samedi 15 septembre 2012
_____Hosties noires :: Chants d’ombre - L. Sédar Senghor La réhabilitation du village africain par Nadia Bouziane ..qui cherchent à faire ancrer dans l’esprit du noir qu’il n’a pas de civilisation, pas de patrimoine et qu’il n’a rien écrit.
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Hosties noires
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Chants d’ombre - L. Sédar Senghor
La réhabilitation du village africain mardi 20 mai 2008, par Nadia Bouziane
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Dans la pensée philosophique, politique et littéraire de Senghor, la négritude et la civilisation de l’Universel sont étroitement liées. Si la négritude fut à l’origine une révolte que Sartre a assimilé à un « racisme anti-raciste », Senghor au lendemain de la deuxième guerre mondiale, après y avoir réfléchi, établit entre les deux concepts une double relation d’enracinement et d’ouverture. Enraciner pour se construire sur l’héritage négro-africain, mais aussi s’ouvrir aux autres cultures et civilisations du monde Devenu Président de la République du Sénégal, il s’attacha à réaliser le rêve de tous ceux qui, depuis 1930, s’étaient consacrés à la Défense et à l’illustration de la Négritude. Ce fut « la fonction et la signification » qu’il donna en 1966 au premier Festival mondial des Arts nègres : « Après la Première puis la Deuxième guerre mondiale, voilà que, partout – d’Afrique, d’Amérique, du coeur même de l’Europe - des jeunes hommes noirs et des jeunes filles se sont levés……pour remplir leur fonction, qui est en exprimant la vie, en la signifiant, d’aider les hommes, tous les hommes à mieux vivre……. Et avant tous les autres, leurs frères noirs qui, s’ils ne se sont pas laissés agir…, c’est qu’ils avaient emporté, en eux, de la terre natale, avec la rage de vivre, cette puissance de création qui est la marque originale de l’art. Car l’art n’est rien d’autre que ce geste primordial de l’Homo sapiens qui, en signifiant la vie, l’intensifie par le rythme, pour, la magnifiant ainsi, lui donner valeur d’éternité ……». Ainsi, Senghor explique-t-il par la négritude sa vision d’un Sénégal nouveau, celle d’un continent africain aux valeurs de civilisation reconnues et aptes à participer à la civilisation de l’Universel
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Léopold Sédar Senghor s’est insurgé contre les occidentaux colonialistes qui cherchent à faire ancrer dans l’esprit du noir qu’il n’a pas de civilisation, pas de patrimoine et qu’il n’a rien écrit.
Dans Chants d’ombre, Hosties noires, il s’ingénie à montrer que l’Afrique est « civilisée jusqu’aux os ». Il réfute l’idée du Nègre sauvage ou bon enfant. Tout ceci pour lui relève de la fabulation et du mythe.
Les croyances, les traditions et les maximes montrent que l’Afrique est un continent de sagesse mais aussi de malice et d’humour. Quoiqu’en disent les historiens malintentionnés, la civilisation africaine est aussi vieille que le monde. Les recherches anthropologiques et archéologiques ont démontré que la civilisation égyptienne est une civilisation noire.
Cependant, Senghor construit sa théorie autour du village africain qui apparaît comme mythique.
D’après Sunday Ogbonna Anozi dans Sociologie du roman africain, le village est « le point de cristallisation de la conscience communautaire ».
C’est dans le village que le noir exprime son authenticité, ses valeurs culturelles et la manière de vivre africaine. C’est également dans le village que le jeune africain commence son initiation aux rites, aux traditions et qu’il apprend à s’intégrer dans sa communauté.
Le village est le lieu privilégié pour s’imprégner de la culture africaine. Les écrivains et poètes ont une conception et une vision presque élégiaque de la campagne et du village.
En Afrique, la vie villageoise est organisée selon des rites précis et déterminés basés sur la solidarité et l’entraide. Chaque individu est lié au groupe et des liens de fraternité et de respect lient les jeunes aux vieux qui sont considérés comme des sages.
Dans le village tout le monde est respecté, les vivants autant que les morts. Une vieille croyance africaine rapportée par Léopold Sédar Senghor révèle que « les morts qui ne sont pas morts » attendent que les vivants les approvisionnent. C’est ce qui donne leur sens aux fêtes africaines où l’on danse et on distribue de la nourriture abondamment.
La vie est organisée ainsi que la mort, « la communion familiale se projette dans le temps et l’espace, en avant et en arrière, jusqu’aux ancêtres, jusqu’à tous les parents défunts, jusqu’aux esprits et jusqu’à Dieu ». (Iyay Kimoni, Destin de la littérature négro-africaine ou problématique d’une culture)
Le village est le lieu de la conservation des lois et de la sagesse. En Afrique, la civilisation est surtout orale. Ce sont les griots, les devins et les femmes qui perpétuent la culture orale en transmettant de génération en génération un certain nombre de chants, d’énigmes et de devinettes.
Senghor, l’un des apôtres de la négritude avec Aimé Césaire, est le précurseur de la réhabilitation du village. Face aux allégations des occidentaux qui prétendent que l’Afrique, avant l’arrivée des blancs, n’était qu’une terre de sauvages sans civilisation et sans culture, les écrivains africains, imprégnés par la philosophie et l’idée de négritude, défendent l’homme africain et son espace de prédilection : le village. Le village n’est pas seulement un espace mais aussi un contexte et un lieu qui permet de perpétuer la tradition. Dans Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire donne cette définition de la négritude :
« La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. »
Le concept de négritude s’est développé et par extension il signifie chez plusieurs auteurs négro-africains la manière dont le noir en Afrique ou aux Antilles comprend l’univers et explique les choses qui l’entourent : la nature, les gens et les événements. On peut dire que c’est une façon de vivre et de créer. Il serait erroné de prétendre que l’africain noir n’a pas de civilisation ni de culture. D’ailleurs Lévi-Strauss n’a pas cessé de répéter qu’ « il n’y a pas de peuple sans culture. ».
Léon Frobenius, anthropologue allemand, a étudié le mode de vie des sociétés africaines et il a montré explicitement qu’il existe une civilisation africaine millénaire et un « style africain ».
« Quiconque s’approche de lui (le style africain) reconnaît bientôt qu’il domine toute l’Afrique, comme l’expression même de son être. Il se manifeste dans les gestes de tous les peuples nègres autant que dans leur plastique. Il parle dans leurs danses comme dans leurs masques, dans leur sens religieux comme dans leurs modes d’existence, leurs formes d’Etats et leurs destins de peuples. Il vit dans leurs fables, leurs contes, leurs légendes, leurs mythes… » (Léon Frobenius, Histoire de la civilisation africaine)
Il ajoute que l’idée du nègre barbare est une invention européenne. Senghor, pour étayer d’avantage cette idée de Frobenius, écrit : « La négritude est le patrimoine culturel, les valeurs et surtout l’esprit de la civilisation négro-africaine. » En effet, les peuples d’Afrique noire ont apporté leur contribution au patrimoine universel, leur empreinte est reconnaissable et leur cachet peut être facilement distingué de celui des autres peuples. C’est dans les campagnes et les villages qu’apparaissent cette manière de vivre et ce « style africain ».
L’africain est différent des autres peuples puisqu’il est l’héritier d’une civilisation différente. Cette civilisation africaine, encore vivante dans les campagnes, est différente mais pas inférieure. Elle n’est pas technique mais elle est très avancée dans les domaines littéraires, artistiques, religieux et même juridiques.
Nombre d’écrivains négro-africains dans leurs romans s’attèlent à démontrer que l’africain est l’héritier d’une civilisation très ancienne. Ainsi, Robert Delavignette cite l’ethnologue Monod dans la préface de Karim, roman du sénégalais Ousmane Socé :
« Le Noir n’est pas un homme sans passé, il n’est pas tombé d’un arbre avant-hier. L’Afrique est littéralement pourrie de vestiges préhistoriques et certains se demandent même depuis peu si elle n’aurait pas, contrairement à l’opinion courante, vu naître l’homme proprement dit… »
En défendant la civilisation africaine, les créateurs africains sont fatalement amenés à privilégier le village et à le considérer comme un espace d’authenticité.
http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?page=article5&id_article=613