens Sapiens) y est né. Il écrivait cela dans Nations Nègres et Culture il y a déjà 50 ans. Peu de travaux d'historiens peuvent se prévaloir d'avoir eu une telle valeur heuristique.

Œuvres

Nations nègres et culture : de l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui, (

L'antiquité africaine par l'image,

L'Afrique noire précoloniale. Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique noire de l'antiquité à la formation des États modernes,

Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire,

Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ?,

L'unité culturelle de l'Afrique noire,

Civilisation ou barbarie.

Souce: http://www.blogg.org/blog-48662-themes-portraits-96965-offset-20.html

lire la suite

____Gamal Abdel Nasser (1918-1970) |second président de l'Égypte après Mohammed Naguib. Il est à l'origine de l'idéologie nassérienne, peut être considéré comme l'un des plus grands meneurs arabe de l'histoire.

Gamal Abdel Nasser (15 janvier 1918 à Alexandrie - 28 septembre 1970) fut le second président de l'Égypte après Mohammed Naguib. Il est à l'origine de l'idéologie nassérienne, et peut être considéré comme l'un des plus grands meneurs arabe de l'histoire.

Sa jeunesse

Ce fils de fonctionnaire des postes est né à Alexandrie en 1918. Il a passé une partie de son enfance avec un de ses oncles révolutionnaire vivant au Caire. A l'age de 16 ans, il a été incarcéré après des combats de rues entre un mouvement indépendantiste égyptien, El Fatat (Jeune Égypte) et la police. Il deviendra par la suite membre de ce groupe.

Il était actif dans des groupes égyptiens contre la domination étrangère après avoir obtenu son diplôme de l'Académie militaire. Il participe à la guerre de 1948 ; il sera blessé à l'épaule par un tireur isolé et pendant plusieurs mois, à la fin de la guerre il est bloqué avec ses hommes dans la poche de Faluja en Palestine. Lorsqu'un cessez-le-feu est obtenu il est autorisé à retourner en Égypte. Il est le grand architecte de la station de radio La voix des Arabes.

Nasser président de la nouvelle république

Le lieutenant colonel Nasser fonde et devient le leader du Mouvement des officiers libres. C'était un groupe de jeune militaire âgé en général de moins de 35 ans, qui avait pour but de renverser le roi Farouk. Le 23 juillet 1952, Nasser conduit un coup d'État militaire contre le roi Farouk Ier, et proclame la république un an plus tard.

Le pays est alors gouverné par un conseil révolutionnaire réunissant onze officiers sous les ordres de Nasser. Nasser qui était le ministre de l'intérieur était considéré comme le véritable instigateur du coup d'état. Au début de 1954 il arrête le dirigeant du pays, le général Mohammed Naguib, en l'accusant de soutenir la confrérie des frères musulmans. Le 25 février il devient le premier ministre égyptien. Deux ans plus tard il est le seul candidat des élections présidentielles et devient donc le second président de l'Égypte.

Nasser centralise l'état égyptien, il fait augmenter les pouvoirs du président de la république, il nationalise l'industrie, procède a une réforme agraire, et met en oeuvre de grands projet de travaux public, comme le barrage d'Assouan.

La tendance de Nasser à la manipulation dramatique de la politique fut mise en exergue par une mise en scene de la tentative du 26 octobre 1954 de son assassinat. Pendant qu'il faisait un discours Mahmoud Abd al-Latif, un supposé membre des Frères musulmans, tira huit balles vers lui. Bien qu'à courte distance tous les tirs échouèrent. Nasser continua à parler en disant : « Laissons les tuer Nasser. Il n'est qu'un parmi beaucoup. Mes chers concitoyens restez où vous êtes. Je ne suis pas mort. Je suis vivant, et même si je meurs vous êtes tous Gamal Abdel Nasser. » Ce sens de l'à propos et l'absence de réaction des gardes du corps font penser que cela était un faux attentat. Il utilisa l'angoisse nationale pour lancer une répression visant à l'éradication du groupe des Frères musulmans.

Crise du canal de Suez

En dépit de bonnes relations initiales avec les pouvoirs occidentaux Nasser commença graduellement à perdre leurs faveurs et se tourna de plus en plus vers le bloc soviétique. Le 16 janvier 1956 Nasser fit le vœu de reconquérir la Palestine et à l'été 1956 il annonça la nationalisation du canal de Suez, ce qui allait directement contre les intérêts du Royaume-Uni et de la France qui co-géraient le canal. Ces derniers, avec l'aide d'Israël déclenchèrent une opération pour en reprendre le contrôle.

Cependant sous la pression de l'Union Soviétique qui menaça d'utiliser sa bombe atomique et le manque de soutient des États-Unis, ils furent obligés de retirer leurs troupes d'Égypte. Israël obtint la fin des raids de fedayins contre son retrait de la péninsule du Sinaï. Globalement c'est une victoire pour Nasser qui devint un héros pour les Arabes.

Nasser, leader arabe

La stratégie de Nasser fut pendant toute sa vie un panarabisme neutre (et donc une consolidation parmi les nations en développement).

Il inspire les nationalistes dans tout le monde arabe, et des partis nasséristes voués à l'unité arabe sont rapidement créés. Nasser devient le chef de file du monde arabe, il représente alors une nouvelle ère au Moyen-Orient. Nasser suit une politique panarabe, qui a favorisé la confrontation entre les états arabes et les états occidentaux, demandant à ce que les ressources du monde arabe servent les intérêts du peuple arabe et non l'intérêt des occidentaux présenté par l'état en impérialiste.

En 1958 les militaires égyptiens et syriens demande au président Nasser la fusion entre ces deux pays. Nasser est surpris de cette demande soudaine et accepte la fusion. La Syrie et l'Égypte fusionnent pour former la République Arabe Unie et essayent d'y inclure le Yemen. L'union est dissoute en 1961, les bureaucrates et les officiers égyptiens avaient des pratiques autoritaires, et la police secrète a durement réprimé les frères musulmans, et le parti communiste syrien.

L'Égypte continue à utiliser le nom jusqu'en 1971. Pour tenter d'obtenir le Yémen des opérations militaires, y compris l'utilisation d'armes chimiques, furent entreprises contre le peuple du nord du Yémen.

De plus, Nasser est l'une des figures historiques de l'émergence du Tiers-Monde, une troisième force politique face aux deux blocs que sont le bloc occidental et le bloc soviétique. Nasser est l'un des principaux interlocuteurs à la conférence de Bandung en avril 1955, il se présente comme l'un des leaders des pays issus de la décolonisation. Il met notamment en garde les pays ayant acquis fraichement leur indépendance contre une nouvelle forme de colonisation économique que ce soit par l'occident ou par le bloc soviétique. L'un de ses grands travaux plus tard sera la nationalisation du canal de Suez afin d'entraver cette nouvelle forme de colonisation.

Guerre des six jours

Nasser provoque la guerre des six jours en 1967. Il remilitarise le Sinaï, et demande à la Force de secours des nations unis de quitter la péninsule. Nasser concentre des troupes et des chars d'assaut sur la frontière avec Israël.

Le 23 mai, l'Égypte bloque l'accès au détroit de Tiran aux navires israéliens (route du sud essentielle à l'approvisionnement des israéliens en pétrole et blocus du port d'Eilat), ce qui était sans précédent depuis les accords internationaux sur les droits de passage dans le détroit, signés en 1957 par 17 puissances maritimes. Israël considére cela comme un casus belli. La tension dans la région glissait d'un relatif statu quo vers une guerre régionale. Nasser arrive à convaincre la Jordanie et la Syrie de l'assister dans cette guerre, il déclare dans un discours "Notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre."

Israël attaque l'Égypte, et bombarde des bases militaires égyptiennes. Puis Israël occupe le Sinaï et gagne la guerre. Après une défaite dans la guerre des Six Jours en 1967 contre Israël, Nasser présente sa démission mais une mise en scene est organisée où le peuple est supposé lui demander de rester au pouvoir. Il mena donc son pays à travers la guerre d'usure en 1969-70.

Sa mort et ses funérailles

Il meurt d'une crise cardiaque quelques semaines après la fin de ce conflit, le 28 septembre 1970. Son successeur est Anouar el-Sadate. Il meurt quelques heures après une conférence arabe qui a conduit à un accord de paix entre la Jordanie et les combattants palestiniens. Nasser qui était diabétique, a déjà fait une attaque cardiaque lors d'une de ses visites au Koweït. Il meurt à 6h15 heure local, cinq médecins étaient à ses côtés, sa mort sera annoncée au peuple cinq heures après. Après l'annonce de sa mort, la télévision diffuse des versets du Coran. Le vice président Sadate lis un discours retransmis à la télévision et sur toutes les radios ou il déclare "Nasser était un leader dont la mémoire demeurera immortelle au coeur de la nation arabe et de toute l'humanité"

Sa mort est le résultat d'un travail excessif, il lui arrivait de travailler plus de 18 heures par jour, en consommant la même journée près de cinq paquets de cigarette. Un an avant sa mort il a été hospitalisé pendant près de six semaines pour une grippe. On apprendra après sa mort qu'il a été hospitalisé à la suite d'une crise cardiaque.

Ses funérailles ont eu lieu le 1er octobre, devant près de cinq millions de personnes. Un serment est prononcé sur son tombeau, « Serment par Gamal, le plus chéri des hommes, le libérateur des travailleurs, le chef de la lutte! Serment sacré, inébranlable. Par Dieu et par la patrie, nous jurons que la voie de ta lutte sera notre voie (...) Nous jurons de travailler à la puissance et à l'unité de la nation arabe.1»

Il était marié et a eu cinq enfants (trois fils et deux filles).

Son héritage

L'héritage laissé par Nasser est sujet à débat dans le monde arabe. Pour beaucoup de gens Nasser fut un chef qui réforma son pays et rétablit la fierté arabe autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. D'autres considèrent que sa politique de militarisme forcené mena l'Égypte à de graves défaites et pertes plutôt qu'à la paix et la prospérité. Il est clair que son influence sur le Proche-Orient de l'époque est très importante. Le rôle qu'il a tenu lors de la guerre des six jours, a causé d'énorme perte aux états arabes, et a terni son image et a réduit son prestige dans le monde arabe. Il a modernisé le système éducatif égyptien, les enfants les plus démunis ont ainsi pu suivre une éducation normale. Il a également tenu un rôle important dans le monde artistique, tels que les arts, les théâtres, les films, l'industrie musicale et la littérature. Ce qui a eu un impact positif en Égypte et dans tout le monde arabe.

Barrage d'Assouan

La réalisation la plus controversée de Nasser est l'érection du barrage d'Assouan et le lac qui porte son nom dans le sud de l'Égypte. Construit pour fournir de l'électricité et réduire les crues du Nil il submergea la plus grande partie des trésors archéologiques de la Nubie (sauf ceux mis à l'écart par l'UNESCO) certains disent que c'est une catastrophe écologique.

lire la suite

_________Mongo Beti (1932-2001) |pseudonyme d'Alexandre BIYIDI-AWALA Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour

Mongo BETI, pseudonyme d'Alexandre BIYIDI-AWALA (son premier pseudonyme étant Eza BOTO), né le 30 juin 1932 à Akometam, Cameroun.

Après des études primaires à l'école missionnaire de Mbalmayo, il entre en 1945 au lycée Leclerc à Yaoundé. Bachelier en 1951, il vient en France poursuivre des études supérieures de Lettres à Aix-en-Provence puis à la Sorbonne à Paris.

Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour, publiée dans la revue Présence Africaine, dirigée par Alioune Diop, en 1953. Un premier roman Ville cruelle, sous le pseudonyme d'Eza Boto suit en 1954, publié aux éditions Présence Africaine.

Mais c'est en 1956 que la parution du roman Le pauvre Christ de Bomba fait scandale par la description satirique qui est faite du monde missionnaire et colonial. Paraissent ensuite Mission terminée, 1957 (Prix Sainte Beuve 1958) et Le Roi miraculé, 1958. Il travaille alors pour la revue Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il travaille également comme maître auxiliaire au lycée de Rambouillet.

En 1959, il est nommé professeur certifié au lycée Henri Avril à Lamballe. Il passe l'Agrégation de Lettres classiques en 1966 et enseigne au lycée Corneille de Rouen de cette date jusqu'en 1994.

En 1972 il revient avec éclat à l'écriture. Son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d'une décolonisation est interdit à sa parution par un arrêté du ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin, sur la demande, suscitée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l'ambassadeur Ferdinand Oyono. Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspéro obtiennent en 1976 l'annulation de l'arrêté d'interdiction de Main basse.

En 1978 il lance, avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs Peuples africains, qu'il fait paraître jusqu'en 1991. Cette revue décrit et dénonce inlassablement les maux apportés à l'Afrique par les régimes néo-coloniaux. Pendant cette période paraissent les romans La ruine presque cocasse d'un polichinelle (1979), Les deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama futur camionneur (1983), La revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama (1984), également une Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobé (1984) et le Dictionnaire de la négritude (1989, avec Odile Tobner).

En 1991 Mongo Beti retourne au Cameroun, après 32 années d'exil. Il publie en 1993 La France contre l'Afrique, retour au Cameroun. En 1994 il prend sa retraite de professeur. Il ouvre alors à Yaoundé la Librairie des Peuples noirs et organise dans son village d'Akometam des activités agricoles. Il crée des associations de défense des citoyens, donne à la presse privée de nombreux articles de protestation. Il subit en janvier 1996, dans la rue à Yaoundé, une agression policière. Il est interpellé lors d'une manifestation en octobre 1997. Parallèlement il publie plusieurs romans : L'histoire du fou en 1994 puis les deux premiers volumes, Trop de soleil tue l'amour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000), d'une trilogie restée inachevée. Il est hospitalisé à Yaoundé le 1er octobre 2001 pour une insuffisance hépatique et rénale aiguë qui reste sans soin faute de dialyse. Transporté à l'hôpital de Douala le 6 octobre, il y meurt le 7 octobre 2001.

Œuvres de MONGO BETI


Ville cruelle. Paris : Présence Africaine 16 (1954). Le Pauvre Christ de Bomba. Paris : Laffont, 1956. Mission terminée. Paris : Buchet/Chastel, 1957. Le Roi miraculé. Paris : Buchet/Chastel, 1958. Main basse sur le Cameroun. Rouen : Peuples Noirs, 1972. Perpétue et l'habitude du malheur. Paris : Buchet/Chastel, 1974. La ruine cocasse d'un polichinelle. Rouen: Peuples Noirs, 1979. Remember Ruben. Paris : L'Harmattan, 1982. Les deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama. Paris: Buchet/Chastel, 1983. La revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama. Paris: Buchet/Chastel, 1984. Lettre ouverte aux Camerounais. Rouen : Peuples Noirs, 1986. L'histoire du Fou. Paris : Julliard, 1994. Trop de soleil tue l'amour. Paris : Julliard, 1999. Branle-bas en noir et blanc. Paris : Julliard, 2001. Africains, si vous parliez. Paris : Homnispheres, 2005. Posthume

Source: http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/

lire la suite

____Frantz Fanon (1925-1961) | "Peau noire, masques blancs" Fanon dira plus tard son bouleversement lorsque lui fut révélée l'histoire de l'esclavage et la déshumanisation dans laquelle la France avait tenu ses ancêtres.

  • "Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit,

chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte." Frantz Fanon

"Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit, chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte." Frantz Fanon - Peau noire, masques blancs

À Fort de France:

Frantz Fanon est né le 20 juillet 1925. Ceux qui l'ont connu jeune décrivent un garçon intrépide, un meneur. Il a dix ans lorsqu'il assiste, avec sa classe, à une cérémonie devant le monument dédié à Victor Schœlcher, le héros célébré pour avoir libéré les esclaves de leurs chaînes ; Fanon dira plus tard son bouleversement lorsque lui fut révélée l'histoire de l'esclavage et la déshumanisation dans laquelle la France avait tenu ses ancêtres.

"Je me suis trompé !"

En 1940, l'Europe est en guerre et la France sous le régime de Vichy. Les Antilles accueillent l'Amiral Robert qui a quitté Brest avec une partie de la flotte de guerre française. A la fierté des Martiniquais succède vite le désenchantement : l'Amiral Robert applique avec rigueur les directives de Pétain (suppression des élections, interdiction des syndicats et des mouvements politiques ...) En 1943, faisant sien le NON gaullien, Fanon rejoint les Forces Françaises Libres. Le fils d'esclave s'engage pour libérer les fils de ceux qui avaient fait enchaîner ses aïeux. À ses amis qui lui disent que cette guerre n'est pas la leur, que les Nègres n'ont rien à y faire, Frantz Fanon répond :

"Chaque fois que la dignité et la liberté de l'homme sont en question, nous sommes concernés, Blancs, Noirs ou Jaunes, et chaque fois qu'elles seront menacées en quelque lieu que ce soit, je m'engagerai sans retour."

Il le fit, mais fut vite déçu. Sur le théâtre de guerre métropolitain, il constate l'indifférence des Français à l'engagement des siens. Il est Nègre et considéré comme tel. Profondément blessé, il s'écrie : "Je me suis trompé !".

Peau noire, Masques blancs.

Fanon survit aux épreuves de la guerre. Démobilisé, il retourne aux Antilles, passe son bac, et revient à Lyon s'inscrire en Faculté de médecine. C'est une période de lectures et de rencontres.

Le sujet de sa thèse, "Essai pour la désaliénation du Noir", reflète ses propres interrogations : « quel peut être pour le Nègre un destin qui ne soit pas celui du Blanc ? Son travail se construit comme un essai anthropologique et psychologique, développant la perspective phénoménologique d'un "exister" du Nègre qui peut être autonome et distinct des valeurs posées comme universelles par les Blancs. La thèse est refusée, pour des raisons autant de fond que de forme. Frantz Fanon change alors de sujet et rédige une thèse insipide sur "un cas de dégénérescence spino-cérébelleuse ou maladie de Friedrich". »

« Il reprend ensuite le texte de sa thèse initiale, change son titre qui devient "Peau noire, masques blancs" et fait publier l'essai aux éditions du Seuil grâce au soutien de Francis Jeanson. C'est un texte dense, lapidaire, fait de courts énoncés dont chacun mériterait un long développement. » En voici la conclusion en forme de profession de foi :

"Moi, l'homme de couleur, je ne veux qu'une chose : Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-à-dire de moi par un autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve. ... Mon ultime prière : mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !"

La souffrance du colonisé en métropole

En 1951, en même temps qu'il termine ses études de médecine, Fanon fait publier dans la revue Esprit un court essai intitulé "le syndrome Nord-Africain". « Il a probablement eu à rédiger des expertises sur des situations qui mettaient au premier plan l'expression somatique du mal-être de l'immigré maghrébin et les problèmes posés par sa sexualité. De cette expérience, il livre le constat d'une relation de soin où le médecin métropolitain reçoit le consultant maghrébin avec un préjugé racial. Il indique que le comportement du Nord-Africain - par son inadaptation au monde dans lequel il vit - provoque souvent de la part du personnel médical une attitude de défiance quant à la réalité de sa maladie, que celui-ci est perçu avec un a priori de "race feignante", qu'il triche sur ses symptômes pour n'en chercher que des bénéfices et que l'attitude préalable des soignants est avant tout de le pousser hors de l'hôpital où il est soupçonné de vouloir trouver refuge pour ne pas travailler. »

En Algérie:

En juin 1953, Fanon est nommé médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Blida. A son arrivée l'hôpital est à l'image de la psychiatrie coloniale avec une séparation radicale des malades mentaux indigènes et des malades mentaux métropolitains. « La conception dominante qui prévalait alors en Algérie était que le malade mental métropolitain était accessible à la guérison, mais que l'indigène était incurable, voué à la maladie, sous le prétexte que ses structures diencéphaliques écrasaient toute possibilité d'une activité corticale développée. En dépit de l'hostilité qu'on imagine, Fanon se lance dans la rénovation institutionnelle de ses services. Sous son impulsion, le pavillon des femmes européennes se métamorphose rapidement. »

« Fanon se hâte ensuite d'apporter ces mêmes orientations dans le pavillon des hommes indigènes. C'est un échec. Analysant cet échec il comprend que les indigènes ne peuvent répondre à une approche socio-thérapique qui se fonderait sur un modèle occidental : si la chorale ne marche pas c'est parce que les chanteurs au Maghreb sont des professionnels itinérants qui n'appartiennent pas au groupe, si l'atelier de vannerie est déserté c'est parce que c'est une activité réservée aux femmes, si l'organisation d'une crèche à Noël n'attire personne, c'est parce que c'est une fête chrétienne et non musulmane. Il organise le pavillon autour du modèle culturel indigène et installe dans le service un café maure, les décorations font référence au patrimoine et à la culture locale et non plus aux paysages et aux monuments de France. »

« Parallèlement, Fanon donne une impulsion à la psychiatrie en milieu ouvert et met en place une unité qui prend en charge en un même lieu les patients d'origine métropolitaine et les patients maghrébins. Il organise la formation des personnels infirmiers ainsi que des rencontres universitaires. » 8 C'est à cette époque qu'il noue des contacts avec le FLN.

L'engagement dans le F.L.N.:

A Blida, Fanon a donc amorcé un vaste mouvement qui vise à repenser la psychopathologie en fonction des repères culturels des Algériens. Mais la vie de l'hôpital est profondément perturbée par le développement de la guerre de libération. Fanon reçoit un nombre important de patients dont la pathologie est directement liée aux hostilités.

"la colonisation, dans son essence, se présente déjà comme une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques ... Il y a donc dans la période de calme de colonisation réussie une régulière et importante pathologie mentale produite directement par l'oppression. Aujourd'hui la guerre de libération nationale que mène le peuple algérien depuis sept ans, ... est devenue un terrain favorable à l'éclosion des troubles mentaux".

Dans ce passage de l'ouvrage Les damnés de la terre, Frantz Fanon ajoute : "Nous signalons que toute une génération d'Algériens, baignés dans l'homicide gratuit et collectif avec les conséquences psychoaffectives que cela entraîne, sera l'héritage de la France en Algérie".

« Fanon va progressivement s'engager totalement avec le FLN. Bien qu'il conserve une importante activité clinique, les événements le poussent à un nouvel engagement pour défendre, comme en 1943, "la liberté et la dignité de l'homme" ».

La rupture:

Précipité par la menace d'une répression, son hôpital étant considéré comme un lieu de refuge des combattants du FLN, Fanon présente sa démission. Le courrier qu'il adresse en 1956 au Ministre Résident est un bilan :

"... Si la psychiatrie est la technique médicale qui se propose de permettre à l'homme de ne plus être étranger à son environnement, je me dois d'affirmer que l'Arabe, aliéné permanent dans son pays, vit dans un état de dépersonnalisation absolue."

"Le statut de l'Algérie ? Une déshumanisation systématisée. ..."

"Les évènements d'Algérie sont la conséquence logique d'une tentative avortée de décérébraliser un peuple."

"Il n'était point exigé d'être psychologue pour deviner sous la bonhomie apparente de l'Algérien, derrière son humilité dépouillée, une exigence fondamentale de dignité. Et rien ne sert à l'occasion de manifestations non simplifiables, de faire appel à un quelconque civisme."

"La fonction d'une structure sociale est de mettre en place des institutions traversées par le souci de l'homme. Une société qui accule ses membres à des solutions de désespoir est une société non viable, une société à remplacer."

L'engagement révolutionnaire:

Fanon quitte Blida pour rejoindre Paris. Peu après, un arrêté d'expulsion est émis à son encontre. Il part pour Tunis où il ménera une double activité, psychiatrique et politique. Il fonde un centre neuro-psychiatrique de jour à l'hôpital de La Manouba où il poursuit son travail de rénovation des pratiques de soin. Parallèlement il est intégré dans le service de presse du FLN et rédige régulièrement des articles pour le journal El Moudjahid. Il voit au-delà du conflit algérien et envisage la question de la décolonisation pour l'ensemble de l'Afrique. À partir de 1959, nommé ambassadeur itinérant du Gouvernement provisoire de la République algérienne, il multiplie les voyages et les conférences.

En décembre 1960, des examens de santé révèlent une leucémie. Il a encore beaucoup à dire mais il sait que le temps lui est désormais compté. Il dicte dans la hâte le livre qu'il avait en projet et qui s'intitulera Les damnés de la terre. Il y inclut un long chapitre sur les troubles mentaux liés aux guerres coloniales qui associent des observations de troubles mentaux chez les victimes de torture de la part des forces coloniales, comme des observations de troubles mentaux chez les personnels des forces de police qui commettent ces actes de barbarie.

Son état de santé s'aggrave ; il part se faire soigner aux Etats-Unis. Lors d'une courte escale à Rome, il rencontre Jean-Paul Sartre qui rédige une préface pour son livre. Il reçoit les premiers exemplaires trois jours avant sa mort. Peu avant il avait écrit dans une longue lettre à un ami : « ... Nous ne sommes rien sur terre si nous ne sommes d'abord les esclaves d'une cause, de la cause des peuples, la cause de la justice et de la liberté. »

Il est enterré en terre algérienne. Aujourd'hui, l'hôpital de Blida porte son nom.

Racisme et culture:

"Le racisme (...) n'est qu'un élément d'un plus vaste ensemble : celui de l'oppression systématisée d'un peuple. Comment se comporte un peuple qui opprime ? Ici des constantes sont retrouvées.

On assiste à la destruction des valeurs culturelles, des modalités d'existence. Le langage, l'habillement, les techniques sont dévalorisées. Comment rendre compte de cette constante ? Les psychologues qui ont tendance à tout expliquer par des mouvements de l'âme, prétendent retrouver ce comportement au niveau de contacts entre particuliers : critique d'un chapeau original, d'une façon de parler, de marcher ...

De pareilles tentatives ignorent volontairement le caractère incomparable de la situation coloniale. En réalité les nations qui entreprennent une guerre coloniale ne se préoccupent pas de confronter les cultures. La guerre est une gigantesque affaire commerciale et toute perspective doit être ramenée à cette donnée. L'asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité.

Pour cela il faut briser ses systèmes de référence. L'expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d'une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées.

Les lignes de forces, écroulées, n'ordonnent plus. En face un nouvel ensemble, imposé, non pas proposé mais affirmé, pesant de tout son poids de canons et de sabres.

La mise en place du régime colonial n'entraîne pas pour autant la mort de la culture autochtone. Il ressort au contraire de l'observation historique que le but recherché est davantage une agonie continuée qu'une disparition totale de la culture pré-existante. Cette culture, autrefois vivante et ouverte sur l'avenir, se ferme, figée dans le statut colonial, prise dans le carcan de l'oppression. A la fois présente et momifiée, elle atteste contre ses membres. Elle les définit en effet sans appel. La momification culturelle entraîne une momification de la pensée individuelle. L'apathie si universellement signalée des peuples coloniaux n'est que la conséquence logique de cette opération. Le reproche de l'inertie constamment adressé à "l'indigène" est le comble de la mauvaise foi. Comme s'il était possible à un homme d'évoluer autrement que dans le cadre d'une culture qui le reconnaît et qu'il décide d'assumer."

Les principaux ouvrages écrits par Frantz Fanon sont : • Peau noire, masques blancs, éd. Seuil, 1952. • Les damnés de la terre, 1961, rééd. La Découverte 2002. • Pour la révolution africaine, éd. Maspéro, 1964 rééd. 1979. • L'an V de la révolution algérienne, réédité en 1966 sous le titre "Sociologie d'une révolution".

Source: Ligue des droits de l'homme (Section de Toulon)

lire la suite

_____Aimé Cesaire né le 26 juin 1913 "boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand" C'est dans ses couloirs qu'il rencontre Léopold Sédar Senghor...

Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 au sein d'une famille nombreuse de Basse Pointe, commune du Nord-Est de la Martinique, bordée par l'océan Atlantique dont la «lèche hystérique» viendra plus tard rythmer ses poèmes. Le père est un petit fonctionnaire, la mère est couturière. Aimé Césaire, élève brillant du Lycée Schœlcher de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand, à Paris. C'est dans les couloirs de ce grand lycée parisien que, dès son arrivée, le jeune Césaire rencontre Léopold Sédar Senghor, son aîné de quelques années, qui le prend sous son aile protectrice.

Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu'il connaît depuis le Lycée Schœlcher, découvrent progressivement une part refoulée de l'identité martiniquaise, la composante africaine dont ils prennent progressivement conscience au fur et à mesure qu'émerge une conscience forte de la situation coloniale. En septembre 1934, Césaire fonde, avec d'autres étudiants antillo-guyanais et africains (Léon Gontran Damas, les sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C'est dans les pages de cette revue qu'apparaîtra pour la première fois le terme de «Négritude». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l'oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d'une part le projet français d'assimilation culturelle et d'autre part la dévalorisation de l'Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l'honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s'agit, au delà d'une vision partisane et raciale du monde, d'un humanisme actif et concret, à destination des tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet: «Je suis de la race de ceux qu'on opprime».

Admis à l'École Normale Supérieure en 1935, Césaire commence en 1936 la rédaction de son chef d'oeuvre, le Cahier d'un Retour au Pays Natal. Marié en 1937 à une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, Agrégé de Lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au Lycée Schœlcher.

En réaction contre le statu quo culturel martiniquais, le couple Césaire, épaulé par René Ménil et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques, dont le projet est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. La seconde guerre mondiale se traduit pour la Martinique par un blocus qui coupe l'approvisionnement de l'île par la France. En plus d'un situation économique très difficile, l'envoyé du gouvernement de Vichy, l'Amiral Robert, instaure un régime répressif, dont la censure vise directement la revue Tropiques. Celle-ci paraîtra, avec difficulté, jusqu'en 1943.

La guerre marque aussi le passage en Martinique d'André Breton. Le maître du surréalisme découvre avec stupéfaction la poésie de Césaire et le rencontre en 1941. En 1944, Breton rédigera la préface du recueil Les Armes Miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.

Invité à Port-au-Prince par le docteur Mabille, attaché culturel de l'ambassade de France, Aimé Césaire passera six mois en Haïti, donnant une série de conférences dont le retentissement sur les milieux intellectuels haïtiens est formidable. Ce séjour haïtien aura une forte empreinte sur l'œuvre d'Aimé Césaire, qui écrira un essai historique sur Toussaint Louverture et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri Christophe, héros de l'indépendance.

Alors que son engagement littéraire et culturel constituent le centre de sa vie, Aimé Césaire est happé par la politique dès son retour en Martinique. Pressé par les élites communistes, à la recherche d'une figure incarnant le renouveau politique après les années sombres de l'Amiral Robert, Césaire est élu maire de Fort-de-France, la capitale de la Martinique, en 1945, à 32 ans. L'année suivant, il est élu député de la Martinique à l'Assemblée Nationale.

Le député Césaire sera, en 1946, le rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements Français. Ce changement de statut correspond à une demande forte du corps social, souhaitant accéder aux moyens d'une promotion sociale et économique. Conscient du rôle de la départementalisation comme réparation des dégâts de la colonisation, Aimé Césaire est tout aussi conscient du danger d'aliénation culturelle qui menace les martiniquais. La préservation et le développement de la culture martiniquaise seront dès lors ses priorités.

Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris, Césaire fonde, dans la capitale française, la revue Présence Africaine, aux côtés du sénégalais Alioune Diop, et des guadeloupéens Paul Niger et Guy Tirolien. Cette revue deviendra ensuite une maison d'édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l'égyptologue Cheikh Anta Diop, et les romans et nouvelles de Joseph Zobel.

En 1950, c'est dans la revue Présence Africaine que sera publié pour la première fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l'idéologie colonialiste européenne, que Césaire compare avec audace au nazisme auquel l'Europe vient d'échapper. Les grands penseurs et hommes politiques français sont convoqués dans ce texte par l'auteur qui met à nue les origines du racisme et du colonialisme européen.

Peu enclin au compromis, Aimé Césaire, révolté par la position du Parti Communiste Français face à l'invasion soviétique de la Hongrie en 1956, publie une «Lettre à Maurice Thorez» pour expliquer les raisons de son départ du Parti. En mars 1958, il crée le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qui a pour ambition d'instaurer «un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l'action». Le mot d'ordre d'autonomie de la Martinique est situé au cœur du discours du PPM.

Parallèlement à une activité politique continue (il conservera son mandat de député pendant 48 ans, et sera maire de Fort-de-France pendant 56 ans), Aimé Césaire continue son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme (Soleil Cou Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960). À partir de 1956, il s'oriente vers le théâtre. Avec Et les Chiens se taisaient, texte fort, réputé impossible à mettre en scène, il explore les drames de la lutte de décolonisation autour du personnage du Rebelle, esclave qui tue son maître puis tombe victime de la trahison. La Tragédie du Roi Christophe (1963), qui connaît un grand succès dans les capitales européennes, est l'occasion pour lui de revenir à l'expérience haïtienne, en mettant en scène les contradiction et les impasses auxquels sont confrontés les pays décolonisés et leurs dirigeants. Une saison au Congo (1966) met en scène la tragédie de Patrice Lumumba, père de l'indépendance du Congo Belge. Une tempête (1969), inspiré de Shakespeare, explore les catégories de l'identité raciale et les schémas de l'aliénation coloniale. Pensant à l'origine situer l'action de cette adaptation de Shakespeare aux États-Unis, il choisit finalement les Antilles, gardant tout de même le projet de refléter l'expérience noire aux Amériques.

Au total Césaire à publié plus de quatorze œuvres, recueils des poésies, pièces de théâtre et essais. De nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son œuvre littéraire qui est universellement connue. Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues: anglais, espagnole, allemand et cetera.

Oeuvres principales: Oeuvres complètes. (1. Poèmes; 2. Théâtre; 3. Oeuvre historique et poétique). Fort-de-France: Desormeaux, 1976. Essais: Discours sur le colonialisme. Paris: Présence Africaine, 1955. Toussaint Louverture; La Révolution française et le problème colonial. Paris: Présence Africaine, 1961/62. Poésie: Cahier d'un retour au pays natal. Paris: Présence Africaine, 1939, 1960. Soleil Cou Coupé. Paris: Éd. K, 1948. Corps perdu. (gravures de Pablo Picasso) Paris: Éditions Fragrance, 1950. Ferrements. Paris: Seuil, 1960, 1991. Cadastre. Paris: Seuil, 1961. Les Armes miraculeuses. Paris: Gallimard, 1970. Moi Laminaire. Paris: Seuil, 1982. La Poésie. Paris: Seuil, 1994. Théâtre: Et les Chiens se taisaient, tragédie: arrangement théâtral. Paris: Présence Africaine, 1958, 1997. La Tragédie du roi Christophe. Paris: Présence Africaine, 1963, 1993. Une Tempête, d'après La tempête de Shakespeare: adaptation pour un théâtre nègre. Paris: Seuil, 1969, 1997. Une Saison au Congo. Paris: Seuil, 1966, 2001. Entretiens: Nègre je suis, nègre je resterai, entretiens avec Françoise Vergès. Paris: Albin Michel, 2005. Enregistrement audio: Aimé Césaire. Paris: Hatier, Les Voix de l'écriture, 1994

lire la suite

___Rosa Louise McCauley Parks (1913-2005) couturière noire qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.. mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain

Rosa Louise McCauley Parks, (4 février 1913, Tuskegee, Alabama États-Unis - 24 octobre 2005, Detroit, Michigan), était une couturière noire qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, ce qui lui valut le surnom de mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain.

Parks est devenu célèbre parce que le 1er décembre 1955, à Montgomery (Alabama), elle refusa de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Arrêtée par la police, elle se vit infliger une amende de 10 dollars (plus 4 dollars de frais de justice) le 5 décembre; elle fit appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir inconnu de 26 ans, Martin Luther King, avec le concours de Ralph Abernathy, lança alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui dura 381 jours. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême cassa les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles.

Jeunesse et premiers engagements politiques modifier Rosa Parks est née Rosa Louise McCauley à Tuskegee, Alabama, fille aînée d'une famille de deux enfants, de James et Leona McCauley, respectivement charpentier et institutrice. Dans son enfance, elle eut des problèmes de santé, dont une angine chronique. Après le divorce de ses parents, elle a grandi dans une ferme avec sa mère et ses grand-parents méthodistes, sa mère et son frère Sylvester. Très attachée à ce que sa fille reçut une bonne éducation malgré les entraves à la scolarité des Noirs, Sa mère Leona éduqua Rosa à la maison jusqu'à ses onze ans, puis elle fut envoyée à l'Industrial School for Girls, fondée par des familles blanches du Nord pour les enfants Noirs, à Montgomery où habitait sa tante. Ensuite, Rosa commença ses études secondaires à l'Alabama State Teachers College for Negroes mais elle ne put les suivre jusqu'à leur terme, car elle dut s'occuper de sa grand mère puis de sa mère, qui tombèrent malades. Elle se souvient que son grand père montait la garde la nuit devant la ferme contre les actions du Ku Klux Klan. Sa jeunesse lui fait vite subir les affronts du racisme. Le KKK a d'ailleurs brûlé à deux reprises l'école qu'elle fréquentait, la Montgomery Industrial School for Girls. Bien que Rosa Parks ait raconté dans son autobiographie n'avoir pas eu une mauvaise impression des Blancs, elle a raconté des détails du racisme au quotidien (si vif dans le Sud des États-Unis) qui l'ont marquée, telles ces fontaines publiques réservées aux Blancs ou aux Noirs ("Enfant, je pensais que l'eau des fontaines pour les Blancs avait meilleur goût que celle des Noirs").

Les transports en commun étaient un bon exemple de cette ségrégation au quotidien. Il n'y avait certes pas de bus ou de trains différents, mais des sections réservées aux Blancs et aux Noirs. Rosa Parks se souvenait cependant que les transports scolaires étaient interdits aux enfants noirs. Pour aller à l'école de Pine Level, les enfants blancs prenaient le bus alors que les autres y allaient à pied : “Je voyais passer le bus chaque jour. Mais pour moi, c'était comme ça. Nous n'avions d'autre choix que d'accepter ce qui était notre quotidien. Le bus fut un des premiers éléments par lesquels je réalisai qu'il y avait un monde pour les Noirs et un monde pour les Blancs.”

En 1932, elle se marie avec Raymond Parks, un barbier activiste de la cause des droits civiques, membre du NAACP. Il collectait aussi de l'argent pour soutenir un groupe de jeunes Noirs, les "Scottboro Boys", qui étaient faussement accusés de viols sur deux femmes blanches. Il l'encourage à finir ses études secondaires, qu'elle achève malgré les charges familiales en 1934, à une époque où seulement 7% des Noirs obtiennent ce niveau d'étude. En 1940, les époux Parks deviennent membres de la ligue des électeurs (Voters' League).

Rosa a travaillé en tant que couturière de 1930 à 1955, mais elle eut aussi divers autres métiers telles qu'aide soignante. En décembre 1943, Parks devient membre du mouvement pour les droits civiques (American Civil Rights Movement) et travaille en tant que secrétaire à Montgomery pour la section de l'Alabama de l'association pour l'avancement des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP), présidée par Edgar Nixon. Sur son rôle dans l'association, elle déclara: "J'étais la seule femme là-bas, et ils avaient besoin d'une secrétaire, et j'étais trop timide pour dire non". Elle tint cette fonction jusqu'en 1957 lorsqu'elle quitte la ville de Montgomery. Début 1945, elle tint brièvement un emploi à la base aérienne de Maxwell, une zone fédérale où la ségrégation n'était pas en vigueur: "On peut dire que la situation à Maxwell m'a ouvert les yeux". Elle fut aussi femme de ménage pour un couple libéral, Clifford et Virginia Durr, qui sympathisèrent avec elle et l'encouragèrent à suivre une formation sur les droits des travailleurs et l'égalité raciale à la Highlander Folk School, à Monteagle (Tennessee), six mois avant son arrestation.

Comme beaucoup d'autres Noirs, elle fut choquée par le meurtre sauvage de Emmett Till en août 1955. Le 27 novembre suivant (soit quatre jours avant qu'elle ne refuse son siège), elle assista à un grand meeting sur son cas à Montgomery, dont le principal orateur était T.R.M. Howard, un activiste des droits civiques du Mississippi, à la tête du Regional Council of Negro Leadership.

Boycott des bus de Montgomery Rosa Parks devint célèbre lorsque, le 1er décembre 1955 dans la ville de Montgomery, elle refusa d'obéir au conducteur de bus James Blake qui lui demande de laisser sa place à un blanc et d'aller s'asseoir au fond du bus.

Dans les bus de Montgomery, les quatre premiers rangs étaient réservés aux Blancs. Les Noirs, qui représentaient 75% des utilisateurs, étaient préposés à l'arrière du bus. Ils pouvaient néanmoins s'asseoir dans la zone centrale, jusqu'à ce que des Blancs en aient besoin; ils devaient alors soit céder leur place et aller vers le fond, soit quitter le bus. Comble de l'humiliation : si ces places étaient occupées, les Noirs devaient bien acheter leur billet à l'avant, mais devaient ressortir avant de rentrer de nouveau par la porte arrière du bus pour rejoindre l'emplacement qui leur étaient destinés. Mme Parks n'était pas la première personne à violer ce règlement et d'autres personnes l'avaient payé durement, parfois de leur vie.

Elle n'avait semble-t-il pas planifié son geste, mais une fois décidée, elle l'assuma totalement. Elle fut arrêtée, jugée et inculpée de désordre public ainsi que de violation des lois locales. Elle joignit l'avocat Edgar Nixon, membre du chapitre de Montgomery du NAACP. Bien que furieux du traitement réservé à Mme Parks, il vit toutefois de suite l'intérêt symbolique du combat à mener. Il appella un avocat blanc, Clifford Durr, qui accepta de contester la loi sur la ségrégation dont Rosa Parks était la victime.

La nuit suivante, cinquante dirigeants de la communauté afro-américaine, emmenés par un jeune pasteur peu connu à l'époque Dr. Martin Luther King, Jr, se réunirent à l'église baptiste de la "Dexter Avenue" pour discuter des actions à mener à la suite de l'arrestation de Rosa Parks. Ils y fondent le "Montgomery Improvement Association", dont ils élisent King comme président. Il y popularisera les théories de la non-violence et de la désobéissance civile. Le mouvement a trois revendications immédiates:

Que les Blancs et les Noirs puissent s'asseoir où ils veulent dans l'autobus. Que les chauffeurs soient plus courtois à l'égard de toutes les personnes. Que des chauffeurs noirs soient engagés. La veille du procès, 35 000 tracts sont distribués pour inviter les Noirs à ne plus emprunter les bus le lundi 5 décembre. Le mot d'ordre fut repris le lundi par The Montgomery Advertiser, le journal noir local. Le mot d'ordre fut reconduit après une réunion à l'Église. C'est le début du boycott des bus de Montgomery; il se prolongera 381 jours. Des douzaines de bus publics sont restés au dépôt pendant des mois jusqu'à ce que la loi sur la ségrégation dans les bus publics fut levée. La plupart marchèrent à pied; des taxis conduits par des Noirs firent des trajets au tarif du bus (10 cents). Quelques Blancs les rejoinrent, parfois par idéologie, parfois simplement parce qu'ils avaient besoin que leurs employés noirs viennent travailler. Peu à peu, grâce en partie à l'écho international qu'eut le mouvement, des fonds ont commencé à arriver, permettant de mettre en place un service d'autobus parallèle, ou plus modestement l'achat de paires de chaussures. Des actes violents furent perpétrés, y compris le dynamitage des domiciles de Martin Luther King et de l'avocat Edgar Nixon, et de nombreuses vexations furent recensées contre les Noirs. Fidèle à sa stratégie, King demande de ne pas répondre à ces actes. Ce mouvement provoqua beaucoup d'autres protestations contre la ségrégation menée aux États-Unis.

À travers son rôle initiateur du boycott, Rosa Parks aida à la prise de concience des américains dans la lutte pour les droits civiques. King écrit dans son livre paru en 1958, Stride Toward Freedom, "L'arrestation de Mme Parks fût l'élément déclencheur plutôt que la cause des protestations. ... ."

Finalement, le 13 novembre 1956, la Cour suprême des États-Unis statua par l'arrêt Browdler v. Gayle que la ségrégation dans les bus était inconstitutionnelle. La nouvelle ne parvint à Montgomery que le 20 novembre. Le boycott cessa le lendemain.

Toutefois, la violence continua avec des tirs contre les bus et le domicile de Luther King et des explosions visant les Églises fréquentées par les Noirs. Et si la ségrégation avait été abolie dans les bus de l'état, ce n'était pas encore le cas pour les liaisons inter-étatiques. Un groupe de jeunes fonda le "Freedom Ride", mais après quelques jours, un de ces bus est stoppé par le KKK; ses occupants sont battus et le car brûlé. Ce n'est qu'en 1964 que les lois ségrégationnistes Jim Crow sont abrogées par le "Civil Rights Act" qui interdit toute forme de ségrégation dans les lieux publics, puis en 1965 par le "Voting Rights Act" qui supprime les tests et les taxes pour devenir électeur.

D'autres incidents modifier Avant le geste de Rosa Parks, d'autres personnes avaient déjà été poursuivies pour des faits similaires, comme Claudette Colvin le 2 mars de la même année 1955. Cette jeune fille de 15 ans faillit avoir le même soutien, mais apprenant qu'elle était enceinte, ses soutiens ne donnèrent pas suite. Au contraire, Mme Parks était une des femmes les plus distinguées de la ville, dont l'éducation ne souffrait aucune remarque, et donc un meilleur étendard pour la cause noire.

De même, une autre femme, Mary Louise Smith, n'avait pas été défendue, la rumeur voulant que son père fut alcoolique.

Rosa Parks elle-même avait déjà été éconduite d'un bus en 1943. Ironie du sort, c'était déjà par le même chauffeur que le 1er décembre 1955, James Blake.

Le procès d'Irene Morgan en 1946 après avoir été arrêtée en 1944 fut couronné de succès, mais ne fit pas jurisprudence dans les faits.

Son travail pour les droits civiques modifier Par la suite, Rosa Parks devient une icône pour le mouvement des droits civiques. Ne trouvant pas de travail à Montgomery et sous la pression de ses proches inquiets pour sa sécurité, mais aussi en raison de quelques désaccords avec les leaders Noirs de la ville, elle se rendit en 1957 dans le Nord, à Hampton en Virginie puis à Detroit dans le Michigan.

Elle y travailla en tant que couturière, jusqu'à ce qu'elle se joigne à l'équipe du représentant démocrate du Michigan, l'Afro-américain John Conyers à la Chambre des Représentants des États-Unis pour lequel elle travailla de 1965, jusqu'à sa retraite le 30 septembre 1988.

Ce combat contre les discriminations déboucha en 1964 avec le Civil Rights Act, loi qui interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics et en 1965 avec le Voting Rights Act qui supprima les tests et autres taxes pour devenir électeur aux États-Unis.

Le Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development est fondé en février 1987 conjointement par Rosa Parks et Elaine Eason Steele en honneur du mari de Rosa, Raymond Parks (décédé en 1977). L'institut organise des visites en bus pour les jeunes générations en leur montrant les sites importants du mouvement pour les droits civiques. Lors d'une visite en 1997, le bus tombe dans une rivière et tue Adisa Foluke, celui que tout le monde considérait comme son petit fils adoptif et en blesse beaucoup d'autres.

En octobre 1995, elle avait participé à la "Million Man March", qui a rassemblé plus d'un million de Noirs à Washington.

Ses dernières années furent difficiles. Elle fut notamment hospitalisée après le hold-up le 30 août 1994 d'un jeune de 28 ans, Joseph Skipper, qui lui vola 53 dollars. Il fut condamné le 8 août 1995 à 15 ans de prison; Rosa Parks lui pardonna partiellement, puisqu'elle souhaita qu'il puisse se racheter et non aller en prison. Elle eut à la fin de ses jours des difficultés à payer son loyer et dû faire appel à l'aide de son Église, pour que son propriétaire arrête les poursuites judiciaires.

Décès et funérailles modifier Rosa Parks résida à Detroit jusqu'à sa mort le 24 octobre 2005. Depuis 2004, elle souffrait de démence dégénérative.

Après son décès, la classe politique dans son ensemble lui a rendu hommage. Le président George W. Bush a honoré sa mémoire dans une allocution télévisée et sa dépouille est restée exposée deux jours dans la rotonde du Capitole pour un hommage public. Privilège réservé d'habitude aux hommes politiques et aux soldats, Rosa Parks est la 31e personne après l'ancien président Ronald Reagan en juin 2004 et la première femme à recevoir cet honneur. Elle est également la deuxième personnalité noire (la première fût Jacob J. Chestnut) et la seconde personne ne faisant pas partie du gouvernement (la première était le français Pierre L'Enfant en 1909) à recevoir un tel hommage de la part du gouvernement fédéral.

Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles en l'église Greater Grace Temple à Détroit le 2 novembre. Une estimation fait état de 60 000 américains à lui avoir rendu hommage dans les premiers jours qui suivirent son inhumation dans son État natal de l'Alabama, et à Washington. De nombreuses personnalités y ont assisté, l'ancien président Bill Clinton, la sénatrice de New York Hillary Clinton, le pasteur noir Jesse Jackson, des élus noirs du Congrès, des dirigeants du mouvement des droits civiques et d'autres dignitaires. La chanteuse Aretha Franklin a également chanté pour l'occasion. Le président américain avait également décrété que tous les drapeaux soient mis en berne le jour de son enterrement. Le corbillard lui-même fut suivi d'un bus des années 50 recouvert d'un linceul noir.

De son décès à ses obsèques, le bus dans lequel s'est déroulé l'arrestation de Rosa Parks a été drapé d'un linceul rouge et noir jusqu'aux obsèques officielles. Enfin, les premières places des bus de Montgomery sont restées vacantes jusqu'au jour de son enterrement. Elles furent recouvertes d'une photo de Rosa Parks entourée d'un ruban noir portant l'inscription suivante : "La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s'est tenue debout en restant assise."

Source: www.wikipedia.org

lire la suite

† _____Hailé Sélassié Ier sous le nom de Täfäri Mäkonnen signifie littéralement « celui qui est craint » (1892-1975) |dernier empereur d'Éthiopie de 1930 à 1936 et de 1941 à 1974. Renversé le 12 septembre 1974, conséquence d'un coup d'État militaire

  • L'empereur est renversé le 12 septembre 1974, conséquence d'un coup d'État militaire mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l'État après la chute de Selassie), Tafari Benti (son successeur, éliminé en 1977) et Mengistu Hailé Maryam (qui devient en 1977 l'homme fort de l'Éthiopie).

Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.

Sa dépouille fut dissimulée dans les soubassements du palais impérial, où elle fut découverte en 1992 après la chute du dictateur Mengistu qui fut défait en 1991. Pendant dix ans, le corps de l'empereur demeura déposé auprès de celui de son grand-oncle Ménélik dans l'église de Bhata. Il reçut finalement des funérailles populaires le 5 novembre 2000 en la Cathédrale de la Sainte-Trinité d'Addis Abeba.

  • Hailé Sélassié est né dans un petit village de la province du Harar, Ejersa Goro en Éthiopie, sous le nom de Täfäri Mäkonnen (ge'ez: . Täfäri signifie littéralement « celui qui est craint » et Mäkwännen, simplifié en Mäkonnen, est le prénom de son père qui signifie « grand, noble ». Il garda ce nom jusqu'au 3 avril 1930, date de son accession au trône d'Éthiopie comme Roi des Rois.

Source: www.wikipedia.org

De l'enfance au règne

Hailé Sélassié est né dans un petit village de la province du Harar, Ejersa Goro en Éthiopie, sous le nom de Täfäri Mäkonnen (ge'ez: . Täfäri signifie littéralement « celui qui est craint » et Mäkwännen, simplifié en Mäkonnen, est le prénom de son père qui signifie « grand, noble ». Il garda ce nom jusqu'au 3 avril 1930, date de son accession au trône d'Éthiopie comme Roi des Rois.

Son père est Ras Makonnen, gouverneur de Harar et sa mère est Woyzero (wäyzäro, madame) Yäshimabät Ali. Il n'a pas connu sa mère, morte du choléra le 14 mars 1894. Son père, grand artisan de la victoire d'Adwa contre les Italiens (1er mars 1896), mourut le 21 mars 1906, laissant Tafari aux bons soins de l'empereur Ménélik II (Dägmawi Ménilek ).

En juillet 1911, il épousa woyzäro Menen Asfaw, fille de Jantirar Asfaw d'Ambassel et petite-fille maternelle du roi Mikaél du Wollo (Wällo). L'empereur Hailé Sélassié et l'impératrice Menen eurent six enfants : la princesse Tenagnework, le prince couronné Asfaw Wossen, la princesse Tsehay, la princesse Zenebeworq, le prince Makonnen, duc de Harrar, et le prince Sahle Sélassié. Hailé Sélassié avait également une fille d'un premier mariage, la princesse Romaneworq.

L'accession au pouvoir

Le 27 septembre 1916, une assemblée de nobles avec l'accord de l'Église orthodoxe d’Éthiopie déposa l'empereur Lij Yassou (Yassou V), petit-fils et héritier de l'empereur Ménélik II, pour suspicion de conversion à l'islam. La fille de Ménélik, Zaoditou (Zäwditu) fut alors proclamée impératrice d'Éthiopie et son cousin le Ras (duc) Tafari, Prince héritier (alga-wärash) et Régent de la couronne (endärassié). En tant que Ras Tafari (celui qui est redouté en amharique), il exerça la réalité du pouvoir sous le règne de sa cousine l'impératrice Zaoditou puis comme roi (négus) de 1928 (7 octobre) jusqu'en 1930. À la mort de Zaoditou le 2 avril 1930, il prit le titre d'empereur. Il fut couronné le 2 novembre 1930 sous le nom de « Hailé Sélassié Ier (pouvoir de la Trinité), Roi des Rois d'Éthiopie, Seigneur des Seigneurs, Lion conquérant de la tribu de Juda, Lumière du Monde, élu de Dieu » : Gärmawi Qädamawi Haylä Sellassé, negusä nägäst zä'Ityopya, moa anbessa zä'emnägädä yehuda, berhanä aläm, seyumä Egziabhér (en amharique).

Hailé Sélassié développa la politique de modernisation progressive lancée par l'empereur Ménélik II, permettant ainsi l'admission de l'Éthiopie dans la Société des Nations en 1923 et décrétant la première constitution du pays en 1931. Il supprima également une pratique très ancienne, l'esclavage, dans l'Empire par des décrets pris en 1918 et 19231.

La Seconde guerre italo-éthiopienne et le retour d'exil modifier L'échec de la SDN pour stopper la seconde guerre entre l'Italie et l'Éthiopie avec l'invasion italienne de 1935 le força à cinq ans d'exil, pendant lesquels il vécut à Bath en Angleterre (5 mai 1936-5 mai 1941). Grâce à une reconquête rapide du pays avec l'aide des Britanniques et des Français (emmenés par le commandant Monnier), Hailé Sélassié recouvra une totale souveraineté sur l'Empire et reprit sa politique de modernisation et de développement.

Un meneur africain



Haïlé Sélassié Ier, le 1er octobre 1963 à Washington. Hailé Sélassié Ier à son bureau du palais d'Addis-Abeba.Entretenant une bonne entente avec le président américain Franklin Roosevelt et également avec les autres Alliés, l'Empereur obtient l'entrée de l'Éthiopie dans l'ONU dès sa fondation. Adoptant une position de non-aligné pendant la période de Guerre froide, par sa participation à la conférence de Bandung, Sélassié œuvra également à l'indépendance du continent africain et à son unification. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) fut fondée en 1963 à son instigation et établit son siège à Addis Abeba.

Modernisation et crise

À la suite d'une tentative de coup d'État en décembre 1960, à laquelle fut mêlée le prince héritier Asfaw Wossen, il poursuivit une politique plus conservatrice, alignant l'Éthiopie avec l'Occident contre les gouvernements africains plus radicaux, tout en initiant quelques réformes timides. Il remplace le Premier ministre ras Abebe Aregai, abattu lors du putsch, par Aklilu Habte-Wold, qui restera à cette fonction jusqu'en 1974, cumulant à partir de 1964 le portefeuille de l'Intérieur. Progressivement, Sélassié se consacrera à la scène internationale pour laisser son Premier ministre s'occuper des affaires intérieures.

Il envoya des troupes participer à l'Opération des Nations unies au Congo lors de la crise congolaise de 1960.

L'année suivante, le refus de Sélassié d'accorder l'autonomie à l'Érythrée, comme prévu par la résolution 390 de l'ONU de 1950, conduit à la guerre de sécession de l'Érythrée, qui aboutit à la proclamation d'un nouvel État, entre l'Éthiopie et le Soudan, en 1993.

Il présida en 1963 l'Organisation de l'unité africaine, dont le siège fut établi à Addis-Abeba. Avec le président malien Modibo Keïta, il parvient à convaincre le Maroc et l'Algérie de conclure les accords de Bamako (1964), mettant fin à la guerre des sables. Suite à des conflits avec la Somalie à propos de l'Ogaden, territoire éthiopien peuplé majoritairement de Somalis, le Négus signa un traité de défense mutuelle en 1964 avec le Premier ministre kényan Jomo Kenyatta.

La chute de l'empereur

Article détaillé : Révolution éthiopienne. L'aggravation de la situation économique et sociale du pays suite au choc pétrolier de 1973, des mécontentements croissants parmi les étudiants et une partie des élites entraînent la démission du Premier ministre en février 1974, remplacé par le ras Endalkachew Makonnen. Loin de rétablir l'ordre, cette première en Éthiopie encouragea les revendications protestataires: grèves ouvrières et manifestations étudiantes réclamaient des réformes sur la propriété des terres, des enquêtes sur la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement ainsi que des réformes politiques. En avril 1973, pressé par les manifestations étudiantes, l'empereur lève la censure sur l'état de famine au Wello, après s'être opposé à la publication d'un rapport critique de la FAO. C'est le début de la révolution éthiopienne, avec la première grève générale de l'histoire éthiopienne en mars 1974.

  • L'empereur est renversé le 12 septembre 1974, conséquence d'un coup d'État militaire mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l'État après la chute de Selassie), Tafari Benti (son successeur, éliminé en 1977) et Mengistu Hailé Maryam (qui devient en 1977 l'homme fort de l'Éthiopie).

Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.

Sa dépouille fut dissimulée dans les soubassements du palais impérial, où elle fut découverte en 1992 après la chute du dictateur Mengistu qui fut défait en 1991. Pendant dix ans, le corps de l'empereur demeura déposé auprès de celui de son grand-oncle Ménélik dans l'église de Bhata. Il reçut finalement des funérailles populaires le 5 novembre 2000 en la Cathédrale de la Sainte-Trinité d'Addis Abeba.

lire la suite

_____Léopold Sédar Senghor (1906-2001) poète, écrivain et homme politique sénégalais naturalisé français. premier président du Sénégal (1960-1980) premier africain à siéger à l'Académie française et le premier africain titulaire de l'agrégation.

Léopold Sédar Senghor (Joal, Sénégal, 9 octobre 1906 - Verson, France, 20 décembre 2001) était un poète, écrivain et homme politique sénégalais naturalisé français. Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980). Senghor fut aussi le premier africain à siéger à l'Académie française et le premier africain titulaire de l'agrégation.

1906 - 1928 : l'enfance sénégalaise

Léopold Sédar Senghor naquit le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville côtière située au sud de Dakar, Sénégal. Son père, Basile Diogoye Senghor, était un commerçant appartenant à la bourgeoisie sérère, une ethnie minoritaire au Sénégal. Sa mère, Gnilane Ndiémé Bakhou (-1948), que Senghor appelle dans Élégies "Nyilane la douce", est une musulmane d'origine peule, appartenant à l'ethnie tabor et troisième épouse de Basile Senghor. Elle eut six enfants, dont deux garçons. Senghor a hérité des sérères le fait d'avoir, outre un prénom, deux noms : son nom de famille, Senghor et son nom sérère, Sedar signifiant "qu'on ne peut humilier". Senghor commença ses études au Sénégal chez les Pères du Saint-Esprit Ngasobil puis à Dakar au collège-séminaire et à l'école laïque. Il est déjà passionné de littérature française. Une fois son baccalauréat en poche, il obtint une bourse pour poursuivre ses études supérieures en France.

1928 - 1944 : l'errance

Senghor arrive en France en 1928. Cela marquera le début de « seize années d'errance », selon ses dires. Il sera tout d'abord étudiant à la Sorbonne mais très vite découragé, il poursuivra en hypokhâgne et khâgne à Louis-le-Grand où il prépare le concours d'entrée à l'école normale supérieure (ENS). Il y cotoie Paul Guth, Henri Queffelec, Robert Verdier et Georges Pompidou avec qui il se liera d'amitié. Après un échec au concours d'entrée, il décide de préparer l'agrégation de grammaire. Pour l'agrégation, il fait une demande de naturalisation. Il obtient l'agrégation de grammaire en 1935, après une première tentative non couronnée de succès.

Il débute sa carrière d'enseignant au lycée René-Descartes à Tours puis à Saint-Maur-les-Fossés, dans la région parisienne. Outre ses activités d'enseignant, il suit des cours de linguistique négro-africaine dispensés par Lilias Homburger à l'École pratique des hautes études et ceux de Marcel Cohen, Marcel Mauss et de Paul Rivet à l'Institut d'ethnologie de Paris.

En 1939, Senghor est enrôlé comme officier de l'armée française dans la 59e division d'infanterie coloniale. Un an plus tard, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à la Charité-sur-Loire. Il est interné dans divers camps puis au Front Stalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales. Les Allemands voulaient le fusiller le jour même de son incarcération ainsi que les autres soldats noirs présents. Ils échapperont à ce massacre en s'écriant « Vive la France, vive l'Afrique noire ». Les Allemands baissent leurs armes car un officier français leur fait comprendre qu'un massacre purement raciste nuirait à l'honneur de la race aryenne et de l'armée allemande. Au total, Senghor passera deux ans dans les camps de prisonniers, temps qu'il consacrera à la rédaction de poèmes. En 1942, il est libéré, pour cause de maladie. Il reprend ses activités d'enseignant et participe à la résistance dans le cadre du Front national universitaire.

1945 : l'homme politique

Dans la France coloniale

Au lendemain de la guerre, il reprend la chaire de linguistique à l'École nationale de la France d'outre-mer qu'il occupera jusqu'à l'indépendance du Sénégal en 1960. Au cours d'un de ses voyages de recherche sur la poésie Sérère au Sénégal, le chef de file local des socialistes, Lamine Gueye lui propose d'être candidat à la députation. Senghor accepte et est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l'Assemblée nationale française où les colonies viennent d'obtenir le droit d'être représentée. Il se démarqua de Lamine Guèye au sujet de la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger. Ce dernier vote contre car le mouvement social paralysait la colonie alors que Senghor soutient le mouvement, ce qui lui valut une grande popularité. En 1946, Senghor se marie avec la fille du gouverneur général de I'AEF avec qui il eut deux fils, Françis (1947-) et Guy (1948-1983).

Fort de son succès, il quitte l'année suivante la section africaine de la section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) qui avait soutenu financièrement en grande partie le mouvement social, et fonde avec Mamadou Dia le Bloc démocratique sénégalais (1948), qui remporta les élections législatives de 1951. Lamine Guèye perd son siège.

Réélu député en 1951 comme indépendant d'Outre-mer, il est secrétaire d'État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure du 1er mars 1955 au 1er février 1956, devient maire de Thiès au Sénégal en novembre 1956 puis ministre conseiller du gouvernement Michel Debré, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961. Il fut aussi membre de la commission chargée d'élaborer la constitution de la Cinquième République, conseiller général du Sénégal, membre du Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Entre temps, il divorça de sa première femme et se remaria en 1957 avec Colette Hubert, une française originaire de Normandie avec qui il eut un fils, Philippe Maguilen (-1981). Il fait paraître en 1964 le premier volume d'une série de cinq volumes intitulée Liberté. Ce sont des recueils de discours, allocutions, essais et préfaces.

Au Sénégal

Senghor est un fervent défenseur du fédéralisme pour les Etats africains nouvellement indépendant, une sorte de "Commonwealth à la française". Le fédéralisme n'obtenant pas la faveur des pays africains, il décide de former, avec Modibo Keïta, la fédération du Mali avec l'ancien Soudan français (l'actuel Mali). Senghor assure la présidence de l'assemblée fédérale jusqu'à ce que la fédéation éclate en août 1960. Par la suite, Senghor devient le premier président de la République du Sénégal, élu le 5 septembre 1960. Il est l'auteur de l'hymne national sénégalais, le Lion rouge. Le Premier ministre, Mamadou Dia est chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que Sengor est en charge des relations internationales. Les deux hommes entrent rapidement en conflit. En décembre 1962, Mamadou Dia est arrêté et suspecté d'avoir tenté un coup d'état. Il restera douze ans en prison. A la suite de cet événement, Senghor instaure un régime présidentiel. Le 22 mars 1967 Senghor échappe à une tentative d'attentat. Le coupable sera condamné à mort.

Il démissione de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf le remplacera à la tête du pouvoir. Sous sa présidence, le Sénégal a instauré le multipartisme (limité à trois composantes : socialiste, communiste et libérale), ainsi qu'un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate. Néanmoins, il réprima violemment plusieurs mouvements estudiantins.

Francophonie

Il soutint la création de la Francophonie et fut le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.

En 1982, il a été l'un des fondateurs de l'Association France et Pays en Voie de développement dont les objectifs étaient de susciter une conscientisation des problèmes de développement des pays du Sud, dans le cadre d'une refonte des données civilisatrices.

1983 : l'académicien

Il est élu à l'Académie française le 2 juin 1983, au 16e fauteuil, où il succède au duc de Lévis-Mirepoix. Il est le premier africain à siéger à l'Académie française.

2001 : ses obsèques

En 1993, paraît le dernier volume des Liberté: Liberté 5: le dialogue des cultures.

Il a passé les dernières années de son existence auprès de son épouse, à Verson, en Normandie où il est décédé le 20 décembre 2001. Ses obsèques ont eu lieu le 29 décembre 2001 à Dakar en présence de Raymond Forni président de l'Assemblée nationale et de Charles Josselin, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Jacques Chirac et Lionel Jospin, respectivement président de la République française et premier Ministre de l'époque ne s'y sont pas rendus. Ce manque de reconnaissance a suscité une vive polémique. Le parallèle a été fait avec les Tirailleurs sénégalais qui, après avoir contribué à la libération de la France, ont dû attendre plus de 40 ans pour avoir le droit de percevoir une pension équivalente (en terme de pouvoir d'achat) à celle de leurs homologues français. L'académicien Erik Orsenna écrivit dans Le Monde un point de vue intitulé: "J'ai honte". Dans les milieux littéraires et poétiques, l'absence des deux premiers responsables politiques français à ces obsèques a été encore plus sévèrement jugée. On a pu lire : s'évitant de voir leur vision étriquée du monde confrontée à l'ampleur de la puissance intellectuelle du poète africain, d'un point de vue purement ontologique, leur absence même est un hommage suprême rendu au chantre de la francophonie.

Le fauteuil numéro 16 de l'Académie française laissé vacant par la mort du poète sénégalais, ce sera un autre ancien président, Valérie Giscard d'Estaing qui le remplacera. Comme le veut la tradition, il rendra hommage à son prédécesseur lors d'un discours de réception donné le 16 décembre 2004. Confronté au puzzle senghorien, il décidera de présenter les différentes facettes de Senghor « De l'élève appliqué, puis de l'étudiant déraciné ; du poète de la contestation anti-coloniale et anti-esclavagiste, puis du chantre de la négritude ; et enfin du poète apaisé par la francisation d'une partie de sa culture, à la recherche lointaine, et sans doute ambiguë, d'un métissage culturel mondial ».

Senghor a reçu de nombreuses décorations au cours de sa vie. Il est notamment grand-croix de la légion d'honneur, grand-croix de l'ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres. Il a aussi reçu les palmes académiques et la grand-croix de l'ordre du Lion du Sénégal. Ses faits d'armes lui vaudront la médaille de la Reconnaissance franco-alliée 1939-1945 et la Croix de combattant 1939-1945. Il est docteur honoris causa de trente-sept universités.

L'Université internationale de langue française d'Alexandrie inaugurée en 1990 porte son nom.

Poésie

Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par delà leurs différences. Senghor a estimé que le langage symbolique de la poésie pouvait constituer les bases de ce projet. En 1978, Senghor reçut le prix mondial Cino Del Duca.

Le poème A l'appel de la race de Saba paru en 1936 est inspiré de l'entrée des troupes italiennes à AbbisAbeba.

Négritude

Alors qu'il était étudiant, il créa en compagnie du martiniquais Aimé Césaire et du guyanais Léon Gontran Damas la revue contestataire L'Etudiant noir en 1934. C'est dans ces pages qu'il exprimera pour la première fois sa conception de la négritude, notion introduite par Aimé Césaire, dans un texte intitulé « Négrerie ». Césaire la définit ainsi : " La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture. "

Politique

Bien que socialiste, Senghor se tint à l'écart des idéologies marxiste et anti-occidentale devenues populaires dans l'Afrique post-coloniale, favorisant le maintien de liens étroits avec la France et le monde occidental. Beaucoup y voient une contribution décisive dans la stabilité politique du pays - qui demeure une des rares nations africaines à n'avoir jamais eu de coup d'Etat et avoir eu des transferts toujours pacifiques du pouvoir.

Œuvres

Poèmes

Chants d'ombre, poèmes (Le Seuil) 1945

Hosties noires, poèmes (Le Seuil) 1948

Ethiopiques (Le Seuil) 1956

Nocturnes, poèmes (Le Seuil) 1961

Lettres d'hivernage, poèmes (Le Seuil) 1973

Élégies majeures, poèmes (Le Seuil) 1979

Essais

Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédée de Orphée noir par JP.Sartre 1948 (PUF)

Liberté 1 : Négritude et Humanisme, discours, conférences (Le Seuil) 1964

Liberté 2 : Nation et Voie africaine du Socialisme, discours, conférences (Le Seuil) 1971

Liberté 3 : Négritude et Civilisation de l'Universel, discours, conférences (Le Seuil) 1977

Liberté 4 : Socialisme et Planification, discours, conférences (Le Seuil) 1983

Liberté 5 : Le dialogue des cultures (Le Seuil) 1992

La Poésie de l'action, dialogue (Stock) 1980

Ce que je crois : Négritude, francité, et civilisation de l'universel (Grasset) 1988

Source: www.wikipedia.org

lire la suite

† _____Nelson Rolihlahla Mandela, ancien président de l'Afrique du Sud et fut l'un des dirigeants de la lutte contre l'apartheid.

Nelson Rolihlahla Mandela, né le 18 juillet 1918 à Mvezo dans l'ancien Bantoustan du Transkei à l'est de la province du Cap (actuel Cap-Oriental), est un ancien président de l'Afrique du Sud et fut l'un des dirigeants de la lutte contre l'apartheid. En 1993, il reçoit avec le président sud-africain de l'époque, Frederik Willem de Klerk, le Prix Nobel de la Paix pour leurs actions en faveur de la fin du régime de l'apartheid et l'établissement de la démocratie dans le pays.Suite à ce combat et à celui qu'il mène actuellement contre le Sida, c'est une personnalité écoutée, particulièrement en Afrique

Biographie:

Famille et études:

Fils d'une famille royale Thembu Xhosa, Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 dans le village de Qunu, au bord de la rivière Mbashe au Transkei (Cap-Oriental). Son père était Hendry Mphakanyiswa Gadla, chef de tribu Xhosa de Tembu. À l'âge de sept ans, Rolihlahla Mandela devint le premier membre de la famille à suivre une scolarité. C'est un professeur méthodiste qui lui donne le prénom occidental de Nelson. Son père meurt alors qu'il n'a que 9 ans. Nelson Mandela est alors envoyé à la mission de Wesleyan. Selon la coutume Xhosa, il est initié à l'âge de 16 ans et poursuit ses études avec succès à la Clarkebury Boarding Institute. Il obtient son certificat scolaire en deux ans (au lieu de trois habituellement).

En 1934, Mandela s'inscrit au Collège Wesleyan de Fort Beaufort. Diplômé, il rejoint l'université de Fort Hare où il fait la connaissance d'Oliver Tambo, qui devient son ami et collègue. À la fin de sa première année, membre du conseil représentatif des étudiants, il est impliqué dans le boycott du règlement universitaire. Il est alors "viré" de l'université. Suite à un mariage arrangé non souhaité, il s'enfuit à Johannesburg où il passe sa licence par correspondance à l'Université d'Afrique du Sud (UNISA) puis débute des études de droit à l'université du Witwatersrand.

Activité politique:

C'est en 1942 que Nelson Mandela rejoignit le Congrès national africain (ANC), membre de l'Internationale Socialiste, afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche. En 1944, avec Walter Sisulu et Oliver Tambo, il fonde la plus dynamique ligue de jeunesse de l'ANC. Aux élections générales de 1948, la victoire du Parti national Afrikaner entraîne la mise en place de sa nouvelle politique qui fut appelée apartheid. En 1952, Mandela, par ailleurs avocat, monte la campagne de défiance contre le gouvernement de Daniel Malan. En 1955, alors que le Parti National semble appelé à durer au gouvernement, Mandela participe à la rédaction de la charte de la liberté dont le programme fondamental est la lutte contre la ségrégation raciale et l'apartheid. À cette époque, Mandela et Tambo se sont associés au sein de leur propre cabinet et prodiguent des conseils juridiques gratuits aux noirs les plus pauvres. Le 5 décembre 1956, Mandela et 150 autres personnes sont arrêtés et accusés de trahison. Ils sont au bout du compte tous acquittés, grâce aux plaidoiries des avocats et au légalisme pointilleux des tribunaux sud-africains.

Après le massacre de Sharpeville en 1960, les appels à la lutte armée sont plus pressants d'autant plus que l'ANC et le Congrès panafricain sont interdits, ses leaders emprisonnés ou assignés à résidence.

Le prisonnier politique (1962-1990):

Il fut emprisonné en 1962 puis en 1963, et condamné à la détention à perpétuité en 1965 en raison de ses activités politiques clandestines. Le plus célèbre et l'un des plus anciens prisonniers politiques, il fut finalement libéré le 11 février 1990 par de Klerk qui, pour des raisons politiques, mit fin à la clandestinité de l'ANC, et le sollicita pour maintenir la paix civile en Afrique du Sud. Les deux hommes ont travaillé ensemble pour instaurer la fin de l'apartheid et un régime de transition.

Combat pour la paix et la non-violence:

Il se vit décerner le Prix Nobel de la paix avec le président Frederik de Klerk en 1993. En 1979, il avait reçu le Prix Nehru pour la Paix et en 1989, le Prix Kadhafi des droits de l'Homme.

Président d'Afrique du Sud (mai 1994 - juin 1999):

À la suite des premières élections multiraciales du 27 avril 1994, remportées largement par l'ANC, Nelson Mandela est élu Président de la république d'Afrique du Sud et prête serment à Pretoria le 10 mai 1994 devant tout le gotha politique international, d'Al Gore à Fidel Castro.

Il préside au premier gouvernement multiracial du pays, en l'occurrence un gouvernement d'union nationale entre l'ANC, le Parti National et le parti zoulou Inkhata. Ses deux vices-présidents sont alors Thabo Mbeki et Frederik de Klerk.

Conformément aux négociations de la période de transition, une commission « liberté et réconciliation » est créée pour entendre des exactions et des crimes commis sous l'apartheid par le gouvernement, les forces de sécurité mais également par les mouvements de libération. Il s'agit de confronter le passé afin de tourner la page historique douloureuse et non de juger les crimes ou exactions constatées qui, le cas échéant, en l'absence de regrets des protagonistes, seront toujours du ressort des tribunaux pénaux. Président, Nelson Mandela est davantage un chef d'état qu'un chef de gouvernement: il confie ce rôle à Thabo Mbeki.

Prônant la réconciliation nationale, il se rend même à Orania pour rencontrer Madame Hendrik Verwoerd et organise une tea party à Pretoria réunissant les épouses des anciens premiers ministres et présidents du pays avec les épouses des anciens prisonniers de Robben Island. Internationalement, il redonne une légitimité à l'Afrique du Sud qu'il donne en exemple en matière de réconciliation nationale. En 1996, le Parti National quitte le gouvernement peu après l'adoption d'une nouvelle constitution. Il accepte d'être médiateur de plusieurs négociations de paix, notamment dans l'Afrique des grands lacs. En 1997, Mandela quitte la présidence de l'ANC qui échoit à Thabo Mbeki. À la fin de son mandat, certains radicaux critiquent l'absence d'efficacité de la politique de son gouvernement dans la lutte contre le SIDA, dans la lutte contre les inégalités raciales ou encore la lenteur des procédures d'indemnisations des noirs spoliés sous l'apartheid.

En 1999 Thabo Mbeki lui succède à la présidence de la république.

Le retraité du Transkei:

Après son divorce avec Winnie Mandela, Nelson Mandela s'est remarié avec Graça Machel, veuve de l'ancien président du Mozambique, Samora Machel. En février 2003, Mandela déclara que les États-Unis étaient « une menace contre la paix dans le monde » et que leur président George W. Bush souhaitait « plonger le monde dans l'holocauste », l'accusant d'ignorer les Nations unies. En septembre 2004, il fut plébiscité en tant que première personnalité sud-africaine.

Lutte contre le SIDA:

Nelson Mandela se consacre aujourd'hui à la lutte contre le SIDA. Le 6 janvier 2005, il annonce publiquement le décès de son fils, Makgatho Mandela âgé de 54 ans, des suites du SIDA. Par ce geste, il veut montrer qu'il est temps de briser le tabou qui entoure cette maladie dans de nombreux pays. Il déclare à ce sujet : "Nous ne devons pas dissimuler la cause de la mort des membres de nos familles, que nous respectons, car c'est le seul moyen de pouvoir faire comprendre à la population que le SIDA est une maladie ordinaire. C'est pourquoi nous vous avons aujourd'hui fait venir pour annoncer que mon fils était mort du SIDA".

Pour plus d'information: Lire sa biographie: Une longue marche vers la Liberté. Source www.wikipedia.fr

lire la suite

† _____Kwame Nkrumah (1909-1972 |Au cœur de la pensée panafricaine se trouve Kwame Nkrumah. Sa vision dépassait les intérêts de son seul pays et il aura œuvré toute sa vie pour l'Unité africaine. Mort dans la déchéance

Au cœur de la pensée panafricaine se trouve Kwame Nkrumah. Il est celui qui a porté la Côte d'Or a son indépendance pour en faire le Ghana, premier pays africain à être libéré de l'emprise coloniale. Sa vision dépassait les intérêts de son seul pays et il aura œuvré toute sa vie pour l'Unité africaine. Mort dans la déchéance, longtemps resté impopulaire, sa pensée panafricaine lui a survécu. Portrait.

« le nationalisme africain ne se limite pas seulement à la Côte d'Or, aujourd'hui le Ghana. Dès maintenant il doit être un nationalisme panafricain et il faut que l'idéologie d'une conscience politique parmi les Africains, ainsi que leur émancipation, se répandent partout dans le continent ».

Les prémisses de l'idéologie panafricaine

Fils unique d'une mère commerçante et d'un père chercheur d'or, Kwame Nkrumah est né en 1909 à Nkroful, un village du sud ouest de la colonie britannique de la Côte d'Or. Les fondements de sa pensée panafricaine prennent leurs sources dans un parcours qui le mène de la Côte d'Or à l'Angleterre en passant par les Etats-Unis. En 1935, il quitte son pays pour aller étudier l'économie et la sociologie à l'université Lincoln en Pennsylvanie. Là il découvre les écrits des auteurs noirs Marcus Garvey et W.E.B Du Bois qui alimenteront sa future idéologie. Il se plonge dans l'histoire politique américaine et comprend que la puissance des Etats-Unis réside dans son unité. En 1943, il écrit son premier pamphlet anti-colonial Towards colonial freedom, dans lequel il dénonce l'asservissement de l'Afrique.

En 1945, il embarque pour Londres afin de poursuivre des études de droit mais très vite, l'émulation politique qui règne dans le pays au sein des communautés issues des colonies le gagne. Il rejoint le syndicat des Etudiants d'Afrique de l'Ouest et organise la 5ème conférence panafricaine de Manchester. Il travaille aux côtés de politiciens africains qui deviendront les principaux instigateurs de l'indépendance dans leur pays, parmi lesquels Jomo Kenyatta, futur président du Kenya. Ses textes enflammés, publiés dans le journal « Le Nouvel Africain » promettent l'unité africaine et font parler de lui : le nom de Nkrumah est désormais synonyme de radicalisme pour l'administration coloniale en Côte d'Or.

Retour triomphal

En 1947, son retour au pays est triomphal et lui promet une ascension fulgurante. Il prend immédiatement la tête du nouveau parti pour l'Indépendance United Gold Coast Convention, et mène des actions dans tout le pays tandis que la puissance colonisatrice réprime les velléités émancipatrices qui gagne le peuple. En 1948, Nkrumah est emprisonné pour agitation politique lors d'une manifestation contre le gouvernement : il devient alors un martyre politique, un rôle qu'il accepte et cultive. La pression est grande et l'administration coloniale est obligée de faire des concessions. En 1952, Nkrumah devient le premier ministre de la Côte d'Or et son nouveau parti, le CPP (Convention People's party) gagne toutes les élections organisées par les Britanniques pour tester les préférences politiques du peuple. Le 6 mars 1957, le combat de la première révolution arrive à son terme : la Côte d'Or devient indépendante et se rebaptise Ghana.

« Nkrumaïsme »

A la tête du premier Etat indépendant d'Afrique, dont il devient le président en 1960, Nkrumah, pris dans l'euphorie de la victoire, voit grand. Il œuvre activement pour la libération des pays encore soumis à la domination coloniale. C'est ainsi qu'il apporte 25 millions de dollars de soutien à la Guinée suite à la déclaration de son indépendance en 1958. La même année, la réunion des chefs d'Etat africains se tient à Accra sous l'égide du ghanéen qui affirme la nécessité pour l'Afrique « de développer sa propre communauté et sa personnalité », et son non-alignement aux deux blocs.

La politique extérieure de Nkrumah est toute entière dédiée à la construction de l'Unité africaine qu'il pense comme une fusion organique des Etats Indépendants et non comme leur simple coopération. Il entend promouvoir sa doctrine originale, le « consciencisme », qu'on appelle parfois aujourd'hui le « nkrumaïsme ». Empreinte d'un marxisme non orthodoxe associé au concept traditionnel africain de collectivisme, elle vise « la résurrection des valeurs humanitaires et égalitaires de l'Afrique traditionnelle dans un environnement moderne ». En 1963, Nkrumah sera ainsi l'un des pères-fondateurs de l'Organisation de l'Union Africaine qui, toutefois, délaissera vite les idées trop radicales du Ghanéen.

De l'euphorie au calvaireTrès vite, le rêve de Nkrumah d'une Afrique unie se heurte aux idées des nouveaux leaders de pays indépendants qui ne sont pas prêts à renoncer à leur toute nouvelle souveraineté. L'Unité africaine devient aux yeux du monde le rêve d'un égocentrique ambitieux qui cache en réalité des plans expansionnistes. En période de guerre froide, elle est vécue comme une manœuvre pour soumettre toute l'Afrique au communisme. Le président ghanéen est désavoué sur la scène africaine et internationale. Les ex-puissances coloniales le diabolisent et tentent de museler la voix dissonante de cette Afrique radicale, compromise dans le léninisme.

Au Ghana, la politique économique de la « seconde révolution » de Nkrumah est un échec. Les dépenses nationales ont ruiné le pays et quand la population descend dans la rue exprimer son mécontentement, elle est réprimée dans le sang. En 1962 et 1964, Nkrumah est victime de deux tentatives d'assassinat. Choqué, il tombe alors dans l'excès de la mégalomanie et prend des mesures drastiques pour se protéger. Il emprisonne sans procès des ministres de son gouvernement qu'il soupçonne de complicité et s'entoure d'une armée de gardes du corps. Il se déclare alors président à vie de la République du Ghana et instaure le parti unique. En février 1966, pendant un voyage du président en Chine, l'armée procède à un coup d'Etat et destitue Nkrumah. La colère accumulée par le peuple refait surface et les manifestations spontanées éclatent dans le pays pour célébrer sa chute. C'est la fin du rêve ghanéen et africain pour Kwame Nkrumah. Acculé, il ne retourne pas au Ghana et s'exile en Guinée. Il meurt d'un cancer en 1972, dans un hôpital à Bucarest, en Roumanie.

En cinq ans, Nkrumah est passé du mythe à la déchéance. Longtemps impopulaire, on retient aujourd'hui de lui la portée visionnaire de ses ambitions panafricaines. L'éveil d'une conscience africaine, la construction d'une unité humaine, politique et économique maîtresse d'un destin qui lui appartient. Autant de thèmes qui sont au cœur de la pensée panafricaine contemporaine.

Bibliographie:

Kwame Nkrumah, Ghana, autobiographie de Kwame Nkrumah, Présence africaine, 1960.Ralph Kent Rasmussen, Modern African political leaders, Facts on file, 1998.Cécile Laronce, Nkrumah, le panafricanisme et les Etats-Unis, Editions Karthala, 2000.

Source: Isabelle Sciamma pour www.afrik.com

lire la suite

† _____Steve Biko dans l'oubli de l'histoire (1946-1977) | 21 août 2006 mourrait seul, saoûlé de coups et comateux, dans une cellule de Pretoria et devenait le plus grand martyr de la lutte contre l'apartheid en Afrique du sud

Il y a 25 ans, Stephen Biko mourrait seul, saoûlé de coups et comateux, dans une cellule de Pretoria et devenait le plus grand martyr de la lutte contre l'apartheid en Afrique du sud, par son rôle de catalyseur de la libération noire. Il n'avait que 30 ans à l'époque, mais son Mouvement de la Conscience Noire avait enflammé des dizaines de milliers de Sud-Africains, enthousiasmés par son appel à libérer avant tout leur esprit, avant de libérer le pays. Car, disait-il, l'arme la plus puissante dans les mains de l'oppresseur est l'esprit de l'opprimé. Né en 1946 à Ginsberg, une township noire près de King William's Town, Stephen Bantu Biko fût très tôt destiné à combattre l'apartheid: son père Mzimkhayi fut tué par un policier blanc lors d'un rassemblement militant le 12 septembre 1951.

Expulsé du secondaire pour son attitude anti-establishment, Steve fit ses premières armes politiques sur un campus de Durban dans les années 60. Fédérant des mouvements noirs, impliqué dans des projets de développement social, l'étudiant en médecine gagna en stature par son éloquence, son charisme et sa philosophie d'émancipation. Fondateur du Mouvement de la Conscience Noire, président la Convention du Peuple Noir, il s'investit à temps plein dans la lutte, après avoir été exclu de son école médicale. En 1973, ses activités lui valurent d'être assigné dans sa ville natale de King William's Town. Les autorités ne le lâcheront plus. Arrêté, détenu et interrogé à maintes reprises jusqu'à cette interpellation à un barrage fin août 1977.

Pendant plusieurs jours, Biko fut détenu, enchaîné, roué de coups, privé de soins, au QG de la police de Port Elizabeth. Un traitement inhumain sur lequel les auditions de la Commission Vérité et Réconciliation firent lumière en 1997-98, entendant des policiers qui menèrent l'interrogatoire. Mais aucun d'entre eux n'admettra avoir pu porter un coup fatal. Ils se virent refuser l'amnistie, mais n'ont à ce jour pas été poursuivis. Le 11 septembre, inconscient, Biko était transporté nu à la prison centrale de Pretoria (à 1.100 km de là), à l'arrière d'une Land Rover. Quelques heures après son arrivée, il décédait de lésions cérébrales sur le sol d'une cellule de Pretoria. Nu, toujours.

L'émotion et la colère, en Afrique du Sud et à l'étranger, furent immenses. Donald Woods, rédacteur en chef du respecté Daily Dispatch devenu l'ami de Biko, fit passer à l'étranger des photos du corps couvert de plaies et ecchymoses: le ministre de la Police, Jimmy Kruger, avait maintenu qu'il était mort d'une grève de la faim. L'exclusion et l'isolement du régime commencèrent pour de bon. Les gouvernements étrangers les fuyaient, les sanctions étaient imminentes. La chanson Biko de Peter Gabriel, fit le tour du monde, et Cry Freedom, film sur sa vie réalisé en 1987 par Richard Attenborough (avec Denzel Washington, Kevin Kline) sur la base d'un livre de Woods, exilé, généra larmes et sympathie anti-apartheid dans le monde.

Avec cette vague mondiale, autant que pour la conviction, alors renforcée en Afrique du Sud, que la violence répondrait à la violence, beaucoup considèrent avec le recul la mort de Biko comme un point de non-retour, la goutte d'eau qui fit déborder le vase, le début de la fin de l'apartheid. Donnant ainsi raison à Biko lui-même. Trois mois avant sa mort, il déclarait: "soit tu es vivant et fier, soit tu es mort, et quand tu es mort, tu ne peux plus t'en soucier. Et ta façon de mourir peut elle même être une chose politique (...) car si je n'arrive pas dans la vie à soulever la montagne de l'apartheid, sûrement l'horreur de la mort y parviendra.

Une pluie d'hommages en Afrique du Sud a salué le 25ème anniversaire de sa mort. Mais l'hommage à Biko, à l'influence aujourd'hui revendiquée par tous, s'accompagne de questions sur la fidélité à l'homme et ses idéaux, dans une société marquée par de criantes et durables inégalités, et des degrés très variables d'émancipation des Noirs. Notre libération n'aurait jamais eu lieu si nous n'avions pu nous débarrasser du sentiment de victime, d'objet, de haine de nous-mêmes (...) Steve Biko nous a aidés à exorciser ces démons intérieurs à travers la conscience noire, absolument essentielle à notre lutte pour la liberté.

L'ancien primat anglican et prix Nobel de la Paix, Desmond Tutu, résumait en ces mots le rôle crucial du charismatique orateur de King Williams Town dans les consciences des militants d'alors: la libération intérieure qui permit celle du pays. Les querelles des années 80 sur l'héritage de Biko sont dépassées. Il est aujourd'hui revendiqué par tous, bien au-delà de l'AZAPO (Organisation des Peuples d'Azanie), qui se perçoit l'authentique dépositaire. Notre pays n'est pas égalitaire. Nous sommes égaux dans la Constitution, dans l'urne, mais au jour le jour, pratiquement, nous avons à lutter pour bâtir cela, a lancé à cette occasion l'AZAPO, estimant que Biko vivra aussi longtemps que ses idéaux n'auront pas été réalisés.

Que serait devenu Biko ? Aurait-il été une conscience, un aiguillon, apportant un levain d'indépendance à la gouvernance (...) de la Nouvelle Afrique du Sud, spéculait avec regret Nadime Gordimer (Prix Nobel de littérature). Ou aurait-il, bien plus tôt, éclipsé Mandela lui-même comme le champion de la lutte, comme ses partisans en étaient convaincus ? J'ai pensé bien des fois que la conscience noire n'avait pas fini sa tâche, a écrit Tutu dans un cahier 25 ans de l'active Fondation Biko, car je m'inquiète que nous ayons épousé les critères de nos ex-oppresseurs blancs sur ce que signifie le succès, ce que signifie être arrivé, ajoute-t-il en visant la nouvelle élite noire. Qu'est devenu notre altruisme, notre ubuntu? (fraternité-unité africaine), a encore écrit Desmond Tutu.

Source: www.afrique-express.com

lire la suite

_____Patrice Lumumba (1925-1961).. ,« le verbe »,comme le disait de lui l'éminence "Aimé Césaire"

Patrice Émery Lumumba ,« le verbe »,comme le disait de lui Aimé Césaire, fut le premier homme à occuper le poste de Premier ministre du Congo (Léopoldville) entre juin et septembre 1960. Né le 2 juillet 1925 à Onalua (territoire de Katako-Kombe au Sankuru) au Congo belge (actuelle République démocratique du Congo), il est assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga.

Une éducation privilégiée:

Patrice Lumumba est né à Onalaua. Il fréquente l'école catholique des missionnaires puis, élève brillant, une école protestante tenue par des Suédois. Jusqu´en 1955 la Belgique coloniale n´a que peu développé le systéme d´éducation, l'école ne donne qu'une éducation rudimentaire et vise plus à former des ouvriers ou des clercs, mais Lumumba autodidacte, se plongera dans des manuels d´histoire pour étudier plus en profondeur la Révolution française, l´histoire d´Haïti, des États-Unis et de la Russie. Il travailla comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu jusqu'en 1945, puis comme journaliste à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani), période pendant laquelle il écrivit dans divers journaux.

En septembre 1954, il reçoit sa carte d'«immatriculé», honneur chichement accordé par l'administration belge à quelques noirs (à peine 200 sur les 13 millions d'habitants de l'époque !). C´est en travaillant pour la société minière qu´il comprend que son pays est un grand fournisseur de matière première dont le rôle est capital dans l´économie mondiale. Il comprend que l´administration coloniale essaie d´abrutir les Congolais afin qu´ils ne prennent pas conscience du fabuleux potentiel qu'a leur pays dont les frontières ont été fixées au hasard. Lumumba ayant compris cela milite alors pour un Congo uni contrairement à tout les autres leaders indépendantistes. En 1955, il crée une association "APIC" (Association du personnel indigène de la colonie) et aura l'occasion de s'entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo, sur la situation des Congolais.

Le ministre du Congo de l'époque, Auguste Buisseret veut faire évoluer le Congo et notamment mettre en place un enseignement public. Lumumba adhère au parti libéral avec d'autres notables congolais. Avec plusieurs d'entre eux, il se rend en Belgique sur invitation du premier ministre.

Le combat pour l'indépendance

En 1957, il est emprisonné un an pour une affaire de détournement de courrier appartenant à un Européen (membre d'AMORC). Libéré par anticipation, il reprend ses activités politiques et devient directeur des ventes d'une brasserie. Le gouvernement belge prend quelques mesures de libéralisation : syndicats et partis politiques vont être autorisés en vue des éléctions municipales qui doivent avoir lieu en 1957.Les partis politiques congolais sont parrainés par ceux de Belgique et Lumumba est d´abord inclu dans l´amicale libérale.

En 1958, à l'occasion de l'exposition universelle, des Congolais sont invités en Belgique. Outrés par l'image dégradante du peuple congolais qui est véhiculée par l'exposition, Lumumba et quelques compagnons politiques nouent des contacts avec les cercles anti-colonialistes. Dès son retour au Congo, il crée le Mouvement national congolais (MNC), à Léopoldville le 5 octobre 1958 et, à ce titre, participe à la conférence panafricaine d'Accra. Il peut organiser une réunion pour rendre compte de cette conférence au cours de laquelle il revendique l'indépendance devant plus de 10 000 personnes. Premiers démêlés politiques en octobre 1959 : le MNC et d'autres partis indépendantistes organisent une réunion à Stanleyville. Malgré un fort soutien populaire, les autorités belges tentent de s'emparer de Lumumba - c'est l'émeute et une trentaine de morts. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, est jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier. En même temps les autorités belges organisaient des réunions avec les indépendantistes auxquelles participe finalement Lumumba, qui est donc libéré de facto le 26 janvier. À la surprise générale, la Belgique accorde au Congo l'indépendance qui est fixée au 30 juin 1960.

Une brève carrière politique:

Le MNC et ses alliés remportent les élections organisées en mai et, le 23 juin 1960, Patrice Émery Lumumba devient le premier premier ministre du Congo indépendant. Mais pour les autorités belges (et les compagnies minières, probablement) l'indépendance ne se voulait pas pleine et entière. Une bonne partie de l'administration et l'encadrement de l'armée restent belges et les soldats noirs se révoltent en tuant les officiers blancs et en violant les femmes belges. Pratiquement tous les cadres belges prennent la fuite. Lumumba décrète l'africanisation de l'armée et double la solde des soldats. La Belgique répond par l'envoi de troupes pour protéger ses ressortissants au Katanga (la région minière) et soutient la sécession de cette région menée par Moïse Kapenda Tshombé. Sur ce, l´Union soviétique menace d´intervenir, et les toupes belges doivent se retirer, dans le chaos généralisé la Belgique commence à perdre le contrôle. Néanmoins la Belgique sera le seul État à reconnaître le Katanga indépendant et y envoie des officiers pour former les "tigres" katangais et des conseillers politiques.

En septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu révoque Lumumba ainsi que les ministres nationalistes. Lumumba déclare alors qu'il restera en fonction. À sa demande, le parlement acquis à sa cause révoque le président Kasavubu. Suite à un coup d'État, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir, crée le Collège des Commissaires généraux et assigne à résidence les dirigeants congolais. En décembre 1960, Lumumba s'échappe de la capitale pour tenter de gagner Stanleyville, région où il a de nombreux partisans. Il est arrêté alors qu'il passait la Sankuru à Mweka et il est transféré au camp militaire de Thysville sur ordre de Mobutu. Le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito sont conduits par avion à Elisabethville, au Katanga,et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire ou ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais comme Moïse Tshombé, Munongo, Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d'un officier belge. La Belgique était en effet le seul pays à avoir reconnu le Katanga comme état indépendant et sa petite armée était dirigée par des officiers belges. Le lendemain, une opération sera menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele au cri de « A Lumumba » ou « Mulele Mai » : les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d´être écrasés par l'armée de Mobutu.

Lumumba fut très regretté après sa mort par toute la communauté des pays non-alignés, y compris par un des ses bourreaux, le général Mobutu qui le consacra héros national en 1966. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants fut considéré comme un événement national.

L'action des anciens colonisateurs en pleine guerre froide:

On s'est beaucoup interrogé sur le rôle des puissances occidentales, des États-Unis en particulier dans la mort de Lumumba, sous le prétexte qu'il faisait craindre une dérive du Congo belge vers l'URSS. En effet Lumumba fit appel aux Soviétiques lors de la guerre du Katanga car l'ONU ne répondit pas à ses demandes d'aide militaire pour mettre fin à la guerre civile.

Les États-Unis et la Belgique sont en grande partie responsables de la mort de Lumumba. Les États-Unis de Kennedy voulaient l´éliminer pour éviter un basculement du géant africain dans le communisme et la Belgique voyait en lui et ses thèses d'indépendance économique une menace pour ses intérêts économiques notamment dans le secteur miniers. Ces deux pays ont soutenu l'effort de guerre de Mobutu contre les Maï-Maï. Les mercenaires belges ont fait l'opération Omegang pour écraser la résitance Maï-Maï au Kivu. Le meurtre de Lumumba a été élucidé par la justice belge sous l'impulsion de François Lumumba qui a porté plainte contre X, et du sociologue belge Ludo de Witte.

Le gouvernement belge a reconnu en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba : À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité.

Sa Famille:

Patrice Lumumba était marié et eu cinq enfants : François était l´ainé suivi de Patrice junior, de Julienne, Roland et Guy. François avait 10 ans quand son père est mort. Avant son emprisonnement, Lumumba s´est arrangé pour que son épouse et ses enfants puissent quitter le pays. Ils sont allés en Egypte et François a passé le reste de son enfance là, avant d'aller en Hongrie pour poursuivre ses études. Il est revenu au Congo dans les années 90 lorsque la rébellion contre Mobutu commençait, et a créé un petit mouvement politique Lumumbiste. Bien que son mouvement demeure petit, il reste impliqué dans la politique congolaise et essaie de défendre les idées de son père. Sur le DVD du film Lumumba, dans la section d'usages spéciaux, il y a une entrevue avec Julienne. Elle y parle de la façon dont son père a allait mourir pour son pays. Lumumba n'imaginait pas que Mobutu allait prendre le pouvoir mais croyait simplement que celui-ci était un pion de la Belgique coloniale. Julienne Lumumba dit que Lumumba croyait fermement que son message vivrait après sa mort. Lumumba a écrit plusieurs livres qui ont été traduits.

Citations: Après la cérémonie de l´indépendance du 30 juin 1960, un journaliste demande à Lumumba ce qui l'a poussé à faire de la politique.

Réponse : Je suis né dans une famille de croyants, on m'a toujours dit tu dois être bon... mais ce que moi je ne comprenais pas c'est comment est-ce que ceux qui enseignent qu'il faut être bon ne sont pas bons eux-mêmes.

Avec sa mort, Lumumba a cessé d'être une personne. Il est devenu toute l'Afrique. (Jean-Paul Sartre)

On dit que le fils de Tolenga est mort, mais ceux qui disent cela ne peuvent pas montrer son cadavre. (Raoul Peck)

Source:www.wikipedia.org

lire la suite

_____Thomas Sankara ..? Au 21ème anniversaire de la mort du leader burkinabé, le mystère reste entier sur les conditions de son assassinat..

  • Qui a tué Thomas Sankara ?

Au 21ème anniversaire de la mort du leader burkinabé, le mystère reste entier sur les conditions de son assassinat

Le Burkina Faso célèbrera, le 15 octobre, le 21ème anniversaire de l’assassinat de son leader le plus emblématique, Thomas Sankara. Chef d’Etat du Burkina Faso de 1983 à 1987, il incarna la révolution burkinabé, luttant contre l’impérialisme des puissances coloniales. Il fut assassiné le 15 octobre 1987 dans des circonstances encore non élucidées. Les soupçons portent lourdement sur l’actuel président du pays, Blaise Compaoré, ancien ami et successeur de Thomas Sankara à la tête de l’Etat.

Qui a tué Thomas Sankara ? Vingt-et-un ans après la disparition du leader révolutionnaire, la justice burkinabé n’a toujours pas rendu son verdict et aucune explication officielle n’a été proposée. Thomas Sankara a été assassiné à l’âge de 37 ans, avec une dizaine de ses camarades, lors du coup d’Etat qui a porté au pouvoir son ancien ministre de la justice et deuxième homme du régime, l’actuel président Compaoré.

Alors que la famille de l’ancien chef d’Etat accuse l’actuel président Blaise Compaoré d’être derrière ce complot, les autorités burkinabé ont toujours démenti ces accusations. Dès 1997, la CIJS, Campagne internationale justice pour Sankara, a entamé au nom de la veuve et des enfants de Sankara, une procédure judiciaire auprès du Burkina. Déboutée par les institutions juridiques burkinabé, la CIJS, regroupement d’avocats autour de la famille Sankara, s’est ensuite tournée, dès 2002, vers le Comité des droits de l’Homme de l’ONU. Trois ans plus tard, en 2005, le Comité a rendu un verdict historique et sans précédent déclarant que « le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès, qui faisait mention d’une « mort naturelle », constituaient un traitement inhumain à l’égard de Mme Sankara et ses fils. » Victoire pour la CIJS qui n’avait demandé que la reconnaissance du lieu de sépulture ainsi qu’une compensation financière. Le Comité est allé plus loin que prévu redonnant espoir à la famille et à l’association.

Pourtant l’ONU fait aujourd’hui marche arrière. Le Burkina Faso a versé des indemnités minimes à la famille, le lieu de sépulture n’est toujours pas prouvé et l’érection d’une statue à sa mémoire se fait attendre. Le mot « naturelle » a été ôté de l’acte de décès mais la procédure d’enquête sur la mort de Sankara n’a jamais été ré-ouverte. Le Comité des droits de l’homme des Nations-Unies a pourtant reconnu en avril 2008 que l’Etat du Burkina Faso avait rempli ses exigences avec satisfaction.

« Il s’agit clairement d’une régression. L’ONU a voulu réhabiliter Blaise Compaoré »

Dans un entretien accordé à Afrik.com, Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara, a déclaré : « George Bush a adoubé Blaise Compaoré ». Selon lui, le volte-face de l’ONU n’est pas sans lien avec le récent rapprochement des Etats-Unis et du Burkina Faso. Formation de soldats burkinabé en échange de dénonciation de membres d’Al Quaida sur le sol du Burkina ; renforcement de l’influence américaine au Burkina contre le véto des Etats-Unis au Conseil de sécurité sur l’affaire Sankara, telle est la thèse défendue par les détracteurs du président Compaoré. Bruno Jaffré va jusqu’à faire du Burkina Faso une arrière base américaine de surveillance des agissements des Touaregs au Mali et au Niger.

En faisant obstruction à une éventuelle procédure judiciaire, le régime de George Bush aurait trouvé un moyen de contrer l’influence de la France en Afrique francophone et de maintenir l’opacité sur les responsables de ce crime.

Alors que la culpabilité de Blaise Compaoré dans le crime de son ancien ami et successeur faisait l’unanimité depuis longtemps, la communauté internationale se rétracte aujourd’hui. Lobbying diplomatique autour de l’actuel président ? Aucune poursuite judiciaire n’est en tous cas engagée à ce jour pour son soutien au Libéria dans la guerre sierra léonaise. Il aurait en effet livré sans état d’âme Charles Taylor, ex-chef d’Etat du Liberia, à la Cour Pénale Internationale en 2004.

Alors que le vingtième anniversaire de la mort de Sankara avait rassemblé les foules à Ouagadougou, on attend beaucoup de monde cette année également. L’engouement récent pour Thomas Sankara serait dû, selon Bruno Jaffré, à son charisme et son intégrité. « On pouvait croire en cet homme pour construire son pays, il disait ce qu’il faisait ». Surnommé le « Che Guevara africain », il attire encore aujourd’hui la jeunesse autour du mythe qu’il a édifié.

Images d’archives

Burkina Faso : Un coup d’Etat fomenté par le capitaine Blaise CAMPAORE, n°2 du régime, a renversé le Président Thomas SANKARA, qui a été assassiné lors de ces événements. Commentaire sur images d’archives et interview au téléphone de Alain DESCHAMPS, Ambassadeur de France au Burkina Faso.

Interview de Blaise CAMPAORE, le nouvel homme fort du Burkina Faso. Une semaine après le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir et l’assassinat durant ces évènements de son prédécesseur le capitaine Thomas SANKARA, son ancien frère d’armes, le nouveau chef de l’Etat s’explique sur la nouvelle situation de son pays, sur les conditions de la mort de T. SANKARA et sur les causes de ce coup de force.

Qui a tué Thomas Sankara ? -

http://www.thomassankara.net/spip.php?article252

Charles Taylor était président du Libéria, pas de la Sierra Leone. Affirmation sans fondement que celle d'affirmer que Blaise a livré Charles Taylor à la CPI, Où sont les faits dans votre argumentation ? Que faites-vous de l'implication du colonel libyen Muammar Khadafi et de l'entourage de l'ex-président ivoirien Houphouet Boigny dans la guerre civile sierra-léonaise ? Peut-être vous abreuvez-vous à la même source que celle qui affirme que Taylor était président sierra-léonais ? Du sérieux svp !

  • Mobutu était il impliqué dans le meurtre de sankara?

Interview de Bruno jaffré, biographe de Thomas Sankara dans l’hebdomadaire ROUGE

  • Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara, capitaine révolutionnaire et président du Burkina Faso (Haute-Volta), est assassiné lors d’un coup d’État. Pour la jeunesse africaine, il reste incontestablement un symbole de dirigeant intègre et populaire. Pourquoi ?

Bruno Jaffré

  • -Il tranchait fortement par rapport aux autres dirigeants africains de l’époque - les Mobutu, Houphouët-Boigny, Eyadéma ou Bongo vivaient dans l’opulence.

Les jeunes chômeurs et les paysans se souviennent que Sankara était soucieux de leur sort et qu’il montrait l’exemple. Certains de ses ministres avaient remplacé leur Mercedes par des Renault 5 ; beaucoup de directeurs circulaient en mobylette. Il a redonné l’espoir, par-delà les frontières du Burkina Faso, à toute une génération. Sankara s’était opposé à la France sur la question kanak, ainsi qu’à la tutelle du FMI, tout en pratiquant l’auto-ajustement (revenir à des finances équilibrées) sur des objectifs discutés lors des conférences nationales des comités de défense de la révolution (CDR). Il s’agissait de compter sur les possibilités réelles du pays, en mobilisant la population sur des projets concrets et en luttant contre la corruption. C’est pour cela qu’il a marqué les esprits.

Le 4 août 1983, la Haute-Volta connaît à nouveau un coup d’État. Tu affirmes dans tes livres que celui-ci est différent des autres. Est-ce la résultante d’une crise révolutionnaire ?

B. Jaffré

  • -Au sein de l’armée, les anciens officiers coloniaux, puis ceux de droite, se disqualifient et s’excluent au fur et à mesure de leur passage au pouvoir.

Beaucoup d’étudiants, qui ont vécu en France après 1968 et milité à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), reviennent au pays et fondent des organisations politiques révolutionnaires. Ils s’engagent dans les syndicats et les radicalisent. En 1980, un putsch militaire reçoit le soutien d’un parti local lié à l’Internationale socialiste. Les officiers révolutionnaires s’organisent clandestinement autour de Sankara, qui devient de plus en plus populaire, et ils tissent des liens suivis avec le PAI et d’autres groupes révolutionnaires. Le groupe de Sankara obtient une première victoire avec sa nomination comme Premier ministre. Il sera finalement arrêté et mis en résidence surveillée, le 17 mai 1983, jour où le conseiller Afrique de Mitterrand, Guy Penne, est en visite officielle. Le 4 août est donc le résultat d’un long processus, mais aussi celui de la montée en puissance d’un mouvement populaire lié à des secteurs avancés de l’armée. La population affirme massivement son soutien les jours suivants, et elle s’organise en CDR.

Les droits des femmes ont été un des grands chantiers de la révolution...

B. Jaffré

  • - Au niveau des droits des femmes, il a eu des discours très radicaux contre l’excision, la prostitution et l’hypocrisie qui l’alimentait.

Sankara a essayé d’agir concrètement, en créant, par exemple, un marché local autour du coton, permettant aux femmes d’avoir des revenus du tissage artisanal, et obligeant les fonctionnaires à acheter les habits ainsi confectionnés. De façon symbolique, il a lancé des « journées des maris au marché », pour que les hommes connaissent le prix des denrées alimentaires. Des femmes sont entrées au gouvernement. Mais Sankara a été aussi mis en minorité sur certains projets, comme la question du salaire vital, qu’il défendait en argumentant que la libération des femmes burkinabés viendrait de leur libération économique vis-à-vis des hommes.

Sankara a été critiqué à propos des emprisonnements de syndicalistes et de l’interdiction du droit de grève. Pourquoi cet affrontement entre le régime sankariste et certains syndicats ?

B. Jaffré

  • -C’est en partie dû à la place du PAI dans la révolution. Ce parti avait cinq ministres et dirigeait le principal syndicat burkinabé.

Les premières oppositions sont apparues quand Sankara a voulu créer des comités de défense de la révolution dans les entreprises. Cela heurtait de fait la présence syndicale en tant que seule représentante des salariés. Les CDR, qui étaient élus, organisaient la vie des quartiers, la formation politique et mobilisaient les populations.

En sait-on aujourd’hui un peu plus sur les circonstances de l’assassinat de Sankara et la prise du pouvoir par Blaise Campaoré ?

B. Jaffré -Non. Il y a eu l’émission « Rendez-vous avec X », sur France Inter, intitulée « Vie et mort de Thomas Sankara » - que je conseille. Il y a un an, au cours d’une séance du tribunal de l’ONU sur la Sierra Léone, un général a évoqué la complicité de Charles Taylor dans l’assassinat de Sankara. Cela confirme l’implication de Compaoré dans le trafic de diamants, plusieurs fois évoquée par l’ONU. Aussi, Foccart et ses réseaux ne pouvaient supporter qu’un jeune trublion vienne déranger les intérêts français en Côte d’Ivoire voisine. Mais des enquêtes poussées restent à mener.

lire la suite