Science et conscience

LE VIDE ET LE NÉANT

Si le vide et le néant semblent des synonymes du "rien", scientifiques et philosophes ont depuis longtemps fait la distinction entre ces termes et donné des définitions plus subtiles qui ouvrent des perspectives de recherche et de réflexion inépuisables.

Aller et retour vers le néant.

Les choses, quelles qu'elles soient, suivent un éternel cycle, tourbillonnant et se répétant à l'infini. Elles passent ainsi d'un état d'avant-existence à un état d'existence puis à un état d'après-existence qui lui-même passe à un état d'avant-existence, etc.

Le caractère de non-être est temporel et mouvant, il est cyclique c'est-à-dire que les choses revêtent un caractère alterné entre la non-existence et l'existence. Dans ce cycle, le caractère dominant est le néant, c'est-à-dire que les choses passent, généralement, plus de temps caractérisées par leur non-existence que par leur existence.

L'existence de toutes choses dépendant de nos sens, la durée de cette existence dépend directement de nos perceptions. Ainsi, la planète Terre existe depuis quelques milliards d'années, nos connaissances et la perception qu'elles nous procurent, nous permettent de dater, avec des marges d'erreur relativement infimes, l'âge de la Terre, c'est-à-dire sa durée d'existence jusqu'à nos jours. De la même manière, nous savons dater avec certes moins de précision l'âge de certaines galaxies et étoiles et, mis en comparaison avec l'âge de notre planète, nous nous rendons compte que le système solaire est très, très jeune. Cela tend à prouver que le caractère de non-existence est majoritaire dans la durée et que le caractère d'existence est, lui, minoritaire dans la durée. Même ce que nous imaginons avoir toujours existé n'est finalement qu'un ersatz d'existence en comparaison avec l'infinité du néant.

Le cycle du retour au néant est d'autant plus court que les choses sont simples et pauvres et d'autant plus long que les choses sont complexes et riches. Ainsi, pour la planète Terre, la durée de son existence est estimée à dix milliards d'années, ce qui, pour nous humains, représente déjà un laps de temps insaisissable. Il est effectivement difficile alors d'imaginer et de saisir la période de non-existence de notre planète, à savoir l'éternité moins dix milliards d'années !

Il est impossible de définir un point de départ au cycle du retour au néant. Nous ne savons pas, car nous ne connaissons quasiment rien des origines de l'Univers, et nous ne connaissons quasiment rien non plus de l'Univers d'ailleurs. De plus, chaque « quelque chose » est une future autre chose et inversement, tout comme chaque chose était auparavant autre chose.

Ce mouvement perpétuel, cet imbroglio dynamique hypercomplexe d'état des choses et la subdivisibilité fractale de la dimension du néant en fait une sorte de zone tampon parallèle à ce qui existe, sans début ni fin, sans taille ni format et dans laquelle vont et viennent en permanence une quantité indéfinissable (égale en fait au complément de la quantité d'existence), puisque toujours en évolution, de choses.

Le vide est-il vide ?

La notion de vide est intimement liée à la notion d'être. Le vide est l'absence de matière, l'absence d'être. Mais peut-on parler du vide comme d'une entité en soi, ou uniquement comme une absence ? Parménide disait « l'être est, le non-être n'est pas » ; le vide était pour lui un non-être, et ne pouvait donc exister.

Leucippe et Démocrite, firent du vide et de l'atome le principe de toute chose ; le vide, lieu dépourvu de matière, a donc reçu une certaine forme d'être et devint le doublet indispensable et inséparable de l'être.

Aristote, nie l'existence du vide et affirme son incompatibilité avec le mouvement. C'est une conception de l'univers comme d'un "espace clos", organisé, ordonné et harmonique.

Descartes niait l'existence de l'atome comme celle du vide, concepts auxquels il opposait les théories géométriques, réduisant l'espace à une pure et simple étendue, la matière n'étant qu'une modification de la forme. Gassendi l'a lourdement contredit sur ce point . En effet, le vide et l'atome composent bel et bien la matière, et ces caractéristiques lui confèrent une nature intrinsèquement différente de l'étendue. La découverte, ou plutôt l'admission du vide dans la nature est une étape décisive de l'histoire des sciences, la polémique agita fortement les milieux savants durant la révolution scientifique du XVIIe siècle.

Européens, taoïstes et Boudhiste définissent différemment le vide. Lorsqu'un Européen voit un verre, il voit d'abord la matière, sa forme ; un taoïste y verrait d'abord le vide qui le rend utile et lui permet d'être rempli. Un taoïste y voit un potentiel, quelque chose qui attend d'être rempli, et par extension d'être réalisé : c'est l'esprit vide de pensée dans lequel peuvent naître les idées, c'est le blanc de la feuille qui attend d'être dessinée. Dans le bouddhisme, le vide désigne l'absence de nature propre de toute chose, la vacuité.

  • Le néant tend-il vers le vide?

Ou il n'a rien n'avoir avec le vide?

Détails supplémentaires Dahoé, alors je m'explique un peu : en fait néant ne veut pas forcément dire vide, c'est une notion pour moi. Par exemple, le vide c'est rien, mais le rien est encore chose, tandis que le néant serait plus que le vide.

Ouais je sais ma question est un peu bizarre finalement. ALors le néant est-ce du vide ou autre chose que le vide? Est-il ce qui représente rien? Ou au contraire n'y a t-il pas un manque de limite dans le néant?

Le néant, par définition ne peut pas "tendre" vers le vide, faute de quoi il cesserait d'être néant. Le néant s'oppose à l'être, l'être là. Le vide s'oppose, en principe à plein, on dit d'un verre qu'il est vide, mais ce vide n'est point néant, ou encore le vide peut s'opposer à peuplé, encombré. En tout état de cause les deux domaines de définitions me semblent différents, le néant s'opposant au temps de l'existant cf Heidegger "Sein und Zeit", dont "L'être et le Néant" n'est qu'une reprise, le vide supposant quant à lui l'espace, même si Einstein a démontré qu'espace-temps étaient liés. Le problème serait effectivement de savoir s'il y a du "vide" dans l'espace, et quel serait la nature de ce vide, absence de matière;d"énergie?

lire la suite