Dans l’état actuel de nos connaissances, la terre est donc un lieu insignifiant sur le plan cosmique dont la seule particularité reste d’avoir permis une complexification de la matière jusqu’aux êtres vivants dont ne connaissons pas d’autres exemples dans le cosmos. Pour autant, nous ne pouvons pas nous prononcer sur l’existence ou sur l’impossibilité de tels « autres mondes vivants ».

Plutôt que d’interpréter les choses de façon un peu trop finaliste à notre gout, en remettant l’homme au centre de la création et en postulant que le big-bang et l’évolution des espèces sont les moyens trouvés par Dieu pour fabriquer l’homme comme la finalité nécessaire de sa création (ce que certains scientifiques eux-mêmes, croyants de toutes religions voir athées pour certains, postulent via les différentes formes de ce qu’on appelle le « principe anthropique »), nous serions tentés d’accepter d’abord comme une gratuité l’ensemble des contingences que les sciences nous montrent sur ce chemin. Au fond, les sciences ne nous disent pas grand sur le sens de l’existence. Mais cette impressionnante synthèse qu’est la théorie du big-bang dégage une certaine beauté, l’homme y a matière à spéculer à la fois sur la force et sur l’impuissance de sa connaissance. Mais le fait que pour les sciences notre existence (au moins matérielle, rien n’est postulé ni infirmé ici sur un éventuel monde de l’esprit…) résulte d’autant de contingences au sein d’une histoire aussi vaste peut nous sensibiliser à l’immensité de notre liberté. L’homme est peut-être une erreur de la nature et du cosmos, il ne leur doit peut-être pas grand-chose. Il n’en est que plus libre pour construire le sens de son existence. Il est un résultat en biologie que plus une espèce est complexe, moins ces individus sont déterminés sur un plan strictement génétique. Plus la complexité est grande, plus le développement réel d’un individu, son environnement, sa socialisation au sein de l’espèce, son éducation, sa culture (avec toutes les contingences et accidents possibles que véhiculent ces éléments) sont importants en compléments de son programme génétique. Le programme génétique ne fait que contenir des potentiels innombrables qui seront ou non exprimés, et de façon très diversifiées, par l’individu en fonction de son développement réel et de ses choix. Dieu nous a voulus, mais il nous a voulus libres. Comment dès lors les sciences pourraient-elles nous voir comme le résultat d’une nécessité ? Même si cela reste un point de vue personnel, la mystérieuse gratuité et beauté de la contingence dont nous sommes issus nous semble plus conforme, non seulement à nos connaissances scientifiques, mais aussi à des traditions philosophiques que notre époque dite « post-moderne » aurait besoin de retravailler sérieusement pour affronter les apories

auxquelles elle est confrontée, que toute forme de discours sur la nécessité dont toute l’histoire du 20ème siècle nous a montré la vanité.

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