Comment peut-on à la fois haïr et aimer avec tant de force une seule et même entité ? Je n’aurais jamais pensé connaître ce sentiment paradoxal si douloureux. Je n’aurais même pas pu soupçonner son existence ! Et pourtant…et pourtant tout me revient en pleine face maintenant que je me retrouve seul, avec, pour unique compagnon de mon infortune, le cahier de l’être haï et de l’être aimé (l'invisible et le visible). De cet entité rayonnant de suffisance et de sincérité, et qui maintenant n’est plus…Cet entité que désormais, je ne peux que maudire. Je ne peux que pleurer… Je ne peux que m'atristé..

Tu n’avais pas le droit de partir, de resté dans le chaos, mon sublime rival, mon insupportable joyau ! Tu n’aurais jamais du te rendre là-bas, et tu le sais. Tu le savais ! Toi seul peux comprendre cela. Tu étais le seul avec moi à connaître le remède de la solitude. Alors pourquoi m'avoir delaissé? pourquoi ne viens-tu pas me cherché?

Je te hais, pour m’avoir privé de ce baume atténuant mes souffrances et que mes potions ne sauraient remplacer. Je te hais pour avoir donné une part de ton affection à un autre que moi…à un autre que tu auras finalement privilégié. Et je me hais, pour t’avoir poussé à cela. Pardonnes-moi de te condamner, de faire injure à ta mémoire ! Je deviens fou ! Je l’étais déjà, mais je le suis encore plus maintenant. Cependant, ce n’est pas toi qui me blâmera, n’est-ce pas ? Tu ne la connais que trop, toi, cette folie intérieure qui peut ronger un homme jusqu’à ce qu’il sombre dans le désespoir euphorique le plus total ! Cette folie qui le rend aux yeux du monde comme un être superficiel, puéril ou répugnant… Alors laisse-moi me torturer encore davantage en lisant ton écriture mystique, celle qui avec pleins et déliés renferme notre secret à tous deux…Laisse-moi savourer encore ta présence… laisse-moi me nourrir de l’illusion que je dispose du pouvoir de te garder auprès de moi encore quelques instants...Laisse-moi me blottir contre ton cahier, objet transitionnel encore imprégné de ton odeur…Laisse-moi…

« La solitude n’a aucune frontière. L’amour pas davantage. Et pourtant notre histoire rencontre tant d’obstacles ! Infâme Snivellus, pourquoi avoir torturé ainsi mon esprit pendant tant d’années ? Depuis notre adolescence jusqu’à aujourd’hui ? Je te hais, toi mon plus bel amour. Ne crois-tu pas que penser sans aucun répit et avec une tendre ardeur au visage et à la silhouette de l’ennemi de mon frère de cœur était suffisamment pénible ? Il faut maintenant que tu viennes continuer ce supplice dans la maison qui m’emprisonne le corps et l’esprit ?

Par quelle fatalité a-t-il fallu que le seul être qui puisse comprendre mon mal-être et ma solitude soit le pire ennemi de la maison Gryffondor ? Non, mon ténébreux Séverus, je n’ai pas oublié comment notre histoire a commencé. Comment le pourrais-je ? Comment pourrais-je oublier cette soirée de fin de quatrième année, durant laquelle je cherchais à m’isoler de mon groupe d’amis, car ne pouvant plus supporter la jovialité immature de James, son insupportable insouciance…Ne pouvant plus supporter la bêtise naïve de Peter et le regard empathique de Rémus qui comprenait si bien et si mal à la fois. Bien sûr j’adorais mes amis, qui me permettaient de trouver tant de réconfort, d’étayage et d’humour, mes amis qui incarnaient la famille que je n’avais jamais eue. Mais ils en avaient suffisamment soupés de mes histoires de Black !

Oui ils étaient ce que j’avais de plus chers au monde. Mais par moment, je ressentais le besoin compulsif de me confier à quelqu’un qui me comprendrait, qui saisirait réellement la nature de cette solitude et souffrance m’ayant habitée durant 11 années de ma vie. Et enfin pouvoir me blottir dans les bras d’une personne comme moi, comme un enfant, bien au chaud au creux des bras de ses parents. Chose que je n’aurais jamais pu faire avec mes 3 amis, gavés jusqu’à plus soif d’affection parentale, et qui n’auraient pas compris, ou auraient fait semblant de comprendre ce besoin puéril mais vital ! Par quel signe du destin mes pas solitaires m’ont conduits à toi ce soir là ? Par quelle fatalité les mêmes sentiments qui me rongeaient t’ont conduit à quitter la salle des Serpents ce même soir ? Nos trajectoires de vie étaient peut-être tracées pour cette rencontre après tout…Alors, te rappelles-tu de cette soirée ? Je le pense et l’espère. Car elle restera à jamais en moi. L’instant le plus précieux de toute ma vie… Cette troublante vision d’un répugnant Serpentard se tenant debout, seul, dans un coin sombre d’une salle de classe….Cet adolescent sombre et solitaire qui regardait mélancoliquement le ciel, et avait (était-ce possible ?) une larme qui perlait au coin de son œil nébuleux.

Je te revois, te retournant brusquement en entendant le frémissement d’une cape sur le pas de la porte. Je te revois, brandissant ta baguette dans ma direction avec la vivacité de l’éclair, l’esprit en alerte de la moindre attaque. Mais le regard lassé de devoir être, une fois encore, sur ses gardes…d’être dérangé par un Gryffondor trop prétentieux, trop peu scrupuleux…d’un jeune garçon, si peu réceptif aux sentiments d’autrui…en apparence… Et soudain - je n’ai jamais tout à fait compris pourquoi cela m’avait frappé avec tant de force à cet instant précis - j’ai vu en toi une sorte de fragilité, un appel au secours féroce. Et j’ai eu le sentiment un peu fou que tu pourrais être cette personne que je recherchais dans mes rêves passionnés, comme une éternelle quête. Je me remémore ce sourire timide qui s’est dessiné sur mon visage. J’ai hésité un moment, l’appréhension me serrant le ventre. Puis, avec le plus de tact possible, je me suis lentement approché de toi, tendant devant moi mes mains vides, comme pour te signifier que tu ne courais aucun danger. Et je t’ai alors, murmuré cette étrange phrase. - Non Severus, pas d’inquiétude à avoir. Je ne veux rien te faire qui puisse te nuire. Pas ce soir. Et si tu pouvais comprendre, tu saurais que toi-même, au fond de toi, tu n’as aucune envie de me faire du mal. Bien au contraire. - Qu’est-ce que tu racontes, Black ? Tu penses vraiment que je vais laisser passer une occasion de me venger de tout ce que toi et tes stupides amis m’avaient fait subir ? Tu es complètement inconscient ma parole ! Sale raclure, traître à ton sang ! Te rends-tu compte à quel point vous me polluez la vie, vous les merveilleux Gryffondor adulés et parfaits en tout point ? Qu’est-ce qui te fait croire que je puisse te vouloir autre chose que de la souffrance ? Alors, sans me laisser impressionner par ton visage dont les traits étaient déformés par la haine, la fureur, la souffrance et la tristesse, je me suis avancé davantage vers toi. Je t’ai saisi la main. Tu as légèrement tressailli mais l’étonnement t’a ôté toute faculté de réaction. Ce contact me donnant une force nouvelle, je t’ai alors fourni cette réponse, d’une voix plus légère qu’un souffle : - Parce que tu ne veux plus passer des nuits en solitaire comme c’est le cas en ce moment. Parce que tu as besoin de quelqu’un qui sécherait toutes les larmes qui brillent régulièrement sur tes paupières. Parce que tu as besoin de quelqu’un qui puisse ressentir la souffrance qui te submerge lorsque tu te sens solitaire au milieu d’un groupe d’amis puérils. Parce que tu as besoin de combler l’affection que ne t’ont jamais apportée tes parents. Et parce qu’enfin tu ne connais personne parmi tes amis qui puisse comprendre tout ce que je viens de te dire. Personne, mis à part moi…

Je me souviens encore ton air de stupeur. Je revois les quelques larmes qui ont alors glissé sur tes joues pâles et émaciées que je voulais saisir entre mes mains afin d’en ressentir la fraîcheur et la fragilité. Ton regard d’habitude si dur envers les Gryffondor -envers moi- s’est brusquement adouci. Et tu as baissé les yeux, comme pour dissimuler un sentiment de gêne trop humain…Puis tu as subitement retiré ta main de la mienne. - Comment as-tu deviné tout ça…Bla…Sirius ? m’as-tu demandé d’une voix d’enfant cristalline mais méfiante. Tu ne peux tout de même pas être Légilimens ? Pas toi ! Tu es si …si…je ne sais pas…si puéril…si égoïste…Je ne pensais pas que les sentiments des autres t’intéressaient ! Je n’imaginais encore moins que tu pouvais les comprendre…Non ! Pas toi ! C’est impossible. Pourquoi toi ? Je me suis tu un instant, honteux de l’image que j’avais pu renvoyer pendant tant de temps. A toi surtout. Puis, le désir irréversible de te rassurer, de te toucher à l’âme, de te convaincre qu’il ne s’agissait pas d’une ultime plaisanterie au goût douteux a été le moteur de mon inspiration. Jamais les mots ne me sont venus plus aisément à l’esprit qu’en cet instant. - Je ne pourrais pas vraiment te l’expliquer. Je me sentais juste très seul, ce soir comme tant d’autres. Et lorsque je t’ai aperçu dans cette salle, j’ai brusquement senti que quelque chose nous liait. Que nous avions une faille en commun. Et que nous avions enfin chacun trouvé quelqu’un à qui parler. Quelqu’un avec qui nous pourrions partager de la tendresse, sans aucune honte…Je ne comprend pas pourquoi cela m’a frappé avec autant de force aujourd’hui. Quoique je me rends compte finalement qu’au fond de moi-même, j’ai toujours su que tu étais celui que je cherchais. J’ai toujours perçu la sensibilité qui se cache derrière ton masque de froideur. Je suppose que cela me faisait peur, et que pour me rassurer, je t’ai jugé uniquement par ce que tu semblais être. Mais désormais, je voulais t’informer que si tu souhaitais te soulager de ce qui t’entrave le cœur depuis trop longtemps, je suis là…

J’ai perçu une lueur soudaine dans tes yeux. Tu m’as fixé intensément durant quelques secondes. Pratiquais-tu déjà la Légilimancie à cette époque ? T’as t’elle permis de lever les dernières réticences qui t’habitaient, de te convaincre de ma profonde sincérité ? Je ne sais…Toujours est-il que tu m’as parlé. Sans retenue. Le barrage qui emprisonnait les sentiments qui t’étouffaient a cédé sous le poids de la lassitude, et un flot de paroles s’est alors déversé par la brèche désormais inobstruable. …Tu m’as raconté toute ton enfance. Les disputes incessantes de tes parents. Les cris et les coups. Les abandons et les larmes. Tout ton malheur, ta solitude, ta souffrance. …Et je t’ai raconté la folie de ma famille. Leur mépris, leur violence. Les sortilèges impardonnables et leur lavage de cerveau quotidien. Et tous ces éléments de ma vie qui semblaient être puisés dans ta propre enfance. Nous nous sommes révélés toutes ses particules refoulées, que notre orgueil respectif empêchait de ressortir en pleine lumière. Nous nous sommes divulgués toutes ses choses que nous n’aurions jamais eu le courage de répéter à quiconque, mais qui nous rongeaient de l’intérieur. Et, l’air grave, nous avons fait le serment de les garder secrets pour ne jamais perdre la face devant les autres élèves, ne voulant pas leur dévoiler notre part de fragilité…Nous qui passions pour les deux garçons ayant le caractère le dur, le plus intransigeant de toute l’école…

Si cela était possible, mon sentiment de confiance s’est davantage accru au fil de la conversation…Parallèlement à ce désir qui m’aurait paru dément quelques heures plus tôt…Te prendre, toi, Severus Rogue, dans mes bras. Te déposer un baiser sur le coin de ta bouche. J’ai regardé une fois encore le fond de tes prunelles anthracites. Puis, impulsivement, j’ai essuyé tes yeux mouillés de larmes par un baiser qui me venait du plus profond de mon âme. Tu as légèrement frissonné, mais tes lèvres ont alors instinctivement recherché les miennes, me faisant découvrir ce goût si doux et si agréable et que je recherche encore inlassablement, dans le réel comme dans mes songes. J’ai perçu, dans ce baiser réciproque, toute la tendresse et la sensibilité que je n’avais encore jamais connue. Tu m’as fait don en cet instant du trésor que je recherchais depuis ma douloureuse enfance. Et j’ai désiré pour te remercier, te faire un présent aussi précieux que le tien, pour qu’à ton tour, tu puisses panser cette blessure intérieure …

…Les heures de cette nuit enchantée ont continué de s’écouler. Mais pour nous, le temps s’était arrêté. Nous sommes restés dans cette salle, l’un contre l’autre, jusqu’au petit matin. Savourant chacun le bonheur de pouvoir se blottir contre quelqu’un. De se sentir à la fois protégé et vulnérable. Tu voulais me garder auprès de toi, je voulais te savoir à mes côtés. Sentir à jamais tes cheveux, que je découvrais être fins, soyeux et embaumés d’un parfum de cèdre épicé, glisser comme une source entre mes doigts. T’aimer enfin, toi, mon mystérieux Severus…

Quand je repense à cela aujourd’hui, enfermé dans ce lieu sordide, je me demande comment un tel moment de tendresse et de chance (que rien, pas même Miss Teigne n’était venu troubler) a pu donner lieu à une histoire si tourmentée. Oh, cela est bien compréhensible, en y réfléchissant plus profondément. Nous étions tous deux déchirés entre notre amour tendre et passionné et notre fidélité sans faille à nos amis. A notre maison. Nous voulions préserver notre orgueil. Ne pas dévoiler aux autres élèves à quel point nous étions proches, à la fois tellement semblables et tellement opposés. Personne n’aurait pu le comprendre. Nous aurions perdu probablement tous nos amis. Nous n’aurions plus connu un instant de repos au sein de la salle commune de nos maisons, durant les cours, les repas, les examens, les vacances. Et nous ne le voulions pas, ayant également comme oxygène ce sentiment d’affiliation à un groupe social proche de nos idéaux. Mais quel en était le prix ! Nous devions nous mépriser, nous insulter, nous jeter des sorts en publics. Ne pas dévoiler un regard trop profondément sincère et qui nous aurait trahi. Enfin, nous haïr farouchement, alors même que nous continuions à nous voir régulièrement, à l’abri des regards indiscrets. Nous avons partagé ensemble toute notre vie, toute notre intimité, et je pense ne pas mentir en avouant que personne sur cette Terre ne peut à présent connaître l’autre plus que nous-même.

Maudite soit la destinée ! Celle qui m’a poussé à te faire morfondre de douleur, et celle qui t’as poussé à me déchirer le cœur. Cette immonde rivalité entre les maisons du Lion et du Serpent, je l’abhorre autant que je la cautionne. Combien de larmes ai-je du te faire verser en me comportant avec James comme un stupide et prétentieux adolescent ? J’avais peur de perdre son amitié, son estime, celle de sa famille. Je redoutais de perdre le toit, la considération et la protection que ses parents m’avaient généreusement offerte à l’âge de 16 ans, à l’époque douloureuse mais bénie où j’ai enfin eu le cran de me dresser contre ma famille, et ce, grâce à tes conseils avisés.

Les Potter auraient-ils compris les sentiments qui m’habitaient alors ? Auraient-ils accepté cet amour insensé pour celui qui semblait être l’incarnation même de la famille que j’ai tant rejetée ? Aurait-ils acceptés de me voir avec un « Serpent », eux qui rejetaient en bloc le moindre idéal proclamé par les tiens ? Je ne le saurais jamais. Et je n’ai d’ailleurs jamais cherché à le savoir, anticipant et redoutant la réponse. Peut-être stupidement. Je craignais de les perdre, et je t’humiliais en conséquence, en priant le ciel pour que je ne te perde pas toi. Combien de fois ai-je ressenti cette terreur ? Combien de fois ai-je eu le terrible sentiment que le délicat fil qui tenait notre amour était sur le point de ce rompre ? Je ne pourrais énumérer le nombre de fois où cela m’est arrivé…mais je continuais dans cette attitude ambivalente, l’esprit divisé…

Pour me laver de tout soupçons, j’ai longtemps paradé devant tes yeux incrédules au bras d’une fille dont je peine à me souvenir le nom… Dans le but de me montrer aux yeux du monde comme un être soi-disant ordinaire et irrésistible… Mais dans les bras de cette innocente, je ne pouvais penser qu’à toi. A tes lèvres. A ton parfum. A ton regard. A tout ton être… Je m’imaginais de toute la force de ma pensée être pelotonné contre toi. Mais mon pouvoir de suggestion était bien trop faible. A son contact comme dans nos conversations, je ne retrouvais pas le quinzième du plaisir et de la joie que j’éprouvais en ta présence. Et j’ai fini par ne plus supporter la vision de ma « petite-amie » officielle, qui était pourtant considérée à la fois comme la beauté de Poudlard et la plus brillante des élèves. Non content de te faire souffrir toi, mon amour (et au grand étonnement de toute l’école qui nous considérait naïvement comme « le couple idyllique par excellence ») j’ai finalement brisé le cœur de cette malheureuse, m’apercevant que je me trouvais dans l’incapacité de guérir de toi. En somme, le grand Sirius et son légendaire courage s’est comporté comme un misérable lâche…Sauras-tu me le pardonner ?

Toute cette souffrance que je t’ai infligée, tu me l’as bien rendue en retour, nous préparant sans aucun répit les tours les plus vils lors de notre scolarité. Et surtout en t’enrôlant dans les troupes de Mangemorts. Peut-être à cause de moi...Vraisemblablement à cause de moi. Tu savais que rien ne pouvais me faire plus mal que de te voir te ranger dans les troupes des vermines admirées par ceux que j’appelais autrefois mes parents. Je pensais alors que ton aspiration ardente de réciprocité dans la souffrance que nous nous échangions était assouvie. Si j’avais su ! Tu m’en as resservi encore bien des lots ! En poussant James et Lily à la mort. En martyrisant continuellement le fils de mon meilleur ami. De ton ennemi le plus farouche. Et, ces derniers mois, en me reprochant publiquement mon inutilité totale dans le combat contre ton ancien maître. Oui mon doux Severus. Tu me connais désormais avec tant de perfection que tu t’attaques en pleine connaissance de cause à ma plus grande faille. Tu rouvres la plaie qui me fait le plus souffrir…Me taxer de lâche, d’inertie. Me reprocher de me complaire d’être vissé dans ce lieu, alors que tu saisis pertinemment le fait que cette maison est comparable à mes yeux à la prison d’Azkaban. En pire peut-être…

Je sais cependant que ton amour pour moi est aussi intact que celui que j’éprouve. Si tu es revenu du côté de l’Ordre du Phénix, ce n’est pas, ainsi que Dumbledore l’a toujours cru, par amour pour Lily. Oui, il croit encore que tu ne savais pas ce que tu faisais à l’époque. Que tu ne t’es rendu compte qu’après coup de l’identité des cibles de Voldemort. Et que tu en as éprouvé de violents remords. Il a toujours une trop grande confiance dans les personnes qu’il voudrait bien pouvoir estimer, tu le sais aussi bien que moi. Mais là, il se trompait. Avec tout le respect que je lui dois. Oh que oui tu en as eu des remords ! Des puissants remords qui t’ont fait réintégrer, peu après la nuit fatidique, notre camp. Mais tu savais depuis le début ce que tu faisais, n’est-ce pas ? Tu désirais, au plus profond de toi-même, te débarrasser de mon frère de cœur ; De ton rival. Ces remords n’étaient donc pas la conséquence d’avoir tué Lily indirectement ! Ils t’ont rongés dans l’après-coup, uniquement parce que tu as su que ce geste irraisonné pouvait te faire perdre à jamais ma présence à tes côtés.

Malheureusement pour toi (comme pour moi d’ailleurs), ta rédemption ne t’as servi à rien sur le coup. Car dans le même temps, je me suis retrouvé emprisonné à Azkaban (alkatraz) "prison derrière l'enfer". Quelle ironie du sort, tu ne trouves pas ? Le Mangemort pardonné en liberté. Et l’innocent vomissant toute l’idéologie du mage noir enfermé dans une geôle ignoble.Tu nourrissais probablement l’espoir que je sortirai un jour. Tu me connais si bien ! Tu savais bien qu’un jour ou l’autre, mon caractère de feu me tirerait de ma prison. Qu’un jour ou l’autre, tu pourrais enfin me demander pardon. Même si la trêve ne durerait pas. Et en cela, tu ne t’étais pas fourvoyé ! Mais il t’en a fallu, lors de ma cavale, de la force persuasion ! Ce n’est qu’après une interminable discussion volcanique que j’ai enfin accepté de te laisser revenir à mes côtés. Bien qu’au fond de moi, et malgré moi, c’est ce que j’avais ardemment désiré pendant mes 13 années d’incarcération.

Quelle est donc cette folie qui nous pousse à nous entredéchirer, tout en renforçant et solidifiant au fil du temps les fondations de notre amour interdit ? Nous nous sommes excusés du mal passé et futur que nous nous sommes infligés et que nous nous infligerons encore mutuellement. Même si nous savons que la moindre attaque de l’un précèdera la riposte de l’autre. Tu m’as avoué le grand danger qui nous menaçait tous deux si nos sentiments étaient révélés au grand jour. Et nous savons de toute façon que notre amour est nourri par le secret qui l’entoure.

Nous continuerons à jamais cette incessante litanie qui va de la haine à l’amour…Mais si un jour, je devais disparaître avant toi (encore un mauvais tour que je te jouerai là, n’est-ce pas ?)…si jamais tu devais découvrir ce message conçu de telle sorte que toi seul puisse avoir accès à son contenu, et bien sache que je t’aime Severus. Et que de là où je suis, je continuerai de t’aimer de cette incohérente passion. Avec la même force. Et la même faiblesse. Je t’embrasse une dernière fois mon unique amour, afin que tu gardes à jamais dans ton cœur solitaire une présence réparatrice vitale, toi qui m’a sauvé la vie par ton existence même...»

Et voilà que des larmes glissent sur mon teint blafard. A la différence que personne n’est désormais présent pour me les essuyer du bout des lèvres, avec le plus sincère des attachements. Plus personne ne peut lire en moi, avec son regard d’acier pourtant si tendre…Ce qui fait redoubler mes pleurs. Oui, maudit Sirius…Tu m’as porté cette fois le coup fatal. Tu m’as abandonné. Et ce coup-ci, je ne goûte pas du tout la plaisanterie ! À cause de toi, le redoutable Maître des Potions pleure à nouveau comme un enfant faible. Alors, une dernière fois, et si tu peux m’apercevoir de l’endroit où tu te caches, saches que ma riposte sera de haïr encore davantage ton filleul…ton protégé arriviste. Le haïr car je sais que tu rageais lorsque je touchais à un seul de ses cheveux. Le faire souffrir, lui, cette ignoble vermine cause de ta mort. Fils de la raclure à cause de laquelle tu m’as fait tant de mal durant notre adolescence.

…Je regarde le ciel et soupire en regardant ton étoile, toi qui étais mélancolique en regardant les gris nuages de nos jours pluvieux. Il me reste en vérité, en plus de ton message d’outre-tombe qui m’arrache sourires et sanglots, cette métaphore de notre amour. Tu est la brillante étoile, qui éclaire la Nuit. Je suis le nuage noir qui assombrit le Jour étincelant. Bien que noir de nom et de caractère, tu es lumineux comme le Jour, noble Sirius. Et nous sommes tous deux aussi différents, aussi semblables et aussi complémentaires que le Jour et la Nuit. Ces deux antithèses de nos vies, qui ne peuvent exister l’une sans l’autre, mais qui sont destinées à ne jamais se rencontrer, sauf par traces éparses. Je ne peut me consoler qu’en me suggérant que notre histoire est ainsi immortalisée. Il ne me reste que cette symbolique salvatrice, à défaut de ton indispensable présence physique et morale près de moi…

Je t’aimerai à jamais mon fidèle ami de mon ennemi, toi qui m’as fait goûter à tant de souffrances…et à tant de joie. Toi seul m’as appris la signification du verbe aimer. Toi seul as été capable de me faire comprendre que je n’étais pas une raclure dont tout le monde voulait se débarrasser. Toi seul as donné du sens à ma misérable vie. Et même si le prix à payer, à chaque instant de notre quotidien, était démesuré, je ne le regrette pas, et ne le regretterai jamais. Maudites soient les heures qui nous séparent de nos retrouvailles

Tu me manques déjà tant… intolérable entité Black…

lire la suite