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lundi 9 janvier 2012

____AFRIK// Au Nigeria, "Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile" Une secte islamiste assassine des dizaines de chrétiens au Nigéria. Attentats meurtriers, épuration ethnique : Envoyons donc la glorieuse US Army, avec sup

Au Nigeria, "Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile" LEMONDE.FR | 06.01.12 | 17h08 • Mis à jour le 09.01.12 | 10h32



http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/12/29/le-nigeria-face-au-spectre-d-une-guerre-de-religion_1623966_3212.html




06/01/12 - 19h44 Envoyons donc la glorieuse US Army, avec ses supplétifs Anglais et Français, elle réglera le problème en deux temps et trois mouvements. Répondre

06/01/12 - 23h06

Le Nigeria est un pays violent où l'insécurité fait rage. Vous pouvez être attaqué en pleine rue ou au volant de votre voiture et il est de toutes les façons déconseillé de circuler seul. Si vous habitez un logement individuel, il est indispensable qu'il soit sécurisé. Murs d'enceinte élevés, portail résistant, porte d'entrée blindée. Et une zone de sécurité à l'épreuve des effractions, où vous pourrez vous réfugier le cas échéant, devra être prévue à l'intérieur. Charmant pays!.. Répondre

06/01/12 - 20h52

Attentats meurtriers, épuration ethnique : être chrétien dans cette région est bien dangereux mais il semble que cela n'émeut guère nos habituels "indignés". Répondre

06/01/12 - 20h28



Waouh, anonyme Brancaleone ! Quel esprit de repartie ! Une bande armée terroriste organise un début de génocide (souvenez-vous du Biafra "nigérian" en 1968) et veut prendre le pouvoir dans ce grand pays qu'est le Nigéria, et vous, vous ironisez en incriminant les puissances occidentales, qui n'ont (malheureusement) pas encore dit un mot sur cette situation de veille de guerre civile à coloration génocidaire ?

06/01/12 - 20h59 Vous faites bon usage de la liberté d'expression et ainsi, contribuez à élever le niveau du courrier des lecteurs !

06/01/12 - 22h45 Je persiste et signe, les puissances occidentales et particulièrement Bush et Blair ont contribué à l'expansion terrifiante de l'extrémisme islamiste. L'Occident ne traite pas les problèmes de l'injustice mais les aggrave quand il ne les génère pas. La menace de génocide que vous agitez ne sert qu'à justifier l'emploi d'encore plus de force pour imposer une vision monolithique du monde: la Nôtre ! 130.000 irakiens ont perdu la vie, et les GI's sont partis d’Irak en y laissant Al Qaida.

07/01/12 - 09h34 Une secte islamiste assassine des dizaines de chrétiens au Nigéria et bien évidemment c'est la faute de l'Occident...Battons notre coulpe, restons les bras croisés et attendons les prochains massacres!

07/01/12 - 11h07 Arnaud Leroux, je suis sur le fond d'accord avec vous. MAIS que faire contre une petite armée de terroristes qui pratique l'épuration ethnique ? Entre vos réactions et ma présente réponse, Boko Haram a encore tué des chrétiens dans une église du Nord Nigéria (France Info, sam. 07-01, 10h30)... Alors ? Je me souviens seulement que, face à des exactions du même type en Bosnie, la communauté internationale est allée réprimer durement les extrémistes. Et que ça a stoppé le massacre...

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2/Le Nigeria face au spectre d'une guerre de religion | 29.12.11 | 13h14 • Mis à jour le 09.01.12 | 10h39

"Nous avons peur que la situation dégénère en guerre de religion et que le Nigeria ne survive pas en tant qu'entité unie", s'est inquiété Saidu Dogo, secrétaire pour la partie nord du pays de l'Association des chrétiens du Nigeria (CAN).REUTERS/AKINTUNDE AKINLEYE

Johannesburg Correspondant - Des blessés meurent encore au Nigeria après le triple attentat perpétré le jour de Noël contre des chrétiens à la sortie d'églises. Avant même que soit connu le bilan définitif de la tuerie, des dérapages menacent. L'attentat a été revendiqué par un porte-parole du groupe islamiste Boko Haram, alourdissant le risque de voir le cycle des représailles reprendre entre communautés religieuses dans un pays de 160 millions d'habitants où la mixité est la règle - même si le Sud est en majorité chrétien et le Nord à forte dominante musulmane. Mardi 27 décembre, un nouvel attentat a visé une école dans le sud du pays, dans le quartier hausa (nordiste, musulman) de Sapele, petite ville du delta du Niger. Ce n'était qu'une bombe artisanale mal conçue, mais son objectif était de détruire bien plus que des corps. Jetée en pleine heure d'étude, elle a blessé six enfants, âgés de cinq à huit ans, et un adulte.

S'agissait-il d'un acte de vengeance ou bien d'une nouvelle tentative d'enclencher des violences entre communautés ? Au Nigeria, les violences interconfessionnelles ont fait des milliers de morts. "Nous avons peur que la situation dégénère en guerre de religion et que le Nigeria ne survive pas en tant qu'entité unie", s'est inquiété Saidu Dogo, secrétaire pour la partie nord du pays de l'Association des chrétiens du Nigeria (CAN).

Le président de la CAN, le révérend Ayo Oritsejafor, a averti, mercredi soir, avant un entretien avec le chef de l'Etat nigérian, Goodluck Jonathan, que "la communauté chrétienne au niveau national n'aura pas d'autre choix que de répondre de façon appropriée s'il y a d'autres attaques contre nos membres, nos églises et nos biens."

C'est sans doute l'effet recherché par les auteurs de l'attentat : mélanger les responsabilités, alimenter les haines entre les populations. Ces derniers mois, des affrontements meurtriers ont eu lieu, mais ils mettaient aux prises essentiellement Boko Haram et les membres des organes de sécurité (une force conjointe police-armée et services secrets).

L'un des trois attentats de Noël a eu lieu à Damaturu, au nord-est du pays, où faisaient rage, depuis plusieurs jours, des combats de rues entre insurgés islamistes et forces gouvernementales, qui avaient bouclé des quartiers entiers avant d'y déployer des blindés. Il y a eu à Damaturu, selon le chef d'état-major de l'armée nigériane, le lieutenant général Azubuike Ihejirika, "plus de cinquante" membres de Boko Haram tués en début de semaine.

En novembre, les hommes de Boko Haram avaient déjà lancé une série d'attaques dans cette ville, s'en prenant à des églises, des postes de police et même, dans certains cas, à des passants sortant des mosquées. On avait compté environ 150 morts. Un porte-parole du groupe, Abou Qaqa, promettait alors de "continuer à attaquer les formations du gouvernement fédéral jusqu'à ce que les forces de sécurité arrêtent de persécuter nos membres et les citoyens vulnérables".

Les forces de l'ordre ont la main lourde. Après l'explosion d'une bombe sur un marché de Maiduguri (capitale de l'Etat de Borno, nord-est du pays), en juillet, blessant trois soldats, Amnesty International avait recueilli des informations permettant d'établir qu'en représailles "la force conjointe nigériane a riposté en tirant et en tuant un certain nombre de personnes, apparemment au hasard, avant de mettre le feu au marché". Au total, 23 personnes sans lien avec l'attentat ont été tuées.

Courant décembre, les violences s'intensifient et les foyers se multiplient, comme si Boko Haram pariait sur un embrasement. On compte onze morts à Maiduguri. A Potiskum, dans la même région, des inconnus incendient des dizaines de magasins appartenant à des chrétiens.

Dans le nord du Nigeria, les membres des différentes confessions vivent désormais dans des quartiers séparés, et se sont organisés en milices. Les représailles peuvent être plus meurtrières que les actes qui les ont déclenchées. Souvent, ce sont les responsables religieux qui calment les esprits, tandis que des responsables politiques tentent d'instrumentaliser la violence pour leur compte.

Y a-t-il une tentation chez les responsables politiques du Nord, de plus en plus marginalisés et auxquels échappent le pouvoir et ses ressources, de parier sur le chaos ? Richard Oguche, le porte-parole de la police dans l'Etat de Niger, proche d'Abuja, où a eu lieu l'attentat le plus meurtrier visant l'église catholique Sainte-Thérèse, l'affirme : "Nous cherchons (les responsables de l'attentat) au-delà de Boko Haram, car il y a d'autres personnes qui s'efforcent de déstabiliser le gouvernement et qui, pour y parvenir, font des choses sous ce nom."

Un sénateur de l'Etat de Borno, Mohammed Ali Nduma, accusé d'être l'un des cerveaux du groupe, a été arrêté en novembre par les services secrets.

Depuis l'an 2000, dans la foulée du retour à la démocratie, les Etats du Nord voyaient s'instaurer la charia. Des troubles religieux éclataient alors, provoquant des milliers de morts, "la pire effusion de sang jamais survenue depuis la guerre civile (1967-1970)", déclarait le président de l'époque, Olusegun Obasanjo. Chrétiens et musulmans s'affrontaient aussi pendant les périodes électorales, signe que les violences étaient en partie manipulées.

Dans une mosquée de Maiduguri, en 2002, un groupe de fidèles réuni autour d'un prêcheur, Mohammed Yusuf, forme alors le Jama'atu Ahlu Sunna Lidda'awati Wal Jihad ("Peuple engagé dans la propagation de l'enseignement du Prophète et du jihad"), connu aussi sous le nom de Boko Haram ("L'enseignement occidental est impur"). Certains de ses membres avaient fait partie des "talibans nigérians", un groupe resté marginal, et du reste sans contact avec l'Afghanistan, créé sur les bases d'un mouvement islamiste apparu deux décennies plus tôt à Kano, le Maitatsine.

Sous le commandement de Mohammed Yusuf, Boko Haram prend de l'ampleur, lance des attaques pour se financer et s'armer. En 2009, ils sont à la tête d'une petite insurrection dans la région de Maiduguri. La réplique des forces de sécurité est sévère. Sept cents à huit cents morts, de nombreuses exécutions de prisonniers, dont Mohammed Yusuf et deux de ses commandants.

Les survivants se replient vers les pays voisins, notamment le Tchad et le Niger. Avant de revenir en force. En 2010, Boko Haram reprend ses activités au Nigeria. Attaques de banques, de postes de polices. Mais aussi, désormais, attentats à la voiture piégée ou attentats suicides.

Au cours de l'année 2011, un climat insurrectionnel permanent s'installe dans les Etats du nord du pays. Dans l'intervalle, Boko Haram s'est sans doute scindé en plusieurs branches (de trois à cinq). L'un de ses principaux responsables est l'ex-numéro deux du mouvement, l'imam Abubakar Shekau. Un autre responsable, Alhadji Mamman Nur, est soupçonné d'avoir établi des relations avec le groupe Al-Chabab (la jeunesse), qui mène une insurrection islamiste en Somalie et revendique des liens avec Al-Qaida, avant de revenir au Nigeria où il serait le cerveau de l'attentat contre le siège des Nations unies, à Abuja, en août (24 morts).

Boko Haram semble aussi avoir tissé des liens avec les katiba (brigades) d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui évoluent autour du Sahara. Deux sources différentes qui ont été en contact direct avec l'une des katiba les plus radicales, celle d'Abou Zeid, affirment que des combattants nigérians faisaient partie du groupe présent dans le nord du Mali.

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_____AFRIQUE// Au Nigeria, des chrétiens craignent un "nettoyage ethnique et religieux systématique"... Les attaques contre la population chrétienne se succèdent au Nigeria

publié le 09 janvier 2012 à 10:39

Face aux récents meurtres de dizaines de chrétiens par un groupe islamiste armé dans le nord du Nigeria, des leaders de cette communauté ont évoqué le spectre d'un "nettoyage ethnique et religieux systématique" et averti qu'ils "ont décidé de définir les moyens nécessaires pour se défendre face à ces tueries insensées". "Nous avons le droit légitime de nous défendre quoiqu'il en coûte", a déclaré l'Association chrétienne du Nigeria (CAN), regroupant protestants et catholiques, après une réunion d'urgence, samedi 7 janvier.

Attentats et affrontements se sont multipliés depuis jeudi, faisant une trentaine de morts dans plusieurs Etats du Nord-Est du Nigeria. Les meurtres ont été revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram, qui dit vouloir chasser les chrétiens du Nord majoritairement musulman et imposer la charia, la loi islamique. Boko Haram avait déjà revendiqué une série d'attaques à la bombe ayant fait des dizaines de morts le jour de Noël.

> Lire notre entretien avec Benjamin Augé, chercheur à l'IFRI "Boko Haram fait tout pour qu'il y ait une guerre civile au Nigeria"

"ÇA NOUS RAPPELLE LES DÉBUTS DE LA GUERRE CIVILE"

Les leaders protestants et catholiques ont accusé les gouverneurs des Etats du Nord de ne rien faire pour empêcher ces violences. "Nous les tenons pour responsables de ces tueries", a affirmé Ayo Oritsejafor, dirigeant de la CAN. Dans l'Etat d'Adamawa, un couvre-feu de 24 heures a été imposé samedi. C'est dans cet Etat qu'a eu lieu l'attaque la plus meurtrière des derniers jours avec la mort de 17 personnes vendredi à Mubi. Fin décembre, le président Goodluck Jonathan avait déjà décrété l'état d'urgence dans des Etats du centre et du Nord-Est touchés, et notamment dans l'Etat de Borno, bastion de Boko Haram.

2/Les attaques contre la population chrétienne se succèdent au NigeriaLEMONDE.FR avec AFP | 06.01.12 | 06h29 • Mis à jour le 06.01.12 | 20h25

Des attentats visant la population chrétienne, revendiqués la secte islamiste Boko Haram, se succèdent au Nigeria. Des hommes armés ont tué dix-sept personnes dans l'Etat d'Adamawale, au nord-est du pays, vendredi 6 janvier. La tuerie a eu lieu lors des funerailles des cinq personnes tuées jeudi lors d'une attaque contre une église. Le commissariat de la ville de Potiskum a également été attaqué, vendredi. Cette ville est régulièrement la cible des islamistes. En tout, au moins 28 personnes ont été tuées depyis vendredi. "Ces attaques sont l'une des conséquences de la fin de notre ultimatum", a expliqué un porte-parole de la secte dans un communiqué.

Lire notre entretien avec le chercheur Benjamin Augé Au Nigeria, "Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile"

Un état d'urgence dans toute la région du nord-est a été décrété ce week-end par le président nigérian, Goodluck Jonathan, alors qu'avait expiré l'ultimatum adressé par Boko Haram, qui a revendiqué une série d'explosions en début de semaine. La secte n'a en revanche pas revendiqué les deux attentats meurtriers qui ont suivi.

FORTE CONTESTATION

Lié à Al-Qaida, Boko Haram s'est vu attribuer des centaines de morts dans des attentats ces derniers mois, sur fond de violences religieuses et ethniques dans le Nord. Les autorités ont attribué au groupe la vague d'attaques contre des chrétiens et des militaires le jour de Noël.

Ces violences interviennent à un moment où le Nigeria est en proie à une forte contestation à la suite de l'annonce, dimanche, par le gouvernement de la fin des prix subventionnés des carburants – une mesure qui a entraîné une hausse en flèche des prix à la pompe, le litre d'essence passant dès lundi de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas (0,66 euro).

Plusieurs manifestations contre la hausse des prix de l'essence ont eu lieu depuis lundi, notamment à Lagos, Abuja et Kano, où elles ont été pour la plupart dispersées par la police, parfois violemment, à la matraque et aux gaz lacrymogènes, comme à Kano dans la nuit de mercredi à jeudi, selon des syndicats.

Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants, à peu près autant de musulmans, majoritaires dans le Nord, que de chrétiens, plus nombreux dans le Sud. Des représentants chrétiens du Nord ont menacé de se défendre ou de répondre en cas de nouvelles attaques. Les évêques catholiques avaient demandé samedi au président Jonathan de faire appel à des experts étrangers pour combattre Boko Haram.

3/Le Nigeria et la menace d'une guerre civileEdito du Monde | | 09.01.12 | 10h37 • Mis à jour le 09.01.12 | 11h02


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Le Nigeria et la menace d'une guerre civile Edito du Monde | | 09.01.12 | 10h37 • Mis à jour le 09.01.12 | 11h02



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Mémorisez | Oublié ?

Le plus peuplé des pays d'Afrique traverse une phase difficile. Dans ce pays, le Nigeria, l'un des plus prometteurs du continent, c'est synonyme de danger : ce géant pétrolier a déjà prouvé son aptitude à s'enfoncer dans de terribles guerres ethnico-religieuses. Hausse des prix du pétrole aidant, le Nigeria – 160 millions d'habitants et le plus gros producteur d'hydrocarbures d'Afrique – connaît une forte croissance : 8,4 % en 2011. Mais 2012 commence de manière inquiétante, sur fond de troubles sociaux et, plus grave peut-être, de menace de guerre civile.

La journée du lundi 9 janvier devait être marquée par une grève générale dure, étendue à tout le pays. Elle a été décrétée par deux des plus grands syndicats nigérians. Ils protestent contre la décision du gouvernement du président Goodluck Jonathan de supprimer une importante subvention au secteur pétrolier.

C'est une mesure de bonne gestion. Ladite subvention permet de diviser par deux le prix de l'essence, et profite le plus à une classe moyenne et supérieure qui roule souvent en grosse cylindrée. Mais le gouvernement n'a pas pris en compte le fait que le coût des transports pèse de façon disproportionnée sur les 70 % de Nigérians qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Les Eglises chrétiennes ont qualifié d'"immorale" la décision du gouvernement. Le président Jonathan serait bien inspiré d'assouplir sa politique budgétaire ; il lui faut prendre des mesures de compensation pour les plus pauvres. Sinon, il risque une grève longue, dure et violente dans un pays déjà en proie à un début de guerre civile dans le Nord.

Immense, le Nigeria compte autant de chrétiens que de musulmans. La mixité y est la règle, même si les premiers sont majoritaires dans le Sud. Dans le Nord, une insurrection armée, conduite par le mouvement Boko Haram, un groupe islamiste, a pris de l'ampleur depuis Noël. Elle s'en prend aux banques, aux bâtiments publics et, plus encore, aux chrétiens. Eglises, écoles et quartiers chrétiens sont régulièrement attaqués. On compte près d'une centaine de morts depuis décembre. Ici et là, l'armée a déployé des chars, alors que des combats de rue opposaient les djihadistes aux forces gouvernementales.

Dans cet immense pays, c'est un deuxième foyer d'insurrection : l'armée, qui se comporte en général avec une insigne brutalité, est déjà opposée à une rébellion des habitants du delta du Niger. Sans doute lié à d'autres groupes djihadistes, notamment ceux de l'Afrique sahélienne, Boko Haram "exige" le départ des chrétiens du Nord. Ceux-ci parlent à juste titre de "nettoyage religieux". Ils évoquent la guerre civile qui, à la fin des années 1960, a fait près d'un million de victimes dans le pays.

La tragédie du Nord est symptomatique. Le Nigeria est en pleine croissance, avec un dynamisme privé admirable. Mais il reste sous-équipé et sous-administré. Il lui faut d'urgence bâtir un secteur public. C'est à sa portée.

Article paru dans l'édition du 10.01.12

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Grève générale au Nigeria LEMONDE.FR avec AFP | 09.01.12 | 07h16 • Mis à jour le 09.01.12 | 11h35

Des milliers de personnes manifestaient, lundi 9 janvier, au Nigeria au premier jour d'une grève générale illimitée, pour protester contre le doublement du prix des carburants dans le pays, principal producteur africain de pétrole, sur fond d'attaques islamistes contre les chrétiens au nord. Dans la capitale économique Lagos, des jeunes ont bloqué un important axe routier en enflammant des pneus, jetant des pierres sur les policiers. "Bad Luck Jonathan" (Jonathan la malchance), criaient certains, en détournant le prénom du président nigérian, Goodluck (bonne chance) Jonathan. Les rues de la métropole économique Lagos, habituellement embouteillées, étaient complètement vides, à l'exception des manifestants. A Abuja, la capitale fédérale, des milliers de personnes sont également descendues dans la rue malgré un important déploiement des forces de l'ordre qui tentaient de les empêcher d'atteindre le centre-ville, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les syndicats de travailleurs menacent d'une grève illimitée si le gouvernement ne rétablit pas les subventions sur les prix du carburant, dont la suppression le 1er janvier a entraîné une brusque hausse des prix de l'essence. Le litre à la pompe est ainsi passé dès lundi de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas (0,66 euro). Des manifestations ont éclaté depuis dans tout le pays pour protester contre cette mesure, extrêmement impopulaire.

La chambre basse du Parlement nigérian a adopté une motion pour demander au gouvernement de faire marche arrière sur sa décision pour permettre une évolution du dialogue lors d'une session d'urgence dimanche. Les parlementaires ont également demandé aux syndicats de "suspendre leur projet de grève générale et de participer à un dialogue approfondi sur cette question".

TENSIONS INTERCONFESSIONNELLES GRANDISSANTES Le président Goodluck Jonathan a fait une tentative de dernière minute samedi soir dans une adresse télévisée pour défendre la politique de son gouvernement dans l'espoir que les syndicats annulent leur projet de grève. Mais les syndicats ont indiqué qu'ils n'étaient pas influencés par le discours de M. Jonathan et qu'ils allaient poursuivre dans la voie de la grève qui menace de mettre le pays, qui compte 160 millions d'habitants, à l'arrêt.

Cette grogne sociale dans le pays plus gros producteur de pétrole d'Afrique se développe sur fond de tensions interconfessionnelles grandissantes et d'attentats meurtriers. Depuis les sanglants attentats visant les célébrations du jour de Noël et qui avaient fait au moins 49 morts, six nouvelles attaques contre des chrétiens du Nord musulman ont fait plus de 80 morts. La majorité de ces raids ont été revendiqués par Boko Haram, un groupe islamiste qui réclame l'application de la charia (loi islamique) dans l'ensemble du pays. Dimanche, M. Jonathan a estimé que Boko Haram disposait de soutiens et de sympathisants au sein de tout l'appareil d'Etat et que les violences antichrétiennes actuelles étaient "pires" que la guerre civile des années 60.

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Au Nigeria, "Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile" Benjamin Augé, chercheur associé à l'IFRI | LEMONDE.FR | 06.01.12 | 17h08 • Mis à jour le 09.01.12 | 10h32

Les attentats visant la population chrétienne se succèdent au Nigeria. Des hommes armés ont tué dix-sept personnes dans le nord-est du pays, vendredi 6 janvier. La tuerie a eu lieu lors des funerailles des cinq personnes tuées, jeudi, lors d'une attaque contre une église. Elles interviennent juste après l'expiration d'un ultimatum fixé par un porte-parole de la secte islamiste Boko Haram aux chrétiens pour qu'ils quittent le Nord majoritairement musulman du pays. Benjamin Augé, chercheur associé au programme Afrique de l'Institut français des relations internationales (IFRI), analyse les raisons politiques, économiques et religieuses de ce regain de violences.

Pourquoi les violences religieuses ressurgissent au Nigeria ?

Il y a plusieurs raisons. En premier lieu, une évidente radicalisation de l'islam dans le nord du pays. Certains Etats du Nord ont en effet adopté officiellement la charia entre 1999 et 2001, mais dans les faits celle-ci n'est pas appliquée aussi strictement que les islamistes le voudraient. Il y a donc des revendications religieuses. Mais il faut souligner par ailleurs que le président actuel, Goodluck Jonathan (président depuis mai 2010 après la mort du président Umaru Yar'Adua et élu en avril 2011), est chrétien et vient de la région du Delta où se trouvent les principales régions pétrolières.

C'est une première dans l'histoire de ce pays où le pétrole est la principale ressource financière (en 2010, il a rapporté 60 milliards de dollars au gouvernement d'Abuja). Sur la part de ces revenus qui reviennent à l'Etat fédéral, 13 % sont redistribués aux neuf Etats pétroliers. Pour le reste, c'est l'état fédéral qui décide des répartitions. Or historiquement, le Nord a toujours été déshérité, il y a donc une forte demande de rééquilibrage économique qui est instrumentalisé par un noyau d'extrémistes religieux.

En outre, les militants du Sud qui ont lutté, armes à la main, via le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND) à partir de 2006 contre l'Etat fédéral, ont obtenu des contreparties. 26 000 d'entre eux bénéficient grâce à la loi d'amnistie de 2009 d'un revenu mensuel de 400 dollars et d'un accès privilégié à des formations professionnelles. Cela a renforcé encore un peu plus le sentiment d'injustice chez les nordistes. Boko Haram applique en fait une stratégie miroir en semant la terreur, comme le MEND l'a fait, pour rééquilibrer la situation économique du pays. Un chemin que les militants du Sud refusent catégoriquement.

Cela signifie-t-il que Boko Haram rencontre une forte audience dans le Nord ?

Dans les pratiques violentes du mouvement, non. Si les chrétiens sont principalement visés, des musulmans sont également victimes des attentats aveugles. Mais la secte croît sur le terreau d'une situation économique défavorable. Même si les leaders mettent en avant le conflit religieux, ils peuvent aisément fédérer leurs militants sur cette question de pauvreté et d'abandon d'Abuja. Boko Haram fait tout pour qu'il y ait un début de guerre civile et pousser Goodluck Jonathan à négocier une nouvelle répartition des revenus de l'Etat principalement basés sur le pétrole.

Par ailleurs, le président a pris la décision début janvier de supprimer les subventions des prix du carburant. Une mesure très impopulaire qui a fait passer les prix à la pompe de 30 à 90 centimes de dollar le litre. Dans le contexte actuel, c'est le pire moment pour lancer cette réforme très probablement soufflée par la Banque mondiale.

Certains assurent que des hommes politiques du Nord soutiennent Boko Haram. Est-ce crédible ?

Oui, c'est très probable qu'une partie des élites du Nord financent, soutiennent ou à minima ne condamnent pas cette violence terroriste. Certains membres du Parti démocratique populaire (PDP), le parti des trois derniers présidents, ne souhaitaient pas voir Goodluck Jonathan, lui-même membre du PDP, accéder à la présidence. Cela tient à une raison historique qui veut que traditionnellement le poste soit attribué alternativement à une personnalité politique du Nord puis du Sud. Or Jonathan, du Sud, est arrivé au pouvoir à la faveur du décès de Yar'Adua, du Nord, qui n'a donc pas pu finir son mandat. Certains au sein du PDP ont estimé que la présidence devait donc revenir à un homme politique du Nord.

Quelles peuvent être les clés d'une sortie de crise ?

Pour Jonathan, il s'agirait d'entrer dans des négociations directes avec Boko Haram. Le gouvernement a envoyé ses forces spéciales, la Joint Task Force, pour mater la secte islamiste. La réponse du pouvoir a été elle aussi très violente. Mais c'est une façon de vouloir résoudre le problème uniquement par la voie militaire. Jonathan peut par ailleurs compter sur le soutien d'un certain nombre de pays occidentaux comme la France ou les Etats-Unis. Il a été mieux élu que ses prédécesseurs et a beaucoup contribué au départ de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, ce qui lui confère une grande légitimité aux yeux des Occidentaux.

Qu'en est-il des liens de Boko Haram avec d'autres groupes islamistes radicaux ?

Il est pour l'instant très difficile d'établir la réalité des liens de Boko Haram avec Al-Qaida au Maghreb islamique ou les shebabs en Somalie. Si ces violences m'apparaissent avant tout comme relevant de problèmes politiques et économiques nationaux, les Etats-Unis par exemple envisagent le cas de Boko Haram principalement comme un mouvement terroriste à tendance religieuse et à visées régionales. Le dernier rapport du Congrès (en pdf) sur la secte rendu public en décembre et décrivant Boko Haram comme une menace émergente pour les intérêts du Nigeria et des Américains montre bien cette inquiétude.

Propos recueillis par Simon Piel

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