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mardi 30 novembre 9999
mardi 30 novembre 9999 à 16:51 :: ******VIE ESTUDIANTINE*****Betou mé yamb’ ngue na Congo ! (munukutuba)
Citacion sexiste
personne ne doit disposer, dans un couple les decision st a prendre a 2,
pour etre bien dans ce que j'entreprend, pas question de faire klk chose sans en avoir parlé et san que mon mari soit ok! sinon on fait le mal
Homme masculin
(..) Personne, être humain , homme ou femme ; l'espèce humaine dans son ensemble. (Aussi écrit « l’Homme » avec une majuscule.)
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits — (Article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 1789)
Être humain mâle ; par opposition à la femme.
Philippe de Valois était surtout redevenu homme, et pareil à tout époux, grand seigneur ou dernier valet, qui corrige sa femme menteuse. — (Maurice Druon, Les Rois maudits, tome 6, « Le Lis et le Lion »)
…; nous travaillâmes désormais ensemble, avec un accord et une communauté de jugement qu'il est rare de trouver entre deux hommes. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
Céline Thiébault était alors une jeune fille « bienfaisante », une de ces grandes filles brunes qui paraissent vingt ans au lieu de quinze, de celles qu'à la campagne on compare volontiers à une pouliche et que les hommes, vieux et jeunes, détaillent avec une basse envie, un violent désir. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux Griottes, 1954, p.19)
Personne, être humain , homme ou femme ; l'espèce humaine dans son ensemble. (Aussi écrit « l’Homme » avec une majuscule.)
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits — (Article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 1789)
Être homme est facile ; être un homme est difficile. — (Proverbe chinois cité par Claude Gagnière, in Pour tout l’or des mots)
Il savait maintenant parler la langue du désert, il connaissait ces hommes qui, au début, lui avaient semblé si mystérieux et qui, après tout, n’étaient que des hommes comme tous les autres, ni pires, ni meilleurs, autres seulement.
— (Isabelle Eberhardt, Le Major, 1903)
… les Peaux-Rouges disent que le castor est un homme qui ne parle pas, et ils ont raison ; il est sage, prudent, brave, industrieux et économe. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858)
Ô hommes ! si vous êtes véritablement des hommes, épargnez ceux qui ne peuvent plus se défendre ! — (Walter Scott, Ivanhoé, Traduction de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
(Par extension) Parce que ces métiers étaient essentiellement masculins : soldat, marin, etc.
Ce dernier Wallenrod, des vrais Wallenrod-Tustall Bartenstild, avait acheté presque autant de balles de coton que l’Empereur perdit d’hommes pendant sa sublime campagne de France. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
(Familier) Époux.
C’est mon homme.
Celui qui est parvenu à l’âge de virilité, à l’âge adulte.
C’est un homme à présent !
Individu, quidam.
L’homme plantait des arbres. - Comment est mort cet homme ?
Représentant, émissaire politique ou économique de quelqu’un ou d’un parti.
Il est l’homme de Moscou et occupe les fonctions de chef du Bureau central d’information chargé de surveiller les publications et la propagande communistes … — (Varsovie insurgée, page 204, Alexandra Kwiatkowska-Viatteau, Alexandra Viatteau, 1984)
http://fr.wiktionary.org/wiki/homme lire la suite
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mardi 30 novembre 9999 à 16:33 :: __Code 3.6 The-dark-world.. "The world sinks" Ghost Recon Future Soldier - king of Dahomey. Meurtre, Mort, Détruire. Terra Nullius, Exosquelette, armure du guerrier du futur
Quant au troisième facteur de la Révolution de la Conscience, lorsque nous voulons avancer fermement sur le sentier de l'autolibération intime, il nous faut imiter le Christ Jésus qui a offert sa vie pour l'humanité souffrante. Nous devons être capables de monter sur l'Autel du sacrifice suprême.
http://www.gnose-de-samael-aun-weor.fr/conferences-diverses/8-L-Antechrist.php
« Ceux qui supposent que l'Antéchrist est une personne étrange née à tel endroit ou venue de tel ou tel pays, sont dans l'erreur, car l'Antéchrist n'est pas une personne précise mais bien toutes les personnes. L'Antéchrist a sa racine au fond de chaque personne et il s'exprime de manière multiforme. L'état chaotique où se trouve l'humanité actuelle est, sans conteste, causé par l'Antéchrist.
« L'Impie, de qui nous parle Paul de Tarse dans ses Épîtres, se manifeste partout, il a le don d'ubiquité : il discute dans les cafés, négocie à l'ONU, s'asseoit confortablement à Genève ; il expérimente dans les laboratoires, il invente des bombes atomiques, des fusées téléguidées, des gaz asphyxiants, des armes bactériologiques, etc.
« Tout le monde se prosterne devant l'Antéchrist, c'est-à-dire, devant celui qui a inventé les avions supersoniques, les rutilantes automobiles, les médecines surprenantes, etc. Ainsi, qui ose aujourd'hui se prononcer contre ces miracles et prodiges du « Fils de perdition » s'expose aux sarcasmes de ses semblables, au qualificatif de stupide et d'ignorant...
« L'Antéchrist a élaboré le programme avec lequel on programme les robots-humanoïdes de cette époque décadente ; comprendre ce que je suis en train d'expliquer s'avère très difficile, parce que cela se situe en dehors du programme. Pour le robot-humanoïde, douter du programme semble une hérésie, car son existence même est fondée sur le programme.
« La Science pure de l'Être, différente de toute cette pourriture des théories universitaires, est une chose inadmissible pour les robots de l'Antéchrist. Malheureusement, l'heure de la « grande apostasie » annoncée par les prophètes est arrivée ; aujourd'hui, aucun être humain n'oserait se prononcer contre l'Antéchrist... (La Grande Rébellion, chap. 9).
Nous devons approfondir un peu plus notre connaissance du psychisme. Nous avons beaucoup parlé du Moi, de l'Égo, mais aujourd'hui il nous faut aller plus loin, aborder des aspects plus profonds encore.
Nous avons déjà vu que dans la Perse antique on rendait un culte à Ahriman. Indéniablement, ce culte n'était pas propre aux Aryens ; il venait plutôt d'un groupe de survivants de l'Atlantide submergée. Je veux parler plus précisément des Touraniens. Ahriman était pour eux le centre vital de leur culte. Steiner (le fondateur de l'Anthroposophie) traite dans ses œuvres des forces ahrimaniques et plusieurs autres auteurs ont étudié également ces forces.
Nous avons vu aussi que Lucifer est l'Archange « faiseur de lumière », qu'il n'a rien à voir avec cette créature anthropomorphe que nous présente dogmatiquement le clergé chrétien. Chacun de nous, assurément, possède son propre Lucifer ; celui-ci, en soi, est la réflexion du Logos ou de notre Logoï intérieur au fond de notre psychisme ; il est l'ombre, pour ainsi dire, de notre Logoï, dans nos profondeurs psychiques.
Lorsque nous n'étions pas encore tombés, lorsque nous vivions encore dans l'Éden, ce Lucifer intérieur resplendissait glorieusement au fond de nous ; mais quand nous avons commis la faute de manger de ce fruit dont on nous avait dit : « Tu n'en mangeras pas » (Genèse II, 17), alors notre Lucifer intime est tombé est s'est transformé en le Diable dont nous parlent les diverses théogonies.
Mais que devons-nous faire, à présent, pour « blanchir le Diable » en nous ? Nous devons mourir en nous-mêmes, ici et maintenant ! Lorsque nous réussissons à dissoudre radicalement le Moi, le Diable de la mythologie se blanchit, redevient resplendissant, se convertit en Lucifer, en le « Faiseur de lumière » ; lorsqu'il s'intègre à notre Âme et notre Esprit, il nous transforme en Archanges glorieux.
Ahriman, quant à lui, est quelque chose de différent ; il est le revers de la « médaille » de Lucifer, il est son aspect négatif et il s'exprime sous cette forme du feu ahrimanique des anciens Touraniens de la Perse. Il représente la fatalité, les pouvoirs ténébreux de ce monde.
Ahriman est même au-delà de l'Égo lui-même. Nous avons déjà dit, pour simplifier, qu'il était l'Égo, mais aujourd'hui, afin de monter d'un cran au plan didactique, nous affirmerons qu'il est la base, le fondement de l'Égo. Il est cet « Inique » (ou l'Impie) dont nous parle l'apôtre Paul dans les Saintes Écritures, le « Fils de perdition », l'antithèse, l'envers de la médaille, l'opposé du « Fils de l'homme », en un mot : l'Antéchrist.
Dans l'Apocalypse de Saint-Jean, on parle de la « Bête à sept têtes et dix cornes » (Apoc. XIII, 1-8). Ces sept têtes représentent les sept péchés capitaux : la colère, la convoitise, l'envie, la luxure, l'orgueil, la paresse et la gourmandise, avec tous leurs dérivés. Les dix cornes, quant à elles, se réfèrent à la « Roue du Samsara », qui correspond à la Roue de Fortune (l'arcane X) du Tarot, qui tourne sans cesse.
De cette Bête, on dit encore qu'elle avait reçu une « blessure mortelle » à l'une de ses sept têtes, blessure infligée par une épée, mais que cette plaie fut guérie et que la terre entière fut émerveillée du pouvoir de la Bête qui « blessée à mort, avait repris vie » (Apoc. XIII, 14)... Il faut comprendre par là que l'on peut en finir avec les éléments qui constituent l'Égo et cependant « ressusciter » en l'Antéchrist, en la Bête, en le monstre aux sept têtes. Quand on a totalement annihilé les démons de la colère, par exemple, c'est comme si l'on avait blessé à mort l'une des sept têtes de la Bête, mais ensuite ce défaut se renforce dans cette « tête » et « la Bête reprend vie ». De même, lorsque l'on a éliminé la convoitise dans les quarante-neuf régions du subconscient, lorsque l'on a annihilé les éléments inhumains de la convoitise, celle-ci revit avec plus de force dans cette « tête » de la Bête que nous croyions avoir anéantie, et ainsi de suite. Quand un homme est parvenu à mourir totalement en lui-même, il reste la Bête. C'est pour cela, mes chers amis, que l'on a dit qu'avant que vienne le Christ vient l'Antéchrist ; avant que le Christ ressuscite dans un homme, se manifeste l'Antéchrist, la Bête qui doit mourir...
L'Apocalypse dit bien que celui qui vit par l'épée mourra par l'épée ; que celui qui met les autres en captivité sera mis aussi en captivité ; que les saints doivent faire preuve de patience... On veut dire par là que si nous voulons éliminer l'Antéchrist en nous, il faudra faire preuve d'une infinie patience ; oui, cela requiert patience et travail...
Indéniablement, l'Antéchrist accomplit des « miracles » et des « prodiges trompeurs » : il a inventé, par exemple, les fusées téléguidées, les avions supersoniques, les bombes atomiques (c'est ainsi qu'il fait « pleuvoir le feu du ciel sur la Terre » - Apoc. XIII, 13), etc. Il est sceptique par nature et par instinct, et terriblement matérialiste. Quand a-t-on entendu dire qu'Ahriman était mystique ? Il ne l'est pas et ne le sera jamais ! C'est pourquoi les Touraniens, voulant dominer le monde, ont instauré le culte d'Ahriman, c'est-à-dire, le culte de l'Antéchrist.
Il y a, de toute éternité, deux sciences : la première, c'est la Science pure, que seuls les « Parfaits » connaissent ; l'autre, c'est celle de la Bête, celle de l'Antéchrist. Horriblement sceptique et matérialiste, la science de la Bête n'accepte rien qui « ressemble à un Dieu ou à un Être qui reçoit un culte » (2e Épître aux Thessal. II, 4) ; elle est épouvantablement grossière. Si vous jetez un coup d'œil sur le monde actuel, vous verrez la science de l'Antéchrist partout...
Il a été dit par les plus grands prophètes de l'antiquité qu'un jour viendrait la « grande apostasie » et que l'on ne reconnaîtrait rien qui ressemble à un Dieu ou à un Être que l'on adore : ce jour est arrivé et nous y sommes ! C'est après cette grande apostasie, dans laquelle nous nous trouvons présentement, qui ne cesse d'augmenter et qui augmentera encore plus, que viendra le cataclysme final. Ainsi les grands prophètes l'ont-ils proclamé.
Pour ne pas suivre la Bête, il nous faut une compréhension adéquate de cette question. Si seulement la Bête était extérieure à nous, comme beaucoup le supposent, le problème ne serait pas si grave. Hélas ! ce qui est tragique c'est que chacun de nous a la Bête en lui, au fond de son psychisme, et elle possède une force terrible. Observez-vous vous-mêmes et vous la découvrirez...
Si vous êtes sincères avec vous-mêmes et que vous savez méditer, concentrez-vous sur votre monde intérieur, en essayant de vous auto-explorer en profondeur, et vous pourrez constater par vous-mêmes la présence de deux aspects, clairement définis : l'un, celui du mystique sincère qui veut vraiment se connaître lui-même, qui désire ardemment s'auto-réaliser ; mais vous avez sans doute aperçu aussi un autre aspect de vous-mêmes, vous savez qu'il existe en vous : celui de la Bête, qui rejette toutes ces choses, qui s'oppose à vos aspirations, qui, par moments, résiste farouchement à vos aspirations spirituelles. Et elle va même jusqu'à rire de telles aspirations...
De sorte qu'il y a une lutte, avons-nous dit, entre deux parties de la psyché : celle qui aspire à la Vérité et qui est l'Essence pure, et celle d'Ahriman, celle de la Bête, qui se moque de ces choses-là, qui refuse de les accepter, qui est grossièrement matérialiste. Si vous êtes sincères avec vous-mêmes et que vous vous auto-explorez vraiment, vous pourrez vous rendre à l'évidence de la réalité de ce que je suis en train de vous expliquer. La Bête, Ahriman, l'Antéchrist en vous n'est pas intéressé par les questions spirituelles ; la seule chose qui l'intéresse, c'est la matière physique, dense, grossière. Incidemment, l'athéisme marxiste-léniniste, le matérialisme dialectique a son fondement en Ahriman...
Je vous le répète : il faut que vous soyez sincères avec vous-mêmes : en vous il y a une partie qui est foi et qui vous fait ressentir dans votre psychisme une aspiration spirituelle profonde, et il y a une autre partie que vous-mêmes n'aimez pas, mais qui existe, que vous l'aimiez ou non, et c'est le scepticisme. C'est l'antithèse de ce que vous voulez, et le plus grave c'est que vous êtes aussi cette antithèse. Et cette antithèse c'est donc l'Antéchrist, c'est Ahriman.
Ainsi, vous savez que la lubricité, que la luxure est une chose répugnante, abominable ; mais il y a dans votre psychisme quelque chose qui se moque de votre désir de chasteté, qui même gagne quelquefois la partie : le gagnant c'est Ahriman, la Bête de l'Apocalypse. Vous savez que la colère est exécrable, car à cause de la colère nous perdons notamment notre clairvoyance, nous la détruisons. Vous prenez donc la résolution de ne plus vous mettre en colère, mais vous tonnez et lancez des éclairs à tout moment ; il est indéniable que certains « Moi » sont en cause, naturellement, et vous pouvez même réussir à les contrôler jusqu'à un certain point, mais il y a quelque chose tout au fond de vous, derrière ces « Moi », qui se rit de vos bonnes intentions. Un homme pourrait avoir annihilé la colère et cependant, à n'importe quel moment, il pourrait la ressentir de nouveau, même s'il croit en avoir fini avec elle, car n'importe quelle tête de la Bête, bien qu'on l'ait tranchée par l'épée, peut se guérir, se régénérer : vous voyez donc tout le pouvoir de la Bête ! C'est pourquoi, est-il écrit, tous se prosternent devant la Bête et l'adorent (cf. Apoc. XIII, 4-8) : c'est l'Antéchrist !
Ceux qui supposent que l'Antéchrist est né quelque part en Asie et qu'il viendra en Occident, qu'il arrivera en telle ou telle année, accomplissant merveilles et prodiges, ceux-là sont totalement dans l'erreur. L'Antéchrist, chacun le porte en lui. L'Antéchrist, c'est la Bête, c'est Ahriman, c'est, pour ainsi dire, le revers de la médaille de l'Homme causal, et il est formé de toutes ces causes ancestrales, de tout cet atavisme criminel que, depuis les temps les plus reculés, nous avons forgé d'existence en existence ; c'est l'aspect négatif de l'Homme causal.
Si nous sommes sincères, donc, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, si nous avons le courage de nous auto-explorer soigneusement jusqu'au bout, nous découvrirons que l'Impie, dont nous parle Saint-Paul dans ses Épîtres, c'est en réalité chacun de nous.
« Tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte » est un motif de raillerie pour l'Impie. Observez-vous attentivement : vous avez des élans de mysticisme, de prière, de dévotion - ce sont, bien sûr, des moments délicieux -, mais à l'heure où vous vous y attendez le moins surgit l'Impie qui tourne toutes ces choses en dérision. Lorsque vous l'apercevez, c'est déjà trop tard, il s'est déjà moqué de vos nobles aspirations. Ainsi donc, chacun porte l'Impie à l'intérieur de lui, et il très fort, très puissant : il fait des « miracles et des prodiges étonnants », c'est lui qui a inventé toute cette fausse science de notre monde moderne. Tous ces soi-disant savants des laboratoires de chimie, de physique, de mécanique, de biologie, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et qui disent : « Ces choses-là n'existent pas, ça n'a pas été démontré !... Ces histoires bibliques, ce ne sont que des légendes forgées par les gens ignorants d'autrefois... », etc., ces pseudo-savants, donc, débitent leurs âneries avec un aplomb déconcertant, avec un orgueil et un cynisme stupéfiants. Voilà la science de l'Impie, de l'Antéchrist !
On parle aussi, dans l'Apocalypse, d'une autre Bête, celle-là « portant deux cornes comme un agneau, mais parlant comme un dragon » (XIII, 11) : il s'agit de l'Égo, du Moi, à qui l'on a donné d'accomplir toutes sortes « d'œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers » (Paul, 2Th. II, 9) afin de fourvoyer l'humanité. Cette autre Bête, qui est dotée d'un grand pouvoir, est « au service de la première Bête », de l'Impie, et « elle en établit partout l'empire, amenant tous les habitants de la terre à adorer cette première Bête » (XIII, 12).
Voilà donc les deux Bêtes de l'Apocalypse de Saint-Jean. Plusieurs réussissent, au prix de suprêmes efforts, à détruire la seconde Bête, l'Égo ; ils se soumettent aux ordalies de l'Initiation et ils y parviennent, mais très rares sont ceux qui réussissent à anéantir l'Impie, l'Antéchrist.
« Il n'y a personne comme la Bête ! », proclame l'humanité, et celle-ci se met à plat ventre devant la Bête qui a inventé les merveilleux ordinateurs, les avions supersoniques, les fusées qui traversent l'espace à grande vitesse, qui a créé les sérums, les vaccins, qui a effectué des transplantations cardiaques, qui a fabriqué des armes nucléaires, qui se manifeste à travers l'étincelant intellectualisme, à travers les grandes décisions des leaders politiques, etc.
Détruire l'Impie ? Qui le pourra ? « Qui peut lutter contre lui ? » (Apoc. XIII, 4). Qui sera assez fort pour le détruire à l'intérieur de lui-même ? Quelques-uns ont réussi, oui, mais après plusieurs d'entre eux sont retombés... Qui pourra abattre la force de cette Bête qui peut « mourir et reprendre vie » ? Seul le « Fils de l'Homme » qui, lorsqu'il vient au monde, est toujours soumis à l'ignominie, exposé à toutes sortes de vexations. Mais qui le soumet aux vexations et à l'ignominie ? La Bête, bien sûr ! Lorsqu'Il vient en ce monde, il doit, en quelque sorte, entrer dans la Bête, et la Bête se moque de lui et l'expose à l'ignominie : la Bête est sa geôle, sa prison ! Lui est courageux, la Bête est lâche ; lui est chaste, la Bête ne l'est pas... Il est donc soumis à l'ignominie et il souffre l'indicible, mais lorsque la Bête meurt, lorsqu'elle est finalement précipitée dans le « lac de feu et de soufre ardent », ce qui représente la deuxième mort, le « Fils de l'homme » ressuscite d'entre les morts et accède à la Vie.
Vous connaissez tous ces représentations de la Divine Figure, soit la tête couronnée d'épines du Fils de l'Homme. Ces représentations ne sont pas l'apanage du Christianisme ; on en a retrouvé à divers endroits du globe, datant de l'Âge de bronze. Le visage du Fils de l'Homme est ruisselant du sang des vexations et humiliations qu'il doit subir ; introduit dans la Bête, le Fils de l'Homme devra souffrir jusqu'à ce que la Bête meure...
Il est écrit, donc, qu'avant la venue du Christ vient l'Antéchrist, l'Adversaire, et j'ajouterai qu'avant que vienne l'Âge d'or, l'Antéchrist sera devenu tout-puissant sur la face de la Terre (son pouvoir prospérera partout, affirme le prophète Daniel). La science matérialiste de l'Antéchrist entrera en chacun et tous se prosterneront devant la Bête. Ainsi est-il écrit.
Le « Faux Prophète » (la seconde Bête) qui accomplit des prodiges au service de la Bête et qui amène la terre entière à l'adorer, c'est le Moi, l'Égo, et la « Grande Prostituée » (l'humanité) chevauche cette Bête portant sept têtes et dix cornes. Cette Bête qui porte la Grande Prostituée, c'est l'abominable organe Kundartiguateur, le Serpent tentateur de l'Éden...
Ainsi donc, chers amis, nous devons comprendre ce que représente la Bête, qui a un pouvoir terrible, prodigieux. Lorsque nous comprendrons ce qu'est la Bête, nous nous efforcerons d'engendrer à l'intérieur de nous une création nouvelle... Comme le dit à juste titre Paul de Tarse : « La circoncision n'est rien, rien non plus l'incirconcision, l'important, c'est d'accomplir une nouvelle création » (Ép. aux Galates VI, 15). En quoi consiste cette nouvelle création ? En la fabrication des Corps existentiels supérieurs de l'Être. Et Paul d'ajouter qu'il « porte dans (son) corps les marques du Christ ». Que sont ces marques ? Les stigmates, c'est-à-dire, les signes du Mercure - pour employer le langage de l'Alchimie - avec lequel nous travaillons. Bref, si l'on n'accomplit pas une nouvelle création, si l'on ne devient pas une nouvelle créature, on ne fait rien.
Dans les antiques Mystères de l'Égypte, lorsque l'Initié était sur le point de recevoir sa première initiation, il entrait dans un tombeau, dans un noir sépulcre, et y demeurait allongé trois jours et trois nuits, comme mort ; sortant de son corps physique, il se retrouvait alors face à face avec sa Mère divine (Isis), laquelle portait dans sa main droite un livre, le Livre de la Sagesse, qui permet de s'orienter pour pouvoir réaliser le Grand-Œuvre. Qu'est donc ce Livre de la Sagesse ? C'est l'Apocalypse. Et qui peut le comprendre ? Celui qui travaille dans le Grand-Œuvre. Celui qui ne travaille pas dans le Grand-Œuvre ne le comprendra pas, car c'est le livre de toute création...
Une fois les trois jours passés, l'Initié ressuscitait d'entre les morts, il reprenait symboliquement vie. Certes, ce n'était pas la « grande résurrection », plutôt une petite résurrection, car dans chaque initiation quelque chose meurt et quelque chose ressuscite en nous. Ainsi, sur ce chemin nous mourons et ressuscitons peu à peu. Ces trois jours sont les trois purifications par lesquelles nous devons passer : trois purifications par le feu et par le fer. La grande résurrection n'est possible qu'après la grande mort. Lorsque nous passons par la grande résurrection - lorsque nous ressuscitons totalement - Ahriman est bien mort, il ne reste rien de l'Antéchrist, de la Bête, ni du Faux Prophète ; ils ont péri dans le « lac de feu et de soufre ardent », qui est la deuxième mort. Alors se lève le « Fils de l'Homme », il ressuscite en le Père et le Père ressuscite en lui, car le Fils et le Père sont un.
Ainsi donc, tout est à l'intérieur de nous ; et c'est à l'intérieur de nous que nous devons travailler. Tels que nous sommes actuellement, nous sommes un échec ; il faut que l'Égo meure en nous, et lorsque nous avons réussi à éliminer l'Égo, il faut encore que meure la Bête, Ahriman, le monstre « aux sept têtes et aux dix cornes », le revers de l'Homme causal. Ainsi seulement, chers amis, sera-t-il possible de ressusciter ultérieurement. Auparavant, nous devons nous contenter de petites morts et de petites résurrections : la Résurrection finale est impossible avant la mort de la Bête...
Toutes les écoles ésotériques affirment que l'Initié séjourne trois jours dans un tombeau, puis qu'il en ressort transformé. Certaines écoles prennent cela littéralement, elles croient qu'il s'agit vraiment de trois jours, que l'Initié est alors couché dans un cercueil et qu'il se lève ensuite, « devenu un Dieu ». Elles ne comprennent pas la portée symbolique de ces choses, elles ne veulent pas comprendre que ces trois jours représentent les trois purifications par le fer et par le feu - il faut toute une vie de sacrifices pour y arriver. Zoroastre (ou Zarathoustra) a commencé très jeune et il était un vieillard quand il y est enfin parvenu. Certains commencent dans l'âge mûr ou même vieux : il est évident qu'ils n'arriveront pas au terme en une seule existence, mais ils peuvent faire beaucoup de chemin et, dans une ou plusieurs existences ultérieures, ils pourront parachever le Grand-Œuvre. Rappelons-nous, toutefois, qu'il est impossible de parvenir à la Résurrection suprême sans la mort de l'Antéchrist en nous.
Question : Maître Samaël, comment est-il possible que le divin Maître Jésus ait été tenté par le Diable, par Satan ? Pourriez-vous nous expliquer la raison de cette tentation ?
S.A.W. : Tous les êtres qui avancent sur le chemin ésotérique, sans faire une exception de Jésus de Nazareth, ont été ou seront tentés. Incontestablement, il nous faut transformer le Diable, le convertir en Lucifer (le « porteur de lumière ») ; il faut « blanchir le Diable », le faire briller en nous...
Q. : Mais Jésus ne l'avait-il pas déjà « blanchi » au moment de cette tentation ?
S.A.W. : Tous les êtres, ai-je dit, y compris lui, ont à « blanchir » le Diable. Sans doute n'avait-il pas encore réussi à le « blanchir » totalement : il a donc dû le « blanchir » alors à travers l'Initiation. En tout cas le Drame cosmique de l'Initiation, représenté par le Christ Jésus en Terre sainte, est hautement symbolique ; les Évangiles sont écrits en « clef », ils ont été rédigés par des Initiés, pour des Initiés. Il faut consacrer toute une vie aux études hermétiques pour arriver à comprendre les Évangiles, et c'est rendus à la vieillesse, bien souvent, que nous parvenons à les comprendre. On doit avoir « blanchi ses cheveux », pour ainsi dire, avant de comprendre réellement la signification des Évangiles.
- 4. La Transformation des impressions et l'Eveil de la Conscience
Voir 1975 Psychologie Révolutionnaire ou message de Noël 1975
Les Machines Humaines
Nous avons beaucoup parlé et entendu parlé des trois facteurs fondamentaux de la Révolution de la Conscience, mais il est nécessaire d'effectuer un retour sur tout cela, de faire une profonde réflexion afin de déceler jusqu'à quel point nous avons accompli notre devoir face au Grand-Œuvre.
Combien de fois nous rappelons-nous à nous-mêmes durant la journée ? Combien de fois cessons-nous de nous identifier avec le train de vie que nous menons et observons-nous avec attention et sérénité la bataille des antithèses dans notre mental ?.
Notre devoir cosmique est de ne pas permettre que passent des pensées mécaniques, d'empêcher que des pensées empoisonnées s'emparent de nous et d'abandonner complètement nos instincts animaux.
Il est nécessaire de réaliser à l'intérieur de chacun de nous le premier choc conscient, en travaillant intensément dans la non-identification, et de lutter contre l'imagination négative et l'autoconsidération intérieure.
L'important, c'est de mourir à soi-même, travailler sur soi est indispensable. On doit pour cela traverser de profondes crises émotionnelles. Il nous faut prendre conscience de nos actes, sans quoi nous ne pourrons réaliser l'Œuvre.
Il est primordial de nous diviser entre observateur et observé. Notre tâche fondamentale c'est de nous autodécouvrir dans l'action et de reconnaître nos erreurs, le chemin de la Réalisation intime de l'Etre exige d'abord de mourir en nous-mêmes.
En désintégrant les gens qu'il y a à l'intérieur de nous, la maison sera libérée et seule y habitera la Conscience, l'Etre ; nous serons alors vraiment libres et nous serons devenus des individus supérieurs. Celui qui éveille sa conscience a accès à la Science objective, universelle et pure. C'est pourquoi nous ne devons pas nous laisser fasciner par cette science subjective ultramoderne, la Biologie, la Chimie, la Physique, etc. Au fond, ce que jusqu'à maintenant on a appelé la Science pure, s'avère quelque chose de tout à fait embryonnaire, puisque la Science pure n'est accessible qu'aux hommes à la conscience éveillée.
Cette Science n'a rien à voir avec la pourriture de théories qui existe dans les divers collèges, dans les différentes écoles et universités du monde ; cependant, les scientifiques croient qu'ils ont le mot de la fin, mais ils ne savent rien sur la Science objective de l'Univers. Voyons un fait concret : lorsque les scientifiques, à l'unisson avec les astronautes, ont réussi, à l'aide d'une fusée guidée, à atteindre la lune, ils ont cru, avec leur raison subjective, que cet événement avait été grandiose, ils s'autoexaltèrent et tentèrent de faire voir à l'humanité que grâce à leurs pirouettes de cirque ils avaient déjà conquis le monde, mais ils étaient complètement dans l'erreur et ils le sont encore, car il leur manque la Raison Objective.
Lorsque l'on dit aux scientifiques qu'il existe des êtres extra-terrestres, qu'il y a des vaisseaux qui viennent d'autres mondes, ils le nient carrément. Pour quelle raison ?. Les scientifiques ultramodernes sont des robots qui ne sont pas programmés pour connaître la Science Objective universelle ; ils ne sont programmés que pour connaître la science universitaire officielle et c'est tout. De sorte que ces scientifiques ultramodernes qui sont des êtres à la raison subjective, émettent sur toutes choses des suppositions et ne procèdent toujours que par hypothèses, étant donné qu'il leur manque une connaissance concrète et objective des lois de l'Univers.
Ce sont des robots, préparés avec des matières universitaires pour travailler à l'intérieur de leur programme, et rien d'autre. On ne pourrait donc pas exiger d'eux qu'ils réfléchissent sur des êtres extraterrestres et des vaisseaux interplanétaires, car ils ne sont pas encore programmés pour cela. Ces robots ont été construits dans les universités et ne fonctionnent qu'en vertu de leur propre conditionnement (mécanique).
La raison subjective se nourrit des perceptions extérieures, elle élabore le contenu de ses concepts au moyen des informations recueillies par les sens, formant ses raisonnements à l'aide de ces concepts ; ainsi procède la raison subjective. On ne peut rien savoir du Réel quand tout émane des perceptions sensorielles, cela va de soi, c'est irréfutable.
La raison objective est autre chose, elle est révolutionnaire ; cette raison fonctionne avec les seuls concepts de la Conscience, avec les données qu'elle apporte elle-même. Lorsque l'on parvient à éliminer les éléments inhumains où est emprisonnée, embouteillée la conscience, alors celle-ci peut apporter des données à la raison. Une raison basée sur les données de la conscience est une raison objective.
Les scientifiques au raisonnement subjectif ne savent rien de la conscience. Comment pourraient-ils savoir ?. De quelle manière pourraient-ils investiguer sur cette question ?. Ce sont des robots qui ne sont pas programmés pour quoique ce soit qui dépasse le monde des cinq sens, ce sont de simples machines qui fonctionnent selon ce qu'elles ont appris dans les collèges, les universités, les académies, et qui ne peuvent fonctionner autrement. Croyez-vous qu'un robot puisse fonctionner autrement que de la façon dont il a été programmé ?. Il est évident que non, n'est-ce pas ?. Ainsi donc, ces machines humaines qui s'affublent du titre de scientifiques ne connaissent rien sur la conscience parce qu'elles ne sont pas programmées pour cela.
Seule la psychologie transcendantale enseignée par le petit nombre de sages qui ont pénétré le monde, comme disent les poètes, peut nous orienter, faire que notre conscience s'éveille. Celle-ci s'éveille, indubitablement, quand les éléments infrahumains qui habitent à l'intérieur de nous sont réduits en poussière cosmique.
Une conscience éveillée est une conscience qui peut enquêter objectivement. Dans la conscience se trouvent les données dont nous avons besoin pour notre orientation psychologique, dans la conscience se trouvent les particules de douleur de notre Père qui « est en secret », dans la conscience se trouve la Sagesse ; si nous arrivons à la libérer, elle pourra nous orienter.
Un homme à la conscience éveillée est un homme libre qui peut connaître par lui-même le sentier qui devra le conduire à la libération finale. Vous voyez maintenant pourquoi il est tellement important de mourir d'instant en instant, seconde après seconde.
Il est également indispensable d'étudier en profondeur les livres intitulés Le Mariage Parfait et Le Mystère de la Fleuraison d'Or. Dans ces livres est enseignée la Kriya sexuelle nécessaire pour l'éveil de la conscience. Moi, Samaël Aun Weor, j'ai enseigné dans ces ouvrages comment éveiller sa conscience. J'ai unifié dans ces œuvres la question sexuelle et la question conscience. Il faut donc connaître ces œuvres à fond, méditer profondément sur elles et mettre leurs enseignements en pratique. Ainsi obtiendrons-nous la Libération authentique.
Quant au troisième facteur de la Révolution de la Conscience, lorsque nous voulons avancer fermement sur le sentier de l'autolibération intime, il nous faut imiter le Christ Jésus qui a offert sa vie pour l'humanité souffrante. Nous devons être capables de monter sur l'Autel du sacrifice suprême.
En vérité, si nous travaillons ainsi, avec les trois facteurs de la Révolution de la Conscience, si nous aimons nos semblables, si nous incendions le monde avec la torche du Verbe, nul doute que nous gravirons les différents niveaux de l'Etre jusqu'à nous convertir en Etres véritables, dans le sens le plus complet du mot. Il faut travailler à fond dans les trois facteurs. Il faut étudier en profondeur les livres suivants : Les Trois Montagnes ; Oui il y a l'Enfer, le Diable et le Karma ; La Doctrine Secrète d'Anahuac ; La Psychologie Révolutionnaire et La Grande Rébellion. Dans ces œuvres il y a tous les éléments d'orientation nécessaires pour nous permettre de travailler dans les trois facteurs de la Révolution de la Conscience, travailler en nous-mêmes et œuvrer pour un monde meilleur.
La Personnalité en Relation avec les Impressions
La personnalité, que nous avons tous développée, reçoit les impressions mais ne les transforme pas, parce que, à toutes fins pratiques, elle est quelque chose de mort. Si les impressions arrivaient directement à l'Essence, nul doute qu'elles seraient transformées, car celle-ci les acheminerait en fait exactement aux centres appropriés de la machine humaine. La personnalité est le terme que l'on applique à tout ce que nous acquérons ; il est clair qu'elle traduit toutes les impressions qui nous parviennent de tous côtés d'une façon limitée et pratiquement stéréotypée, conformément à sa nature et à son mode d'évaluation. A ce sujet, on compare la personnalité à une très mauvaise secrétaire qui habite juste en face et qui s'occupe de tout selon ses propres idées, concepts, préjugés, notions établies et opinions.
Elle dispose d'un grand nombre de dictionnaires, d'encyclopédies de tout genre, de livres de référence, etc., et est en communication avec les cinq centres de l'organisme humain, c'est-à-dire, le centre mental, le centre moteur, le centre émotionnel, le centre instinctif et le centre sexuel, conformément à ses idées limitées. Il en résulte qu'elle se met malheureusement presque toujours en communication avec les mauvais centres ; cela signifie, prêtez bien attention à ce que nous sommes en train de dire ici, que les impressions qui nous parviennent sont envoyées aux mauvais endroits, à des centres qui ne leur correspondent pas, produisant, par conséquent, des réactions faussées, des résultats désastreux.
Je prendrai un exemple pour que vous compreniez mieux : supposons qu'une femme éprouve pour un homme beaucoup de considération et d'estime. Il est clair que les impressions que l'homme reçoit dans son mental sont traduites par sa personnalité qui les envoie aux centres inadéquats, le plus souvent au centre sexuel ; cet homme finit alors par croire fermement que la dame en question est amoureuse de lui et naturellement il ne tarde pas longtemps à faire des insinuations amoureuses. Il n'y a pas de doute que si la dame n'a jamais eu cette sorte de préoccupation pour le monsieur, elle ne manquera pas de montrer sa surprise, n'est-il pas vrai ?. Cette situation est le résultat d'une très mauvaise transformation ou, pour mieux dire, traduction des impressions. Vous voyez combien la personnalité est une mauvaise secrétaire.
La vie de n'importe quel homme dépend en général de cette secrétaire qui cherche mécaniquement, dirons-nous, l'information dans ses livres de référence mais sans comprendre, absolument, ce que signifie en réalité la transformation des impressions, qu'elle transmet par conséquent de façon erronée et sans penser à ce qui pourrait arriver, croyant uniquement qu'elle accomplit son devoir. Voilà notre situation intérieure. Ce qu'il importe de comprendre dans cette allégorie, c'est que la personnalité humaine que tous nous acquérons (et devons acquérir) se met à prendre le contrôle de notre vie, et ceci est une chose extrêmement grave. Il est incontestablement ridicule d'imaginer que ça n'arrive qu'à certaines personnes ; cela nous arrive à tous, et nous pouvons nous rendre compte, à travers l'observation de nous-mêmes, que nous avons un nombre réduit de modes caractéristiques de réaction aux multiples impressions de la vie qui entre en nous.
Ces réactions mécaniques malheureusement nous gouvernent. Chacun dans la vie est gouverné par ses propres séries de réactions aux impressions, c'est-à-dire, à la vie même, peu importe qu'il soit libéral ou conservateur, révolutionnaire ou fasciste, bourgeois ou bolchevique, bon ou mauvais, etc. Il est indéniable que ces réactions mécaniques aux impacts du monde extérieur constituent notre propre vie. Nous pouvons affirmer, dans ce sens, que l'humanité est totalement mécanique.
N'importe quel homme, dans la vie, s'est formé, pour ainsi dire, une certaine quantité de réactions aux diverses impressions ; réactions qui deviennent ce qu'ensuite on appelle les expériences pratiques de son existence. Nous savons que toute action produit une réaction ; des actions d'un type déterminé produisent des réactions d'un type déterminé ; et on appelle ces réactions des « expériences ».
Il serait enfin intéressant de connaître nos actions et réactions, de pouvoir relaxer le mental, de travailler sur soi-même sérieusement dans le but de se connaître sous ce rapport.
Cette question de la relaxation mentale est primordiale ; nous devons nous allonger dans notre lit, ou nous asseoir sur une chaise ou dans un fauteuil confortable, puis relaxer patiemment tous nos muscles ; vider ensuite le mental de toute espèce de pensées, désirs, émotions, souvenirs, etc.
Quand le mental est tranquille, quand le mental est silencieux, nous pouvons mieux nous connaître nous-mêmes. C'est en ces instants de quiétude et de silence mental que nous en venons réellement à constater de façon claire et directe la réalité crue de toutes les actions et réactions de la vie pratique. Lorsque le mental se trouve au repos, nous apercevons la multitude d'éléments, sous-éléments, désirs, actions, réactions, émotions, passions, comme quelque chose d'étranger à nous mais qui attend le moment précis pour prendre, dirons-nous, le contrôle de nous-mêmes, de notre personnalité.
De là la raison pour laquelle il vaut la peine d'obtenir la quiétude et le silence du mental ; il n'y a pas de doute que la relaxation de l'entendement est bénéfique dans le sens le plus complet du mot, car elle nous conduit à l'autoconnaissance individuelle de tout ce qui constitue notre vie, c'est-à-dire, notre vie extérieure.
Il est indubitable que ce que nous percevons par les sens, ce que nous voyons et entendons, etc., forme, pour chaque personne, ses impressions, impressions qui émanent de la vie même et qui suscitent en chacun des réactions à ce qui lui parvient du monde physique. C'est, par conséquent, une grande erreur de croire que ce qui est appelé la vie est une chose fixe, solide, immuable, de même en ce qui concerne n'importe quelle personne.
Ainsi donc, les multiples impressions qui, relativement à la vie, existent dans le genre humain, sont infinies. La vie, cela ne fait aucun doute, est composée des impressions qui nous viennent d'elle. Il est clair que nous pouvons, si ainsi nous le voulons, transformer ces impressions et, par le fait même, transformer notre vie. Mais, comme on dit, c'est une tache difficile à entreprendre.
L'hypnotisme collectif est tellement puissant que, bien que cela semble incroyable, tous les êtres humains se trouvent dans un état d'hypnose collective. Cette hypnose est produite par ce qui subsiste de l'abominable organe Kundartiguateur qu'a développé jadis l'être humain ; c'est cet organe résiduel qui a engendré les différents agrégats psychiques ou éléments inhumains qui, dans leur ensemble, constituent le « Moi-Même » (l'Ego). Ces éléments et sous-éléments conditionnent la conscience et la maintiennent en état d'hypnose, donc l'hypnose collective existe bel et bien.
L'humanité est à ce point emprisonnée dans le monde des cinq sens qu'elle ne parvient pas à comprendre comment elle pourrait s'en affranchir. Les gens sont fermement persuadés que leurs sens leur montrent la réalité. Ainsi donc, notre vie intérieure, notre vie mentale et émotionnelle, continue d'être confuse pour nos conceptions rationnelles et intellectuelles. En fait, nous ne savons pas du tout où nous vivons réellement dans notre monde de pensées et de sentiments, c'est quelque chose que personne ne peut nier.
Nous devons apprendre à transformer nos propres impressions. Cependant, il n'est pas possible de transformer quoique ce soit en nous si nous continuons à être collés au monde des sens. Le travail enseigne que si quelqu'un est entouré de circonstances négatives, c'est sa propre faute. Le point de vue sensoriel est que telle ou telle personne que nous percevons dans le monde physique à travers la vue ou l'ouïe est la fautive, et cette personne dira à son tour que nous sommes les coupables, mais la faute se trouve en réalité dans les impressions que nous recevons de la personne. Souvent nous pensons qu'une personne est perverse alors que dans le fond elle est une douce brebis. Il convient donc de transformer toutes les impressions que nous avons sur la vie. Surtout, il est nécessaire d'apprendre à recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables de nos semblables.
Si nous examinons scientifiquement cette question des impressions et la manière de les transformer, nous observerons ceci : les impressions qui nous parviennent correspondent à l'H48 (hydrogène 48), qui est l'hydrogène qui gouverne le corps physique ; ainsi donc, toute impression correspond à l'H48, mais elle peut être transformée en H24, qui correspond au corps astral et, beaucoup plus tard, en H12, qui correspond au mental, et même en H6 qui correspond au Causal ou Manas supérieur.
Il n'y a pas de doute que la transformation de l'H48 en H24, ou de l'H24 en H12, ou de l'H12 en H6, n'est possible qu'au moyen d'un secret agent, je veux désigner par là, de façon emphatique, l'Hydrogène sexuel SI-12. Il est certain que si l'on est chaste, si l'on apprend à transformer le sperme sacré en Energie créatrice, la transformation de cet H48 en H24, en H12 et en H6, s'avère alors faisable.
Or donc, si nous pensons au corps physique, nous devrons dire que de même qu'il y a des degrés en ce qui concerne le psychique, des états et des états, il y en a aussi dans le corps physique. Qu'une chair ressemble à une autre, cela n'a rien d'extraordinaire. Mais il y a toutefois des différences entre les différentes chairs. Une chose est la chair du corps physique d'un Maître de la Grande Fraternité Blanche, autre chose celle d'un simple Chela ou disciple de la Loge Blanche, autre encore celle d'un profane, d'un homme commun et courant, et autre également celle d'un Magicien Noir terriblement pervers. Il y a ainsi des différences entre chacune d'elles.
Nous pouvons rendre le corps physique plus subtil, plus raffiné, si nous apprenons à le nourrir avec des hydrogènes supérieurs. Il est clair que si nous transformons l'hydrogène 48, qui correspond aux impressions, en H24, H12 et H6, notre corps physique se nourrira d'hydrogènes supérieurs et acquerra par conséquent un état plus élevé de raffinement spirituel, il se transformera lui-même, dirons-nous, en un véhicule plus apte pour l'Ame, en un corps très différent de celui de nos semblables, plus réceptif, plus « psychique ». C'est, entre autres choses, une des raisons fondamentales pour lesquelles il nous faut comprendre à tout prix la nécessité de transformer les impressions.
Le Premier Choc Conscient
La nature nous a donné les organes nécessaires pour transformer l'air vital, elle nous a aussi donné les organes nécessaires pour transformer les aliments, mais elle ne nous a pas donné le véhicule ou l'organe approprié, nécessaire, pour transformer les impressions qui nous parviennent de la vie, c'est pourquoi celles-ci entrent en nous sans subir aucun changement, sans être transformées, et ceci naturellement fait du dommage. Les impressions nous parviennent à travers les cinq sens, et par l'intermédiaire fâcheux de notre personnalité, qui les reçoit ; celle-ci est une très mauvaise secrétaire qui, en recevant les impressions, les transmet à des centres qui ne leur correspondent pas, conformément à ses idées limitées, produisant donc, malheureusement, des résultats erronés. Si ces impressions pouvaient être transformées correctement, notre façon de vivre serait différente.
Il est nécessaire, avant toutes choses, de travailler sur nous-mêmes, ici et maintenant, d'avoir une continuité de propos. Sinon nous serons toujours pareils ; celui qui veut cesser d'être comme il est, celui qui veut changer vraiment et se transformer, doit commencer par admettre la pluralité intérieure qui se manifeste en chacun de nous, doit cesser d'être un robot, cesser d'être une marionnette ou une machine fonctionnant selon ses idées limitées, selon les concepts et opinions, les connaissances acquises de notre personnalité. L'observation et la prise de conscience de tout ceci provoque le premier choc conscient.
Il est déplorable que la nature ne nous ait pas donné d'organe pour transformer les impressions qui nous arrivent de la vie qui pénètre en nous, mais il est possible de créer cet organe en travaillant sur nous-mêmes dans ce monde tridimensionnel où nous vivons : on l'obtient au moyen du rappel de soi, de l'observation sereine, de la non-fascination, de la non-identification avec les choses du monde intérieur dans lequel nous vivons, car toute personne se voit soumise à des événements psychiques de différent type : émotions négatives, orgueil, haine, paresse, luxure, colère, jalousie, vanité, etc.
Il est nécessaire à présent de nous imaginer une usine à trois étages allant de bas en haut ; cette usine est notre propre corps. A l'étage inférieur on trouve les aliments, le second étage correspond à l'air vital et le troisième aux impressions. Les aliments qui entrent dans le corps reçoivent le choc de l'H192, soit de l'air vital, lequel se transforme en carbone au contact des aliments, et ce choc permet le processus de transformation de l'H768 des aliments. La même chose se produit avec l'air vital qui se transforme en oxygène pour purifier le sang, puis en carbone pour être expulsé, mais il n'en va pas de même en ce qui concerne les impressions. Celles-ci, en pénétrant en nous, ne subissent pas le moindre changement, elles entrent au niveau de DO48, passent à RE48, MI48, FA48, etc., mais elles restent de l'H48. L'intervalle entre les notes de l'échelle musicale doit être comblé ; cet espace entre les notes de la gamme et entre les octaves représente l'énergie nécessaire à la transformation de l'hydrogène 48 des impressions, énergie qui est fournie par le travail sur soi ainsi que par le premier et le deuxième choc conscient.
Ce que nous avons appelé le second choc conscient correspond à la transformation des impressions cristallisées en nous, mais pour cela il est d'abord nécessaire de réaliser et de comprendre qu'avec le premier choc conscient on n'a pas encore terminé le travail, car on a alors simplement créé la mémoire du travail et l'organe transformateur des impressions, lequel correspond au développement de la faculté de l'observation.
Les « Moi » qui vivent en chacun de nous correspondent aux impressions mal digérées, ils résultent de la très mauvaise transformation de ces impressions qui alors se cristallisent en ces Moi. Le but du premier choc conscient est de ne pas créer, ou ne pas permettre la création de nouveaux Moi, et de cesser d'alimenter les Moi déjà existants. Ceux que nous avons nous donnent bien assez de fil à retordre, et leur élimination nous coûte bien trop d'efforts pour que nous continuions d'en créer d'autres.
Celui qui veut réaliser le premier choc conscient doit lutter avec ténacité contre l'imagination négative, c'est-à-dire contre le bavardage ou la divagation intérieure, car c'est elle qui nous conduit à la fascination et qui nous amène finalement à nous identifier avec notre train de vie. En effectuant ce choc conscient, nous cessons d'être des robots et d'être en accord avec la science ultramoderne de type subjectif qui n'est d'aucune utilité pour l'éveil de la conscience. Nous cessons d'être menés par Pierre, Jean, Jacques, par tous et chacun.
Il est donc fondamental, indispensable et urgent de réaliser un choc conscient au moment où une impression pénètre en nous ; nous devons connaître à fond la question de la transformation des impressions et y travailler inlassablement dans le but de transformer la vie qui entre en nous sous la forme des impressions. Le rappel de soi est nécessaire pour effectuer une transformation correcte des impressions, il ne faut pas s'identifier avec ces impressions que nous recevons ou, pour mieux dire, qui surgissent dans notre mental. Il est nécessaire de voir les « choses en soi », comme dit Emmanuel Kant.
Nous savons que transformation signifie changement d'une chose en une autre différente ; or, tout est susceptible de changement, il existe des transformations très connues de la matière : il est indéniable que par l'action de ferments le sucre se transforme en alcool et celui-ci à son tour en vinaigre, en somme, une substance moléculaire se transforme en une autre substance moléculaire.
Le but du premier choc conscient est de transformer tout ce qui nous parvient du monde extérieur dans lequel nous vivons et qui n'est pas aussi extérieur qu'il le semble ; personne ne pourrait s'introduire dans la tête un arbre, une chaise ou une maison, nous pouvons voir l'arbre, la chaise ou la maison et en avoir une idée, mais nous ne pouvons pas les introduire à l'intérieur de nous, des impressions entrent dans notre esprit et c'est tout, des impressions d'un monde que nous appelons extérieur mais qui n'est pas aussi extérieur qu'on le pense.
C'est par le moyen de la compréhension que nous allons transformer les impressions qui parviennent à notre mental. Si, par exemple, quelqu'un nous adule ou nous vante, comment pourrions-nous transformer la vanité que cet adulateur pourrait provoquer en nous ?. Il est indéniable que les louanges, l'adulation, ne sont rien d'autre que des impressions qui surgissent dans le mental, suscitant comme réaction la vanité. Mais si nous transformons ces impressions, la vanité devient par le fait même impossible. Comment peut-on transformer les paroles d'un adulateur, les louanges ou la flatterie ?. Par la compréhension : lorsque nous comprenons réellement que nous ne sommes rien de plus qu'une créature infinitésimale dans un recoin de l'univers, nous transformons alors ces impressions de louange ou de flatterie en quelque chose de différent, nous les convertissons en ce qu'elles sont : de la poussière cosmique. Car nous comprenons notre modeste position dans le Cosmos. Notre planète Terre elle-même n'est, nous le savons, qu'un minuscule grain de sable dans l'espace.
Pensons à la galaxie dans laquelle nous vivons. Elle est composée de millions et de millions de mondes, qu'est donc la Terre ?. Une misérable particule de poussière dans l'infini. Et nous, que sommes-nous ?. Des organismes quasi imperceptibles, des micro-organismes sur cette particule.
Et alors ?. Qu'est-ce que ces réflexions feraient surgir en nous ?. L'humilité. Oui, l'humilité apparaîtrait, de toute évidence, et elle provoquerait une transformation des impressions en relation avec la flatterie, l'adulation, la louange, et nous ne réagirions plus sous la forme de l'orgueil. Plus nous réfléchirons sur tout cela et plus nous verrons la nécessité d'accomplir une transformation complète des impressions qui pénètrent en nous, la nécessité d'abord de produire ce que nous avons appelé le premier choc conscient.
Mais ce premier choc n'est pas tout : nous devons aussi transformer la vie en nous, ou ce que nous sommes en nous-mêmes, ici et maintenant, dans notre monde de pensées et d'émotions. Nous devons, pour cela, connaître notre Niveau d'Etre actuel (étudier les chapitres : Les deux mondes et Le Niveau de l'Etre, du livre La Psychologie Révolutionnaire), c'est-à-dire, ce que nous sommes réellement. Faute de quoi aucun changement ne pourra être réalisé, car si l'on ne connaît pas le niveau d'Etre où l'on se trouve, de quelle façon pourrait-on changer ?. Le travail qui concerne l'élimination des éléments sous-humains ou inhumains en nous, des « Moi » en général, correspond au second choc conscient. Ces agrégats, ces « Moi », sont des impressions mal digérées ou, si l'on préfère, le résultat de leur très mauvaise transformation.
Au moment où est produit le premier choc conscient, l'H48 (DO) se transforme en RE48, passant ensuite à MI24, pour remplir le vide laissé par la nature et parfaire de cette façon le processus de transformation qui, dans les conditions normales de l'existence, ne peut être poursuivi. Nous pouvons ainsi créer une plus grande quantité d'H24, lequel alimente, comme nous l'avons dit plus haut, le corps astral. Puis cet H24 se transforme en H12 et celui-ci à son tour, grâce au second choc conscient (cet H12 constituant le secret agent des Alchimistes) se transforme en H6 et, ultérieurement, en H3.
De cette façon nous obtiendrons donc une plus grande quantité et une meilleure qualité d'hydrogène, lequel transforme notre corps physique, le rendant plus raffiné spirituellement, le convertissant en un corps plus apte pour l'Ame : vous comprenez maintenant, mes frères bien-aimés, pourquoi il est nécessaire de transformer tout type d'impressions. Car l'important c'est d'obtenir la transformation de notre vie, et ceci n'est possible qu'au moyen de la compréhension la plus profonde.
Tout ce que nous voyons au dehors est à l'intérieur ; « l'homme se connaît par ses rêves », dit-on. Par conséquent, si nous ne travaillons pas sur l'intérieur, nous marchons dans la voie de l'erreur, parce qu'alors nous ne modifions pas notre vie. Si nous voulons être différents, nous devons nous transformer complètement, et si nous voulons nous transformer, nous devons commencer par transformer les impressions que nous recevons, voilà la clé pour la transformation de l'individu. Nous devons créer un choc au moment où les impressions entrent en nous, grâce au rappel-de-soi et à la technique de l'observateur et de l'observé. De cette façon sera comblé le vide laissé par la nature entre les notes de l'octave musicale. Voilà en ce qui concerne le travail en relation avec le premier choc conscient.
Le Second Choc Conscient
Dans la transmutation sexuelle, il y a transformation des impressions ; lorsque nous transformons les impressions animales, bestiales, qui hantent notre psychisme, en l'élément de la dévotion et de l'Amour, alors la transformation ultime, la transmutation sexuelle, surgit en nous.
Je crois que vous comprenez mieux tout ce qu'implique cette question cruciale ; nous touchons maintenant au cœur du problème, nous allons au centre, au « grain », c'est-à-dire, à la transformation de la vie même en nous, à partir de la matière première de tout l'Univers, à partir de la substance sexuelle.
Au chapitre précédent, nous avons dit que le premier choc conscient avait pour but de ne pas créer davantage de Moi, d'Egos. Comment certains petits frères gnostiques ont-ils pu croire qu'il était possible de contenir et de réprimer certains Egos tout en travaillant sur un autre : cela apparaît comme quelque chose d'incohérent, incongru, extravagant. Il est bon que vous compreniez que seule la transformation de nous-mêmes sur le terrain de la vie pratique peut empêcher que les impressions ne reprennent vie à l'intérieur de nous. Il faut que les frères comprennent ce que signifie transformer une chose en une autre ; rappelons-nous ce que nous avons dit précédemment au sujet des transformations de la matière, et en ce qui concerne les louanges, les flatteries, l'adulation.
Si l'on ne transmute pas la vie en nous, si l'on ne change pas, si l'on ne commence pas à penser à partir d'un point de vue différent, du point de vue du travail conscient, si l'on ne meurt pas à soi-même, si l'on n'élimine pas ce monde d'éléments indésirables que nous charrions à l'intérieur de nous, rien de nouveau ne sera possible.
C'est pour cela qu'il est primordial et nécessaire de comprendre que nous sommes plusieurs et non un ; ceci n'est possible qu'en travaillant sur nous-mêmes, faute de quoi nous ne cesserons pas d'être les marionnettes que nous avons toujours été. Il est bon que tous vous compreniez qu'il faut éliminer les Moi, mourir d'instant en instant ; pour y arriver, nous devons d'abord commencer par transformer les impressions et se rappeler à soi-même maintenant et à chaque instant : à la maison, au travail, au collège, au bureau, à l'université, au déjeuner, au dîner, en nous levant, en nous couchant, en nous brossant les dents, en montant dans l'autobus, en conduisant notre voiture, à chaque seconde, à chaque instant de notre vie.
Il devient possible de transformer les événements, de changer les circonstances défavorables et d'en créer d'autres meilleures, au moyen de la compréhension et de la correcte transformation de la vie en nous, et en éliminant les émotions négatives, ce qui n'est pas une chose facile.
Les gens croient que la vie c'est les voyages, les affaires, les promenades, les fêtes, les titres, les dossiers, le bureau, le collège, le travail, les voitures, les plaisirs, les soûleries, les orgies, etc. Ils appellent cela vivre !. Que les gens sont imbéciles, ils confondent une chose avec une autre, comment peuvent-ils croire que se vautrer dans un lit d'immondices pour forniquer est la vie ?. Ou que la vie ce peut être de s'asseoir dans un fauteuil, dans le salon d'une maison, pour prendre le thé ou le café au lait et passer son temps à bavarder, médire et critiquer les autres gens ?.
Est-il possible que nous puissions penser qu'entrer dans une taverne pour ingurgiter de la boisson de façon désordonnée, puis se donner en spectacle à ses enfants et à son épouse, ou aux autres gens dans la rue, en étant plongé dans la plus profonde inconscience, ce peut être la vie ?. Les pauvres gens sont inconscients, épais, idiots, insensés, absurdes, ils confondent leur train de vie, la maison, les titres honorifiques, les spectacles, l'argent, l'alcool, les événements de toute espèce, avec ce qui en soi est la vie, comme si celle-ci était quelque chose de solide, de fixe.
Nous savons très bien que tout cela appartient à l'horizontale, c'est par là que tout le monde va, c'est le chemin large que prend tout un chacun, Pierre, Vincent, Jacques et tous les gens. L'horizontale est l'univers des gens communs et courants, à elle appartient la personnalité, avec toutes ses immondices, ses robots, ses fantoches de cirque, ses marionnettes, ses machines humaines, ses homoncules rationnels de toute espèce, ses scientifiques ultramodernes, ses intellectuels, ses ouvriers, ses campagnards, ses maîtres de maison, ses étudiants, docteurs, psychiatres licenciés, etc.
Ces gens qui vivent comme des porcs, dans la boue de ce qu'ils appellent la vie, font pitié ; des gens sans morale, dénués de principes vraiment moraux, des gens qui ne savent rien d'eux-mêmes, ni où ils vont, ni d'où ils viennent, ni quel est le but de leur existence ici en ce monde appelé la civilisation mais qui au fond n'a rien de civilisé, qui est un parfait jardin zoologique.
Tout cela n'est pas la vie, et pour cesser de voir les choses de cette façon, de penser ainsi, il est nécessaire de connaître notre niveau d'Etre en nous plaçant dans la verticale de la vie, ce qui n'est possible qu'à l'aide du second choc conscient, en travaillant intensément sur nous-mêmes pour un monde meilleur, en éliminant les Egos, en mourant en nous-mêmes radicalement. Nous donnerons ci-dessous une didactique précise, laquelle permettra à nos frères du sentier d'éliminer les gens qui habitent à l'intérieur de chacun de nous ; une fois que la maison sera vide, seule la conscience pure habitera en elle. Notre conscience s'éveillera et alors surviendra l'Illumination intérieure, et ainsi sera accomplie une grande partie de l'Œuvre que nous avons à réaliser.
Questions et réponses
(Avant de passer à l'explication de ce travail sur l'élimination des Moi, nous consignerons certains enseignements donnés par le V. M. Samaël Aun Weor, lors d'un cours pour former des instructeurs nationaux et internationaux, au Monastère Gnostique de Guadalajara, au Mexique. Les disciples inscrits à ce cours se réunirent un jour avec le Maître qui apporta des précisions et des explications très intéressantes, en réponse aux questions des assistants, sur l'élimination de l'Ego).
Maître Samaël : un défaut découvert doit être un défaut éliminé. Avant de connaître et d'éliminer notre trait psychologique, nous devons travailler intensément de façon générale sur l'ensemble de nos défauts, puisque ce trait psychologique a des racines très profondes dans nos existences antérieures ; pour le connaître, il est nécessaire d'avoir travaillé inlassablement durant au moins cinq ans.
Question : Maître, vous nous avez enseigné que nous devons avoir de l'ordre et de la précision dans l'élimination des défauts, mais il y a quelque chose que je n'arrive pas à saisir, lorsque vous dites qu'un défaut découvert doit être un défaut compris et éliminé. Mais j'ai cru comprendre qu'il doit y avoir une succession dans le travail. Je vous pose cette question parce que, comme on sait, beaucoup de défauts se manifestent durant une journée : le matin, par exemple, pourrait se manifester la luxure, ensuite quelque chose nous met en évidence et alors surgit l'orgueil, puis quelqu'un nous engueule ou on passe proche de se faire renverser par une auto, et la colère s'empare de nous, etc. Nous voyons alors une succession de faits et de manifestations des défauts, c'est pour cela peut-être que je comprends mal cette question de la recherche d'un trait psychologique. Comment pourrions-nous comprendre cela et sur quoi exactement devrions-nous travailler ?.
Réponse : Il faut avoir de l'ordre dans le travail, c'est certain, mais en tout cas, lorsque, le soir venu, tu relaxes ton corps, tu dois pratiquer l'exercice de rétrospection qui doit s'étendre non seulement sur ta journée mais aussi sur toute ton existence et même tes existences antérieures, à partir des événements qui se sont déroulés durant le jour. Tu devras alors passer en revue, visualiser, reconstruire les événements de la journée, et une fois qu'ils ont été recensés et reconstruits, tu procéderas au travail, d'abord sur un événement auquel tu pourras consacrer peut-être quinze minutes, puis sur un autre événement auquel tu pourras consacrer une demi-heure, puis sur un autre encore auquel tu pourras consacrer dix minutes, tout dépend, en fait, de la gravité des événements ; ainsi donc, en suivant l'ordre dans lequel ils se sont présentés, tu pourras travailler sur eux tranquillement et dans l'ordre.
Question : et les éliminer un après l'autre, ou éliminer toute cette succession ?.
Réponse : on doit aussi procéder par ordre. Dans tout travail sur n'importe quel élément psychologique entrent en jeu divers facteurs : 1) la découverte, 2) le jugement, 3) l'exécution. On applique les trois moments à chaque élément étudié, c'est-à-dire : découverte, ceci concerne les circonstances dans lesquelles tu as découvert un défaut ; jugement ou compréhension profonde du défaut ; exécution, avec l'aide de la Divine Mère Kundalini. C'est ainsi que l'on doit travailler, parce que si tu travailles sur tes défauts en les prenant un par un, pense un peu comment la chose va se présenter. Ce sera très difficile, tu n'en finiras jamais.
Je vais vous donner un exemple pour que vous compreniez tous très bien de quoi je veux parler : supposons qu'un homme quelconque surprend sa femme, son épouse, ou son amie, avec un autre homme ; sans doute ne le supporterait-il pas et il ne pourrait rester calme, et alors surgirait en lui, comme résultat, le Moi de la Jalousie, ensuite, il pourrait se sentir blessé dans son amour-propre, puis viendrait la colère bientôt suivie d'une foule d'insultes et d'injures, résultat de cette très mauvaise transformation.
Il va de soi que si cet homme voulait éliminer ces Moi un par un chaque jour, alors qu'en serait-il des autres ?. Qu'est-ce qu'il en ferait, à quel moment travaillerait-il sur eux ?. Cette façon de procéder s'avère de toute évidence impossible, car on ajournerait le travail sans jamais le terminer, sans aller jusqu'au bout de la démarche entreprise, et tout deviendrait très compliqué et ne pourrait se terminer autrement que par un échec.
Dans ce cas, il nous faut être pratiques, et pour cela nous devons travailler sur le terrain de la vie pratique, sur ce qui arrive chaque jour. Il faut donc cesser de théoriser sur des sottises et de penser à des choses impossibles à réaliser, il ne faut plus perdre de temps si en vérité nous voulons changer radicalement, sinon nous remettons toujours le travail au lendemain, et ce lendemain n'arrivera jamais. Il est nécessaire d'éliminer ce Moi qui laisse tout pour demain, car c'est aujourd'hui même que nous devons le faire. Nous devons travailler avec ténacité afin de créer la mémoire du travail.
Didactique de la dissolution du Moi
Nous donnerons à présent la didactique précise en ce qui concerne la Méditation de la Mort du Moi. Il ne faut pas confondre la divagation avec la Méditation. Au sujet de la Méditation de la Mort du Moi, il est indispensable de travailler avec l'imagination positive, la volonté créatrice et la concentration pour obtenir graduellement l'état de la véritable méditation. Cette pratique comporte diverses étapes, qui peuvent être réduites aux trois mentionnées précédemment : découverte du défaut, revoir les circonstances de sa manifestation ; jugement, ce qui englobe tout le travail de compréhension du défaut ; et enfin, élimination. Assis confortablement par terre ou sur une chaise, nous commençons par relaxer notre corps, pour mieux réaliser la pratique. Deuxièmement, il est nécessaire d'effectuer un exercice de rétrospection, afin de revivre et de reconstituer les différents événements et scènes de la journée, en revivant ces événements dans l'ordre même où ils se sont produits, et en les agençant successivement selon la façon dont nous allons travailler sur eux conformément à la gravité de la faute.
En troisième lieu vient l'observation sereine dans laquelle entre l'analyse réflexive sans identification d'aucune espèce, afin de comprendre la manière d'agir du défaut en question.
La quatrième étape c'est « l'analyse superlative unitotale » qui est en relation avec le bistouri de l'autocritique : on effectue l'incision du défaut, afin d'obtenir l'annihilation complète.
Vient ensuite, en cinquième lieu, le jugement, lors duquel nous devons invoquer le Kaom intérieur, c'est-à-dire, ce que nous avons appelé la « Réflexion superlative de notre Etre ». Cette phase peut aussi être appelée la « Mise en accusation de soi-même », c'est une véritable instruction judiciaire où nous faisons le sommaire de toutes les charges que nous avons contre le défaut, les amertumes, les peines, les malheurs et tout ce qu'il nous a causé, sans rien omettre, nous devons énumérer tout ce que ce défaut nous a fait souffrir, afin qu'au terme de cette instruction il soit bel et bien exécuté.
La sixième étape, enfin, est appelée l'élimination. Nous devons alors invoquer à l'intérieur de chacun de nous la Shakti Kundalini afin de lui demander l'élimination ou l'annihilation totale du coupable, du condamné à mort, de l'Ego incriminé. Nous devons la prier avec notre cœur, et voir à l'aide de notre imagination et sentir au moyen de notre émotion comment elle l'exécute et annihile complètement, sans aucune pitié, car il doit en être ainsi. Nous la voyons clouer sa lance dans le cœur même du monstre, nous voyons ensuite comment, avec son épée flammigère, représentant le sperme sacré, elle décapite et incinère entièrement cet Ego, et nous voyons aussi celui-ci s'amenuiser jusqu'à devenir un petit enfant, pur et innocent, lequel représente la vertu accaparée par le Moi ; de ce petit enfant se libère une flamme de couleur bleue qui se fond dans notre cœur en suscitant à l'intérieur de chacun de nous la vertu même et en rendant une action de grâces. De cette façon, nous verrons, à travers le sens de l'autoobservation, qu'au fur et à mesure que le défaut mourra jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien, notre conscience s'éveillera et se développera.
Il est à noter que les gens mariés doivent effectuer cette pratique durant l'Arcane, durant l'union sacrée du Lingam et de la Yoni, en demandant avec ferveur à leur Mère Divine l'élimination du ou des défauts qu'ils ont préalablement compris. Nos frères célibataires feront cela en réalisant la pratique du Vajroli Mudra.
Tout ceci suppose un processus prolongé et des souffrances volontaires de notre part, ainsi que beaucoup de patience et de ténacité ; il ne faut pas croire que c'est quelque chose de facile, mais il ne faut pas non plus nous mettre à ressasser les difficultés que nous allons avoir, car tous les problèmes seront peu à peu clarifiés et résolus à mesure que nous travaillerons toujours plus sur nous-mêmes. En un mot, le travail même nous donnera progressivement cette faculté de discernement quant à ce que nous devons réaliser et à la façon dont nous devons le réaliser.
C'est ainsi que nous devons, chacun, travailler, et laisser la Divine Mère accomplir aussi son travail. Elle sait ce qu'elle doit faire. Grâce au sens de l'auto-observation, nous verrons peu à peu les résultats. Si nous avons beaucoup de dévotion et faisons beaucoup de prière, « tout le reste viendra par surcroît ».
Voilà donc en ce qui a rapport au premier facteur de la Révolution de la Conscience. Nous espérons que tous nos frères auront compris cela et le mettront en pratique, s'ils veulent vraiment obtenir la Réalisation intime de leur Etre. Chaque fois que vous éprouverez une certaine confusion quant au travail sur vous-mêmes, relisez ce petit livre qui n'a été conçu que dans le but de vous être utile.
http://www.gnose-de-samael-aun-weor.fr/conferences-diverses/4-La-Transformation-des-impressions-et-l-Eveil-de-la-Conscience.php lire la suite
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mardi 30 novembre 9999 à 16:18 :: __Le Trône de fer, L' Ombre maléfique.. LEURS "NOM" Légion des Guerriers de l'Ombre
Thème :
Un des obstacles majeurs à la compréhension de notre esprit et de la réalité est l'attachement, la croyance à l'existence d'un Soi ( Moi transcendant, Ego ).
Cet attachement nous empêche de voir la souffrance inhérente à tous les êtres, le moyen de s'en liberer, la voie à emprunter pour s'en liberer et le résultat qui est entre autre l'union de la compassion désinteressée et de la vacuité aimante.
L'attachement à un soi et les moyens de s'en liberer sont communs à tous les êtres.
Comment arriver à cette compréhension ?
Comment utiliser les moyens pour les établir définitivement dans la vie de tous les jours ?
Quels sont les moyens ( prise de refuge, développement de l'esprit d'éveil ) que nous pourrons utiliser pour mieux comprendre notre esprit ?
http://pema.free.fr/dru02.php3
Après-midi du 7 Aout 1991 :
L'égo, c'est celui que nous trainons malheureusement toute notre vie derrière nous, jusqu'à la bouddhéité, et celui aussi que
nous devons accepter et apprendre à connaitre. Maintenant, nous ne pouvons pas nous passer de notre égo, et c'est ainsi
depuis des temps sans commencement, nous n'avons jamais eu l'occasion de travailler avec l'égo. Il nous faut affronter cette
triste situation, mais en sachant qu'à partir d'aujourd'hui, il nous est possible de changer celà, vu que nous avons des
enseignements : les moyens de tarvailler avec notre égo. Et nous devons faire un effort dans le sens de la réalisation du
non-égo.
Il y a deux façons de travailler : la façon formelle et la façon informelle.
La méthode formelle :
Si on veut travailler avec l'égo de façon formelle, il nous faut pratiquer la méditation, la méditation formelle, de façon formelle.
Cela signifie littéralement "Nyam Schak" : laisser son esprit dans l'équanimité, dans son état naturel. C'est facile à dire mais
difficile à faire. Laisser son esprit dans l'état d'équanimité, dans son état naturel. C'est pourquoi, il y a la méditation du calme de
l'esprit ( Schiné ) et aussi la méditation de la vision pénétrante ( Lhaktong );
Schiné existe avec concentration sur la respiration ou bien sans et avec visualisation ou bien sans. Quand on sort de cette
méditation, quoique nous fassions, et il est clair que nous devons marcger, aller, venir, parler, travailler etc ... nous devons le
faire dans l'esprit de cette méditation, cela doit être influençé par la pratique de la méditation formelle et spécialement quand
nous devons affronter des moments de la vie malheureux ou bien heureux, nous devons toujours nous entraîner au calme de
l'esprit.
Lam kier signifie garder les six sens et les rassembler sur le chemin. C'est à dire que nous devons les contrôler si nous suivons
un chemin spirituel. Les sens sont la porte par laquelle la conscience s'éveille au contact des objets. La conscience vient des
objets et les objets viennent de la conscience et les deux se rassemblent, c'est pourquoi on parle du rassemblement des six
sens. Les objets et le sujet se mélangent et donnent cette sorte de bazar, de confusion sujet/objet, ces sortes de choses que
sont les phénomènes, les perceptions, projections et projecteurs qui sont créés.
A cause de cette confusion, de ce fonctionnement, nous sommes parfois en colère, très déprimés, ou très heureux, cette sorte
de bonheur et de malheur résulte du rassemblement des six sens...
Maintenant, nous devons comprendre ce qui se passe : nous ressentons le plaisir de voir de belles choses, celles-ci sont les
objets de cette excitation. Bien sûr, l'excitation naît en nous-même qui sommes le sujet, mais cela émerge à cause de cette
circonstance sujet/objet.
Cette sorte d'excitation en elle-même, c'est le désir, le sentiment de vouloir apparaît de lui-même, juste automatiquement, ce
n'est pas l'égo, c'est une émotion perturbatrice, et puis cela devient de pire en pire, cela vient de l'objet et du sujet, mais quand
vous regardez l'objet en lui-même, vous ne trouvez pas de base pour cet état de chose.
Si vous examinez simplement le sentiment d'excitaton qui apparait par rapport à l'objet, est-il une évidence scientifique que
cela vienne de l'objet ? Est-il une évidence scientifique que le sentiment vienne du sujet ? Ce n'est pas du tout une évidence.
Nous ne pouvons pas vraiment prouver cela, bien que tout cela soit apparemment, réellement existant. Et pourtant, il est tout à
fait facile de conceptualiser tout cela.
Nous sautons stupidement et collons simplement à cette sorte d'idée, même si cela n'est absolument pas une évidence
scientifique. Nous n'avons aucune preuve de ce que nous prenons pour une évidence dans la saisie sujet/objet.
Maintenant, nous devons être conscients des six rassemblements pratiquement parlant, par rapport à la pratique. Quand nous
voyons quelque chose, nous devons examiner le fait de voir, car le fait de voir est aussi une grande illusion.
C'est ce que je sents, bien sûr je peux voir quelque chose de beau, de laid, etc... mais avant de comprendre la beauté, la laideur,
la forme, nous devons tester le fait de voir, c'est en soi-même quelque chose de très drôle, pourquoi pouvons-nous voir
quelque chose ? Pourquoi ? Bien sûr, c'est le karma. Le karma nous donne ces deux trous, par lesquels nous voyons, ces deux
petits trous peuvent nous donner des choses tout à fait énormes à voir.
Quelquefois, j'ai vraiment peur de cela quand j'y pense, quand j'examine ce qui se passe avec tous ces phénomènes, parfois je
me sents très triste, très gai, très drôle, donc je ne sais pas moi-même, mon propre sentiment, peut-être que je suis un peu fou,
en tout cas, je ressents que c'est quelque chose de très bizarre quand j'approfondis ces choses. Bien sûr, si je réflèchis, je ne
peux pas trouver pourquoi. Il n'y a aucune forme de raison substantielle, concrète, solide, qui prouve cette sorte de
fonctionnement.
Je pense que la situation est ainsi, vraiment, la condition de base est sans base, sans fondement, c'est rien, il n'y a rien à la base,
une sorte de rien à la base et c'est la raison pour laquelle je me sents très triste : c'est parce qu'au fond il n'y a rien et que
malgré tout nous souffrons, nous souffrons beaucoup à cause de cette relation sujet/objet.
Et cependant, il ya a aussi une raison pour laquelle je suis heureux de cette condition, c'est parce qu'au fond, c'est une sorte de
situation très heureuseparce qu'à la base il y a une grande aide pour atteindre l'état ultime, parce qu'il n'y a rien qui nous
retiendra de façon permanente dans cette confusion.
La réalité est sans égo, su tout, toujours, l'égo est là à cause de notre illusion.
Par conséquent, sans réaliser cet état, viennent toutes sortes de sentiments, d'émotions, de circonstances qui sont relativement
vraies et vous devez travailler avec elles dans le sens de réaliser leur nature ultime. Et si vous réalisez celle-ci, le non-ego est
alors toujours là comme la condition de base de votre esprit, comme fondation.
L'égo, c'est ce que nous devons couper, et ce que nous allons voir demain : Tchöd est une des pratiques qui permettent de
couper l'égo, nous allons voir cela dans les jours qui viennent.
L'égo n'existe pas, mais l'attachement à l'égo existe davantage, relativement, c'est l'égoïsme, relativement c'est très fort.
Nous devons comprendre que l'égo est tout à fait sans base et quand ceci est compris, alors il devient très facile de travailler
avec lui. Ce que je veux dire est maintenant un peu plus compliqué.. Je veux parler de nos sens parce que la vraie source de
notre confusion provient de nos sens agissant avec notre conscience.
C'est la relation sujet/objet, mais cela risque d'être très long à expliquer et un peu difficile ou confus pour ceux qui ne sont pas
familier avec le sujet.
Les passions, les fortes émotions apparaissent quand nous percevons les objets parce qu'elles viennent du sujet, mais celui-ci
fonctionne parce qu'il perçoit des objets, des objets de colère, de désir, de haine, de jalousie, etc...
Par exemple, quand un homme voit une belle femme, la femme est l'objet et les sens et la conscience qui perçoivent cette
femme sont le sujet. Si l'homme n'avait pas de sens, il ne percevrait pas cette femme. Sans les yeux, il ne verrait pas la forme,
mais avec des yeux seulement, sans la conscience, il ne pourrait pas percevoir l'objet. Pour pouvoir percevoir, les trois doivent
être réunis : l'objet, les sens, la conscience. Cet homme perçoit cette femme et une sorte de sentiment apparait celui d'aimer
par exemple mais à cause de cela, la possibilité de colère apparait aussi, différentes émotions ont alors la possibilité
d'apparaitre. Si cette femme décide d'aller avec un autre homme, la jalousie apparait et si le premier homme pense qu'elle doit
rester avec lui et qu'elle fait ainsi et qu'il la contrôle, alors l'orgueil apparait en lui. Les émotions se suivent de cette façon. Puis il
s'attache à elle et il a peur de la perdre, c'est l'attachement, l'envie d'avoir.
Voici les cinq passions, elles viennent de l'ignorance qui est la base de toutes les passions. Cet exemple est vrai pour la
réciproque : une femme qui voit un bel homme.
Dépendant du désir, la colère apparait,
Dépendant de la colère, la jalousie apparait,
Dépendant de la jalousie, l'orgueil apparait,
Dépendant de l'orgueil, l'attachement apparait,
Toutes ces passions viennent, sont soutenues, engendrées et renforcées par l'ignorance. A cause de ces cinq passions, nous
prenons beaucoup d'habitudes, suivant de nombreux schémas et ils se multiplient sans fin. Comme l'habitude de penser, de
réfléchir, quoique nous fassions avec le point de départ "sujet/objet" alors des habitudes, des tendances nous entrainent jour et
nuit. Elles deviennent de plus en plus fortes de jour en jour, d'années en années, de vie en vie, toutes sortes d'expériences, ou
de karma apparaissent par le biais de ces habitudes et ces habitudes viiennent des six passions; Les habitudes sot une
caractéristique des êtres du samsara, en dehors du samsara, il n'y a pas d'habitudes. Comme boire du thé : c'est aussi une
habitude : le goût, le sentiment que vous avez ou quoique ce soit que vous aimez dans le thé, c'est un exemple de
fonctionnement de la relation sujet/objet. Cela crée l'habitude de boire du thé, ce n'est pas réellement malsain, mais c'est une
habitude, ça fait partie du samsara.
Pratiquement parlant, cela signifie que nous ne devons pas être dépendants de quelque forme d'habitude que ce soit.
Comment comprendre le fonctionnement des six sens dans la voie spirituelle ?
Quand le désir apparait en voyant un objet, par exemple la belle femme de tout à l'heure, si l'homme pratique la méditation, il ne
doit pas rejeter le désir mais doit simplement le laisser aller en le regardant, en regardant la réelle nature du désir, son essence.
Il n'y a pas de substance dans ce désir il est comme une plaisanterie très dangereuse, dangereuse parce qu'elle entraine le
sujet dans la samsara. Quand vous pratiquez, vous ne devez pas suivre le désir jusque dans le samsara mais simplement le
laisser disparaitre dans sa vraie nature : sans substance.
En regardant les émotions, celles-ci sont vaincues, quand les émotions sont vaincues, alors les objets de ces émotions sont
aussi vaincus. Puisqu'il n'y a plus de désir pour ces objets, alors il n'y a plus de colère ; s'il n'y a plus de colère, il n'y a plus de
jalousie ; s'il n'y a plus de jalousie, il n'y a plus d'orgueil et s'il n'y a plus d'orgueil, il n'y a plus d'attachement. Les objets de ces
passions sont dissouts dans l'état sans égo, c'est la fondation de base, la nature de base de ces objets. Conscience et
inconscience sont dissoutes dans le Dharmadatou qui est sans égo puisqu'il n'y a plus les cinq passions, parce que les cinq
passions sont contrôlées par le fait de les regarder, alors l'ignorance est vaincue et c'est la libération, c'est la façon dont nous
nous libérons nous-mêmes du samsara.
Cette libération coupe les liens qui nous retiennent dans le samsara, ces liens sont les passions qui nous lient au samsara et
causent notre errance sans fin dans celui-ci.
La libération vient de la pratique, celle d'utiliser les passions, pas de les abandonner mais de les utiliser de la bonne manière,
avec des moyens habiles, afin de nous liberer de ces passions et graduellement nous seront libre du karma produit par ces
passions.
C'est la meilleure façon de travailler pour saisir l'égo, car l'égo, vous ne pouvez pas le saisir directement car il n'existe pas.
Vous devez travailler avec l'égoisme, les passions, les émotions perturbatrices, ensuite vous les abandonnerez bien sûr puisque
vous en serez liberés.
A chaque moment de notre vie, nous devrions être conscients et être conscients signifie être liée à la bénédiction de notre
Gourou et le lien avec notre Gourou dépend de notre dévotion. C'est la chose principale pour être attentif, conscient de nos
passions, et ceci dépend complètement de la grâce que nous recevons de notre Gourou.
La peur et l'espoir sont les principales manifestations de l'égo et ils ne peuvent être coupés que par la dévotion au Gourou.
C'est pourquoi nous disons que la dévotion au Gourou est une épée tranchante.
Matin du 8 Aout 1991 :
L'égo lui-même n'existe pas, mais par contre l'attachement à l'égo existe davantage, relativement, l'égo n'existe pas ni ultimement, ni relativement, il n'est pas là mais nous y sommes cependant très attachés. Nous sommes attachés à quelque chose qui n'existe pas. Par conséquent, relativement, l'attachelment à l'égo, lui existe bien. C'est très fort, c'est l'égoisme.
C'est facile à dire que l'égo n'existe pas, c'est facile de la comprendre intellectuellement, mais cela ne suffit pas, il est necessaire de le comprendre au fond de notre coeur, nous devons être sur que l'égo n'existe pas et alors le non-égo est définitivement là et c'est la réalisation du non-égo.
Ainsi depuis des temps sans commencement jusqu'à maintenant, nous n'avons pas pu comprendre, ni expérimenter le non-égo, ni les obscurcissements qui voilent notre esprit et nous empêchent de voir la réalité.
Il y a beaucoup de façons d'expliquer les obscurcissements de notre esprit, ceci aussi parce qu'ils sont en nombre infini, mais pratiquement parlant, je peux dire que c'est en gros, l'attachement à soi-même et ceci parce que c'est la cause de tous les voiles de notre esprit. L'auto-attachement est une sorte de fonction initiale, parce que c'est le point de départ de base, c'est la raison pour laquelle quand nous méditons, le sujet principal, la cible à viser, c'est l'auto-attachement. L'égo lui-même ne peut pas être une cible, de façon directe.
Par exemple, si un roi ou un président n'a pas de sujets, il sera à la base sans pouvoir, sans fonction. Pour lui donner du pouvoir, il faut, sous ses ordres un groupe de personnes suffisament puissant. Donc pour affaiblir un roi, à la base, pour le déstabiliser, il faut parvenir à créer parmi ses sujets un groupe de dissidents contre lui. Alors, automatiquement le roi perdra son pouvoir. C'est pareil avec l'auto-attachement, si vous le perdez, alors l'égo sera définitivement sans fondement, si vous détruisez l'auto-attachement, vous coupez la racine de l'égo, il perd tout son pouvoir et alors vous trouvez l'état de non-égo;
La raison pour laquelle l'égo est très fort, c'est parce qu'à la base, il a beaucoup de soutien de la part des six sens et de tous les phénomènes. Il prend plaisir à expérimenter ce monde des phénomènes et il nous gouverne constamment, comme un roi supporté par ses sujets.
Dû à ce grand support, l'égo peut prendre une sorte de forme comme celle d'un esprit malin, dieu noir, démon noir qui vit sur notre épaule gauche, tout le temps, toujours content que quelqu'un fasse quelque chose de mal et encourageant les autres à faire du mal, toujours sur notre épaule gauche nous gouvernant 24 heures sur 24..
Pour le moment, quoique nous fassions de mal, ce démon nous y encourage et quand nous mourrons, ce démon sera toujours là, nous perturbant dans le bardo si nous ne sommes pas assez fort. Et si nous mourrons, beaucoup de sortes de démons, d'esprits viendront dans notre famille et diront : "je suis l'esprit de cette personne décédée, et je reviens, etc..." et ils dérangeront l'esprit de cette famille en disant : "j'ai vécu comme ceci, comme cela etc..." Ce n'est pas l'esprit lui-même mais ce démon noir qui dit tout ce qu'il a fait avant le décès et pour la famille ce sera toujours une preuve que cela est vrai, que c'est vraiment l'esprit du mort qui revient. Mais cela est faux, tout à fait, puisque la personne morte est ailleurs. Ce démon est là, à cause du mauvais support donné à l'égo avant la mort, par la personne.
Il y a deux sortes de démons, les démons mâles et les démons femelles. Les démons mâles sont supportés par la colère, les démons femelles sont supportés par le désir. Ils entretiennent l'égo. C'est la raison pour laquelle, même après la mort et 24 heures sur 24, nous expérimentons la colère et le désir, parce que nous sommes attaqués par ces démons.
Par exemple, nous pouvons être très en colère, à cause de ces démons ou bien être très excités, toujours à cause d'eux, ce sont leurs activités, ils nous rendent confus, fous, on voit des démons nous poursuivre, des gens nous attaquer, des gens méchants, c'est notre imagination mais c'est tellement fort, il y a tellement de force dans tout cela, le support donné par l'égo est tellement fort, depuis des temps sans commencement, que cela paraît vraiment réel et on est réellement attaqué, on souffre vraiment, il y a une armée de démons derrière nous.
Tous ces dieux, ces démons, ces esprits existent tous, avant, je ne croyais pas à tout ça et c'est seulement à cause de ma mauvaise compréhension. C'est seulement quand j'ai commencé à penser à la réalité, shunyata (vacuité), seulement quand j'ai commencé à comprendre vaguement la vacuité que j'ai commencé à comprendre et à croire que les esprits étaient là.
Parce que logoquement, ils doivent être là, parce que les choses que nous voyons sont là, les arbres, les chaises, la lune, alors pourquoi les démons n'existeraient-ils pas ?
Ces choses n'existent pas non plus ultimement, c'est shunyata, en réalité nous existons tous alors pourquoi pas les esprits, les démons; Une autre raison c'est que nous sommes dans un monde ou tout est possible, il a la capacité de toutes sortes de possibilités, par conséquent nous sommes malheureusement dans ce monde et nous pouvons expérimenter vraiment toutes sortes de choses possibles. Donc c'est tout à fait croyable et cependant nous devons comprendre que c'est une projection de notre égo que c'est du^à l'attachement à notre égo que tout cela existe de manière relative.
Mais cependant, croire qu'ils sont vraiment réels de manière solide concrète et qu'ils vivent dans un antre noir et sale, effrayant, d'ou ils sortent parfois, n'est pas juste non plus. C'est même pire que de croire qu'ils n'existent pas du tout, tout simplement parce que penser de cette façon nous rend encore plus confus. Ils sont des projections de l'égo et ces démons n'existent que de cette manière. On ne peut nier leur existence, de la même façon qu'on ne peut nier l'existence relative de l'attachement à l'égo. Ils existent tant que nous ne tranchons pas l'idée d'un soi.
Donc, maintenant, la chose principale c'est de trancher l'auto-attachement et je voudrais que vous compreniez bien ce que "auto-attachement" signifie. "Auto-attachement", c'est que nous faisons toujours, nous disons toujours : nous, moi, je suis ; nous toujours, en premier, pour qui tout est fait en premier, on parle de nous en premier, on pense à nous en premier, toujours en premier et tout le reste vient en second, après le moi, le je. Nous pensons toujours comme cela. Même quand nous pratiquons, nous pensons d'abord à nous libérer nous même et ensuite nous pensons à liberer tous les êtres sensibles et c'est encore une grande chance si nous en arrivons là, nous faisons tout pour nous-mêmes, nous mangeons, nous pensons pour nous, nous sommes incapables de penser aux autres. Ceci est l'auto-attachement, grossièrement, pas de façon subtile mais de prime abord..
Patrul Rinpoché a dit dans un livre dont le thème est : "Prendre la souffrance comme support de la méditation ou les autres sont plus cher que nous même" :
"Pense que la raison pour laquelle je ne suis pas libre de la souffrance, c'est que depuis des temps sans commencement, je prends soin seulement de moi-même ; maintenant je devrais faire la pratique de seulement prendre soin des autres, source de toutes les vertus et de bonheur, ceci est la seule façon de trancher l'égo."
Nous pensons toujours que nous ne devrions pas nous attacher à toutes les choses qui nous entourent, maisons, nourritures délicieuses etc... mais je pense que ce qui est beaucoup plus important c'est de détruire d'abord l'auto-attachement, alors si vous minimisez seulement, ou coupez l'auto-attachement, alors precisément vous pourrez couper facilement l'attachement aux choses materielles et aux personnes, c'est tout à fait facile alors. Donc le plus important c'est d'oeuvrer pour les autres d'abord.
L'auto-attachement est fondé, soutenu par les pensées discursives, elles en sont le support.
Ces pensées sont un filet, nous sommes des poissons pris dans ce filet, pauvres poissons, et nous devons trouver une solution pour couper ce filet, pour arrêter les pensées discursives. Dans les textes, on trouve l'expression "sans pensées" ou "pensées transformées", cela signifie sortir de ce filet. En fait nous n'avons pas besoin de penser, en fait, les pensées discursives sont la base de la souffrance.
Shiné, la méditation du calme mental, c'est quelque chose pour apaiser, apaiser ces pensées qui sont comme de l'eau qui bout en faisant des bulles, de la vapeur, nous n'avons pas besoin de cela, nous voulons la paix. Nous parlons toujours de la paix, mais nous ne savons pas réellement ce que c'est. La paix c'est quelque chose qui ne peut être développée qu'à l'interieur de nous-mêmes, pas à l'exterieur de nous-mêmes, les choses exterieures ne peuvent pas nous donner la paix.
La paix de l'esprit, c'est la paix ultime.
Shiné, Shi, c'est la paix ; né, c'est stable ; cela signifie qu'on a besoin d'avoir l'esprit en paix. Maintenant nous avons de l'eau qui bout, nous avons besoin de cette méthode pour calmer notre esprit. Par cette méditation, nous pouvons minimiser le support de l'égo, parce qu'on coupe les circonstance qui permettent à l'égo de fonctionner, nous coupons l'auto-attachement en coupant son support de pensées discursives.
Sans connaitre les pensées, nous ne pouvons pas nous en débarasser. Nous devons savoir comment les pensées viennent. Il en vient des millions et des millions, des billions et il est necessaire de les connaitre une à une pour les chasser. Nous devons les compter, les débutants ne peuvent pas en compter plus de cent au début, en une seule fois. Quand nous comptons les pensées, nous devons aussi réaliser ce que sont ces pensées, les identifier, les voir comme des pensées. Le fait de les compter et de les identifier les minimisent automatiquement. Et bien sûr, cela doit se faire d'une manière tout à fait décontractée, c'est une méditation apaisante, cela doit etre paisible, sinon comment calmer les pensées, si nous ne sommes pas détendus, le bouillonnementne diminuera pas mais au contraire augmentera.
Bien sûr, on doit suivre les postures du corps, de la parole et de l'esprit mais je préfère recommander le calme et la détente plutôt qu'une posture plus stricte ; si on n'est pas détendu avec son corps, l'esprit ne se calme pas. Il vaut mieux se détendre que de se forcer à faire quelque chose de spécial. On doit aussi relaxer les yeux, c'est le principal pour le calme de l'esprit, c'est très important, s'il n'y a pas la détente des yeux, le calme mental ne viendra pas.
Nous ne devons pas les fermer, ni fixer un objet spécial, on doit seulement les laisser regarder droit devant, de manière douce, calme, détendue. Si nous fermons les yeux, le calme de l'esprit ne sera jamais stable. C'est quelque chose de logique, parce que nous ne pourrons pas garder les yeux fermés 24 heures sur 24, et alors dès que nous ouvrirons les yeux, nous serons distraits, parce que nous serons dépendants d'avoir les yeux fermés, il faut apprendre à avoir le calme mental malgré les distractions qui sont devant nos yeux.
C'est pareil avec les oreilles, il ne faut pas les boucher. Certaines personnes mettent des bouchons dans les oreilles quand ils méditent. C'est un peu stupide et drôle mais on peut comprendre, quand il y a du bruit. Mais de ma propre expérience, je ne suis pas un très bon méditant, mais je remarque que le calme, le silence n'apporte pas vraiment de progrès dans la méditation. Quand je suis dans le bruit, je dois aiguiser mon esprit pour le maintenir dans le calme, c'est une difficulté, cela demande un effort, mais ainsi on developpe la force de concentration.
Il est vrai que le calme est très bon pour les débutants et l'agitation et la distraction pour ceux qui sont plus avancés dans la pratique. De toute façon, nous devons nous familiariser avec l'agitation tout en essayant de garder notre calme mental. Par conséquent, il n'est pas necessaire de fermer les yeux, ni les oreilles.
Méditer signifie concentration. Nous devons nous concentrer sur les pensées qui viennent dans l'esprit, formes de toutes sortes d'émotions, désir, colère, jalousie etc...
Par conséquent la concentration doit être constante, nous devons essyer d'y parvenir, ceci est très difficile. Souvent elle se perd, mais si nous la perdons, nous devons nous en rendre compte et la reprendre. On dit Gyetop et Nyamchak. Gyetop est la coupure et Nyamchak est la concentration. Gue = plus tard, après ; top = recevoir. Recevoir après avoir perdu. C'est ce que l'on reçoit après avoir perdu la concentration. Nyamchak : mettre son esprit dans l'équanimité. Si nous avons besoin de la force dans la concentration, nous n'avons pas besoin de gyetop, mais en général c'est difficile et gyetop est necessaire. Peut-être, nous pouvons faire gyetop trois fois par jour ou bien deux fois par jour, ce qui est très pauvre. Mais les gens n'ont pas de gyetop du tout, même une fois par an c'est encore beaucoup. Nous devrions faire gyetop au moins 25 fois par jour, au moins, mais en fait, il est necessaire de faire cela chaque seconde, aussitot que la concentration se perd nous devons nous reprendre et nous concentrer à nouveau.
Afin de se mettre à la méditation formelle, il est bon de le faire tôt le matin, chaque matin, une, deux ou trois heures ou bien une demi-heure, après la prière du Gourou-Yoga, avant de prendre sa douche et avant le petit déjeuner. Ceci est pour les débutants mais pour les autres la méditation doit toujours être là, dans toutes les activités de votre vie, manger, boire, travailler, s'amuser etc...
Conduire une voiture est un bon exemple de concentration, c'est un sentiment très agréable de rouler, de diriger la voiture, tout en méditant. Quelquefois cela peut être dangereux si la voiture sort de la route mais généralement ce n'est pas très grave car l'attention est là et vous pouvez toujours vous rattraper, si vous ne pouvez pas côntroler la voiture, vous ne pouvez pas contrôler les pensées. C'est la même chose, vous pouvez alors contrôler la voiture bien mieux que d'habitude si vous méditez.
Quand j'ai appris à conduire à 18 ans, j'ai dit à mon Gourou Thouksé Rinpoché : "C'est une merveilleuse expérience, est-ce que c'est un non-sens ou est-ce que c'est bon ?"
Alors il dit : "Oui, oui, c'est bon, vous conduisez vers l'illumination, sur le chemin du Mahayana ! C'est très bon, c'est une bonne relation, une bonne vue des choses."
Il m'encouragea. Et j'ai vu que c'était bien, mais cela ne signifie pas que vous devez conduire 24 heures sur 24. Je veux simplement vous dire qu'on peut integrer la méditation dans la vie de tous les jours.
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Leçon 132. L'ego et l'intention du mal
Dans l’attitude naturelle, l’existence du mal est très difficilement acceptable. La mort est inacceptable, la souffrance aussi. Cependant, comme dans le monde relatif nous voyons que le bien et le mal ne vont pas l’un sans l’autre, nous nous résignons pour corriger parfois nos jugements. Nous nous insurgeons surtout devant une mort et une souffrance qui auraient pu être évitées, qui ne nous semblent pas justes, qui ne devaient pas se produire. Devant la faute de celui qui a créé les conditions de la mort et de la souffrance. Passons pour l’inévitable des calamités naturelles, mais dans le champ des actions humaines, la sanction doit être rude et exemplaire. Nous aimerions avoir le bien sans le mal, comme si l’existence du mal n’avait pas de place dans l’Etre et devrait toujours être considérée comme un scandale.
Il n’y a pas de « problème du bien ». Le bien nous parait une expression naturelle, pour autant que toute chose cherche son expansion, pour autant que l’expansion du bonheur nous semble la loi naturelle de la vie. En réalité, le problème du mal ne se situe pas dans la Nature, mais à la racine de l’action humaine, dans nos intentions, dans l’intention de nuire, dans l’intention du mal, dans notre volonté mauvaise. (texte) Devant le théâtre sanglant de Histoire, devant le chaos du monde, devant la débauche de cruauté et d’ignominie dont l’homme est capable, nous en venons à penser que le mal est logé en l’homme d’une manière si viscérale qu’il n’est pas possible de l’en délivrer. Kant parle de mal radical. Ce mal, la religion l’appelle le péché. L’hypothèse du mal radical suppose que, dès la naissance l’âme a été marquée au fer rouge. La marque d’infamie du mal sur l’épaule de l’homme s’appelle le péché originel.
Faut-il, sur ce plan de l'intention, faire un traitement complètement séparé du bien et du mal, alors que, partout dans notre expérience, ce que nous rencontrons, c’est une mixture indissociable de la dualité bien/mal ? Nous ne pouvons pas parler du mal sans évoquer le bien. Faut-il, pour rendre compte du mal, nécessairement invoquer l’hypothèse d’un mal radical et d’une intention mauvaise? Est-ce une nécessité logique qui nous y pousse, ou bien le parti pris de nos croyances religieuses ?
A. Les formes de la conscience morale
Nous avons vu plus haut que le jugement moral n’avait rien à voir avec un jugement de fait ou une observation, mais qu’il résultait nécessairement d’une comparaison et d’une évaluation. Nous disions que du point de vue de l’Etre, le bien et le mal n’existent pas, car une chose, ou un événement est ce qu’il est dans sa neutralité. Seulement, nous disions aussi qu’il y a nos choix et l’idée que nous avons de nous-mêmes. Qui dit choix suppose des intentions humaines et dire qu’il n’y a pas de mal à ce niveau, ce serait peut être justement le mal ! Nous devons être attentif au point de vue de l’acteur et de ses intentions et entrer dans cette conscience pour examiner ce qu’est la propension au mal.
1) Partons du support d’une représentation littéraire. L’œuvre de Dan Simmons est profondément marquée par l’obsession du mal radical. On le voit dans le cycle d’Hypérion avec la figure du Gritche. Dans L’Echiquier du Mal Dan Simmons explicite sa position en exposant la théorie du développement moral de Kohlberg. Laurence Kohlberg est d’abord un disciple de Piaget et ses travaux portent d’abord sur le développement de l’enfant. Cependant, concernant notre problème, de ses analyses on peut retenir ceci :
a) Au niveau 1, le critérium de la morale se borne à la distinction entre plaisir et douleur, le plaisir est le bien, la douleur est le mal. C’est le stade dont l’enfant se détachera peu à peu en devenant adulte. C’est à l’enfant que l'on dit : « c’est pas bien », parce qu’il a frappé son camarade à la récréation en lui tapant sur la main pour lui faire comprendre le sens du mot « mal ». On essaye de lui montrer la douleur qu’il a pu causer. L’enfant répond aux règles culturelles seulement en fonction des conséquences hédonistes de l’action, sans égard à leur signification humaine. Un adolescent revendique souvent ce type de position et la postmodernité qui a viré à l’adolescence aussi. En ce sens, même la morale d’Epicure, bien que plus complexe, se réfère d’abord à ce niveau 1. La Lettre à Ménécée contient des passages qui justifieraient amplement son classement dans cette catégorie. C’est ce point faible de l’identification du bien au plaisir qui justifie les critiques de Sénèque dans La Vie heureuse. Sénèque est assez fin pour disculper Epicure lui-même, mais il est assez incisif dans la critique : la recherche de la vertu n’est pas la poursuite du plaisir. (texte)
b) Au niveau 2, joue la règle du donnant/donnant. Le sens moral prend appui sur l’autorité, et d’abord l’autorité des parents sur l’enfant. Est mal ce qui est interdit, est mal ce qui est assorti de punitions ; est bien ce qui est permis et qui est assorti d’une récompense. L’individu ne s’incline devant une loi que s’il a le sentiment qu’il en tirera en retour un bénéfice. L’action sert exclusivement les désirs personnels et à l’occasion, ceux d’autrui. C’est donc une morale du profit. C’est ce que montre par exemple le biologiste Henri Laborit dans le film d’Alain Resnais Mon oncle d’Amérique en évoquant constamment la dualité récompense/punition. C’est cet apprentissage qui est mis en scène dans la relation de l’adolescent avec appui extérieur qu’il trouve dans le tuteur de l’autorité. Nous avons vu que Kant, dans son Traité de Pédagogie, justifie l’importance de cette instance dans l’éducation. On peut estimer que certains individus en société, sensibles au mérite ou au blâme et à la force de l’autorité se maintiendront dans ce type de conscience morale.
c) A partir du niveau 3, la moralité devient conventionnelle et l’individu commence par chercher à satisfaire aux attentes de son milieu, à obtenir l’accord avec les autres et la conformité. La notion d’autorité s’abstrait et se transporte à l’intérieur en devenant une exigence sociale. Il s’agit « d’être quelqu’un de bien » sous le regard des autres. L’enfant interprète : être un « bon garçon » ou une « bonne fille ». L'image du moi joue un grand rôle à ce niveau, ainsi que son rapport avec un moi idéal.
d) Au niveau 4, la moralité conventionnelle est orientée vers le respect de la loi et de l’ordre. Le sens moral s’appuyer sur un sens du bien relevant de l’opinion, mais il s’agit maintenant de répondre aux règles sociales. Est bien ce qui est bon selon la règle que pose la majorité des hommes, est mal ce que la société réprouve. Ce type de critère est suffisant et très efficace partout où l’opinion joue un rôle, partout où le conformisme remplit son office. L’homme du niveau 4 est sensible à la voix de la « société », à la censure « si on ne fait pas son devoir ». Le sociologisme de Comte et de Durkheim se situe à ce niveau. C’est ce critère qui appuie l’idée de justice collective, sous la forme de sanction diffuse du criminel.
e) Au niveau 5, l’individu est capable d’aller au delà du consensus d’opinion, il devient plus rationnel, le critère devient alors pour lui la loi servant le bien commun. C’est un homme qui aurait compris le sens que Rousseau donne à l’idée de volonté générale, le sens de la justice subjective et l’idée de Contrat social. Il vise le bien-être de la communauté en terme de respect des droits d'autrui et de recherche d'un consensus. C’est aussi la position de l’avocat idéaliste, tel qu’on le rencontre souvent dans les romans de John Grisham. Le bien commun est alors vu dans la figure de la loi qui sert dès lors de critère moral, mais dans une dimension d’exigence de justice pour le plus grand nombre. L’individu de ce type est attaché à un sens élevé de l’intégrité. Les hommes de loi pensent l’intégrité en ces termes.
f) Au niveau 6, l’individu est porté par un altruisme qui s’affranchit des limites de la loi, des limites culturelles et ethniques et se pose dans la « bonne action » en faveur d’une cause dont la valeur éthique est indéniable et s’adresse à l’humanité. C’est la conscience morale représentée par la moralité caritative des temps modernes. C’est le modèle des Restaurants du cœur ou d’Amnesty International, des ONG, des opposants à la vivisection animale, de la lutte contre le sida, contre le racisme etc. L’homme moral du niveau 6 est un acteur engagé de la vie sociale et un militant.
g) Au niveau 7, l‘individu se fonde, non plus sur un engagement particulier ou une cause, mais sur le dépassement de la sphère des intérêts de l’ego par des principes universels qui supportent la vie. A ce stade apparaît l’amour inconditionnel, le sens vivant de la compassion et le fondement de la morale dans le Sacré. Ici Kohlberg ne mentionne que quelques noms comme Jésus, Bouddha et Gandhi, en signalant que très rares sont les hommes qui ont atteint le niveau 7.
Cette typologie décrit un développement, mais qui n’a rien de nécessaire, c’est surtout une typologie statique. Selon Kohlberg, le plus souvent, les hommes s’installent à un niveau et y demeurent. (texte) Il n’y a que peu de possibilité de mutation possible d’un niveau vers l’autre. Le type de conscience morale de l’individu est aussi son appartenance sociale par défaut, ce qui a aussi tendance à figer le développement. Le mental a une rigidité mécanique qui maintient l’existence dans l’ornière d’un type de conduite. Il ne faut pas compter sur le temps psychologique pour qu’un individu puisse moralement changer. Ce serait escompter une conversion intérieure qui tient presque du miracle. Par exemple, le consommateur que l’on trouve au niveau 1, restera un épicurien primaire et il justifiera d’abord la dualité bien/mal en terme de plaisir/douleur. Il restera sourd à une autre logique. Ou encore, il profitera de son bien et mesurera le mal à un calcul défavorable ou un déplaisir. Si la dualité plaisir/douleur n’est pas présente dans une argumentation, elle le laissera de froid. Il y aura aussi toujours des hommes attachés la reconnaissance sociale et aux décorations, comme des extrémistes dans leurs vues et kapo dans leur morale. La rigidité mentale du niveau 3 est suffisamment charpentée, pour que d’elle-même, elle ne soit jamais modifiée. Ce serait demander un saut, et un saut entraînant une rupture sociale évidente. Les bonnes gens du niveau 4 se rassurent si aisément les uns les autres, qu’ils n’iront pas d’eux mêmes faire le pas vers un niveau plus élevé. Ils se complaisent dans leur vision habituelle, mettent en avant le souci de l’ordre social et ils ont bonne conscience ainsi. Le militant du niveau 6 tire sa fierté de ses sacrifices et de ses luttes. Passer au niveau 7 l’obligerait à une révision d’un système de valeurs qui le justifie amplement sous le regard d’autrui. L’attachement à une cause, c’est de l’ego mais de l’ego dans sa noblesse révolutionnaire. Il semble, selon Kohlberg, que dans cette structure pyramidale, tout ce que l’on peut souhaiter, c’est une sorte d’équilibre satisfaisant dans la conscience collective pour que la société garde sa cohésion.
2) Mais il y a un hic ! Kohlberg est tombé devant une autre possibilité : l’existence d’un niveau 0 du développement moral chez l’homme et c’est l’hypothèse que va développer Dan Simmons dans L’Echiquier du mal. Il existerait des individus dépourvus de sens moral. Une sorte d’insensibilité au mal, une absence d’empathie. En psychiatrie on dit que la santé mentale se traduit par l’empathie, et on parle de folie morale chez certains sujets qui semble dépourvu de toute empathie. C’est évidemment très inquiétant, car de tels individus ne se rendent tout simplement pas compte de ce qu’ils font. Où Dan Simmons innove, c’est en supposant l’existence de personnalités de niveau 0 douées de facultés psychiques supérieures, tel l’Oberst du roman, et pour qui la domination des hommes est un plaisir et la souffrance donnée une fête. C’est dans les camps de concentration que le roman débute et c’est un tortionnaire de niveau 0 que poursuivra Saul, le héros. Chez Dan Simmons, les individus du niveau 0 sont des vampires, ils absorbent l’énergie psychique de leurs victimes. Plus le vampire exerce son « Talent », plus il pratique le « Festin », plus il rajeunit. Dans cette vision, les tyrans de l’Histoire seraient des personnalités niveau 0. Le concept de hiérarchie de domination dans l’humanité , serait parrainé par des individus de niveau 0, incarnations par excellence de la volonté de puissance. Dan Simmons accuse l’évolution biologique d’en être la cause, car c’est elle qui aurait provoquée la mutation biologique dotant certains hommes du « Talent ». Nous avons vu que chaque niveau de moralité possède son argumentaire propre. Willi Borden, (le bourreau), soutient lui que contrairement à ce que pense Saul, (le psychiatre qui le traque), la violence est l’essence de la condition humaine et non une maladie. Il prétend que ceux qui possèdent le Talent ont seulement un peu l’amour de la violence que la plupart des hommes. C’est le discours d’une sorte de Calliclès monstrueux en quelque sorte.
Quelle est la motivation des niveaux 0 ? Ce que veut montrer Dan Simmons, c’est qu’au niveau 0, le but de l’existence n’est plus que perversité pure, le jeu avec la violence et le plaisir de faire souffrir. Ici la symbolique est celle du jeu d’échecs avec des malheureux pions que sont les humains. Tel est le prototype réactualisé de la personnalité démoniaque, car ce n’est plus de l’humain, l’humain commence au niveau 1. A partir du niveau 1 on pourrait à la rigueur admettre que les hommes ne font le mal que par ignorance. Selon Saul, un homme n’est pas pervers par nature, même s’ il peut être méchant. Les individus du niveau 0 ne sont plus humains, bien qu’ils aient l’apparence de l’humain, on a donc affaire à une monstruosité morale. Pour Dan Simmons, qui s’appuie largement sur le judaïsme, le mal n’est pas accidentel, il existerait une intention démoniaque, une volonté du mal, volonté qui serait même assortie d’une volonté de puissance supérieure à la moyenne. De ce point de vue, il est possible de corriger la méchanceté, donc, sur le plan humain, à partir du niveau 1, la position de Saul est défendable. Mais si on admet la perversité pure du niveau 0, la seule solution, pour la société de se protéger, c’est de supprimer purement et simplement l’individu dangereux. Ce qui revient à chasser les démons.
B. Le mal absolu et l’ignorance
Ce qui nous ramène tout droit à un débat classique dans l’histoire de la philosophie occidentale, celui qui oppose le point de vue du christianisme à Socrate. Saint Paul objecte à Socrate l’existence d’une volonté mauvaise en l’homme, liée au péché originel, c’est-à-dire une volonté du mal pour le mal. Socrate admettait à l’inverse que toute volonté recherche le bien, ou le bonheur et n’est mauvaise qu’indirectement et non par intention délibérée. Comme on cherche à enlever un obstacle qui nous barre la route, on fait du mal à celui qui entrave nos désirs.
1) Dostoïevski disait qu’il suffit du supplice d’un enfant innocent, pour prouver que le Mal absolu existe et que le monde est mauvais, ce que la littérature contemporaine a amplement montré, comme dans Voyage au bout de la nuit de Céline. Le personnage de Bébert est l’innocent supplicié à mort, frappé par la force aveugle d’un destin absurde, ce qui est une formulation du mal absolu. Pourtant, Céline ne peut pas figurer le mal absolu sans le relier au champ relatif d’un mal social. L’homme est certes aux prises avec un monde mauvais, mais sa souffrance n’existe que sur le fond de la misère. L’hypothèse du Mal absolu implique une corruption originelle, une nature mauvaise qui gangrène la réalité et la tire vers le néant. Quand l’homme prête son appui au mal, le nihilisme fait son office mortuaire, la force aveugle du Mal, devient le supplice organisé des innocents, par d’autres êtres humains. A ce point, l’horreur de la situation est indicible et la perversion semble achevée. C’est pourquoi les camps de concentration sont l’expression du nihilisme absolu, l’expression du mal radical en l’homme.
La conduite de Bardamu et d’Oscar, confine à l’exhibition de la cruauté. Il s’agit de faire le mal pour le mal et de le montrer en détruisant toutes les assurances du bien et ses repères. Donc de l’étaler dans la représentation. Par exemple, Oscar ne se contente pas de donner à Matzerath l’insigne du parti nazi au moment de l’arrivée des Russes, il va plus loin : « Oscar se fit un aveu : il avait tué Matzerath de propos délibéré, parce que ce dernier n’était pas seulement son père présumé, mais aussi son père réel ; et aussi parce qu’il en avait assez de traîner un père à travers l’existence.» Céline joue à fond la carte du cynisme de l’exhibition du mal pour le mal. A côté, la mauvaise foi n’est jamais qu’une méchanceté larvée. Une méchanceté qui ne dit pas son nom et se voile ses propres intentions mauvaises et les gardent en réserve dans l’obscurité. Le cynisme du mal revendique l’obscurité. Dans Voyage au bout de la nuit, Céline cherche délibérément l’expression de l’obscénité et de l’ignominie. Bardamu se montre ignoble avec Lola : il vient d’apprendre que la mère de Lola est atteinte d’un cancer : « Je pris l’offensive : « Lola, prêtez-moi je vous prie l’argent que vous m’avez promis ou bien je coucherai ici et vous m’entendrez vous répéter tout ce que je sais sur le cancer, ses complications, ses hérédités, car il est héréditaire, Lola, le cancer. Ne l’oublions pas ! ". Le procédé littéraire est radical, car ici la compromission dans le mal emporte le lecteur à travers l’usage de l’humour noir. Nous rions avec un gueux qui exhibe sa méchanceté, et ce rire nous atteint dans notre propre méchanceté en l’exprimant et parvient ainsi à nous diviser de l’intérieur. La volonté du mal est toujours de créer de la division. Bardamu est ignoble et se montre comme tel, et cela nous fait rire méchamment. Nous rions en convoquant notre propre méchanceté. Dans un autre passage (le livre fourmille d’exemples), on a aussi le droit de se glisser dans la peau du gueux lorsqu’il livre Matzerath aux Russes, quelques années après avoir livré Jan Bronski aux Allemands. Faire cela, le mal directement : nous reconnaissons nos propres démons en nous–même, tout en les refusant, sous la figure de ces personnages qui se disent foncièrement mauvais. Mais le paradoxe, c’est que justement, le fait même d’exposer le mal à la lumière de la conscience, crée une distance avec la représentation elle-même. La conscience effectue une mise en lumière de cette nuit qui donc n’est plus vraiment une nuit. Comme ces personnages avouent leur perversité, ils ne peuvent pas être tout à fait mauvais dans leur être même. Ils sont des personnages. Comme Sartre l’a montré, se dire mauvais, c’est immédiatement poser l’existence d’un Bien, c’est faire exactement, délibérément, le contraire de ce qui serait le bien. « Faire le Mal pour le Mal, c’est très exactement faire tout exprès le contraire de ce que l’on continue d’affirmer comme le Bien. C’est vouloir ce qu’on ne veut pas –puisque l’on continue d’abhorrer les puissances mauvaises- et ne pas vouloir ce qu’on veut –puisque le Bien se définit toujours comme l’objet et la fin de la volonté profonde". Le cynisme d’Oscar et de Bardamu consiste à afficher leur caractère maligne, -leur parenté avec le Malin- en confirmant l’existence du Bien, tout en faisant en sorte que celui-ci ne soit plus pensable de manière naturelle. La bonté naturelle devient niaiserie. Voir les « curieux accouplements », lors de la panne d’électricité provoquée par Oscar et l’absence de réaction d’Hedwige Bronski, « assise dans la lumière des bougies avec ses bons yeux de vache ». Ou encore le ridicule associé au bien, car même Markus est comique quand il déclare son amour. Voyage au bout de la nuit est un crépuscule qui appelle l’apocalypse, les ténèbres du mal où la lumière du bien ne peut plus percer et où l’humanité est gangrenée de l’intérieur. Un panier avec des pommes pourries. Si la lumière du bien peut percer, ce ne peut être que de manière miraculeuse et non pas de façon naturelle. (texte)
On voit donc que l’hypothèse du Mal absolu ne tient qu’en supposant un Bien absolu, dans la dualité Bien/Mal, un bien qui en est l’intention opposée. On supposera donc une opposition et une lutte sans merci entre deux principes : Dieu/Diable. Dieu représente la Bonté infinie, la Beauté, la Sagesse, le Diable représente la cruauté, la laideur, la folie etc. Quels que soient les noms que l’on donne à cette dualité, c’est seulement dans le domaine de la religion que cette représentation prend corps. Si on suppose un Dieu qui est l’incarnation du Bien, l’existence de la violence, de la bassesse, de l’ignominie est un scandale, et ce scandale appelle à la reconnaissance des œuvres du Diable. Dans les Évangiles, Jésus combat le mal en délivrant celui qui en est possédé. Il combat le démon. Le mal ne saurait être de ce point de vue une simple collection de maux qui accompagnerait l’existence, le mal n’est pas relatif, le mal est encore moins un effet voulu de contraste dans le monde, ni l’objet d’un jugement de valeur différent suivant les époques et les lieux. Non, du point de vue théologique, dans les religions sémitiques, le mal en soi existe et il prend possession de la volonté de l’homme, qui en devient volonté mauvaise, volonté d’un homme à l’esprit impur et qu’il faut purifier. Il est dit dans les Évangiles que le Christ prend sur lui les péchés du monde, comme le magnétiseur prend la douleur du malade sur lui-même. En allant jusqu’au bout de la justification, le monde créé n’était bon qu’en tant que proto-création, au paradis, il est devenu mauvais depuis la Chute. L’humanité n’est pas bonne, la race humaine est « engeance de vipères », car elle a écouté le Serpent, la voix du malin, l’Autre en face de Dieu, et le Péché originel marque l'humanité d’une Faute irréparable ici-bas. La culpabilité doit suivre l’homme comme son ombre et c’est pourquoi le premier sentiment religieux est la crainte de Dieu.
2) Face à la puissance rhétorique de cette représentation, la défense socratique paraît bien naïve et il faut dire que l’on a tout fait pour la simplifier à l’excès. Ce que Socrate soutient, c’est que de son propre point de vue, tout homme cherche ce qui est bon et croit faire ce qui y contribue. Du point de vue de son propre système de valeur, personne ne cherche ce qui est mauvais. L’adage célèbre de Socrate dit que nul n’est méchant volontairement, ce qui signifie que nul ne veut sciemment le mal. Pourquoi ? Parce qu’une telle volonté ne saurait être réfléchie, tout être intelligent, tout être doué de réflexion, ne peut rechercher dans son action autre chose que ce qu’il juge comme étant son bien. C’est un principe de conduite élémentaire d’un être doué de conscience. Ou alors il faudrait suivre aveuglément une prescription extérieure, exécuter un conditionnement de manière mécanique, juger du bien et du mal selon l’opinion du moment, par un pur conformisme. Mais si chacun commence par être sa propre lumière et l’arbitre de ses décisions, il cherchera nécessairement ce qui lui parait bon. Si les termes bien/mal ne sont pas de simples préjugés collectifs, c’est qu’ils ont un sens pour celui qui les prononce, un sens relatif à une visée consciente. Le bien, c’est d’abord évidemment mon bien et le mal c’est aussi et d’abord mon mal. Il n’est pas nécessaire pour supposer une volonté du bien d’emblée d’exiger l’altruisme contre soi-même. Il est bien de se vouloir du bien et on ne voit pas comment on pourrait vouloir du bien à un autre que soi, sans vouloir son propre bien. En toute cohérence, je ne saurais donc vouloir le mal, car ce serait vouloir mon mal. C’est impossible. Je ne peux que me vouloir du bien. Le Soi ne se veut que du bien et si le Soi est étendu à tout l’univers, il ne voudra spontanément que le bien de tout ce qui existe. Se vouloir du bien est le commencement de la bonté. Par conséquent, celui qui recherche quelque chose de « mal », ce qui est susceptible du lui causer un tort, ou de causer un tort à d’autres, se trompe. S’il était réellement lucide, s’il savait vraiment que c’est un mal, il ne le voudrait pas. Nul ne veut éprouver du mal, être malheureux et souffrir. Ce qui n’est que l’envers d’une affirmation indiscutable : nous voulons tous être heureux.
Ainsi, Socrate montre à Protagoras que nul ne choisit le mal exprès, ne fait le mal volontairement, mais seulement par ignorance. Ainsi, la vertu, la bonne conduite, suppose une connaissance. Elle suppose nécessairement au minimum un sens de la mesure, capable de nous affranchir de l’apparence ou de l’impression du moment, afin de faire un choix éclairé. L’ignorant s’égare et commet des erreurs. Il ne sait même pas comment faire pour aller là où il prétend aller. Il ne mesure pas la portée de ses actes. Il ne veille pas aux conséquences, alors qu’aucune action n’est sans conséquences et que les conséquences, une fois lancées, sont au-delà de notre maîtrise. Il n’a pas le sens de la mesure, alors que précisément, le plus simple degré de la sagesse est de garder le sens de la mesure. L’ignorance est un foyer chaotique d’action parce qu’elle est aveugle et inconsciente. Cela suffit pour faire du mal un problème sans qu’il soit nécessaire de supposer en plus une volonté sciemment mauvaise. Socrate n’hésite pas à dire qu’il vaut mieux subir l’injustice de que la commettre, ce que Gandhi répètera et montrera dans la théorie de la non-violence. Bien sûr, les grecs étaient sensibles à l’idée d’une possession de la volonté par une force étrangère. Cependant, ils ne pensaient même pas que les daimon étaient mauvais. Dans le Banquet, l’amour aussi est un daimon. Après tout, l’artiste inspiré est aussi possédé par le dieu, comme la Pythie. C’est le christianisme qui diabolisera le daimon socratique et inventera le Démon. C’est à la tragédie et à la musique que l’on demandait d’effectuer une catharsis de l’excès des passions humaines. C’est à l’éducation que l’on demandait une purification capable de préparer la conversion intérieure de l’homme dit « mauvais ». Un homme ne peut être foncièrement mauvais, il ne l’est que par de mauvaises tendances. En tout état de cause, la volonté humaine ne saurait être perverse, elle ne peut qu’être méchante, sous l’influence, il est vrai considérable, de tendances, de pulsions. Il ne faut pas sous estimer les forces inconscientes. Les grecs n’avaient pas de «mauvais diable » symétrique d’un « bon Dieu » à la manière des chrétiens. Peut être en raison de leur polythéisme naïf et folklorique, ce qui ne les empêchait pas d’avoir le sens du Sacré. L’idée traditionnelle selon laquelle la mort ne peut constituer qu’un passage allait dans le même sens. Platon évoque à maintes reprises la renaissance de l’âme. On sait que Pythagore racontait ses vies antérieures. Si l’hypothèse de la renaissance contient quelque vérité, il n’existe pas d’âme strictement mauvaise, ni de mal absolu. L’âme aura après la mort connaissance de ses actions.
La puissance qui préside à la Manifestation est l’Un sans second, elle n’est ni un juge impitoyable, ni un despote jaloux et vindicatif, elle ne saurait avoir d’attente, d’exigence ou de besoin. Elle contient en elle toutes les forces et toutes les puissances qui soutiennent la Nature, c’est-à-dire tout la fois la création, la conservation et la destruction. Cette puissance, qui est la Vie de l’univers, est présente en toutes choses et réside dans le soi de chacun. La Vie se donne perpétuellement à elle-même dans le Soi, comme amour de soi. Le premier sentiment religieux dans ce cas n’est certainement pas la crainte. Il doit commencer dans l'éveil de la conscience par l’émerveillement et s’élever ensuite dans l’amour.
C. L’archétype du mal
Laissons à l’homme la responsabilité du mal dans la portée de ses intentions et n’ayons d’égard qu’à la racine de l’intention. En d’autres termes, qui peut vouloir le mal ? Nécessairement l’ego. Baudelaire écrit durement dans Mon coeur mis à nu, au sujet du commerce ceci : « Le commerce, c'est le prêté rendu, c'est le prêt avec le sous-entendu : Rends-moi plus que je ne te donne… Le commerce est satanique, parce qu'il est une des formes de l'égoïsme, et la plus basse, et la plus vile ». Il y a ici une idée importante : la racine du mal se situe dans l’égoïsme et l’égoïsme est à l’opposé du don. Quel rapport y a-t-il entre l’ego et le mal ?
1) Selon Louis Lavelle, dans Le Mal et la Souffrance, nous avons devant la nature trois attitudes caractéristiques :
a) « La première, qui est optimiste et charmante, consiste à la louer toujours, soit dans le spectacle qu’elle nous donne et qui possède une admirable valeur artistique, soit dans les instincts qu’elle met en nous, et que la pensée ne fait jamais que corrompre ». C’est un reproche que l’on ferait aux grecs et une idée que l’on retrouve chez Rousseau et les romantiques. Idée combattue avec vigueur par John Stuart Mill.
b) « La seconde attitude est inverse de la précédente : elle considère la nature avec pessimisme et la trouve toujours mauvaise. Il y a au fond de beaucoup de consciences un vieux dualisme manichéen ». Nous venons de voir que cette attitude est assez caractéristique de la représentation des religions du Livre.
c) « il y a une troisième attitude qui consiste à prétendre qu’en elle-même la nature n’est ni bonne ni mauvaise. Seulement l’esprit, dès qu’il paraît, consacre les ressources de son invention à en disposer ». (texte)
En disposer, c’est la posséder, la dominer et l’asservir. L’homme dispose de la Nature, avons-nous vu, et il introduit dans la Nature des effets dont les conséquences s’étendent à toutes choses et lui reviennent. La manière dont l’homme agit dans la Nature et y prend position est essentielle, car elle se retrouve constamment dans sa relation avec l’autre homme. Ainsi, « toute la question est de savoir ou bien considérer le moi comme le centre du monde et tourner le monde à son usage, ou bien faire du moi le véhicule de l’esprit par lequel le monde tout entier doit être pénétré pour recevoir une signification et une valeur ». Ou bien l’action est centrée sur l’ego, son usage, ses profits et ses pertes, ses calculs, ou bien l’ego se laisse traverser par l’esprit et dans ce cas, il donne une valeur plus élevée que ses fins limitées. C’est précisément la différence entre l’égoïsme et le don. L’égoïsme saisit, cherche à posséder, il ne veut connaître que pour faire sien, comme il fait sien tout objet. Le savoir et son application technique donnent cette possibilité d’un empire sur l’objet, dans le champ du visible et la volonté de puissance fait le reste. Lavelle ajoute : « le bien est invisible, qu’il ne peut pas être saisi comme un objet, et qu’il se découvre mystérieusement à celui qui le veut, mais non point à celui qui le regarde. Dans la volonté qui fait le bien, le moi s’éloigne de lui-même et s’oublie ; dès qu’il cherche à le connaître, c’est pour s’en emparer et le rendre sien ; il suffit qu’il commence à le penser pour cesser de le faire. En ce sens, on comprend donc que la connaissance du bien et du mal, ce soit déjà le mal, puisqu’elle change le bien en mal par le désir même qu’elle a d’en faire son bien ». Le bien n’advient qu’au-delà de l’ego et à travers lui, dans une unité vivante qu’il ne peut pas saisir. L’égoïsme s’oppose à l’expression de l’unité de la Vie. L’égoïsme est plus fort que l’ego lui-même. Il s’immisce dans toutes les formes de l’activité humaine et recouvre tout. C’est lui qui étend les tentacules de son pouvoir à tous les niveaux de la vie, c’est lui qui retient, cache, c’est encore lui qui dénie l’âme, flétrit l’esprit, atteint le corps et paralyse le vouloir au cœur de la société. C’est l’égoïsme qui, ne songeant qu’à lui-même, opère en retrait, toujours dissimulé. (texte) C’est toujours en son nom, que l’on commet les pires crimes. C’est l’égoïsme qui tue l’amour et détruit, parce qu’il est à l’origine de la division de la séparation. C’est le principe même de la division entre le ciel et la Terre. L’égoïsme est l’archétype du mal.
Intuitivement, nous savons que « les formes du bien convergent les unes avec les autres. Nous pouvons multiplier les vertus et même les opposer entre elles, insister sur la diversité des vocations morales : pourtant le propre de ces vertus, c’est de produire un accord entre les différentes puissances de la conscience, alors que le mal se définit toujours comme une séparation, la rupture d’une harmonie, soit dans le même être, soit entre tous les êtres ». Partout où la division étend son empire, la terre se fendille dans la séparation, le sol se dérobe et la peur fait son office. Dans Les Racines du mal, Maurice le Dantec donne de la perversité une interprétation dans ce sens. Selon lui, l’intention du mal naîtrait d’une perte du sens de l’unité avec ce qui est. Le péché originel, dont parle le christianisme, n’est pas d’avoir voulu acquérir la connaissance. Au contraire, c’était là une bénédiction originelle. La faute c’est « de s’approprier la Connaissance en se détachant de la Foi, de l’Éthique… L’homme a brisé l’unité ». Ainsi, pour revenir au roman, « le tueur en série est complètement coupé de l’Unité. Il vit tout seul, dans sa forteresse étanche, en même temps que les frontières de son ego s’estompent ». Il sollicite à l’excès les forces de la Destruction. Les racines qui le relient à la Vie, à la Beauté et à l’Unité - l’arbre de la Vie - sont coupées. « A la place ont germé les racines de l’Arbre de Mort. Les Racines du Mal ». Pourtant, l’évolution opère constamment à un rééquilibrage : « dans le très étroit inter-monde de l’humanité et de l’histoire, ce qui survit, c’est ce qui est le plus juste. C'est-à-dire ce qui équilibre au mieux le bien et le mal nécessaire à l’expansion de la vie consciente ». L’intention de produire la division est contradictoire, parce que jamais un seul instant la Vie ne cesse de demeurer une. La séparation n’existe pas, même quand on croit pouvoir la produire. Il ne peut y avoir qu’une illusion de la séparation, une croyance dans la séparation et la prolifération de ses conséquences dans l’intériorité spirituelle, dans la vie en relation et sur le plan collectif des relations politiques. (texte)
2) Mais cette croyance est toujours disponible et elle est aussi efficiente. L’unité de la Vie n’est pas contraignante. Elle n’est pas totalitaire, comme le sont les régimes politiques qui enrégimentent les esprits dans une pensée unique. Elle laisse toute sa place au libre-arbitre. Nous disons que nous avons un code du bien/mal à travers une morale, c’est-à-dire que nous fixons des règles du bien/mal. Nous disons qu’il est mauvais de ceci ou de cela, de blesser, de voler, de tuer, en accord avec ce que nous tentons de faire. Cela signifie qu’en réalité, nous inventons librement les règles à mesure que nous avançons. La vie est un processus dans lequel nous décidons à chaque instant ce que nous sommes. Elle consiste à choisir qui je suis et à en faire l’expérience. Au fur et à mesure, que nous élargissons notre idée de nous-mêmes, nous inventons des règles pour l’envelopper, des règles avec de nouvelles obligations et de nouvelles interdictions. L’ego ne peut pas affronter l’unité intégrale de la Vie. Il se donne des frontières invisibles qui retiennent ce qui dans l’être n’a pas de limite. L’unité illimitée de la vie ne peut pas être limitée, mais il est possible de se limiter soi-même en créant un concept, celui de l’idée du moi. Avec l’idée du moi, nous pouvons imaginer des frontières, ce qui est la manière la plus simple de se connaître soi-même dans la singularité. L’ego crée la division bien/mal pour définir qui il est. Mais comme les frontières sont fictives, il les modifie sans cesse en fonction de l’idée qu’il a de lui-même. Ce qui est assez intéressant à observer, c’est qu’il ne voit pas ce processus, surtout quand il est confronté à autrui. Aussi croit-il facilement qu’il y a des pommes pourries dans le panier de l’humain. En réalité, il n’y a que des personnes qui se représentent un modèle différent d’eux-mêmes. Ce qui fait partie du jeu de la liberté humaine.
Là où le jeu tourne au drame, c’est quand l’ego croit qu’il est le seul à savoir ce qu’est le bien/mal, le seul qui se prétend raisonnable et qu’il pense que tous les autres sont fous. C’est exactement le genre de croyance qui propulse la violence et justifie la guerre. La croyance issue de l’égoïsme viscéral. D’où l’importance considérable de la compréhension de ce qu’est l’ego et du travail sur l’ego. L’erreur commune du moralisme a toujours été d’en rester à une condamnation des actes mauvais. Nous savons, que vouloir faire la morale n’a jamais converti personne. La connaissance seule peut aller en profondeur. Le moralisme ne produira jamais de sagesse. Le moralisme sans la connaissance de la structure de l’ego et le souci réel d’un travail sur soi est ignorance. Le véritable défi de l’Éthique (pas de la morale), c’est d’entrer dans la connaissance de soi, de mettre constamment en lumière l’ego et ses motivations et ceci de façon concrète. Ce qui veut dire sur moi-même à chaque instant. C’est un travail de la lucidité et non du jugement moral. L’ego est venu à l’existence par l’intermédiaire de la conscience afin de signifier sa propre individualité et de mettre en avant sa propre singularité. Cependant, quand nous disons être conscient, c’est avant tout parce que nous sommes conscience-de-quelque-chose. Le moi dans l’attitude naturelle, dans la vigilance, est englué dans la relation sujet/objet, il n’est que virtuellement conscient de lui-même. La conscience-de-soi n’est pas la vigilance. La virtualité de la conscience s’éveille seulement dans la lucidité, quand le témoin intérieur observe et met en lumière les activités de l’ego pour les éclairer. Les activités égocentriques du moi se déploient dans des constructions mentales. De fait, le mental et l’ego ne sont pas différents. Le moi est une pensée repliée sur elle-même, qui s’affirme dans ce que nous appelons la moïté, la tendance du sujet à s’approprier. Le moi s’affirme dans le désir de possession et il fonctionne très nettement dans la dualité, désir/aversion. « Moi je veux ce qui est bon pour moi », « moi, je ne veux pas ce qui est mauvais pour moi ». Les désirs de l’ego se ressemblent tous. Il sont toujours dans le même registre. Sans la relation intentionnelle sujet-objet l’ego n’apparaîtrait pas. Sans la représentation sujet/objet, l’ego ne peut non plus se manifester. Il est en réalité impermanent, et ce qu’il cherche, c’est à se donner une existence sous une forme quelconque, dans un personnage, afin de confirmer qu’il est le sujet réel, qu’il est l’âme. L'ego prétend montrer qu’il est bien « quelque chose » qui possède une existence séparée, indépendante et suffisante. Si nous écoutons bien la résonance de l’affirmation « moi !» , telle qu’elle peut être prononcée autour de nous, nous verrons immédiatement ces caractères : « je suis différent et je me pose comme tel, je me plante face à vous dans mon indépendance, je suis une entité suffisante ». En bref : moi !
La part de fiction –pour ne pas dire d’illusion- contenue dans ce genre d’affirmation est la cible de tout travail spirituel sérieux. Les questions : Qui veut du mal ? Qui a l’intention de nuire ? Qui souffre ? et Qui veut faire souffrir ? méritent d’être posées dans toute leur radicalité. Elle convoque immédiatement l’ego et elle tire les fils de ses pensées dans ses motivations. La rencontre n’est pas flatteuse, mais elle en vaut la chandelle. Comme l’indique remarquablement S. Prajnanpad, l’aptitude de l’ego à se dissimuler est étonnante, mais au bout du compte, l’ego n’est finalement qu’un petit personnage. Un personnage qui est une caricature d’habitudes prises et qui n’est fonctionnel que parce que nous ne le voyons pas. Dès qu’il est surpris, il est foudroyé et la conscience retrouve son état naturel.
Il y a bien une intention du mal, mais rigoureusement, il n’est pas d’intention du bien. L’ego est traversé par le don sans en être l’auteur. Krishnamurti dit à ce sujet que nous ne laissons pas le bien s’épanouir et que nous lui faisons obstacle le plus souvent. Le mal n’est pas dans la Nature, il ne réside pas dans l’objet. Il n’est pas la conséquence d’une évaluation en général, mais l’effet d’un choix erroné qui ne voit pas en quoi elle se compromet avec une tendance destructrice. Une volonté foncière du mal ne peut exister sans la recherche de quelque bien. Il est en fait très difficile, autrement que par la fiction, de se figurer une véritable volonté perverse. Il faut convoquer tout un arsenal de croyances pour l’appuyer, et notamment une représentation duelle, un manichéisme de type religieux.
Il est bien plus pertinent de cerner le mal à partir de l’empire de l’égoïsme. Cela nous met d’abord directement en cause, sans que nous ayons les moyens d’aller chercher un refuge de mauvaise foi dans l’idée d’une nature mauvaise, dans l’empire d’un diable ou même d’un inconscient mauvais. D’autre part, l’égoïsme peut être dévoilé dans tous ses replis, ce qui nous reconduit tout droit à la structure de l’ego.
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mardi 30 novembre 9999 à 16:14 :: __[7.7.7] Works at Secret d'état "Guide infâme de l'être existenciel noirs" battlefield.3 ".. "Le Seigneurs de la Négation" LOI du CHAOS..
CERCLE. (voir Couleurs). Grand symbole de l'âme. Le Yin et le Yang imagent à la perfection notre réalité psychique : la partie noire = l'inconscient, au centre duquel se trouve l'étincelle de pure conscience (= le Soi, c-à-d la source de notre véritable identité). La partie blanche = le conscient, au centre duquel s'installe l'ego, dont nous n'avons pas vraiment conscience (il est noir) et qui tire son pouvoir de notre incapacité à prendre conscience de sa présence en nous, ainsi que de notre difficulté à prendre possession de notre inconscient.
Remarque : Cette explication permet de faire l'égalité entre Monsieur et Madame. A notre époque, l'homme (et surtout la femme, d'ailleurs !) ne peuvent plus accepter l'idée machiste du féminin (obscur, humide, passif) opposé au masculin (lumineux, sec, actif), qui implique un jugement de valeur, négatif pour le premier et positif pour le second. En fait chaque être humain est logé à la même enseigne : Monsieur dispose d'un conscient masculin et d'un inconscient féminin. Madame dispose de l'inverse, et chacun a en lui-même les deux aspects : chacun doit donc conquérir son propre inconscient, marqué du sexe opposé.
L'Ego spirituel - le foyer de conscience et d'identité spirituelle - de l'homme se meut dans l'éternité comme un pendule qui oscille entre les heures de la naissance et la mort. Mais si ces heures qui marquent les périodes de vie terrestre et de vie spirituelle sont limitées dans leur durée, et si la série de ces étapes à travers l'éternité, entre le sommeil et la veille, entre l'illusion et la réalité, a un commencement et une fin, le pèlerin spirituel n'en est pas moins éternel.
La réalité de ce pèlerinage se trouve surtout dans les heures de la vie post mortem où, désincarné, l’être humain se retrouve face à face avec des vérités essentielles, et non plus avec les mirages de ses existences terrestres passagères. Malgré leurs limites, ces intervalles n'empêchent cependant pas l'Ego de suivre sans dévier - bien que graduellement et lentement - le chemin qui l'amènera jusqu'au point de sa dernière transformation où, ayant atteint son but, il devient lui-même un être divin. Ces intervalles et ces étapes aident à atteindre le résultat final au lieu d'en entraver la réalisation. Et, sans de tels intervalles limités, l'Ego divin ne pourrait jamais atteindre son but ultime.
De même que l'abeille recueille son miel de chaque fleur qu'elle visite et laisse le reste en pâture aux vers de la terre, de même notre individualité spirituelle ne recueille de chaque personnalité terrestre, dans laquelle karma la force à s'incarner, que le nectar des qualités spirituelles et de la soi-conscience ; elle réunit l'ensemble de ses récoltes en un tout unique et sort finalement de sa chrysalide comme un être un glorifié.
Lorsque la mort arrive, cette âme se dégage du corps, mais, après, que se passe-il ? Quelles sont les nécessaires métamorphoses pour cette âme ? Pour beaucoup de croyants, celle-ci est dirigée soit sur le purgatoire, soit sur l'enfer, soit sur le paradis. En fait, le 19e siècle, fut une époque où l'idée de l'âme s'est confortée considérablement grâce au spiritisme. Il devenait crédible non seulement que l’âme était immortelle mais qu'elle restait assez près de la terre pour pouvoir communiquer parfois par la voie des médiums. Cependant, dans le même temps, les choses se gâtaient avec le développement de la science. Au tournant du 20e siècle, cette science triomphante nous fit douter qu'il existât quoi que ce soit qui ressemble à une âme immortelle distincte du corps physique.
La conscience était-elle autre chose qu'un épiphénomène ? une manifestation du fonctionnement du cerveau ? Si tel était le cas, , parler des "nécessaires métamorphoses de l'âme" après la mort perdait tout sens logique. Si, après la mort, il n'y a plus rien, il n'y a plus d'âme, ne cherchez pas !
Cependant, ce 19e siècle a été remarquable par l'irruption de l'Orient dans la pensée occidentale. Il n'y avait plus, en présence, que la tradition dogmatique religieuse et la science : il y avait aussi l'apport des penseurs de l'Orient. Grâce à l’Orient, on pouvait maintenant apprécier les choses d'une façon différente. Il n'y avait notamment pas création d'une âme à chaque naissance de corps puisqu'il fallait tenir compte de la réincarnation. Et cette âme personnelle que l'on imaginait comme passant par des alternances de vie et de mort était profondément enracinée quelque part dans ce que l'on devait appeler le Soi cosmique ou le Soi universel.
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La psychologie est la science de l'âme ou de l’esprit, mais on a élaboré une psychologie humaine sans âme, sans croyance à une âme immortelle, distincte du corps, simplement, sur l'analyse des faits psychologiques, des pensées, des désirs, des pulsions intérieures et de l'analyse des rêves. Cette psychologie est une science psychologique "matérialiste", qui n'imagine pas qu'il puisse y avoir une dimension bien plus vaste à l'âme humaine que celle dont on peut découvrir les manifestations. Mais, avec le temps les choses ont évolué : on a vu ainsi se développer une psychologie transpersonnelle, où l'influence de sages orientaux est indéniable.
Dans ce climat de changement, une nouvelle révolution s'est produite dans la pensée de l'Occident, avec l'irruption de ce que l'on appelle les "N.D.E.", (les expériences de mort imminente). Avec toutes les enquêtes qui ont été faites, on s'est rendu compte que, lorsqu'une personne approchait de très près la mort, finalement, ce n'était pas le "trou noir", l'extinction que l'on aurait dû attendre lorsque le cerveau apparemment cesse de fonctionner. Au contraire, ce sont des instants de surconscience tout à fait extraordinaires. Tout nous oblige à une profonde révision de la notion de l'âme, qui n'est plus simplement ce qui anime le corps, sent et pense en lui.
Ainsi donc, beaucoup des conceptions sur l'âme que l'on pouvait avoir au 19e siècle, encore tout imprégné des idées de la chrétienté, ont dû être revues considérablement. La Théosophie de Madame Blavatsky est arrivée (vers 1880) avec beaucoup d'avance sur tout ce qui devait faire les nouveautés du 20e siècle : vulgarisation des conceptions orientales (philosophie, psychologie, karma et réincarnation), psychologie transpersonnelle, approche lucide de la mort et N.D.E.
On va donc commencer par examiner ce qui se passe au moment où une personne est en train de mourir.
Madame Blavatsky l'avait dit dans Isis Dévoilée (1877), la mort n'est jamais immédiate, c'est un processus progressif naturel, au cours duquel les choses, pourrait-on dire, se mettent en place. Dans leur conscience, les témoins de N.D.E. se sont trouvés encore "très vivants" ; certains d'entre eux ont raconté que, pendant que les médecins essayaient de ranimer le corps, ils sont sortis de ce corps pour l'apercevoir, là, sur une civière ou bien sur la table d'opération, en suivant très clairement toutes les opérations de réanimation. Première constatation importante : ces personnes « découvraient » qu'elles n'étaient pas leur corps, qu'elles restaient tout à fait conscientes en dehors de lui. Puis, après le passage dans une sorte de trou noir, d’un étroit tunnel, où elles s'engouffraient, il y avait comme un reflux de la conscience, loin du champ de ces expériences en rapport avec le monde physique, pour accéder finalement à une atmosphère extraordinaire de joie, de bonheur, de paix, d'amour, de lumière. Et là, dans cette transcendance, s'imposait la sensation d'une Présence, d'un être invisible mais très présent, qui semblait tout connaître du personnage en train de mourir. Expérience tout à fait extraordinaire, n'ayant rien de commun avec un rêve ou une hallucination.
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Nous avons ici l'impression de toucher une dimension de l'être qui est bien plus grande, bien plus profonde que celle qu'explorent habituellement les psychologues ou les psychanalystes. À ce moment, le mourant pénètre dans la sphère de ce que le docteur Moody a appelé l' "Être de lumière". Avec les explications fournies par Mme Blavatsky, on peut comprendre qu'il s'agit, en fait, d'une partie essentielle de nous-mêmes : c'est notre vraie racine spirituelle, alors que la conscience que nous avons en ce moment, ici, dans le corps vivant, la personnalité qui s'est construite depuis l'enfance et tout au long de la vie, cette personnalité n'est qu'un personnage sur la scène terrestre, qui joue un rôle, le temps d'une vie, entre la naissance et la mort ; mais derrière ce personnage, soutenant ce personnage, il y a, en permanence, une conscience profonde, puissante, une conscience pour ainsi dire, trans-personnelle, qui apparaît comme un foyer de lumière, de connaissance, de volonté et d'amour, et qui demeure très étroitement lié à ce personnage que l'on serait tenté d'appeler l' âme personnelle, impliquée dans l'histoire de notre existence.
Ainsi donc, si on tient à appeler âme la totalité de notre être intérieur, on voit qu'il y a en elle une dimension beaucoup plus grande que ce qu'évoque la psychologie courante, une dimension spirituelle très forte, dont notre "moi" n'est que le poste avancé, ici, dans le corps impliqué dans ce monde.
La suite des récits des rescapés de la mort est également passionnante, et s'éclaire avec la Théosophie. Il est question d'expériences cognitives extrêmement importantes dont la première est la revue intégrale de toute la vie qui vient de s'écouler, une revue panoramique complète dans laquelle le témoin est, semble-t-il, à la fois acteur et observateur (un genre d'expérience que l'on n'a pas du tout l'habitude de faire). Autrement dit, on revoit tous les détails de l'enfance, de l'adolescence et de l'âge adulte, à la fois comme l'acteur - on se rappellera par exemple une ancienne chute à vélo - mais on éprouvera aussi les choses de l'extérieur, comme un observateur qui saisit les rapports entretenus avec les autres, qui comprend le sens de ces rapports et l'influence qu'ils ont eue sur les autres. C'est vraiment quelque chose de tout à fait extraordinaire. On peut même revoir une scène de violence contre un tiers, mais ressentir en même temps ce que le tiers a vécu à cet instant.
Comme Mme Blavatsky l'a signalé en 1889, dans certains cas, il y a même une revue d'une ou plusieurs incarnations précédentes - ce qu'ont confirmé certains témoins de N.D.E.. Ajoutons que dans cette atmosphère tout à fait extraordinaire, il n'y a aucun jugement, aucune condamnation. Mais, à ce moment-là, la justice et la justesse des événements apparaissent très clairement à la personne : il s'est passé telle chose, les événements se sont enchaînés de telle façon.
Notez bien que, cette vision, qui est pratiquement instantanée, sera rapportée plus tard par la personne ranimée, qui, quant à elle, est habituée à vivre dans le temps, dans l'espace, dans l'écoulement des moments. D'où la difficulté qu'elle aura, au retour, à décrire son expérience vécue, pour ainsi dire, hors du temps et de l'espace. Embrassant un passé, parfois lointain, le témoin d’une NDE peut aussi, dans certains cas, apercevoir le déroulement d'événements qui vont se produire lorsque la personne sera revenue dans son corps.
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Les gens qui ont fait une NDE ne sont pas morts, évidemment, puisqu'ils sont revenus. Ce qui a été souvent vécu par le témoin est comme un instant de choix : dans le discours qui s'échange entre la personnalité et sa racine profonde, les mots semblent être : " Est-ce que tu veux rester ou bien revenir ? " Là, le choix éthique s'impose. La personne sent qu'elle ne peut pas "s'en aller" : il y a un mari, des enfants qui ont besoin d'elle, ou bien telle mission, tel ou tel devoir à accomplir. Elle choisit donc de revenir et aussitôt elle réintègre son corps. Il faut remarquer la tonalité éthique qui marque cet ultime échange avec le Soi profond.
Si le mourant avait obtenu de mourir, que serait-il arrivé ? Comme il lui a semblé, il y avait comme une porte, une limite, une barrière à franchir pour "partir", mais pour aller où ?
Pour la Théosophie, la mort n'est pas une extinction - loin de là. Pour mieux comprendre ce qu'elle réserve, il faut analyser un peu ce que représentent ces deux instances réunies dans les N.D.E. : la conscience active (la psyché terrestre) et ce que peut être cette Présence extraordinaire, qui a l'air de savoir tout de cette psyché et se manifeste comme un foyer de lumière, un foyer d'amour, de compassion. Pour la Théosophie, nous découvrons l'opposition très claire entre un moi personnel et un Soi impersonnel, individuel, mais, qui, en somme, agit comme un parent pour ce moi, qu'il soutient pendant toute la vie du personnage que nous sommes ici-bas. À juste titre, on peut utiliser le mot Soi pour exprimer que c'est, en quelque sorte, la quintessence du moi, ou la racine essentielle de ce moi. C'est, en fait, le principe de notre identité ; si j'ai le sentiment d'un "je" c'est parce qu'il y a ce principe d'identité au fond de mon être. Cependant, d'après la Théosophie, ce Soi individuel n'est qu'une manifestation, ou une réflexion, du Grand Principe d'Identité qui pénètre tout notre univers et qui le soutient de tout son pouvoir divin. À cette échelle cosmique, on peut lui donner des noms différents : Logos, Atman ou Brahman, selon les traditions du passé. L'essentiel pour nous tenant à cette constatation : notre personnalité actuelle, par le canal de ce Soi individuel, est suspendue, un peu comme un fœtus, à la grande matrice de l'univers ou à la vie, même de cet univers. Et il en est de même de tous les êtres humains qui nous entourent.
S'il est vrai que le personnage que je suis en ce moment tire tous ses principes vivants - l'intelligence, la capacité d'aimer, et d'agir efficacement, la capacité de créer, et même le génie potentiel qui attend de se manifester - s'il est vrai que nous portons tous quelque chose du génie sans limite de l'humanité - si tout cela est dû à cette Présence qui apparaît à l'heure du décès, et nous relie à l'univers c'est qu'il y a, dans tout ce mystère, une signification à découvrir.
Tous ces pouvoirs dont nous disposons ne peuvent être des cadeaux gratuits de la Nature : elle doit avoir un projet avec nous. Quand arrive la fin d'une expérience terrestre, tout ce qui aura été vécu n'a pas dû l'être en vain ; si la Nature est conséquente, de même qu'un arbre qui vit contribue à l'équilibre de la biosphère et n'est pas là en vain, de même avec nous toutes les expériences que nous avons pu faire ne sont pas gratuites : elles ont pu contribuer à l'équilibre et au progrès de notre monde. Bien sûr, dans le bilan final, certaines sont complètement caduques et stériles, d'autres vont entraîner des conséquences mauvaises (c'est la loi de karma) mais d'autres encore vont produire des effets constructifs (c'est aussi la loi de karma), dont nous allons récolter les effets. Finalement, il doit y avoir une richesse à préserver dans toute existence vécue.
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Les systèmes qui expliquent qu'après la mort on revient de suite sur terre (réincarnation immédiate) ne donnent pas à la nature le temps d'engranger la richesse produite par une personnalité terrestre. Même si le bilan de richesse est faible, il est rarement tout à fait nul. Bien sûr, pour les personnes qui pensent qu'après la mort il n'y a plus rien, le vivant est un peu comme un figurant qui passe sur la scène : après la fin de l'acte, il disparaît pour toujours.
Mais si on pense que l'être humain tel qu'il est en ce moment est lancé dans un pèlerinage, il est très clair que chaque existence vécue devrait marquer, en progrès, une étape dans ce pèlerinage. Nous sommes tous issus d'une même source, d'un même point de départ qui est la divinité que nous portons intrinsèquement en nous, mais dont nous n'avons pas conscience. Dès lors, le projet de la nature est de nous ramener périodiquement sur la scène terrestre, pour y faire des expériences, enrichir notre être en profondeur, jusqu'à ce que, finalement, notre conscience s'éveille pleinement à sa nature divine, à sa nature spirituelle.
Examinons donc ce qui peut se passer après la mort.
Normalement, l'économie de la nature s'arrange pour que l'étape du pèlerinage qui vient d'être franchie soit fructueuse. Par conséquent, tous les phénomènes qui vont se dérouler, devraient nécessairement confirmer ce que laissaient présager les rêves de mort : beaucoup de choses secondaires seraient perdues mais l'essentiel serait conservé. Ces idées ont été déjà esquissées par un philosophe platonicien du 1er siècle, du nom de Plutarque. Il a expliqué que l'homme n'est pas seulement corps et âme, soma et psyché, mais qu’il possède aussi une dimension spirituelle, le noûs, qui est un peu comme le soleil, par rapport à notre corps et qui est lié à la terre, l'âme intermédiaire ou psyché, étant à rapprocher de la lune, qui sert de pont entre les deux. Pour cette partie solaire, Plutarque emploie le mot Soi, autos en grec : c'est ce qui permet aux êtres de penser et de comprendre. Ainsi donc, pour Plutarque, ce qui se passe après la mort doit se passer suivant un processus logique ; après la première mort (qui concerne le corps), il doit y avoir une deuxième mort, séparant cette fois le noûs de la psyché : elle se passe dans le champ de la lune - le monde psychique par excellence.
Pendant la vie, le personnage que nous sommes, qui utilise tous les pouvoirs que nous connaissons, avec un cerveau, une machinerie à penser et à sentir, ce personnage représente, un peu le poste avancé du Soi profond ; mais, si on fait l'inventaire, il y a des tas de choses qui sont complètement sans valeur dans cette machinerie, dans cette personnalité - tous les souvenirs de la routine de notre vie, d'une façon générale qui ne méritent guère d'être conservés dans tous les détails. Par ailleurs, le Soi profond, que la première mort libère du corps physique, devrait-il conserver la machinerie astrale, liée au cerveau physique pendant toute la vie, pour aller vivre loin de la terre et se retirer sur son propre plan ? Non, certainement pas. De même que l'acteur qui sort de scène s'en va dans sa loge et se défait de son grimage, de son costume, de toutes ces choses qui lui étaient nécessaires pour jouer son rôle, de même, lorsqu'il vient à quitter la scène de la vie, la Loi de la Nature doit permettre au Soi-Ego de se défaire d'instruments astraux ou psychiques désormais inutiles.
Pour Plutarque, la deuxième mort abandonne, dans la sphère de la Lune, ce qu'il faut appeler un "cadavre psychique", privé de vie et de conscience, et destiné à se désintégrer dans l'espace lunaire. Ensuite, la partie spirituelle de l'être - son noûs, qui survit à cette mort - s'élève pour aller du côté de la Lune qui est tourné vers le soleil, par l'amour que ce noûs porte en profondeur à la lumière du soleil. Tout cela est très symbolique, bien sûr, mais éclaire singulièrement l'itinéraire posthume qui nous attend tous.
Avec la Théosophie, les choses se précisent, grâce aux indications fournies par les Maîtres de Mme Blavatsky. Essentiellement, on doit distinguer , après la mort, deux grandes étapes : une phase de rejet par le Soi-Ego, où il se décharge des bagages inutiles (trop liés à la terre) et une phase de retrait dans une béatitude où il peut assimiler le butin spirituel de l'existence passée.
Dans la première phase, se déroulent non seulement l'abandon progressif des machineries astrales qui ont servi, en rapport avec le cerveau et le corps physique, à fonctionner comme une personne incarnée sur la terre, mais aussi, un tri minutieux dans toutes les pensées, les images, les énergies et tout ce qui a fait le tissu de la vie de la personne incarnée, de telle sorte que n'est conservé que ce qui est homogène à la nature du Soi spirituel, ce qui a été inspiré par l'idée de justice, de beauté, de vérité, par l'amour, par tous les idéaux les plus nobles ou les plus riches que nous ayons pu avoir. À de rares exceptions près, tous les êtres humains ont nourri, secrètement ou ouvertement, des aspirations de ce genre, de vivre un idéal - même chimérique -, et toutes ces énergies psychiques de qualité spirituelle demeurent dans l'intimité de l'être comme autant de ressorts tendus qui demanderont à se détendre. Une fois accomplis ce tri et ce rejet, le moment vient pour le Soi profond, ainsi "allégé", d'entrer dans une période de félicité extraordinaire, qui ressemble au paradis de toutes les religions mais qui n'est pas un paradis où l'on contemple Dieu et où l'on marche dans les rues de la Jérusalem céleste pavées d'émeraudes et de rubis : c'est un paradis subjectif, complètement intérieur.
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Le Soi-Ego, avec toute sa puissance - enfermé dans sa propre sphère, pourrait-on dire - va reprendre et redonner vie à toutes les images, toutes les idées, toutes les énergies, tout ce qui a été produit de positif par le personnage qu'a été l'être humain, avec son cerveau, son cœur, ses mains, etc. Toute cette richesse-là, va être exploitée à fond, par une espèce de méditation dans laquelle l'être va redonner vie à l'or de chacun de ces instants de soi-conscience humaine, et cela en dehors de toute contingence liée à la terre, aux problèmes et aux chagrins d'ici-bas.
Au moment de la mort, l'homme qui découvre, dans sa vision ultime, la présence d’un être rayonnant ne comprend pas ce qu'il représente pour lui - comme l'a dit très bien un psychologue, Kenneth Ring ; il ne comprend pas qu'il est lié directement à cet être-là, comme le moi incarné à son Soi transcendant. Mais, dans l'expérience qui est vécue maintenant, la face lumineuse de ce "moi" reprend vie, grâce au pouvoir spirituel de ce Soi : elle est, en quelque sorte, "immortalisée", assimilée comme une grande image dynamique dans la mémoire de l'être spirituel.
Cette expérience béatifique se prolonge considérablement, aussi longtemps qu'il y a une moisson à engranger, pourrait-on dire. Cela peut durer des centaines d'années. La Théosophie a avancé le chiffre de dix ou quinze siècles. Platon et les Égyptiens ont parlé de deux mille, trois mille ans. Peu importe d'ailleurs : il ne peut s'agir de quelques semaines, pour le Soi-Ego retiré dans sa sphère où rien ne l'oblige à revenir sur la terre - tant qu'il y a pour lui des énergies et des images à assimiler.
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Dans les religions, il y a, après la mort, récompense et bonheur pour les bons, punition et souffrance pour les mauvais. Avec la Théosophie, il n'y a rien de pareil. Le "devachan" n'est pas une récompense "pour les bons", mais une phase de repos et d'assimilation bienheureuse du bilan positif de la vie d'un être, qui a par ailleurs pu avoir des côtés "mauvais".
Avec la loi de karma, on peut être sûr que les conséquences karmiques des actions et attitudes positives se manifesteront dans l'incarnation suivante ou les incarnations ultérieures, et, de même, que les conséquences mauvaises des attitudes négatives ne manqueront pas d'être récoltées dans les incarnations à venir sur la terre, où les causes positives ou négatives ont été semées.
Maintenant, qu'est ce qui va faire que sonne l'heure de revenir à l'incarnation ?
C'est précisément qu'il n'y aura plus d'énergies pour soutenir l'être dans son expérience lumineuse. Dès lors va se faire sentir précisément l'influence de tout le karma qui a été produit à travers les causes semées dans la vie précédente. Bientôt viendra le moment où le flux qui a emporté la conscience jusqu'au plus haut niveau possible s'inversera pour l'entraîner irrésistiblement à s'incarner dans un nouveau corps de chair. Le nouvel enfant qui naîtra sera ignorant de tout ce qui s'est passé jadis, mais il entrera dans la vie avec une richesse cachée puisque cette richesse constitue le bilan positif de l'incarnation dont il hérite à présent. Si cette richesse-là est bien mise à la disposition de cet enfant, il est clair que son existence ne s'engagera pas dans les mêmes conditions que la vie précédente. Dans la mesure où cette richesse est notable, la distance qui séparera la nouvelle personnalité humaine de son Soi-Ego profond se trouvera diminuée.
En règle générale, si un homme s'engage vraiment dans la voie de l'éthique supérieure - l'éthique universelle - un lien de plus en plus solide se construit avec ce Soi, ce qui constitue, pour l'âme qui se réincarne, une progression authentique. Lors d'une nouvelle naissance, marquée d'événements qui sont les conséquences karmiques du passé, tout cela va permettre au personnage terrestre d'y voir plus clair et, peut-être, de disposer d'une façon plus efficace des pouvoirs qui viennent de l'être de lumière - volonté, intelligence, amour, créativité, ou même génie particulier, dans un domaine ou un autre - tout cela étant notre héritage, en quelque sorte, notre héritage spirituel, à nous les hommes de la terre.
L'optique théosophique ne relève pas de l'invention humaine. Elle révèle toute la dimension bénéfique de la mort, qui apparaît comme l'alliée invisible de la vie. La mort, cette "ultime extase" de l'existence (comme l'a rappelé Mme Blavatsky) doit cesser de nous effrayer, comme si elle nous plongeait dans le néant. Et la Nature se révèle ici extrêmement clémente en nous permettant, pendant l'expérience posthume, d'assimiler en profondeur, et d'une façon efficace, tout ce que nous avons pu semer de généreux, tout ce qui ressemble à de l'idéal, de l'amour, de la conduite éthique.
FIN
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