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vendredi 24 août 2012

_i___''Quand je gagne, je suis Américain, pas Noir-Américain. Mais si je fais quelque chose de mal, ils vont dire que je suis un Négro. Nous sommes Noirs et nous sommes fiers de l’être. L’Amérique blanche ne nous reconnaît que comme champions'' Tommie Sm

Quand je gagne, je suis Américain, pas Noir-Américain. Mais si je fais quelque chose de mal, ils vont dire que je suis un Négro. Nous sommes Noirs et nous sommes fiers de l’être. L’Amérique Noire comprendra ce que nous avons fait ce soir (…) Nous ne sommes pas les braves garçons, ni de braves animaux que l’on récompense avec des cacahuètes. Si les gens ne s’intéressent pas à ce que les Noirs pensent en temps normal, qu’ils ne viennent pas voir les Noirs courir en public… (…) L’Amérique blanche ne nous reconnaît que comme champions



Tommie Smith

13 septembre 1968. De G à D : Larry Questad, Tommie Smith et John Carlos

Tommie Smith et John Carlos, ces athlètes qui ont levé le poing 13/07/2010



16 octobre 1968. Mexico. Un podium. Deux hommes qui ont marqué l’histoire du sport mais surtout l’histoire de la lutte contre le racisme et la ségrégation aux États-Unis. Par Hugo Breant

Deux athlètes de très haut niveau Tommie Smith Tommie Smith

Tommie Smith est né le jour du débarquement américain en Normandie, le 6 juin 1944, à Clarksville, au Texas. Septième enfant d’une fratrie qui en compte douze, il a bien failli ne pas survivre à la suite d’une pneumonie contractée durant les premiers mois de sa vie. Alors qu’il est en première année du cours moyen, il rencontre l’athlétisme lors d’une course contre sa sœur qui est la meilleure de leur école. Par la suite, Tommie Smith poursuit des études de sociologie à l’Université de San José. Il y pratique l’athlétisme avec son coach, Lloyd Winter. C’est à cette époque qu’il rencontre, John Carlos.

John Carlos est né à New York, dans le quartier d’Harlem, un an plus tard, le 5 juin 1945. Grâce à son don pour l’athlétisme, il reçoit une bourse pour aller étudier à l’East Texas State University. C’est notamment grâce à lui que l’Université remporte son premier championnat. Un an plus tard, il part étudier au San José State College. Les deux jeunes étudiants s’entrainent alors ensemble. Très vite, c’est Tommie Smith qui se fait remarquer pour ses performances dans les 200 et 400 mètres.

Le 7 mai 1966, il bat le record du monde du 200 mètres (220 yards) en ligne droite en courant en 19 secondes 5. Le 11 juin, il bat cette fois-ci le record du monde du 200 mètres avec virage en 20 secondes lors d’un championnat à Sacramento. Le 25 juillet de la même année, à Los Angeles, il participe au succès du relais 4 x 400 mètres de l’équipe américaine.

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Là encore, un nouveau record du monde est battu avec 2 minutes, 59 secondes et 6 centièmes, ce qui constitue la première performance en dessous des 3 minutes. Le 20 mai 1967, de retour à San José, il bat deux nouveaux records, celui du 440 yards (402 mètres en 44 secondes et 8 centièmes) et du 400 mètres (44 secondes et 5 centièmes). Mais il se concentre surtout sur son épreuve fétiche, le 200 mètres. Lors de l’Universiade d’été de Tokyo en 1967, il remporte d’ailleurs la médaille d’or sur cette distance.

Quand je gagne, je suis Américain, pas Noir-Américain. Mais si je fais quelque chose de mal, ils vont dire que je suis un Négro. Nous sommes Noirs et nous sommes fiers de l’être. L’Amérique Noire comprendra ce que nous avons fait ce soir (…) Nous ne sommes pas les braves garçons, ni de braves animaux que l’on récompense avec des cacahuètes. Si les gens ne s’intéressent pas à ce que les Noirs pensent en temps normal, qu’ils ne viennent pas voir les Noirs courir en public… (…) L’Amérique blanche ne nous reconnaît que comme champions Tommie Smith

Tommie Smith a donc battu ou égalé treize records du monde en quelques années de sport universitaire. Il a également été nommé trois années consécutives « meilleur athlète » en basket-ball, football américain et athlétisme. À la fin de l’année, il passe son baccalauréat en arts et sociologie avec pour spécialité la science militaire et l’éducation physique à l’Université d’État de San José. Par la suite, il obtient également sa maitrise de sociologie à Boston.

Alors qu’approchent les qualifications américaines pour les Jeux Olympiques de 1968 organisés à Mexico, John Carlos participe à la création du Projet Olympique pour les Droits de l’Homme (OPHR). Avant le début de ces J.O. d’été, le fondateur de l’OPHR, le sociologue Harry Edwards propose à tous les athlètes noirs de boycotter l’évènement, pour marquer leur opposition à la situation qui prévalait alors aux États-Unis et ailleurs et pour soutenir le mouvement des droits civiques porté par Martin Luther King, notamment.

Deux destins liés le 16 octobre 1968 13 septembre 1968. De G à D : Larry Questad, Tommie Smith et John Carlos 13 septembre 1968. De G à D : Larry Questad, Tommie Smith et John Carlos © ap

À la surprise générale, alors que tout le monde attend Tommie Smith, c’est son ami John Carlos qui s’impose. Il améliore le record du monde de Smith en courant en 19 secondes et 92 centièmes. Toutefois, le record n’est pas homologué car Carlos coure avec des chaussures à pointes interdites par le règlement de l’époque. Déjà détenteur du titre aux Jeux panaméricains de 1967, Carlos s’impose donc lui aussi comme un sprinter sur qui il va falloir compter. La rivalité sportive entre les deux hommes ravit la presse internationale qui attend avec impatience la confrontation à Mexico.

Lors des Jeux Olympiques de 1968, après la finale du 200 mètres courue le 16 octobre, trois athlètes s’approchent du podium pour recevoir leur médaille. Parmi eux, deux athlètes noirs américains, Tommie Smith et John Carlos. À ce moment, tout est symbole. Pour symboliser la pauvreté des populations noires, les deux hommes retirent leurs chaussures blanches et marchent en chaussettes noires sur la pelouse. À leur cou, ils portent un foulard et un collier, symboles du lynchage des noirs.

Après avoir serré la main de l’officiel et avoir reçu leur médaille, les trois hommes reçoivent l’ovation du public présent dans le stade. L’hymne américain peut alors retentir. Tommie Smith et John Carlos baissent la tête devant le drapeau américain et lèvent leur poing ganté de noir. Alors que John Carlos a oublié sa paire de gants noirs dans le village olympique, c’est Peter Norman, l’athlète australien qui a obtenu la médaille d’argent, qui suggère à Smith et Carlos de partager une paire de gants. Les deux hommes peuvent donc afficher devant les caméras du monde entier ce poing levé, salut du « Black Power » américain. Ce dernier marque d’ailleurs son soutien en arborant lui aussi le badge de l’OPHR.

Peter Norman, Tommie Smith et John Carlos lors de leur protestation après le 200m aux J.O 1968 à Mexico Peter Norman, Tommie Smith et John Carlos lors de leur protestation après le 200m aux J.O 1968 à Mexico

Dans le public, les applaudissements du début de la cérémonie qui venaient féliciter la nouvelle performance de Tommie Smith, qui a couru en 19 secondes et 83 centièmes malgré une légère blessure aux adducteurs contractée lors de la demi-finale et a même perdu quelques centièmes en se relâchant en fin de course pour lever les bras au ciel, laissent place aux huées, aux sifflets, aux insultes. Tommie Smith commente cette ambiance en disant :

« Quand je gagne, je suis Américain, pas Noir-Américain. Mais si je fais quelque chose de mal, ils vont dire que je suis un Négro. Nous sommes Noirs et nous sommes fiers de l’être. L’Amérique Noire comprendra ce que nous avons fait ce soir Nous ne sommes pas les braves garçons, ni de braves animaux que l’on récompense avec des cacahuètes. Si les gens ne s’intéressent pas à ce que les Noirs pensent en temps normal, qu’ils ne viennent pas voir les Noirs courir en public… L’Amérique blanche ne nous reconnaît que comme champions…».

La réponse du Comité Olympique International est cinglante. Supposé être politiquement neutre, le président Avery Brundage explique que ce geste est « une infraction délibérée et violente aux principes de l’esprit olympique » et décide immédiatement de faire exclure Smith et Carlos du village olympique et de la délégation américaine. Et lorsque que le Comité Olympique Américain refuse de mettre en application cette sentence, Brundage qui en avait d’ailleurs été le président en 1936 et n’avait rien dit face aux saluts nazis lors des J.O. de Berlin, décide de faire exclure toute la délégation américaine. En 2008, le site officiel du Comité Olympique International stipule toujours que, « au-delà des médailles remportées, les athlètes noirs-américains se sont fait un nom par un acte de protestation raciale ».

Finalement, les deux athlètes ont été peu à peu écartés du sport américain et de plus en plus critiqués pour leur action. Le magazine Time a notamment transformé le logo olympique en remplaçant la formule « Faster, Higher, Stronger » par ces mots : « Angrier, Nastier, Uglier ». Quant aux familles des athlètes, elles ont reçu de nombreuses menaces de mort.

Une autre athlète noire-américaine, Wyomia Tyus, qui défendait son titre olympique obtenu sur 100 mètres en 1964 a remporté le 100 mètres et le relais 4 x 100 mètres. Elle a offert ses deux médailles d’or à Smith et Carlos, en remerciement de leur geste. Quant à celui que l’histoire a trop vite oublié, Peter Norman, il a lui aussi été écarté par la délégation australienne. Malgré sa troisième place lors des qualifications australiennes de 1971, il n'a pas été sélectionné pour les Jeux Olympiques de 1972. Il a également été écarté de la délégation australienne lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Lors de son enterrement en 2006 à Melbourne, Tommie Smith et John Carlos sont venus porter son cercueil.

Les deux jeunes athlètes ne regrettent rien de ce « Stand for Victory ». Sur le plan sportif, d’abord il faut attendre 1979 pour que le record de Smith soit battu, et 1984 pour qu’il soit battu lors de Jeux Olympiques. Mais c’est surtout la portée politique de ce geste qui fait la fierté des deux hommes. John Carlos déclare ainsi que cet acte citoyen est un « geste qui peut servir à montrer à un jeune qu’il n’a pas à attendre l’âge de la retraite pour marquer le monde de son empreinte ».

Tommie Smith et John Carlos transportant le cercueil de Peter Norman en octobre 2006. L'athlète australien les avait soutenu sur le podium en 1968 Tommie Smith et John Carlos transportant le cercueil de Peter Norman en octobre 2006. L'athlète australien les avait soutenu sur le podium en 1968

Malgré les difficultés qu’ils rencontrent par la suite, Smith et Carlos poursuivent tant bien que mal leur carrière. John Carlos obtient ses meilleurs résultats en 1969 en égalant le record du monde du 100 yards, en remportant le 200 mètres lors des Jeux Panaméricains de Winnipeg, en participant à la première victoire en championnat de la San José State University et en battant deux records du monde, sur 60 yards et 220 yards en salle.

Carlos arrête l’athlétisme très rapidement pour se consacrer au football américain. Il rejoint les Philadelphia Eagles. Terrassé par une blessure au genou, il doit abandonner cette expérience au bout d’une année. Il revient finalement au football dans la Ligue canadienne, d’abord avec les Alouettes de Montréal puis avec les Argonauts de Toronto. Par la suite, il prend sa retraite sportive, travaille pour Puma, pour le comité olympique américain, pour la ville de Los Angeles. En 1985, après le suicide de sa femme, il devient entraineur de l’équipe d’athlétisme du lycée californien de Palm Springs.

Tommie Smith a lui aussi tenté l’expérience de la National Football League en rejoignant l’un de ses anciens amis de San José dans l’équipe des Bengals de Cincinatti. Son entraineur qui voulait le tester a très vite compris que sa vitesse était impressionnante et qu’il ne manquait jamais un ballon. Il est alors officiellement recruté. Malheureusement pour l’équipe, le nouveau « quarterback » n’envoie pas les ballons assez loin pour Smith.

La statue immortalisant le geste de Tommie Smith et John Carlos sur le campus de San José State University La statue immortalisant le geste de Tommie Smith et John Carlos sur le campus de San José State University

Après une blessure à la clavicule, Smith est contraint d’arrêter pendant une année. L’année suivante, ses performances diminuent. Menacé de mort, il quitte alors l’équipe. Il retourne alors à l’athlétisme et devient entraineur des équipes de sprint du Oberlin College de l’Ohio puis de celle de l’Université californienne de Santa Monica. En 1995, il entraine l’équipe olympique pour les championnats du monde d’athlétisme de Barcelone.

Dès 1978, avec l’évolution des mentalités américaines, Tommie Smith entre au Hall of Fame des athlètes américains. En 1995, il entre cette fois au Hall of Fame afro-américain de Californie du sport. Ce n’est qu’en 2003 que John Carlos entre lui au National Track & Field Hall of Fame. En août 1999, la chaine américaine HBO donne la parole aux deux athlètes qui peuvent enfin livrer leur version de l’histoire grâce au documentaire Fists of Freedom : the story of the 1968 Summer Games.

Une statue de sept mètres de haut, érigée en 2005 en la présence des deux athlètes sur le campus de San José State University, immortalise ce geste militant qui fait désormais partie intégrante de l’histoire contemporaine. Chaque visiteur peut alors prendre la place de Peter Norman, laissée vide, pour s’engager lui aussi aux côtés de Tommie Smith et John Carlos. Enfin, en juillet 2008, les deux hommes reçoivent le Arthur Ash Award for Courage. En août 2008, Tommie Smith offre les chaussures qu’il portait le 16 octobre 1968 au champion jamaïcain Usain Bolt.

  • Le 200 mètres de Mexico 1968 ; 1er Tommie Smith, 2e Peter Norman, 3e john carlos
  • Vidéo : bande annonce du documentaire consacré à Tommie Smith, John Carlos et Peter Norman

http://www.grioo.com/ar,tommie_smith_et_john_carlos_ces_athletes_qui_ont_leve_le_poing,19426.html

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_____La pauvreté culturelle, intellectuelle, spirituelle… de l' afrique est elle due à ses habitants? LA DETTE: INSTRUMENT DE DOMINATION DES PAYS RICHES...?

Meilleure réponse - Choisie par les votants

Mouai ...

Hum Hum Hum ...

Qu'en supposant qu'il n'y ait pas un autre juif à dix kilomètres à la ronde ...

On répugne tout de même ...

A vous inviter à être le dixième homme ...

Pour commencer un office à la synagogue ...

Well ...

Sur ce ...

Bah rien !

La pauvreté en Afrique est seulement d'ordre économique. Elle ni culturelle ni intellectuelle ni spirituelle ect... La pauvreté économique je dit bien économique et je pèse mes mots est due en partie par la colonisation et le manque de volonté de nos premiers présidents que je ne respecte pas beaucoup. ils ont favorisé la gabegie, le népotisme ou même le régionalisme au lieu de construire le pays et combattre la balkanisation. Mon pays est independent depuis 1960 et jusqu'à présent ont n'arrive pas à payé des dettes contractés depuis 1965. Et ont ne pourra jamais les payés parce que ces dettes sont des instruments de domination des pays développés

et pourquoi tu dis: Le seul pays riche sur ce continent "fut" au lieu de "est"?

Sources : http://fr.answers.yahoo.com/question/index;_ylt=AsobJvEr4Lv5LNu3bzQnMoEnS31G;_ylv=3?qid=20091004012822AARCe5q

Contrairement à ce que l’opinion publique pense généralement, les flux financiers les plus importants vont donc du Sud vers le Nord. C’est finalement les plus pauvres qui aident les plus riches.

En 2002, les flux (transfert des ressources (dons et prêt) du Sud vers les Nord représentaient 200 milliards $ en 2002.

En 2004, tandis que l'aide publique au développement de l'OCDE pour les PED s'élevait à 78 milliards $, le service de la dette extérieure des PED représentait 374 milliards $ par conséquent, les flux financiers allant du Sud vers le Nord étaient 4,7 fois supérieurs aux flux allant du Nord vers le Sud (Banque Mondiale, 2005)

En 2003, l'APD l'élevait à 54 Mds $ et le remboursement à 436 Mds, soit 8 fois plus (Ziegler, 2005).

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____Comme le dit un vieil adage, le génie c’est 99 % de travail.. Pour arriver à l’excellence, il faut s’imposer de l’auto discipline, A l’université, nous construisons des personnalités autant que des cerveaux.. Sir Arthur William Lewis (1915-1991),

Il faut écouter la critique et l’utiliser, rejeter son propre travail et recommencer à nouveau. Seuls ceux qui sont humbles peuvent atteindre l’excellence puisque seuls les humbles peuvent apprendre. Sir Arthur William Lewis (1915-1991), prix Nobel d'économie en 1979 03/05/2004

http://www.grioo.com/info2363.html



Intellectuel et universitaire émérite, Arthur Lewis fut également conseiller économique, recteur d'université, directeur de banque et prix Nobel d’économie en 1979.

CITATIONS

On n'atteint pas l'excellence uniquement grâce aux capacités intellectuelles. On l’atteint encore plus grâce à sa personnalité. Comme le dit un vieil adage, le génie c’est 99 % de travail et une capacité infinie à supporter la douleur. Pour arriver à l’excellence, il faut s’imposer de l’auto discipline, s’entraîner à faire et refaire les mêmes choses, alors que les autres s’amusent. Il faut s’astreindre à éviter la facilité, mais choisir de se confronter à la difficulté. Il faut écouter la critique et l’utiliser, rejeter son propre travail et recommencer à nouveau. Seuls ceux qui sont humbles peuvent atteindre l’excellence puisque seuls les humbles peuvent apprendre. A l’université, nous construisons des personnalités autant que des cerveaux parce qu'un cerveau sans personnalité n’arrive à rien.

Né à Sainte Lucie le 23 janvier 1915, Arthur William Lewis est le fils de George Ferdinand Lewis et Ida Lewis tous les deux instituteurs. Précoce au cours de ses études, Lewis saute deux classes à l’âge de sept ans, ce qui le conduira jusqu’à la fin de ses études secondaires à fréquenter des classes où ses camarades ont deux à trois ans de plus que lui. Il achève ses études secondaires à 14 ans et commence à travailler comme employé dans la fonction publique. Il veut postuler à une bourse accordée par le gouvernement afin d’intégrer une université britannique, mais est encore trop jeune pour pouvoir poser sa candidature car il a moins de 17 ans. Il devra patienter jusqu’en 1932.

Cette année là, Lewis se présente à l’examen et obtient la bourse. Il ne sait pas encore très bien dans quel domaine il veut s’orienter car le gouvernement britannique impose des restrictions raciales dans ses colonies. Les postes ouverts aux jeunes Noirs se limitent à la médecine ou au droit. Il songe à devenir ingénieur, mais à l’époque ni le gouvernement ni les entreprises occidentales ne peuvent ou ne veulent employer ou recruter un ingénieur noir. Il opte finalement pour des études commerciales à la London School of Economics où il étudie la comptabilité, le droit commercial, les statistiques, le management des affaires...Lewis obtient son diplôme avec mention en 1937 et est si bon que la London School of Economics lui offre une bourse pour poursuivre des études doctorales en économie.

Pour arriver à l'excellence, il faut de l'autodiscipline, il faut s'entraîner à faire et refaire les mêmes choses pendant que les autres s'amusent

Arthur Lewis



William Arthur Lewis jeune, photopraphié en 1955 William Arthur Lewis jeune, photopraphié en 1955 © bbc

Il y a en effet établi une série de records académiques que personne avant lui n'avait réalisé, terminant premier dans sept des huit matières au programme! Bien que n'ayant pas étudié beaucoup de mathématiques (discipline fondamentale pour un économiste), son background "commercial" se révèlera très utile pour lui dans sa vie professionnelle en dehors de l'université. Au cours de sa vie d'étudiant, Lewis est membre du comité exécutif de ligue des personnes de couleur et éditeur de son journal, "The Keys". Il commence à donner des cours à la London School of Economics en 1938. En 1940, à 25 ans, il obtient son doctorat en économie. Il est ensuite maître de conférences à la L.S.E, puis devient en 1948 "full professor" à l'Université de Manchester. Il est le plus jeune professeur de l'université à occuper ce poste. Il poursuit parallèlement sa carrière de chercheur et ses principaux thèmes de recherche de portent sur l’économie industrielle, l'évolution de l'économie mondiale depuis 1870 et l'économie du développement dans les pays du tiers-monde.

Dans les années 50, Arthur Lewis travaille sur la genèse de la crise de 1929 (Est-elle intrinsèque ou ses prémices remontent t-elles au 19ème siècle ?) et publie quelques ouvrages qui seront fondamentaux dans sa carrière : Economic Development with Unlimited Supplies of Labour (1954), et Theory of Economic Growth (1955). Il est prêt à publier en 1957 un nouveau livre, mais est sollicité par diveres institutions. Il est entre 1957 et 1963 conseiller économique du premier ministre du Ghana, vice-président du Fonds des Nations-Unies pour le Développement et Recteur de l’université des Caraïbes (University of the West Indies). En 1963, il retourne dans le monde universitaire et devient le premier Noir professeur à l'université de Princeton.

Lewis qui a l’intention de se consacrer à nouveau entièrement au travail scientifique est à nouveau sollicité, puisqu’il participe à la création et la mise en place de la "Caribbean Development Bank" basée dans les Barbades pendant quatre ans de 1970 à 1974 . Il retourne à Princeton en 1974 (où il enseignera jusqu’en 1983) et travaille à nouveaux sur des problématiques liées au développement. Il publie e 1978 un livre sur lequel il travaillait depuis des années. Il y analyse les fluctuations de la croissance économique dans le monde entre 1870 et 1914. Ce livre intitulé Growth and Fluctuations, 1870-1913 sera aussi un de ses "classiques".

Peinture représentant Arthur William Lewis dans son bureau à l'université de Princeton

Peinture représentant Arthur William Lewis dans son bureau à l'université de Princeton © cedric george (1997)

Le futur prix Nobel d’économie s'était en outre déjà intéressé aux problèmes de développement dans les pays du tiers monde en s'initiant dès le milieu des années 30 à des ouvrages traitant des problèmes liés à l'agriculture ou à l'industrie minière dans les colonies. Il apprend à comparer les différentes politiques mises en œuvre dans les colonies et à juger de leur efficacité relative. Grâce à ses voyages dans les pays africains et asiatiques, il élargit sa connaissance de ces problèmes, (ce qui l'avait conduit à publier en 1966 un livre sur la planification du développement).

Dans un de ses ouvrages devenu un classique, Lewis décrit la transition d'une économie agraire à une économie industrialisée. Il estime que s’il y a possibilité de choix entre le capital étranger et le capital domestique, c’est ce dernier qui doit être privilégié. En l’absence de capital domestique, les investissements étrangers devraient être encouragés dans la mesure où les résultats finalement obtenus sont favorables à l’économie locale, favorisent le développement de compétences entrepreneuriales et administratives (dont l’absence constitue un handicap pour le développement). Lewis élaborera deux modèles théoriques visant à décrire et expliquer les problèmes de développement que connaissent les pays du tiers-monde. Ces théories constitueront au moment de leur publication (en 1954) des avancées majeures dans le domaine économique et susciteront de larges débats dont certains sont toujours d'actualité au sein de la communauté scientifique.

Arthur Lewis et Derek Walcott, deux prix Nobels de Sainte-Lucie Arthur Lewis et Derek Walcott, deux prix Nobels de Sainte-Lucie © stlucia.gov.lc

Son premier modèle analyse "l’économie duale" des pays en développement (un secteur primaire qui emploie la plus grande partie de la population et un secteur secondaire orienté économie de marché et environnement industriel). Selon Lewis, la migration de main d’œuvre illimitée provenant du secteur agricole vers le secteur " moderne" tire l’économie, et les profits générés par le secteur "moderne" créent la croissance et l’accumulation de capital qui financent l’expansion. Un secteur agricole à faible productivité sert si l'on peut dire de "reservoir" à l'industrie. L’autre théorie de Lewis porte sur la détermination des termes de l’échange (matières premières et produits tropicaux) entre pays riches et pays en voie de développement. Selon Lewis, le différentiel de productivité entre pays riches et pays pauvres dans le domaine agricole constitue sous certaines conditions un facteur déterminant de l’évolution des termes de l’échange. Et les pays pauvres ne gagnent rien à augmenter leurs exportations de matières premières à destination des pays riches du fait de la fluctuation des cours qui en résulte, en leur défaveur. Ils devraient transformer ses productions au lieu de les exploiter.

Au cours de sa longue carrière, Arthur Lewis écrira plus d’une dizaine de livres et 80 articles consacrés aux problèmes de l'économie et du développement. En 1963, Arthur Lewis avait été anobli par la reine d’Angleterre. En 1979, il reçoit le prix Nobel d'économie, conjointement avec l’économiste Theodore W Schultz qui a lui aussi travaillé sur les problématiques de développement économique dans les pays en voie de développement. Selon le jury du Nobel, "Lewis est un pionnier de la recherche en économie du développement...accordant une attention particulière aux problèmes des pays en voie de développement". Arthur Lewis est décédé le 15 juin 1991. Il reste dans l’histoire comme un prix Nobel qui aura consacré sa vie à l’économie, aux problèmes de développement des pays du Sud, à l’expansion de l’éducation dans les Caraïbes, en plus d’être un universitaire et un chercheur de réputation mondiale.

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