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samedi 15 septembre 2012

_____Hosties noires :: Chants d’ombre - L. Sédar Senghor La réhabilitation du village africain par Nadia Bouziane ..qui cherchent à faire ancrer dans l’esprit du noir qu’il n’a pas de civilisation, pas de patrimoine et qu’il n’a rien écrit.

Hosties noires

http://livre.fnac.com/a1794001/Leopold-Sedar-Senghor-Oeuvre-poetique

Chants d’ombre - L. Sédar Senghor

La réhabilitation du village africain mardi 20 mai 2008, par Nadia Bouziane


***

Dans la pensée philosophique, politique et littéraire de Senghor, la négritude et la civilisation de l’Universel sont étroitement liées. Si la négritude fut à l’origine une révolte que Sartre a assimilé à un « racisme anti-raciste », Senghor au lendemain de la deuxième guerre mondiale, après y avoir réfléchi, établit entre les deux concepts une double relation d’enracinement et d’ouverture. Enraciner pour se construire sur l’héritage négro-africain, mais aussi s’ouvrir aux autres cultures et civilisations du monde Devenu Président de la République du Sénégal, il s’attacha à réaliser le rêve de tous ceux qui, depuis 1930, s’étaient consacrés à la Défense et à l’illustration de la Négritude. Ce fut « la fonction et la signification » qu’il donna en 1966 au premier Festival mondial des Arts nègres : « Après la Première puis la Deuxième guerre mondiale, voilà que, partout – d’Afrique, d’Amérique, du coeur même de l’Europe - des jeunes hommes noirs et des jeunes filles se sont levés……pour remplir leur fonction, qui est en exprimant la vie, en la signifiant, d’aider les hommes, tous les hommes à mieux vivre……. Et avant tous les autres, leurs frères noirs qui, s’ils ne se sont pas laissés agir…, c’est qu’ils avaient emporté, en eux, de la terre natale, avec la rage de vivre, cette puissance de création qui est la marque originale de l’art. Car l’art n’est rien d’autre que ce geste primordial de l’Homo sapiens qui, en signifiant la vie, l’intensifie par le rythme, pour, la magnifiant ainsi, lui donner valeur d’éternité ……». Ainsi, Senghor explique-t-il par la négritude sa vision d’un Sénégal nouveau, celle d’un continent africain aux valeurs de civilisation reconnues et aptes à participer à la civilisation de l’Universel

http://www.dissertationsgratuites.com/dissertations/Chants-d%27Ombre/123587.html

Léopold Sédar Senghor s’est insurgé contre les occidentaux colonialistes qui cherchent à faire ancrer dans l’esprit du noir qu’il n’a pas de civilisation, pas de patrimoine et qu’il n’a rien écrit.

Dans Chants d’ombre, Hosties noires, il s’ingénie à montrer que l’Afrique est « civilisée jusqu’aux os ». Il réfute l’idée du Nègre sauvage ou bon enfant. Tout ceci pour lui relève de la fabulation et du mythe.

Les croyances, les traditions et les maximes montrent que l’Afrique est un continent de sagesse mais aussi de malice et d’humour. Quoiqu’en disent les historiens malintentionnés, la civilisation africaine est aussi vieille que le monde. Les recherches anthropologiques et archéologiques ont démontré que la civilisation égyptienne est une civilisation noire.

Cependant, Senghor construit sa théorie autour du village africain qui apparaît comme mythique.

D’après Sunday Ogbonna Anozi dans Sociologie du roman africain, le village est « le point de cristallisation de la conscience communautaire ».

C’est dans le village que le noir exprime son authenticité, ses valeurs culturelles et la manière de vivre africaine. C’est également dans le village que le jeune africain commence son initiation aux rites, aux traditions et qu’il apprend à s’intégrer dans sa communauté.

Le village est le lieu privilégié pour s’imprégner de la culture africaine. Les écrivains et poètes ont une conception et une vision presque élégiaque de la campagne et du village.

En Afrique, la vie villageoise est organisée selon des rites précis et déterminés basés sur la solidarité et l’entraide. Chaque individu est lié au groupe et des liens de fraternité et de respect lient les jeunes aux vieux qui sont considérés comme des sages.

Dans le village tout le monde est respecté, les vivants autant que les morts. Une vieille croyance africaine rapportée par Léopold Sédar Senghor révèle que « les morts qui ne sont pas morts » attendent que les vivants les approvisionnent. C’est ce qui donne leur sens aux fêtes africaines où l’on danse et on distribue de la nourriture abondamment.

La vie est organisée ainsi que la mort, « la communion familiale se projette dans le temps et l’espace, en avant et en arrière, jusqu’aux ancêtres, jusqu’à tous les parents défunts, jusqu’aux esprits et jusqu’à Dieu ». (Iyay Kimoni, Destin de la littérature négro-africaine ou problématique d’une culture)

Le village est le lieu de la conservation des lois et de la sagesse. En Afrique, la civilisation est surtout orale. Ce sont les griots, les devins et les femmes qui perpétuent la culture orale en transmettant de génération en génération un certain nombre de chants, d’énigmes et de devinettes.

Senghor, l’un des apôtres de la négritude avec Aimé Césaire, est le précurseur de la réhabilitation du village. Face aux allégations des occidentaux qui prétendent que l’Afrique, avant l’arrivée des blancs, n’était qu’une terre de sauvages sans civilisation et sans culture, les écrivains africains, imprégnés par la philosophie et l’idée de négritude, défendent l’homme africain et son espace de prédilection : le village. Le village n’est pas seulement un espace mais aussi un contexte et un lieu qui permet de perpétuer la tradition. Dans Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire donne cette définition de la négritude :

« La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. »

Le concept de négritude s’est développé et par extension il signifie chez plusieurs auteurs négro-africains la manière dont le noir en Afrique ou aux Antilles comprend l’univers et explique les choses qui l’entourent : la nature, les gens et les événements. On peut dire que c’est une façon de vivre et de créer. Il serait erroné de prétendre que l’africain noir n’a pas de civilisation ni de culture. D’ailleurs Lévi-Strauss n’a pas cessé de répéter qu’ « il n’y a pas de peuple sans culture. ».

Léon Frobenius, anthropologue allemand, a étudié le mode de vie des sociétés africaines et il a montré explicitement qu’il existe une civilisation africaine millénaire et un « style africain ».

« Quiconque s’approche de lui (le style africain) reconnaît bientôt qu’il domine toute l’Afrique, comme l’expression même de son être. Il se manifeste dans les gestes de tous les peuples nègres autant que dans leur plastique. Il parle dans leurs danses comme dans leurs masques, dans leur sens religieux comme dans leurs modes d’existence, leurs formes d’Etats et leurs destins de peuples. Il vit dans leurs fables, leurs contes, leurs légendes, leurs mythes… » (Léon Frobenius, Histoire de la civilisation africaine)

Il ajoute que l’idée du nègre barbare est une invention européenne. Senghor, pour étayer d’avantage cette idée de Frobenius, écrit : « La négritude est le patrimoine culturel, les valeurs et surtout l’esprit de la civilisation négro-africaine. » En effet, les peuples d’Afrique noire ont apporté leur contribution au patrimoine universel, leur empreinte est reconnaissable et leur cachet peut être facilement distingué de celui des autres peuples. C’est dans les campagnes et les villages qu’apparaissent cette manière de vivre et ce « style africain ».

L’africain est différent des autres peuples puisqu’il est l’héritier d’une civilisation différente. Cette civilisation africaine, encore vivante dans les campagnes, est différente mais pas inférieure. Elle n’est pas technique mais elle est très avancée dans les domaines littéraires, artistiques, religieux et même juridiques.

Nombre d’écrivains négro-africains dans leurs romans s’attèlent à démontrer que l’africain est l’héritier d’une civilisation très ancienne. Ainsi, Robert Delavignette cite l’ethnologue Monod dans la préface de Karim, roman du sénégalais Ousmane Socé :

« Le Noir n’est pas un homme sans passé, il n’est pas tombé d’un arbre avant-hier. L’Afrique est littéralement pourrie de vestiges préhistoriques et certains se demandent même depuis peu si elle n’aurait pas, contrairement à l’opinion courante, vu naître l’homme proprement dit… »

En défendant la civilisation africaine, les créateurs africains sont fatalement amenés à privilégier le village et à le considérer comme un espace d’authenticité.

http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?page=article5&id_article=613

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____Cahier d'un retour au pays natal Aimé Césaire Voir tout son univers Poésie (poche). Paru en N/A

" Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l'œuvre de l'homme est finie, que nous n'avons rien à faire au monde, que nous parasitons le monde mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite ". La réédition du Cahier d'un retour au pays natal, la première œuvre d'Aimé Césaire, saluée depuis l'origine comme le texte fondamental de la génération de la Négritude.

http://livre.fnac.com/a133091/Aime-Cesaire-Cahier-d-un-retour-au-pays-natal

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____Histoire des tirailleurs Eric Deroo, Sandrine Lemaire Etude (broché). Paru en 08/2010

A l’heure du Cinquantième Anniversaire des Indépendances, il nous a semblé tout à fait légitime de mettre à l’honneur les Tirailleurs dont l’histoire est si peu connue en France. Cet ouvrage didactique retrace l’histoire et les faits d’armes des Tirailleurs tout au long du XXème siècle jusqu’aux commémorations actuelles. L’apport de cette troupe fut essentiel lors des deux conflits mondiaux et nombres d’anciens Tirailleurs ont joué un rôle important dans ces états nouvellement indépendants. Le Conseil Constitutionnel a demandé à l’état français de mettre fin au gel des pensions des anciens combattants africains. Le 14 juillet 2010, seront honorés sur les Champs Elysées, les troupes africaines et les derniers Tirailleurs survivants.

Les auteurs : Sandrine Lemaire est professeur agrégée d’histoire et a écrit de nombreux livres sur l’histoire coloniale (Zoo humain, Culture coloniale).

Eric Deroo est cinéaste et écrivain chercheur associé au CNRS (L’Illusion Coloniale, La Force Noire, Carnets de déroute aux éditions Tallandier).

http://livre.fnac.com/a2983849/Eric-Deroo-Histoire-des-tirailleurs

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____Précédée par "Et les chiens se taisaient" (1946, " arrangé " pour le théâtre en 1956) et suivie de "Une saison au Cong"o (1967), "La tragédie du roi Christophe" constitue la pièce maîtresse de ces " tragédi

Précédée par "Et les chiens se taisaient" (1946, " arrangé " pour le théâtre en 1956) et suivie de "Une saison au Cong"o (1967), "La tragédie du roi Christophe" constitue la pièce maîtresse de ces " tragédies de la décolonisation " écrites par Aimé Césaire pour témoigner - remarquablement - d'un acte politique majeur de notre temps. "La tragédie du roi Christophe", est une œuvre barbare (au sens noble du terme) lyrique et nécessaire. Affirmant que la politique est la force moderne du destin et l'histoire la politique vécue, Aimé Césaire donne à voir l'invention du futur, d'un futur enraciné. L'aventure haïtienne de Christophe évoque le destin collectif du peuple africain d'aujourd'hui. A la phase de la révolte aiguë a succédé celle de la re-connaissance, de la constitution d'un patrimoine authentique et librement assumé. Cette entreprise doit être celle d'un bâtisseur, d'un architecte : Aimé Césaire a su créer un personnage d'une grande et haute stature avec une vigueur et une invention poétique exceptionnelles. Christophe (qu'habita, si puissamment, le comédien Douta Seck) est un homme d'Afrique. Il est le Muntu, l'homme qui participe à la force vitale (le n'golo) et l'homme du verbe (le nommo). Le texte initial de la pièce a fait l'objet de révisions multiples. La dernière version, que présente aujourd'hui Présence Africaine (après avoir publié le texte initial) révèle la qualité de la collaboration qui a réuni, à tous les instants, l'auteur Aimé Césaire et le metteur en scène Jean-Marc Serreau.

http://livre.fnac.com/a133097/Aime-Cesaire-La-tragedie-du-roi-Christophe

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____Le temps de l'indépendances du Congo est arrivé. Patrice Lumumba, homme politique et poète visionnaire... Une saison au Congo Aimé Césaire Voir tout son univers Théâtre (poche). Paru en 02/2001

Le temps de l'indépendances du Congo est arrivé. Patrice Lumumba, homme politique et poète visionnaire, va tenter de rendre à son peuple une liberté depuis longtemps perdue. Mais la jalousie, la corruption et la quête du pouvoir sont des murailles difficiles à franchir. A travers le destin d'un homme, c'est toute l'histoire d'un continent qui se joue de manière exemplaire et symbolique dans cette pièce de théâtre.

« Aimé Césaire est ... tout l'homme, il en exprime toutes les interrogations, toutes les angoisses, tous les espoirs et toutes les extases. »

André Breton

http://livre.fnac.com/a1157081/Aime-Cesaire-Une-saison-au-Co

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____Nègre, je resterai [par Aimé Césaire].. «Le père de la négritude», qui vient d'être symboliquement accueilli au Panthéon, avait publié fin 2005 un livre où il revenait sur la colonisation, le racisme, l'identité, les droits et les devoirs de chacun.

Essai (broché). Paru en 11/2005

Père de la « négritude », concept qu'il a créé dans les années 1930 avec Senghor, Aimé Césaire est l'une des figures majeures des lettres francophones. Recueils de poésie, pièces de théâtre, essais innombrables, son œuvre demeure toujours d'une grande actualité. Dans ces entretiens, Césaire évoque sa jeunesse, son arrivée à Paris, son entrée à l'École normale supérieure, sa rencontre avec Senghor, son engagement politique. À partir de 1945, date de son élection à la mairie de Fort-de-France puis à la députation, il mène une double carrière : homme politique et écrivain. Les questions du colonialisme, de la place des Antillais dans leur propre pays, de la culture africaine sont abordées avec humour et détachement ; c'est la voix d'un homme immense qu'il nous est donné d'entendre, dans sa force et sa modestie.

«Le père de la négritude», qui vient d'être symboliquement accueilli au Panthéon, avait publié fin 2005 un livre où il revenait sur la colonisation, le racisme, l'identité, les droits et les devoirs de chacun.

Extraits.

Mots-clés : racisme, colonialisme, Martinique, panthéon, Aimé Césaire, Négritude, Nègre je suis nègre je resterai, Françoise Vergès

Après de nombreux débats, Aimé Césaire (1913-2008) a finalement fait une entrée symbolique au Panthéon ce 6 avril 2011, en présence du chef de l'Etat et de nombreuses personnalités du gouvernement. Il y rejoint notamment plusieurs figures de la lutte contre l'esclavagisme et le colonialisme comme Toussaint Louverture, Louis Delgrès, Victor Schoelcher et Félix Eboué. (AFP)

Lycéen.

Je trouvais les hommes martiniquais légers, superficiels, un peu snobs, porteurs de tous les préjugés qu'avaient les hommes de couleur autrefois. Tout cela ne me plaisait pas du tout, et je dois dire que je suis parti pour la France avec délectation. En mon for intérieur, je me disais: «Ils me foutront la paix. Là-bas, je serai libre, je lirai ce que je voudrai.» Me rendre en France avant-guerre était pour moi la promesse d'une libération, une possibilité, un espoir d'épanouissement. Autrement dit, contrairement à beaucoup de camarades de ma génération, j'avais constamment le sentiment que je vivais dans un monde fermé, étroit, un monde colonial. C'était mon sentiment premier. Je n'aimais pas cette Martinique. Et quand j'ai pu partir, ce fut avec plaisir. «Adieu!», pensais-je.

Senghor.

Au lycée Louis-le-Grand, Senghor et moi, nous discutions éperdument de l'Afrique, des Antilles, du colonialisme, des civilisations. Il adorait parler des civilisations latine et grecque. Il était fort bon helléniste. Autrement dit, on s'est formé ensemble, au fur à mesure, jusqu'au jour où nous nous sommes posé une première question essentielle: «Qui suis-je? Qui sommes-nous? Que sommes-nous dans ce monde blanc?» Sacré problème. Deuxième question, plus morale: «Que dois-je faire?» La troisième question était d'ordre métaphysique: «Qu'est-il permis d'espérer?» Ces trois questions-là nous ont beaucoup occupés.

Nous commentions l'actualité. C'était à l'époque de la guerre d'Ethiopie; nous évoquions l'impérialisme européen et, un peu plus tard, la montée du fascisme et du racisme. Nous avons très vite pris position, ce qui a contribué à forger nos personnalités. Puis la guerre est survenue. Je suis rentré à Fort-de-France; j'ai été nommé au lycée Schoelcher, et Senghor, lui, dans un lycée en France. Revenu à Paris après la guerre, qu'est-ce que je découvre? Un petit homme vêtu d'une sorte de toge: Senghor était devenu député du Sénégal et moi de la Martinique. Nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre. Notre amitié était intacte en dépit de nos différences de caractère. Il était africain et moi antillais; il était catholique, et politiquement proche du MRP; à l'époque, j'étais plutôt communiste ou «communisant». Nous ne nous disputions jamais, parce que nous nous aimions profondément et que nous nous sommes vraiment formés l'un l'autre.

Nègre.

Nous suivions le programme, mais nous avions chacun des sujets de prédilection propres. Rimbaud a énormément compté pour nous, parce qu'il a écrit: «Je suis un nègre.» Langston Hugues et Claude McKay, les nègres américains ont été pour nous une révélation. Il ne suffisait pas de lire Homère, Virgile, Corneille, Racine... Ce qui comptait le plus pour nous, c'était de rencontrer une autre civilisation moderne, les Noirs et leur fierté, leur conscience d'appartenir à une culture. Ils furent les premiers à affirmer leur identité, alors que la tendance française était à l'assimilation, à l'assimilationnisme. Nous nous sommes donc constitués un monde à nous.

Le surréalisme nous intéressait, parce qu'il nous permettait de rompre avec la raison, avec la civilisation artificielle, et de faire appel aux forces profondes de l'homme. «Tu vois Léopold, le monde est ce qu'il est, tu t'habilles, tu mets ton costume, tu vas au salon, etc. «Mes hommages, Madame.» Mais où est le nègre dans tout ça? Le nègre n'y est pas. Tu l'as en toi, pourtant. Creuse encore plus profond, et tu te trouveras au fond de toi, par-delà toutes les couches de la civilisation, le nègre fondamental. Tu m'entends, fondamental.» C'est exactement ce que j'ai fait, et toute cette littérature en alexandrins, nous pensions qu'elle était dépassée. «Ils» avaient fait leur littérature, mais nous, nous ferions autre chose, car nous étions des nègres. C'est le nègre qu'il fallait chercher en nous.

Nous nous sommes intéressés aux littératures indigènes, aux contes populaires. Notre doctrine, notre idée secrète, c'était: «Nègre, je suis et, nègre, je resterai.» Il y avait dans cette idée celle d'une spécificité africaine, d'une spécificité noire. Mais Senghor et moi nous sommes toujours gardés de tomber dans le racisme noir. J'ai ma personnalité et, avec le Blanc, je suis dans le respect, un respect mutuel.

Civilisations.

Chaque peuple européen a son histoire, et c'est l'histoire qui a construit la mentalité française telle qu'elle est. Regardez les Anglais, ils ont également une mentalité propre. Allez demander à un Dominicain, un habitant des Bahamas, de Trinidad: «Qu'est-ce que tu es? - Je suis trinidadien. Je suis dominicain.» Demandez à un Antillais: «Qu'est-ce que tu es? - Je suis français.» Les Antillais anglophones ne peuvent pas dire qu'ils sont anglais, «because nobody can be an Englishman». Personne ne peut être anglais, sauf si vous êtes né in England. Chez l'Anglais, le racisme coexiste avec une conception de l'homme et le respect de la personnalité de l'autre, ce qui fait qu'il y a eu beaucoup moins d'assimilation dans les colonies anglophones que dans les colonies françaises. Les Français ont cru à l'universel et, pour eux, il n'y a qu'une seule civilisation: la leur. Nous y avons cru avec eux; mais, dans cette civilisation, on trouve aussi la sauvagerie, la barbarie. Ce clivage est commun à tout le XIXe siècle français. Les Allemands, les Anglais ont compris bien avant les Français que la civilisation, ça n'existe pas. Ce qui existe ce sont les civilisations.

Victimisation.

Nous ne pouvons pas passer notre temps à dire: «C'est la France qui est responsable.» Nous devons d'abord nous prendre en mains; nous devons travailler, nous devons nous organiser, nous avons des devoirs envers notre pays, envers nous-mêmes.

Sortir de la victimisation est fondamental. C'est une tâche peu aisée. L'éducation que nous avons reçue et la conception du monde qui en découle sont responsables de notre irresponsabilité. Avons-nous jamais été responsables de nous-mêmes ? Nous avons toujours été sujets, colonisés. Il en reste des traces. Vous avez été à l'école, vous avez appris le français, vous avez oublié votre langue natale, etc. Lorsqu'on a commencé à écrire le créole, lorsqu'on a décidé de l'enseigner, le peuple n'a pas été transporté de joie. Récemment, j'ai rencontré une femme à qui j'ai demandé: «Madame, vous avez déposé vos enfants à l'école. Vous savez qu'une mesure extrêmement intéressante vient d'être prise: on va enseigner le créole à l'école. Etes-vous contente?» Elle m'a répondu: «Moi contente ? Non, parce que si ma ka voyé i ékol («si j'envoie mon enfant à l'école»), ce n'est pas pour lui apprendre le créole, mais le français. Le créole, c'est moi qui le lui enseigne, et chez moi.» Son bon sens m'a frappé. Il y avait une part de vérité. Nous sommes des gens complexes. Il ne s'agit pas de nous couper d'une part de nous-mêmes.

J'ai toujours été connu comme un rouspéteur. Je n'ai jamais rien accepté purement et simplement. En classe, je n'ai cessé d'être rebelle. Je me souviens d'une scène, à l'école primaire. J'étais assis à côté d'un petit bonhomme, à qui je demandai: «Que lis-tu?» C'était un livre: «Nos ancêtres, les Gaulois, avaient les cheveux blonds et les yeux bleus...» «Petit crétin, lui dis-je, va te voir dans une glace!» Ce n'était pas forcément formulé en termes philosophiques, mais il y a certaines choses que je n'ai jamais acceptées, et je ne les ai subies qu'à contrecoeur.

Afrique.

C'est une question très importante, angoissante. Le sort du Liberia, celui de la Côte d'Ivoire sont effrayants. Nous protestons contre le colonialisme, nous réclamons l'indépendance, et cela débouche sur un conflit entre nous-mêmes. Il faut vraiment travailler à l'unité africaine. Elle n'existe pas. C'est effroyable, insupportable. La colonisation a une très grande responsabilité: c'est la cause originelle. Mais ce n'est pas la seule, parce que s'il y a eu colonisation, cela signifie que des faiblesses africaines ont permis l'arrivée des Européens, leur établissement.

A l'époque de la colonisation, on trouvait des «tribus». Mais nous, les Noirs, avons créé une unité pour gagner l'indépendance. Et maintenant que nous sommes indépendants, une guerre s'est enclenchée; une guerre de classes dégénérant en une guerre de races. Je crois qu'il nous faut fournir des efforts considérables pour éviter de tomber dans ce travers. L'unité reste à inventer.

Racisme.

Malheureusement l'éducation, telle qu'elle a été donnée, telle qu'elle est donnée encore, est souvent responsable. Où Hitler a-t-il appris le racisme? Et le fanatisme musulman n'est-il pas dangereux? Je pense que si. Une partie de l'Islam est quand même très dure à l'égard de l'Afrique. J'ai bien connu un Kabyle; il fallait voir quel regard il jetait sur les gens d'Alger, qu'il considérait comme des colonisateurs. Les Arabes ont été des colonisateurs, des dominateurs et des marchands d'esclaves. Il ne faut pas croire qu'il suffit d'être antillais pour qu'un autre Antillais vous aime.

Il s'agit de savoir si nous croyons à l'homme et si nous croyons à ce qu'on appelle les droits de l'homme. A liberté, égalité, fraternité, j'ajoute toujours identité. Car, oui, nous y avons droit. C'est notre doctrine à nous, hommes de gauche. Dans les régions d'outre-mer, des situations spéciales ont été imposées. Je crois que l'homme où qu'il se trouve a des droits en tant qu'homme. Peu m'importe qui a écrit le texte de la «Déclaration des droits de l'homme»; je m'en fiche, elle existe. Les critiques contre son origine «occidentale» sont simplistes. En quoi cela me gênerait-il? Il faut s'approprier ce texte et savoir l'interpréter correctement. La France n'a pas colonisé au nom des droits de l'homme. On peut toujours raconter n'importe quoi sur ce qui s'est passé: «Regardez dans quel état sont ces malheureux. Ce serait un bienfait de leur apporter la civilisation.» D'ailleurs, les Européens croient à la civilisation, tandis que nous, nous croyons aux civilisations, au pluriel, et aux cultures. Le progrès, avec cette Déclaration, c'est que tous les hommes ont les mêmes droits, simplement parce qu'ils sont des hommes. Et ces droits-là, tu les réclames pour toi et pour l'autre.

© Albin Michel.

Né en 1913, Aimé Césaire, jusqu'en 1993 député-maire de Fort-de-France, était à sa mort, en 2008, l'un des plus grands poètes contemporains et l'auteur de «Cahiers d'un retour au pays natal» et «Discours sur le colonialisme». «Nègre je suis, nègre je resterai» est un livre d'entretiens avec Françoise Vergès, dont elle fait une passionnante postface.

Source: «le Nouvel Observateur» du 17/11/2005.

http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20080417.BIB1141/negre-je-resterai-par-aime-cesaire.html

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_____Dans l’Amérique ségrégationniste des années 1920, la ségrégation dans un bus, aux Etats-Unis, en 1956. (SIPA).... Ces Noirs qui voulaient être blancs.. «The Invisible Line» cette frange privilégiée de la société noire de la fin du XIXe-XXe


***Ces Noirs qui voulaient être blancs...

«The Invisible Line» cette frange privilégiée de la société noire de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.

Un invité de BibliObs Par Un invité de BibliObs

Dans l’Amérique ségrégationniste des années 1920, des mulâtres à la peau très claire choisirent de se faire passer pour Blancs. A lire dans «BoOks», en kiosque tout ce mois de septembre.

S’ils avaient le choix entre passer plusieurs nuits assis dans un wagon crasseux et enfumé et se reposer confortablement dans le wagon-lit Pullman «réservé aux Blancs», bien des membres de l’élite de couleur préféraient naturellement la seconde option. Mary Church Terrell, journaliste, militante des droits des Afro-Américains et épouse de Robert Terrell, un juge et diplômé de Harvard, fut l’une des premières à en parler ouvertement. À une connaissance qui lui reprochait son habitude de voyager dans la voiture réservée aux Blancs, elle répondit qu’elle n’avait pas d’autre choix si elle voulait arriver fraîche et dispose à ses conférences.

En ce printemps 1922, on s’arracha les billets d’entrée pour l’inauguration du Lincoln Memorial. Des dizaines de milliers de personnes convergèrent vers le National Mall pour une grande journée de festivités; au programme, parades, musique et discours. Parmi les plus célèbres Washingtoniens noirs présents en ce Memorial Day ensoleillé (1) figurait Whitefield McKinlay, ancien receveur des douanes à Georgetown et administrateur de biens pour l’élite mulâtre de la ville.

À presque 70 ans, McKinlay avait vécu le pire et le meilleur de ce que l’après-guerre de Sécession devait réserver aux personnes de couleur. Il avait été admis à l’université de Caroline du Sud pendant la période faste de la Reconstruction, puis en avait été exclu après l’arrivée au pouvoir des démocrates, qui soumirent l’État à une forme extrême de ségrégation. Il avait vu des hommes politiques noirs portés au pouvoir par les électeurs noirs quand on leur accorda le droit de vote, puis balayés quand on le leur retira.

Le même processus avait présidé à l’évolution de Washington. Autrefois décrite comme le «paradis de l’homme de couleur» (c’est-à-dire un lieu de liberté et de perspectives d’avenir) par les agents immobiliers clients de McKinlay, la capitale était devenue un «purgatoire» – pour reprendre l’historien David Levering Lewis (2) – où les Noirs étaient bannis des hôtels et des restaurants, exclus des emplois fédéraux et régulièrement persécutés par les sudistes du Congrès, visiblement déterminés à éliminer toute présence métisse à Washington. Sans s’étendre sur le cas de McKinlay, Daniel Sharfstein, ressuscite véritablement dans «The Invisible Line» cette frange privilégiée de la société noire de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.

Une élite «quasi blanche»

McKinlay s’était réjoui de recevoir un élégant carton d’invitation à la manifestation du Lincoln Memorial, y voyant un signe de la volonté de Harding et des républicains revenus au pouvoir d’assouplir les contraintes de la ségrégation. Lui et son épouse constatèrent leur méprise en présentant leurs billets à l’entrée de la tribune: alors qu’ils pensaient s’asseoir dans de confortables chaises pliantes, on les conduisit vers un terrain vague où étaient disposés de simples bancs mal équarris, à presque un pâté de maisons des tribunes.

Les McKinlay y retrouvèrent d’autres notables de couleur – médecins, avocats, juges, professeurs, et hommes d’affaires –, séparés de la zone réservée aux Blancs par un cordon et placés sous la surveillance de marines en uniforme. Alors qu’ils s’apprêtaient à s’installer à l’extrémité d’une rangée, un soldat ordonna aux McKinlay de se déplacer vers le centre pour laisser de la place aux futurs arrivants. Comme le couple hésitait, il leur demanda, en aboyant, de «se grouiller». L’incident déclencha un tollé à travers toute la «section Jim Crow (3)» et les McKinlay vidèrent les lieux, entraînant derrière eux bien des représentants de la bourgeoisie noire de Washington et de Baltimore.

Le «New York Times» consacra plusieurs colonnes au récit des événements de la journée, sans faire mention ni du placement ségrégatif ni de la quasi-émeute qui s’était produite. La nouvelle fit en revanche l’objet de manchettes furieuses dans des journaux noirs comme le Baltimore Afro-American, le Chicago Defender et le Washington Tribune. Ce dernier rapporta que les notables afro-américains avaient reçu des billets estampillés de manière à les signaler comme personnes de couleur. L’origine de ce dispositif est incertaine, mais il était particulièrement utile dans une ville où les classes supérieures noires se composaient majoritairement de familles dont l’ascendance africaine était souvent invisible à l’œil non averti.

L’élite «quasi blanche», comme l’écrit Sharfstein, était issue de liaisons remontant à l’époque de l’esclavage, entre un père ou un grand-père blanc propriétaire et l’une des femmes noires ou mulâtres qu’il possédait. À Washington – comme à Charleston ou à La Nouvelle-Orléans – ces familles perpétuaient leur couleur «pâle, claire et bougrement proche du blanc (4)» en écartant les prétendants à la peau plus foncée et en se mariant entre eux. Ils pouvaient à tout moment franchir la frontière et vivre comme des Blancs. Le fait de continuer à afficher sa couleur relevait souvent d’un choix. Dans ces conditions, il était difficile, et plus encore dans la capitale fédérale que partout ailleurs, d’identifier la race d’un détenteur de billet à son teint.

Les pasteurs jugèrent d’ailleurs nécessaire de mettre en garde leurs ouailles contre le péché consistant à se faire passer pour Blanc ou, dans le langage du révérend washingtonien à la peau claire Francis J. Grimké, de céder à la tentation de «naviguer sous de fausses couleurs». Mais même les fidèles fiers de leur race et se revendiquant comme Noirs cherchaient parfois à passer pour Blancs afin d’échapper temporairement aux tracas. Ils se prétendaient «portugais» ou «espagnols» pour louer des chambres dans les hôtels «réservés aux Blancs», ou manger au restaurant sans subir l’humiliation de voir dresser des paravents autour de leur table. Ils fraudaient pour assister aux comédies musicales du National Theater, dont la direction était connue pour son extrémisme.

Parvenue à Union Station, la principale gare de Washington, Mary reprenait sa vie de femme de couleur. Mais elle comprenait ceux qui choisissaient définitivement la blancheur pour améliorer leur sort et celui de leurs enfants. Au cours d’un voyage qu’elle fit quelques années avant l’inauguration du Lincoln Memorial, elle rencontra un ami qui fit mine de l’ignorer parce qu’il était devenu Blanc. Elle l’obligea à la saluer, mais écrivit à Robert: «Depuis qu’il est devenu Blanc, la vie de Jack Durham est meilleure qu’elle ne l’aurait jamais été s’il était resté Noir! Élever son fils comme un Noir, avec tous les préjugés honteux qu’il lui faudrait endurer, serait de sa part un crime!»

Partout, les Afro-Américains comprenaient qu’il leur fallait couper les ponts avec ceux de leurs amis et parents qui avaient abandonné leur identité pour devenir Blancs. La presse noire protégeait ceux qu’on appelait les «transfuges» (passers) en les citant anonymement; dans ses articles, elle tournait en dérision les Blancs incapables de reconnaître les métis infiltrés dans le personnel de banques, de cabinets d’avocats et de grands magasins réservés aux Blancs. Mais cela ne suffisait pas à réconforter ceux que leurs frères et sœurs, leurs enfants, voire leurs parents avaient quittés pour le monde des Blancs sans plus jamais donner de nouvelles. Ils pleuraient leurs disparus comme ils l’auraient fait pour leurs morts.

« The Invisible Line » retrace une histoire nuancée du passage de frontière raciale, du XVIIIe siècle à nos jours, à travers trois familles. Les Gibson commencèrent à se faire passer pour Blancs dans la campagne profonde de Caroline du Sud dans les années 1760, puis gravirent les échelons de l’aristocratie jusqu’au Sénat. Les Spencer, des fermiers pauvres, gagnèrent dans les années 1840 un village de montagne isolé du Kentucky (où les Noirs étaient rares) et devinrent officiellement Blancs au bout de presque un siècle d’ambiguïté raciale. Le cadre historique du destin des Gibson et des Spencer est bien restitué, mais le livre se concentre avant tout sur l’histoire de M. et Mme Orindatus Simon Bolivar Wall, un couple aisé de Noirs affranchis ayant quitté Oberlin, dans l’Ohio, pour Washington durant la période prometteuse de la Reconstruction. Le couple et ses cinq enfants souffrirent considérablement de l’attitude de plus en plus hostile des Blancs.

Au prix fort

Sharfstein raconte l’histoire des Wall principalement à partir de celle de Stephen, le deuxième de la fratrie, qui tenta en 1910 d’être traité comme un Blanc à Washington, sans succès, mais y parvint dix ans plus tard en payant le prix fort. Stephen n’entreprit pas cette transformation en se volatilisant et en déménageant à New York, comme certains de ses frères et sœurs ou de ses voisins, mais en continuant de vivre dans la ville où sa famille était bien connue. Il fut démasqué le jour où il déménagea dans un quartier blanc et chercha à faire admettre sa fille blonde aux yeux bleus, Isabel, dans une école blanche qui la rejeta au motif que du «sang de couleur» coulait dans ses veines.

À ce stade, il aurait pu se contenter de se faire oublier et de recommencer ailleurs. Mais il préféra faire appel de cette décision, d’abord auprès du conseil d’établissement puis devant la justice. L’affaire donna lieu à des procès-verbaux du conseil d’établissement, à des comptes rendus d’audience et à des articles de presse qui ont permis à Sharf­stein d’accéder à une histoire riche et fascinante qui se serait probablement perdue sans cela.

03 09 12 BoOks "Les états drogués", c'est le dossier du nouveau "BoOks" (n°35, en kiosque tout ce mois de septembre 2012).

Comme de nombreux éminents citoyens de couleur de la capitale, O. S. B. Wall était le fruit de la liaison d’un père esclavagiste et d’une des femmes dont il était propriétaire. Et comme les plus fortunés de ces enfants métis, il fut affranchi par son père, qui lui légua un héritage et l’envoya loin du Sud pour être élevé en terre libre. À la fin de l’été 1838, le propriétaire de plantation Stephen Wall chargea en effet un ami d’acheminer cinq de ses enfants métis depuis le domaine des Wall à Rockingham, en Caroline du Nord, jusqu’à Harveysburg, dans l’Ohio, un bastion abolitionniste près de Cincinnati.

Wall père aurait pu choisir n’importe quelle destination pour ses rejetons, mais il choisit de les envoyer dans une région peuplée de quakers farouchement antiesclavagistes. Stephen Wall légua en outre à ses enfants l’argent nécessaire pour faire partie des citoyens les plus riches de Harveysburg. Plus tard, O. S. B. et sa petite sœur Caroline émigrèrent plus au nord, à Oberlin, un autre foyer abolitionniste. Caroline épousa bientôt un futur pilier de l’élite noire de Washington, John Mercer Langston, affranchi et doté lui aussi par son père. O. S. B. épousa la «très pâle» Amanda Thomas, une camarade de classe de sa sœur. «En 1858, écrit Sharfstein, O. S. B. et Amanda Wall avaient deux fils et une fille, tous suffisamment clairs pour être sujets aux coups de soleil.»

Brent STAPLES

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=> Revenir à la Une de BibliObs Source : «New York Review of Books», article traduit par Hélène Quiniou, et paru dans «BoOks» en septembre 2012.

1| Célébré tous les ans le dernier lundi de mai, le Memorial Day est un jour de congé officiel en l’honneur des Américains morts au combat.

2| David Levering Lewis, "District of Columbia: A Bicentennial History", Norton, 1976, p. 71.

3| On appelle lois «Jim Crow» l’ensemble des lois, arrêtés et règlements qui encadraient la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis à partir de 1876. Jim Crow était un personnage de Noir caricatural interprété par l’acteur blanc Thomas D. Rice vers 1830; le nom devint par la suite une expression péjorative servant à désigner la population noire.

4|«Light, bright and damn near white»: une expression répandue dans la communauté noire américaine quand j’étais enfant dans les années 1960, et encore en usage aujourd’hui (NdA).

http://bibliobs.nouvelobs.com/en-partenariat-avec-books/20120830.OBS0838/ces-noirs-qui-voulaient-etre-blancs.html

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