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samedi 28 juillet 2012

____Conflit israélo-palestinien : un cycle électoral de la violence ?09/01/2009 ---- Barack Obama pourra-t-il négocier une paix en Terre Sainte ? 06/01/2009

Conflit israélo-palestinien : un cycle électoral de la violence ? 09/01/2009



Alors que la situation humanitaire dans la bande de Gaza est considérée comme alarmante, les efforts diplomatiques – notamment français – ne parviennent pas à stopper la guerre - tout juste un petit « corridor humanitaire » de trois heures par jour ». Il est possible de prendre du recul pour comprendre l’engrenage de cette violence. La science politique nous enseigne que les élections peuvent parfois déterminer le comportement des dirigeants politiques. Hicham El Moussaoui, Emmanuel Martin et Tom Palmer tentent de dérouler, avec précaution, cette hypothèse qui permettrait d’expliquer au moins en partie le conflit. Ils concluent sur l’importance de redonner la liberté économique à la Palestine, condition sine qua non pour y éradiquer la misère, terreau des idéologies extrêmes. Par H. El Moussaoui, E. Martin & T. Palmer

Le bombardement et les actions militaires sur la bande de Gaza par l’armée israélienne remettent sur la table la question : pourquoi palestiniens et israéliens n’arrivent pas à résoudre leur conflit ? Qui est fautif ? Est-ce uniquement le Hamas qui a refusé de renouveler son cessez-le-feu après six mois d’inactivité politique et militaire ? Est-ce Israël qui n’a pas engagé de démarches en faveur d’une négociation durant ces six mois ? Ou y a-t-il aussi des causes plus profondes ?

Le Hamas est sans nul doute responsable des tirs de roquettes. Mais le Hamas n’est pas la totalité de la population palestinienne qui, après trois générations, vit à Gaza, dans la misère. Celle-ci a été récemment accentuée par un blocus supplémentaire pour la punir d’avoir voté pour le Hamas par désespoir. Or, l’ironie comme le relevait Charles Enderlin (le Monde du 04.02.06), c’est qu’Israël a ouvert la boîte de Pandore en 1982, en donnant le feu vert - et, affirment certains, une contribution matérielle - à la naissance du Hamas en Palestine pour créer un contrepouvoir à l’OLP laïque.

Bien sûr il y a cette constante et terrible insécurité dans les villes du sud, que tout gouvernement se doit de juguler. La question est de savoir si la réaction contre le Hamas à Gaza apparemment "disproportionnée" est expliquée par des objectifs de sécurité ou par les élections à venir en Israël ? Après le revers de l’armée israélienne dans la guerre du Liban, en été 2006, Kadima, le parti du premier ministre Olmert et du ministre des affaires étrangères Livni, a été malmené par l’opposition, depuis. Il semble que les dirigeants de Kadima gardent un œil sur les élections, espérant que leurs actions sur Gaza effaceront les taches de la calamité de 2006.

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Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères d'Israël Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères d'Israël © timeinc.net

L’hypothèse d’un cycle électoral de la violence militaire peut aider à comprendre les échecs des initiatives de paix passées. Dans le système parlementaire israélien, fondé sur la représentation proportionnelle, les petits partis radicaux peuvent décider de qui gouverne, fournissant les votes nécessaires pour obtenir une majorité.

Ainsi, depuis les années 1970, les deux plus grands partis, le Likoud et le Parti travailliste, ont dû compter sur les petits partis radicaux (Shass, le Mafdal, Israel Beytenou, etc.) afin de composer des coalitions majoritaires, et ont dû s’assurer de leur soutien au détriment du processus de paix. Des provocations peuvent aussi orienter le processus politique, comme lorsqu’Ariel Sharon s’est servi de son tour armé de l’Esplanade des Mosquées pour déclencher la seconde Intifada, qui a son tour a mené à une radicalisation des positions et a garanti son élection en février 2001.

De même, la politique unilatérale de paix initiée par le même Sharon en 2005 qui a mené au retrait des forces israéliennes de Gaza en 2005 est cohérente avec la thèse selon laquelle les cartes sont entre les mains des politiciens en Israël et que ce sont les enjeux politiques, plutôt que la sécurité, qui orientent la plupart des stratégies dans la région. Ce ne serait pas la première fois ni le premier pays dans lequel la violence militaire est utilisée comme un signe de force pour l’électorat (on pense à la Russie à l’égard de la Tchétchénie ou de la Géorgie). Le problème de la paix avec les Palestiniens semble ainsi être devenu un point de négociation principalement dans l’arène politique israélienne, où les partis et les politiciens ont des intérêts électoraux et professionnels.

Explosions dans la bande durant une offensive israélienne le 9 janvier Explosions dans la bande durant une offensive israélienne le 9 janvier © daylife

Directement ou indirectement, le Hamas a participé à ce jeu de politique interne à Israël. Les extrémistes partagent implicitement les mêmes buts, même si cela est pour différentes raisons : saboter le processus "paix contre terre". Ainsi, au moment où les négociations entre Israël et l’autorité palestinienne de Yasser Arafat ont repris en 1992, le Hamas a initié des actions violentes, d’abord contre des soldats israéliens. Mais après l’assassinat de 29 musulmans en prière par Baruch Goldstein, membre du groupe extrémiste Kach et opposé au processus d’Oslo, en 1994, le Hamas a commencé à attaquer des civils, et en 1995 initia l’horreur des attentats-suicides. Les attentats de Hamas ont sapé l’autorité du Premier ministre travailliste intérimaire, Shimon Peres, qui a alors perdu les élections de 1996 face à Benyamin Netanyahu. Celui-ci va en profiter pour obtenir le soutien de son opinion publique et suspendre ainsi le processus de paix en revenant sur les accords signés par Yitzakh Rabin. Comment alors sortir d’un tel engrenage de la violence politique ?

Les israéliens devraient arrêter l’embargo commercial sur Gaza. Le protectionnisme est une recette pour la pauvreté, qu’il vienne de l’intérieur ou de l’extérieur. Un embargo impose à une population extérieure ce que les protectionnistes veulent lui imposer de l’intérieur. A cet égard, la politique d’Israël envers Gaza – restrictions économiques et checkpoints – étouffe l’activité économique. Lorsque les populations ne s’affairent pas à produire, elles commencent à penser à détruire.

A Dubai, un enfant proteste contre l'offensive à Gaza le 9 janvier A Dubai, un enfant proteste contre l'offensive à Gaza le 9 janvier © daylife

L’idéologie est l’ingrédient le plus important de l’extrémisme violent, mais la misère économique, le chômage et le désespoir sont des éléments aussi importants. Le FMI a récemment rappelé qu’au moins 79% des ménages à Gaza vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Celle-ci vient de l’absence de liberté économique dans les territoires palestiniens, et particulièrement Gaza. La Banque Mondiale observe qu’Israël, en limitant la liberté de circulation des personnes et des biens, compromet toute chance de sortie de crise pour l’économie palestinienne. Israël et la Palestine ont le pouvoir de stopper ce cercle vicieux, en reconnaissant le droit à l’existence de l’autre.

Le peuple d’Israël et le peuple de Palestine doivent comprendre que le cycle de représailles lancé par les extrémistes et les politiciens est contreproductif et que le seul chemin vers la paix est la négociation. Ce cycle électoral suggère cependant que si la solution politique est indispensable, elle est insuffisante. La paix requiert aussi une composante économique. La levée des obstacles à la libre circulation des biens et des personnes facilitera les négociations de paix car en échangeant des biens plutôt que des roquettes, les ennemis d’aujourd’hui deviendront demain les partenaires de paix. Comme l’écrivait Montesquieu "la paix est un effet naturel du commerce".

Hicham El Moussaoui et Emmanuel Martin sont chroniqueurs sur www.unmondelibre.org, Tom Palmer est analyste politique à Washington DC.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org

Barack Obama pourra-t-il négocier une paix en Terre Sainte ? 06/01/2009

ISRAEL and occupied territory since june 10, 1967



Après le 11 septembre l'administration américaine et ses partisans ont adopté une position très optimiste en croyant pouvoir imposer la démocratie et "l'agenda de la liberté" au Moyen-Orient en commençant par l'Irak. Beaucoup de critiques de cette stratégie sont désormais eux aussi très optimistes depuis que Barack Obama a été élu président. Ils pensent que le nouveau président pourra changer la donne au Moyen-Orient. Mais les choses sont-elles aussi simple ? Par Leon Hadar Publicité



© getty

En Israël et en Palestine (comme au Cachemire, au Sri Lanka, au Darfour etc.) la paix génèrerait des avantages considérables et la guerre induit des coûts humains et financiers faramineux. Pourtant aucune solution n’a émergé et la situation est restée "gelée" pendant longtemps. La raison tient au fait que pour la plupart des parties prenantes à ce type de conflit, les coûts à relever le défi du statu quo dépassent les bénéfices à agir pour mettre un terme à la dispute (soit par une victoire militaire, soit par une négociation de paix). Ce type d’analyse coût-bénéfice explique pourquoi le Président George W. Bush et son entourage ont décidé après le 11 septembre de ne pas investir du temps et des ressources à résoudre le conflit israélo-palestinien. Ils s’étaient persuadés de l’hypothèse (ou de l’illusion) que la promotion de "l’agenda de la liberté" au Moyen Orient créerait les conditions pour une résolution du conflit entre Israéliens et Palestiniens : il se disait que "la route de Jérusalem passe par Bagdad".

Les conseillers de Bush pensaient que ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour Israël (et vice versa). Pour eux, une Pax Americana dans la région ferait pencher la balance des pouvoirs en faveur de Tel Aviv, forçant les Palestiniens à accepter un arrangement qui aurait favorisé les intérêts israéliens. A partir de là, cela n’avait pas de sens de dépenser le capital diplomatique de Washington en faisant d’un côté pression sur Israël, un "allié stratégique dans la guerre contre la terreur", et d’un autre côté en relâchant la pression sur les dirigeants palestiniens et accepter des concessions. Washington a donc préféré à la place "ranger" le problème palestinien tout en essayant de remodeler le Moyen Orient par la force.

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Barack Obama lors de son séjour en Israël pendant la campagne présidentielle américaine Barack Obama lors de son séjour en Israël pendant la campagne présidentielle américaine © afp/getty

Cependant, en enjambant le problème israélo-palestinien pour s’attaquer à la menace de « l’islamo-fascisme », l’administration Bush a poursuivi des politiques qui ont essentiellement exacerbé les tensions entre Israël et les pays arabes. Elle a tenté de dissuader Israël de poursuivre des négociations avec la Syrie (un membre de "l’axe du mal") par le biais de la Turquie. Elle a donné le feu vert à Israël pour attaquer le Hezbollah au Liban, ce qui a débouché sur une impasse stratégique et a sans doute fait alors penché la balance des pouvoirs en défaveur de l’alliance américano-israélienne.

En tous les cas, "l’agenda de la liberté" de Bush s’est heurté à la dure réalité de la victoire du Hamas en Palestine et du renforcement de l’Iran et de ses alliés dans la région. L’administration américaine s’est alors enfin décidée à calmer les membres de la coalition arabo-sunnite en engageant les propositions d’un grand processus de paix à Annapolis l’année dernière. Cette même coalition saoudienne, fondée sur les espoirs très optimistes des néoconservateurs, était supposée former un "consensus stratégique" avec Israël pour contenir l’Iran.

Mais même une administration américaine décidée à résoudre le conflit aurait trouvé presqu’impossible tout mouvement vers un accord à un moment où le leadership politique était faible des deux côtés. Bien qu’il y ait eu des indications selon lesquelles les deux parties auraient pu probablement s’accorder sur les colonies juives en Cisjordanie et sur le problème de la frontière israélo-palestinienne, il n’y avait pas de signe de rapprochement entre les deux communautés sur le cœur des problèmes existentiels qui les ont séparées, tels que le sort de Jérusalem ou le "droit au retour" des réfugiés de 1947.

En même temps, il semble que de nombreux observateurs conscients des réalités du terrain et qui se moquaient des grands desseins de Bush et des néoconservateurs pour transformer l’Irak et remodeler le Moyen Orient, ont désormais rejoint les rangs des optimistes qui mettent leurs espoirs en Barack Obama pour amener la paix en Terre Sainte. Selon eux, le Président Obama fera les démarches nécessaires pour réparer les liens avec le Moyen Orient en retirant les troupes américaines d’Irak et en ouvrant un dialogue diplomatique avec l’Iran. Ayant ainsi renforcé le statut des Etats-Unis au Moyen Orient, Obama pourrait être en position d’embrasser une stratégie bien plus volontariste dirigée vers la réconciliation entre israéliens et palestiniens.

Bien sûr, ce que le président sera capable d’accomplir en matière de politique extérieure dépendra très largement de la capacité de l’administration à contenir la récession américaine et mondiale. Le retour d’Une Grande Dépression rendrait moins probable un geste diplomatique ou militaire américain. Mais si la récession s’avère plus gérable que prévu, l’administration Obama pourrait s’engager sur un agenda plus ambitieux au Moyen Orient – accélérant le retrait d’Irak dans un cadre régional qui pourrait inclure l’Iran.

Ce genre d’élan diplomatique dans un environnement régional stable amènerait à une reprise des négociations israélo-palestiniennes. Mais Obama et ses conseillers auraient toujours à se démener pour tenter un accord qui requiert des concessions que ni les dirigeants israéliens ni les dirigeants palestiniens ne veulent passer de si tôt. Résoudre ces problèmes existentiels divergents serait bien sûr encore plus difficile aujourd’hui qu’en 2000 (lorsque Camp David II a échoué).

En tous les cas, l’administration Obama devrait reconnaître que, même avec le meilleur des scénarios, il y a des limites à sa capacité à ramener la paix au Moyen Orient. En créant l’impression que les Etats-Unis disposent de l’autorité morale et du pouvoir d’imposer la paix dans la région, Washington a produit des attentes irréalistes qui ne pourront être réalisées. Pire, les échecs répétés finissent par attiser des réactions violentes anti-américaines, mettant d’autant plus la pression sur Washington.

Les Etats-Unis devraient être prêts à travailler avec d’autres acteurs internationaux vers une solution, mais seulement si et quand Israël et la Palestine seront prêts à faire la paix. Si les deux parties voulaient réellement une paix, même fragile, elles feraient marcher ce processus – avec ou sans l’implication américaine. Elles seules sont responsables de l’échec.

Leon Hadar est spécialiste de relations internationales au Cato Institute à Washington DC.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org.

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_____L'Islam et l'Occident : le mythe du "péril vert" 07/01/2009 ---- L’islam radical a servi d’alibi à l’interventionnisme américain pour une soi-disant modernisation du Grand Moyen-Orient. A l’heure des bilans, force est de constater l’échec

L’islam radical a servi d’alibi à l’interventionnisme américain pour une soi-disant modernisation du Grand Moyen-Orient. A l’heure des bilans, force est de constater l’échec de l’administration Bush à accomplir cette mission. Comment l’expliquer?

L'Islam et l'Occident : le mythe du "péril vert" 07/01/2009



L’islam radical a servi d’alibi à l’interventionnisme américain pour une soi-disant modernisation du Grand Moyen-Orient. A l’heure des bilans, force est de constater l’échec de l’administration Bush à accomplir cette mission. Comment l’expliquer? Par Leon Hadar Publicité



George Bush George Bush © getty

Les attaques du 11 septembre 2001 et la « guerre contre la terreur » qui a suivi ont fourni une opportunité à l’establishment américain de la politique extérieure, qui souffrait du Syndrome de l’Absence d’Ennemi depuis la fin de la guerre froide, de se trouver un nouvel ogre : l’Islam radical, ou le « Péril Vert ». Les idéologues néoconservateurs qui ont pris d’assaut l’appareil de la politique extérieure de George W. Bush ont embrassé l’idée de Huntington d’une confrontation entre l’Islam et l’Occident. Ils la voient comme une façon de justifier la puissance militaire américaine pour établir une hégémonie américaine au Moyen-Orient tout en imposant les valeurs américaines. Et ce pour régler le problème de la montée de «l’Islamofascisme».

Le temps est venu de remettre en question la grande idée selon laquelle le Monde Musulman, ou le Moyen-Orient, ou encore le Monde Arabe possède une culture économique et politique monolithique et unique qui le rend résistant aux effets de modernisation de l’Occident. Leon Hadar

Selon ce dogme néoconservateur, que Bush a tenté d’appliquer en Mésopotamie, un Irak libre et démocratique deviendrait le modèle de réforme économique et politique dans le monde arabe et dans le Moyen-Orient plus large, et une série de révolutions presque pacifiques serait engagées des frontières islamiques de la Chine, à l’Iran, à la Syrie, au Liban, à la Palestine, jusqu’aux frontières des Balkans. Les nouveaux paradigmes de politique étrangère, comme les nouvelles religions ou les nouvelles idéologies politiques, sont produits par des entrepreneurs intellectuels qui espèrent gagner un statut auprès de ceux qui cherchent le pouvoir, et ainsi exercer une influence sur eux.

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Deux néo conservateurs de l'administration Bush : Paul Wolfowitz et Dick Cheney Deux néo conservateurs de l'administration Bush : Paul Wolfowitz et Dick Cheney

En même temps, les politiciens font usage de ces visions du monde pour mobiliser la nation, le peuple, ou une classe contre une menace extérieure qui met en jeu prétendument « nos » intérêts et valeurs. Dans cette perspective, le nouveau « monstre islamique » des néoconservateurs a très clairement servi les intérêts du Triangle de fer de Washington : les bureaucrates, les législateurs et les groupes d’intérêt. Pour ce Triangle de Fer, la menace islamique – un peu à l’image du communisme pendant la guerre froide – permet d’exercer une pression en faveur d’une expansion des budgets vers la défense, les opérations secrètes, et les groupes d’intérêt favoris du moment.

Le problème est que les paradigmes de politique extérieure sont des constructions intellectuelles qui reflètent l’imagination de leurs producteurs et les intérêts de leurs promoteurs. Le résultat est que la réalité a tendance à nous rappeler à son bon souvenir. Ainsi durant la guerre froide l’idée d’un bloc communiste monolithique mené par l’URSS a rendu inévitable le fait que les USA confondent les intérêts nationaux qui conduisaient les politiques du Viet Nam, de la Chine et de Cuba avec les intérêts globaux de l’URSS : les résultats en termes de politique américaine furent désastreux. De même, après que l’URSS a disparu, les américains se sont rendu compte que l’effondrement du communisme n’avait pas déclenché une vague de liberté politique et économique dans l’ancien empire soviétique.

© http://www.memo.fr

Le temps est venu de remettre en question la grande idée selon laquelle le Monde Musulman, ou le Moyen-Orient, ou encore le Monde Arabe possède une culture économique et politique monolithique et unique qui le rend résistant aux effets de modernisation de l’Occident. Quelle que soit la propagande de Washington à l’égard de la menace globale de « l’islamofascisme », il n’y a pas de fondations idéologiques communes qui unissent les divers courants des groupes influencés par l’Islam (les mouvements nationalistes arabes Baathiste et Nassériste, la doctrine stricte du Wahhabisme de l’Arabie Saoudite, le dogme révolutionnaire et millénariste qui guide les dirigeants chiites en Iran, la tradition laïque, républicaine et étatiste de la Turquie kémaliste, etc.).

De ce point de vue, le monde arabe ou le Moyen-Orient ou encore le Moyen-Orient Arabe est une mosaïque d’Etats-nations, de groupes ethniques, de sectes religieuses, de groupes tribaux, un méli-mélo d’idéologies politiques, de systèmes économiques et de cultures. Quelques uns de ces acteurs ont rejoint « l’âge moderne » (Malaisie, Indonésie, Turquie et Emirats Arabes Unis) ; la plupart des autres sont clairement restés en marge des révolutions économiques et technologique.

D’une certaine manière, les puissances occidentales ont été responsables du fait que des dictatures militaires retardant les réformes économiques ont contrôlé les Etats-Nations du Moyen-Orient depuis si longtemps. La concurrence géostratégique entre puissances extérieures, particulièrement durant la guerre froide, a encouragé les USA et leurs alliés à exploiter des conflits régionaux comme le conflit arabo-israélien, et à fournir un soutien militaire et économique aux hommes forts locaux qui étaient censés servir les intérêts des extérieurs. Mais le temps est venu pour les puissances occidentales de concentrer leurs efforts à mettre un terme au conflit israélo-arabe, et de créer des incitations pour la région de manière à ce qu’elle s’ouvre à l’économie mondiale. Cela comprend libéraliser leurs économies, réduire les barrières tarifaires et encourager l’investissement étranger direct.

Si le libre échange n’est pas une panacée, il pourrait être une pierre d’angle pour un Moyen-Orient plus pacifique et prospère. Il pourrait encourager la montée d’une classe moyenne de professionnels ayant des valeurs plus en accord avec les idées et technologies modernes. Cet effort pourrait aussi aider à réduire la pauvreté et les inégalités économiques, et consolider la paix.

Leon Hadar est spécialiste de relations internationales au Cato Institute à Washington DC. Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org

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mardi 24 juillet 2012

___Napoléon : pour ou contre l'Europe ? Pourquoi Hitler admirait Napoléon? L’amour des Français pour Napoléon est bien connu. Qu'est-ce que l'Europe? Qui de napoléan et hitler a marqué l'europe? CONSTRUCTION EUROPEENNE et Le nouvelle ordre Européen d'A.H

Qu'est-ce que l'Europe ?

De ses origines au processus d’unification en cours, de l’enjeu de ses frontières à celui de ses fondements culturels et religieux, l’Europe semble en chantier continuel.

L'Europe a-t-elle une histoire ?

Dès le Ve siècle avant notre ère, le terme Europe (Europè) apparaît dans des textes d’historiens grecs pour désigner la rive occidentale de la mer Égée, par opposition aux régions orientales désignées sous le nom d’Asiè (Asie). Il recouvre une réalité aux contours flous avec des définitions variables d’un auteur à l’autre mais à plusieurs reprises, l’Europe des cités grecques, libres et indépendantes, est opposée à l’Asie de l’Empire perse décrit comme despotique (1).

300 ans plus tard, au IXe siècle, Charlemagne constitue son empire sur la partie occidentale du continent, des Pyrénées aux frontières orientales de l’Allemagne actuelle et des Flandres à la côte croate, et se fait appeler Pater Europae, père de l’Europe. Cependant, pour Jacques Le Goff, cet empire n’a rien d’européen. L’historien considère que ses desseins hégémoniques sont contraires à la conception actuelle de l’Europe, comme toutes les tentatives de domination du continent par la conquête, jusqu’à Napoléon et Hitler (2). Le mythe de l’Europe de Charlemagne réapparaît pourtant dans les années 1950 car l’Empire carolingien coïncide avec les six États fondateurs de la Communauté européenne qui y trouvent un héritage commun. En fait, durant tout le Moyen Âge, on parle peu d’Europe mais plutôt de chrétienté.

Pour de nombreux historiens, c’est à l’époque des grandes découvertes et des premières navigations autour du monde qu’apparaît une première prise de conscience moderne de la singularité européenne. Le contact avec d’autres sociétés amène les Européens à voir ce qu’ils ont en commun (3). Au XVIIIe siècle, les Lumières produisent un discours sur l’homme qui débouchera sur la chute progressive des monarchies européennes. Ce bouleversement, dont la Révolution française est le catalyseur, est marqué par des phénomènes paradoxaux : le printemps des peuples à l’échelle européenne s’accompagne de la montée des nationalismes, la naissance des États-nations coïncide avec la course aux conquêtes coloniales. La domination européenne sur le monde au début du XXe siècle est en fait celle de quelques puissances européennes (Angleterre, France, Allemagne et dans une moindre mesure Russie) qui se livrent une compétition féroce. Cette lutte trouve son apogée dans deux guerres mondiales désastreuses qui affaiblissent le continent. Impulsée par les États-Unis pour faire front uni contre la menace soviétique, l’Europe communautaire est lancée en France par Jean Monnet et Robert Schuman et négociée avec le chancelier Konrad Adenauer pour l’Allemagne, Alfred de Gasperi pour l’Italie et le Belge Paul-Henri Spaak. Le lancement du processus d’unification européenne et ses élargissements successifs ne signent pourtant pas l’avènement d’une histoire unique. Si l’Europe communautaire introduit une dose d’institutions supranationales pour porter l’intérêt général européen, chaque État membre reste souverain et écrit à sa façon des pans entiers d’une histoire européenne largement plurielle.

NOTES :

(1) Danielle Jouanna,L’Europe est née en Grèce, L’Harmattan, 2009. (2) Jacques Le Goff,L’Europe est-elle née au Moyen Âge ?, Seuil, 2003. (3) Jean-Frédéric Schaub,L’Europe a-t-elle une histoire ?, Albin Michel, 2008.

Lire aussi notre chronologie : Soixante ans de construction européenn

Des frontières mouvantes

Les frontières entre continents, souligne le géographe Christian Grataloup, varient dans l’histoire en fonction des représentations du monde et des enjeux qui y sont associés (1). Celles de l’Europe semblent bien délimitées, au nord par l’océan Arctique, à l’ouest par la façade Atlantique et au sud par la rive Nord de la Méditerranée. Seule la frontière orientale n’apparaît pas clairement et reste essentiellement l’objet d’enjeux politiques. Géographiquement, l’Europe est le Finistère de l’immense continent eurasiatique (2). La première tentative de définition d’une séparation géographique orientale date du XVIIIe siècle. Vassili Tatichtchev, géographe du tsar Pierre le Grand, fixe les frontières de l’Europe aux monts Oural. Ce choix est en fait stratégique : il affirme que le berceau historique de l’Empire russe, la Moscovie, appartient bien à l’Europe à un moment où le tsar engage une ouverture et une modernisation de la Russie à marche forcée en direction de l’Europe occidentale. Aujourd’hui, le débat continue de mêler dimensions géographiques et politiques à travers les élargissements possibles de l’Union européenne (UE). En 1993, la candidature du Maroc a été rejetée au motif, géographique, que le pays était africain. Le débat sur l’adhésion de la Turquie comporte des arguments de même nature sur la portion du pays et de sa population située hors d’Europe. Pour C. Grataloup, il est diplomatiquement plus aisé de mettre en avant l’évidence géographique des continents que d’aborder par exemple la question du rapport de l’UE à l’islam. Penser en termes de géographie continentale revient pourtant en force aujourd’hui car c’est une solution pour mettre un peu d’ordre dans un monde globalisé, explique C. Grataloup. Les frontières n’en sont pas le cadre immuable mais au contraire un élément variable qui lui donne du sens.

NOTES :

(1) Christian Grataloup,L’Invention des continents, Larousse, 2009. (2) Laurent Carroué, Didier Collet et Claude Ruiz,L’Europe, Bréal, 2009.

L'Europe est-elle chrétienne ?

Le débat sur les racines chrétiennes de l’Europe montre qu’il est difficile de définir le continent par une unité religieuse. L’historien Paul Veyne rappelle qu’en histoire, les racines n’existent pas (1). Elles sont trop naturalistes et exclusives. On peut plutôt parler de terreau commun, composante parmi d’autres d’une civilisation. Pour l’historien Bruno Dumézil, une unification de l’Europe barbare dans le christianisme s’est faite graduellement du IIe au VIIe siècle (2). Le monachisme est la traduction de cette unité : dès le vie siècle, les monastères bénédictins forment un réseau de l’Italie à l’Angleterre et de l’Espagne à la Germanie. Plus tard, l’ordre cistercien comptera près de 700 abbayes, du Portugal à la Pologne, de la Sicile à la Norvège.

Mais le christianisme a aussi joué un rôle de diviseur du continent. Au XIe siècle, le schisme entre chrétiens d’Orient (sous l’égide de Byzance) et d’Occident (sous celle de Rome) consacre une fracture religieuse qui perdure encore aujourd’hui entre Église orthodoxe et Église romaine. Au XVIe siècle, la Réforme conduit à des guerres et à des persécutions religieuses qui touchent les sujets de toute l’Europe. « L’histoire des persécutions religieuses a tragiquement contribué à définir un espace européen de l’intolérance », souligne l’historien Jean-Frédéric Schaub (3) mais aussi en retour un espace commun de solidarités et de résistance. À la même époque, dans les Balkans, la présence de l’Empire ottoman pour quatre siècles va servir de repoussoir aux monarchies européennes de droit divin qui tirent leur légitimité de leurs liens avec la papauté chrétienne (4). Pour autant, de nombreux territoires dans les Balkans (Bosnie, Kosovo, Albanie…) restent musulmans après le reflux de l’Empire ottoman.

Depuis le XVIIIe siècle, le continent connaît une sécularisation qui n’a cessé de progresser. L’une des caractéristiques de l’Europe moderne est en effet l’autonomie du religieux et du politique qui a conduit progressivement à une complète indépendance de l’un et de l’autre. Aujourd’hui, la laïcité à l’européenne se décline de façon très diverse selon les pays mais la liberté de conscience et de religion est inscrite partout, jusque dans le traité de Lisbonne, comme fondamentale. Cette laïcisation coïncide avec une sécularisation des mentalités. Seuls 7 % des Européens placent la religion parmi les valeurs qui comptent (5).

Les religions ne jouent donc plus un rôle de premier plan mais continuent à marquer les représentations identitaires, en réaction (laïcité) ou par la réminiscence d’ondes de chocs historiques. Le débat sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est sous-tendu par des clivages religieux. Aujourd’hui, de nombreux pays européens comptent des musulmans parmi leur population, conséquence de la politique de colonisation puis de décolonisation menée aux XIXe et XXe siècles. La religion juive a, elle aussi, imprégné l’histoire et l’identité de l’Europe. Selon certains historiens, un antisémitisme pluriséculaire a conduit à la naissance du sionisme en Europe au XIXe siècle. La Shoah et les persécutions des Juifs à travers l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale ont marqué durablement l’identité européenne. À la fin des années 1980, les Églises luthériennes en ex-RDA et en Hongrie, l’Église catholique en Pologne ont contribué à la remise en cause des dictatures du bloc soviétique et à l’avènement pacifique de la démocratie. On ne peut pour autant réduire l’Europe à la chrétienté. Ce qui caractérise le continent c’est avant tout à la fois le dialogue entre les religions et les philosophies et un doute particulièrement affirmé vis-à-vis des dogmes.

NOTES :

(1) Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, Albin Michel, 2007. (2) Bruno Dumézil, Les Racines chrétiennes de l’Europe. Conversion et libertés dans les royaumes barbares, Ve-VIIIe siècle, Fayard, 2005. (3) Jean-Frédéric Schaub, L’Europe a-t-elle une histoire ?, Albin Michel, 2008. (4) Ibid. (5) Commission européenne, « Les valeurs des Européens », Eurobaromètre, n° 69, novembre 2008.

Quelle politique étrangère ?

Malgré les efforts pour instituer un début de politique étrangère et de défense commune, la place de l’Europe dans le monde reste principalement assurée par les grandes capitales européennes, elles-mêmes dépendantes des États-Unis.

Pour bien comprendre quel est le poids de l’Union européenne sur les affaires mondiales, il convient de rappeler sa nature hybride. Traité après traité, s’est construite, renforcée et élargie une union civile d’États qui ont mutualisé leurs indépendances nationales sur un nombre de points de plus en plus grand de leurs politiques (commerce, agriculture…). Cependant, les initiatives touchant aux pouvoirs régaliens de police ou de défense (les instruments les plus déterminants de la souveraineté) telles que la Communauté européenne de défense en 1952 ont connu des échecs dissuasifs (1). Il faut attendre la fin de la guerre froide et la réunification de l’Allemagne, au début des années 1990, pour que des avancées se produisent. Elles restent cependant graduelles et limitées.

En 1991, les États membres ont commencé à définir le cadre d’une Politique étrangère de sécurité commune (Pesc) entérinée par le traité de Maastricht puis d’une Politique étrangère de sécurité et de défense (Pesd) en 1999. La Pesc et la Pesd permettent de mobiliser des moyens militaires et diplomatiques communs sous le label Union européenne. Les opérations engagées requièrent le consentement unanime des États membres. Les premières ont eu lieu dans les années 2000 pour assurer le maintien de la paix (Macédoine, Bosnie, Congo et Tchad), ou la gestion civile de crises (Palestine, Afghanistan, Kosovo). Plusieurs milliers de militaires ont été mobilisés (jusqu’à 7 000 en Bosnie en 2005) mais ces chiffres restent marginaux par rapport aux moyens dont dispose l’Otan, le véritable fer de lance de la défense européenne. Institutionnellement, la Pesc et la Pesd sont subordonnées à l’Otan : elles peuvent privilégier tel ou tel aspect mais jamais sortir du cadre de l’alliance militaire dominée par les États-Unis (2).




Une politique étrangère faible

L’Union européenne n’est donc pas un État souverain mettant en œuvre une politique étrangère indépendante et disposant de sa propre armée pour se défendre. En tant qu’acteur international, elle est plus proche d’organisations telles que l’Onu ou l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) (3). Son efficacité est fonction de l’unanimité et de la coordination de ses membres. Or il existe de grandes disparités entre États en matière de défense : à elles seules, la Grande-Bretagne et la France représentent la moitié des capacités militaires européennes. Les grands États, France, Grande-Bretagne et Allemagne, restent les principaux acteurs de la politique étrangère européenne. Mais s’ils veulent projeter leur action au niveau communautaire, ils sont dépendants du veto de tout État membre quelle que soit sa taille. À ce jour, l’affirmation de positions communes dans le cadre de la Pesc et de la Pesd s’est limitée à des opérations consensuelles et de faible ampleur. A contrario, la reconnaissance unilatérale par l’Allemagne de la Slovénie et de la Croatie en 1991, qui a débouché sur la guerre en ex-Yougoslavie, ou les positions contradictoires sur la guerre en Irak ont révélé le manque de vision commune et la faiblesse de la coordination sur des questions majeures telles que le soutien à l’indépendance d’un État, la décision d’entrer en guerre ou non, celle d’épauler ou non son allié le plus important. La nomination d’un président du Conseil européen et d’un haut représentant pour la Pesc, entérinée par le traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009, vise à répondre de façon modeste au manque d’incarnation de l’Europe mais cette mesure ne change pas le fait que la politique étrangère et la défense restent aux mains des grandes capitales européennes, elles-mêmes dépendantes pour une grande partie des États-Unis.

NOTES :

(1) Sylvain Kahn, Géopolitique de l’Union européenne, Armand Colin, 2007. (2) Gérard-François Dumont et Pierre Verluise, Géopolitique de l’Europe, Sedes, 2009. (3) René Schwok et Frédéric Mérand, L’Union européenne et la sécurité internationale. Théories et pratiques, Academia Bruylant, 2009.

Une Europe sociale dans les limbes...

Où en est le projet de construction d’une Europe sociale ? Les modèles nationaux restent très divers, les budgets communautaires minuscules et la volonté politique toujours limitée. Quelques harmonisations ont tout de même eu lieu depuis la fin des années 1980.

Existe-t-il un «modèle social européen» souvent évoqué par certains partis, syndicats et associations? L’Europe comprend quelques traits communs tels que la prise en charge collective des risques associés à la maladie ou le rôle joué par la négociation entre partenaires sociaux pour définir les politiques sociales (1). Mais les points de discorde l’emportent largement.

On peut distinguer en Europe quatre grands modèles de protection sociale : le modèle scandinave (social-démocrate) assure à tous les citoyens un niveau élevé de protection sociale en contrepartie d’une flexibilité élevée du marché du travail. Le modèle anglo-saxon (libéral) insiste sur la responsabilité individuelle : les prestations sociales y sont faibles et ciblées sur les plus pauvres. Le modèle continental (d’assurance sociale) protège fortement l’emploi et fonde la protection sociale sur une base professionnelle. Enfin le modèle méditerranéen est marqué par l’importance des prestations vieillesse et la survivance des solidarités familiales (2).

Cette typologie classique établit les grands clivages mais omet la persistance de spécificités nationales : par exemple, le système de retraite finlandais ne ressemble en rien à celui de la Suède, ou encore la France et l’Allemagne ont des politiques familiales très différentes. En outre, ces quatre modèles ne rendent pas compte de la situation des anciens pays communistes d’Europe de l’Est.

En clair, l’idée de « modèle social européen » est très fragile. La solidarité se conçoit aujourd’hui dans un cadre national : il est peu probable que les travailleurs français souhaitent cotiser pour les retraites de leurs voisins anglais, et réciproquement.

La construction européenne n’a pas été pensée pour que ces modèles nationaux convergent. Pour les pères fondateurs, au lendemain du second conflit mondial, l’essentiel était de réaliser l’intégration économique pour favoriser la paix et la prospérité entre les peuples. À l’inverse, la protection sociale devait demeurer dans la sphère de compétences des États (3). Cette dualité de l’économique et du social a particulièrement marqué les trente premières années de la construction européenne. Aujourd’hui encore, le Fonds social européen, qui cherche à soutenir l’emploi dans les régions en difficulté, représente moins de 0,1 % du PIB européen, alors que les dépenses nationales de protection sociale représentaient en 2006 entre 20 et 35 % du PIB dans l’Europe des quinze.




Une très faible évolution

Un basculement a néanmoins eu lieu à partir de la signature de l’Acte unique (1986), qui met l’accent sur la nécessité d’une cohésion économique et sociale. Sous la présidence de Jacques Delors (1985-1994) à la Commission, les fonds structurels qui aident les régions en difficulté ont été doublés (1988), un « fonds de cohésion » a été créé (1994) pour réaliser des financements d’infrastructures dans les pays « en retard » (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne), une charte des droits sociaux (non contraignante) a été adoptée (1989)… Une réglementation foisonnante s’est parallèlement développée dans la politique de l’emploi (égalité hommes/femmes, harmonisation des normes d’hygiène et de sécurité au travail…), malgré un impact limité dans les États membres.

Dans les systèmes sociaux européens, une toile communautaire apparaît ainsi dans les années 1990. Elle reste néanmoins très limitée : l’Europe n’a pas de pouvoir en matière de retraite, d’assurance-maladie, de famille…

Et l’élargissement de 2004 a constitué une sorte de coup d’arrêt : difficile à 15, la convergence des modèles sociaux est devenue presque irréaliste à 27. À regret pour ceux qui voient dans l’Europe sociale le moyen de faire naître une citoyenneté européenne ou d’empêcher une concurrence des modèles nationaux par le bas… Avec plaisir pour ceux qui craignent, avec la convergence, une réduction du poids des partenaires sociaux nationaux, ce qui pourrait constituer un recul de la démocratie sociale au sein des États membres.

NOTES :

(1) Jean-Claude Barbier, La Longue Marche vers l’Europe sociale, Puf, 2008. (2) Suite à la typologie du sociologue danois Gosta Esping-Andersen. Pour une comparaison précise, lire Catherine Mathieu et Henri Sterdyniak, « Le modèle social européen et l’Europe sociale », Revue de l’OFCE, n° 104, 2008. (3)Christine Erhel et Bruno Palier, « L’Europe sociale : entre modèles nationaux et coordination européenne », Revue d’économie politique, vol. CXV, n° 6, 2005.

L'Union européenne dans le monde

• 1re puissance commerciale mondiale 1er exportateur et 2e importateur mondial.

• L’euro, 2e monnaie mondiale % des échanges mondiaux.

•% de la population mondiale 500 millions d’habitants (3e place derrière l’Inde et la Chine).

• L’influence par les normes

L’Union européenne fut un fondateur influent de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les règles et les normes qui régissent son fonctionnement interne ont servi d’exemple pour construire celles de l’OMC. Depuis son origine, elle s’est dotée d’une politique commerciale commune. Elle fixe un tarif extérieur commun (TEC) pour les importations en provenance des autres régions du monde.

Sources: Marc Dumont et Marie Girardot (dir.), L’Europe, Atlande, 2010. Sylvain Kahn, Géopolitique de l’Union européenne, Armand Colin, 2007. Benoît Richard

http://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-l-europe_fr_25350.html


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CHAPITRE INTRODUCTIF: LE CHEMINEMENT HISTORIQUE DE L’IDEE D’UNIFICATION EUROPEENNE

Le mot «Europe» a fait son apparition cinq siècles avant notre ère. Hérodote, au Ve siècle avant J.-C., nous rappelle que les Grecs appelaient leur terre Europe (Histoires, VII, 185) du nom d’une héroïne mythologique, une Phénicienne enlevée par Zeus qui avait pris la forme d’un taureau. Aujourd’hui, l’Europe désigne un continent qui s’étend de l’Atlantique à l’Oural et de la Méditerranée à la Scandinavie. La Grèce antique est souvent présentée comme le berceau de l’Europe, de Thémistocle l’Athénien à Alexandre le Macédonien sont autant de héros mythifiés pour leur combat contre les « barbares » de l’Orient, les Perses Achéménides.

Il faudrait sans doute remonter à l’Empire romain, pour avoir le plus ancien model d’unification européenne sous une autorité centrale. Selon le géographe Strabon, qui écrivit peu avant l’ère chrétienne, les Romains «tiennent presque toute l’Europe, excepté la partie qui se trouve au-delà de l’Ister Danube et les parties bordant la Baltique entre le Rhin et le Tanaïs Don». Les Romains ne pourront jamais conquérir la Germanie (désastre de Tautebourg Val), et c’est sous Trajan seulement qu’ils dépasseront notablement le Danube en s’emparant de la Dacie (Roumanie). Pendant plus de cinq siècles, une grande partie de l’Europe, de la Méditerranée à l’Angleterre et de l’Espagne à la Roumanie obéissait au pouvoir central basé à Rome. Les Grandes invasions germaniques du Vème siècle vont briser cette unité (prise de Rome par les Wisigoth en l’an 476).

Pendant tout le Moyen Âge, le rêve a persisté d’unifier l’Europe sous la direction soit de l’empereur, soit du pape. On mentionnera l’éphémère Empire de Charlemagne au début du IXème siècle. Mais, l'Europe à peine sortie du Moyen Âge voit s'affronter deux conceptions : la première fondée sur la doctrine de l'équilibre européen postule qu'aucun État ne devrait détenir une puissance telle qu'il imposerait sa domination aux autres ; la seconde vise au contraire au non d'une volonté « messianique » à regrouper tous les pays européens sous une autorité unique, l’ « Empire universel ». Ainsi, la nostalgie d'une unité perdue sous Rome va animer les ambitions de Charles Quint, souverain du Saint Empire Romain Germanique (1500-1558), qui sera la cause d’incessants conflits à l'est contre l'Empire Ottoman et à l'ouest contre le Royaume de France. Avec ses héritiers Philippe II d’Espagne et Ferdinand II d’Autriche (1578-1637) ce sont les prétentions des Habsbourgs de réunifier l'Europe sous la bannière du catholicisme qui se heurtera à la Réforme. Née d’une querelle religieuse opposant des Princes allemands protestants à l’Empereur, la Guerre de Trente ans (1618-1648) vit s’affronter sur le territoire allemand les impériaux et leurs alliés (Bavière, Espagne) aux partisans de la Réforme soutenue par la France et la Suède, soucieuses toutes deux d’empêcher une hégémonie de l’Empire. La Paix de Westphalie qui met fin au conflit fut l'occasion de la première conférence diplomatique européenne qui a consacré la théorie de l'équilibre européen. Napoléon 1er reprendra à son compte le flambeau d’une Europe impériale mais devra s’incliner lui aussi face à une coalition de nations européennes à Leipzig (1813) - bataille connue sous l’appellation de « bataille des nations » - et à Waterloo (1815).

1. Les précurseurs :

Bien avant la deuxième Guerre mondiale, l’abbé de Saint-Pierre, Emmanuel Kant, Jean-Jacques Rousseau, Saint Simon ou Proudhon prônaient déjà l’avènement d’une Europe pacifiée et fédérée. Leurs réflexions visionnaires furent jugées utopiques dans une Europe engagée dans d’incessantes rivalités de puissances. On mentionnera notamment :

. A la Renaissance, le Tractus rédigé en 1464 par le roi de Bohême Podiebrad répondait au souci de rassembler les peuples de la chrétienté face à l’Empire ottoman conquérant dans un pacte prévoyant une juridiction et un Parlement des Etats ; . Le Projet politique du duc de Sully, ministre d’Henri IV publié seulement en 1788 contenant une correspondance avec la reine d’Angleterre Elisabeth 1er ; . L’Essai du Quaker William Penn intitulé Present and Future Peace of Europe (1693); . L’abbé de Saint Pierre, plénipotentiaire français aux conférences qui adopteront le Traité d’Utrecht (1713-1715) mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne a proposé un Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713) et un Projet pour rendre la paix perpétuelle entre souverains chrétiens (1717) ; . Jean-Jacques Rousseau dans son Jugement sur la Paix perpétuelle est favorable à une fédération ou une confédération ; . Emmanuel Kant qui avec Pour la Paix perpétuelle (1795) écrira un essai majeur dans lequel il souligne que seul des régimes républicains peuvent imposer la paix en Europe ; . Claude Henry de Saint-Simon propose une confédération franco-britannique destinée à s’élargir à d’autres régimes parlementaires avec l’objectif d’un Parlement européen moteur de l’unification de l’Europe (De la Réorganisation de la société européenne 1814); . Victor Hugo qui fut un des premiers à utiliser la formule d’« Etats-Unis d’Europe » lança à l’occasion du Congrès de la Paix de Paris (1849) un appel pour la création d’un « grand Sénat souverain qui sera à l’Europe ce qu’est le Parlement à l’Angleterre » ; . Giuseppe Mazini qui fonda en 1834 l’association Jeune Europe et a établi en 1857 une carte de la future Europe des nations » ; . Coudenhove-Kalergi fondateur de la Revue Paneuropa (publiée à Vienne en 1923) qui fut un des artisans de l’«Union paneuropéenne » ;

En 1926, le premier Congrès de l’Union paneuropéenne qui rassembla à Vienne les délégués de 24 pays adopta le Manifeste paneuropéen énonçant les grandes lignes d’une « organisation fédérative de l’Europe ». Aristide Briand qui fut Président d’honneur de l’Union paneuropéenne a lancé devant l’Assemblée de la S.D.N. le 5 septembre 1929 l’idée d’un lien fédéral entre les peuples du Vieux Continent. Le gouvernement français a présenté en mai 1930 un Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne. La montée des périls fasciste et nazis a eu raison du projet Briand qui est abandonné en 1932.

2. Le Nouvelle Ordre européen d’Adolf Hitler

Comme Napoléon, Hitler s’est lancé à la conquête de l’Europe. Comme lui, il l’a contrôlée pendant une période brève aux yeux de l’historien, interminable pour ceux qui en ont souffert. Mais la ressemblance s’arrête ici. Le régime hitlérien est à l’origine de crimes contre l’humanité sans précédent, en particulier à l’égard des juifs (Holocauste). L’Europe de Hitler, dont les ressources et les hommes étaient exploités par la machine de guerre nazie, était conçue comme une pyramide dominée par le Grand Reich allemand de cent millions d’habitants, une nation perçue comme supérieur aux autres. Une vision raciale de l’Europe dominait:

. En haut de l’échelle les Aryens (Germains) et les peuples nordiques (Scandinaves, Néerlandais) ; . Dans une position intermédiaire les latins et les peuples balkaniques non Slaves ; . Dans une position inférieure les Slaves (untermeshen) qui constitueront une réserve de main d’œuvre du Reich et dont le territoire servirait d’espace vital (Lebensraum) pour l’expansion des Aryens ; . Au plus bas de l’échelle les juifs (et les Roms) voués à l’expulsion ou à l’extermination.

En 1942, presque toute l’Europe de la Méditerranée au cercle polaire arctique et de l’Atlantique à la Volga était soit occupée, soit vassalisée par le Grand Reich. L’Angleterre isolée et affaiblie s’alliera à l’Union soviétique et aux Etats-Unis pour résister à la machine de guerre nazie. La Suède, la Suisse, l’Irlande, l’Espagne et le Portugal optent pour la neutralité et la non-belligérance. L’Europe hitlérienne comportait cinq types d’espaces géopolitiques :

. Les alliés de l’Allemagne véritables États satellites, l’Italie de Mussolini, la Finlande, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie liés au Grand Reich par le Pacte d’Acier (1938) ; . Le centre de gravité de la nouvelle Europe est le Grand Reich agrandi par l’Anschluss et l’annexion des territoires peuplés d’allemands en Tchécoslovaquie (les Sudètes) et en Pologne; . Les territoires occupés voués à un statut à déterminer à la fin de la guerre mais où subsistait un pouvoir local acquis à la présence allemande (Belgique, Pays-Bas, Danemark, Norvège, France amputée de l’Alsace - Lorraine); . Les territoires occupés peuplés des Slaves (jugés inférieurs) passent sous Protectorat ou gouvernements généraux allemands (Bohème et Pologne) et sont voués à une colonisation germanique jusqu’à l’Oural et au Caucase (les territoires de l’Union soviétique occupée et divisés en deux régions, le Reichkommisariat des régions de l’Est et le Reichkommissariat d’Ukraine); . Statut particulier de la Yougoslavie, de l’Albanie et de la Grèce occupées et divisées en zones d’influences allemande et italienne et privées d’une partie de leurs territoires au profit des alliés hongrois, bulgares et roumains et croates.

Le Nouvel Ordre Européen d’Hitler reposait sur une exploitation des ressources et de la main d’œuvre des pays européens (quotas de travailleurs imposé aux territoires occupés dans le cadre du Service du travail obligatoire) au profit du Reich. Sur le plan économique, les Allemands envisageaient d’imposer une sorte de marché commun européen sous forme de bloc économique et financier dont le mark aurait été la monnaie de réserve et les places financières (Berlin et Vienne). Dès 1940, une concentration de la finance et du commerce se fait à Berlin. Les grands groupes industriels allemands (IG Farben pour la chimie) commencent à réorganiser l’industrie et le commerce européen en cartels et associations commerciales centrés sur le Reich. Les puissants Reichwerke prirent le contrôle de l’industrie lourde dans les pays occupés pour alimenter la machine de guerre allemande.

C’est au nom de l’«Europe nouvelle» que Hitler lança la «croisade antibolchevique». Les Allemands, dit-il, seront «capables de fournir à toute l’Europe sa classe dirigeante ... Les générations qui nous suivront accepteront certainement l’unification de l’Europe que nous sommes en train d’accomplir». Mais l’Europe d’hégémonie germanique conçue par Hitler fut finalement vaincue par les Alliés et par la résistance des peuples occupés. Il faut noter que, parmi des préoccupations plus immédiates, les mouvements de résistance occidentaux élaborèrent pour l’avenir divers projets d’union dont le plus remarquable fut un «Projet de déclaration des résistances européennes» (1944) prévoyant «une union fédérale entre les peuples européens».

3. L’Europe divisée de la Guerre froide

La deuxième Guerre mondiale fut pour l’Europe un désastre à la fois sur le plan politique et économique mais aussi humain et moral. L’Europe n’était plus le centre mondial de la puissance détenue désormais par les deux grands vainqueurs de la guerre, les Etats-Unis et l’URSS bientôt rivaux. En effet, dès 1945, les conférences de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945) permettent aux alliés de régler le sort de l'Allemagne (dénazification, démilitarisation et occupation) et de délimiter les nouvelles zones d'influence en Europe centrale et orientale. Mais ces négociations ont réveillé d'importantes divergences opposant les puissances occidentales (Angleterre, Etats-Unis) et l'URSS en ce qui concerne l'avenir de l'Europe. Pour Staline, l'URSS qui a payé le plus lourd tribut dans la guerre contre l'Allemagne nazi doit avoir un droit de regard sur les régimes politiques qui se mettent en place dans les pays libérés par l'Armée Rouge. Pour les Churchill et Truman, ces régimes doivent êtres nécessairement issus d'élections libres. En 1947, les États-Unis amorcent un changement radical de leur politique en proposant le Plan Marshall destiné à aider la reconstruction de l'Europe et à renforcer ainsi la résistance à la « subversion communiste » (importants mouvements sociaux en Angleterre, en France et en Italie). Ce plan accroît la méfiance soviétique qui dés 1947 installe des régimes dominés par les communistes en Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie. Le « coups de Prague » (1948) marque le début de la Guerre froide. L’Europe à peine libérée du joug nazi est divisée en deux blocs rivaux pendant plus de quatre décennies.

L’une des crises les plus grave de la guerre froide aura pour théâtre le cœur de l’Europe, c’est le blocus de Berlin (1949) qui accentua la division de l'Allemagne en deux entités étatiques hostiles, la R.F.A. et la R.D.A. La division de l'Europe (le rideau de fer dénoncé par Churchill) est consommée avec la constitution de deux alliances antagonistes, l'Alliance Atlantique (Traité de Washington instituant l'OTAN, 1949) et le Pacte de Varsovie (1955), la première dominée par les États-Unis et la seconde par l'URSS.

4. Quelle Europe ?

Quelle Europe ? L’éternel débat toujours recommencé et toujours d’actualité un demi siècle après l’adoption du Traité de Rome.

La question des limites géographiques de l’Europe à construire fait débat. Sur les limites de l’Europe intégrée, des débats opposent dans les années cinquante et soixante les défenseurs de l’achèvement préalable de l’Europe des Six (Allemagne, Benelux, France, Italie) instituée par le Traité de Rome (1957) aux avocats de l’entrée immédiate de la Grande-Bretagne et aux partisans d’une élargie de « l’Atlantique à l’Oural ». Enfin, l’Europe peut-elle être une « troisième force », avec son équipement nucléaire et sa défense propres (thèse du général Beaufre) ou se fier, comme le pense Jean Monnet, à l’armement américain et au partnership atlantique ?

Au lendemain de la guerre, les premières divergences politiques sur la nature politique de l’Europe à construire vont se faire jour. Les partisans de l’unification appartiennent à de nombreux courants idéologiques, socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens. Les fédéralistes favorables à la notion d’ « États-Unis d’Europe » coexistant avec de larges pouvoirs locaux. Certains pensent que la création d’une confédération d’États souverains est une étape nécessaire vers la création d’un gouvernement fédéral. Pour d’autres, l’unification doit commencer par l’intégration économique; une union politique en résultera nécessairement. D’autres encore veulent s’en tenir à une coopération intergouvernementale.

L’idée d’Europe fédérale a deux types d’adversaires. Il y a d’une part les nationalistes favorables au maintien de la souveraineté des États qui refusent toute forme d’intégration et préfèrent une « Union d’États souverains » (le général de Gaulle) fondée essentiellement sur la coopération intergouvernementale. Il y a d’autre part, les marxistes qui posent comme préalable la conquête du pouvoir par le prolétariat (Lénine : «À propos du mot d’ordre des États-Unis d’Europe», 1915, in Œuvres complètes) ou une Europe au service des classes populaires. Les communistes, hantés par l’idée d’une «Europe des trusts», d’une Europe antisoviétique ont combattu les projets d’unification européenne en les accusant de préparer un « bloc occidental » hostile aux États socialistes. En France, cette fracture fut manifeste lors du débat à propos d’une communauté européenne de défense; communistes et gaullistes pourtant divisés sur la plupart des autres points s’y opposèrent conjointement. L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle (1958) allait rendre le problème beaucoup plus complexe.

Mais, la fin de la Guerre froide va donner un nouveau dynamisme à la construction européenne avec la perspective d’élargissement de l’Union aux nations d’Europe centrale et orientale et un renforcement institutionnel annonciateur d’une Europe fédérale souhaitée par les uns et rejetée par les autres. Le débat opposant fédéralistes et souverainiste qui a été particulièrement virulent en France lors du référendum sur l’adhésion au Traité de Maastricht n’est pas clos. L’adoption de la Constitution européenne en 2002 en vue d’une « Union Européenne rénovée » est également l’occasion d’un affrontement entre partisans et adversaires d’une Europe fédérale.

La construction européenne qui résulte du Traité de Rome implique un processus d’intégration progressive par l’économie (Marché commun). Aujourd’hui, avec vingt-cinq Etats membres, l’Union européenne s’impose comme le principal pôle de coopération économique et politique en Europe (Première partie). Mais sur le continent d’autres institutions de coopération économique, politique et militaire ont vu le jour après la Deuxième Guerre mondiale méritent d’être connues. Loin d’avoir l’ambition d’intégration politique et fédérale de l'Union européenne, les autres organisations intergouvernementales comme l’O.C.D.E., le Conseil de l’Europe, l’O.S.C.E. et l’O.T.A.N. sont aussi des acteurs majeurs de la coopération continentale (Deuxième partie).


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A gauche : l'homme des lumières. A droite : l'homme des ombres... Doutez-vous encore qu'il n'y a aucune ressemblance entre ces deux hommes ?

Je n'aurais pas imaginé avoir à faire un article sur un débat qui n'a pour moi aucun sens. Je ne pense pas qu'il est nécessaire de dire de quel côté je suis, sachant que je n'aurais jamais créé un site sur Adolf Hitler. Mais je me rends compte que ce pseudo-débat revient à l'actualité sur certains forums, surtout depuis le séisme politique du premier tour des présidentielles d'avril 2002. Alors je vais à présent vous présenter un point de vue appuyé de faits reconnus et sans vouloir vous faire changer d'avis, vous qui mettez ces deux hommes au même niveau, je vais tenter de vous ouvrir les yeux, mais ceci pour une bonne raison : je n'aime pas plus les mensonges historiques que les critiques incessantes et gratuites, tout blanc ou tout noir avec Napoléon ? Non, je pense qu'il est possible de rétablir une forme de "vérité" à son sujet, et loin de sombrer dans la "Napoléon-mania", je vais tenter de l'ébaucher sans prétention...

Dans les faits, on ne peut différencier Hitler et Napoléon sur leur fonction : c'est vrai, ils ont tous deux été des dirigeants politiques "absolus", en un mot des dictateurs, il n'y a pas à mentir sur ce point, tout simplement parce qu'ils ont pris le pouvoir sans accord préalable et explicite du peuple et qu'ils ont maintenu, dans un aspect général, une politique autoritaire et centralisé sur leur personne, notion que nous nuancerons plus tard ; le comble même est qu'Hitler s'est rendu maître de l'Allemagne en 1933 de manière tout à fait légale, simplement en ayant été nommé Chancelier par les membres du gouvernement de la République de Weimar (pensant faire le bon choix pour l'avoir à l'oeil...), alors que Napoléon a du organisé un Coup d'Etat.

Relativisons bien évidemment les choses : premièrement ce Coup d'Etat s'est fait "dans les règles de l'art" si l'on peut dire, il n'y a eu aucun mort ni blessé. De plus, il était très objectivement nécessaire, le Directoire ayant été sûrement le plus mauvais gouvernement de la France Révolutionnaire. Il suffit de regarder l'état de la France en 1799 juste avant que Napoléon accède à sa tête : une économie totalement détruite, due notamment à la dévaluation incroyable de la monnaie (elle ne valait plus rien) et à la corruption maladive dont souffrait le pays ; une population appauvrie, une armée désorganisée et sous-payée... bref j'en oublie, mais il faut le dire, la France était le pays le plus pauvre d'Europe à ce moment-là. J'entends certaines personnes dirent : "Napoléon le Dictateur s'est emparé du pouvoir par un Coup d'Etat... par la force... contre tous les principes républicains etc." 100 fois oui vous avez raison, mais si lui ne s'était pas présenté, le fait est que le Comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, aurait pu revenir au pouvoir, rétablissant la monarchie, juste 6 ans après l'exécution du Roi et le début de la Terreur ! Ou bien encore, une autre personnalité aurait pu tenter ce Coup d'Etat, comme Murat, Moreau, ... bref d'autres grands militaires de cette époque. Annotons pour clore ce point que la prise de pouvoir de cette manière s'est toujours révélé assez périlleuse, et la sentence terrible en cas d'échec, souvenons-nous que la vie de Napoléon aurait pu se terminer le soir du 10 novembre 1799, il n'y aurait jamais eu d'Empire, un autre gouvernement alors, aurait-il été mieux ? Comment le savoir ?...

Mais pourquoi met-on alors en rapport ces deux hommes ? Tout simplement à cause des affrontements incessants qui ont secouées l'Europe de 1800 à 1815 et de 1939 à 1945. Les mettre en rapport signifie aussi qu'on les rend directement responsable de ces guerres, et par delà même des innombrables morts ; ce qui, à mon avis, est une erreur dans le cas de Napoléon. Hitler n'a fondé son IIIème Reich que sur une politique d'expansion directe, disons-le coloniale, sur l'Europe principalement et dans le monde, en vertu d'une soi-disant domination de la "race" allemande sur les autres peuples. Napoléon aurait-il donc lui aussi pratiqué une politique d'annexion sur le seul fondement d'une hégémonie de la "race" française ? Peut-être plus sur les idées révolutionnaires bienfaitrices qui accompagnaient ces annexions. Oui, Napoléon a constitué un Empire, mais il n'y a vraiment pas eu la même démarche dans les deux cas. Je m'explique...

L'Histoire nous apprend la différence capitale qui existe entre un militaire et un "politicien", l'un est passé maître dans l'art de la guerre, l'autre dans l'art de la gouvernance, mais celui qui déclarera la guerre ne sera pas des deux celui qu'on croit : par exemple, Louis XIV le politicien-roi souhaitait voir son pouvoir s'agrandir, donc il déclarait la guerre et projetait les conquêtes, les chefs militaires de cet époque, comme Turenne, devaient gagner les batailles. On retrouve ce schéma partout, et Hitler est aussi un exemple probant : le Führer donnait les ordres de conquête, les maréchaux allemands s'exécutaient sur le terrain. Schématiquement, un militaire, ce qui paraît incroyable, ne rêvera jamais d'une conquête européenne ou mondiale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il sait mieux que personne les sacrifices encourues et surtout les difficultés qu'il existe pour garder les conquêtes effectuées. Un Roi ou un dirigeant politique quelconque ne se préoccupe pas de ce genre de détails, seul la gloire et le prestige compte.

Napoléon, et c'est là la difficulté de la réflexion, combine les deux fonctions : il est tout aussi présent militairement que politiquement, chose rare dans l'Histoire. Mais comment alors, suivant notre résonnement, s'est-il constitué un Empire alors qu'il n'est "qu'un simple militaire" de formation ? Examinons la situation de l'Europe pendant l'ère napoléonienne. Tout autour de la "Jeune France" révolutionnaire se dresse la "Vieille Europe" monarchique et/où impériale : l'Empire Austro-hongrois, l'Empire de Russie, le Royaume d'Angleterre, le Royaume de Prusse, celui d'Espagne, de Suède, etc. Tous ces pays ont suivis avec peur les événements de 1789 en France et ont tâché "d'étouffer" ces idées trop dangereuses pour la survie des Cours royales. Ainsi, l'Europe a déclaré la guerre à la France en 1792 ! Ainsi, quand Napoléon arrive au pouvoir, cela fait déjà 8 ans que l'Europe est à feu et à sang ; ceci beaucoup de gens l'ignorent ou font fi de l'ignorer. Ils occultent également le fait que le Consul Bonaparte, en 1802, a signé la paix d'Amiens, scellant justement ces dix années de guerre, devant instaurer l'harmonie entre les peuples ; hélas, elle fut de courte durée : l'Angleterre, ne pouvant décidément pas supporté une quelconque hégémonie française, annula ce traité en envahissant Malte, toute récente possession française...



Le même schéma se reproduira durant toute la période impériale : les ennemis de la France lèvent une armée, la déplacent envers et contre les traités établis, et somment Napoléon de dissoudre l'Empire en ramenant les frontières à celles de 1789. L'Empereur, bien évidemment, refuse. Il n'y a alors qu'une seule solution pour lui si il veut conserver son pouvoir : il doit détruire en totalité l'armée adverse pour obliger l'ennemi à signer une nouvelle paix. Vous l'aurez remarqué, c'est un énorme cercle vicieux ! D'autant que les pays vaincus perdaient à chaque fois des parcelles de territoires ou bien étaient imposé financièrement, mais ils n'étaient jamais annexés complètement, comme pour la Seconde Guerre Mondiale, où l'Allemagne nazie s'emparait bel et bien des pays et l'incorporait totalement à leur Reich... Finalement on peut conclure, avec une certaine audace, que ce qui a fait perdre Napoléon dans son ensemble, c'est de ne pas avoir été assez dur avec l'ennemi et de l'avoir laissé à chaque fois " se refaire une santé" ! Nous allons relativiser tout cela dans une seconde partie.



Bien que je sois un admirateur de l'Empereur et de son oeuvre, comme vous l'aurez remarqué dans notre site qui lui est tout de même dédié, je pense être assez juste avec lui, et cette deuxième partie servira à prouver aux mauvaises langues que nous ne sommes pas des fanatisés et des mystificateurs ! Nous allons énoncer ici les erreurs majeurs de Napoléon et ses plus grands défauts qui ont causé tant de malheurs...



La principale erreur de Napoléon fut peut-être de penser qu'il pouvait tout faire... Qu'il était supérieur en tout point aux autres hommes, que lui seul voyait les choses correctement, et que seul sa vision était la bonne. Sans doute n'avait-il pas totalement tort, du moins on ne peut nier que c'était un homme hors du commun par sa vivacité d'esprit, son charisme, son savoir, sa rapide adaptation à toutes situations et à tous types de fonctions. Il n'a malheureusement pas été visionnaire sur un point : penser une seule seconde que les autres hommes et peuples pouvaient ne pas penser comme lui. L'exemple probant concerne l'Espagne : passé l'idée toujours sous-jacente de dominer l'Europe et d'y asseoir sa famille et son nom, Napoléon souhaitait vraiment offrir à ce pays la chance de se moderniser et de sortir de cette sorte de mutisme total, mais les espagnols ne l'ont pas vu comme cela et n'ont pas du tout apprécié cette intrusion française sur leurs terres, malgré les intentions à la limite louables de l'Empereur (qui fut soutenu par quelques politiciens espagnols de l'époque d'ailleurs). En bref, il aurait fallu parfois arrêter de penser pour soi-même.



Un autre trait caractéristique bien connu, nous venons de l'évoquer, cet élan de domination sur l'Europe, sans en avoir vraiment conçu la conquête, mais, en ne l'ayant pas franchement empêché non plus... Après Austerlitz, l'Empereur a vraiment cru pour de bon que rien ni personne ne pouvait l'abattre, qu'il était immortel, tel un dieu vivant, protégé par sa bonne étoile qui ne l'avait pas quitté depuis la campagne d'Italie et qui, visiblement, ne le quitterait jamais. Comment ne pas se sentir invincible quand vous êtes le maître ? Sans doute Napoléon, après les avoir tant haïs, devint lui-même un Roi comme la France en avait connu quelques siècles plus tôt. Oui, voila, Napoléon était devenu à la fin de son règne un Roi républicain...



Autre remarque propre à Napoléon, son sens de la mystification historique ; jamais un homme ne s'était autant soucié de son image et de la vision de sa personne qu'il allait laisser derrière lui. Son premier acte sera de mentir sur son âge à l'administration militaire, ce qui fut quand même un peu osé, peut-être dans le but de passer pour un petit génie, un doué de nature, une sorte de petit Mozart de la guerre ! Pas extrêmement grave me direz-vous, vous avez raison. Devenu général victorieux en Italie, Bonaparte s'est occupé autant de sa campagne que de lui-même, en créant par exemple un Journal de l'Armée d'Italie où les estampes, gravures et autres poèmes servirent à embellir cette nouvelle épopée menée par lui : c'est aussi dans ces récits qu'il nous livre sa version du Pont d'Arcole "franchit victorieusement", en réalité il tomba dans le fleuve presque à la moitié, et sans ses fidèles grenadiers venus pour le sauver, il n'y aurait certainement pas eu d'Empire... Passe encore ! Mais quand Bonaparte, en tant que Premier Consul, a accusé injustement et obtenu l'arrestation des meneurs jacobins de l'époque après l'attentat de la Rue Saint-Nicaise dont il avait été la victime, c'est un peu de trop ! Parfaitement informé des véritables auteurs de cet attentat, à savoir les royalistes, il avait malgré tout désigné ces bourreaux : les Jacobins ! S'ensuivit une terrible répression totalement injuste... Les exemples ne manquent pas, ils peuvent faire sourire, certains malgré tout font frémir.



Pour conclure, je citerais toutes les grandes erreurs concrètes de Napoléon : l'exécution du duc d'Enghien, énorme erreur politique qui, même si elle a hâté l'avènement de l'Empire, a brouillé définitivement le futur-empereur avec les royalistes qui, à terme, auraient peut-être rallié son régime ; le Sacre également, proprement ridicule, a décrédibilisé son image de héros de la Révolution et de républicain convaincu, jusque dans sa propre armée ; le Blocus continental, pour affaiblir l'Angleterre économiquement, a affaibli aussi, comble de malchance, la France ; la campagne d'Espagne, quelque peu inutile dans son idée, qui a fait mourir les meilleurs soldats de l'Empire et surtout des centaines de milliers de civils ; la campagne de Russie, pour les mêmes raisons que précédemment ; s'ensuivit aussi l'idée pour l'Empereur que la situation pouvait être rattrapée après la retraite, ce qui a entraîné l'entêtement en Allemagne et en France ; etc. etc., ...

http://napoleonbonaparte.pagesperso-orange.fr/napoleon-hitler.htm

ARTICLES

Napoléon : pour ou contre l'Europe ? (Article de DUFRAISSE Roger )



Informations

http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/Napoleon_pour_contre_Europe.asp

Bibliographie sommaire






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Les gens qui s'intéressent à l'histoire de l'idée ou de la construction européenne ne manquent jamais d'évoquer Charlemagne, Napoléon ou Hitler. Pour eux, l'époque de Charlemagne est celle où, en Europe, une unité politique a pratiquement coïncidé avec la zone d'influence de l'Église romaine et il est exact que, durant tout le reste du Moyen-Âge, le rêve a persisté d'unifier l'Europe soit sous la direction du Pape, soit sous la direction de l'Empereur, chef du Saint-Empire romain germanique, héritier de Charlemagne. L'apparition au XVe siècle, d'États modernes solidement constitués, puis la Réforme au XVe siècle ont détruit les perspectives d'unité par la religion. L'idée européenne a alors pris, jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale trois formes principales dont l'une : celle d'une Europe volontairement unifiée n'a jamais dépassé le stade des rêves, les deux autres ayant été celle de l'équilibre ou du concert européen, admettant l'indépendance des États, surtout des plus grands, garantie par l'observation du droit des gens et de règles politiques et diplomatiques traditionnelles, et, enfin, l'Europe unifiée par la conquête, résultat des entreprises fort différentes de Napoléon et d'Hitler. À propos de Napoléon et de l'Europe, l'on est conduit à se poser plusieurs questions auxquelles l'on va répondre de façon brutale avant de développer les arguments permettant d'apporter ces réponses. Première question : connaissons-nous bien les idées napoléoniennes en matière d'organisation de l'Europe ?

La réponse est non. Deuxième question : devons-nous conclure de cette constatation que Napoléon n'a eu aucune idée sur l'Europe ?

La réponse est évidemment non. Troisième question : Napoléon a-t-il sacrifié les intérêts français à ceux de l'Europe ?

La réponse est encore non. Quatrième question : Metternich a-t-il eu raison de dire en 1809 que Napoléon « était le souverain de l'Europe » ? Réponse oui, car il y a bien eu une Europe modelée, certes de façon éphémère, mais modelée tout de même par Napoléon.

Dernière question : faut-il d'un point de vue européen condamner tous les aspects de la politique napoléonienne ? La réponse est non.

Les intentions de Napoléon en matière d'organisation européenne sont mal connues. En effet les historiens se sont laissés abuser par les propos tenus par l'Empereur sur l'Europe, sans apparemment s'apercevoir qu'ils avaient tous la particularité de l'avoir été après l'échec de Russie. Dans le traîneau qui le conduisait sur la route de Varsovie alors qu'il avait dû abandonner Moscou en flammes, il déclare à Caulaincourt que toutes les mesures qu'il avait dû prendre, pour lutter contre l'Angleterre, en apparence dommageables à l'économie des États du continent, n'avaient eu qu'un seul but, créer sur celui-ci « une industrie qui l'affranchît de celle de l'Angleterre et qui fût, par conséquent, sa rivale ». Et l'Empereur, d'ajouter que c'était une entreprise que lui seul pouvait exécuter. Au retour de l'île d'Elbe, dans le préambule à l'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire, il fera, le 22 avril 1815, profession de foi européenne, en évoquant ce qu'il avait voulu faire sous le Consulat et l'Empire « Nous avions alors pour but d'organiser un grand système fédératif européen que nous avions adopté comme conforme à l'esprit du siècle et favorable aux progrès de la civilisation ». À Sainte-Hélène il a, après coup, exposé le plan qui aurait été le sien à l'époque de ses succès. Le 24 août 1816, déplorant son rêve effondré d'une paix, dictée dans Moscou, qui eût « terminé ses opérations de guerre », il ajoutait : « le système européen se trouvait fondé ?

Il n'était plus question que de l'organiser... je devenais l'arche de l'ancienne et de la nouvelle alliance, le médiateur naturel entre l'ancien et le nouvel ordre de choses ». Selon Las Cases, il passa ensuite en revue « ce qu'il eût proposé pour la prospérité, les intérêts et le bien-être de l'association européenne ». Il eût voulu « les mêmes principes, le même système partout... une même monnaie sous des cours différents, les mêmes poids et mesures, les mêmes lois, etc. ». « L'Europe, disait-il, n'eût bientôt fait de la sorte, véritablement, qu'un même peuple et chacun, en voyageant partout se fût toujours trouvé dans la patrie commune ». Le 11 novembre 1816, il ajoute qu'il aurait voulu réaliser l'unité des Allemands, celle des Italiens et, ensuite, unifier la grande famille européenne, réaliser les États-Unis d'Europe ». « C'est dans cet état de choses qu'on eût trouvé plus de chance d'amener partout l'unité des codes, celle des principes, des opinions, des sentiments, des vues et des intérêts. Alors peut-être à la faveur des lumières universellement répandues, devenait-il permis de rêver, pour la grande famille européenne, l'application du congrès américain, ou celle des Amphictyons de la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de jouissance, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! ». On remarquera l'importance que Napoléon accorde aux problèmes économiques.

Il donne pour mobile à la politique qui l'a conduit au désastre le but, en apparence désintéressé, du développement industriel du continent, permettant à celui-ci de tenir tête à l'impérialisme économique britannique. À Sainte-Hélène, sans cacher qu'il avait voulu faire jouer à la France un rôle hégémonique, il répètera qu'il a cherché à associer les Européens pour assurer leur prospérité et le succès de leurs intérêts. On remarquera que les seules institutions économiques communes à toute l'Europe auxquelles, selon lui, il aurait pensé, se bornent à un système unique des poids et mesures, à une parité fixe entre les différentes monnaies et aux mêmes lois pour réglementer le commerce et l'industrie.

Il n'est absolument pas question d'une union douanière. C'est dire que, dans ces intentions, exposées après coup il faut le répéter, l'intégration économique demeurait quelque chose de vague ne devant pas être poussée très loin.

Il en était de même de l'intégration politique et de l'intégration militaire car il ne vint jamais à l'idée de Napoléon, dans quelque domaine que ce soit, d'installer des institutions supranationales.

Heureusement, l'on possède, d'autres témoignages plus probants desquels on peut déduire les idées du Premier Consul et de l'Empereur : ce sont ceux que l'on peut extraire de sa correspondance, des lois et décrets qu'il a promulgués, des instructions qu'il a données à ses ministres et à ses hauts fonctionnaires, ce sont ceux aussi des hommes de plume à ses ordres. Avec ces documents, l'on sort des intentions exprimées a posteriori, pour passer à la pratique politique et c'est à travers les actes de Napoléon que l'on peut tenter de saisir les intentions qu'ils traduisaient, donc ce que leur auteur attendait de l'Europe et ce qu'il voulait pour elle. Mais avant de poursuivre plus avant dans cette voie, et de tenter d'expliquer les réponses apportées aux deuxième et troisième questions posées tout à l'heure il faut ouvrir une parenthèse et parler de l'héritage reçu par le Premier Consul. Dans l'héritage qu'il a reçu le dix-neuf Brumaire, Napoléon a trouvé une guerre inexpiable déclenchée en 1792, entre deux principes, la Révolution dont la France s'est faite le champion, l'Ancien Régime défendu par les puissances coalisées contre elle. Depuis les traités de Westphalie de 1648, l'Europe courait après la paix, pourtant elle croyait avoir découvert le moyen de la maintenir, grâce à la pratique de l'équilibre européen, ce grand fondement du système diplomatique de l'Ancien Régime qui pouvait être défini comme la pratique politique qui interdisait aux grands États d'acquérir une prépondérance menaçante pour les États secondaires et qui sanctionnait cette interdiction par des coalitions aux contours sans cesse changeants. Son ambition était de chercher à garantir la paix au moyen d'une égalité de forces entre les puissances capables de déchaîner la guerre. Cet équilibre européen ne fut souvent que le résultat des intrigues des diplomates. C'est pourquoi, sans doute, il était demeuré fragile, instable, ne tenant que par des combinaisons trop artificielles pour résister à tous les coups de force.

La Révolution devait mettre à mal l'équilibre européen inventé par les diplomates de l'Ancien régime pour maintenir tant bien que mal la paix en Europe ; elle devait être à l'origine de tous les nationalismes qui allaient pour longtemps rendre impossible la tâche de ceux qui voulaient construire une Europe unie de son plein gré. Surtout, en substituant aux guerres de mercenaires, jeux de princes, la guerre patriotique, la nation en armes, la mobilisation de toutes les forces économiques, intellectuelles, morales aussi bien que militaires, la Révolution avait créé le prototype du conflit total engageant les nations corps et âme dans la lutte, annonçant ainsi les antagonismes des XIXe et XXe siècles. Par ses excès, la politique de la Révolution française devait provoquer de vives réactions parmi les populations des pays occupés. Des soulèvements sanglants annonçant ceux de l'Espagne, du Tyrol, de l'Italie du Sud sous Napoléon, se produisirent en Italie, dans les cantons suisses en 1798, en Belgique en 1799. De la Révolution et en particulier du Directoire, Napoléon hérita aussi d'un certain nombre de conceptions et de pratiques qu'il devait mettre en pratique dès son arrivée au pouvoir, ce qui après cette parenthèse va conduire à expliquer les réponses données à la deuxième et à la troisième questions posées tout à l'heure et qu'il faut rappeler maintenant : oui, Napoléon a bien eu des idées sur l'organisation de l'Europe, non il n'a jamais songé à sacrifier les intérêts de la France à ceux de l'Europe.

Vis-à-vis de l'Europe, la politique complexe de Napoléon a été largement inspirée par ce que, lui-même, les contemporains et, après eux, les historiens, ont appelé le système continental dont, il faut l'avouer, les uns et les autres se sont bien gardés de donner une définition précise. Dans une très large mesure, c'est une conception héritée du Directoire qu'il a perfectionnée. Déjà le Directoire avait compris que le conflit qui opposait la France de la Révolution aux puissances d'Ancien Régime était autant une guerre d'intérêts qu'une guerre idéologique. Déjà le Directoire avait, pour assurer la sécurité de la France, tenté de l'entourer d'États, à qui l'on a donné le nom de « républiques surs », dont l'organisation politique et sociale était calquée sur celle de la République française et sur lesquels elle exerçait une sorte de suzeraineté, notamment en dirigeant leur politique extérieure. Le Directoire s'était aussi fait le défenseur des intérêts de tous ceux qui, en France, rêvaient d'en découdre avec l'Angleterre pour la domination économique du vieux continent. C'est ainsi que l'annexion de la rive gauche du Rhin fut alors souhaitée, indépendamment de toutes les questions de sécurité, parce que cela devait favoriser l'industrie et le commerce français et permettre de mieux assurer la domination économique de la France sur l'Europe centrale. Ce souci d'accroître la puissance économique de la France avait entraîné le Directoire, tout en poursuivant l'exploitation des pays occupés, à arracher des concessions économiques aux pays vaincus contraints de signer la paix. C'est ainsi que les traités de paix signés en 1796 avec le Wurtemberg et le Bade leur imposèrent d'accepter le libre transit des marchandises françaises à travers leur territoire, ainsi que l'application à la France, sans réciprocité, de la clause de la nation la plus favorisée. Enfin le Directoire avait promulgué la loi douanière du 10 brumaire an V, autrement dit du 31 octobre 1796 ­p; cette loi au nom de laquelle furent, sous le Consulat et l'Empire, jugées la plupart des affaires de contrebande ­p; loi qui prévoyait la prohibition de tous les produits du commerce et de l'industrie britanniques. Mais l'article 5 de la loi qui lui donnait toute son importance, élargissait presqu'à l'infini la notion de « marchandise anglaise » : « sont réputés provenir des fabriques anglaises, quelle qu'en soit l'origine, les objets ci-après importés de l'étranger... ». Suivait une longue liste de produits qui n'épargnait que les matières premières nécessaires à l'industrie française et les toiles de lin ou de chanvre que la France produisait en abondance ; « Quelle qu'en soit l'origine », la précision était redoutable car tous les produits étrangers étaient considérés comme des produits britanniques, même ceux originaires des pays neutres, même ceux qui provenaient des pays alliés de la France. Le Directoire avait donc inauguré une politique, à laquelle Napoléon apportera l'efficacité qui lui manquait, politique tendant à favoriser l'industrie française, d'une part en la protégeant de toute concurrence étrangère, de l'autre, en lui assurant des débouchés dans les pays occupés, neutres ou vaincus. La politique de Napoléon en Europe a été, on doit le répéter, largement inspirée parce que l'on a pris l'habitude de désigner sous le nom de système continental que, comme l'avaient fait les contemporains, les historiens ont confondu souvent avec le Blocus continental. Il faut le définir comme une conception napoléonienne de l'organisation politique, institutionnelle, sociale et économique, non pas de l'Europe, mais des différents États qui la composaient. Dès le début, Napoléon a pensé que la tranquilité de la France ne serait assurée que si disparaissait, en Europe, l'antagonisme entre la Révolution et l'Ancien Régime. À cet effet, il a voulu établir entre la France et les puissances continentales, un glacis de pays alliés, tout en souhaitant que chaque État du continent transformât profondément, en particulier par le moyen du Code civil, ses institutions politiques et sociales, ses murs, sa civilisation, sur le modèle de la France napoléonienne, c'est-à-dire de la France issue de la Révolution. Donc deux aspects dans le système continental : assurer la sécurité de la France, transformer les États européens selon le modèle français, dans le but d'assurer la paix sur le continent.

Il serait tout à fait faux de croire que Napoléon a cherché, systématiquement, à unifier l'Europe en répandant les bienfaits de la Révolution française du Guadalquivir à la Moskowa, il est tout aussi inexact de penser qu'il aurait pu le faire mais ne l'a pas voulu. En effet le système continental n'était pas, à proprement parler, un programme d'organisation de l'Europe, mais bien plutôt un souhait de modernisation de chacun des États qui la composaient, une modernisation dans laquelle la France aurait joué le rôle de modèle. Napoléon pensait que la prépondérance et le prestige qu'elle avait acquis grâce au succès de ses armées, convaincraient les autres puissances de la supériorité de son système institutionnel, de son organisation sociale et feraient naître chez elles le souci de se moderniser. Il faut insister sur les termes de modernisation, de modernité, car dans les régions où la domination napoléonienne a été contestée par les armes, c'est-à-dire pratiquement durant toute la période en Italie du sud et, à partir de 1808 en Espagne, comme dans le Tyrol en 1809, on a vu, certes, intervenir le sentiment national, mais aussi le refus de la modernisation. Napoléon voulait donc convaincre les autres États de la nécessité de se moderniser, malheureusement, dès le départ, le système continental fut miné, de l'intérieur, par le fait que Napoléon ne concevait sa politique européenne qu'en fonction des intérêts de la France et cela même durant la brève période de paix qui a suivi, en 1802, la signature du traité d'Amiens avec l'Angleterre. Il en a été de même avec le retour de la guerre. Par sa durée, son âpreté, elle va pousser Napoléon à soumettre toujours plus étroitement l'Europe à l'hégémonie politique et économique de la France, politique qui devait dresser contre elle les peuples asservis. Enfin son acharnement à défendre les intérêts égoïstes de la France est responsable de l'échec du Blocus continental, c'est-à-dire de la tentative de constituer d'un front économique européen dans le but de lutter contre l'impérialisme économique de la Grande-Bretagne, politique dont bien des Européens, en particulier en Allemagne, approuvaient le principe. C'est le Blocus continental qui lui a permis d'esquisser, plus que de réaliser, une union économique du continent européen, certes dirigée contre l'Angleterre, mais destinée, avant tout, à jouer en faveur de l'économie française. À cause de cette ambiguïté, Napoléon devait décevoir bon nombre d'Européens et sa politique allait finalement échouer. En regardant les choses d'un peu près l'on s'aperçoit que Napoléon, avant même la reprise de la guerre en 1803, s'est refusé à sacrifier les intérêts français à ceux d'autres États avec qui il souhaitait vivre en paix mais, comme l'a écrit Marcel Dunan, « peut-être à agir en Européen se fût-il heurté à une opposition française irréductible » ?

En effet l'on ne peut qu'être frappé de l'âpreté avec laquelle Napoléon défend les intérêts français. Quelques semaines après Iéna, Jomini, attaché à son état-major installé alors à Berlin, entreprit d'exposer à l'Empereur sa conception d'un système fédératif européen où tout aurait été commun « les efforts, les sacrifices, les récompenses » ; il s'attira cette sèche réplique : « je vous connaissais bien comme un bon militaire, mais je ne savais pas que vous fussiez mauvais diplomate ». On s'aperçoit, en effet, que dans tous les domaines, militaire, politique, diplomatique, économique, Napoléon entendait subordonner étroitement les autres pays, aux intérêts français. Dans le domaine économique, par exemple, l'on possède de nombreux témoignages qui concordent pour montrer que Napoléon a toujours placé les intérêts de la France avant ceux des autres États européens, fussent-ils ses alliés et, à plus forte raison, neutres ou ennemis. C'est ainsi, que lors des négociations engagées après la paix de Lunéville, avec les princes allemands de la rive droite, en vue de réglementer la navigation du Rhin, Bonaparte selon le mot de Chaptal, « manifesta son intention bien arrêtée de ne sacrifier aucune des villes de la rive gauche en faveur de la rive droite ». Il faut dire que les villes de la rive gauche du Rhin étaient devenues françaises. Ainsi peut-on expliquer que la France, grâce aux privilèges accordés aux ports de Cologne et de Mayence ainsi qu'à leurs bateliers, ait pu exercer un quasi monopole sur la grande navigation rhénane et tirer plus d'avantages que les États allemands riverains de la nouvelle réglementation. Il faut un peu insister sur ce point précis car c'est à ce propos que fut créée une autorité internationale, l'Octroi de Navigation du Rhin qui fonctionna de 1804 à 1831 et fut la seule organisation internationale mise sur pied à l'époque napoléonienne. La politique suivie par le Premier Consul en cette affaire montrait clairement que son intention, en toute circonstance, était de bien servir, d'abord, les intérêts français. Que Napoléon ait toujours été guidé par ce souci, apparaît également, par exemple, dans les admonestations qu'il envoie au prince Eugène, vice-roi d'Italie et à Murat, roi de Naples. Au premier, il écrit, le 23 août 1810 : « Mon principe est la France avant tout... Prenez donc aussi pour devise la France avant tout... ». Suivait un long développement de cette idée présenté sur un ton particulièrement vif. Il faut rappeler, à ce propos, que Napoléon était également roi d'Italie et que les rapports existants entre Paris et Milan étaient à peu près de la même nature que ceux établis entre l'Angleterre et l'Irlande au sein de la Grande-Bretagne par l'Acte d'Union de 1800. À peu près à la même époque, il devait rappeler au roi Murat : « Souvenez-vous que je ne vous ai fait roi que pour mon système ». Napoléon ne pouvait dire plus clairement que l'organisation qu'il avait donnée à l'Italie n'avait d'autre but que de servir les intérêts français.

Ce qui était vrai pour l'Italie l'était également pour d'autres régions de l'Europe. On s'aperçoit, notamment qu'il a toujours rêvé d'y étendre les débouchés de l'industrie française. Dans un rapport qui lui est adressé en juillet 1804, on peut lire : « ... On peut espérer et se flatter même que pour peu que les circonstances la favorisent, elle il s'agit de l'industrie française, étendra un jour ses débouchés au dehors et deviendra la branche la plus solide et la plus féconde du commerce national ». Il ressort de ce document que l'industrie française doit avoir le monopole du marché, non seulement en France, mais sur tout le continent européen. Montgaillard, un des conseillers de l'Empereur, un de ceux qui inspirèrent le décret de Berlin de novembre 1806 qui établissait le Blocus continental, Montgaillard donc, précisait que la victoire de la France sur l'Angleterre serait accompagnée de la substitution de son hégémonie économique à celle de sa rivale. Quelques mois plus tôt, au moment où Napoléon mettait sur pied la Confédération du Rhin, ce même Montgaillard avait écrit : que « les princes et les États de l'Allemagne devaient être les colonies continentales de l'Empire », c'est-à-dire comme celles d'outre-mer, des territoires d'où la France pourrait tirer des subsistances et des matières premières et où elle placerait les produits de son industrie. Quand on sait que, jusqu'alors, les relations entre colonies et métropole avaient toujours, ou presque, étaient organisées selon les principes de ce que l'on appelait le Pacte colonial ou l'Exclusif, faisant de chaque territoire d'outre-mer une chasse gardée pour sa métropole, on peut imaginer facilement ce que signifiait, appliquée aux États allemands, l'expression « colonies continentales de l'Empire ». Encore une citation et un exemple, consacrés à l'Allemagne : peu après l'annexion à l'Empire, à la fin de 1810, des territoires allemands des rivages de la mer du Nord, Napoléon exige que tout le commerce qui se faisait par voie de terre entre les ports hanséatiques de Brême, Hambourg et Lubeck, désormais français, se fasse, « par la route de Wesel » c'est-à-dire à travers des pays qui sont tous en son pouvoir et abandonne, « la route de l'Allemagne », c'est-à-dire traversant des pays germaniques qui avaient conservé une ombre d'indépendance. Des citations et des exemples de ce genre sont, parce qu'ils s'appuient sur des faits et non sur des paroles, bien plus révélateurs des intentions de Napoléon à l'égard de l'Europe, que les propos tenus à Caulaincourt ou à Las Cases évoqués au début de cette étude. Cette présentation, à grands traits, des principes qui ont guidé la politique de Napoléon vis-à-vis des autres États européens, conduit à la quatrième question posée au début : y a-t-il eu ou non une Europe napoléonienne ? La réponse est oui, à condition de préciser que, sur le terrain, il y en eut en réalité deux : celle du système continental, celle du Blocus continental. Celle du système continental fut celle où la domination napoléonienne s'exerça le plus fortement. C'est celle qui devait assurer la sécurité militaire de la France en constituant, au-delà de ses frontières, un glacis d'États alliés destinés à en éloigner les bases de départ des armées des trois grandes puissances continentales d'Ancien Régime : l'Autriche, la Prusse et la Russie. L'Europe du système continental c'était aussi celle dans laquelle Napoléon pouvait puiser des soldats, celle dont il entendait assujettir étroitement l'économie à l'économie française, c'était également celle dont il attendait qu'elle se modernisât sur le modèle de la France. Cette Europe du système continental comprenait l'Empire français proprement dit, les États du système familial, la Confédération suisse, la Confédération du Rhin, le grand-duché de Varsovie.

Dans cette Europe du système continental, les impulsions venaient de l'Empire français, démesurément étendu puisqu'en 1811, l'on pourra parler de l'Empire des 130 départements, expression inexacte, car l'Empire finira par en compter 134, auxquels s'ajouteront les six intendances civiles des Provinces Illyriennes. L'extention du territoire français se fit en plusieurs étapes. Toutes ces acquisitions, dont une bonne partie se firent aux dépens de pays alliés de la France, eurent pour but, les unes d'assurer sa sécurité militaire, les autres, de rendre plus efficace la lutte contre le commerce britannique. Seules les annexions exécutées dans le but d'assurer la sécurité militaire de la France relevaient du système continental, les autres visant à interdire l'Europe aux marchandises, du Blocus continental, toutes aboutirent à accroître l'influence politique et économique de la France en Europe. Sous le Consulat, les traités qui, l'un après l'autre, devaient ramener la paix sur le continent, se traduisirent par des acquisitions de territoires. La plus spectaculaire de celles-ci fut l'incorporation, à la France, de toute la rive gauche du Rhin, consécutive à la paix de Lunéville signée le 9 février, non seulement avec l'Autriche, mais aussi avec le Saint-Empire romain germanique. Il faudrait aussi parler du traité signé avec le royaume de Naples le 29 mai 1801 qui cédait à la France, l'île d'Elbe, la principauté de Piombino, et, sur le littoral de Toscane, des ports appelés les présides de Toscane. Bien entendu, ces annexions se firent sans consultation des populations en contradiction avec le principe de libre-disposition des peuples que la Révolution française avait un instant proclamé. Il y eut aussi, en pleine paix, des annexions et la pose de jalons en vue d'annexions futures, dictées par des raisons stratégiques et économiques. Le souci stratégique apparaît nettement lorsque le Premier Consul entreprend de s'assurer les cols des Alpes, de manière à permettre aux troupes françaises de converger rapidement vers Alexandrie, Turin et Milan. À cet effet, le 28 août 1802, le canton du Valais fut détaché de la République helvétique et les armées françaises obtinrent le droit de passage permanent dans la haute vallée du Rhône, avec l'accès aux cols du Grand Saint-Bernard et du Simplon et ; le 11 septembre, fut officialisée l'annexion du Piémont, jusqu'alors occupé militairement. De même, en prenant possession, à la fin de 1802, du duché de Parme et de la ville de Plaisance qui, pourtant ne seront officiellement annexées qu'en 1808, Bonaparte n'avait pas perdu de vue l'importance stratégique de Parme qui commandait le principal pont sur le Pô et les passages de l'Apennin vers l'Italie centrale. Toutes ses annexions dictées par des motifs d'ordre stratégique montrent bien que Napoléon a toujours voulu assurer la sécurité de la France fût-ce aux dépens de l'indépendance d'autres peuples.

L'Empire fut aussi agrandi à la suite d'annexions dictées par des raisons économiques, comprenons par là le souci d'exclure les marchandises anglaises du continent européen et, si possible de les remplacer par des marchandises françaises. Dans ce cas, encore, il y eut des annexions prononcées alors que la paix régnait encore sur le continent. C'est ainsi que la République ligurienne fut annexée à l'Empire le 6 juin 1805, bien que, dès juin 1803, le Sénat de Gênes ait proscrit les marchandises anglaises. À partir de 1806, le Blocus continental va entraîner l'annexion de territoires parce que Napoléon était mécontent de la manière dont il y était appliqué. Ainsi, les États du Pape furent-ils annexés à l'Empire en 1808. En 1810, pour fermer le littoral de l'Adriatique aux produits anglais, furent créées et annexées les Provinces Illyriennes, constituées de territoires cédés par l'Autriche à la paix de Presbourg de décembre 1805 et à la paix de Vienne en 1809, auxquels vint s'ajouter la République de Raguse, annexée en 1808. L'année 1810, fut, en pleine paix continentale, celle des grandes annexions, toutes aux dépens de pays neutres ou de pays alliés de la France. En deux fois, le 16 mars et le 9 juillet 1810, absorption du royaume de Hollande ce qui signifie que Napoléon n'a pas hésité à détrôner un de ses frères, à faire disparaître son État. Le 13 décembre 1810, sont annexées les villes hanséatiques, territoires neutres, une partie du grand-duché de Berg, dont le véritable souverain est alors Napoléon lui-même, et cinq États allemands indépendants mais alliés de la France. En novembre, le Valais déjà occupé militairement est annexé à son tour. La deuxième annexion sera celle de la Catalogne, enlevée à Joseph, roi d'Espagne, le 26 janvier 1812. On le voit, aucun État neutre ou allié, fût-il aux mains d'un membre de la famille n'était à l'abri d'une annexion. C'est dans les pays annexés à la France que l'uvre de modernisation entreprise par Napoléon a été menée le plus loin, c'est là que le système continental a connu sa plus parfaite application, parfois même avec une rapidité étonnante, ainsi dans les départements de l'Allemagne du nord de 1811 à 1813. Le régime français a toujours été appliqué intégralement à chaque territoire dès son annexion, même s'il a fallu parfois ménager des transitions, pour tenir compte de conditions économiques ou sociales assez différentes de la France où la Révolution avait déjà passé. Lorsqu'en 1814, les pays annexés depuis 1801, furent enlevés à la France, les nouveaux maîtres conservèrent, le plus souvent, dans les réformes qui avaient accompagné la domination française, celles auxquelles les habitants tenaient le plus, le Code civil, l'abolition de l'Ancien Régime, avec l'introduction de l'égalité civile, la suppression de la dîme, la fin du régime féodal, l'instauration de la liberté d'entreprise, la vente des biens d'Église, l'organisation judiciaire, le système représentatif, au moins pour les communes et les assemblées locales.

Au-delà de l'Empire proprement dit, l'Europe du système continental, comprenait ce que l'on peut appeler les États du système familial, et les pays liés à la France par des conventions internationales : la Confédération suisse, la Confédération du Rhin. Tous ces États avaient en commun d'être étroitement soumis à la France. Napoléon installa ainsi, sur des trônes, dans l'ordre chronologique : son beau-fils Eugène de Beauharnais comme vice-roi d'Italie, sa sur Elisa comme princesse de Lucques et Piombino, son frère Louis comme roi de Hollande, son beau-frère Murat, comme grand-duc de Berg puis comme roi de Naples, Joseph comme roi de Naples puis comme roi d'Espagne, Jérôme comme roi de Westphalie, son beau-fils Eugène, comme héritier présomptif d'un grand-duché de Francfort qu'il crée en 1810. Il ne faut pas croire que Napoléon a ainsi créé des trônes dans le seul but d'obliger sa famille. S'il l'a fait, c'est qu'il était animé par la conviction qu'aucun Français n'appliquerait mieux que ses frères les principes du système continental et, en même temps, n'accepterait plus facilement de se soumettre à la politique hégémoniale de la France. C'est ainsi que Napoléon finira par détrôner son frère Louis roi de Hollande, quand il en aura assez de voir que celui-ci se montre plus disposé à défendre les intérêts de ses sujets hollandais que ceux de la politique napoléonienne, quand il se convaincra que le Blocus continental serait mieux appliqué si le pays était réuni à l'Empire. À l'intérieur des États du système familial, il y a par la volonté de Napoléon une tendance à l'unification des lois et des peuples, comme à la simplification de la géographie politique. Les principes français y pénètrent plus ou moins profondément : le code égalitaire, la laïcisation de l'État, l'abolition du régime féodal, plus ou moins poussée, mais rarement aussi parfaitement qu'en France, sauf en ce qui concerne l'abolition de la dîme. Partout sur ordre de l'Empereur s'exécutent de grands travaux publics : routes, ports, etc. Liés à la France par d'étroites alliances offensives et défensives, par une sujétion militaire et souvent fiscale, leur indépendance nominale masque mal la réalité, c'est-à-dire la domination de l'Empereur. Il faut dire que les constitutions que reçurent ces États ne furent pas rédigées sur place mais imposées depuis Paris.













Au-delà des États du système familial, il y avait la Confédération suisse dont Bonaparte avait reçu le titre de médiateur en 1802. Il laissait une large autonomie aux cantons et ne leur demandait que des soldats, des impôts et l'application des lois douanières françaises. Depuis 1806, Napoléon était protecteur de la Confédération du Rhin. En 1803, il avait déjà considérablement réduit le nombre des États allemands, le faisant passer de 296 à moins de 50. En 1806, à sa demande, 16 États allemands s'étaient séparés de l'Empire germanique, qui sera dissous peu après, et avaient formé entre eux une Confédération du Rhin qui finira par regrouper 40 États, c'est-à-dire tous les États allemands à l'exception de l'Autriche et de la Prusse. Tous les États membres s'étaient engagés, par traité, à fournir des contingents aux armées de Napoléon et à entretenir les troupes françaises stationnées sur leur territoire. C'était d'ailleurs la même chose pour les États du système familial.

Dans cette confédération du Rhin, entreront trois États du système familial, le grand-duché de Berg, confié à Murat puis, en fait à Napoléon lui-même qui, à partir de 1808, exercera la régence durant la minorité du nouveau grand-duc, Charles-Bonaparte, frère aîné du futur Napoléon III, le royaume de Westphalie, confié à Jérôme, enfin le grand-duché de Francfort donné à l'archevêque Dalberg, primat de Germanie mais qui, à la mort de celui-ci, devait revenir au prince Eugène. Il faut insister sur deux de ces États : le grand-duché de Berg et le royaume de Westphalie car il entra exactement dans les vues de Napoléon de les utiliser, pour convaincre les autres États allemands de la supériorité du système français et les inciter à l'adopter chez eux.

Après l'écrasement de la Prusse en 1806, on entend souvent Napoléon parler de « conquêtes morales » dont il est convaincu qu'elles devraient suivre les conquêtes militaires. Il décida alors d'ériger le grand-duché de Berg et le royaume de Westphalie en « états modèles », le terme est de lui. À propos de leur administration il écrira à Roederer, secrétaire d'État pour le duché de Berg : « cette administration doit être l'École normale des autres états de la Confédération du Rhin ». Ce qui voulait dire que les États modèles, copie de l'Empire dans l'Allemagne soumise à Napoléon, devaient apprendre, par l'exemple, aux autres États à se moderniser. Le 5 novembre 1807, quand il envoie la constitution du royaume de Westphalie à Jérôme, il y joint une lettre destinée à celui-ci, dans laquelle il rappelle que dans le nouvel État, souverain et gouvernement doivent se soumettre à la constitution, que leur devoir consiste à diriger le pays selon les principes de liberté, d'égalité et de justice, et à se soucier du bien-être du peuple : « ... cette manière de gouverner sera une barrière plus puissante, pour vous séparer de la Prusse, que l'Elbe, que les places fortes et que la protection de la France. Quel peuple voudra retourner sous le gouvernement arbitraire prussien, quand il aura goûté les bienfaits d'une administration sage et libérale ? ».

Autre passage de cette lettre : « ... les bienfaits du code Napoléon, la publicité des procédures, l'établissement des jurys, seront autant de caractères distinctifs de votre monarchie. Et s'il faut vous dire ma pensée tout entière, je compte plus sur leurs effets, pour l'extension et le raffermissement de votre monarchie, que sur le résultat des plus grandes victoires. Il faut que vos peuples jouissent d'une liberté, d'une égalité, d'un bien-être inconnus aux peuples de la Germanie, et que ce gouvernement libéral produise, d'une manière ou d'une autre, les changements les plus salutaires au système de la Confédération... ». La méthode des États-modèles est là pour nous rappeler qu'en dehors du système familial Napoléon ne chercha jamais à imposer, mais plutôt à convaincre. Un bon exemple, le Code civil ; on ne connaît qu'un seul cas, en dehors des États du système familial, où il l'imposa, ce fut dans le grand-duché de Varsovie.

Les États modèles ont-ils réussi dans leur mission ? Oui et non. Oui, lorsque l'on voit, qu'à l'époque, la bureaucratie réformatrice des États de la Confédération du Rhin, et aussi l'administration prussienne, ont considéré le royaume de Westphalie ou le grand-duché de Berg, comme l'exemple de ce qu'il fallait faire. Les réformateurs des États du sud de l'Allemagne ont tous tourné leurs regards vers le modèle westphalien. Par exemple, ils adoptèrent de nombreuses dispositions de sa constitution ou bien organisèrent leurs finances à l'image des siennes. Même les réformes de l'État prussien s'inspirèrent elles aussi de l'État-modèle westphalien. Il existe, par exemple, un rapport direct entre l'émancipation des Juifs en Westphalie et leur émancipation en Prusse.

Et pourtant, l'on peut également dire que la politique suivie dans les États-modèles de Berg et de Westphalie a échoué. En effet, après les défaites de Russie, les deux premiers États allemands qui se soulevèrent sur les arrières des débris de l'armée prussienne, plusieurs mois avant les défaites de l'automne 1813 en Saxe, furent précisément le royaume de Westphalie et le grand-duché de Berg. Personne dans ces deux États ne bougea pour défendre le régime napoléonien : ni les paysans, ni les artisans, ni les commerçants, ni la noblesse. Tout simplement parce que la lourdeur de la domination française avait fini par faire oublier les bienfaits apportés par le système continental.

Conduite par Napoléon lui-même dans les pays annexés à l'Empire, imposée par lui à ses frères dans les États du système familial, provoquée ailleurs à son imitation, la politique de transformation de l'État et de la société, là où elle fut engagée, car elle ne le fut pas partout, le fut par des princes qui pensaient que cela accroîtrait l'efficacité de leur pouvoir et leur permettrait de satisfaire plus facilement aux exigences militaires et économiques de la France.

À l'intérieur des États du système familial il y eut, de par la volonté de Napoléon, une simplification de la carte politique mais surtout une tendance très nette à l'unification des lois et des peuples, ce qui était l'un des objectifs du système continental.

En dehors des États du système familial, les transformations de l'État et de la société furent plus ou moins poussées car Napoléon ne pouvait agir que par la pression diplomatique, si bien que, nulle part, il y eut adoption intégrale du modèle français. On le voit bien à propos du Code civil. Dans les États non annexés à la France, il ne fut pleinement appliqué que dans le royaume d'Italie (encore sans le divorce), le royaume de Westphalie, les Provinces Illyriennes, les grands-duchés de Berg, de Francfort et de Varsovie. Non sans avoir subi d'importantes retouches, il le fut dans le royaume de Naples et dans le grand-duché de Bade. Résumons, hors du système familial, seuls le grand-duché de Varsovie et celui de Bade ont donc adopté le Code civil.

En effet, là où Napoléon ne gouvernait pas personnellement ou par un napoléonide interposé, il était tenu à des ménagements et son action était plus ou moins profonde. En exagérant un peu, on pourrait dire que plus Napoléon se montrait exigeant en fournitures de soldats ou en matière d'observation du Blocus continental et moins il était porté à imposer des réformes. Obligée à des ménagements, l'action de Napoléon fut donc moins profonde qu'il l'eût sans doute souhaité.

Il y eut des États, comme par exemple le royaume de Saxe ou les deux duchés de Mecklembourg qui ne se transformèrent absolument pas. Les États qui se transformèrent le plus furent ceux, comme la Bavière, par exemple, qui avaient déjà commencé à le faire à l'époque du despotisme éclairé. Là où les princes s'intéressèrent à la réforme de l'État ce fut pour adopter, à l'exemple français, un système renforçant leur pouvoir et rendant leur administration plus efficace, d'où la création d'une administration centrale avec ministres, Conseil d'État, etc. D'où la mise sur pied d'administrations centrales et spécialisées : Ponts-et-Chaussées, Eaux-et-Forêts, Contributions directes et indirectes, etc. Cela entraîna la création d'un corps de fonctionnaires payés, nommés et révoqués par l'État ainsi que la réforme du recrutement de l'armée sur la base de la conscription. Il y eut réforme de la justice avec l'institution de tribunaux hiérarchisés et l'introduction du système du jury. La réforme fiscale fut marquée par la simplification du système des impôts, la fixation d'une meilleure assiette, l'abolition des privilèges fiscaux de la noblesse et du clergé, la liquidation de la dette publique par la vente des biens de l'Église. Ainsi, peu à peu, là où les États se réformèrent, disparurent les privilèges et les particularismes, l'administration fut centralisée, uniformisée, simplifiée, spécialisée.

Là où elle fut ébauchée, la réforme de la société fut infiniment moins profonde que celle de l'État. Contrairement à une idée encore très répandue, le Code civil, il faut le répéter, fut bien loin, d'être adopté partout. Seul le servage fut aboli à peu près complètement partout. Il ne subsistera guère qu'en Russie, où l'on sait qu'au début de la campagne, Napoléon, dans l'espoir d'amener plus facilement le tsar à conclure la paix, avait décidé de ne pas émanciper les serfs mesure qui, peut-être, lui eût permis d'avoir le peuple russe à ses côtés. La dîme ne sera maintenue que dans le grand-duché de Francfort. En ce qui concerne les corvées et les redevances féodales et seigneuriales, on alla de leur abolition totale, comme dans les pays annexés ou le royaume d'Italie, jusqu'à leur maintien absolu comme en Wurtemberg, en passant par l'obligation d'un rachat total ou simplement partiel. Partout, en revanche, le clergé fut réduit au droit commun, presque partout ses biens furent confisqués et les couvents totalement supprimés ou considérablement réduits en nombre.

Cette politique qui tendait à rapprocher le plus possible les institutions politiques et sociales de celles de la France ne fut souhaitée et encouragée par Napoléon que dans les États européens à qui il avait imposé d'être ses alliés, car cette Europe du système continental est aussi celle du système d'alliances napoléonien. Ces alliances qui unissaient la France à chacun des États du système familial, à la Confédération du Rhin, à la Confédération suisse, avaient toutes été conclues à la suite de négociations diplomatiques suivies par la signature de traités, mais de traités ressemblant fort à ceux que les puissances occidentales imposèrent à la Chine au XIXe siècle et que les Chinois appelèrent des traités inégaux, dans la mesure où il existait un incontestable déséquilibre des forces en faveur de l'un des négociateurs.

Ces alliances faisaient de toute guerre dans laquelle serait impliqué l'un des signataires, une affaire commune à tous. Cela voulait dire que la France assurait seule la direction diplomatique de l'alliance, qu'il n'y avait jamais, ni sommet des chefs d'États, ni conférence des ministres des Affaires étrangères ou des ambassadeurs. Napoléon faisait savoir à ses alliés qu'il allait entrer en guerre et ceux-ci étaient priés de bien vouloir mettre à sa disposition les contingents militaires convenus. Jamais, par exemple, Napoléon ne consulta ses alliés du système : Italiens, Allemands, Suisses, Polonais, ni ceux hors du système : Prussiens et Autrichiens sur l'opportunité de la guerre de 1812 contre la Russie. Il décida, ils obéirent.

Il n'y avait pas de conversations d'états-majors, ni de commandement intégré. Les généraux étrangers n'étaient absolument pas admis à la préparation des plans de campagne. Leurs troupes, même avec leurs propres uniformes, leur propre encadrement, étaient toutes incorporées dans des corps d'armée français, sous le commandement d'un maréchal ou d'un général français. Jusqu'en 1814, le royaume d'Italie dut ainsi fournir 218.000 hommes, celui de Naples 60.000, l'Espagne 15.000 en permanence, la Confédération du Rhin 120.000, la Suisse 10.000, la Hollande 36.000 et il faudrait encore ajouter les 90.000 Polonais. Disons qu'en gros, alors que l'Empire, c'est-à-dire la vieille France et les pays annexés, dut fournir environ 2.200.000 hommes, les États du système continental en apportèrent au moins, 550.000.

Intégration hégémoniale dans le domaine diplomatique et militaire mais aussi, et cela est plus inattendu, dans le domaine social. En effet Napoléon financera la politique sociale qu'il menait à l'intérieur de son empire à l'aide de ressources fournies par les États du système familial. On sait qu'à partir de la fin de 1805., Napoléon ne cacha plus son intention d'instaurer, dans son Empire, une noblesse de titre et non de race. Dans une première étape, il créa, en faveur des membres de sa famille des principautés et des grands fiefs dont l'assise territoriale était située hors de France. C'est ainsi, par exemple, qu'Elisa reçut, successivement, les principautés de Piombino et de Lucques. Au cours de l'année 1806, Napoléon érigea douze provinces du royaume d'Italie en duchés, grands fiefs de l'Empire français : Dalmatie (Soult), Istrie (Bessières), Frioul (Duroc), Cadore (Champagny), Bellune (Victor), Conegliano (Moncey), Trévise (Mortier), Feltre (Clark), Bassano (Maret), Vicence (Caulaincourt), Padoue (Arrighi), Rovigo (Savary) ; six fiefs dans le royaume de Naples, deux principautés : celle de Bénévent (Talleyrand), et Ponte-Corvo (Bernadotte) et quatre duchés : Gaëte (Gaudin), Otrante (Fouché), Reggio (Oudinot), Tarente (Macdonald), trois fiefs dans les États de Parme et de Plaisance : les trois duchés de Plaisance (Lebrun), Parme (Cambacérès), Guastalla (Pauline Bonaparte), dans la principauté de Piombino, un duché de Massa et Carrare (Régnier). Ces duchés ne consistaient qu'en un titre et à des revenus qui lui étaient attachés, par exemple 100.000 francs de rente annuelle pour les ducs d'Istrie et de Dalmatie. Toutes les rentes attachées à des grands fiefs situés dans le royaume d'Italie, devaient être payées par le budget de celui-ci, ce qui représentait pour lui une charge annuelle de 800.000 F or par an. Quant aux fiefs, situés ailleurs que dans le royaume d'Italie, leur rente était assise sur les revenus de Biens Nationaux affectés à cet effet et qui n'étaient pas vendus. Par exemple, dans la principauté de Lucques et Piombino, des biens nationaux d'une valeur de millions de francs, assuraient les 200.000 F de rente annuelle attachée au duché de Massa et Carrare.

Napoléon se réserva également une partie des revenus des États du système : familial pour servir des rentes en faveur de personnages titrés ou non, de généraux, d'officiers ou de soldats qu'il voulait récompenser, bref pour doter les uns et les autres aux frais de ses alliés. Par exemple, dans le royaume d'Italie, les revenus des Monts-de-piété, et du Montenapoleone, à la fois caisse des dépôts et banque d'État durent, constituer des rentes annuelles à concurrence de 1.200.000 F pour récompenser des militaires français que l'Empereur désignerait. Pour le même motif, le service de rentes, la principauté de Lucques et Piombino, le royaume de Naples, le duché de Parme, durent prévoir sur leur budget une somme annuelle, respectivement de 200.000, un million et 800.000 francs. Enfin dans les États italiens du système familial, dans le royaume de Westphalie, dans les grands-duchés de Berg et de Varsovie, on établit en tout environ 6.000 dotations-rentes, d'un revenu annuel total de 30 millions de francs (la plupart variaient entre 500 et 15.000 F) destinées là encore à récompenser des militaires français et qui étaient assises sur les revenus de biens nationaux qui, pour ce motif, furent soustraits de la vente.

L'Europe du système continental fut encore plus assujettie à la France dans le domaine économique qu'elle ne l'était politiquement, diplomatiquement, militairement et socialement. Mais alors que les fournitures d'hommes et de subsides, l'assignation de rentes et de dotations avaient toujours fait l'objet des négociations entre la France et les autres États, les mesures économiques imposées par Napoléon le furent sans discussions préalables. Comme cette politique d'intégration économique hégémoniale s'est appliquée aussi bien dans l'Europe du système continental que dans celle du Blocus continental, il importe, maintenant, de présenter celle-ci.

L'Europe du Blocus continental est plus vaste que celle du système puisqu'elle comprend, théoriquement, tous les États du continent. Les « adhésions » au Blocus s'étalèrent du 27 novembre 1806, date à laquelle la ville libre de Hambourg décida d'appliquer le décret de Berlin, au 17 novembre 1810 qui vit la Suède en faire autant. Entre temps avaient adhéré : la Russie, la Prusse, l'Autriche, le Danemark. Certains États eurent une attitude fluctuante : on vit, par exemple, l'Autriche adhérer en janvier 1808, puis se retirer de facto au moment de la cinquième coalition, puis adhérer à nouveau après la paix de Schoenbrunn (14 octobre 1809).

À l'intérieur de cet ensemble, Napoléon a conçu non pas l'organisation économique du vieux continent mais celle des rapports économiques entre la France et tous les autres États, en fonction de deux objectifs bien différents et, en partie, contradictoires ; deux objectifs hérités du Directoire. Le premier, qui n'était autre que le système continental dans ses aspects économiques, tendait à assurer la suprématie de l'économie française en lui réservant une sorte de monopole sur les marchés européens, aux dépens s'il le fallait de l'économie des États du continent, ceux-ci étant véritablement considérés comme des colonies de la France destinés à lui fournir des matières premières et à absorber les produits de son industrie. Le second objectif économique que Napoléon voulait atteindre tendait à associer tous les États continentaux à la guerre qu'il menait contre l'industrie et le commerce de l'Angleterre, dans le but de contraindre celle-ci à une paix qu'il ne parvenait pas à lui imposer par les armes. Le Blocus continental visait à lui en fournir les moyens.

Le Blocus continental a permis d'esquisser, plus que de réaliser, une union économique du continent, dirigée certes contre l'Angleterre mais qui, avant tout, devait jouer au bénéfice de l'économie française. Napoléon exigeait, de ses associés, des efforts et des sacrifices pour soutenir sa lutte contre la puissance économique anglaise mais sans renoncer à subordonner les intérêts de leurs propres économies à ceux de l'économie française. À cause de cette ambiguïté, il devait décevoir bon nombre d'Européens et, finalement, échouer. Avant la mise en place du Blocus continental, le 21 novembre 1806, Napoléon poursuivit la politique qu'il avait héritée du Directoire, mais avec infiniment plus d'efficacité. Il appliqua, dans toute sa rigueur, la loi du 31 octobre 1796, déjà évoquée et qui, sous le prétexte de prohiber ceux originaires d'Angleterre, frappait tous les produits fabriqués venant de l'étranger même des pays neutres ou alliés de la France. Deux États allemands alliés : la Saxe et le duché de Berg furent particulièrement atteints par ces mesures. Par la contrainte diplomatique, certains États comme la Turquie ou le Portugal furent tenus, sans réciprocité, d'accorder la clause de la nation la plus favorisée aux marchandises françaises. Seuls les produits fabriqués français pouvaient être admis dans le royaume d'Italie. Par la pression diplomatique, toujours, certains États alliés ou neutres furent contraints à fermer leurs frontières aux marchandises anglaises : ce fut le cas de la Hollande, de l'Espagne, du Portugal, du royaume de Naples et même, en 1805, de la Prusse qui, pourtant était hors du système continental. À plusieurs reprises, la neutralité de certains États fut violée par les armées françaises qui les envahirent pour faire la chasse aux produits anglais. Ce fut, en particulier, le cas des villes hanséatiques. Pour les mêmes raisons, Gênes fut annexée à la France, Joseph placé sur le trône de Naples, Louis sur celui de Hollande.

À aucun moment, Napoléon n'envisagea d'établir, entre les États du système continental, ses alliés sur le plan diplomatique et militaire, une union douanière, sorte de marché commun ou de zone de libre échange avant la lettre. Il maintint toujours, en France, un système prohibitionniste qui jouait même contre ses alliés. En revanche, il empêchait ses mêmes États de frapper les produits français de taxes trop lourdes, c'est ce qui arriva par exemple avec le royaume d'Italie, l'Espagne de Joseph, le royaume de Naples de Murat. Il n'hésita pas à imposer des traités de commerce « inégaux » à certains États alliés. Le royaume de Naples, par exemple, ne pouvait expédier son coton que vers la France, de même le royaume d'Italie avec sa soie brute et ses excédents de blé et de riz. Il fut interdit à la Suisse, à la Bavière, au royaume d'Italie, pourtant alliés de la France, de venir s'approvisionner en soie brute dans le Piémont devenu français, celui-ci devant réserver sa production à la soierie lyonnaise. Napoléon usa aussi de la contrainte pour empêcher les États satellites de faire court-circuit dans le système continental. Il s'opposa toujours à la conclusion d'accords économiques entre ses alliés. C'est ainsi qu'il interdit au grand-duché de Berg de vendre les produits de son industrie dans la péninsule italienne, chasse-gardée de l'industrie française. En 1808, il obligea la Bavière et le royaume d'Italie à rompre un traité de commerce qu'ils avaient signé car il craignait que, par l'intermédiaire de la Bavière, n'entrent en Italie des produits industriels de Saxe ou d'autres régions de l'Allemagne qui auraient pu concurrencer les produits français. Il empêcha, pour les mêmes raisons, le Wurtemberg de signer un accord commercial avec le royaume d'Italie. Donc, même à l'intérieur de l'Europe du système continental, Napoléon ne chercha pas à construire un grand marché unique, une union économique, au contraire, tous ses efforts tendirent à assurer une position dominante à l'économie française.

Dans l'Europe du Blocus continental, la politique française resta la même. On doit définir le Blocus continental, annoncé par le décret de Berlin du 21 novembre 1806, comme l'ensemble des mesures politiques, militaires, diplomatiques, prises unilatéralement par Napoléon pour amener l'Europe à appliquer aux marchandises anglaises les mesures de prohibition dont elles étaient déjà l'objet en France. C'était l'extension à tout le continent, mais sans consultation des pays intéressés, de la législation douanière en usage auparavant à l'intérieur d'un seul. Les États européens ne furent pas davantage associés à l'élaboration des décrets qui, de 1808 à 1810, vinrent compléter celui de Berlin ­p; ils n'eurent donc d'autre issue que de s'y associer de plein gré ou par la contrainte. Il se trouve que, pour développer cette politique anti-anglaise, Napoléon pouvait s'appuyer sur les aspirations d'une large fraction de l'opinion publique continentale, depuis longtemps hostile à l'Angleterre, surtout dans les pays en voie d'industrialisation comme la Prusse, la Saxe, etc. Avant le décret de Berlin, de nombreux ouvrages ou articles de revues de politique et d'économie politique avaient été publiés en Allemagne pour dénoncer l'hégémonie commerciale, le monopole industriel et la tyrannie maritime de l'Angleterre. Même le philosophe Fichte qui devait, plus tard, se révéler, un des plus farouches adversaires de Napoléon y était allé de sa plume en 1804/1805. Il se trouvait que ces sentiments anti-anglais s'accompagnaient, presque toujours, du souhait de voir la France prendre la tête d'une coalition économique contre la Grande-Bretagne. Donc, au départ, Napoléon rencontrait une large approbation dans sa lutte économique contre l'Angleterre. Il devait, malheureusement, gâcher cette chance.

Tout d'abord il voulut agir seul, sans consulter ceux qu'il appelait à lutter à ses côtés. Cette coalition anti-anglaise entre la France et les autres États du continent ne fut dotée d'aucune institution, ni délibérante, ni d'exécution, puisque les décisions et leurs mises en application dépendaient de l'Empereur et de lui seul. Il tenta d'imposer, à tous les états, l'application aux produits de l'industrie et du commerce anglais, le régime dont ils étaient l'objet en France, c'est-à-dire la prohibition et, à partir de la mise en application du décret de Fontainebleau (18 octobre 1810), la destruction, par le feu, de tous les produits fabriqués qui viendraient à être saisis. Pour le reste, chaque État organisait son commerce extérieur à sa guise à la condition, toutefois, de ne pas prendre de mesures défavorables aux produits français. S'il n'y eut jamais d'union douanière, il y eu du moins, dès le décret de Berlin, une législation douanière commune contre les produits anglais, dans les pays qui adhérèrent au Blocus continental et dans ceux occupés par les soldats, voire les douaniers napoléoniens. Napoléon, en particulier, s'obstina à traiter les produits industriels venant des pays participant au Blocus, comme s'ils étaient des produits anglais. Bref, il demandait aux autres des sacrifices, sans leur offrir de compensations en retour. Il se refusa, toujours, à prendre en considération les intérêts économiques vitaux des nations autres que la France. Le Blocus continental pouvait enrichir les nations européennes ­p; en fait bien des Européens firent fortune grâce à lui ­p; mais le système continental, lui, dans ses aspects économiques tendait à les étouffer sans les enrichir. De même que, politiquement, Napoléon voulut « s'entourer de vassaux et non d'alliés, dans le domaine économique il ne connaissait pas d'amis mais seulement des tributaires ». Dans ces conditions, il est facile de comprendre que bien des États répugnèrent à appliquer le Blocus dans toute sa rigueur ; Napoléon devait en faire l'expérience même avec les membres de sa famille qu'il avait installés sur un trône. Ce front commun anti-britannique, trop souvent, ne devait être qu'une fiction. C'est sous la pression diplomatique accompagnée souvent de la menace d'intervention militaire que la plupart des récalcitrants : l'Espagne, l'Autriche, la Prusse, la Suède se soumirent aux décisions de l'Empereur. On vit même Napoléon installer des douaniers français en territoire neutre : ainsi dans les villes hanséatiques en 1806, puis en Poméranie suédoise, dans les duchés de Mecklembourg, dans les États du Pape avant leur annexion. Les troupes françaises furent parfois conduites à lancer de vastes razzias dans les territoires soupçonnés d'abriter des marchandises anglaises de contrebande. La plus spectaculaire eut lieu en novembre 1810, à Francfort, les Rothschild furent parmi les victimes. Plus d'un État soupçonné de tiédeur dans l'application du Blocus y perdit son indépendance : les États du Pape, annexés en 1808, la Hollande, les territoires hanséatiques et certaines principautés de l'Allemagne du nord incorporés en 1810, la Catalogne enlevée à l'Espagne en 1812.

Toutes ces mesures, de même que la pénurie et la cherté des marchandises entraînées par le Blocus, rendirent celui-ci très impopulaire et d'autant plus que l'on sentait bien que Napoléon n'avait en vue que les intérêts de l'économie française. Par exemple, avant d'être annexées à l'Empire, les villes hanséatiques : Brême, Hambourg, Lübeck, avaient été contraintes de n'accepter que les produits industriels français et de refuser l'entrée de leur territoire aux produits fabriqués allemands. Napoléon appelait donc le continent à s'unir contre l'économie britannique et, dans le même temps, faisait tout pour assurer la prépondérance de l'économie française. Dans ces conditions, il n'était pas nécessaire de faire de l'Europe une vaste zone de libre échange bien protégée, à l'extérieur, contre la concurrence britannique. Le besoin d'une monnaie commune, voire simplement celui d'un système unifié des poids et mesures ne se faisait pas sentir. Il y avait d'un côté, l'immense France napoléonienne, bien protégée à ses frontières par une législation douanière prohibitionniste, à l'intérieur de laquelle les marchandises circulaient librement, et de l'autre, il y avait le reste de l'Europe, pourvoyeur de l'Empire français en matières premières et débouché pour les produits de son économie. Cette Europe qui faisait face à l'Empire français restait cloisonnée par des lignes de douanes protectionnistes, Napoléon s'opposant à tout projet d'union douanière entre ses différents États. Ni union économique entre la France et les autres, ni union économique entre les États constituant le reste de l'Europe, mais une hégémonie économique de la France, non accompagnée d'une intégration économique au sens que nous pourrions aujourd'hui donner à ce terme : tel était donc, en ce domaine, le bilan de l'uvre napoléonienne que l'on pourrait caractériser d'une formule : « assujettissement organisé de l'économie des États européens aux intérêts de l'économie française ».

Faut-il pour autant condamner, d'un strict point de vue européen, tous les aspects de la politique napoléonienne ? Absolument pas. Et cela pour plusieurs raisons, disons qu'elle a laissé des traces profondes et ensuite qu'elle a transmis des leçons pour l'avenir. L'héritage napoléonien n'est pas mince. Il ne fait aucun doute que l'effort d'uniformisation par la modernisation, entrepris par Napoléon a été, en gros, apprécié par les peuples. On peut dire qu'en 1814, ceux-ci ont voulu se débarrasser des charges que faisait peser sur eux la domination napoléonienne tout en conservant les avantages qu'elle avait apportés. Ainsi dans les pays vassalisés comme la Bavière, le Wurtemberg, les souverains ne sont-ils pas revenus sur les réformes politiques et sociales qu'ils avaient accordées à leurs peuples, à l'exemple napoléonien. Dans les pays qui avaient été confiés à des princes français, à l'exception de l'Espagne et du royaume de Naples, les nouveaux souverains, après 1815, n'ont pas touché aux réformes de l'époque napoléonienne. Dans les pays annexés qui ont été enlevés à la France pour la ramener à ses frontières de 1789, les nouveaux maîtres, à l'exception du pape, ont fait de même. Ainsi, dans une large partie de l'Europe, cette uniformisation des institutions et des structures sociales, notamment l'abolition du régime féodal a-t-elle survécue à l'éphémère domination napoléonienne, ce qui à plus ou moins long terme devait entraîner, partout, la disparition de l'Ancien Régime, même s'il fallut souvent attendre un peu plus de trente ans pour que cela arrive.

Bon gré mal gré, la domination napoléonienne a également donné naissance à l'idée qu'il pouvait exister une unité économique européenne. Les États européens ont alors commencé à sentir que des liens économiques pouvaient les rattacher les uns aux autres. Napoléon a ouvert des brêches dans bien des murailles qui entravaient le commerce international et, par là-même, il a été le précurseur d'une évolution ultérieure. Sauf en ce qui concerne le sucre et le café, les Européens s'habituèrent à se passer des marchandises britanniques, à se passer aussi des marchés d'outre-mer qui, au XVIIIe siècle avaient permis le prodigieux développement du grand commerce international. Ils comprirent aussi qu'il était également possible d'améliorer les échanges entre les différentes régions économiques du continent. Malgré l'égoïsme économique de Napoléon, son époque vit s'installer une solidarité entre les différentes nations européennes. Les Anglais ne s'y trompèrent pas qui finirent, dans leurs statistiques, par désigner toute l'Europe, y compris la Turquie, par l'expression, « continent soumis au Blocus ». Les Européens soumis à la loi du Blocus furent astreints à une utilisation aussi rationnelle que possible des matières premières et des débouchés que leur laissaient l'exclusion des produits anglais et la fermeture des mers. Ils prirent conscience qu'il pouvait exister entre eux une communauté très réelle des intérêts et ce, malgré, l'égoïsme français dont ils étaient les victimes.

La domination napoléonienne a aussi laissé des infrastructures qui matérialisaient sur le terrain cette communauté d'intérêts et qui, ultérieurement, favoriseront le développement économique de bien des pays d'Europe. En raison de la paralysie croissante des liaisons maritimes, les communications par voie continentale prirent toute leur importance : les fleuves et les routes remplacèrent les mers. C'est alors que, de 1804 à 1831, fonctionna la première institution internationale chargée d'organiser la navigation rhénane. C'est de l'époque napoléonienne que date le projet d'un canal entre la Baltique et la mer du Nord, il devait relier Lübeck à Hambourg, puis être prolongé jusqu'au Rhin et à la Meuse. On commença à le creuser en Rhénanie française entre Meuse et Rhin, mais la crise économique de 1811 arrêta les travaux. Il appartiendra à l'Empire allemand de réaliser la liaison Rhin-Elbe-Oder et la liaison Baltique et mer du Nord. La fermeture des mers poussa aussi à l'amélioration du réseau routier. C'est à l'époque napoléonienne que fut construite la nouvelle route longeant la rive gauche du Rhin, que furent ouverts dans les Alpes, le Mont-Cenis, le Simplon, le Mont-Genèvre que, le long de la Méditerranée, fut tracée la corniche reliant la France à l'Italie. À travers les Provinces Illyriennes, fut construite une route qui devait servir au transport des cotons d'Orient entre Salonique et Trieste. Il s'y ajouta la route Napoléon, le long du littoral dalmate entre Doubrovnik et Cattaro. Toutes ces routes balkaniques devaient, jusqu'à l'avènement des chemins de fer, rappeler les douaniers de Napoléon et l'éphémère domination économique de la France à l'époque du système continental.

Enfin la politique napoléonienne a laissé des leçons. Elle a d'abord enseigné ce qu'il ne fallait pas faire : tenter une union des puissances européennes au profit d'une seule et pratiquer, sous le couvert d'une alliance, une politique d'exploitation de ses partenaires. Elle a enseigné que, pour être solide, cette entente devait être réalisée entre pays ayant atteint à peu près le même stade de développement, faute de quoi, elle risquait d'installer l'hégémonie des plus forts sur les plus faibles. Ensuite la politique napoléonienne eut le mérite de montrer quels avantages pouvait apporter la constitution d'un immense marché comme celui que formait l'Empire des 130 départements, à l'intérieur duquel les marchandises circulaient librement et qui était, à ses frontières, bien protégé contre la concurrence étrangère par un tarif douanier hautement protectionniste. Ces deux aspects devaient influencer profondément la pensée économique après, la chute de Napoléon, le Zoollverein allemand, presque immédiatement, le Marché commun de l'Europe des Six, beaucoup plus tard, devaient sortir de ces réflexions, à l'origine plus ou moins lointaine desquelles on trouve les expériences vécues à l'époque napoléonienne. Cela ne doit pas faire oublier le fait que les soldats et les douaniers de Napoléon ne firent pas l'Europe. On peut dire au contraire que le régime d'occupation militaire, de protectorat, d'exploitation économique que Napoléon imposa aux pays européens a suscité, considérablement développé, parfois poussé à leur extrême fanatisme, des patriotismes nationaux jusqu'alors à peine esquissés. Les soulèvements de l'Espagne, du Tyrol, ceux qui secouèrent le nord de l'Allemagne en 1809 et 1813, en fournissent la preuve. Pour avoir voulu réaliser à sa façon, sous son autorité et à l'avantage exclusif de la France, une Europe homogène et unie Napoléon a rendu, pour longtemps, difficile, la tâche des constructeurs d'une Europe unie de son plein gré, mais il leur a rendu service en leur montrant qu'ils devaient impérativement tenir compte de l'existence des patries et de leurs aspirations légitimes.




Roger Dufraisse, agrégé d'Histoire, élève diplômé de la IVe section (Sciences Historiques et Philologiques) de l'École Pratique des Hautes Études avec une thèse consacrée à « la contrebande sur le Rhin de 1798 à 1814 ». Principales fonctions occupées : Directeur d'Études à la IVe section de l'École Pratique des Hautes Études, Historiographie allemande moderne et contemporaine. Membre de la fondation de l'Historisches Kolleg de Munich. Missions de recherche à l'Université de Berlin (1990). Principales publications : Napoléon. Correspondance politique. Édition avec appareil critique et commentaires, Paris, 1970. Grands notables du premier Empire : Sarre, Mont-Tonnerre, Rhin-et-Moselle, Roër, Paris 1970. Napoléon, Paris 1987, Coll. « Que sais-je ? », édit. allemande : « Napoleon, Revolutionär und Monarch », Munich 1994. Die Deutschen und Napoleon im 20. Jahrhundert, Munich 1991. L'Allemagne à l'époque napoléonienne. Questions d'histoire politique, économique et sociale, Bonn-Berlin 1992 (Grand prix de la Fondation Napoléon, 1992).







Bibliographie sommaire



Léon-E Halkin, Napoléon contre l'Europe dans Napoléon et l'Europe, Bruxelles, 1961 (Commission Internationale pour l'enseignement de l'Histoire), pp. 119-124. Marcel Dunan, La véritable place de Napoléon dans l'Histoire de l'Europe, dans Napoléon et l'Europe, ouvr. cité, pp. 139-152. Helmut Berding, Napoleonische Herrschafts-und Gesellschaftspolitik im Königreich Westfalen, 1806-1813, Göttingen, 1973. Roger Dufraisse, Régime douanier, blocus, système continental : essai de mise au point, dans Revue d'Histoire Economique et Sociale, XLIVe volume, 1966, n° 4, pp. 518-543. Napoleonische Wirtschaftspolitik und die Wirtschaft der Rheinbündstaaten, dans Reformen in rheinbündischen Deutschland (Eberhard Weis, édit), Schriften des Historischen Kollegs ; Kolloqium 4, München, 1984, pp. 75-98. L'intégration économique de l'Europe sous Napoléon Ier, dans Revue de l'Institut Napoléon, n° 412, 1984, pp. 33-44. Die "hegemoniale" Integrations Europas unter Napoleon I., dans Wirtschaftliche und politische Integration in Europe im 19. und 20. Jahrhundert (Helmut Berding édit.), Göttingen, 1984, pp. 33-44. Le rôle de l'Italie dans la politique napoléonienne, dans Il principato napoleonico dei Baciocchi (1805-1814). Reforma dello Stato e Società. Atti del Convegno internazionale (Lucca 10-12 Maggio 1984) a cura de Vito Tirelli, Lucca, 1986, pp. 41-75. Blocus continental, dans Dictionnaire Napoléon, publié sous la direction de Jean Tulard, Paris, 1987, pp. 219-239. Monika Senkovska-Gluck : Les donataires de Napoléon, dans La France à l'époque napoléonienne, Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, tome XVII, juillet-septembre 1970, pp. 680-693. Rainer Wohlfeil, Napoleonische Modellstaaten, dans Napoleon I. und die Staatenwelt seiner Zeit. Im Auftrag der Ranke Gesellschaft-Vereinigung für Geschichte im öffentlichen Leben und des Militärgeschichtlic (Wolfgang von Groote édit.) Freiburg/B., 1969, pp. 33-59 hen Forschungsantes.

« Les Amis de Napoléon III » Société historique fondée en 1966 par Maurice Veillet Président d'honneur : S.A. le prince Murat Président : Bernard Petit 20, avenue du Général-de-Gaulle, 78290 Croissy-sur-Seine

  • 2/Pourquoi Hitler admirait Napoléon


http://raphael.afrikblog.com/archives/2007/04/12/4609397.html



Pourquoi Hitler admirait Napoléon








L’amour des Français pour Napoléon est bien connu. Différents sondages le place parmi les personnalités historiques qu’ils préfèrent. Depuis plus d’un siècle, les historiens de la République et les hommes politiques n’ont de cesse de le glorifier contribuant ainsi à le populariser.



Mais depuis quatre ou cinq ans, la belle machine de propagande semble manquer d’entrain. Tout le monde sait que pour la grandeur de la France – et aussi pour sa gloire personnelle – Napoléon s’était lancé avec violence dans la conquête de l’Europe. Mais aujourd’hui, plusieurs pays européens - notamment l’Espagne qui a souffert des massacres napoléoniens - se permettent de le rappeler aux français. Ainsi, de temps à autre, certains Allemands ne se privent pas de signaler à la France que Napoléon est un dictateur au même titre que Hitler. Aux français qui leur reprochent de célébrer la grandeur historique de leur dictateur, les groupuscules allemands nostalgiques du Führer répondent qu’ils ont Hitler et les Français Napoléon. Quelle injure ! Et les Espagnols n’oublient pas que leur guerre d’indépendance fut livrée contre Napoléon qui voulait installer son grand frère sur le trône d’Espagne. Chez eux, la toile de Goya, Tres de Mayo, qui relate la boucherie napoléonienne à Madrid est aussi célèbre que Guernica de Picasso.



Voilà donc Napoléon de plus en plus controversé au moment où l’Europe recherche plus de cohésion et des idéaux à partager.



Cependant, il me semble que ce n’est point le rapprochement de l’expansionnisme et la volonté de puissance de Napoléon de ceux de Hitler qui met le plus mal à l’aise historiens et hommes politiques français. S’il est vrai que les autres Européens se permettent sans ménagement de dire aux Français que leur idole est un dictateur sanguinaire comme tout autre, il me semble que le plus beau coup porté au petit homme vient surtout d’un courageux fils de la France. En effet, avec la publication de son livre Le Crime de Napoléon, Claude Ribble a révélé à la face de la France ce que tous les historiens et hommes politiques de l’hexagone ont caché au peuple depuis toujours. Désormais, le commun des français commence à se poser des questions. Grâce à Claude Ribble, les Français commencent à se demander si les Allemands n’ont pas raison de leur dire qu’ils doivent aussi avoir honte de leur dictateur.

Napoléon le bourreau des noirs inspire Hitler

En effet, avant Hitler, Napoléon a commis l’impardonnable. Franchement, que resterait-il aujourd’hui de la renommée de Hitler et de l’histoire même de la seconde guerre mondiale si celle-ci s’était limitée à des tueries sur les différents fronts ? Je crois sincèrement que très vite les romans et les manuels d’histoire en auraient fait le tour, et l’opinion publique les aurait déjà classées comme un objet du passé qui ne doit pas interférer dans le présent. Mais si cette guerre et son acteur principal restent très vivants aujourd’hui encore dans la mémoire collective, c’est parce que des hommes, des femmes et des enfants ont été convoyés dans des lieux précis pour être gazés, pour connaître en masse une mort certaine. Cette guerre reste un événement affreux dans l’histoire de l’Humanité parce que des hommes, des femmes et des enfants ont été victimes d’un « programme » établi par les autorités supérieures d’une armée d’état. Et c’est véritablement le fait essentiel qui reste collé à Hitler comme un crime impardonnable.



Dès lors, on peut dire que, si Hitler était un fervent admirateur de Napoléon, ce n’était point pour son expédition en Egypte ni pour le code civil français dont il aurait été l’inspirateur, ni pour le charme des couleurs vives de l’uniforme de son armée. Son admiration pour Napoléon tient à son génie d’avoir inventé les chambres à gaz en Haïti et en Guadeloupe. Cette planification de la mort infligée aux noirs, et rapportée dans de nombreux récits des contemporains du petit dictateur, a séduit Hitler. Celui-ci tenait là, dans cette invention simple et radicale, la clef finale de son combat contre des gens qu’il n’aimait pas mais qui ne portaient pas des armes pour lui offrir le plaisir de les défaire. Napoléon Bonaparte est donc de ce point de vue le père spirituel de Hitler. D’ailleurs, en 1940, le Führer est venu méditer longuement sur la tombe de son idole à Paris, aux invalides. Il a même poussé le zèle jusqu’à y faire inhumer, la même année, le fils de Napoléon, François Bonaparte (connu sous le nom de Napoléon II, « l’aiglon ») comme cadeau à la France.



Mais combien de Français, combien d’Africains savent-ils cela ? Depuis toujours, les historiens français nous ont fait croire que c’est la volonté de puissance et les conquêtes de Napoléon qui ont séduit Hitler. Il m’a fallu lire le livre de Claude Ribbe pour comprendre que cette admiration reposait sur l’invention d’une méthode diabolique ignorée jusqu’alors : confiner des hommes, des femmes et des enfants dans un espace et les asphyxier. Comme dirait Christophe Colomb, « c’est simple, mais il fallait y penser. »

Raphaël ADJOBI



Posté par St_Ralph à 22:51 - Actualités françaises - Commentaires 37 - Rétroliens 0 - Permalien #





Un dictateur sanguinaire qui admirait un autre.

L’Europe doit prendre ses responsabilités.Alors que le génocide juif ou arménien a été reconnu à raison par le parlement européen comme crime contre l’Humanité, aucune proclamation de principe n’est intervenue concernant l’esclavage des noirs pour lequel les Européens ont une responsabilité majeure. Il est temps de réparer cette injustice. Le parlement européen doit voter un texte clair dénonçant l’esclavage comme crime contre l’Humanité.



Posté par kaizersoze14, 27 avril 2007 à 04:26



Bétise totale



Comment pouvait-vous comparer Napoléon à Hitler? On ne peut comparer que ce qui est comparable là en l'occurence on a 2 hommes complétement différents, de provenance différentes, d'époque différente, de contexte différent...Vous pourrez toujours descréditer Napoléon aux yeux du monde mais jamais vous ne réussirez à le descréditer aux yeux des Français fiers de LEUR héros qui restera à jamais dans leur coeur et dans leur mémoire.A présent monsieur de grâce taisez-vous et laissez les historiens c'est à dire ceux qui savent dequoi ils parlent faire leur métier et arrêter de calomnier ainsi un si grand Homme.



Posté par La Bédoyère, 21 mai 2007 à 00:28



Les critères du grand homme...



Quels sont les éléments qui font un grand homme ? Lorsque vous aurez la réponse à cette question, je vous serai reconnaissant de me le faire savoir. Un histoirien n'est pas par définition impartial. On peut même affirmer que toute narration est partiale. Le seul point de vue de l'histoire qui serait impartial serait celui qui présenterait tous les aspects du personnage dont on dresse le portrait. N'invoquez pas l'histoire comme la vérité absolue. Il y a des histoires qui sont enseignées durant des décennies comme des vérités et qui se retrouvent un jour sous un autre éclairage qui les révèle fausses.



Posté par St-Ralph, 03 juillet 2007 à 20:10



C'est désespérant



Je viens de lire le livre de Claude Ribbe, que je salue bien bas, et je suis atterré par les commentaires ci-dessus. Non, je ne trouve pas que Napoléon soit un "grand homme", et on ne peut pas mettre en balance le code civil avec les massacres abominables, atroces et hallucinants qu'il a perpétré. Cet homme n'a certainement pas oeuvré pour le bien de l'humanité, et en sachant utiliser le processus révolutionnaire pour son bien propre, pour son pouvoir et enrichissement personnel, il a simplement réussi à inverser le processus de liberté et d'humanisation en cours. Pour ma part, il faudrait démolir toutes ses statues, débaptiser ses rues, et reconnaitre ouvertement ses crimes contre l'humanité, le condamner à titre posthume, et ainsi de suite. Que dirait-t-on si les allemands avaient des "rues Hitler", des statues, des associations d'amis, ou si les espagnols en faisaient autant avec Franco, les italiens avec Mussolini, etc... Oui, je crois que définitivement, on ne peut pas avoir pour "héros" un individu aussi abject et abominable que ce lui-là. Je suis dégouté par tous ces français blancs (et je le suis moi-même), bien pensants et moutonniers, et qui sont accrochés à cette image de héros napoléonien Tant qu'on continuera à adorer de telles idoles scabreuses, macabres et pour tout dire démoniaques, on ne réussira pas à faire mieux. La bête immonde court toujours, et elle n'est vraiment pas loin, hélas. Puissions nous un jour ouvrir enfin les yeux... avant qu'il ne soit définitivement trop tard pour nous tous, les êtres humains Shalom, Peace, Salam, Shanti, Paix



Posté par kohinoor, 14 février 2008 à 21:09



Je suis sensible à ta réaction Kohinoor



Je suis comme toi convaincu qu'il convient de faire la lumière sur Napoléon. Il serait bon que la France accepte enfin de mettre en balance ce qu'il a fait de bien et ce qu'il a fait d'affreux afin que chacun puisse se faire une idée juste de son hstoire. C'est effectivement inadmissible qu'en france l'on cultive le culte de Napoléon alors que les mêmes Français (hommes politiques, journalistes et bien des citoyens) refusent aux Allemands la même chose pour Hitler. Tu as tout à fait réaison Kohinoor.



Posté par St-Ralph, 13 juin 2008 à 11:00



quel amalgame!!!



comment peut-on comparer Napoléon avec Hitler, je trouve ca pour ma part d'une mauvaise foi assez impressionnante. Il fut un véritable génie politique et militaire, partie de rien il devint empereur des Français et de la quasi totalité de l'europe, il avait un rêve d'union entre les étas d'Europe à l'instar de Charlemagne et dans la ligné de l'Empire romain, il apporta la stabilité à son pays qui était avant son arrivé ravagé par les prussiens et à la merci des nations ultra conservatrice qui l'encerclait. La France sans la grandeur que napoléon lui à conféré n'aurait jamais pu valider les aquis de sa Révolution. De plus le rapport de napoléon à l'esclavage ne suffit pas à faire de lui un monstre, au regard des mentalités et des priorités de son temps la question n'était pas des plus importante n'en déplaise à certain. Il à rebatit une nation déchut pour cela il mérite notre admiration eternelle point barre.



Posté par Murat, 02 décembre 2008 à 21:33



Napoléon, plus grand homme de tous les temps



Je suis à 100 % d'accord avec Murat et la bedoyère,pourquoi aurait on honte d'un homme dont si peu aimait la France autant que lui ? N'oubliez qu'en 1821, avant de mourir Napoléon ne cessait de répéter France, France, France, ce furent ses derniers mots, il aimait énormément son pays et les Français, il est normal qu'on le lui rende. la France n'a jamais été aussi puissante que quand il était là, on devrait surtout avoir honte de ceux qui l'ont vendu en 40 aux boches (non j'ai pas honte de dire ce mot). Autre chose, ce n'est pas Napoléon lui-même qui a crée toutes ces guerres, la France était déjà en guerre en 1792 (bataille de Verdun et Valmy notamment), il n'a fait que défendre son pays contre ceux qui n'acceptaient pas les idées révolutionnaires de la France comme la Prusse, l'Autriche et la Russie (j'en oublie sans doute). Son génie militaire et politique l'a rapidement monté au sommet du pouvoir et il a largement eu raison de le faire sinon nous aurions connu un "Sedan" bien plus tôt et plus catastrophique que celui de 1870. En ce qui concerne Hitler, je suis vraiment choqué que des Français le comparent à Napoléon, venant d'un Allemand ça ne me choque pas du tout car ça montrerait leur mauvaise foie, mais d'un Français c'est assez choquant. Cette pourriture a détruit notre pays, l'a rabaissé et humilié, la France est le seul pays de la seconde guerre mondiale à avoir été effondrée, sur tous les plans, aucun pays comme la France n'a eu autant de séquelles. Napoléon a fait tout l'inverse, il l'a amené au sommet de sa puissance, a valorisé la langue française (alors qu'Hitler voulait la détruire), il voulait même faire une seule langue européenne (le français bien évidemment ^^). Certes Napoléon et Hitler avaient des points communs, comme l'envie de puissance et de supériorité aux autres nations, mais cela fait il de ses deux hommes deux frères jumeaux ? Je n'en suis pas du tout convaincu, déjà et je le répète, l'un aimait la France, l'autre l'Allemagne... ce qui fait une différence énorme. Ah un autre différence entre eux aussi, Napoléon avait le génie, Hitler avait la chance. Je m'explique : Napoléon gagnait ses victoires par surprise sur l'ennemi, amenant une nouvelle façon de combattre qui n'avait jamais été exploité, surprendre son adversaire en lui faisant croire que tout est gagné pour lui (c'est une de ses principales stratégies il en a sûrement eu d'autres mais je ne les ai pas en tête). Hitler a eu de la chance dès son arrivée au pouvoir en 1933. Son pays n'a aucune armée (du fait par le traité de Versailles), il suffit qu'un pays comme la France lui déclare la guerre et il est vite cuit ... En 1939, toute son armée est en pologne, la France a déclaré la guerre 2 jours auparavant, elle envisage de lancer une offensive mais ne franchit la frontière outre-rhin que de 8 kilomètres laissant la Wermatch libre de s'occuper des Polonais avant de faire demi tour et d'attendre les Allemands envahir les Ardennes que l'Etat major français jugeaient infranchissables ... mon œil ! Ce sont des exemples pour montrer à quel point les 2 homes étaient différents sur le plan militaire et politique. Dernière chose (je sais je suis long mais je suis un passionné de ce sujet) : A t'on retrouvé des sortes de camp de concentration en France datant des années 1800 où en gazait les prisonniers ?



Posté par Greg, 13 décembre 2008 à 17:57



bravo greg



C clair que ses deux homme nn rien avoir l un defandait son pays contre les conplo des autre et l autre revait de dextermination . Je vous rapelle que hitler sa principal envi etait de se debarasee des juif et des bolchevique ect se qui piai le reich occupai son espace et etait un obstaque a la germainisation du monde pour hitler la cosse de cette guerre et napoleon etait en guerre avec les anglai en 1803 quand deux an apres l autriche et la russie salia avec l angleterre pour se debarasee de nous. Je ne dit pas que les francais non pas fait de crime Mai ses dans toute les guerre de tous les coter ses la guerre sa change les gens on ne peut pas juger avant dans avoir fait une. Hitler tuai des juif dans des camp malgrer c que les allemand ou les espagnol il n y a aucune trace de camp dextermination napoleonnien il raconte ses rago pour con soi mit a leur nivo par raport a franco et hitler voila moi je suis fiere de napoleon un grand meneur d homme qui proteger son pays et la rendu plus puissant que jaimais



Posté par lasbeute, 24 décembre 2008 à 11:01



" Voilà donc Napoléon de plus en plus controversé au moment où l’Europe recherche plus de cohésion et des idéaux à partager. "

Quel idiot! Qui est le pere de l'Union Européenne à ton avis? Qui en a formulé l'idée et les principes de base en premier? Qui a dit que déjà, du temps de sa puissance, toute guerre entre européens était déjà une guerre civile? Qui a promu l'ascencion par le merite et les talents? Qui a rétabli l'ordre dans un pays ravagé par les haines fratricides heritéees de la Révolution et a battu et rebattu toutes les puissances qui declaraient la guerre à ces principes voulant les contenir et rétablir l'Ancien régime basé sur les privileges? Qui a promulgué le code civil, le code pénal, le code du commerce? A fondé la Banque de France? crée les lycées, le bac, l'université moderne?Qui a remis les compteurs des finances dans le vert apres une gestion catastrophique sous le Directoire quand la France mourrait presque de faim? Et je ne vous demande meme pas qui a été Fêté tour à tour par Stendhal, Hugo, Beethoven et meme par ses ennemis de son vivant ou meme maintenant qui commémorent encore chaque année ses plus grandes batailles?

Je pourrais continuer encore et encore et encore et encore car -et c'est une derniere pour la route- sur qui a-t-on écrit plus de livres que de jours ecoulés depuis sa mort?



Posté par Byron, 25 décembre 2008 à 11:58



" Voilà donc Napoléon de plus en plus controversé au moment où l’Europe recherche plus de cohésion et des idéaux à partager. "

Quel idiot! Qui est le pere de l'Union Européenne à ton avis? Qui en a formulé l'idée et les principes de base en premier? Qui a dit que déjà, du temps de sa puissance, toute guerre entre européens était déjà une guerre civile? Qui a promu l'ascencion par le merite et les talents? Qui a rétabli l'ordre dans un pays ravagé par les haines fratricides heritéees de la Révolution et a battu et rebattu toutes les puissances qui declaraient la guerre à ces principes voulant les contenir et rétablir l'Ancien régime basé sur les privileges? Qui a promulgué le code civil, le code pénal, le code du commerce? A fondé la Banque de France? crée les lycées, le bac, l'université moderne?Qui a remis les compteurs des finances dans le vert apres une gestion catastrophique sous le Directoire quand la France mourrait presque de faim? Et je ne vous demande meme pas qui a été Fêté tour à tour par Stendhal, Hugo, Beethoven et meme par ses ennemis de son vivant ou meme maintenant qui commémorent encore chaque année ses plus grandes batailles?

Je pourrais continuer encore et encore et encore et encore car -et c'est une derniere pour la route- sur qui a-t-on écrit plus de livres que de jours ecoulés depuis sa mort?



Posté par Byron, 25 décembre 2008 à 12:24



Bien sûr !



Bien sûr que cette énumération ne vise qu'à flatter légocentrisme français. Hors de nos frontières, qui est Napoléon sinon un dictateur sanguinaire, un arriviste. Avez-vous déjà entendu citer hors de nos frontières le nom de Napoléon comme un bienfaiteur de l'humanité ? Un initiateur de pensée ? Quand on passe sa vie à passer les êtres humains par l'épée, on ne mérite pas le titre de bienfaiteur. On ne l'est qu'aux yeux de ceux à qui profite le crime. Cela est bien connu.



Posté par St-Ralph, 25 février 2009 à 19:43



Napoléon mieux qu'Hitler ?? non !!!



Je suis entièrement daccord avec ce texte, même sans avoir lut le fameux livre dont vous parler, depuis mes années de collège je n'ai cessé de montrer du doigt ce "faux héros" des français, je vis en france mais je suis Portugais, ce qui me permet de rester lucide face à ce sujet et de ne pas me laisser "corrompre" par le nationalisme Français.

Je tiens aussi a dire que, pour ma part, j'estime que Hitler était un grand homme, attention, je ne parle pas de ses actions sur "la solution finale" comme il disait, mais sur le point de vue stratégique et militaire.

Pour revenir à Napoléon, et ceux qui ne juge pas la comparaison fiable, voila une comparaison plus simple :

Napoléon :

A développer les frontière françaises jusqu'en Russie ou il s'est fait refoulé par les armées du tsar en raison d'un manque d'approvisionnement des troupes Françaises et de leurs tenues aucunement adaptées à l'hiver russe.

Est entré en guerre contre la totalité des pays d'Europe durant son "mandat".

A accéder au pouvoir par un coup d'état

A tué près de 3 millions de russes, noirs, homosexuels et opposants politiques.

A hériger des monuments à sa gloire et non a celui de la france (l'arc de triomphe de Paris est, comme l'indique son nom, un arc avec toute les victoires (donc triomphes) de Napoléon.

Hitler :

A développer les frontière Allemandes jusqu'en Russie ou il s'est fait refoulé par les armées de Staline en raison d'un manque d'approvisionnement des troupes Allemandes et de leurs tenues aucunement adaptées à l'hiver russe.

Est entré en guerre contre la moitié des pays d'Europe durant son "mandat".

A acceder au pouvoir par voie électorale (le putch => coup d'état <= n'ayant pas réussi, c'est par la politique réelle qu'il entre au pouvoir au coté du marechal Hindenbourg, pour ensuite le remplacer à sa mort, en 1933.

A tué près de 6 millions de juifs, homosexuels, noirs, tziganes et opposants politiques.

En conclusion, je reviendrais sur ce que j'ai dit plus haut : Hitler était un grand homme du point de vue militaire et stratégique, vous me direz qe je suis fou et nazi, mais je vous rassure, ce n'est pas le cas. Maintenant, si je vous dis que Napoléon était un grand homme au point de vue militaire et stratégique, vous me direz que cest bien et bien vrai.

Et repensez maintenant a la comparaison que j'ai fait de leurs actes ... ils ont fait la même chose, pire encore : Hitler l'a fait selon ses idéaux, car il en était persuadé (lire "la mort est mon métier" pour comprendre pourquoi Hitler haïssait les juifs, il n'est pas né comme ça ...) Alors que Napoléon l'a fait par simple cupidité, pour s'enrichir en expropriant ces "futurs morts" de leurs terres, et pour ne pas risquer une révolte. Alors qu'hitler avait une totale confiance en son peuple et voulait le faire briller en ne laissant sur les terres conquises que la race dite Aryenne



Posté par didiasp, 09 mars 2009 à 10:17



Une analyse que j'apprécie.



Merci Didiaps pour ton intervention claire et précise. On accorde trop rapidement le titre de grand homme à Napoléon alors qu'on le refuse à Hitler. Et pourtant, comme tu le fais remarquer si bien, les dégâts qu'ils ont causés sont comparables. Beaucoup de Français manquent de recul par rapport à Napoléon parce qu'ils refusent de lire autre chose que ce que leur propose l'état français et ses historiens officiels. Ils refusent d'admettre que l'histoire est par définition un point de vue parcellaire et orientée.



Posté par St-Ralph, 26 mars 2009 à 13:53



Petite miseau point.



On ne peut occunment comparer ls dégats des uerres napoléonienne avec la seconde guerre mondiale qui a fait 60 millions de morts! De plus loin d'être un odieux antisémite Napoléon et pltot une sorte debienfateur pour eux. En effet avant son accession au trône ls juifs 'étaient même pas de vrai citoyen, lors dela campagne d'Italie il ordonna ui même de retirer au juifs l bonet et le brassart jaune qu'ils étaient obligé de porter afin de le remplacer par la cocade ricolor des citoyens français. Ils leur accorda ls êe droits que nous alorsqu'ils n'avaient jusque là pas droit de porter un nom de famille et vivaient par endroit parqués ds des ghettos.Ensuite je voulais quand même rappeller au passage que depuis la Révolution les pays limitrophes n'ont eu de cesse de nous attaquer afin de rétablir la monarchie, les guerres Napoléoniennes sont avant tout des guerres de protection, de plus les velleités de conquétes Anglaise à l'époque sont tout aussi comparable, si Napoléon n'avait pas était là l'Angleterre n'aurait pas attendu le début du XXém siécle pour asservir des peuples entiers. Si on étudit l'Histoire on s'aperçoit que la seul différence entre Napoéon et le reste des chefs d'états d'Europe c'est que lui...il gagne c'est tout. Et enfin faudrait qu'Austerlitz soit un jour de fête national!!!



Posté par Murat, 11 juin 2009 à 02:03



Lien intéressant



Voici un article qui apporte sa contribution sur la connaissance de Napoléon ou du moins comme d'autres le voient.

http://napoleon-grand-criminel.skynetblogs.be/post/5860126/nbsp



Posté par St-Ralph, 19 juillet 2009 à 17:06



Je pense moi aussi qu'on ne peut raisonnablement pas comparer deux personnages historique qui ont vécus à des époques si différentes. Napoléon à fait la guerre pour s'opposer à des coalitions visant à rétablir la monarchie en France( donc, à "effacer" la révolution). Hitler à fait la guerre par vengeance (pour laver l'affront de 14-1, pour asseoir la domination du peuple allemand sur l'europe. Les conquêtes faites suite aux victoires de Napoléon ont avant tout servies à consolider une situation favorable, affaiblissant les dites coalitions. Napoléon a cherché la paix par des traités, tous rompus par l'ennemi...

En ce qui concerne les crimes politiques, il est indéniables qu'hitler à éliminé systématiquement tous ses opposants et tous ceux qui pouvaient le gêner, même parmis ses "amis". Le seul crime de ce genre que l'on peut imputer à Napoléon,c'est l'exécution du duc d'Enghein qu'il croyait vouloir attenter à sa vie... Il l'a d'ailleurs reconnu comme êtant un grand regret... Hitler n'a jamais pardonné à ceux qui l'on trahi, Napoléon a pardonné à tous les généraux qui l'on trahi à sa première abdication. Hitler a planifié l'extermination du peuple juif, du peuple tzigane, des homosexuels...causant plus de 6 millions de morts parmis les civils. Napoléon a rétabli l'esclavage, aboli quelques années auparavant par la révolution : peut-être que l'abolition posait des problèmes de fonctionnement ? peut-être que l'idée d'abolir l'esclavage était trop révolutionnaire pour l'époque ? l'esclavage n'était-il pas courant à cette époque ? Cette décision de rétablir l'esclavage a sans doute entraînée des exactions, causée la mort de beaucoup de personnes du peuple noir refusant d'être à nouveau asservis, mais ce ne sont certainement là que conséquences malheureuses... Hitler à poussé son oeuvre macabre jusqu'au quasi-anéantissement de son peuple, Napoléon a renoncé à son pouvoir pour préserver son peuple...

Si vous condamnez Napoléon pour la guerre, alors condamnez tous les régnants de son époques et d'avant. Si vous le comdamnez pour le rétablissement de l'esclavage, faites encore de même...



Posté par ced60, 19 août 2009 à 00:14



Une comparaison est toujours possible...



La comparaison entre deux personnages ayant vécu à des époques différentes est toujours possible et même très intéressante. Il suffit de savoir sous quel angle cette comparaison se fait.

Il est ici question d'une même volonté de part et d'autre et d'une même méthode : volonté d'exterminer un groupe "ethnique" et le gazage. Dans les deux cas, les preuves existent. Lisez le livre de Claude Ribbe "Le crime de Napoléon". Ce livre est construit avec des documents d'archives qui sont la propriété de la France. Il n'y a pas un seul historien qui peut se permettre de dire que ces archives n'existent pas.

Se cultiver en cachant une partie des éléments historiques existants s'est se tromper soi-même. Ne nous trompons pas et ne laissons pas les historiens de l'état nous tromper.



Posté par St-Ralph, 23 août 2009 à 00:39



Analyse OBJECTIVE de la comparaison Hitler / Napoléon



J'aimerais tout d'abord clarifier les choses. Je suis un historien suisse, de ce fait je pourrais vous apporter un point de vue scientifique et objectif sur le débat.



Posté par Napo, 27 octobre 2009 à 15:55



Article ridicule qui révèle l'ignorance et le parti pris idéologique de l'auteur, dans une grille de lecture antiraciste du XXIe siècle.

Premièrement, Napoleon a mis fin à dix ans de guerre civile, qui tournait à l'extermination du peuple français par le peuple français. Cette période est aussi appelée "La Terreur". L'auteur de l'article se permettrait-il de nier cet évènement, à la manière des négationnistes ?

Deuxièmement, toutes les guerres napoléoniennes à l'exception de la campagne d'Egypte sont des guerres défensives, où la France révolutionnaire devait se défendre contre toute l'Europe monarchique coalisée. Là encore, l'auteur de l'article fait passer Napoleon pour un conquérant sanguinaire alors qu'il n'a fait que défendre la France face à des pays qui lui ont déclaré la guerre.

Troisièmement, Napoléon n'avait pas une philosophie racialiste, identitaire, puisque de toute façon cette idéologie est née au milieu du XIXe siècle avec les philosophes romantiques allemands. Napoléon a lui même souffert d'intolérance et de haine parce qu'il était corse.Et à l'époque les français n'aimaient pas les corses. La différence que l'on peut noter entre un colonisé comme Bonaparte et un noir d'aujourd'hui, c'est que Bonaparte ne s'est jamais victimisé et il est devenue plus français que les français, jusqu'à francisé son nom, qui sonnait trop italien.

Quatrièmement, qui a abolit l'esclavage ? les européens ou les africains ? Esclavage je le rappelle qui ne se définit pas qu'à travers la traite négrière.L'esclavage c'est vieux comme la préhistoire.

Conclusion:

L'Afrique aurait bien besoin d'un Napoleon Bonaparte, pour mettre fin aux guerres civiles, ethniques, religieuses. L'Afrique aurait bien besoin d'une révolution républicaine, d'un code civil, et d'un ordre du mérite et du travail. Malheureusement, les africains continuent de pleurnicher sur le passé, sur leur couleur de peau, et sur les pauvres victimes qu'ils sont.

L'auteur de l'article ferait bien de relire l'ascension de Napoleone di Buonaparte et espérer qu'un jour, un africain vienne à copier son incroyable destin.



Posté par Bonaparte_25, 14 juillet 2010 à 14:32



''*Bonjour Bonaparte II



Eh bien, quand on défend son homonyme et parent, il est normal que l'on soit hargneux. Je te comprends tout à fait. Sache cependant que l'histoire ne s'écrit pas avec des sentiments mais avec des faits. Ecrire un code civil ne vous innocente pas des crimes commis. Il ne suffit pas d'avoir un joli chapeau et se faire tirer le portrait par des centaines de personnes pour que tous ceux que vous avez passé par la lame de l'épée soient considérés comme des imbéciles et vous un dieu. 12 avril 2007

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lundi 9 juillet 2012

____La démocratie est-elle sous-jacente dans l’histoire occidentale ?

Cette question se pose au monde à l’heure où les nations occidentales, par le truchement des organisations qu’elles dirigent, s’octroient le droit d’ingérence dans les affaires souveraines des Etats, dans le but officiel de soutenir les velléités démocratiques des peuples opprimés. La réponse à cette question parait de prime abord évidente, surtout lorsqu’on admet qu’Athènes, l’antique cité grecque et donc européenne fut le berceau de la démocratie. L’Occident ne se serait-elle pas naturellement approprié ses valeurs ? Pourquoi donc cette question ? Malgré cet à priori qui tombe aujourd’hui sous le sens, il n'en est rien au regard des entorses faites aux valeurs de la démocratie par les nations championnes mêmes de sa promotion dans le monde. Ainsi l'intolérance religieuse en Occident (islamophobie), les nationalismes exacerbés portés par leurs mouvements d’extrême droite, la xénophobie, l'institutionnalisation des racismes, les problèmes des libertés et d’égalité en droit en Occident, le mélange des genres entre l’église et l’Etat (incompatible avec le principe démocratique de la laïcité), les guerres menées par les pays donneurs de leçon mais violant leurs propres résolutions onusiennes, les impérialismes sous des prétextes fallacieux comme celui de la lutte contre le terrorisme, susceptibles de justifier le retour d'ascenseur sous forme d'attentats contre les cibles occidentales, etc.



Sur le plan pratico-pratique, quel que soit la nation occidentale considérée, les valeurs démocratiques y sont très superficielles et reposent souvent sur un caractère polymorphe, perverti. Ainsi lors d’un référendum en 2005, 53% d’Irlandais, 55% de Français et 61% de Hollandais s’opposèrent au projet de Constitution européenne. Estimant que le peuple n’avait pas « correctement voté », sa volonté fut ignorée et contournée. Evidemment que ces pays ne possèdent pas le monopole de ces procédés opposés aux principes de la démocratie qui décrètent que « le peuple seul est souverain. » En effet, nombre de pays européens dont le Danemark, le Portugal, etc., suspendirent le référendum prévu, sachant que leurs citoyens désapprouveraient de même. Deux années plus tard, les représentants des Etats membres se réunirent à Lisbonne et imposèrent le Traité, supposé modifié, sans qu’il soit jamais encore soumis au peuple. Est-ce bien démocratique ?



Au regard de ces écarts et déviations, de la crise institutionnelle et de gouvernance d'une part, et en reconsidérant toutes les formes de lobbyings et de dictatures (culturelle, économique, politique, etc.) imposées par les régimes dits démocratiques d’autre part, ainsi que la marche déséquilibrée du monde contemporain, répondre à la question de savoir si la démocratie est sous-jacente dans l’histoire occidentale ne va plus de soi. Car l’Occident apparaît de plus en plus comme « une civilisation qui ruse avec ses principes » (A. Césaire). Pour être valable cependant, notre réponse à cette question devra être éprouvée empiriquement, historiquement dans le cas d’espèce. D’où l’analyse de l’histoire occidentale sur le « temps long » (Braudel).

La « démocratie » : une réinvention universelle.



D’emblée, soulignons qu’avant la Grèce, au tout début de l’aventure humaine, existait la démocratie. Ses valeurs étaient au fondement des civilisations sumériennes (Irak), des sociétés des chasseurs-cueilleurs (comme les Pygmées de la forêt équatoriale actuelle), des royaumes de la vallée de l’Indus ou Inde ancienne (Vaísali, Mahajanapadas), des Etats antiques de Gopala, (Bengale), de Sambasrai (Afghanistan), de Sabarcae (Pakistan), au sein des tribus primitives amérindiennes, etc. La déclaration universelle sur la démocratie en parle comme d’un « idéal universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes à tous les peuples qui composent la communauté mondiale. » Donc, loin d’être une invention grecque, la démocratie est une aspiration universelle qui s’impose naturellement aux hommes. Aucun peuple ne peut s'arroger son invention. Pour ce qui est formellement attesté, c’est néanmoins en Grèce que pour la première fois elle aurait été appliquée à des communautés complexes.



L’histoire situe son règne à Athènes entre le début du 5ème siècle et 338 avant notre ère, année où Athènes, affaiblie, perdit définitivement son indépendance, sa constitution étant abolie en - 322. L’on remarquera que la démocratie ne subsista dans la Grèce antique que moins de deux siècles de sorte que l’on n’en parlait plus au début de l’ère chrétienne. Durant cette ère, « le souvenir des cités grecques avait totalement disparu », même s’il eut quelques assimilations, notamment dans les cités italiennes de la Renaissance (cf. : Le Prince, Makiavel). C’est sous une forme radicalement différente, objet d’une falsification grossière et d’une application édulcorée, mensongère, que la démocratie sera réinventée plus de deux millénaires après dans l’Amérique du 19ème siècle. Dans un mémorable discours en 1863, Abraham Lincoln, l’un des pères fondateurs de cette démocratie réinventée, plutôt représentative, reprenait la vieille formule de Périclès qui célèbre « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Pour Pierre Rosanvallon , il faut justement attendre ce siècle-là pour que l’usage même du mot se répande dans le langage courant. Et en tant que système de gouvernement en Europe, ce n’est que récemment, dans la seconde moitié du 20ème siècle et à la faveur de la recherche de la paix suite aux guerres mondiales (SDN, ONU, OTAN, etc.), que la démocratie sera redécouverte. Comment expliquer cet effacement millénaire des principes du « pouvoir au peuple » ?

Obstacles millénaires à l’enracinement de la démocratie en Occident.



Fragmentée et hétérogène, l’Europe est le terrain de jeu des envahisseurs pendant la plus grande partie de son histoire de l’ère chrétienne, notamment depuis le 5ème siècle. « Les Huns, les Avars, les Magyars, les Tatars, les Mongols et les peuplades turques arrivent de l'est, les Vikings du nord, les conquérants musulmans du sud », explique l’historien britannique Eric Hobsbawm . Pressés de tous les côtés, dans ces déchirements et cet éclatement de l’Europe « westphalienne », du fait des guerres internes et externes sur une période s’étalant sur plus d’un millénaire et demi, et même après la mise en place des cités-nations qui ne verront le jour sur le territoire situé entre l’Oural et Gibraltar qu’après la défaite turque aux portes de Vienne en 1683, il est impossible de parler d’Etat en Europe, et encore moins de nation démocratique. L’Europe ne retrouve un semblant de stabilité politique qu’après la révolution française qui s’achève en 1799, à la veille du 19ème siècle. Or, affirmation pour le moins absurde, le pouvoir n’était point entre les mains du peuple dans le système aristocratique qui domina en Occident durant ces longs siècles d’hiver démocratique.



Durant les 9 dixièmes de l’ère chrétienne donc, l’Europe connaît une instabilité qui n’offre pas l’occasion de construire des États forts. Pour commencer, pendant un demi-millénaire, la domination des Phéniciens, premiers colonisateurs au monde, dé-configure le sud de l'Europe . Partant de la Syrie, du Liban et de la Palestine, ils colonisent la Tunisie, l’Égypte, Tanger, l’Espagne, la Sicile. A la fin de leur domination suite à la destruction de Carthage par Rome en 146, c'est encore une famille phénicienne (Liban) qui impose la dynastie de Septime Severe à Rome durant la fin du 2ème siècle. Passons sur le sac de Rome en 410 par le Wisigoths. En réalité, ce sont les Vandales, peuple germanique d’origine scandinave, qui tiennent l’Europe en otage durant les 5 premiers siècles. Ils envahissent la Gaule (407), la Galice, la Bétique (Espagne, 409), l’Afrique romaine, les Îles de la méditerranée (Sicile, etc.), avant d’être conquis par les Byzantins (533). Au début, le règne instable des Byzantins profite dans un premier temps aux Bulgares qui pénètrent dans les Balkans et Lombarde (Italie), puis dans un second temps aux Arabes (depuis le Yémen aussi) qui arrivent en Afrique du nord où ils prennent Carthage (695), occupent le Maghreb et font replier encore plus les Noirs dans l’hinterland continental, traversent la méditerranée pour poursuivre leurs conquêtes. Pénétrant aussi l’hinterland européen, ils prennent possession des terres basques, de Bordeaux, etc., soumettent une partie de ces peuples à l’Islam. Ce n’est qu’à Poitiers en 732 qu’ils seront stoppés. La Grande Mosquée de Cordoue en Andalousie est aujourd’hui encore une des traces de l’invasion séculaire des Arabes qui occupent le sud de l’Europe pendant des siècles.



Dès 793, c’est au tour des navigateurs et guerriers Vikings, édificateurs de Dublin venus de Scandinavie. Ils effectuent des raids, pillent et massacrent tout sur leur passage, déstabilisent le continent européen depuis les villes côtières d’Irlande et les Île du nord-est de l’Angleterre jusqu’aux confins du continent. Ils occupent et dominent l'Europe occidentale et centrale jusqu’en Russie. Partout ils sèment la terreur, brulent Paris en 856. A la même période, les nomades Avars venus d’Asie font des incursions régulières, saccagent l’est de l’Europe dès 799, jusqu’en Croatie.

Pour continuer dans le « temps long » (Fernand Braudel) de cette histoire des barbaries où la démocratie est littéralement relayée aux calendes grecques depuis des siècles, la Dalmatie connaîtra ses guerres ravageuses, s'en suivra celles des envahisseurs Francs, de Charlemagne, celles sur la Lotharingie, la Bretagne. Il y aura le siège de Paris par les Normands, la bataille de Clontarf en 1014 qui marque la fin de la domination des Vikings et le début des batailles pour les successions en Irlande. L’union de la Croatie blanche et Pannonienne en 925 et son intégration à la Hongrie en 1102 sont finalement perçues comme des alliances stratégiques afin d'être plus forts face aux envahisseurs durant ces siècles de barbarie.

Après les grandes invasions barbares (3ème au 5ème siècle) et celles du haut Moyen-âge (5ème au 10ème siècle), l’intolérance religieuse des Européens durant le bas Moyen-âge (10ème au 15ème) est véhiculée par les papes successifs (Urbain II, III et IV, Innocent III et IV, Grégoire VIII, IX et X, etc.), qui tentent d’unifier l’Europe autour de la chrétienté. Cette intolérance est relayée par les chefs militaires et les monarques les plus puissants qui, foulant au pied le principe démocratique de la laïcité (officiellement jusqu’en 1905 en France), font allégeance au pape. Outre Godefroi de Bouillon, ces meneurs sont Philippes-Auguste, Saint-Louis, (rois de France, Richard Cœur de Lion (roi d’Angleterre), Fréderic 1er Barberousse (Empereur du Saint-Empire Romain Germanique), etc.




Avec la bénédiction papale, les réactions enthousiastes engendrent de formidables coalitions européennes de très vaste ampleur entre 1095 et 1292. Les expéditions des armées des croisés sont abominables et déstabilisent l’Europe et le Moyen-Orient. Les armées de Chevaliers, de Teutons, d’Hospitaliers et de Templiers prennent activement part aux huit croisades. Celles-ci mobilisent les populations entières par dizaines de milliers qui partent de tous les quatre coins d’Europe jusqu’aux confins de la Russie pour le Moyen-Orient : Jérusalem, Damas (et toute la Syrie), Beyrouth (et tout le Liban), Bethleem, Samarie, l’Irak, l’Iran, Chypre, Crête, Byzance, Constantinople, l’Egypte, Tripoli, Carthage). Au départ, croix sur le dos, les croisés ont pour but de contrôler la Terre sainte et Jérusalem afin de récupérer le Saint-Sépulcre et libérer ainsi « le tombeau du Christ » des mains des « infidèles » musulmans à qui ils portaient la divine parole. Par la suite les croisades seront l’occasion d'expéditions de pillages, le sac des villes traversées, le massacre des hommes, le viol des femmes, le vol des richesses des populations musulmanes, juives et même chrétiennes de ces régions à qui ils livrent les guerres au nom de la chrétienté.



Entre temps, dès 1237, sous le Roi universel Gengis Khan, les Mongols ou « Hordes d’Or », peuples d’Asie à l’origine d’un des plus grands empires de tous les temps (couvrant l’Asie centrale, la Birmanie, l’Indonésie, la Chine, la Russie, le Moyen-Orient), écraseront les Ukrainiens, les Polonais, les Hongrois, les Autrichiens, etc. A l’intérieur de l’Europe, quand ce ne sont pas les invasions étrangères, ce sont les guerres internes entre Français, Anglais, Germains, Romains, etc. Ainsi, en sera-t-il des Français vaincus par les Flamands à Courtrai en 1302. Ou encore la guerre de cent ans qui se poursuit de 1337 à 1453 sur le sol français.



Sorte de retour des croisades quelques décennies plus tard, c’est au tour des Musulmans de mener les djihads avec de fréquentes invasions sur les terres d’Europe ., en commençant par la Grèce, puis la Bulgarie, la Roumanie, etc., jusqu’aux portes de Viennes en Autriche à la fin du 17ème siècle comme nous le mentionnions supra. Partie de la péninsule ibérique (Espagne), la Reconquista chrétienne contre les Musulmans aura lieu parallèlement, depuis le 8ème siècle d’ailleurs jusqu’à la prise de Grenade en 1492. Dès cette date, s’ajouteront aux massacres d’une Europe éloignées des principes démocratiques, les génocides des esclavagistes et des colons depuis les indigènes d’Amérique (Indiens) jusqu’aux nègres d’Afrique en passant par les Jaunes d’Asie, tous des termes qui rappellent le racisme occidental qui proclame avec Gobineau qu’« il n’est d’histoire que blanche ».

Le point fort des ces guerres saintes sera la chute de Constantinople. Donc, même si Byzance chute en 1453, les Ottomans ne seront défaits que 230 ans après. Ces siècles d’instabilités sociétales et de cruautés humaines n’offrent aucune occasion de réflexion critique sur les modèles de gouvernance et feront dire à Castoriadis, avec raison d’ailleurs, que contrairement à ce qu’affirmait Marx, l’histoire de l’humanité n’est pas l’histoire des luttes des classes mais bien celle des barbaries , en tout cas ces points les plus marquants.



En général, c’est le règne de la monarchie absolue en Occident, des aristocraties et des cités-nations qui ne connaissent pas la démocratie. Les successions sont héréditaires au sein de quelques familles de souverains qui prennent la tête des États-nations européens comme on le remarquera aujourd’hui encore où nombre de familles royales descendent toutes d’ancêtres communs et restent au pouvoir jusqu’à leur mort (Belgique, Angleterre, Danemark, Pays-Bas, Norvège, Suède, Espagne, Liechtenstein, voire Monaco et Luxembourg, etc.). Après les siècles de croisades et de djihads, ce sont ceux des hérésies et des inquisitions catholiques absolument inhumaines. On pratique officiellement la chasse aux sorcières que l’on brule vives sur les buchers, la pendaison (haute et courte) sur l’échafaud, la guillotine.

Loin d’être celle des valeurs de la démocratie, l’époque médiévale et même de la Renaissance (1450-1600) en Occident est bien celle de l’intolérance religieuse, de l’antisémitisme. Les Juifs sont partout pourchassés pour être tués, tandis que le système de servage avec son mode d’exploitation est la règle dans les seigneuries. C’est d’ailleurs en cherchant des échappatoires à leurs risques et périls que les premiers serfs fugitifs deviendront des artisans dans les bourgs tout autour des seigneuries. Vendant les objets d’art de leurs fabrications aux nobles d’autres contrées, ces bourgeois vont s'enrichir et manipuler les serfs restés au service de leurs maîtres anoblis pour qu’advienne la révolution française qu’ils détourneront à leur compte.



Démocratie : la grande illusion occidentale.



Ainsi donc, parler des valeurs qui fondent la démocratie comme étant occidentales est une grosse méconnaissance des faits historiques quand on sait par exemple que bien avant les Européens, la tolérance religieuse, une importante valeur démocratique, était pratiquée par les Ottomans et les Chinois, les seuls à accueillir les Juifs expulsés par les intégristes chrétiens de la Castille (Espagne), du Portugal, puis d’autres États d’Europe dès le 14ème et jusqu’au 18ème siècle, voire au 20ème (l'affaire Dreyfus, la Solution Finale). Plus grande puissance européenne d’alors (les États-nations se forment à partir du 14ème/15ème siècle jusqu’au 19ème), l’Espagne n’avait pas les valeurs démocratiques que s’approprie l’Europe aujourd’hui.

A voir tout le rififi autour de la burqa, indicateur d'une islamophobie profonde, il ne fait aucun doute que la tolérance fait défaut à l’Europe actuelle. Comment s’en étonner si, comme l’explique l’historien Hobsbawm, « ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que les institutions et les valeurs en question se sont répandues, au moins théoriquement, à travers toute l'Europe. »



Supra nous parlions de semblant de stabilité au cours des années 1800 car même après les Lumières et les révolutions, l’Europe connaîtra encore de longues périodes de crises et de guerres d’une cruauté désespérante. Les rois et les empereurs ont droit de vie et de mort sur leurs sujets et règnent jusqu’à leur mort. En 1802, après la révolution, Napoléon par exemple se fait proclamer Consul à vie, puis Empereur ; et le restera jusqu’à sa défaite en 1815 à Waterloo (Belgique) par les troupes britanniques de Wellington et prussiennes de Blücher. Même après, crimes contre l’humanité et guerres, y compris coloniales, seront fréquents, l’Europe étant comme le rappelait Césaire, « comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire. » (Discours, op. cit.).




Au 20ème siècle, des régimes autoritaires s’accaparent du pouvoir et l'Europe postindustrielle du capitalisme mur connaitra encore le stalinisme, le salazarisme, le fascisme, le nazisme, le franquisme, etc., ainsi que l’expliquait Mitterrand aux Chef d'États Africains dans son discours de La Baule en 1990 : « il nous a fallu deux siècles pour tenter de mettre de l'ordre, d'abord dans notre pensée et ensuite dans les faits, avec des rechutes successives ; et nous vous ferions la leçon ? »

C’est récemment, après la deuxième guerre mondiale, après les décolonisations en Afrique, en 1965, il n’y a même pas un demi-siècle donc, que la France par exemple aura son premier Chef d’Etat élu à peu près démocratiquement, au suffrage universel sans discrimination de genre : Charles De Gaule (Vème République), vainqueur face à Mitterrand que nous avons tous connu. Même dans l’exemple démocratique souvent cité de la Suisse actuelle où, intolérance religieuse caractéristique, l’on a récemment organisé un referendum pour l’interdiction des minarets (pourquoi pas aussi des clochers ?) et l’expulsion des migrants reconnus coupables d’un crime, parmi lequel s’inclut une banale fraude sociale, les femmes n’auront le droit de vote qu’en 1971. Quant au vote des étrangers qui vivent et travaillent légalement dans quasi tous les pays d’Occident, il est encore loin d’être programmé sur la table des discussions. En France, sans l’avis du peuple, Sarkozy lui tout seul a réitéré son refus et son gouvernement se vante de son nouveau quota de 30.000 expulsions d’étrangers par an.

Partout, l’on assiste à une régression mentale que les peuples de l’antiquité eux-mêmes n’ont pas connue. Loin de construire les murs pour empêcher l’arrivée des étrangers, l’hospitalité était une tradition grecque, une valeur caractéristique de leur démocratie, comme le témoigne le conte épique de L'Iliade. Or de nos jours, des prisons pour étrangers qualifiées de « centres fermés » se comptent par centaines à travers l’Occident barricadé dans des fortifications le long de ces frontières. Les traitements dégradants et la répression qui y ont cours ne sont finalement qu’anecdotiques devant tant d’autres injustices récurrentes. A cela, l’on se justifie : l’Occident « ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » Sont-ce là les valeurs de la démocratie ?



Sur le sujet, toute critique est censurée car « La France, tu l’aimes ou tu la quittes. » Qu’en est-on de la liberté d’expression qui avait cours dans ce marché-lieu de rassemblement de l’antique Athènes, l’agora ? Quid de la protection de la vie privée ? En Angleterre, en France, aux USA, dans toutes les « démocraties », les scandales des écoutes illégales sont récurrentes, bien que contraires aux principes démocratiques. La xénophobie et le racisme sous-jacents prennent les oripeaux de nationalisme qui connaissent une avancée inquiétante. Dans son œuvre « Printemps dans un jardin de fou », Henri-Frédéric Blanc assène : « le fascisme n’a pas été pulvérisé. Il a été intériorisé et il ressort un peu partout, partout un peu. » Témoins la montée de l’extrême droite : 10% en France, 12% en Bulgarie, 14,8% en Hongrie, 17% au Pays-Bas, 17,1% en Belgique, 22,4% en Norvège ! S’étonnera-t-on des attentats perpétrés par un croisé des temps modernes à Oslo il y a quelques semaines ?



Devant la nouvelle « invasion musulmane » qui justifierait l’islamophobie actuelle, il y a longtemps que l'Europe, jusqu'aux mouvements extrémistes de droite, a fait volte face pour condamner désormais non seulement le négationnisme et la traditionnelle complaisance à l'égard de l'antisémitisme, mais aussi toute critique à l'égard d'Israël, Etat dont malgré le caractère clairement voyou, est, dans la position stratégique de son isolement géographique de l’Occident d’où parsema sa diaspora, contraint d’accepter d'être en retour l'avant-garde des Occidentaux en Orient, chez les Arabes.

Il faut savoir, comme l’expliquait la vice-présidente de la Commission européenne au début des révoltes arabes, que même « tout au long du XXe siècle, notre avancée vers la démocratie libérale a été chaotique et lente. L'Union européenne elle-même a émergé des cendres de plusieurs conflits ayant ravagé notre continent et qui ont montré les conséquences dramatiques de l'échec de la démocratie. Si on ajoute le bilan mitigé des empires européens, il est clair que l'UE doit faire preuve d'humilité vis-à-vis de ses partenaires. »



Dans l’Europe dans parle Mme Ashton, peuples et élus n’ont aucun pouvoir. A l’ombre des seuls grands états dont les dirigeants jouent les oligarques, il y a des décennies que la Commission européenne ne joue plus le rôle majeur que lui reconnaissent les traités. Elle est même devenue sans objet l’année dernière avec la nomination d’un président du Conseil, poste fabriqué par Sarkozy et Merkel, qui, avec la « crise de la dette », viennent d’inventer aussi, toujours unilatéralement, le Gouvernement économique de la zone Euro. Évidemment que l’Occident n’a pas de leçon démocratique à donner au reste du monde. En parlant de l’émergence de l’UE « des cendres de plusieurs conflits ayant ravagé » l’Europe, Ashton pense sans doute au nazisme et la seconde guerre mondiale. Pour très longtemps encore, l’humanité se souviendra avec effroi du « Combat » mené par Hitler et du niveau inégalé de barbarie atteint par ce führer arrivé « démocratiquement » au pouvoir. Cet exemple achève à lui seul de montrer qu’« aucune démocratie n'est à l'abri d'une poussée autoritaire, même en Europe », comme le souligne Bertrand Badié, professeur à Sciences Po (Paris). »

Comme on le constate, au contraire des valeurs qui dominent aujourd’hui sur ce continent, ce sont les marxismes-léninismes, les nationalismes, voire les racismes qui de loin devançaient l’idéologie d’ensemble le siècle dernier encore. Même en Amérique où l’on est théoriquement en avance sur l’Europe en ce qui concerne la pratique de la démocratie (De Tocqueville), c’est l’esclavage qui a dominé durant la grande partie de l’histoire de cette première république moderne ; les femmes blanches n’y obtiendront le droit de vote qu’en 1920 quand Rosa Park, une femme noire n’a pas, en 1955, le droit de s’asseoir sur un siège d’autobus parce que la loi le réserve aux seuls Blancs. Cette pseudo-démocratie n’octroie pas encore la plus importante valeur à ces citoyens, celle de l’égalité des droits, et le Ku Klux Klan sème toujours la terreur. On sait que Martin Luther King qui revendiquait l’égalité entre les Blancs et les Noirs sera assassiné à Memphis en 1968, tout récemment donc, plus d’un siècle après le discours de Lincoln. Dans l’Europe de cette époque où l’illusion démocratique était déjà évidente, l’un des slogans les plus durs entendus chez les soixante-huitards étaient : « La dictature, c’est ferme ta gueule ; la démocratie, c’est cause toujours. » Faut-il rappeler qu’Obama est le seul président américain qui n’est pas « pur blanc » ? Et il restera seul dans sa catégorie pendant des décennies. Et un tel évènement est impensable en Europe ; quid du Vatican ?

Comment expliquer raisonnablement ces réalités politiques occidentales actuelles opposées aux principes de la démocratie autrement que par le fait que ses valeurs ne sont pas sous-jacentes dans l’histoire des champions de sa promotion dans le monde ? Pour l’historien Eric Hobsbawm , en Europe « les valeurs qui fondèrent les États modernes avant l’ère des révolutions furent celles des monarchies absolues et mono idéologiques. »

D’évidence donc, la « démocratie » ou ce qui en tient lieu aujourd’hui n’est profondément enracinée nulle part. Elle n’existe que dans une certaine superficialité, n’ayant été réinventée il n'y a que quelques décennies. L’historien insiste : « Les "valeurs européennes" sont un mot d'ordre de la seconde moitié du XXe siècle.» La légitimité de ces valeurs restant encore à construire, il va sans dire que la démocratie a déjà elle-même besoin d’être enracinée et approfondie en Occident, avant d’être imposée à coups de canons ailleurs, avec le chaotique succès obtenu en Irak depuis les braises éventées entre Chiites, Sunnites et Kurdes. Et demain, la Libye ! Que l’Occident assimile d’abord sa leçon de démocratie ! Car comment donner ce qu’on n’a pas ? Où a-t-elle jamais pu apporter la démocratie ? Où ?


  • 1- Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris, 2004, Ed. Présence Africaine, p. 7.

  • 2- Gaston Lavergne, La démocratie dans l’histoire, Site Internet : www.esplanade.org/democratie.
  • 3- Pierre Rosanvallon, L’histoire du mot démocratie à l’époque moderne, dans Situation de la démocratie, Gallimard-Seuil, 1993, pp. 11-29.

  • 4- Eric Hobsbawm, L’Europe : mythe, histoire, réalité, Le Monde, Paris, 24 septembre 2008.

  • 5- Warwick Ball, Out of Arabia, Phoenicians, Arabs and discovery of Europe, East & West Publishing, nov. 2009.

  • 6- Précisons néanmoins que le choc des civilisations est une idéologie anhistorique. Au 3è siècle, au moment de la célébration du millénaire de Rome, l’empereur romain Philippe n'était autre que le fils d'un cheikh arabe de Syrie, tandis qu'au 10ème siècle, au moment de l'apogée de l’Andalousie, le calife Abderrahman III, qui fut le souverain de ce vaste empire Arabes était un Occidental aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Comme on le voit, la ligne de fracture est mince entre l'Orient et l'Occident tant les influences sont réciproques. A propos des emprunts culturels, notons avec intérêt que les premiers colonisateurs furent phéniciens, d'abord autour de la Méditerranée et des rives atlantiques. L'alphabet Grec elle-même tire son origine de la Phénicie, qui colonisa l'Europe. Cette origine Asiatique est d’ailleurs reconnue historiquement par les Grecs et les Romains.Cornélius Castoriadis, La montée de l’insignifiance, In Carrefour des labyrinthes 4, Ed. Du Seuil, Paris, 1988

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____La place l'islam au coeur du débat africain. Ce n'est pas l'extrême droite qui s'exprime mais un peuple ouvert, simplement soucieux de préserver ses principes et son mode de vie.

la cohabitation avec l'islam sera le défi à résoudre pour l'Europe du XXI e siècle. La religion n'est pas en cause, ni la respectable dévotion musulmane que tout croyant ne peut qu'admirer.

Ce qui s'avoue quand la parole se libère&#8201;: la cohabitation avec l'islam sera le défi à résoudre pour l'Europe du XXI e siècle. La religion n'est pas en cause, ni la respectable dévotion musulmane que tout croyant ne peut qu'admirer. C'est, en revanche, la construction politique qui accompagne ce culte, dont les textes de référence ne différencient pas le spirituel du temporel, qui préoccupe les démocraties. Elles voient leurs règles utilisées par des néofondamentalistes pour tenter d'ébranler la laïcité. Pourquoi feindre encore de ne rien remarquer&#8201;?

Un même panurgisme, qui assure à Copenhague que l'Occident est seul coupable du réchauffement climatique, refuse d'analyser la tentation totalitaire portée par cette conception d'une société soumise. Au nom de la non-discrimination, ce système est exempté de responsabilité dans la crise existentielle qui traverse l'Europe. Le débat sur l'identité, que le conformisme refuse, serait devenu "un déversoir et un défouloir" selon Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité. Ce risque existe peut-être, tant les peuples perdent patience. Mais ce serait attiser les exaspérations que de refuser de poser des limites à l'islam en France.



La rapide émergence de ce tabou, que le vote suisse contre les minarets a achevé de briser, oblige à dire les choses. Or le déni, qui fut celui de bien des dirigeants face à la montée du communisme puis du nazisme, se retrouve chez ceux qui ne veulent pas voir les avancées de l'islamisme, dont l'idéologie rétrograde s'infiltre dans des cités majoritairement musulmanes, au nom du différentialisme défendu par les belles âmes. Une confuse référence à la suprématie coranique devient déjà, pour certains Français, le prétexte à ne plus obéir aux lois de la République. S'en accommoder, au prétexte de ne "stigmatiser" personne&#8201;?



L'apaisement est brandi par le politiquement correct, qui récuse les conflits et sacralise les minorités. Dimanche, Hervé Morin, ministre de la Défense, a justifié cette attitude. Elle vaut à la secrétaire d'État, Nadine Morano, d'être accablée de critiques pour avoir dit attendre "du jeune musulman français qu'il aime son pays, qu'il trouve un travail, qu'il ne parle pas verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers". Les censeurs, qui veulent y entendre des propos "nauséabonds" annonçant, allons-y, un retour de Vichy, se bousculent depuis pour réclamer la suspension du débat national. Vite, remettre les têtes dans le sable...




Silence ambigu

Nicolas Sarkozy, en recentrant le débat sur l'islam (Le Monde, 9 décembre) a opportunément rappelé "l'humble discrétion" qui oblige le chrétien, le juif ou le musulman "à se garder de toute ostentation et de toute provocation". Le parallèle outrancier que soutient une partie de la gauche entre la situation des musulmans de France et celle des juifs sous l'Occupation illustre sa confusion. Même les religieux ont admis l'enjeu. "Le dernier arrivé doit s'adapter aux règles collectives", reconnaît Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. "La balle est dans notre camp, c'est à nous musulmans d'expliquer, de combattre l'extrémisme", confirme Fouad Alaoui, président de l'Union des organisations islamiques de France. Les donneurs de leçons entendent-ils&#8201;?



La première vertu du débat est d'avoir convaincu, semble-t-il, ces représentants de leur responsabilité. Celle-ci consiste à corriger la caricature que l'intégrisme est en train de donner à leur communauté. À ceux qui, comme Hamid Zanaz (L'Impasse islamique, Les Éditions libertaires), disent ne guère croire en une "révolution mentale" pouvant promouvoir un "islam libéral", il appartient à ces Français issus de l'immigration d'apporter les signes de leur acceptation de la laïcité et de ses règles égalitaires. Le peuple iranien, qui aspire à la démocratie en affrontant la théocratie, ne prend-il pas ce chemin&#8201;?



Alors que les députés s'apprêtent à légiférer sur l'interdiction de la burqa dans des lieux publics, il devrait revenir aux musulmans de défendre cette mesure. Il serait utile de les entendre fixer les limites de la pratique religieuse à la seule sphère privée. Face aux incursions du néofondamentalisme, qui exige des cantines séparées et des salles de prière dans les entreprises, qui y récuse des femmes et réclame des jours fériés, qui impose sa loi dans des hôpitaux et veut des horaires séparés dans les piscines, l'actuel silence de nos compatriotes est ambigu. Leur demander de se désolidariser d'un intégrisme sclérosé n'est pas leur faire injure. C'est même l'exact contraire.





Un débat qui gêne

Au nom de la diversité, concept censé représenter la nouvelle richesse de la France, l'islam politique instrumentalise des exigences religieuses pour asseoir sa visibilité, singulièrement dans les banlieues. Même le Hezbollah islamiste a été autorisé à tenir une conférence, samedi dernier, à la Sorbonne, symbole de l'humanisme français. Continuer à nier ce qui crève les yeux&#8201;? Un constat&#8201;: ceux qui réclament l'arrêt du débat sont les mêmes qui, comme Dominique de Villepin, se sont fait les chantres de "&#8201;la dimension islamique de l'Europe". C'est leur monde rêvé qui est aujourd'hui jugé par les Français. Il sera difficile de les faire taire.




Avantage au FN&#8201;?

Cette libre parole favorisa-t-elle le FN&#8201;? Rien n'est moins sûr. Ce n'est pas l'extrême droite qui s'exprime mais un peuple ouvert, simplement soucieux de préserver ses principes et son mode de vie.

http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2009/12/bloc-notes-la-place-de-lislam.html

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___Pourquoi le Nigeria, le Tchad, le Mali, le soudan s'embrase-t-il ?› Attaques d'islamistes présumés dans le nord de l'afrique? POURQUOI DEUX RELIGIONS INCOMPATIBLES DEBOUCHE T'-IL SUR UNE GUERRE DE RELIGIONS?

Pourquoi le Nigeria s'embrase-t-il ?

Le Monde.fr avec AFP | 21.06.2012 à 16h21 • Mis à jour le 21.06.2012 à 16h21

Par Anna Benjamin

De nouveaux heurts entre musulmans et chrétiens frappent le Nigeria depuis le dimanche 17 juin.

Une insurrection armée, conduite par le groupe islamiste Boko Haram, est accusée depuis plusieurs mois de vouloir déclencher sciemment une guerre de religion. Mais cela fait des années déjà qu'émeutes et attentats secouent le pays.




QUI S'AFFRONTE DANS CES VIOLENCES ?



Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, compte autant de chrétiens que de musulmans. Si la mixité y est officiellement la règle, le pays est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétienne, zone la plus riche grâce aux revenus du pétrole. Depuis quelques années, des troubles religieux ont éclaté entre les deux communautés, essentiellement dans le nord du pays, provoquant des milliers de morts.



Depuis mi-2009, le pays est quasi quotidiennement touché par des attaques, attribuées pour la plupart au groupe islamiste Boko Haram. Elles visent essentiellement les membres des forces de sécurité, les responsables gouvernementaux et les lieux de culte chrétiens.



Dans le Nord, les membres des différentes confessions vivent désormais dans des quartiers séparés, et se sont organisés en milices.



Lire le cadrage : "Le Nigeria face au spectre d'une guerre de religion"






POURQUOI CES VIOLENCES RESSURGISSENT-ELLES ?





On assiste d'abord à une radicalisation de l'islam dans le nord du pays. Certains Etats de cette région du nord du Nigeria ont adopté officiellement la charia entre 1999 et 2001, mais dans les faits, celle-ci n'est pas appliquée aussi strictement que les islamistes le voudraient. Il y a donc des revendications religieuses.



Le pétrole est la principale ressource financière du pays. C'est l'Etat fédéral qui décide des répartitions. Historiquement, le Nord a toujours été déshérité. Il existe donc une forte demande de rééquilibrage économique, qui est instrumentalisée par un noyau d'extrémistes religieux.



Enfin, l'élection en avril 2011 de Goodluck Jonathan à la présidence du pays a renforcé les tensions. Il est chrétien et vient de la région du Delta où se trouvent les principales régions pétrolières.



Lire l'entretien : "Au Nigeria, 'Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile'"



Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement et spécialiste du Nigeria, explique, lui, que ces tensions sont loin de se réduire à des critères ethniques et religieux : "Il s'agit d'une façon 'facile' d'envoyer un signal au pouvoir. Dans le Nord du Nigeria, lorsque l'on veut s'en prendre à un des symboles du pouvoir, on attaque les chrétiens."



Lire l'entretien : "Le Nigeria n'est pas dans une situation à l'Ivoirienne"






QU'EST-CE QUE BOKO HARAM ?





Les attentats contre les chrétiens sont revendiqués par l'organisation islamiste Boko Haram. "Allah nous a donné la victoire dans les attaques lancées contre des églises dans les villes de Kaduna et de Zaria qui ont provoqué la mort de nombreux chrétiens et membres des forces de sécurité", a déclaré le 18 juin dans un message électronique Abu Qaqa, porte-parole du groupe islamiste et auteur de précédentes revendications.



Lire les faits : "Boko Haram revendique les attentats antichrétiens au Nigeria"



Cette secte, dont le nom signifie en langue haoussa "l'éducation occidentale est un péché", veut imposer un Etat islamique dans le nord du pays, avec une stricte application de la charia.



A ses débuts en 2004, le groupe était essentiellement composé de diplômés de l'université et de personnes ayant rompu avec leur milieu social d'origine, classe aisée ou classe moyenne. Deux cents membres avaient alors établi un camp près de la frontière avec le Niger, dans le village de Kanamma, dans l'Etat de Yobe (nord-est), surnommé "Afghanistan".



Lire l'éclairage : "Boko Haram, la secte qui veut imposer un Etat islamique"



Mais aujourd'hui, les liens de la secte semblent dépasser les frontières du Nigeria. Le mouvement se réclame des talibans afghans et est soupçonné de liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaida (AQMI).



Lire l'éclairage : "Les liens troubles entre Boko Haram et AQMI au Nigeria"






Y A-T-IL UNE INTENSIFICATION DES ATTAQUES ?




Boko Haram avait lancé en 2009 une insurrection sous l'autorité de leur ex-dirigeant Mohammed Yusuf à Maiduguri. L'armée avait brutalement réprimé le soulèvement et environ huit cents personnes avaient été tuées. La mosquée ayant servi de quartier général au mouvement avait été rasée et leur chef, tué.



Mais le groupe continue de lancer des raids meurtriers visant policiers, militaires, hommes politiques ainsi que responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie. Depuis mi-2010, la secte a même élargi son champ d'action. Active essentiellement dans le nord, elle s'étend désormais dans d'autres régions, notamment à Jos, dans le centre. En décembre 2010, la ville avait été le théâtre d'une série d'attentats revendiqués par Boko Haram qui avaient fait quelque quatre-vingts morts.



Lire les faits: "Regain de tension interreligieux et intercommunautaires au Nigeria"



QU'ENVISAGE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ?





Dans son ensemble, la communauté internationale condamne ces violences. La haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a affirmé en janvier 2012 que le groupe islamiste Boko Haram pourrait être reconnu coupable de "crimes contre l'humanité" si la justice montre qu'il a commis des attaques systématiques contre la population.



Lire les faits : "L'ONU évoque des 'crimes contre l'humanité' au Nigeria"



Les Etats-Unis envisagent, eux, d'assister l'armée nigériane dans sa lutte contre ce groupe islamiste. "Il s'agit d'une question interne récurrente au sein du gouvernement des Etats-Unis", a déclaré le 6 juin, le secrétaire d'Etat américain chargé des affaires africaines, Johnnie Carson.



Lire les faits : "Washington envisage d'assister le Nigeria contre Boko Haram"

Le Soudan du Sud, qui a dit que ce serait facile ?

Le Monde.fr | 09.07.2012 à 08h59 • Mis à jour le 09.07.2012 à 08h59

Par Hilde F. Johnson, représentante spéciale du Secrétaire général de L'ONU pour le Soudan du Sud.





Les connaisseurs en crises multiples doivent avoir savouré la première année du Soudan du Sud comme un Etat indépendant. Ils indiqueront aux défis innombrables du pays : la violence inter-communautaire endémique qui a provoqué la mort de centaines de personnes ; l'arrêt brusque de production de pétrole après une détérioration dans les relations avec son voisin du nord, le Soudan ; l'accompagnement d'une série de mesures de rigueur economique dures ; les allégations de corruption ; les hostilités frontalières avec le Soudan qui ont faille poussé les deux pays au bord d'une guerre totale. Personne n'a dit que ce serait facile. Mais loin des titres de presse couvrant des crises militaires, politiques, économiques et humanitaires, la Mission de Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) a tranquillement mais systématiquement accompagné les Soudanais du Sud et s'est associeé à eux pour affronter les défis majeurs du nouvel Etat.



Depuis son établissement le 8 juillet 2011, la mission a non seulement pris l'action décisive pour sauver les vies des civils, mais a retroussé ses manches pour soutenir des programmes d'un Etat moderne, le développement d'institutions et de gouvernance démocratiques. La MINUSS est mandatée pour protéger des civils "sous la menace imminente de violence physique." Son plus grand test s'est produit dans l'Etat de Jonglei, où les jeunes armés du groupe ethnique le Lou Nuer se sont rassemblé vers la fin de l'année dernière pour lancer des attaques de vengeance contre la communauté Murle.



Un rapport approfondie des droits de l'homme publié par la mission le mois dernier, indique que la MINUSS a tres tôt alerté le gouvernement du Soudan du Sud du movement de Lou Nuer avant son arrivée dans le centre de la communaute Murle en décembre dernier. La mission a alors mobilisé et ensuite déployé plus de la moitié de ses casques bleus dans la zone de l'attaque, Pibor. Des milliers de vies ont été sauvées par ses actions décisives et protectrices effectuées ensemble avec les forces armées du Soudan du Sud.



Ailleurs, dans les zones frontalières, les officiers de liaison militaires de la mission ont examiné et ont vérifié les violations rapportées de droit humanitaire international, en confirmant les bombardements répétés d'objectifs civils à l'intérieur du Sud-Soudan par des avions du Soudan en mars et avril. Une telle évidence a permis au Conseil de Sécurité d'appeler à une halte immédiate de toutes les attaques et a aidé à provoquer une cessation de facto d'hostilités le long de la frontière avec le Soudan.



Mais en plus du travail militaire entrepris, La MINUS s'est aussi concentrée sur des activités touchant à la construction de l'Etat. Nous avons préconisé la revue de la constitution du Soudan du Sud qui a permis la nomination de la Commission d'Examen Constitutionnelle Nationale. Ce processus est une occasion unique pour la construction de nation du Soudan du Sud car il fourni un forum pour toutes les communautés de toutes les conditions sociales. Cela ne devrait pas être oublié.



Comme chef de la mission de maintien de la paix, j'ai vivement recommandé aux dirigeants du Parti du Mouvement populaire pour la Liberation du Soudan du Sud et aux partis politiques d'opposition d'adopter une approche inclusive à l'élaboration d'une d'un projet de loi sur les partis politiques et la loi électorale. Aussi, l'Assemblée législative nationale a unanimement passé plus tard les deux projets de loi de législation. Ces processus sont essentiels pour construire une base pour une démocratie et un pluralisme politique au Soudan du Sud.



La sécurité et le secteur de la justice sont une autre pierre angulaire dans n'importe quel processus de construction d'un Etat moderne. Avec la PNUD, la MINUSS a soutenu les services de police du Soudan du Sud dans l'enregistrement de plus de 37 000 officiers. Ceci est essentiel pour la réforme et la professionnalisation de la police. À travers le pays, des centaines de policiers de L'ONU travaillent étroitement avec leurs homologues du Soudan du Sud pour développer l'îlotage. De plus, la MINUSS a facilité des missions de juges dans les villes éloignées du Soudan du Sud. Nous avons aussi fourni la formation aux officiers de l'armée sur le droit international et le respect des droits de l'homme.



La MINUSS est activement engagée dans la prévention de conflit et sa réduction. Pour promouvoir le processus de paix dans Jonglei, l'Etat le plus grand et le plus volatil du pays, la mission a opéré 1900 vols afin de faciliter les missions de leaders de l'Eglise, des représentants gouvernementaux et des représentants communautaires. Le processus a contribué à une réduction significative de la violence. La paix durable dans Jonglei est essentielle pour la stabilité au Soudan du Sud.



La tâche de construire une nation viable à partir de zero est particulièrement difficile quand le nouveau pays est, selon l'expression du président Salva Kiir Mayardit, "à la fin de chaîne de développement économique" et "au bas" de tous les indices de développement humain. En plus de cela ce sont les crises qui vont probablement aussi arriver en deuxième année de l'Etat souverain du Soudan du Sud . La mission continuera à supporter le Soudan du Sud dans ses moments de crises et nous renouvelons notre engagement de rester dans le pays le plus nouveau du monde.

Hilde F. Johnson, représentante spéciale du Secrétaire général de L'ONU pour le Soudan du Sud.

Washington envisage d'assister le Nigeria contre Boko Haram

Le Monde.fr avec AFP | 06.06.2012 à 10h54 • Mis à jour le 06.06.2012 à 10h54

Les Etats-Unis envisagent d'assister l'armée nigériane dans sa lutte contre le groupe islamiste Boko Haram. "Il s'agit d'une question interne récurrente au sein du gouvernement des Etats-Unis", a déclaré le secrétaire d'Etat américain chargé des affaires africaines, Johnnie Carson, à l'issue de deux journées d'intenses discussions avec des responsables nigérians dans la capitale américaine.



L'administration "tente de prendre une décision qui soit à la fois appropriée, sensée et utile", a-t-il ajouté. Washington n'a pas encore décidé de placer ou non le groupe sur sa liste noire des organisations terroristes.



PARTENARIAT ÉVENTUEL AVEC L'ARMÉE NIGÉRIANE



Des troupes nigérianes ont lancé une opération mardi dans un bastion du groupe islamiste à Maiduguri, dans le Nord, où des explosions et des tirs pouvaient toujours être entendus plus de trois heures après le début de leur intervention, ont indiqué des habitants. Maiduguri est considérée comme le berceau du groupe islamiste, qui se réclame des talibans afghans. L'armée a déclaré, mercredi, avoir tué au moins 16 militants de Boko Haram lors de cette opération.



Les discussions qui se sont tenues à Washington, dans le cadre de la commission binationale Etats-Unis–Nigeria, ont notamment porté sur la gouvernance et la coopération en matière de sécurité. Les Etats-Unis "sont prêts à étudier un éventuel partenariat avec l'armée nigériane", a indiqué lundi le numéro deux du département d'Etat américain, William Burns, à l'ouverture des débats, sans plus de précisions.

"Nous sommes tous inquiets des scènes de violences qui se répètent dans plusieurs régions du Nigeria et qui menacent de réduire à néant les avancées du pays", a-t-il ajouté.

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____MUDIAMBO Malongui Sartre, "Orphée noir", et le mouvement de la negritude. "la race ne devait pas être utilisée pour justifier le paternalisme et l’élitisme des Africains-américains et des Antillais en Afrique".

Sartre, "Orphée noir", et le mouvement de la negritude 23/03/2003



Reactions d'un groupe d'étudiants à l'introduction de Sartre dans un cours sur le panafricanisme



Par Paul Yange




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Manthia Diawara




Au début de son livre, "En quête d’Afrique", Manthia Diawara, professeur de littérature et de cinéma à New-York (Columbia) raconte la réaction d’un groupe d’étudiants à l’introduction du livre de Jean-Paul Sartre au cours "Introduction au panafricanisme".

Ouvrant son cours sur le livre de WEB Dubois "le monde et l’Afrique" (The World & Africa), (Du Bois fut un intellectuel afro-américain influent et un panafricaniste, voir la rubrique "Hommes illustres") Diawara se rendit compte que les réactions des étudiants au livre de Du Bois étaient agressives.

Un étudiant remis en cause l’idée même de panafricanisme en disant que "les africains étaient très différents d’un bout à l’autre du vaste continent et que les afro-américains comme les américains blancs étaient totalement ignorants des réalités africaines". Un autre accusa Du Bois et les autres panafricains de nourrir les mêmes intentions coloniales que les blancs, ajoutant que "la race ne devait pas être utilisée pour justifier le paternalisme et l’élitisme des Africains-américains et des Antillais en Afrique".



Jean Paul Sartre




Pour Diawara, les idées de Du Bois sur l’unité raciale sont particulièrement intéressantes si elles sont étudiées avec d’autres théories raciales et remises en perspective temporelle et spatiale avec elles : ces autres théories sont le nationalisme, la négritude, le mouvement afrocentriste, la thèse sartrienne du racisme antiraciste comme point de départ pour combattre le colonialisme et le paternalisme.

Diawara voulait savoir ce qu’il adviendrait de l’idée centrale de panafricanisme si elle était enseignée comme participant de l’histoire d’idées souvent contradictoires et pas seulement comme une succession d’événements et de figures historiques.

Le texte de Sartre "Orphée Noir" avait été écrit comme préface à "l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de la langue française", parue en 1948 sous la direction de Leopold Sedar Senghor. C’est l’essai le plus célèbre sur le mouvement de la négritude définissant notamment le concept pour le public occidental.

D’après Diawara, "Orphée Noir" a servi de révélations idéologiques traversant son groupe d’étudiants. Certains se sentaient galvanisés par l’appel de Sartre à une lutte commune au nom de l’humanisme universel alors que d’autre pensaient que ce mouvement vers l’universel vidait de sa substance la lutte noire, c’est à dire que Sartre diluait la signification de la négritude.



En quête d'Afrique




Le dernier jour de son cours, Diawara repris le sujet de "l’Orphée noir" de Sartre et demanda aux étudiants s’ils pensaient que cette œuvre avait sa place dans un cours sur le panafricanisme. Le débat fut aussi animé qu’au premier jour car la plupart des étudiants n’avaient pas changé de position, mais ils étaient devenus moins hostiles.

Cependant, au milieu du débat, une étudiante avoua qu’elle avait choisi le cours en raison du nom de Diawara qui "faisait" africain. "Tous les autres cours sur les Noirs et l’Afrique étaient enseignés par des professeurs blancs" dit-elle. Elle ne leur faisait pas confiance et avait voulu étudier avec un véritable africain pour voir. "et alors" demanda Diawara avec une pointe d’agacement. L’étudiante répondit : "Oh maintenant je comprends que les Blancs ne sont pas tous identiques. Avec plus de professeurs noirs comme vous, je ne ressens plus de méfiance vis-à-vis des professeurs blancs et de leur connaissance de l’Afrique. Je suis contente que vous nous ayez fait lire Sartre".

D'après Manthia Diawara, En quête d'Afrique, Editions Présence Africaine



http://www.grioo.com/info171.html

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